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Doom Heavy metal

[Going Faster] : Endtime / Crimson Tower

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

ENDTIME – « Impending Doom » – Heavy Psych Sounds Records

Ce premier effort des Suédois d’ENDTIME fait presque froid dans le dos. Le simple nom du quintet résume à lui seul les intentions de ces nouveaux venus sur la scène Doom Metal. Composé d’anciens membres d’Obnoxius Youth, Undergang, Taiwaz et Noctum, les Scandinaves n’en sont pas à leur coup d’essai et parviennent sur « Impending Doom » à rassembler la quintessence d’un registre nihiliste, ténébreux et horrifique. ENDTIME n’est pas là pour faire dans le détail et parvient en l’espace de cinq morceaux plombants et pachydermiques à vous décoller le cerveau avec une facilité presque malsaine. Puissant et ravageur, le combo se présente sur des titres très bruts où il joue sur les sonorités et les ambiances de manière démoniaque. 

CRIMSON TOWER – « Aeternal Abyss » – Morbid and Miserable Records

Il y a quatre ans, c’est sous le nom d’Eternal Abyss que CRIMSON TOWER a vu le jour le temps d’une démo. Rebaptisé, le trio de São Paulo s’est aguerri comme en témoigne « Aeternal Abyss », son premier album. Dans la lignée de Pagan Alter et Candlemass, les Brésiliens couvrent un spectre musical qui mêle Doom Old School avec des fulgurances Heavy Metal, elle aussi très classiques. Sombre dans son ensemble, l’album souffre encore de quelques imperfections, notamment au niveau de la production, mais les morceaux qui le composent respirent le Metal originel. Très à l’écoute de son époque, CRIMSON TOWER laisse parler la puissance à travers un Heavy Doom solide, qui ne demande qu’à être peaufiné. Un premier essai plein d’envie et de détermination.

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Progressif Proto-Metal Psych Rock

Jirm : champ de bataille sonore

Si avec JIRM, l’ascension semble interminable, elle n’en est que plus belle. Solidement ancré dans un Heavy Psych Prog singulier, les Suédois parviennent à créer la surprise à chaque morceau de ce nouvel album. Sur une production organique et imposante, « The Tunnel, The Well, Holy Bedlam » passe des ténèbres à la lumière en un claquement de doigt.

JIRM

« The Tunnel, The Well, Holy Bedlam »

(Ripple Music)

Accrochez-vous bien, car le cinquième album de JIRM (ex-Jeremy Irons And The Ratgang Malibus) est d’une dinguerie sans nom ! Décidés à l’enregistrer durant la pandémie, les Suédois ont du avoir recours à cinq studios à travers leur pays pour arriver à leur fin. Ca en dit long sur la détermination qui anime le furieux combo de Heavy Psych Prog. 

Qualifier les riffs de telluriques est presqu’en dessous de la réalité, tant JIRM fait preuve d’une puissance et d’une énergie phénoménales. Dès « Liquid Covenant », le quatuor donne le ton avec son style si distinctif, qui pourrait se résumer en un violent télescopage entre Soundgarden et Pink Floyd dans un flux Sludge aux sonorités progressives.

Derrière ce chaos apparent, « The Tunnel, The Well, Holy Bedlam » montre au contraire un groupe parfaitement rodé, très créatif et à l’objectif clair. Très lourd et pourtant groovy, JIRM jaillit de toutes parts et reste imprévisible grâce à des compositions déstructurées avec talent (« You Fly », « Carried Away »). Accompagné d’un saxophone sauvage, le combo nous emporte sans résistance. Une expérience à part entière !

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Doom Metal Rock

[Going Faster] : Messa / Wyatt E.

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

MESSA – « Close » – Svart Records

Avec ce superbe album, MESSA assoit encore un peu plus son exponentielle notoriété. Le quatuor italien, fondé en 2014, n’aura pas mis longtemps pour s’extraire de l’underground Doom transalpin. Original, immersif et également délicat et puissant, le groupe surprend par sa maîtrise et surtout son côté expérimental du style. Guidé par sa frontwoman Sara dont la voix est d’une force incroyable, MESSA joue sur des aspects sombres, occultes, hallucinés et planants sur ce « Close » de toute beauté. Désormais au sommet de la scène Doom revival, le groupe peut tout se permettre comme cette présence obsédante et transcendantale du oud, qui libère des sonorités orientales fascinantes (« Orphalese », « Pilgrim »). « Close » est un joyau dont il serait dommage de se priver, tant il franchit toutes les limites du Rock et du Metal.   

WYATT E. – « Al Bēlūti Dārû » – Stolen Body Records

Après un premier EP en 2015, puis un album en 2017, la valeur montante du Drone Doom Oriental livre un nouveau format court basé sur deux morceaux approchant chacun les 19 minutes. Avec « Al Bēlūti Dārû », le trio belge se fait ensorceleur et captivant en repoussant les limites de son propre style. Les atmosphères développées par WYATT E. nous renvoient à la thématique de l’empire néo-babylonien à travers des boucles hypnotiques dans lesquelles se confondent technologie et instruments traditionnels. Avec une magistrale production signée Billy Anderson (Sleep, Om, Melvins), les Liégeois nous font passer dans un autre monde, jouant sur le côté solaire et l’aspect sombre de son registre. Entièrement instrumentale, la musique de WYATT E. nous invite à faire un bond dans le temps.

A noter que les deux groupes sont en tournée dans toute l’Europe et seront de passage le 19 avril au Michelet à Nantes et le 20 au Glazart à Paris.

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Post-Metal Sludge

Kyoty : post-apocalyptique

Surprenant et captivant, ce deuxième album de KYOTY, duo atypique du New Hampshire, dépasse à peu près tout ce qui a pu être réalisé en termes de Sludge atmosphérique aux sonorités Indus. Le groupe arrive avec facilité à ensorceler son auditoire en parcourant des ambiances vacillant entre désespoir et coups de tonnerre. « Isolation » n’aura jamais aussi bien porté son nom.

KYOTY

« Isolation »

(Deafening Assembly)

KYOTY est un OVNI musical comme on en rencontre assez peu. Composé de Nick Filth (guitares) et de Nathaniel Parker Raymond (basse), le duo américain parvient à offrir des tessitures étonnantes à sa musique. Ayant testé plusieurs batteurs, c’est cette formation qu’a adopté le groupe, qui signe ici son deuxième album, « Isolation ».

Un album qui porte bien son nom, puisqu’il a été entièrement enregistré à distance durant les phases de confinements que le duo a aussi essuyé en 2020. Et le résultat est étonnant autant que bouleversant. Entièrement instrumental, « Isolation » s’étend sur 1h10 à travers dix titres puissants, témoins de l’état de la solitude vécu par KYOTY.

Le post-Metal enrobé de Sludge atmosphérique et d’ambiances et de sonorités obscures fait d’ailleurs assez froid dans le dos. Conçus par le groupe, la pochette est toute aussi éloquente et dépeint une lourdeur démonstrative et pesante. KYOTY possède un univers rare, évocateur et singulier et qui prend ici toute son ampleur. Une vraie réussite.

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Doom Stoner/Desert

Fostermother : atmosphères doomesques

La lumière qui régnait et se dégageait du premier album éponyme du trio américain a laissé place à une sorte de pénombre saisissante dans laquelle FOSTERMOTHER se meut avec une aisance assez déconcertante. « The Ocean » s’inscrit dans son époque et l’heure n’est plus à la réjouissance, mais à un Doom solide et lancinant.

FOSTERMOTHER

« The Ocean »

(Ripple Music)

En juillet 2020, les Texans avaient déjà impressionné grâce à un premier album très réussi. En dehors d’un changement de batteur avec l’arrivée de Jason Matomedi derrière les fûts, FOSTERMOTHER est toujours guidé par son leader, le chanteur et guitariste Travis Weatherred, dont les compositions sont de plus en plus pertinentes à travers un Stoner Doom toujours plus maîtrisé.

Le trio d’Austin se montre cette fois beaucoup plus massif, lourd et pesant que sur son premier album éponyme. « The Ocean » traite de l’isolement et de ses conséquences. De fait, FOSTERMOTHER affiche un côté plus sombre, plus Doom et loin des touches Heavy et Fuzz, qui ont depuis disparu. Très efficace et aussi très enveloppant, ce deuxième opus n’est pas des plus optimistes.

Le volume de la rythmique et l’épaisseur des riffs donnent l’impression d’une brume omniprésente, qui rend les morceaux de « The Ocean » très compacts et presqu’oppressants. FOSTERMOTHER développe sur ce deuxième album un son identifiable et très personnel, qui le rend même assez inconfortable par moment. Le trio américain affiche une force et une détermination décuplées. Dur et obscur.

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Hard 70's Progressif Psych

Obsidian Sea : une évasion vers l’authenticité

Riche et audacieux, ce nouvel et quatrième album d’OBSIDIAN SEA se présente avec sept morceaux très structurés qui dégagent un sentiment de liberté incroyable, dans un esprit un peu bluesy. « Pathos » joue sur les émotions et le trio bulgare, s’il peut paraître naïf de prime abord, sait se montrer particulièrement massif et même exubérant.

OBSIDIAN SEA

« Pathos »

(Ripple Music)

Petit à petit, OBSIDIAN SEA se fait une belle place dans un registre à la saveur Heavy vintage et sa place au sein de l’écurie Ripple Music y est bien sûr pour beaucoup. Le trio bulgare évolue et s’améliore au fil des albums, et « Pathos » vient confirmer toute cette expérience acquise depuis ses débuts en 2009 à Sofia.

Si la nationalité du groupe peut surprendre vu son registre, la surprise s’estompe très vite et dès les premières notes de ce quatrième album aussi créatif qu’inspiré. OBSIDIAN SEA sait pertinemment où il va, et le voyage musical exaltant proposé sur ce nouvel opus commence dès « Lament The Death Of Wonder ». Clair et efficace, le trio séduit.

Le Heavy Rock très 70’s du groupe offre des facettes qui surprennent et les Bulgares sont capables et font preuve de beaucoup de puissance, en contraste avec des envolées progressives et Psych (« Sisters », « Mythos », « The Revenants », « I Love The Woods »). Atypique, OBSIDIAN SEA se démarque avec élégance dans un registre très maîtrisé.

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Doom Hard Rock Stoner/Desert

Hazemaze : le diable dans les yeux

Accrocheur et percutant, le trio suédois avance dans un Rock occulte, qui emprunte autant au Hard Rock 70’s et au Doom qu’au Stoner avec un côté sombre, lourd et  obsédant. Grâce à un chant clair, ni growlé, ni screamé, HAZEMAZE surfe sur des mélodies addictives et prenantes. Ce troisième album, « Blinded By The Wicked », séduit, envoûte et est littéralement ensorceleur.

HAZEMAZE

« Blinded By The Wicked »

(Heavy Psych Sounds Records)

Apparu en Suède en 2016 avec un premier EP, « Wicked Ways », HAZEMAZE n’a eu de cesse depuis de produire un Rock Hard occulte fortement marqué par un Hard estampillé 70’s sur un groove saisissant et surtout des riffs massifs et mélodiques. Après un peu plus de cinq ans d’un travail acharné, le trio scandinave continue sur sa lancée avec un troisième album, « Blinded By The Wicked », diabolique à souhait.

Ludwig Andersson (guitare, chant), Nils Einéus (batterie) et Estefan Carrillo (basse) sont véritablement habités et possédés par un impact et des vibrations directement issus de l’enfer. Obscur et épais, « Blinded By The Wicked » semble une fois encore tout droit sorti des abîmes et HAZEMAZE semble s’en régaler et porter la parole démoniaque aussi souvent et fortement que possible.

Sur des guitares et un esprit très sabbathien, les Suédois mènent leur barque avec aisance et une solide assurance (« Devil’s Spawn », « Ethereal Disillusion »). Passé un interlude que n’aurait pas renié Richie Blackmore (« Sectarores Et Principes »), HAZEMAZE ne laisse aucun répit et repasse aussitôt à l’attaque (« Divine Harlotry », « Luciferian Rite »). Le grand tremblement.

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Hard Rock Heavy metal Progressif Proto-Metal Stoner/Desert

Döminance & Submissiön : culte et dévotion

Lorsqu’on connait la technicité de Blue Öyster Cult, se lancer dans un Tribute peut s’avérer être délicat au point d’y laisser quelques plumes et quelques dents. Mais concernant les musiciens de Stoner, Desert Rock et proto-Metal qui composent ce bel album DÖMINANCE & SUBMISSIÖN, il semblerait que le challenge ait décuplé leur inspiration. Mieux, certains morceaux sont revisités avec une fougue surprenante.

DÖMINANCE & SUBMISSIÖN

« A Tribute To Blue Öyster Cult »

(Ripple Music)

Chez le label californien Ripple Music, on ne manque pas d’idées et grâce à des connexions facilitées par des artistes-maison de haut viol et de grands talents, de beaux projets émergent comme ce DÖMINANCE & SUBMISSIÖN, un album hommage au légendaire groupe de Hard Rock occulte Blue Öyster Cult. Composé de reprises inédites interprétées par des artistes issus essentiellement du mouvement Stoner, la fête est belle, inattendue et agréablement surprenante.

S’atteler au répertoire des mythiques New-Yorkais n’est pas une mince affaire. Et il faut rappeler qu’à l’origine du projet, on retrouve feu Steve Hanford et Ian Watts de Ape Machine. Initialisé alors que ce premier était une fois encore en prison, il a tout juste eu le temps de finaliser ses propres parties avant de laisser la place à un casting hors-norme, dont le travail est aussi étonnant qu’éblouissant, le tout avec une production extrêmement brute.

A l’œuvre sur DÖMINANCE & SUBMISSIÖN, Mark Lanegan, Billy Anderson, Mondo Generator, Mos Generator, Howling Giant, des membres de Fu Manchu et High On Fire, ainsi que les talentueux Great Electric Quest, War Cloud et Spindrift s’en donnent à cœur-joie. Parmi les 13 morceaux, on redécouvre sous un œil neuf les classiques « The Reaper », « Burnin’ For You », « Godzilla », « Tattoo Vampire », « Fireworks » ou encore « Flaming Telepaths ». Un bon coup de fouet !

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Doom Post-Metal Psych

King Bastard : une odyssée cathartique

Montrer autant d’audace et d’assurance dès son premier album est une chose plutôt rare. Avec « It Came From The Void », KING BASTARD s’embarque dans un vagabondage spacial et agité à travers un Doom puissant, moderne et psychédélique où le quatuor flirte avec le post-Metal. Presqu’entièrement instrumental, l’opus des New-Yorkais côtoie le surnaturel avec minutie.

KING BASTARD

« It Came From The Void »

(Independant)

Rarement un album aura aussi bien porté son titre. « It Came From The Void » résume à lui seul les intensions et l’aboutissement des compositions du quatuor new-yorkais. Et il s’agit d’un trip musical dans les ténèbres de l’espace auquel nous invite KING BASTARD et dans lequel il nous propulse sans prévenir. Et si ce premier opus autoproduit ressemble à s’y méprendre à une jam cosmique, il n’en est pourtant rien.

N’allez pas croire que « It Came From The Void » a quoique ce soit de cacophonique, il est plutôt chaotique dans sa conception, même si son aspect expérimental a été soigneusement pensé. KING BASTARD sait où il va et il y court sans aucune hésitation, ni retenue. Enregistré en conditions live le temps d’un week-end dans le Queens à New-York, ce premier effort est une déflagration Doom Psych unique.

Dans univers très cinématographique, KING BASTARD développe un style basé sur l’épaisseur et l’impact des riffs, la puissance de sa rythmique et l’exploration d’atmosphères souvent proches d’un post-Metal fracassant, fondu dans un psychédélisme de chacun instant (« From Hell To Horizon », « Bury the Survivors/Ashes To Ashes », « Blackhole Viscera »). Aussi imprévisible que libérateur, l’album est un lâcher prise total.  

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Blues Rock Hard Rock Proto-Metal

Buffalo Revisited : no time to die

Les légendes ne meurent jamais, dit le proverbe. BUFFALO REVISITED en est la preuve vivante puisque, pour le 45ème anniversaire de son album le plus marquant, les Australiens ont rejoué « Volcanic Rock » devant une poignée de chanceux à Sydney. Le feeling est intact, l’intensité et la force des morceaux aussi et ce témoignage live ravivera bien des souvenirs auprès des amoureux d’un Rock très Metal véritable et authentique. 

BUFFALO REVISITED

« Volcanic Rock Live »

(Ripple Music)

Les groupes australiens ayant réussi à sortir de leur gigantesque île se comptent sur les doigts d’une main. Il en est pourtant qui sont parvenus à influencer plusieurs générations de combos dans des registres qui vont du Heavy Metal au Stoner en passant par le Hard Rock, le Psych et même le Blues Rock. Et plus que des grands frères, BUFFALO REVISITED fait plutôt figure de parrain du genre et dépositaire d’une identité unique en son genre.

Fondé en août 1971, les rockeurs ont essuyé les plâtres avant que n’émergent Colored Balls, Ac/Dc, The Angels ou Rose Tattoo. C’est dire l’impact du groupe sur ses compatriotes. Malgré seulement cinq albums parus entre 1972 et 1977, BUFFALO REVISITED a eu le temps de fonder le mythe et reste toujours une référence pour de très nombreuses formations de pub-Rock et autres en Australie et même au-delà. Et aujourd’hui, la légende revit l’espace d’un live.

Avec Dave Tice (chant), seul rescapé du line-up originel, toute l’âme et l’intensité de BUFFALO REVISITED est manifeste sur ce « Volcanic Rock Live », qui reprend l’intégralité de l’album sorti en 1975. Enregistré dans un lieu assez intime à Sydney, on retrouve avec plaisir des morceaux comme « Sunrise (Come My Way) », « Freedom » et « The Prophet ». Seul bémol, on regrettera la qualité de l’enregistrement, qui est très loin d’être satisfaisante.