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Psych Sludge Stoner/Desert

Tremor Ama : une magnitude stratosphérique

Réduire TREMOR AMA à un simple groupe de Stoner Sludge serait trop simpliste, car le quintet français propose avec « Beneath » un album aussi Psych que Progressif avec même des sonorités Doom bien senties. Très bien (auto)produit, ce premier opus est aussi aérien que percutant, et aussi inspiré qu’inspirant.

TREMOR AMA

« Beneath »

(Salade Tomate Orion)

Les premières secousses sismiques provoquées par TREMOR AMA se sont fait ressentir en 2017 avec un premier EP éponyme qui a lancé le quintet. Quatre ans plus tard, les Français sortent « Beneath », un opus aussi captivant que prometteur. Très varié, le Stoner très Sludge et Progressif du combo est d’une fluidité étonnante et saisissante, signe d’une grande maturité.

Bien qu’autoproduit, « Beneath » bénéficie d’un son largement à la hauteur des réalisations actuelles, et qui met en lumière toutes les variations musicales du groupe dont certaines fulgurances post-Rock et Psych qui offrent un aspect aérien aux compos de TREMOR AMA. Et passé l’intro planante qui ouvre l’album, on plonge littéralement dans un univers stratosphérique.

Malgré de gros riffs tendus et des structures singulières, le quintet propose des morceaux assez épurés, qui vont à l’essentiel. « Beneath » gagne en épaisseur au fil des titres pour frapper au moment opportun (« Grey », « Eclipse »). Multipliant les atmosphères, TREMOR AMA conserve pourtant une belle homogénéité tout au long de l’album en ne laissant rien au hasard (« Mirrors »). Une vraie réussite. 

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Blues Psych Rock

Three Moons Ago : un lâcher prise envoûtant

Totalement imprégné par la musique des 70’s qu’elle soit Rock, Blues ou Psychédélique, THREE MOONS AGO offre une belle respiration à cette époque bénie en faisant un mix à la fois savoureux, aérien et pêchu. Ce premier album, sur lequel l’expérience du trio se devine dès les premières notes, est une ode au groove et aux belles harmonies.

THREE MOONS AGO

« Write Your Story »

(M&O Music)

Sans fioriture mais sur un groove imparable, THREE MOONS AGO livre son premier album certes, mais qui est loin d’être joué par de jeunes premiers. Le trio, qui a sorti « Write Your Story » il y a quelques temps déjà, propose un style vintage sans être dépassé et suffisamment actuel pour être indémodable. Le Rock Psych très bluesy des Français rend hommage de belle manière à une époque intemporelle.

Clairement inspirés par les 70’s, Pat Martin (guitare, basse, batterie), Jose Dos Santos (claviers, chant) et Math Boudou (chant), sous un étonnant line-up, distillent onze compos qui ne tapent pas dans la nostalgique, mais la rafraîchissent. De riffs accrocheurs et langoureux en rythmiques hypnotiques déployées sur tout l’album, THREE MOONS AGO apporte autant de couleurs que d’ambiances diverses à ses morceaux.

Très Rock et psychédélique sur « Drown My Brain » et « Feel Like Shit », funky/Soul sur « Sting Me » ou plus envoûtant sur « Write Your Story », « Deeper And Deeper » ou « How Do You Feel », le trio maîtrise son sujet en ne s’enfermant dans aucune case et tout en restant très fédérateur (« To Be Free », « Cut Me Some Slack »). THREE MOONS AGO captive avec ce « Write Your Story » que l’on espère savourer sur scène prochainement.

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Progressif Stoner/Desert

Hippie Death Cult : peace, love & death

En l’espace de trois ans, HIPPIE DEATH CULT est parvenu à conquérir la scène de Portland et le quatuor ne compte pas s’arrêter là. Après un premier album (« 111 »), une participation à une compilation en hommage à Black Sabbath et à la bande-son du film « All Gone Wrong », le combo de Stoner Psych Prog débarque avec un deuxième album addictif.  

HIPPIE DEATH CULT

« Circle Of Days »

(Heavy Psych Sounds Records)

Sous de faux airs sabbathiens, le quatuor de Portland explore bien d’autres sphères musicales, qui vont du Heavy aux riffs bien gras à un Psych Progressif tirant sur le Doom et le Classic Rock. HIPPIE DEATH CULT propose sur « Circles Of Days » une synthèse pertinente entre Metal et Rock après seulement trois ans d’existence. Il faut dire que les Américains ne sont pas restés les bras croisés, loin de là.

Et c’est cette faculté à fusionner les genres qui rend la musique du groupe aussi efficace et rassembleuse. Le quatuor s’amuse des styles et des époques pour livrer des morceaux intemporels et pourtant bien ancrés dans leur temps. Composé de seulement cinq titres et s’étirant sur près de 40 minutes, « Circles Of Days » montrent aussi un beau panel du registre de HIPPIE DEATH CULT, à commencer par le morceau-titre de l’album.

Dès le brumeux « Red Meat Tricks », le combo nous enveloppe avec un son à la fois lointain, langoureux et massif. Le clavier vient apporter une touche apaisante à la solide rythmique des Américains (« Hornet Party », « Eye In The Sky »), qui est guidée par la touchante et captivante voix de Ben Jackson. HIPPIE DEATH CULT est aussi véloce qu’extatique et est surtout capable de belles variations (« Walk Within »).

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Stoner/Desert

Monster Magnet : retour dans une époque fantasmagorique

Privé de tournées, MONSTER MAGNET s’est engouffré aux Freakshop Studios de son batteur Bob Pantella pour y enregistrer un album de reprises des groupes qui ont forgé son identité. Le Stoner Rock très brut et psychédélique des Américains est plongé dans une époque acidifiée où la créativité et l’imagination régnaient en maître.

MONSTER MAGNET

« A Better Dystopia »

(Napalm Records)

Quand on a passé la majeure partie de sa vie sur scène, se retrouver cloitré à cause d’une pandémie est bien plus qu’un crève-cœur. Et pour Dave Wyndorf, guitariste, chanteur et fondateur de MONSTER MAGNET, il n’était pas question d’un quelconque live en streaming (merci !) et le gang du New-Jersey s’est donc attelé à l’enregistrement d’un ‘album-bunker’. Et c’est dans la tumultueuse jeunesse de son frontman que le combo est parti fouiller.

Car avec « A Better Dystopia », le quintet présente la playlist de la quatrième dimension de Dave Wyndorf, et elle ne manque ni de piquant, ni d’envolées psychédéliques. Et même s’il s’agit d’un album de reprises, le son de MONSTER MAGNET, avec toute la puissance qu’on lui connait, domine les débats grâce une ardeur et une force de frappe conséquente. Ca fuzze, ça cogne et ça montre surtout que la fureur des 70’s vaut mieux que la cacophonie actuelle.   

Ne vous y trompez pas, MONSTER MAGNET ne rend pas un simple hommage à ceux qui ont aidé à forger son style, mais leur donne au contraire un relief et une profondeur, et est aussi tripant que furieux et obscur. Et le panel est aussi large que riche : Hawkwind, J.D. Blackfoot, Poo-Bah, Table Scraps, The Pretty Things, The Scientists ou encore Macabre. « A Better Dystopia » est un bond rafraîchissant et vigoureux dans un temps qui ne souffrait pas d’uniformité.

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Hard Rock International Rock

The Damn Truth : highway to Rock [Interview]

THE DAMN TRUTH, c’est avant tout une musique chargée d’ondes positives, de vibrations intenses d’où émane un aspect solaire et créatif incroyable. Après moins de dix ans d’existence, le quatuor de Montréal vient tout juste de sortir « Now Or Nowhere », son troisième album, et celui-ci se présente comme celui de l’éclosion véritable des Canadiens. Entretien avec un groupe qui ne devrait pas mettre bien longtemps à faire beaucoup parler de lui et à déferler sur les scènes du monde entier.

Photo : Mikael Theimer

– Avant d’entrer dans le détail, quels sont les sentiments qui vous animent quelques jours après la sortie de « Now Or Nowhere », un album aussi époustouflant qu’ébouriffant ?

On est très excité de pouvoir enfin partager « Now Or Nowhere » avec nos fans et avec beaucoup d’autres aussi, on l’espère ! Et puis, on a tellement travaillé dur sur l’album et tout ce qui l’entoure.


– THE DAMN TRUTH existe depuis maintenant neuf ans et est l’un des fers de lance de la scène Rock underground de Montréal. Est-ce que toutes ces années et les deux premiers albums sortis en indépendant étaient nécessaires et indispensables pour forger votre identité musicale et aller au bout de votre expérience en autoproduction ?


Oui, certainement. Notre groupe et notre musique sont un amalgame de toutes nos histoires et nos expériences de vie. Chaque concert et chaque album nous ont guidé vers ce que nous sommes aujourd’hui. Chaque jour est une leçon et on a beaucoup appris durant toutes ces années, qui ont été très formatrices.


– Même si vous avez tourné en Europe et aux Etats-Unis voisins aux côtés de grands noms, quel a été le déclic pour ce nouvel album, car on ressent une réelle évolution et même un nouveau cap de franchi ?


Pour cet album, on a pris la décision très consciemment d’écrire des chansons plus positives et remplies d’amour. Pendant ces quatre dernières années de tournées intenses, on a eu la chance de rencontrer des milliers de personnes. On a vraiment pu avoir une vue à la fois très large, mais aussi très intime de notre société. Nous avons partagé des histoires et beaucoup de moments intenses avec énormément de monde. Et le lien commun entre tous, c’est le désir d’amitié, d’amour et de vibrations positives. Alors cette fois-ci, on a voulu apporter avec nous tous ces éléments en studio pour les retranscrire dans les arrangements de nos chansons.


– Comment a eu lieu cette connexion avec le grand producteur Bob Rock ? Qui a contacté l’autre ? J’imagine que si malheureusement l’album n’a pas été jusqu’à son terme, ce doit être une expérience très enrichissante ?


On a eu la chance que notre manageur, Ralph Alfonso, ait travaillé avec The Payolas, qui était le groupe de Bob Rock dans les années 80. Quand on est rentré de notre tournée européenne à Montréal, on voulait vraiment envoyer nos chansons à Bob. Ralph nous a dit : « Avec Bob, on a une seule chance, alors on a besoin de bonnes chansons ! » On pensait vraiment les avoir, alors Tom (Shemer, guitariste – NDR) a appelé Ralph à tous les jours jusqu’au moment où il a envoyé les chansons ! (Rires) En moins de 24 heures, Bob nous a invité à venir enregistrer l’album à Vancouver au Warehouse.


– Justement, a-t-il changé et fait évoluer votre son, ou tout du moins votre approche musicale, lors de l’enregistrement dans le studio de Bryan Adams à Vancouver ?


Oui, vraiment. Il nous a beaucoup appris et il nous a projeté dans un monde hyper-créatif dès notre arrivée à Vancouver. Avant d’y aller, on avait travaillé les chansons pendant cinq mois et 6 jours par semaine. On voulait vraiment essayer tout ce qu’on pouvait en termes d’arrangements pour être prêts pour n’importe quelle configuration en studio. On était sûrement un petit peu nerveux aussi ! (Rires) Mais en arrivant, Bob nous a mis à l’aise en quelques secondes.

Bob Rock a une façon tellement sensible de faire ressortir ce qu’il veut entendre, presque sans dire un mot ! Il est extrêmement doué en musique et il a une culture encyclopédique ! Nous nous sommes tous profondément investis et il était vraiment exciter de travailler sur un album de Rock’n’Roll. Il nous a dit : «  Je vais faire des suggestions, on essaie tout et on garde juste ce que l’on aime ». Du coup, on avait énormément de liberté pour tenter beaucoup de nouvelles choses. Il y a vraiment eu une belle alchimie. On a appris tellement de choses durant cette expérience avec Bob. Et ça nous a aussi aidé au moment de produire les trois dernières chansons à Montréal dans nos studios Freqshop et Grandma’s house.

Photo : Martin Brisson


– Vous avez terminé l’album avec Jean Massicotte, Vance Powell, Nick Didia et Mike Plotnikoff, qui sont autant de grands noms. Leur avez-vous demandé, ou ont-ils décidé, de travailler dans la même logique et la continuité de ce qu’avait déjà effectué Bob Rock, afin de ne pas perdre l’unité de l’album ?


En fait, on a fini l’album nous-mêmes à Montréal. Ensuite, Vance, Nick, Mike et Jean ont travaillé sur le mix de certaines chansons. C’était durant la période de confinement, alors on a fait des sessions de mixage à distance. C’était vraiment cool d’entendre Vance travailler depuis Nashville pendant qu’on l’écoutait en live au Freqshop, qui est le studio de Dave ici à Montréal. Un grand merci à la technologie !


– Pour « Now Or Nowhere », vous avez mis toutes les chances de votre côté en allant dans un grand studio avec de grands producteurs et le résultat est très franchement à la hauteur. C’est aussi ce que vous aviez en tête dès le début ? Les morceaux devaient sonner comme cela dans votre esprit, ou est-ce que de nouvelles idées et de nouvelles envies sont apparues au fur et à mesure ?


On voulait vraiment garder notre esprit et notre cœur ouverts. On avait déjà des démos de très bonne qualité. Après des mois de répétitions, nous sommes partis à l’aventure en studio à Vancouver sans vraiment savoir à quoi s’attendre. On avait déjà trouvé beaucoup de sons, alors on a amené beaucoup d’équipement pour pouvoir les reproduire. On savait aussi qu’on avait seulement quatre jours pour enregistrer six chansons, c’est-à-dire assez peu de temps. Quand on est arrivé, la batterie était déjà prête pour les sessions d’enregistrement. C’était celle d’Abe Laboriel Jr., le batteur de Paul McCartney. Le set-up était vraiment nouveau pour nous et avec les hauts plafonds le son était franchement massif et impressionnant ! Pendant les sessions, Bob a sorti plein de guitares de rêves ! Tom a utilisé la Stratocaster de Richie Sambora sur le solo de « This is Who We Are Now » et PY a utilisé la basse de Bryan Adams sur « Look Innocent ». Lee-La a même eu la chance de chanter dans le micro de Frank Sinatra. On avait l’impression que tout cet équipement très vintage et chargé de tant d’histoires a fait ressortir quelque chose en nous de très spécial. Avant les sessions, Bob nous avait dit : « Attendez d’entrer dans le studio A, c’est là que la magie va se faire ». Et il avait raison !


– Vos compos sont toutes très abouties et matures et dégagent une énergie incroyable. Il y a un côté très live et on a même l’impression que vous les avez enregistrées en prise directe. C’est cette sensation très brute que vous recherchiez ?


Oui, c’était très important pour nous que la plupart des morceaux soit enregistrée en prise directe. On croit vraiment en notre musicalité et en l’énergie d’une performance. Dans beaucoup de musique actuelle, tout est coupé, copié et collé et ce n’est vraiment pas notre son. On voulait livrer quelque chose d’authentique et d’organique. Bob était vraiment concentré sur le côté ‘vibe’ des performances tout au long des sessions. Je crois qu’on a vraiment pu capter ces moments-là durant l’enregistrement.


– En plus d’être très dynamique et mélodique, il y a un côté très solaire et positif qui se ressent à travers l’ensemble de l’album. On vous sent aussi libérés qu’appliqués d’autant qu’il en émane une force et une grande puissance. C’est quelque chose que vous gardez toujours à l’esprit en composant ?


Sous une étiquette Rock, on peut prendre beaucoup de directions. Les fans de Rock ont un esprit ouvert et on a l’avantage de composer une musique très vaste. D’ailleurs, nos grandes influences comme Led Zeppelin, les Beatles ou Jefferson Airplane avaient tous cette grande diversité. Et on adore ça.

Cela se ressent énormément sur « Now Or Nowhere », je pense. Nos deux premiers albums étaient beaucoup plus sombres avec des textes assez revendicatifs. Après nos expériences diverses à travers le monde, on a ressenti que nos fans et nous-mêmes avions besoin de plus de positivité et d’optimisme.

C’est un message qui a toujours été présent dans notre musique, mais on l’a poussé plus en avant cette fois. Surtout qu’aujourd’hui, nous avons tous besoin de sentir de l’amour et de ressentir des vibrations et des influences positives autour de nous. On a vraiment hâte que tout le monde puisse enfin se serrer dans les bras, et plus fort que jamais.


– Musicalement, votre Rock sonne très américain avec d’évidentes vibrations 70’s et assez vintage. Tout en étant très actuel, votre style semble intemporel. C’est une façon de libérer les musiques qui vous ont influencé tout en leur donnant un sacré coup de boost ?


On est quatre musiciens avec des influences très diverses. On aime le Classic Rock, le Psychédélique, la Folk, le Rock Progressif, le Hard Rock, le Metal et même la Pop et beaucoup d’autres choses encore… N’oublions pas que nous avons tous grandi pendant les années Grunge. Alors nos influences viennent vraiment de partout, puis on passe tout ça à la moulinette THE DAMN TRUTH !


– De cette puissance affichée se dégage une chaleur et une générosité sur chaque note et à travers chaque parole. Quel est le processus de création au sein de THE DAMN TRUTH ? C’est un travail en commun, ou est-ce que chacun apporte ses idées, ses textes ?


Les idées sont partagées pendant les jams et chaque morceau évolue dans cet espace-là. On peut commencer avec un ou deux riffs, ou bien un couplet-refrain, et on travaille dessus tous ensemble. Dès le moment où nous jouons ensemble, ça évolue et ça sonne assez rapidement et instinctivement THE DAMN TRUTH. Le processus est très démocratique, il y a des moments chargés d’émotions, et nous connaissons très bien nos forces aussi. On essaie à ce moment-là de toujours les utiliser à notre avantage.


– Avec un album aussi réussi, vous vous doutez bien que votre exposition et votre notoriété vont exploser. C’est quelque chose que vous attendez depuis longtemps et à laquelle vous êtes préparés ou, au contraire, qui ne changera rien à votre quotidien ?


On fait de la musique pour le frisson de voyager et d’être créatif ensemble. Partir à l’aventure et vivre une vie unique. C’est ça notre but et si on peut continuer à faire ça, alors on aura réussi.


– Un dernière question : si « Now Or Nowhere » s’adresse bien sûr aux amateurs de Rock, voire même de Hard Rock, il y a une telle diversité et un son qui le rendent aussi très accessible. Votre démarche est aussi de vous adresser au plus grand nombre ?


On écrit d’abord la musique pour nous-mêmes et également pour faire des albums qu’on voudrait sans cesse écouter. Alors si en plus les gens aiment ça, c’est du bonus. Comme nous allons jouer ces morceaux des milliers fois, il faut d’abord les aimer comme nos propres enfants. C’est notre point de départ et si, en plus, le succès vient s’y ajouter, ce ne sera que mieux !

« Now Or Nowhere » de THE DAMN TRUTH est disponible chez Spectra Musique/Sony Music.

Retrouvez la chronique de l’album : https://rocknforce.com/the-damn-truth-lexplosive-revelation-quebecoise/

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Hard Rock International Progressif Rock

The Vintage Caravan : résolument moderne ! [Interview]

C’est en 2006 sur leur île, l’Islande, qu’ont résonné les premiers riffs, les premières rythmiques et les premiers refrains de THE VINTAGE CARAVAN. Cinq albums plus tard, c’est un trio plus qu’aguerri, sûr de lui et terriblement inspiré qui arpentent les scènes du monde entier. Avant de les retrouver pour quatre dates françaises l’an prochain, entretien avec le très bon et très sympathique bassiste du trio, Alexander Örn Númason, qui revient sur cette belle épopée et une aventure faite de persévérance et de travail.

– Vous avez créé THE VINTAGE CARAVAN alors que vous étiez très jeunes et avec un premier deal d’album il y a presque 10 ans. J’imagine que cette déjà longue expérience vous a permis d’éviter certains écueils professionnellement ?

Oui, c’est vrai que le groupe existe depuis un certain temps maintenant. Je pense que nous avons eu la chance d’avoir beaucoup d’opportunités dans notre carrière, mais nous avons aussi commis beaucoup d’erreurs. C’est inévitable, mais cela vous oblige à faire de meilleurs choix par la suite. Ça a été financièrement difficile de faire fonctionner le groupe, mais cela s’améliore avec l’expérience que nous avons maintenant !

– Après votre premier album éponyme, « Voyage », « Arrival » et « Gateway » ont assis votre réputation qui a été confortée par de très bonnes prestations live. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette dernière décennie, alors que sort votre cinquième album « Monuments » ?

Eh bien, je pense que les choses se sont toujours déroulées assez lentement mais toujours régulièrement pour THE VINTAGE CARAVAN. Rien n’a vraiment été jamais tout noir ou tout  blanc. Nous travaillons très dur à la fois sur scène et en dehors, et finalement on récolte ce que l’on sème. Nous sommes toujours aussi impatients et nous cherchons à être meilleurs dans ce que nous faisons. Alors, on attend avec impatience ce que la nouvelle décennie nous réserve !

– Avant de parler du nouvel album, pourquoi avoir quitté Nuclear Blast pour Napalm Records ? Votre collaboration ne répondait plus à vos attentes ?

Nuclear Blast a récemment été rachetée par un grand conglomérat de médias et ils ont procédé à un changement complet de personnel dans tous les départements. Nous avions la possibilité d’aller chez Napalm Records et nous avons pensé que c’était le moment idéal. Nous espérons beaucoup des nombreuses années à venir chez Napalm. Ce sont vraiment des gens formidables !

– Il y a quelques années, en 2014, vous avez aussi quitté votre Islande natale pour le Danemark. C’était devenu compliqué pour vous de tout gérer depuis votre île ?

C’est tout simplement impossible sur le plan logistique, notamment pour les tournées, car il faillait toujours s’envoler vers et depuis l’Islande. Nous avons eu la chance de pouvoir déménager au Danemark et de vivre juste à côté de la frontière allemande. Alors, c’est ce que nous avons fait. Nous y sommes restés deux ans et nous avons fait en moyenne 80 à 90 concerts par an, ce qui n’aurait jamais été possible depuis l’Islande. Nous voulions juste jouer tous les spectacles qui présentaient, peu importe d’ailleurs le tarif ou le nombre de spectateurs. Maintenant, c’est un peu différent, nous sommes plus établis et que nous pouvons choisir avec une plus grande liberté.

– THE VINTAGE CARAVAN présente aussi un line-up stable depuis le départ de votre premier batteur. Le côté solaire et positif de votre musique vient-il aussi de cette sérénité acquise dans la durée ? Vous vous connaissez très bien tous les trois…

Nous avons le même line-up maintenant depuis environ 6 ans, ce qui est vraiment agréable. Le changement de batteur a été une situation très stressante, il a donc fallu un certain temps pour s’adapter. Mais maintenant, nous nous sommes posés et avec ce deuxième album avec ce même line-up, nous savons comment travailler ensemble plus simplement, tout en restant très concentrés pour obtenir le meilleur résultat.

– L’ADN du groupe réside dans ce groove incroyable guidé par des influences très 70’s, Psych et progressive. Vous qui n’avez pas connu cette époque très créative, comment êtes-vous tombés amoureux de ce style et que lui trouvez-vous de si pertinent ?

La musique qui vient de cette époque est tout simplement incroyable et aussi très diversifiée. Il y a une grande liberté qui s’entend sur les albums Prog qui sont sortis comme King Crimson, Yes, Rush et beaucoup d’autres. C’est juste quelque chose qui a toujours résonné en nous. Mais il y a aussi beaucoup d’influences modernes et, honnêtement, je pense qu’il n’y a pas de groupe de Rock qui ne soit pas, au moins un peu, influencés par les groupes des années 70, à savoir Led Zeppelin, Black Sabbath, Jimi Hendrix, etc.

– Sur ce nouvel album, on sent qu’un cap a été franchi dans les compostions comme dans les arrangements, qui sont beaucoup plus riches que sur « Gateway » notamment. C’est aussi votre sentiment ?

Bien sûr, nous nous efforçons toujours d’être meilleurs dans ce que nous faisons et cela implique bien sûr les compositions, mais aussi les arrangements. Personnellement, cela fait longtemps que je ne me concentre plus sur le simple fait de devenir un meilleur bassiste. Maintenant, il s’agit plus concrètement de comprendre l’espace et la profondeur qui accompagnent les morceaux et les enregistrements, ainsi que d’essayer de créer des chansons qui n’ont pas de points faibles en termes de flux. C’est le processus actuel et j’espère qu’avec le prochain album, nous serons encore meilleurs !

– Sur « Monuments », on retrouve les ingrédients de THE VINTAGE CARAVAN avec des envolées très Hard Rock, parfois Metal, et cette fois il y a aussi un côté Stoner plus prononcé. Et c’est vrai que votre style s’y prête bien. C’est un registre que vous vouliez explorer depuis longtemps ?

Je pense que nous avons atteint le sommet dans notre côté Stoner Rock avec « Arrival ». Il y a énormément d’influences sur ce nouvel album avec notamment du Rock, du Metal et du Stoner, mais aussi beaucoup de Funk, de Jazz, voire de Hip-Hop. Nous avons tous des goûts musicaux assez variés, donc cela finit par être un joli melting-pot. C’est parfois difficile de déterminer d’où tout cela provient, mais c’est une bonne chose car je pense que cela signifie que nous nous ressemblons de plus en plus, et que notre style est de plus en plus personnel.

– Un mot aussi sur la production de « Monuments » qui est dense et massive. Dans quelles conditions avez-vous enregistré l’album, et aviez-vous des exigences particulières quant à sa couleur sonore ?

Oui, il s’est passé beaucoup de choses, et nous avons eu beaucoup de chance de retravailler avec Ian Davenport (Band of Skulls, Gaz Coombes, Philip Selway, etc …), qui a fait un excellent travail de production et de mixage. L’album a été enregistré dans les fameux studios de Hljóðriti en Islande, qui a un caractère sonore très spécial et un matériel à peine croyable. Alors, nous avons passé de longs moments à expérimenter pendant les 22 jours que nous avons passés là-bas.

– Justement, vous venez d’annoncer les dates de votre prochaine tournée en 2022, avec d’ailleurs quatre passages par la France. Vous qui êtes véritablement un groupe de scène, vous devez être plus qu’impatients, non ?

Bien sûr, nous avons hâte de remonter sur scène. Nous attendions juste le bon moment. C’est une situation difficile, car les concerts ont été reportés si souvent qu’il était presque difficile de croire que les tournées allaient reprendre un jour !

« Monuments » est disponible depuis le 16 avril chez Napalm Records.

Retrouvez la chronique de l’album : https://rocknforce.com/the-vintage-caravan-une-eruption-irresistible/

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Doom Stoner/Desert

Moon Coven : cerné par une brume épaisse

Sur un groove dark et des fulgurances Fuzz démonstratives et massives, MOON COVEN surgit avec un Stoner très Doom et Psych, dont la précision et l’efficacité viennent souligner l’expérience acquisse par les Suédois en seulement trois albums. « Slumber Wood » est d’une rare noirceur, dont on a bien du mal à se défaire.

MOON COVEN

« Slumber Wood »

(Ripple Music)

Après cinq ans d’absence, MOON COVEN est de retour sur le devant de la scène avec un troisième album, qui montre encore une belle évolution dans le style des Suédois. Suite à « Amanita Kingdom » puis à un second album éponyme, le quatuor semble désormais délaisser quelque peu son Stoner pour un Doom plus marqué. Plus Metal dans l’approche, les Scandinaves sont plus ombres encore (« Eye Of The Night », « Potbelly Hill »).

Plongé dans une épaisse brume, MOON COVEN promet et garantit un voyage au cœur du Doom le plus profond grâce à un son lourd et très Psych. Guidés par leur guitariste et chanteur David Leban, les Suédois sont de plus en plus mystiques et leur registre se pare même de sonorités orientales sur certains titres, tout en présentant un travail remarquable sur les guitares (« Further », « Bahgsu Nag »).

Très Fuzz, le quatuor n’a pas pour autant délaissé ses racines Stoner aux riffs aiguisés et aux ambiances aériennes (« My Melting Mind », « Ceremony », « Seagull »). Le chant toujours aussi lointain et écorché donne une dimension très 70’s à ce nouvel album qui révèle autant de surprises à chaque écoute. MOON COVEN livre un très bon troisième album et travaille déjà sur le suivant. Les Suédois sont en forme !

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Hard Rock Rock

Electric Boys : serrage de boulons

Mélodique, costaud et enthousiasmant, ELECTRIC BOYS n’a rien change à son élan créatif et revient avec « Ups!de Down », un album où les Suédois distillent des sonorités et des compos beaucoup plus Rock et rentre-dedans que sur leurs dernières productions. Un retour aux sources frais et dynamique.

ELECTRIC BOYS

« Ups!de Down »

(Mighty Music)

Un peu plus de trente ans d’activité et septième album pour les iconoclastes Suédois d’ELECTRIC BOYS et, une fois encore, « Ups!de Down », est une petiote pépite. Etiqueté vintage depuis ses débuts, le quatuor continue de surprendre même si ce nouvel opus est peut-être plus consensuel que ces prédécesseurs. Résolument Hard Rock, les escapades Funk ont quasiment disparu au profit d’un son plus Rock.  

Toujours produit par l’excellent David Castillo (Katatonia, White Chapel), ELECTRIC BOYS accueille aussi en son sein Martin Thomander à la guitare, mais a du se passer de son batteur Niclas Sigevall confiné à Los Angles (mais toujours membre à part entière), et habillement remplacé par Jolle Atlangic. Ne manquant jamais d’audace, les Scandinaves ouvrent l’album avec un instrumental de sept minutes, rien que ça !, qui donne le ton. 

Composé par son charismatique guitariste et chanteur Conny Bloom, ELECTRIC BOYS propose avec « Ups!de Down » une sorte de parcours initiatique à travers des morceaux pêchus (« Twang’Em & Kerrang’Em »), d’autres plus bluesy (« The Duds & The Dancers »), terriblement accrocheurs et groovy (« Tumblinb’ Dominoes », « It’s Not The End ») ou cosmiques (« Interstellafella »). Comme toujours, le combo reste irrésistible et livre une belle prestation. 

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Stoner/Desert

High On Wheels : fuzz interplanétaire

Mur du son ou grand écran : HIGH ON WHEELS ne s’est pas longtemps posé la question et, entre deux répliques emblématiques de films vintage et crasseux, balance son Desert/Stoner Rock qui s’écoule avec exubérance sur ce « Fuzzmovies » addictif, fuzz, Psych et compact. Le trio français s’impose avec force et non sans humour.

HIGH ON WHEELS

« Fuzzmovies »

(Klonosphere)

Quelque part entre le Desert de Mojave et une trajectoire spatiale improbable, HIGH ON WHEELS disperse son Desert très Fuzz et Stoner depuis 2014. Après une démo et surtout un premier album remarqué, le trio français se projette dans un univers cinématographique estampillé Grindhouse, dans lequel « Fuzzmovies » occupe une place de choix.

Entrecoupés de samples de films de séries B et surtout Z, ainsi que de nanars iconiques, « Fuzzmovies » nous saute à la gorge tout en promettant de magnifiques envolées psychédéliques (« Blind Your Mind », « Hitman Le Cobra »). Plein d’humour, groovy et Psych, HIGH ON WHEELS balance des riffs bien épais sur des rythmiques lourdes et virevoltantes. Et le voyage ne fait que commencer.

Vocalement aussi, le trio s’amuse en se répondant dans un esprit très 70’s, qui laisse transparaître des influences évidentes issues de la source Desert/Stoner Rock et qui contribuent à peser et à alimenter le combo avec irrévérence et virtuosité. Car derrière un  registre massif et puissant, HIGH ON WHEELS envahit l’espace sonore avec dextérité et créativité (« Last Page », « Thrill Under My Wheels », « In My Head »). Ebouriffant !

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Hard Rock Rock

Greta Van Fleet : enfin incomparable !

Entre Hard Rock et ambiances bluesy lancinantes, GRETA VAN FLEET s’est forge un style qui en rappelle d’autres bien sûr, mais qui paradoxalement est très personnel et inspiré. Avec « The Battle At Garden’s Gate », le quatuor américain signe un superbe et très positif album emprunt de liberté et à la performance irréprochable.  

GRETA VAN FLEET

« The Battle At Garden’s Gate »

(Republic Records)

Formé en 2012 dans le Michigan, GRETA VAN FEET a commencé à faire parler de lui cinq ans plus tard avec « Black Smoke Rising », un EP qui est apparu comme un rayon de soleil. Le quatuor a décidé de remonter le temps en s’inspirant de modèles comme Led Zeppelin ou Janis Joplin auxquels il apporte une sensibilité très particulière et une sonorité intemporelle tout en respectant le patrimoine Rock. 

Près de trois ans après leur premier album, « Anthem Of The Peaceful Army », les Américains sont de retour avec un album qui leur ressemble enfin et d’où émanent une authenticité et une sincérité qui vont faire taire leurs nombreux détracteurs. Toujours mené par la fratrie Kiszka (Josh, Jack et Sam) et l’excellent Danny Wagner à la batterie, GRETA VAN FLEET brille par sa passion et son feeling très Rock.

Sur une production classicieuse et très organique signée Greg Kurstin, le groupe enchaine des morceaux exceptionnels et d’une justesse d’interprétation incroyable (« The Heat Above », « Broken Bells », « Built By Nations »). Virtuose, le quatuor signe un « Age Of Machine » de haute volée et enchaine sur les brillants « Stardust Chords » et « Weight Of Dreams » avec maestria. GRETA VAN FLEET est plus étincelant que jamais.