Ce n’est jamais simple pour une formation même chevronnée de changer de frontman, alors quand il s’agit d’accueillir une frontwoman, cela peut même venir bouleverser beaucoup de choses. Pourtant, la Scandinave Terese Persson intègre le combo transalpin le plus naturellement du monde. HELL IN THE CLUB négocie parfaitement le virage et ouvre un nouveau chapitre avec le musclé et mélodique « Joker In The Pack », dans un registre modernisé et explosif. Une belle réussite.
HELL IN THE CLUB
« Joker In The Pack »
(Frontiers Music)
Suite au départ de son chanteur Dave Moras, on aurait pu s’interroger sur l’avenir du groupe sans son fondateur. Même s’il reste toujours très proche humainement et artistiquement de ses anciens camarades de jeu, HELL IN THE CLUB a su trouver la perle rare. Loin d’être une inconnue, Terese ‘Tezzi’ Persson a œuvré au sein de Venus 5 et Infinite & Divine, mais encore fallait-il qu’elle se fonde dans le registre des Italiens. Puissante, la voix de la Suédoise colle parfaitement à leur répertoire et apporte même ici un souffle nouveau.
Après six bons albums, c’était d’ailleurs peut-être aussi le bon moment pour HELL IN THE CLUB de repartir de plus belle avec de fortes intentions et démarrer ainsi un nouveau cycle. En tout cas, rien ne s’y oppose à l’écoute de « Joker In The Pack », qui prolonge avec brio la carrière du quatuor et qui vient également bousculer un peu ses habitudes. La touche féminine libère une belle dynamique, tonique et audacieuse. Si le Hard Rock reste toujours estampillé 80’s/90’s, il a franchement gagné en vigueur et sonne nettement plus actuel.
Costauds et compacts, Andrea Buratto (basse), Andrea Piccardi (guitare) et Marco Lazzarini (batterie) restent des éléments essentiels et assurent l’efficacité du facteur force/mélodie de HELL IN THE CLUB. Très bien produit par Simone Mularoni (Nightmare, Sole Syndicate), ce septième opus combine avec le même talent Hard Rock et Glam Metal. Vocalement, Tezzi s’impose sans mal et fait vibrer ces nouvelles compositions (« The Devil Won’t Forget Me », « New Desire », « Fairytale », « Out Of The Distance »). Une nouvelle ère s’ouvre !
Tenace, motivé et inspiré, WINGS OF STEEL enchaîne les nouvelles productions sur un rythme effréné depuis assez peu de temps finalement, et surtout gagne en qualité à chaque fois. Si les débuts étaient déjà prometteurs, l’ascension est assez fulgurante. Vocalement, le Scandinave reste puissant et a même élargi son panel, tandis que l’Américain multiplie les riffs acérés et les solos virtuoses sans faire cependant de « Winds Of Time » une production démonstrative. Au contraire, s’il y a plus de sérieux dans le ton, la fougue reste intacte.
WINGS OF STEEL
« Winds Of Time »
(Independent/High Roller Records)
Depuis son premier EP éponyme en 2022, WINGS OF STEEL avance au pas de charge et c’est pied au plancher qu’il sort son deuxième album. « Winds Of Time » fait donc suite à « Gates Of Twilight » (2023), et le groupe s’était même fendu d’un témoignage de sa venue dans l’hexagone avec le détonnant « Live In France », capté dans la bouillonnante cité lilloise. Ainsi, le frontman suédois Leo Unnermark et le guitariste américain Parker Halub mènent une aventure aussi véloce que leur Heavy Metal, bâtit dans la tradition la plus pure.
Fort d’une nouvelle collaboration avec High Roller Records, WINGS OF STEEL garde tout de même son indépendance sur ce nouvel opus et s’affiche dorénavant officiellement en quintet. Pour autant, c’est toujours le créatif duo américano-suédois qui reste aux commandes et se montre garant de l’identité artistique à l’œuvre depuis quelques années maintenant. D’ailleurs, de ce côté-là, l’épopée Old School suit son cours et se peaufine. Moins direct que ses prédécesseurs, « Winds Of Time » révèle enfin une personnalité nette.
La formation basée à Los Angeles laisse dorénavant respirer ses morceaux, à commencer par le morceau-titre qui ouvre les hostilités, culmine à dix minutes et nous rappelle au bon souvenir du Queensrÿche de la grande époque. Des changements d’ambiance qui viennent donc confirmer la force et la maturité acquise par WINGS OF STEEL. Plus varié et doté d’une approche plus actuelle sur des compos plus lumineuses font de « Winds Of Time » un disque à mettre entre toutes les bonnes mains et à écouter sans modération. L’élan est beau !
Retrouvez aussi l’interview du groupe pour la sortie de « Live In France » et la chronique de « Gates Of Twilight » :
Avec ce nouveau double-album live, la formation de Stockhölm propose un voyage dont il a le secret à travers 12 morceaux soigneusement choisis et sur plus d’une heure et quart. SIENA ROOT y parcourt l’essentiel de sa discographie avec cette liberté qu’on lui connaît, c’est-à-dire une proportion à réarranger ses compostions pour les laisser atteindre des sommets d’improvisation. Capté sur bandes, « Made In KuBa » offre une chaleur et une proximité qui font le sel de ses productions depuis la fin des années 90.
SIENA ROOT
« Made In KuBa (Live) »
(Perception)
Après son dernier album studio, le très bon « Revelation » (2022), SIENA ROOT revient à ce qui fait l’essence-même de sa musique : la scène. Si le quatuor a déjà sorti huit opus, il faut revenir en 2011 et à « Root Jam » pour trouver une trace discographique du groupe en live. « Made In KuBa » est donc très attendu par les fans, et pas seulement. C’est en mars 2024 que les Suédois ont donné une série de concerts à Iéna en Allemagne et précisément au ‘Kulturbahnhof’, plus communément appelé le ‘KuBa’.
Entièrement enregistré en analogique par l’ingénieur du son du combo, Ove Noring, qui travaille avec lui depuis « Kaleidoscope » paru en 2006, « Made In KuBa » relate à la perfection l’ambiance de ces trois soirées et surtout ce ‘Classic Roots Rock’ que SIENA ROOT élabore depuis une vingtaine d’années maintenant. Cultivant un esprit jam très créatif qui prend régulièrement le dessus, son registre défie le temps et se montre captivant dès les premières notes, où le Psych Rock côtoie le proto-Metal.
Sous l’impulsion de sa frontwoman, Zubaida Solid, également à l’orgue, les quatre musiciens s’engouffrent dans un répertoire savamment sélectionné pour le plus grand plaisir de la chanceuse assemblée présente ces soirs-là. Délicatement rétro, atmosphérique et capable d’éruptions sonores déflagrantes, SIENA ROOT accueille aussi à ses côtés Erik Petersson aux claviers Rhodes et la flûtiste et chanteuse Lisa Isaksson, qui viennent enrichir des morceaux aux riches tessitures. Une saveur vintage qui devient très vite envoûtante.
Les Suédois prennent de la hauteur et haussent le ton, c’est en tout cas ainsi qu’on pourrait définir « The Reckoning » s’il n’était pas aussi fin dans son interprétation comme dans son écriture. Ce quatrième effort est terriblement efficace et accrocheur, preuve d’une maturité et de beaucoup de certitudes quant à la direction à mener. SOLE SYNDICATE a parfaitement cerné les contours de son Melodic Metal et se montre intraitable dans son exécution. En variant les sensations et les tempos, il s’affiche comme l’un des meilleurs groupes du genre et laisse exploser un caractère bien trempé.
SOLE SYNDICATE
« The Reckoning »
(El Puerto Records)
Et si ce quatrième album de SOLE SYNDICATE était enfin celui de la consécration sur la scène Metal européenne ? C’est en tout cas ce que laisse entrevoir « The Reckoning », qui montre le quatuor à un pic créatif évident. Trois ans après l’enthousiasmant « Into The Flames », le style est peaufiné, épuré au niveau des compositions, jadis parfois un peu pompeuses, pour revenir à l’essence-même du Melodic Metal, dont leur terre de Scandinavie est un vivier inépuisable et surtout porteuse de l’ADN du genre. Tonique et multipliant les émotions, ces dix nouveaux titres montrent une force et une assurance indiscutable.
Toujours mené par son fondateur, chanteur et guitariste Jonas Månsson, qui offre une performance incroyable et s’impose en leader incontestable, SOLE SYNDICATE avance pourtant d’un seul homme et sans la moindre hésitation. Si la voix à la fois ferme et touchante du frontman captive et séduit, la force du combo réside dans sa faculté à marier la puissance d’un Hard Rock tirant sur le Heavy avec des atmosphères plus planantes, guidé par un sens de la mélodie très travaillé, qui donne à « The Reckoning » une sorte d’évidence dans son déroulé. Tranchant et subtil, l’ensemble est minutieux et solide.
Produit en collaboration avec Jakob Herrmann, qui a notamment travaillé avec Evergrey et Art Nation, ce quatrième opus voit aussi la claviériste Katja Rasila prendre un peu plus de place au niveau du chant (« Love Is Only »), et c’est d’ailleurs une piste que SOLE SYNDICATE devrait explorer un peu plus sérieusement. Sur un groove musclé et une profondeur vocale envoûtante, les guitares sont explosives, serrées et toujours au service des morceaux (« On The Back Of A Angel », « The Way That You Are », « The Voice Inside », « The Mob Rules », « Rise Like A Phoenix », « Eye Of The Storm »). Moderne et audacieux, tout y est !
Jimmy Karlsson (chant, basse), Niklas Eriksson (guitare) et Magnus Blixt (batterie) donnent peut-être l’impression de prendre leur temps, mais à les écouter, ils ont bien raison. Pourtant, ces dernières années, EDGELAND a mis un sacré coup d’accélérateur et « Tunnels » vient confirmer cette véloce créativité qui l’anime désormais. Son Hard’n Heavy mélange les ambiances et affiche surtout une personnalité forte. Un opus que vous n’êtes pas prêts de lâcher.
EDGELAND
« Tunnels »
(Independant)
Malgré plus de trois décennies d’existence, EDGELAND a véritablement commencé à faire parler de lui avec le single « Fuel » en 2015, puis avec l’EP « Cabin E11even » deux ans plus tard. Après avoir distillé trois autres titres, c’est « Keeper Of The Light », son premier long format sorti en 2023, qui a mis en lumière le talent du power trio. Grâce à un sens plus qu’aiguisé de la mélodie couplé à un art du riff évident, il faut souhaiter que « Tunnels » soit enfin l’album qui révèle les Suédois, toujours étonnamment en autoproduction.
Rien ne manque sur ce deuxième opus. Les morceaux sont percutants, leur interprétation franchement irréprochable et la production est exemplaire, voire meilleure que beaucoup d’autres. EDGELAND est fin prêt et en bonne position sur une rampe de lancement qui n’attend que l’allumage. Car, malgré, sa sombre pochette, le combo scandinave se montre littéralement éclatant. Puissant et accrocheur, « Tunnels » est un disque complet à bien des égards et, entre Hard Rock et Heavy Metal, l’intensité et la vigueur font cause commune.
« The Release », paru précédemment en single, ouvre les hostilités de la plus belle des manières, suivi de près par « Crimson Coronation ». EDGELAND affiche une maîtrise totale, les refrains sont irrésistibles et si l’ensemble laisse échapper une saveur très 90’s, on est rapidement conquis par autant d’efficacité. Sur un groove musclé, le groupe enchaîne les titres avec beaucoup d’énergie (« Desolate Road », « The Closing Day », « Final Breath », « River Black »). Non sans émotion, « Tunnels » fait jaillir huit compositions entêtantes.
Imaginez une joyeuse bande de rockers portés par une sorte de chamanisme musical où les envolées spatiales se mêlent à des riffs appuyés. Et c’est depuis sa Suède natale que le groupe côtoie les cimes himalayennes en traversant le temps avec beaucoup d’audace et un état d’esprit qui flirtent avec un aspect rituel, parfois même insondable. Sur « Pilgrims And Psychonauts », NEPAL DEATH défie les lois de la gravité, grâce à une approche très organique et un sens quasi-narcotique d’un Rock, qui se joue dans les airs.
NEPAL DEATH
« Pilgrims And Psychonauts »
(Kali Psyche Records)
Derrière un noyau dur de sept musiciens, c’est un collectif d’une trentaine d’artistes qui œuvre sur « Pilgrims AndPsychonauts », sorte de voyage transcendantal et hypnotique. On est loin d’une rencontre, même amicale, entre le dalaï-lama et Mark ‘Barney’ Greenway, mais NEPAL DEATH disposent d’atouts que ces deux derniers ne possèdent pas. Sans pyjama orange, ni grognements, les Suédois évoluent, non sans beaucoup d’humour, dans un Psych Rock déluré et obsédant. Une sorte de road-trip très 70’s hallucinatoire et réjouissant.
Après un premier album éponyme sorti en 2021, NEPAL DEATH renoue avec ses périples tout aussi cosmiques qu’accrocheurs. Il y a du Hawkwind et du King Gizzard chez ce groupe expansif et à l’imagination débridée. Entièrement réalisé en analogique, « Pilgrims And Psychonauts » libère un aspect rayonnant, qui le rend chaleureux et attachant. Avec un psychédélisme passé à la moulinette progressive et poussé à son paroxysme, difficile de ne pas être absorbé par ce groove entêtant et ces sonorités variées et colorées.
Car au-delà de sa formation classique, NEPAL DEATH a paré ce nouvel opus de guitares vintage, de synthés spatiaux, de flûte, de gong, de sitar et de drone tanpura, qui rendent son registre assez vertigineux. A travers les 14 morceaux, dont quelques interludes, et sur 50 minutes, les Scandinaves nous promènent dans les montagnes de Katmandou avec une folle énergie et un enthousiasme palpable (« Sister Nirvana », « Freak Street Blues », « She Demon », « Polychromatic Route », « The Exorcism Of Rakshasi »). Une épopée flamboyante.
En passant d’un label underground à une major du milieu, AMBUSH a fait le grand saut. Pour autant, pas question pour les Suédois de changer quoique ce soit dans leur attitude ou leur style, qui reste farouchement ancré dans un Heavy Metal traditionnel. Toujours Old School, « Evil In All Dimensions » conserve les fondamentaux du groupe, tout en affichant une production plus solide avec ce côté brut et vintage inhérent au registre. Fort d’un enthousiasme débordant, le frontman du quintet, Oskar Jacobsson, revient sur ces changements majeurs et sur ses convictions chevillées au corps. Entretien avec un chanteur, qui affiche beaucoup de force et garde les pieds sur terre.
– Tout d’abord, j’aimerais savoir quel effet cela produit de passer d’un label underground comme High Roller Records, chez qui vous avez passé dix ans, à Napalm Records qui est une major du Metal ?
En fait, nous avions tous besoin de nouveaux défis et d’une énergie nouvelle pour propulser AMBUSH et le Heavy Metal là où ils doivent être, c’est-à-dire sur les plus grandes scènes. Après des discussions au sein du groupe, nous avons convenu d’envoyer les mixes à quelques grands labels pour voir s’ils étaient intéressés. Nous avons tous été très enthousiastes, lorsque nous avons reçu des réponses élogieuses sur le nouveau matériel et des offres venant de partout. Les jeunes groupes de Heavy Metal traditionnel vivent dans l’ombre depuis bien trop longtemps, et avec cette opportunité, le vent pourrait tourner. C’est le moment d’agir !
– Cette nouvelle signature inclue également un changement d’état d’esprit, par rapport au milieu underground d’où vous venez. Et à l’écoute de ce nouvel album, on n’a pas vraiment l’impression que cela ait changé quoique ce soit pour AMBUSH…
L’underground est une scène où les groupes, les organisateurs et les fans travaillent ensemble au service de la culture Heavy Metal par pure passion. Et puis, nous avons rencontré tellement de gens formidables au cours de cette aventure, qui nous ont inspirés pour continuer à nous battre et à être créatifs. AMBUSH est et sera toujours un groupe de fans pour les fans !
– Il y a aussi quelques arrivées sur « Evil In All Dimensions » au niveau du line-up. Comment s’est faite leur intégration et y a-t-il eu quelques changements dans votre travail en studio ?
C’est vrai que nos deux nouveaux membres, Karl Dotzek à la guitare et Oskar ‘Burning Fire’ Andersson à la basse, ont apporté une contribution précieuse grâce à leur musicalité, leur vision et leurs contributions. En studio, nous avons également adopté une approche différente, car nous avons passé beaucoup plus de temps avec notre maître du mixage Mankan aux studios PAMA. Nous avions une idée précise du son que nous souhaitions pour l’album. La recette a été d’y mettre moins d’infra-graves, plus de médiums dans les guitares et des voix plus chaleureuses et vivantes !
– « Evil In All Dimensions » marque aussi une grosse évolution dans le traitement du son, même si vous restez fidèles au Heavy Metal traditionnel. Où est-ce que tu situes les principales différences ?
Sur cet album, nous avons osé sortir un peu de notre zone de confort. J’imagine que cette vulnérabilité transparaît dans certains morceaux, ce qui les rend plus forts et plus émotionnels à mon avis. Nous sommes à l’aise avec notre son et nous sommes là pour faire sensation dans ce nouveau millénaire.
– La numérisation des studios a changé beaucoup de choses. Comment faites-vous pour conserver au maximum votre son vintage avec toute la technologie actuelle, car loin d’être dénaturé, il prend au contraire beaucoup d’ampleur ?
Notre mission a été de produire une qualité Hi-fi sans pour autant être trop sub-basses, numérisées, robotisées et corrigées comme beaucoup d’autres productions actuelles. Sur cet album, nous utilisons des sidechains, un égaliseur avancé et des compressions, dont l’interaction m’échappe d’ailleurs encore. (Sourires) Je pense que cet album se démarque de la concurrence à cet égard.
– AMBUSH a la réputation d’être un groupe plutôt rentre-dedans et pourtant, cette fois-ci, vous livrez « I Fear The Blood », une ballade à l’ancienne, qui s’intègre d’ailleurs parfaitement à l’album. Peux-tu nous raconter un l’histoire de cette chanson, ainsi que ton évolution flagrante vocalement ?
C’est un domaine dans lequel j’ai beaucoup travaillé et j’ai beaucoup progressé depuis la création du groupe, c’est vrai. Quel que soit votre métier ou votre tâche, je sais qu’on peut tous être tentés de relâcher la tension, de ne voir que le positif, de sourire et de s’accorder un peu de répit au regard du travail acharné qu’on fournit. En ce qui concerne « I Fear The Blood », c’est définitivement la chanson la plus émouvante pour moi. J’ai écrit les solos de guitare en instrumental à la guitare classique quand j’étais ado, et je joue ce morceau pour le plaisir depuis. Un soir d’ivresse et de solitude pendant le confinement lié au Covid, je l’ai joué à la guitare électrique et je me suis dit que ça pourrait être intéressant pour AMBUSH. Comme on a toujours été un peu anti-ballades dans le groupe, il a fallu que je la présente aux garçons, et je peux te dire qu’ils étaient plus que sceptiques ! (Rires) Pourtant, dès la première répétition, on a tous ressenti une sensation magique, et je n’oublierai jamais ce moment. Et à partir de ce jour-là, la chanson est devenue une évidence pour l’album.
Le nouvel album d’AMBUSH, « Evil In All Dimensions », est disponible chez Napalm Records.
Photos : Philip Truong (1) et Photo Max Ljungberg (3).
Renouant avec un Hard Rock brut qui fait ses preuves dans les années 70 et 80, les Scandinaves s’assurent d’un auditoire fidèle, ce qui ne les empêche pas d’apporter une touche personnelle et un bel élan à travers cette première réalisation convaincante. SKRÄCKEN, qui signifie ‘la fissure’, joue sur un aspect vintage pour s’y engouffrer et la palette vocale de sa chanteuse lui permet d’évoluer avec une intensité constante. « Echoes From The Void » marque le début d’une belle aventure.
SKRÄCKEN
« Echoes From The Void »
(Dying Victims Productions)
La Suède se distingue par le nombre de groupes ayant à leur tête une chanteuse et c’est une très bonne chose d’autant que l’émulation est là et la diversité aussi. Formé il y a tout juste trois ans, SKRÄCKEN avait déjà commencé à faire parler de lui avec « The Presence », un premier EP où l’on avait vite compris qu’il ‘on n’avait pas à faire à des amateurs. Au chant, Sofie-Lee Johansson a œuvré chez Night Viper, tandis que Martin Nordin, l’un des deux guitaristes, a passé près de sept ans chez Lucifer. Ça en impose immédiatement.
Originaire de Göteborg, SKRÄCKEN sort donc son premier album et en combo aguerri, « Echoes From The Void » résonne d’une expérience acquise de longue date. Dans des méandres ténébreux, le Hard Rock Old School du quintet jaillit avec force dans un registre aux frontières du Heavy et aux portes du Doom. Le mix est habile et l’ensemble mené de main de maître. Il est ici question de visions et de mélancolie, mais le disque est très dynamique et imprégné d’atmosphères changeantes et captivantes.
Avec une frontwoman de ce calibre, SKRÄCKEN possède un atout de choc et de charme, mais ce qui séduit avant tout, c’est une unité artiste monumentale qui rayonne. Incisif et percutant, ce premier opus libère une belle et sombre énergie et on se laisse emporter dans ses brumes obscures (« By His Hand », « Witch », « Her Presence », « Sweet Silence », « Visions Of Fire » et le génial « Wasteland »). Particulièrement soudés et créatifs, les Suédois se montrent éclatants, solides et posent les fondations d’un avenir prometteur.
Chez MAD INVASION, l’expérience, la technique et l’inspiration font bon ménage. Avec un tel background, le quintet sait ce qu’il fait et où il va et « Crack In The Sky » renoue avec un Hard Rock assez sombre, tirant parfois sur le Heavy avec beaucoup de puissance. Ses forces, on les doit à un chanteur solide, deux guitaristes affûtés et une rythmique qui compte un batteur emblématique. Autant d’atouts qui font de cette multinationale du Metal une valeur sûre et vraiment solide.
MAD INVASION
« Crack In The Sky »
(Border Music)
Etonnamment discret sur la scène européenne, MAD INVASION enchaîne avec un deuxième album, tout aussi réussi, et qui bénéficie d’un petit effet marketing qui, espérons-le, devrait l’aider à entrer un peu plus dans la lumière. Toujours guidé par Pete Sandberg (Silver Seraph, Alien, Midnight Sun et quelques autres) au chant, le quintet accueille derrière les fûts un invité (permanent ?) de choix. En effet, l’ex-Motörhead et actuel Scorpions Mikkey Dee officie cette fois sur l’ensemble du disque et lui apporte un belle dynamique.
On avait déjà pu l’entendre sur quelques morceaux de « Edge Of The World » sorti en 2021 et il est dorénavant à temps complet sur « Crack In The Sky », où il tient un rôle majeur, avouons-le. Sa légendaire frappe imprègne littéralement ces nouvelles compos, bien aidée aussi par un groupe de musiciens chevronnés, tous suédois, à savoir Mats Jeppson (basse), Hal Marabel (guitare, claviers) et Björn Dahlberg (guitare), accompagnés de leur frontman norvégien. MAD INVASION se la joue international et ça lui va plutôt bien.
Il règne une ambiance très 80’s sur cette nouvelle réalisation, mais elle se dissipe peu à peu grâce à une production actuelle et un jeu efficace. Cela dit, les Scandinaves ne s’enferment pas dans un Hard Rock si classique qu’il n’y paraît. Certes, on pense à Black Sabbath et aussi à Richie Blackmore, comme à Cinderella d’ailleurs, mais MAD INVASION peut compter sur l’expérience de son line-up pour ne pas tomber dans le piège et s’en sortir avec brio (« Welcome To My Show », « Flesh & Blood », « Crucifixion », « Danger Zone »).
Bruts et sans concession, les Suédois ne donnent pas dans le lisse et ne sont pas là non plus pour arrondir les angles. Très acéré et rugueux, le Hard Rock de BLISTER BRIGADE va piocher autant dans les origines du genre comme dans des sonorités très actuelles et Heavy. Sur des tessitures grasses et organiques, « A Rioting New Breed » a un aspect live et robuste sur lequel son frontman s’appuie pour propulser son quatuor avec une belle détermination et une fraîcheur qui enveloppent ce nouvel effort.
BLISTER BRIGADE
« A Rioting New Breed »
(Inverse Records)
15 ans de carrière, plusieurs changements de line-up et revoici BLISTER BRIGADE plus affûté que jamais avec un quatrième album, dont le titre en dit déjà long sur ses intentions. Toujours emmené par son fondateur, guitariste et chanteur Gustav Lund, le combo arbore un Hard Rock racé et bien rentre-dedans, mais la nouveauté sur « A Rioting New Breed » vient aussi de son aspect Heavy nettement plus présent que sur « Slugfest Supreme », sorti en 2020. L’ensemble est plus nerveux et délicieusement sordide. Ça tabasse !
Quelque part entre Skid Row (de la belle époque !), Motorjesus et Dokken, BLISTER BRIGADE se fraye un chemin à grands coups de riffs massifs et d’un explosif duo basse/batterie. Se revendiquant du ‘Street Metal’, les Scandinaves ont une approche percutante, même si « A Rioting New Bleed » déploie également de belles mélodies distillées sur un tempo rapide et qui ne s’encombre pas de fioritures. Frontal et puissant, ce nouvel opus avance sur une dynamique claire et un chant qui devient vite prenant et fédérateur.
S’ils sont très bien produits, l’arrivée du second guitariste apporte aussi beaucoup d’épaisseur et de lourdeur à ces nouveaux morceaux, qui ne perdent pourtant pas en vélocité. BLISTER BRIGADE est là pour en découdre et ne se fait pas prier (« Paradize Industrialized », « Stampede », « The Duke », « Small Town Tyrant »). Très convaincante sur les solos aussi, la doublette guitaristique se montre fulgurante et complice. Et puis, le groupe conclue ce bon album avec « Reborn A Better Man », une ballade très bien ciselée.