Pionnier et mythe du Hard Rock, c’est avec un album-concept consacré à sa ville de Detroit que le légendaire frontman livre son 27ème album à 73 ans. Et en éternel jeune homme qu’il est (« I’m Eighteen »), ALICE COOPER reste théâtral, inspiré et vient apporter de l’électricité à sa cité industrielle en friche. « Detroit Stories » est un grand et bel album où le chanteur ne fait pas dans la demi-mesure : un monument qui vient s’ajouter à sa belle discographie.
ALICE COOPER
« Detroit Stories »
(EarMusic/Warner)
50 ans après leur collaboration sur « Love It To Death », le grand ALICE COOPER retrouve son ami et producteur Bob Ezrin pour un nouvel album hommage à sa ville natale, Detroit, Michigan. Avec dans l’idée de rassembler une majorité de musiciens de la ville, ce « Detroit Stories » sent le Rock et l’acier, et la guest-list est impressionnante tout comme son contenu est exaltant et explosif. Avec toujours autant d’humour, l’Américain déclare sa flamme à la cité qui l’a vu naître.
Particulièrement attendu, ce nouvel album est à coup sûr l’un des meilleurs livré par l’icône américaine depuis des années. Très électrique sur les 15 morceaux (dont quatre reprises) qui le composent, « Detroit Stories » voir défiler quelques 25 musiciens qui enflamment et donnent une sensation très festive aux côtés d’un ALICE COOPER en grande forme et intemporel. Etonnement, ce nouveau cru sonne assez 70’s et la verve toujours tranchante du frontman est intacte.
En s’appropriant « Rock’n’Roll » du Velvet Underground (!), mais surtout « Sister Anne » du MC5, « East Side Story » de Bob Seger (également présent sur l’album), « Our Love Will Change The World » d’Outrageous Cherry, ALICE COOPER fait plus qu’un clin d’œil à sa ville et la chaleur des interprétations témoigne d’une joie communicative. D’ailleurs, la présence de Ronnie Montrose, Steve Hunter ou Joe Bonamassa notamment y est pour beaucoup.
Musicalement, le style du chanteur ne veut toujours incisif : « Go Man Go », « Social Debris », « Hail Mary », « Detroit City 2021 », « Independence Dave » ou « Shut Up And Rock » et le réjouissant « I Hate you ». Très R’n B sur « $1000 High Heel Shoes » ou Heavy Blues sur « Drunk In Love », ALICE COOPER fait le show. Plus sombre sur « Wonderful World » et « Hanging On By A Thread (Don’t Give Up) » pourtant plein d’espoir, « Detroit Stories » est exactement ce qu’on attendait du maître.
Formé à la pointe du Finistère, c’est pourtant aux Etats-Unis qu’APPALOOZA est parti s’aguerrir, fort d’un Stoner Rock massif d’une efficacité granitique. Après deux tournées américaines où le trio breton a eu tout le temps de peaufiner son registre, c’est sur le label californien Ripple Music qu’il signe son deuxième album, « The Holy Of Holies ». Une belle récompense pour ses travailleurs acharnés, qui reviennent sur leur parcours.
– Vous avez commencé à Brest en 2012 et avez sorti deux démos durant les deux ans qui ont suivi. Jouer du Stoner Rock à cette époque-là était peu courant en Bretagne et plus largement en France. Comment APPALOOZA a-t-il pris son envol ?
Au départ, les compositions d’Appalooza n’évoluaient pas vraiment dans un registre Stoner/Desert Rock, mais plus dans un registre Rock Alternatif/Grunge des 90’s. Les influences Stoner sont arrivées naturellement avec son engouement et la multiplication des groupes du genre émergeant en Bretagne. Nous étions un peu les cadets de cette scène à l’époque. Nous nous sommes nourris de cette scène en partageant de nombreux plateaux avec Stonebirds, Jackhammer, JumpingJack, etc. Ça nous a beaucoup apporté dans notre parcours.
– S’en est suivi un premier album éponyme en 2018 après une première tournée américaine. Qu’est-ce qui vous avait poussé à prendre le large et traverser l’Atlantique ? Rares sont ceux qui franchissent le pas…
C’était un rêve de gosse de pouvoir un jour s’envoler au pays de l’Oncle Sam. La culture, la musique, les paysages, l’état d’esprit… Combiner la musique avec les USA était un rêve fou qui nous paraissait inaccessible sur le papier. A un moment, on s’est regardé et on sait dit : « mais pourquoi ne pas juste le faire ? »
On s’est donné les moyens et avons tout fait pour organiser notre tournée là-bas. Nous avons donc réalisé un gros travail de mailing et avons contacté énormément de bars, cafés-concerts et salles pour nous produire. Suivant les disponibilités, il a souvent été possible de se greffer (parfois au dernier moment) à un plateau déjà existant ou même d’en créer un de A à Z. Nous sommes partis à l’aéroport pour acheter nos billets, nous ne pouvions plus faire machine arrière.
– Quels souvenirs gardez-vous de ces premiers concerts aux Etats-Unis, et quel accueil le public américain vous avait-il réservé ? Et en quoi la seconde série de concerts là-bas a-t-elle été différente ?
Epuisant, mais mémorable et à refaire sans hésiter. C’est un pays gigantesque, la distance entre chaque concert nous ne laissait, la plupart du temps, pas le choix de conduire que toute la nuit. Pour notre seconde tournée, nous avons eu la possibilité de nous introduire directement sur celle d’un groupe Texan, par le biais d’un contact américain. Celle-ci a été beaucoup plus intense, puisqu’elle est partie du Texas et a traversé de nombreux Etats tels que le Nouveau-Mexique, l’Arizona, la Californie, le Nevada, l’Utah, le Colorado, le Nebraska, le Missouri, l’Indiana et l’Ohio.
Le Rock et le Metal là-bas, c’est quelque chose de normal. Tout le monde connait les classiques. Il y a également énormément d’excellents musiciens et de groupes. Nous avons été impressionnés par le niveau global de ceux que nous avons pu rencontrer. Le souci est qu’au bout d’un moment, il y a comme une impression de saturation. Il est parfois compliqué de sortir du lot, tellement le niveau d’exigence est élevé. On se rappelle de l’un de nos concerts à El Paso (Texas), où un groupe du coin est venu ouvrir pour nous. Les gars sont arrivés encore en tenu de travail, se sont installés, ont balancé en 10 min, joué comme des dieux pendant 20 minutes et sont partis dans la foulée l’air de rien. Enorme !
Par conséquent, l’autre problème qui en résulte est la communication sur certains événements. Hélas, vu la fréquence à laquelle certains lieux organisent des concerts à la semaine, la communication de certains promoteurs laisse à désirer. Il y a des soirs où nous avions comme seul public, les autres groupes présents, et d’autres où au contraire nous faisions salle comble. Ce fut le cas lors d’un concert à Laredo (Texas), où des mexicains ont pris le risque de traverser la frontière pour venir nous découvrir.
– APPALOOZA est ensuite remarqué par le label californien Ripple Music qui possède un beau catalogue en matière de Stoner notamment. Comment s’est passée la rencontre ? Ca doit être assez flatteur de figurer aux côtés de tels artiste, non ?
C’est un immense honneur pour nous d’être aux côtés de tels groupes et de vivre cette aventure avec Ripple Music. Il nous a paru évident de bosser avec ce label que nous suivions déjà depuis longtemps. Et nous voulions qu’ils soient les premiers à poser l’oreille sur « The Holy Of Holies ».
– « The Holy Of Holies » vient de sortir et le public français peut enfin faire plus ample connaissance avec APPALOOZA. Vous affichez une production massive et de solides compositions. C’est assez rare en France d’avoir des influences, une inspiration et un son aussi marqué par les Etats-Unis…
La culture et la musique américaine est omniprésente chez nous. Nous avons été éduqués musicalement à coup de Bruce Springsteen, Neil Young, Dire Straits, Deep Purple et d’autres grâce à nos parents. Avec ces bases-là, nous avons développé notre culture musicale qui est donc très américanisée. La scène nord-ouest américaine nous a notamment beaucoup marqué avec des groupes comme Soundgarden, Screaming Trees, Alice In Chains, Pearl Jam,… Après les cousins de Kyuss, Fu Manchu, Master Of Reality se sont greffés à tout ça.
– Vous avez d’ailleurs enregistré ce deuxième album en Bretagne et à Montaigu pour le master. Vous teniez à ce qu’il soit réalisé ici ? C’est une sorte de gage de votre identité sonore ?
Le choix du studio s’est fait assez naturellement. Pour ce second opus, nous avons décidé de retravailler avec notre ami ingénieur son, Adrian Bernardi, avec qui nous avions déjà enregistré notre deux titres « Animalia/Hourglass » sorti en 2017. Il a eu l’occasion de travailler plusieurs fois au Studio Le Faune à côté de Rennes, là où nous avons donc enregistré « The Holy Of Holies ».
– « The Holy of Holies » est aussi un album-concept, puisque vous y faites une critique ironique de la religion à travers toute une histoire. Comment est née l’idée de ce scénario ?
« The Holy Of Holies » est en effet une vision ironique de la religion. Une tempête arrive et envoie l’humanité à une mort certaine. L’absence de Dieu sur terre renvoie les hommes seuls. Ils sont privés et punis par leur individualisme et apparaissent déjà morts. Ils acceptent et cherchent un nouvel être à vénérer et envoient à travers le désert tous leurs péchés sur un bouc émissaire pour trouver le démon Azazael, le Saint des Saints. Cet ange déchu prend possession de l’humanité. Il les réincarne en une demi-espèce d’homme mi-bête en transplantant un crâne de cheval, symbole d’une liberté perdue.
Les paroles traitent de sujets tels que le mensonge, l’incapacité d’aider une personne en détresse, l’exploitation de l’homme par l’homme, la déception que l’on peut avoir en général envers les gens, l’éternel questionnement par rapport à notre existence et à celle de l’univers. Il y a un double sens dans nos textes. C’est pourquoi « The Horse », la mascotte, le totem du groupe, représente à la fois la société, la peur, l’interrogation, c’est un fourre-tout. On le voit surtout dans une forme de bourreau qui vient nous punir, parce que comme tout être humain, nous sommes tous pécheurs.
– Enfin, j’imagine que vous devez être impatients de remonter sur scène pour présenter l’album. Par où aimeriez-vous commencer : la Bretagne ou les Etats-Unis ?
Plouguenast ou Denver, qu’importe l’endroit pourvu qu’on puisse vite remonter sur scène et partager notre musique avec le public. C’est clairement là que nous nous sentons le plus vivant.
Psychédélique et vertigineuse, la musique de PHILM se balade entre plusieurs styles dans lesquels les Californiens excellent et affichent une grande maîtrise. Avant-gardiste et expérimental, son leader Gerry Nestler a su créer un univers étonnant où règne une liberté absolue. « Time Burner » est aussi inclassable que subtil.
PHILM
« Time Burner »
(Metalville Records)
C’est d’abord avec son groupe Civil Defiance que le génial multi-instrumentiste Gerry Nestler a fait son apparition sur la scène Metal américaine du côté de Los Angeles. Ce n’est qu’en 2010 qu’il fonde PHILM avec un certain Dave Lombardo derrière les fûts, qui partira assez vite chez Slayer. Devenu une référence de l’expérimental underground, c’est en trio que le musicien fait son retour.
Le leader et fondateur de PHILM n’aime pas être coincé dans un registre et c’est ce que l’on comprend vite à l’écoute de « Time Burner ». Metal, Stoner, Blues et même Jazz, ce nouvel album se veut avant-gardiste. Particulièrement libres dans l’interprétation, les Américains donneraient presque l’impression de faire une grosse jam, si l’ensemble n’était pas aussi bien ficelé et précis.
Après « Harmonic » et « Fire From The Evening Sun », PHILM livre un troisième album dans une atmosphère sombre et mélancolique d’où émane aussi une grande colère. L’incroyable complicité entre les trois musiciens est évidente, et Gerry Nestler a composé des morceaux d’une rare profondeur (« Cries Of The Century », « 1942 », « Spanish Flowers » et le morceau-titre long de 14 minutes). Un gouffre sans fond !
Producteur reconnu dans le milieu du Stoner Rock et au-delà, le multi-instrumentiste TONY REED a mis entre parenthèse ses groupes Mos Generator et Big Scenic Nowhere pour sortir il ya quelques mois son premier album solo. Acoustique, très épuré et touchant, le compositeur américain a livré un « Funeral Suit » étonnant, sincère et très personnel. Rencontre avec ce monument de Seattle.
– Il y a quelques mois, tu as sorti « Funeral Suit » dans un registre où on ne t’attendait pas forcément. Quel regard portes-tu sur ce premier album solo avec un peu de recul ?
Au cours des dernières années, on m’a demandé de faire un album acoustique à plusieurs reprises. Certaines des chansons de « Funeral Suit » ont été écrites il y a plus de cinq ans. C’est un style dans lequel je suis aussi à l’aise que dans du Rock lourd et, au niveau des paroles, il ne s’éloigne pas trop du contenu des trois derniers albums de Mos Generator. La grande différence ici, c’est que les voix et les paroles sont présentées dans un cadre sans grosses guitares, ni de section rythmique agressive.
– Malgré de multiples productions, on te connait surtout en tant que leader de Mos Generator et plus récemment avec Big Scenic Nowhere. Qu’est-ce qui t’a poussé à réaliser un album Folk et presqu’Americana ? C’est un projet que tu mûris depuis longtemps ?
En fait, chaque chanson a été enregistrée telle qu’elle à l’exception de deux chansons initialement interprétées par Mos Generator. Ce sont presque toutes des démos. Je trouve que dans certains styles de musique, si tu passes trop de temps à améliorer la performance ou les arrangements, tu perds l’énergie et le sentiment de départ. Sur la plupart de ces chansons, j’ai enregistré la guitare très rapidement, puis j’ai enregistré les voix au moment où je les écrivais. Il y a beaucoup d’erreurs sur l’album, mais je ne pense pas que je changerai quoi que ce soit. Cela donne vraiment aux chansons une sensation différente.
– « Funeral Suit » est un album assez sombre et intimiste, presqu’introspectif. C’est la situation due à la pandémie qui a guidé ce choix, ou c’est quelque chose de plus profond ? Et il y aussi ce changement radical de style…
Toutes ces chansons ont été achevées avant la pandémie. Si je me souviens bien, les derniers enregistrements de l’album ont été faits en novembre 2019. Tu as raison de dire que c’est un album intime et introspectif. Je n’ai jamais été aussi transparent dans mon écriture. Au cours des dernières années, j’ai jeté un coup d’œil sur les choses que je n’aime pas chez moi et les choses que j’ai faites et qui ont blessé les personnes que j’aime. De nombreux textes de Mos Generator reflètent également ce type d’auto-analyse. Entre « Funeral Suit » et l’album de Mos Generator « Shadowlands », je pense avoir exorcisé ces sentiments et les avoir remplacé par une vision positive de l’avenir.
La mort de mon père en 2019 a également joué un grand rôle dans la création de cet album. « Funeral Suit », la chanson, parle de son décès et de la façon dont cela affectera le reste de ma vie. Il s’agit aussi des êtres chers qui sont toujours là et qu’ils peuvent partir à tout moment. Alors, chérissez cette vie que vous avez avec eux. J’ai l’impression que mon père comprendrait tous ces sujets sombres sur lesquels je chante, s’il pouvait écouter l’album. Je l’aime beaucoup et je peux honnêtement dire que bon nombre de mes propres défauts de caractère sont ceux que je pouvais voir en lui. Il aurait compris cet album. Il était un grand fan de mon travail et m’appelait régulièrement pour me le dire. Je porte ces mots partout avec moi.
En ce qui concerne le style de musique, j’écris et j’enregistre de la musique acoustique depuis plus de 30 ans. Dans mes archives personnelles, il y a des centaines de chansons que j’ai enregistrées dans de nombreux styles. Certaines ont été publiées ou rééditées au fil des ans, et il pourrait y en avoir d’autres dans un proche avenir. En ce moment, j’ai cinq projets et groupes actifs qui écrivent et enregistrent. Le seul avec des horaires de répétition réguliers est Hot Spring Water. Cela ressemble beaucoup au Rock Country du début des années 70 en Californie du Sud. C’est une sorte de mix Country alternative et sombre. C’est un groupe formidable et c’est très sympa à jouer sur scène.
– Sur cet album, tu es seul aux commandes. « Funeral Suit » est un disque que tu tenais toi-même à mener de bout en bout ?
Je suis un maniaque du contrôle donc, pour moi, ce n’est pas si différent que pour d’autres disques. Je gagne ma vie en tant qu’ingénieur du son et producteur depuis mes vingt ans environ, ce qui me permet également d’avoir le contrôle sur mes chansons. Au fil des ans, j’ai sorti pas mal de disques où je joue de tous les instruments. Cela vient vraiment du fait que je ne suis pas une personne très sociale et que je passe la plupart de mon temps à côté d’un enregistreur avec toute sorte d’instrument de musique à la main. Et j’ai eu la chance de pouvoir en faire l’œuvre de ma vie.
– En plus de cet album très touchant, Il y a également eu « Lavender Blues » avec Big Scenic Nowhere cette année. Finalement, elle aura été assez riche pour toi. Doit-on s’attendre maintenant à un nouvel album de Mos Generator en 2021 ?
Bob (Balch, également guitariste de Fu Manchu) et moi avons une excellente relation musicale. Nous sommes tous les deux mélomanes et essayons de jouer et d’apprendre sans cesse. Big Scenic Nowhere est génial, parce que j’arrive à saisir de longues jams et à les rendre très structurées en studio. C’est un processus que je connais, mais que je n’ai jamais fait avec autant d’intensité. C’est vraiment un défi amusant. En ce qui concerne Mos Generator, j’ai passé l’année dernière à essayer de trouver des morceaux pour maintenir la présence du groupe auprès du public. Actuellement, je suis très heureux de travailler sur de nouveaux morceaux. Le problème est que nous ne vivons pas les uns à côté des autres. Jono (batterie) habite à 3.500 kilomètres de Sean et moi. Et en ce moment, il est très difficile de se réunir et de travailler sur de nouvelles compos. Mais nous prévoyons au moins d’écrire et d’enregistrer un nouvel album (peut-être un double) d’ici la fin de l’année. C’est notre objectif.
Malgré une discographie impressionnante et une réputation qui le précède très largement, TONY REED, leader de Mos Generator entre autre, parvient encore à surprendre, comme avec ce premier album solo, « Funeral Suit », délicat et attachant.
TONY REED
« Funeral Suit »
(Ripple Music)
Multi-instrumentiste chevronné et consacré, en plus d’être un producteur génial, TONY REED est aussi reconnu à travers les très nombreux projets musicaux qu’il a conduit (encore très récemment avec Big Scenic Nowhere). Leader du trio Heavy Rock Mos Generator, c’est en solo qu’il se présente cette fois et sous son nom.
Faisant une petite entorse à son registre de prédilection, c’est seul aux commandes que le musicien de Seattle présente « Funeral Suit », son premier album solo. Et avec sa guitare et son piano (et quelques autres instruments plus discrets), TONY REED se livre comme rarement à travers huit morceaux introspectifs, très personnels et touchants.
Dans un registre Folk Rock très Americana, le songwriter dévoile une facette qu’on ne lui connaissait pas. Délicat, légèrement progressif et toujours aussi riche et assez complexe, « Funeral Suit » est aussi immersif que varié et même émouvant sur certains passages. Décidemment, TONY REED est un touche-à-tout de génie et vient encore de le démontrer.
En finalement assez peu de temps, le groupe hollandais s’est forgé un son que l’on sent construit à grand renfort de concerts intensifs. Le Stoner Hard de HVALROSS rayonne de l’expérience de ses musiciens, dont la maîtrise est totale. « Cold Dark Rain » montre une grande maturité pour un premier album. Souhaitons que ce ne soit qu’un début.
HVALROSS
« Cold Dark Rain »
(Independant)
Les quatre membres de HVALROSS ont fait leurs preuves depuis des années dans diverses formations avant de se réunir en 2018 pour de conjuguer leurs talents. Et bien leur en a pris, puisque ce premier album est original tout en rassemblant des styles et des courants qui vont du Rock au Metal. L’ensemble, sous une bannière Stoner, offre un saisissant « Cold Dark Rain », plein de panache et furieusement addictif.
Rappelant autant des ambiances chères à la NWOBHM qu’à Black Sabbath ou Mastodon, le quatuor hollandais libère une énergie globalement Hard Rock, tout en nuance et en finesse. Puissant et percutant, HVALROSS a profité d’une grosse année de concerts en 2019 pour peaufiner et façonner des compositions d’une grande maturité (« As I Am », « Death From Above », « Geryon », « Trenchfeet »).
Sur des riffs épais et massifs, les Néerlandais déploient un Stoner efficace que la voix de Gerben van Oosterhout rend encore plus saisissant et empreint d’une douce mélancolie et d’une force omniprésente (« Oblivion », « The Old Master »). HVALROSS livre un album complet, bien produit, très cohérent et entrainant, et nul doute qu’on entendra parler du quatuor au-delà d’un pays qui se fait de plus en plus Stoner.
Avec « Genesis », les Finlandais de SIMULACRUM sont parvenus à une combinaison idéale entre le Metal Progressif actuelle proche du Power et l’héritage plus Rock des années 70. Techniquement et dans la structure de l’album, le septet montre de très belles choses et des variations étonnantes. Très mélodiques dans leur approche, les Scandinaves se veulent fédérateurs sans être trop solennels.
SIMULACRUM
« Genesis »
(Frontiers Music)
L’histoire de SIMULACRUM est assez singulière, puisque le groupe finlandais sort son troisième album, « Genesis », en 20 ans d’existence ! Fondé autour du claviériste, compositeur et arrangeur Christian ‘Chrism’ Pulkkinen, le groupe a donc sorti en 2012 « The Master And The Simulacrum » puis « Sky Divided » trois ans plus tard. C’est suite à ce deuxième opus que les Scandinaves vont opérer de gros changements et affichent ici un line-up très complet et techniquement irréprochable.
Aujourd’hui, ce sont sept musiciens qui œuvrent au bon fonctionnement de SIMULACRUM. La particularité du combo réside notamment sur la présence de deux chanteurs, Niklas Broman et Erik Kraemer, dont les timbres de voix sont aussi différents qu’ils se complètent parfaitement. Musicalement, le septet évolue dans un registre Metal Progressif, où il côtoie aussi et avec respect le Rock Progressif des pères fondateurs des années 70, montrant une maîtrise aussi puissante que délicate sur des arrangements très soignés.
Très virulent et proche du Power Metal qui fait la réputation du pays, SIMULACRUM livre des titres très incisifs et tranchants, voire Thrash, sur la première partie de l’album (« Traumatized », « Arrhythmic Distortions », « Scorched Earth »). Place ensuite à la pièce maîtresse avec le morceau-titre « Genesis », s’étalant sur quatre parties pour un total de 30 minutes. Percutantes, planantes et très mélodiques, les ambiances y sont étonnamment variées et même jazzy par moment. Un album brillant et très accompli.
Le moins que l’on puise dire, c’est que les neufs nouveaux morceaux qui composent « Rose Of Jericho », le quatrième album de KOMATSU va faire trembler quelques murs. Le Stoner teinté de Metal et d’ambiances bluesy est probablement le meilleur proposé par les Néerlandais depuis dix ans.
KOMATSU
« Rose Of Jericho »
(Heavy Psych Sounds Records)
Avec les musiciens de KOMATSU, tout commence et se poursuit dans leur ville natale d’Eindhoven aux Pays-Bas. C’est là que tout démarre en 2010 avec un premier EP l’année suivante avant « Manu Armata » deux ans plus tard. Encensé par la presse, le nom du quatuor arrive aux oreilles du grand Nick Oliveri (ex-Kyuss, QOTSA) qui posera sa voix sur deux morceaux de leur deuxième album « Recipe For Murder One » en 2016.
Après « A New Horizon », son troisième opus, KOMATSU entre en studio à Eindhoven pour y concocter « Rose Of Jericho », enregistré et mixé dans sa ville. Est-ce la raison pour laquelle le quatuor est si inspiré ? Une chose est sûre, ce quatrième sonne et résonne de manière massive et profonde. Son Stoner Rock a pris une réelle envergure et le combo se présente aujourd’hui comme l’une des valeurs sûres européennes.
Depuis sa propre capitale du Rock néerlandais, le groupe s’est même auto-qualifié ‘supermassive mothersludgers’, c’est dire l’ambition de ses membres. Et force est de constater que ça leur va plutôt bien. Entre Stoner et Metal, KOMATSU alterne avec des titres épais et costauds et d’autres plus bluesy et mid-tempos. « Rose Of Jericho » est un album qu’on saisit pour ne plus le lâcher. Une bombe !
Décidemment, DeWOLFF n’aime ni les vacances, ni les pauses. Après une année 2020 bien remplie avec deux sorties discographiques, le trio néerlandais livre un nouvel album toujours aussi vintage, attachant et aux vibrations chaleureuses. Et « Wolffpack » regorge de belles surprises.
DeWOLFF
« Wolffpack »
(Mascot Label Group)
Un an tout juste après l’album « Tascam Tapes » et un Live enregistré au Royal Theatre Carré d’Amsterdam, le trio néerlandais refait déjà surface avec « Wolffpack ». La tracklist de ce neuvième opus a été constituée par les fans, qui ont pu choisir parmi 17 morceaux pour n’en garder que dix. Et cette fois encore, l’éclectisme et la douceur old school de DeWOLFF sont au rendez-vous.
Les frères Van de Poel et Robin Piso ont même invité des musiciens de la scène Rock émergeante, qui apportent une belle fraîcheur à « Wolffpack ». Vibrant, authentique et très groove, le groupe opère une remise au goût du jour de sonorités très 70’s (« Yes You Do », « Treasure City Moonchild » et le langoureux « Do Me »). DeWOLFF a trouvé la bonne formule et fait des étincelles.
Electrisants et nonchalants, les Néerlandais multiplient les ambiances et les atmosphères avec une facilité déconcertante passant d’un registre à l’autre avec la même générosité (« Roll Up The Rise », « Bonafide », « R U My Savior »). DeWOLFF étonne et épate. Avec la même énergie et la même liberté que sur ses précédents albums, le trio bouscule les normes et ne montre aucune limite.
Après deux albums, THE HAWKINS s’est senti coupé dans son élan et s’est engouffré dans la profondeur d’une forêt suédoise, puis dans un lieu laissé à l’abandon et carrément chez son brasseur pour enregistrer cet EP très authentique. Entre Rock, Hard, Punk et Classic Rock, les Suédois ont su parfaitement capter ces instants irrésistibles, qu’ils ont eux-mêmes mixé et masterisé.
THE HAWKINS
« Live in the Woods »
(The Sign Records)
Faute de pouvoir se produire sur scène, c’est au fin fond d’une forêt suédoise, dans une grange abandonnée et enfin dans la brasserie qui fabrique la bière du groupe que THE HAWKINS a enregistré cet EP Live d’où émane une belle énergie et qui reflète bien les performances du quatuor en concert. « Live In The Woods » contient six titres explosifs, mélodiques et Rock’n’Roll à souhait et la proximité avec les musiciens est surprenante.
Les Suédois semblent étonnamment dans leur élément et en ont profité pour expérimenter des sonorités difficiles à reproduire en studio. La réverbe naturelle de la forêt en est un bon exemple (« Hilow », « Black Gold »). Chaleureux, on sent le groupe particulièrement heureux de se retrouver dans cette configuration originale. Mené par Johannes Carlsson, guitariste et chanteur, THE HAWKINS prend une dimension étonnante.
Le Classic Rock du combo aux accents Hard et parfois Punk dans l’intention est plus solide que jamais (« Stranger In The Next Room », « Roomer »). Décontractés et très énergiques, les Scandinaves se livrent sans complexe, ce qui rend cette prestation très naturelle et directe (« Cut Moon Bleeds », « Fisherman Blues »). Franchement enthousiasmant, « Live In The Woods » montre une facette inédite de THE HAWKINS un peu plus d’un an après son premier album.