Sous ses allures un peu sophistiquées, tant dans l’aspect purement sonore qu’à travers des titres aux structures parfois complexes et très finement exécutés, BLIND EGO réussit parfaitement à se rendre accessible. Grâce à des refrains addictifs et porté par un groupe très expérimenté, « The Hunting Party » navigue entre Rock et Hard sous une impulsion très progressive. Limpide et accrocheur, le groove est omniprésent et joue sur les atmosphères brillamment, histoire de nous guider vers des cimes musicales suspendues.
BLIND EGO
« The Hunting Party »
(Gentle Art Of Music)
Kalle Wallner est un musicien très occupé. En marge de son groupe de Rock Progressif RPWL (les initiales du nom de ses membres) fondé en 1997, il a aussi sorti un album solo (« Voices » – 2022) et le revoici aujourd’hui avec le cinquième opus de son autre projet BLIND EGO qu’il guide depuis 2007. Toujours en collaboration avec le parolier Dominik Feiner, il présente sur « The Hunting Party » un nouveau chanteur, qui n’est autre que Kevin Kearus et qui œuvre sur la scène MetalCore avec Cyant et The Legend : Ghost. Une belle acclimatation.
Sur cette nouvelle réalisation, l’Allemand est à la guitare bien sûr, ainsi qu’à la basse et aux claviers. Il a tout de fois confié la batterie à Michael Christoph et les claviers, en plus du mix et du master, au ‘L’ de RPWL, c’est-à-dire Yogi Lang, aussi co-producteur. Assez différent de ses autres formations, BLIND EGO évolue dans un style que l’on peut qualifier de Rock/Hard, avec quelques touches d’Alternative et, forcément, de Prog. On ne se refait pas et l’ensemble donne beaucoup de saveurs à ce « The Hunting Party » cristallin et enivrant.
A la fois lumineux et aérien, le petit côté floydien de BLIND EGO met en avant les parties de guitares de Kalle Wallner, tout comme la performance vocale de son nouveau frontman. Rapidement captivant, « The Hunting Party » montre une parfaite fluidité musicale et artistique. Chacun est dans son rôle et à sa place pour offrir le meilleur à des compositions irréprochables (« In A Blink Of An Eye », « The Stranger », « Spiders », « Boiling Point », la ballade « When The Party’s Over » qui clôt le disque et le morceau-titre). Un bel édifice !
Il est tellement actif qu’on pourrait très bien imaginer MYLES KENNEDY être à court d’idées ou d’inspiration. L’homme possède, c’est vrai, un agenda très, très rempli. Or, avec « The Art Of Letting Go », c’est tout le contraire que vient démontrer le musicien de Boston. Car ce troisième effort en solitaire, loin du feu des projecteurs essentiellement braqués sur ces projets en groupe, est de loin son meilleur. Complet et virtuose, ce nouvel opus est d’une justesse de chaque instant. Généreux et authentique, dans sa musique comme dans ses textes, le songwriter atteint une maturité artistique guidé par un fort tempérament.
MYLES KENNEDY
« The Art Of Letting Go »
(Napalm Records)
Il y a des artistes dont les albums solos dépassent très nettement ceux qu’ils font en groupe, et MYLES KENNEDY fait définitivement partie de ceux-là. Tout semble si naturel et évident lorsqu’il est seul aux commandes qu’on a presque le sentiment qu’ailleurs, il est freiné. Que ce soit avec Slash & The Conspirators ou même avec Alter Bridge (le meilleur des deux !), il est méconnaissable dans sa façon d’écrire. Alors, bien sûr, chacun choisira ensuite dans quel rôle il le préfère. En tout cas, pour tout amateur de Rock/Hard US, ses productions sont toujours limpides et lumineuses. Ici encore, ses parties de guitare et son chant prennent subitement un nouvel éclat et une saveur toute personnelle.
Cette fois encore, « The Art Of Letting Go » est l’œuvre d’un maître artisan. MYLES KENNEDY est littéralement au sommet de son art. Si sa voix développe une force toujours très maîtrisée, capable notamment d’envolées surpuissantes, les parties de guitares sont elles aussi d’une incroyable richesse. Entre ce déluge de riffs aux sonorités tellement variées qu’il surprend à chaque morceau et des solos toujours aussi bien sentis, le musicien se met littéralement au service de ses chansons. S’il en fait beaucoup, il n’en fait jamais trop et les artistes de ce calibre se font très rares. Il n’y a ici aucune course à la surenchère. L’efficacité est son moteur… et il ronronne.
Accompagné des fidèles Zia Uddin à la batterie et Tim Tournier à la basse, le trio s’engouffre dans un Rock/Hard US souvent bluesy et toujours très solide. Et cette formule fait mouche que ce soit dans les moments les plus forts et implacables (« The Art Of Letting Go », « Say What You Will », « Mr Downside »). Et quand MYLES KENNEDY laisse parler ses émotions, on monte encore d’un cran dans un Rock universel qui parait si naturel (« Miss You When You’re Gone », « Save Face », « Nothing More To Gain »). Et malgré un ensemble très ample doté d’un volume incroyable, le chanteur sait jouer sur la corde sensible avec beaucoup de sincérité (« Behind The Veil » et surtout « Eternal Lullaby »). L’énergie et la beauté !
Retrouvez la chronique de son album précédent, « The Ides Of March » :
Grosse prod’, riffs musclés, solos bien sentis et un chant puissant posé sur une rythmique massive, voilà la somme des ingrédients savamment dosés du premier effort complet des quatre ‘All Black’ qui composent BLACK SMOKE TRIGGER. Avec « Horizons », ils distillent un Alternative Rock aux accroches Hard Rock, aux influences grungy et à l’énergie débordante. Après quelques dates qui ont marqué les esprits outre-Manche et à Paris, l’aventure ne fait que commencer pour ce turbulent combo.
BLACK SMOKE TRIGGER
« Horizons »
(Independant)
Et si la nouvelle sensation Rock/Hard venait de Nouvelle-Zélande ? Récemment apparu en première partie de Bruce Dickinson en Angleterre il y a quelques mois et chez nous, BLACK SMOKE TRIGGER avait fait forte impression, malgré un seul EP sorti en 2019 à son actif. Ce premier album était donc très attendu et il ne déçoit pas. Ce savoureux mélange de post-Grunge et d’Alternative Rock/Metal, mâtiné d’un Pub Rock irrésistible cher à leurs voisins australiens est franchement accrocheur et a de quoi séduire le plus grand nombre.
Mixé et produit par Nick Raskulinecz (Alice In Chains, Korn, Foo Fighters) entre Nashville et Hawke’s Bay sur leur île, « Horizons » est une réalisation très mature, équilibrée et sacrément costaude. BLACK SMOKE TRIGGER fait preuve de force et de vigueur, tout en développant des mélodies efficaces et des refrains qui restent en tête. Le quatuor ne bouleverse pas las codes établis, mais délivre beaucoup d’envie et de fraîcheur sur une dynamique très Rock, parfois Hard, et de solides fondations.
C’est vrai que chez les formations issues du Classic Rock, rien ne bouge beaucoup depuis des années, mais BLACK SMOKE TRIGGER affiche pourtant beaucoup d’originalité grâce à une vision moderne du genre et une interprétation à la fois explosive et délicate. En utilisant à bon escient des guitares acoustiques, le groupe apporte une sensible et captivante approche des émotions sans pour autant lever le pied (« Phantom Pain », « KMTL », « The Way Down », « Perfect Torture », « Set Me On Fire »). Une belle surprise !
MR. BIG, c’est un peu la classe incarnée. Des parties de guitares exceptionnelles, une basse chimérique imparable et un chanteur d’une justesse imperturbable. Ajoutez-y un batteur qui respire en rythme et vous obtenez un groupe auquel il est difficile de trouver à redire. Et c’est vrai qu’il est difficile de reprocher quelque chose aux Américains. Cela dit, l’inspiration ne se commande pas, elle est plus ou moins présente selon les productions. Et dans ce cas, « Ten » est sans doute la raison, qui vient mettre fin à une belle histoire du Rock.
MR. BIG
« Ten »
(Frontiers Music)
Clap de fin pour le supergroupe qui livre actuellement sa tournée d’adieu. Avec une carrière faite en partie de grands succès et scindée en deux époques pas franchement égales, MR. BIG tenait à faire un ultime cadeau à ses fans, tout en rendant hommage à son défunt batteur, Pat Topet disparu en 2018, et sans qui le quatuor ne souhaitait pas poursuivre l’aventure au-delà. Même l’excellent et expérimenté Nick D’Virgilio derrière les fûts ne semble avoir pu changer la donne, malgré un jeu comme toujours irréprochable.
Avec un break entre 2002 et 2009, le groupe aura marqué les esprits depuis sa création il y a 36 ans et aura même servi de tremplin à beaucoup d’amoureux de musique, qui ont pu s’initier au Hard Rock en douceur. Et rien que pour ça, MR. BIG restera dans les mémoires. Il faut dire que, techniquement, Billy Sheehan (basse), Paul Gilbert (guitare) et Eric Martin (chant) sont toujours au-dessus du lot. Certes, le frontman de la formation a perdu en percussion, mais sa voix se fait aussi plus Soul et bluesy que jamais : un virage bien négocié.
Alors quelle tonalité a cette dernière réalisation ? Même s’il n’est certainement pas l’album le plus accrocheur du combo, « Ten » laisse l’impression de musiciens qui se font plaisir, qui restent des maîtres du groove et que l’expérience a rendu irrésistibles. Rien de très nouveau donc, mais MR. BIG garde intacte cette facilité tellement évidente à enchaîner les morceaux rythmés avec de ballades, dont il a le secret depuis ses débuts (« Good Luck Trying », « Right Outta Here », « Sunday Morning Kinda Girl », « Courageous »). Merci pour tout.
Après un premier album éponyme en 2020 très remarqué en Angleterre et qui a bénéficié d’une version remixée il y a deux ans (« Re-Wired ») avec des guests comme Jeff Scott Soto, Phil X et Joel Hoekstra, COLLETERAL apporte beaucoup de fraîcheur au Rock anglais. Très américain dans l’approche et dans le son, le combo réunit avec une touche très moderne tous les ingrédients à même de réunir les fans de Rock au sens très large du terme. Avec son côté très ’stadium’, il devrait rassembler les fans d’une époque estampillée FM comme ceux de l’actuel Alternative Rock.
COLLATERAL
« Should’ve Known Better »
(Big Shot Records)
A en croire la presse spécialisée d’outre-Manche, ce nouvel album de COLLATERAL retranscrit parfaitement toute l’énergie déployée en live par le groupe. On est donc en droit d’attendre un disque costaud et déterminé. Et il faut reconnaître que la formation du Kent est séduisante à bien des égards. Dans un Alternative Rock à la Nickelback et un Hard Rock soft façon Def Leppard ou Bon Jovi, les mélodies sont mises à l’honneur, ce qui n’empêchent nullement son guitariste, très en verve, et son frontman notamment d’apporter un souffle très véloce à un « Should’ve Known Better », séduisant et accessible.
Et si la rythmique basse/batterie (Jack Bentley-Smith et Ben Atkinson) n’est bien sûr pas en reste, COLLATERAL doit beaucoup à son chanteur, Angelo Tristan, au timbre très personnel et à la puissance vocale remarquable. Mais le frontman n’est pas le seul garant de l’identité musical du quatuor. Son guitariste, Louis Malagodi, imprime littéralement de son jeu les compositions de ce « Should’ve Know Better » très varié et entraînant. Et enfin, le relief de ce deuxième opus prend toute sa dimension grâce à la production de Dan Weller (Enter Shikari, Kris Barras, Bury Tomorrow). Un travail d’orfèvre.
Visiblement, les nombreuses tournées des deux dernières années ont fait beaucoup de bien à COLLATERAL, dont les nouveaux morceaux sont très fédérateurs. Les Britanniques imposent leur marque sur des refrains entêtants et une redoutable efficacité dans le songwriting. On peut déjà imaginer l’impact sur scène de chansons comme « Glass Sky », « Original Criminal », Teenage Dream », « No Place For Love » et « Final Stand ». Parfois un peu convenu et attendu sur certains passages, « Should’ve Known Better » s’adresse à un vaste public sans se perdre dans le côté émotionnel du genre.
Robuste et élégant, GUN fait un retour où on le retrouve tel qu’il est resté ancré dans nos mémoires. Les Ecossais renouent avec l’ADN de leur Rock si brut et efficace. Sans faire réellement partie du mouvement Hard Rock et encore moins Metal, le groupe s’y frotte comme pour mieux appuyer là où ça fait du bien. Mais ce sont les refrains, les accords majestueux de guitare qui font et qui ont d’ailleurs toujours forgé son identité. « Hombres » rayonne comme au premier jour et on peut même ressentir un plaisir intact.
GUN
« Hombres »
(Cooking Vinyl)
Sept longues années après « Favorite Pleasures » et alors qu’il s’apprête à fêter ses 35 ans d’existence, où il aura presque tout connu, GUN nous revient avec un album qui devrait ravir les fans de la première heure. Depuis son renouveau en 2008, après le départ de son chanteur Toby Jepson, « Hombres » est probablement le disque le plus réussi et vivifiant de la formation écossaise. Toujours emmenée par les frères Gizzi, Jools à la guitare et Dante derrière le micro, elle semble même avoir trouvé un nouveau souffle.
Arborant toujours cette touche 90’s qui le rend si identifiable, GUN continue de déployer un style très personnel entre Hard Rock et Rock sauvage. Et ce ‘Rock Hard’ garde aussi une saveur propre à l’Ecosse, un son presqu’indescriptible, mais si perceptible. Le quintet accueille aussi dans ses rangs le guitariste Ruaraidh Macfarlane, qui fait beaucoup de bien à ces nouvelles compos, grâce à des riffs costauds et des solos hyper-Rock très bien sentis (« Boys Don’t Cry »). Le combo est de nouveau sur de bons rails et cela s’entend.
Jouant littéralement sur des mélodies addictives, GUN nous entraîne dans ce « Hombres », qui ne manque pas de jus et qui a conservé cette force qu’il entretient depuis ses débuts (« All Fired Up », le vrai-faux live « Take Me Back Home »). A l’image de ses concerts, ce nouvel opus est d’une authenticité sans faille. Il y a quelques soupçons de Glam Rock (« Fake Like »), quelques notes bluesy « « You Are What I Need »), des instants fédérateurs (« A Shift In Time ») et du Rock pur et dur (« Never Enough », « Lucky Guy »). Déjà un classique !
« Freedom’s Door » résonne presque comme une délivrance, un cri du cœur, et de colère aussi, lancé par STEVE WILSON qui a traversé de multiples épreuves lors de la création de son aventure en solo. D’origine jamaïcaine par son père, il n’est pas resté insensible à la montée de l’extrême droite chez l’Oncle Sam entre autres, et est parvenu à canaliser cette rage sur des morceaux dynamiques et puissants, en livrant ses sentiments sans détour sur des mélodies accrocheuses. Beau boulot !
PETER WILSON
« Freedom’s Door »
(Dr. Music Records)
Pour son premier album solo, le chanteur de Four Trips Ahead sera passé par toutes les émotions, les plus belles comme les pires. Composé durant la difficile période de pandémie et alors que les Etats-Unis connaissaient de grosses tensions sociales et politiques, il a également subi la perte de ses deux parents avant de devenir père lui-même presqu’au même moment. Et cet ascenseur émotionnel se ressent sur les 12 titres de « Freedom’s Door », auxquels PETER WILSON offre une performance vocale exceptionnelle.
Nul doute que l’ensemble de ces évènements est directement lié à l’intensité qui règne sur cette nouvelle réalisation. Par ailleurs, le frontman et songwriter s’est entouré de musiciens hors-pair pour faire briller ses morceaux, et PETER WILSON a également fait appel à une équipe cinq étoiles pour les réaliser. Derrière la console, on retrouve Roger Lian (Pantera, Slayer, Rush), au mix Nick Cipriano (Twisted Sister, Dream Theater) et enfin Nik Chinboukas (Trans Siberian Orchestra) à la production. Autant dire que ça sonne !
Musicalement, le New-Yorkais présente son registre comme du Hard Rock moderne, et ce n’est faux en soi. Seulement, et même si l’énergie et l’explosivité des chansons parlent pour lui, « Freedom’s Door » est plus Rock que Hard, ce qui n’enlève absolument rien à la qualité du disque. Au niveau du chant, PETER WILSON n’est pas sans rappeler Corey Glover de Living Coloür et Ayron Jones dans le ton et le timbre, avec un soupçon de Paul Rodgers pour la fougue. Ce premier effort de l’Américain s’écoute sur la longueur et avec plaisir !
Ils sont rares les artistes qui parviennent à faire la quasi-unanimité chez les fans de Rock, de Hard et même de Metal. Pourtant, depuis quelques années, RIVAL SONS est sur le point de réussir ce tour de force. Au début de l’été, « Darkfighter » a provoqué un séisme avec cette approche nuancée et vibratoire si particulière. « Lightbringer » est exactement dans la même veine et prolonge le plaisir avec beaucoup d’intensité et d’émotion.
RIVAL SONS
« Lightbringer »
(Low Country Sound/Atlantic Records)
Présenter deux albums d’un même groupe à quelques mois d’intervalle est plutôt inhabituel. Et lorsque les trois sont bons, le groupe et les albums, c’est un vrai plaisir… devenu tellement rare. En juin dernier, en sortant « Darkfighter », RIVAL SONS avait déjà annoncé qu’un second opus arriverait en complément du premier. Si la surprise n’en est donc pas une, le résultat, en revanche, va bien au-delà des espérances. « Lightbringer » fait plus que tenir ses promesses, il vient couronner une inspiration hors-norme.
Pour rappel, l’écriture des morceaux avait commencé avant la pandémie et en reprenant là où ils en étaient, les Américains se sont aperçus que deux types d’atmosphères se détachaient. Avec suffisamment de matériel pour en livrer deux parties, RIVAL SONS vous a régalé avec « Darkfighter » et voici la belle cerise sur le gâteau : « Lightbringer ». Si « Feral Root » (2019) avait déjà secoué le monde du Rock et fait prendre une nouvelle dimension au quatuor, ce coup double les place au firmament.
La splendide production de Dave Cobb, grand artisan du son des gars de Long Beach, est toujours d’une authenticité brute et lumineuse. En ouvrant judicieusement avec le dantesque « Darkfighter » et ses neuf minutes, RIVAL SONS présente la parfaite transition entre les deux disques. Porté par un Jay Buchanan magnétique au chant, un Scott Holiday étincelant à la guitare et guidé par une rythmique lourde, « Lightbringer » est envoûtant de bout en bout, notamment sur l’incroyable « Before The Fire » et « Mosaic ». Abyssal !
Trois décennies de carrière, un long break, des projets annexes et ELECTRIC BOYS nous revient avec un huitième album toujours aussi musclé, festif et dynamique. Avec « Grand Explosivos », les Suédois font toujours vibrer cette corde très Hard 90’s entre Rock US et Glam pêchu. Toujours aussi peu disert et même assez taiseux, son fondateur, chanteur, guitariste et compositeur Conny Bloom revient sur cette nouvelle galette et se rappelle au bon souvenir d’une époque révolue. Entretien.
– Il y a deux ans, vous aviez sorti l’album probablement le plus sombre de votre discographie, « Up!de Down ». Composé en pleine pandémie, on peut comprendre votre état d’esprit d’alors. Qu’est-ce qu’il vous a vous apporté, selon toi ? Peut-être d’avoir abordé des thèmes dont vous n’aviez pas forcément l’habitude ?
Nous ne l’avons jamais considéré comme un album aussi sombre que ça. Cela dit, c’est vrai qu’il a été inspiré par ce qui se passait à l’époque, que ce soit du point de vue des paroles comme de la musique. Je pense qu’il en est ressorti de bons morceaux comme « Upside Down Theme », « Tumblin’ Dominoes », « It’s Not The End », « Twang Em & Kerrang Em »…
– « Grand Explosivos » est votre huitième album. Il y a eu ce long break entre 1994 et 2011 avec des projets solos et l’aventure Hanoi Rocks. Est-ce que, finalement, ELECTRIC BOYS n’est pas le groupe dans lequel tu peux artistiquement le mieux t’exprimer ?
En ce qui concerne la guitare, je dirais que ce sont plutôt mes trucs en solo, qui me donnent le plus de liberté. Mais tous les différents projets, auxquels j’ai participés, m’ont toujours apporté quelque chose de nouveau et d’enrichissant. Et puis, j’ai aussi passé de très bons moments à jouer avec Hanoi Rocks.
– On retrouve beaucoup d’efficacité dans le songwriting, tout en gardant cet esprit très fun et funky, puisque vous êtes acteurs de cette vague 90’s assez insouciante. On a l’impression que ce sont vraiment le plaisir et une certaine légèreté qui guident vos morceaux…
Hummm… Je ne sais pas trop, en fait. Je pense que je suis un peu perdu dans ma propre bulle la plupart du temps ! (Rires) Quand des idées de chansons me viennent, je les enregistre sur cassette, de la même manière dont j’ai travaillé sur « Ups!de Down » et comme tous les disques avant. Mais oui, je suppose que ce disque est assez ‘insouciant’ dans l’esprit. Pour « Grand Explosivos », c’est vrai que nous en avions assez de tout ce qui concernait la pandémie. On avait juste envie de retourner à la vie et de nous amuser.
– D’ailleurs, sur « Grand Explosivos », vous faites quelque clins d’œil sur « When Life Treats You Funky » aux Beatles et « I’ve Got A Feeling » sonne très Billy Idol, surtout dans la voix. Sans tomber dans la nostalgie, c’est une façon pour vous de retrouver cette folie et ce feeling, qui manquent peut-être un peu aujourd’hui ?
Comme tu le dis, il y a un côté très insouciant dans tout ça, Du coup, il n’y a aucune pensée plus profonde que ça, qui viendrait se cacher derrière ! Pour « I’ve Got A Feeling », j’ai commencé à chanter et quand je l’ai réécouté, j’ai pensé la même chose que toi, que la voix combinée aux guitares sonnait un peu comme Billy Idol. Et j’ai aimé ce son ! Quant au ‘Nanana’ sur « When Life Treats You Funky », ce n’était au départ qu’une blague, qui me faisait penser aux petites mélodies joyeuses de George Clinton notamment.
– Si on regarde de près votre carrière, il y a eu les fastes années 90 avec un premier album (« Funk-O-Metal Carpet Ride ») produit par Bob Rock, une grande présence sur MTV, qui était à l’époque une référence et un réflexe pour toute une génération, dont je fais d’ailleurs partie. Pourtant, depuis 2011, ELECTRIC BOYS renoue avec le succès et votre style semble plus intemporel que jamais. Comment l’expliques-tu? Les modes sont toujours cycliques ?
C’est une question difficile. Je suis très fier et reconnaissant que nous ayons réellement ‘un son’ propre à ELECTRIC BOYS. On peut jouer et varier beaucoup de choses avec mes riffs, ma voix et la batterie/basse qui sonnent comme personne. C’est vraiment ‘nous’ au final. En tant qu’auteur-compositeur, je ne suis jamais les tendances et je déteste l’idée d’être prévisible. Si cela ressemble trop à autre chose, nous le modifions immédiatement et volontairement pour éviter de tomber dans de vieilles habitudes. Et oui, pour te répondre, je crois que tout est plus ou moins cyclique, y compris dans la musique.
– ELECTRIC BOYS est une institution dans les pays scandinaves comme le Danemark et la Suède bien sûr. Qu’en est-il du marché américain, car en vous écoutant, on pense inévitablement au Los Angeles de la grande époque ? Ca reste un objectif ?
L’Amérique était un grand marché pour nous à une époque, c’est vrai. On a envie d’y retourner, mais cela nécessite une réflexion et une planification minutieuse de notre part. Au final, ce n’est pas une mince affaire !
– Enfin, ELECTRIC BOYS est un groupe très établi depuis des années, quel regard portes-tu sur la multitude, pour ne pas dire l’incompréhensible déferlante de sorties d’albums actuelle ? Sans se poser la question de savoir si elles sont toutes sont légitimes, ne frôle-t-on pas l’overdose ?
Oh que oui ! Il est devenu très difficile de faire entendre sa voix de nos jours. Quand nous avons commencé, il n’y avait que quelques chaînes de télévision comme MTV et la radio KNAC. Si tu passais chez eux, les choses se produisaient et cela avançait bien, car tout le monde était à l’écoute. De nos jours, la musique est vraiment partout. On doit juste continuer à faire ce en quoi nous croyons. J’espère que les gens en parleront autour d’eux et que la musique d’ELECTRIC BOYS pourra circuler normalement et le plus possible.
Le nouvel album d’ELECTRIC BOYS, « Grand Explosivos », est disponible chez Mighty Music.
Après quatre petites années au sein de Burning Witches (2015-2019), la frontwoman helvète a décidé de changer de voie et de se lancer seule dans un registre musclé, certes, mais loin du Metal qu’elle assenait auparavant. Plus féminines aussi, les compositions de « Addicted To Color » n’en demeure pas moins solides et entêtantes. Avec ce très bon deuxième album, SERAINA TELLI montre beaucoup de caractère.
SERAINA TELLI
« Addicted To Color »
(Metalville)
Après seulement deux albums studio et un live avec Burning Witches, la Suissesse SERAINA TELLI a pris son envol et il faut bien reconnaître que depuis l’an dernier et son premier opus, « Simple Talk », elle semble plus rayonnante que jamais. Le chemin qu’elle emprunte en solo est lui aussi différent de son ancien groupe avec une approche plus Rock, plus mélodique et plus ouverte. Bien sûr, il reste des éléments Hard Rock dans son jeu et on ne saurait s’en plaindre.
La trentaine épanouie, elle réussit avec « Addicted To Color » le tour de force de concentrer une belle énergie, une qualité d’écriture indéniable, une voix puissante, une grande polyvalence musicale et un jeu de guitare très efficace. Loin d’une vision souvent en noir et blanc du Rock et du Metal, SERAINA TELLI met de la couleur, de la joie et de la profondeur dans les morceaux de son deuxième album. Positive et dynamique, la musicienne creuse son sillon.
Musicalement positionnée entre Rock Hard et Power Rock, elle affiche une grande diversité et « Addicted To Color » est bien plus complet et personnel que « Simple Talk », qui ne bénéficiait pas non plus d’une production aussi ample. Evidemment très à son aise sur des titres rentre-dedans (« Songs Fort The Girls », « Be Somebody », « Boogied Man », « Left Behind »), SERAINA TELLI libère de magnifiques charges émotionnelles sur des chansons plus lentes voire acoustiques (« All Your Tears », « The Harder Way »). Bien joué !