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Over Serenity : une solide passerelle

Bardé de riffs aiguisés et porté par la voix claire et puissante de sa chanteuse, OVER SERENITY s’est construit entre la Méditerranée et la Manche, à travers l’Algérie et l’Angleterre. Aguerri et créatif, le trio sort son premier album autoproduit, « Bring To Light », dans un Alternative Metal véloce et mélodique. Une belle surprise.

OVER SERENITY

« Bring To Light »

(Independant)

Depuis quelques années maintenant, on voit naître des albums entre musiciens de différents continents, qui ne se sont même jamais rencontrés, et ce bien avant la pandémie. OVER SERENITY fait partie de ces groupes qui composent et réalisent leurs projets à distance et à l’international. Le combo a bâti un pont entre l’Algérie et l’Angleterre afin d’élaborer un Metal alternatif convaincant.

Créé il y a moins de deux ans, OVER SERENITY est composé de Nacer Mechiche (basse), Amine Zidane (guitare, basse, mix) et la songwriter et chanteuse anglaise Bethany Swift. A eux trois, et bien aidés par la technologie, ils ont tout récemment sorti « Bring To Light », un premier album abouti et concis. Très bien produits, les huit titres du groupe sont solides et mélodiques à la fois.  

Entièrement autoproduit, le trio mêle de multiples influences passant d’un Modern Metal percutant à des passages plus légers, qui mettent en valeur le travail effectué sur des refrains bien sentis (« Over Yet », « Lunar Minded », « Dark Of You », « Dream Giver »). Si la voix de sa frontwoman en rappelle certaines issues du metal symphonique, OVER SERENITY tire très bien son épingle du jeu.

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Metal Progressif

Wilderun : symphonie organique

Relativement discrets sur la scène Metal Progressive international, les Américains sont pourtant l’une des formations les plus créatives et audacieuses de cette dernière décennie. Avec ce quatrième album, « Epigone », WILDERUN associe avec talent des sonorités Folk acoustiques avec un Metal dévastateur et fulgurant.

WILDERUN

« Epigone »

(Century Media Records)

C’est depuis Boston, Massachusetts, que WILDERUN élabore son Metal Progressif teinté de Folk depuis 2008. Avec « Epigone », le quatuor va encore plus loin pour livrer un quatrième album très immersif et même introspectif. En allant plus en profondeur que sur « Veil », leur précédent opus, les Américains montrent un aspect très fort et toujours aussi organique de leur style si personnel.

En proposant un voyage, car il s’agit bien de cela, aussi sophistiqué, complexe et ambitieux, WILDERUN a décidé d’aller au bout des choses et explore de très belle manière des contrées étonnamment contrastées, fouillées et bâties sur des compostions aux arrangements de haut vol. Grâce à une exceptionnelle dextérité, le groupe parcourt des champs émotionnels souvent opposés.

Après une mise en bouche Folk et acoustique (« Exhaler »), le quatuor hausse le ton avec des morceaux qui s’étendent en longueur, ainsi qu’en intensité (« Woolgatherer », Identifier »). Son Metal Progressif est en perpétuelle évolution et le combo fait preuve d’une créativité incroyable comme sur les vingt minutes de « Distraction », scindé en quatre parties époustouflantes. Réjouissant !  

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Alternative Metal Groove Metal Progressif

Rest In Furia : furieusement groove

En général, un EP est un premier effort qui permet de se lancer, de tâter le terrain et de poser de solides bases. REST IN FURIA, quant à lui, en est à son troisième format court, ce qui peut paraître étonnant vu la qualité du quatuor francilien. A la fois groove, alternatif et légèrement progressif, le Metal acéré du combo révèle et dévoile un registre affiné et de plus en plus personnel.  

REST IN FURIA

« Silent Beholders »

(M&O Music)

Pour les suivre depuis un bon moment maintenant, il faut admettre que le style des Franciliens est en constante évolution. Et il se pourrait qu’avec ce troisième EP, « Silent Beholders », le quatuor se soit véritablement trouvé. Metal, REST IN FURIA l’est assurément, ainsi que groove grâce à la forte présence de la basse, mais aussi extrême par moment et légèrement progressif.  

Pour sa nouvelle réalisation, le groupe se présente dans un registre hybride où l’on perçoit dorénavant plus de cohérence et d’unité. Ne s’interdisant aucune embardée, REST IN FURIA maintient le cap et les cinq morceaux proposés forment un bel ensemble harmonieux. Assez alternatif globalement, le chant clair domine le growl et apporte donc plus de mélodie aux nouveaux titres.

Très bien produit et mettant en avant une puissance bien distillée, « Silent Beholders » montre également que le combo s’est débarrassé de ses influences et a peaufiné son Metal (« No Project », « Waving Crowds »). REST IN FURIA multiplie les riffs entêtants et millimétrés en avançant sur un groove efficace et souvent très Rock (« Those Empty Eyes », « Out Of The Kingdom »). On attend l’album !

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Death Metal International Technical Metal

Silent Obsession : apocalyptique [Interview]

En près de cinq d’existence, le quatuor algérien SILENT OBSESSION compte deux EP à son actif. Si les formats sont très courts, l’ambition du combo est à l’image de son Death Metal : déterminé et volontaire. Dans un registre assez technique et brutal dans l’intention, le groupe évolue dans un univers sombre et chaotique pour ce qui est des textes. Entretien avec Max, leader de la formation.   

– Max, on te connait comme fondateur, leader et principal compositeur de SILENT OBSESSION. Amorcé sous la forme d’un projet solo en 2017, tu es entouré aujourd’hui d’un groupe. Peux-tu nous présenter les musiciens qui t’accompagnent et votre parcours commun ?

Le line-up du groupe date en effet de 2017, et il a débuté avec Randa Benamara au chant, Manil à la basse et Ben Der à la batterie. Nous avons commencé à composer les titres du premier EP, « Lost », ce qui nous a pris deux ans. Peu après, Randa a dû quitter le groupe pour des raisons personnelles et a été remplacé par Danny au chant pour finaliser l’enregistrement. En juillet dernier, notre deuxième EP, « Countdown », est sorti et a été enregistré au studio Fermata à Alger avec Redouane Aouameur au chant, qui a depuis rejoint le groupe.

– Justement, vous avez sorti « Countdown » en autoproduction et il contient trois pistes dont une intro. C’est très court pour se faire une véritable idée de SILENT OBSESSION sur seulement deux morceaux. L’objectif de départ était de faire court, ou sont-ce d’autres paramètres qui vous y ont contraint ?

« Countdown » est une continuité du premier EP « Lost ». C’est vrai qu’il est court, mais on s’était lancé le défi de le faire comme ça, tout en abordant les thèmes de l’apocalypse et de la dégradation humaine.

– Sur deux titres « Countdown » s’inspire du film « Mad Max ». C’est un clin d’œil à ton prénom, ou plutôt une plongée dans l’univers apocalyptique du mythique long métrage ?

Je suis un grand fan de « Mad Max » et cela se reflète sur « Countdown » et « Lost ». Je suis à la fois inspiré par le film et par l’énergie qu’il dégage, car il montre beaucoup de similitudes avec ce qui se passe en ce moment.

– Vous évoluez dans un Death Metal rugueux et assez technique et vos morceaux ont la particularité d’être compacts et racés. On a le sentiment que le but est d’aller à l’essentiel…

Je suis inspiré par les grands groupes de Death Metal américain depuis que je suis tout jeune. J’aime la brutalité des riffs sombres et chaotiques, ainsi que la technique et le son proposé. C’est à partir de ça que j’ai commencé à développer mon oreille musicale et à composer ma propre musique.

– Vous faites aussi partie de la communauté de Metal extrême en Algérie que l’on connait d’ailleurs assez peu. Peux-tu nous en parler ? Comment se porte-t-elle et parvient-elle à se développer dans un contexte politique et religieux assez tendu ?

Après une décennie noire en Algérie, le Metal a vécu un second souffle avec des formations comme Lelahell, Paranoid Fantasy, Jugulator, Dusk et des groupes de reprises. Mais depuis que le Covid s’est propagé, les choses sont devenues assez difficiles pour la scène qui est aujourd’hui inexistante. Les groupes n’arrivent plus à trouver de salles de répétition et d’enregistrement. Le Metal algérien a souvent été considéré comme une musique de  second plan, derrière le Rai ou le Chaabi. Cependant, elle n’a jamais été interdite ou bannie et elle existe depuis trente ans maintenant.

– Pour avoir écouté « Lost », votre premier EP, on note une grande progression qui se traduit dans l’aspect musical et créatif bien sûr, ainsi que dans l’intention. SILENT OBSESSION poursuit son ascension de manière constante et progressive…

Depuis le début, on essaie d’être à la hauteur pour nos fans et être toujours plus original en mélangeant les styles. Nous essayons aussi de développer notre concept et améliorer le son de nos EP. C’est l’objectif du groupe et c’est pour cela que nous poussons toujours plus loin nos idées.

– Maintenant que vous avez sorti deux EP, j’imagine que l’idée de sortir un premier album complet doit vous titiller. Où en êtes-vous de ce côté-là ? C’est toujours à l’état de projet ou est-ce que cela commence à prendre forme ?

L’album est en cours d’enregistrement et sera très différent des deux EP. Il sera très agressif et brutal avec un autre concept cette fois. Et on compte le sortir cette année.

Bandcamp : https://silentobsession.bandcamp.com/album/countdown

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Metal Progressif Rock Progressif

Oscil : des vagues de mélodies

Originaire de Paris, OSCIL signe son premier album, « First Step On My Moon », d’où se dégagent fraîcheur et élégance. Dans un registre progressif, le quatuor s’accapare les genres en combinant habillement un Rock mélodique et très groove avec des sonorités et des passages plus Metal et racés. Avec une approche très personnelle, le groupe se montre sous un beau visage.

OSCIL

« First Step On My Moon »

(Independant)

Dès leur pochette, certains albums laissent entrevoir la qualité de leur contenu. Et c’est le cas avec « First Step On My Moon », premier album d’OSCIL, qui fait suite à un EP, « Never Ending Road(s) », sorti il y a quelques années. Dans un univers progressif, les Parisiens se présentent avec un ton et un style bien à eux, oscillant entre Rock et Metal et portés par une voix féminine forte.

Toute en finesse, OSCIL développe son jeu avec une belle technicité en laissant à certains passages de leurs morceaux une légèreté douce et aérienne. Fort de la dextérité et du sens de la mélodie de ses membres, le quatuor développe un Rock Progressif, mais pas uniquement, puisqu’on y retrouve quelques ambiances Indie et des gimmicks Metal très efficaces.

Grâce à des arrangements subtils et très soignés (« Romance », « The Pact », « Enter the Haze » et le morceau-titre), OSCIL sait aussi se faire plus incisif grâce à des guitares acérées et un ensemble très fluide en jouant habillement sur la puissance de ses titres. La chanteuse du groupe accueille aussi le chanteur Ludo Desa pour un duo de haute volée (« The Heart Of A Woman »). Addictif !

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Doom Metal Sludge

Daemonelix : éclats de Metal

Malgré son format court, ce premier EP des Américains de DAEMONELIX se veut pourtant imposant et remarquablement réalisé. Le Metal teinté de Doom, de Psych et de Death du quintet présente un univers aussi néolithique qu’apocalyptique. « Devil’s Corkscrew » ravive la légende et entretient le mythe.  

DAEMONELIX

« Devil’s Corkscrew »

(Metal Assault Records)

Bouillonnant et assommant, DAEMONELIX sort son premier EP de quatre titres sur le label Metal Assault Records. Basé du côté de Los Angeles, le quintet nous plonge dans un univers douloureux dans lequel les styles les plus obscurs, violents et même psychédéliques se côtoient et s’entrechoquent avec fracas et détermination. Les Américains ont craqué l’allumette…

Façon rouleau-compresseur, DAEMONELIX combine Doom, Sludge et Death Metal pour créer un registre assez singulier et ce premier effort dévoile déjà de belles choses. Démoniaque, le combo n’en oublie pas d’être mélodique et groove pour autant. Les riffs costauds et appuyés de Derek Philipps (Albatross Overdrive) se font entêtants grâce à une solide base Heavy Metal (« Raise Crows »).

Percutante et massive, la lourde rythmique entraine sans complexe des growls puissants sur lesquels s’envole la voix envoûtante d’Ana Garcia Lopez, la touche féminine de DAEMONELIX, qui n’en demeure pas moins féroce (« Sing For The Moon »). Décidemment, les Californiens sont plein de surprises et alternent les passages agressifs avec des ambiances pesantes parfaitement dosées.  

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edito

Une belle (première) année ! [Edito]

Après avoir commencé à publier des chroniques et des interviews sur la page Facebook de Rock’n Force durant un temps, tout en passant d’un magazine à l’autre, la décision de créer un vrai site s’est imposée d’elle-même. Quelques tentatives de dissuasion de certains et beaucoup d’encouragements plus tard, le webzine a vu le jour en janvier dernier, il y a un an, et s’est fait sa place petit à petit, tout en gardant quelques relais sur les réseaux.

De débuts assez discrets, Rock’n Force est aujourd’hui un site qui a pris une certaine ampleur avec plusieurs dizaines de milliers de visites, et c’est grâce à vous lecteurs, aux groupes ainsi qu’aux labels et aux sociétés de relations presse avec qui la confiance s’est instaurée et dorénavant perdure. Ce milieu est assez confidentiel et je suis ravi de l’harmonie dans laquelle nous travaillons. Il faut toujours un peu de temps, et cette année aura été nécessaire.

Contrairement aux autres sites, Rock’n Force se distingue par l’absence de publicité, en dehors de la bannière qui servira prochainement aux groupes surtout. En plus d’une évidente volonté de rester libre et indépendant dans le contenu, je souhaite aussi éviter toute pollution visuelle et sonore. Il y en a suffisamment un peu partout qu’il ne me semble pas nécessaire d’en rajouter. Et puis, il faut bien avouer que ce sont aussi toujours les mêmes. 

Enfin, et comme on me pose encore la question, il n’y a pas de news à proprement parler. Je ne suis pas adepte du copier-coller, d’autres le font beaucoup mieux. Ainsi, il n’y a pas non plus de vidéos en streaming et il n’y en aura jamais. Rock’n Force est un webzine à lire et entend bien le rester. L’objectif est toujours de vous faire découvrir des artistes grâce à un contenu informatif qui, je l’espère, piquera votre curiosité !

Je vous remercie d’être de plus en plus nombreuses et nombreux à vous rendre sur le site. C’est la preuve qu’on peut faire les choses différemment en sortant un peu des sentiers battus et en naviguant entre les groupes reconnus et le monde underground. Gardez les yeux et les oreilles grandes ouvertes, et je vous souhaite une belle année 2022… Elle sera, je j’espère, riche en émotion ! Rock’n Force sera là ! Encore une fois : merci à vous !!!

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Black Metal Post-Metal Progressif

Mother : les fractures d’un paysage sonore intense

Ça bouillonne sévère sur la côte belge de la mer du Nord. A Ostende, MOTHER a élaboré un premier album hypnotique, très instrumental et bâti en sept chapitres. Entre post-Blackgaze et post-Metal Progressif, le trio envoûte grâce à des mélodies captivantes et de terribles blasts. Un premier album remarquable de finesse et de puissance.

MOTHER

« Interlude I »

Consouling Sounds

Sorti l’an dernier, le premier album de MOTHER sort enfin en format CD ce qui, avouons-le, est bien pratique pour en savourer toutes les nuances. L’occasion est donc belle pour partir à la découverte de ce très bon trio belge. Originaire d’Ostende, le groupe évolue dans un registre post-Blackgaze original, technique et particulièrement immersif. « Interlude I » vous saisit pour ne plus vous lâcher.

Charpenté en sept morceaux qui sont autant de chapitres, l’album se vit comme un voyage et une évolution musicale. De « I » à « VII », MOTHER ne fait qu’accentuer notre impatience à découvrir le titre suivant. Le post-Metal Progressif des Belges est singulier et le travail sur les ambiances et les atmosphères est exemplaire. Surprenant dans sa conception, on se laisse facilement happer.

Très bien produit, « Interlude » est un album dense et compact, qui laisse aussi beaucoup d’espace et de liberté à l’écoute. Il faut attendre « III » pour prendre de plein fouet les premiers coups de blast, car MOTHER a mis l’accent sur l’instrumentalisation de ses morceaux et sur des mélodies entêtantes et percutantes. Et la texture des titres les rend encore plus prenants. Un périple mouvementé, mais très beau.

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France

Trank : transcender les genres [Interview]

Sorti en indépendant, le premier album de TRANK, « The Ropes », avait fortement impressionné tant par la qualité et la maturité des morceaux et que par le travail exceptionnel effectué sur le son et la production. Un peu plus d’un an plus tard, le quatuor est de retour avec une édition Deluxe de son opus et un second disque entièrement composé de remixes de leurs compositions originales. Pour autant, TRANK ne renie pas son style, mais aurait plutôt tendance à étendre sa palette artistique. Johann Evanno (batterie) revient sur « The Ropes », ainsi que sur la démarche qui a les a conduit à remodeler certaines de leurs chansons.

– Avant de parler de cette édition Deluxe de « The Ropes », j’aimerais que l’on revienne sur la sortie de l’album l’an dernier. Il a reçu un très bon accueil, ce qui n’est pas étonnant vu sa qualité. Vous aviez mis tous les atouts de votre côté. Ca n’a pas du être facile à accepter de ne pas avoir pu le défendre sur scène…  

Ah non ! Et ça ne l’est toujours pas ! (Rires) On attend qu’une chose, c’est de pouvoir jouer nos chansons sur scène, car on les a toujours imaginé comme ça, et idéalement sur de grosses scènes pour permettre de leur donner l’ampleur nécessaire. On est très frustré car, en concert, il se passe toujours quelque chose qui est unique : le contact avec le public, sa réaction… On attend avec impatience que ça puisse redémarrer pour retrouver ses sensations.

– Avant la sortie de « The Ropes », vous aviez partagé la scène avec de grands noms, puis fait appel à Brian Robbins (Bring me The Horizon, Asking Alexandria) pour le mix de l’album et à Andy Van Dette (Porcupine Tree, Bowie) pour le master. C’est assez rare de mettre autant de volonté, de moyens et même de patience pour un premier opus. Vous ne l’imaginiez pas autrement ?

Comme nous sommes un peu des psychopathes du ‘jusquauboutisme’, nous nous sommes dit que nous allions passer beaucoup de temps sur la composition des morceaux, et il fallait donc que derrière au niveau du son, ça suive et que ça prenne la dimension qu’on avait imaginé. On ne voulait surtout pas bâcler cette partie-là. Sur le mix, on cherchait à avoir un équilibre entre la puissance et la texture, tout en ayant un son moderne et qui ne fasse pas caricatural. Et Brian avait très bien fait ça sur certains albums. On voulait un mix agressif et équilibré par un mastering qui arrondissait un peu les angles. Andy sait parfaitement masteriser des albums qui sonnent très produits, mais également riches, en gardant aussi l’intensité des morceaux, ce qui est très important.

– Avec l’album, vous proposiez un Metal Alternatif solide et accrocheur et avec même des aspects Cold et post-Rock, ce qui est assez inédit en France et même en Europe. Vous aviez conscience qu’un certain décalage était possible ?

On n’a jamais résonné comme ça. En fait, on joue la musique qu’on aurait envie d’entendre. On a tous des goûts musicaux assez variés, ce qui peut donner, en effet, des choses pas forcément indentifiables dans un seul style. C’est aussi une grande force, je pense. Mais à l’époque où tout le monde veut mettre des étiquettes sur tout, c’est toujours un peu compliqué de répondre. Mais que ce soit un Metal très agressif ou de la Pop Electro, on y mettra toujours le même niveau de travail et de passion. 

– « The Ropes – Monolith Version » vient de sortir et sur le double-album, on retrouve les 12 titres originaux, ainsi que 11 remixes. Tout d’abord, qu’est-ce qui vous a poussé à sortir cette nouvelle édition ?

Après la sortie de l’album l’an dernier, nous avons été contactés par deux producteurs Electro avec lesquels nous avions des connaissances communes. Ils nous ont proposé de faire des remixes de certaines chansons qu’ils aimaient. On a donné notre accord et le résultat a été très bon. On s’est ensuite dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire là-dessus. Michel (André Jouveaux, chant – NDR) s’y ait aussi mis de son côté, ainsi que d’autres producteurs. A ce moment-là, on s’est dit que ça vaudrait le coup de sortir une version alternative de certains morceaux. C’est aussi un test ultime pour savoir si la mélodie est suffisamment bonne pour être jouée dans différents styles avec la même efficacité. Ca nous a permis de donner une couleur différente et de voir si ça marchait toujours.

– On retrouve TRANK dans des registres très différents des premières versions. Est-ce c’est vous qui avez décidé des atmosphères et des styles présentés ? Et avez-vous eu un regard permanent sur les remixes, ou avez-vous laissé carte blanche pour la réinterprétation des morceaux ?

En fait, on a envoyé les morceaux avec toutes les pistes sans donner de direction particulière à chacun. Et à chaque fois, à une exception près, la première version était très bonne. Dans un seul cas, on dit à l’un d’entre-eux qu’il pouvait s’éloigner encore plus de l’originale, et aller encore plus loin dans sa logique. On a fait confiance à tout le monde, tout en gardant en tête qu’il fallait que ça fonctionne toujours.  

– Vous avez donc fait appel à David Weber (ingé-son des Youngs Gods), Mokroïé et Aura Shred (deux artistes Electro français), Greco Rossetti (ingé-son de Nitzer Ebb) et vous y avez aussi contribué. Comment s’est effectué ce choix ? Est-ce par connaissance de ces artistes ou parce qu’ils ont immédiatement compris votre univers ?

David, on le connait bien, car c’est dans son studio qu’on a enregistré notre premier EP il y a quatre ans et certaines parties basse/batterie de l’album. Pour lui, c’était facile car ils nous avaient vus enregistrer et il a tout de suite eu envie de faire quelque chose. Pour Mokroïé et Aura Shred, c’est grâce à des amis communs qui nous ont mis en relation. Quant à Greco, c’est grâce à Michel qui a des contacts dans l’Electro underground. On a vraiment été ravi de toutes ces contributions. Et du coup, on a donc été très attentif à nos versions ! (Rires) Au final, c’est un très bon exercice.

– D’ailleurs, sur le disque de remixes, on observe qu’il y a deux versions de « In Troubles Times », « Take The Money And Run » et de « Bend Or Break ». Pourquoi avez-vous jugé important de présenter au final trois approches différentes de ces morceaux ?

En fait, ce sont des remixes qui nous été proposés par des personnes extérieures. De notre côté, on s’est aussi dit qu’il y aurait peut-être d’autres versions à faire. Et en marge, nous avons aussi eu pas mal de retours de fans de gaming, qui nous ont dit qu’ils adoraient écouter notre musique quand ils jouaient. On s’est dit que ça pourrait être bien de faire un remixe dans l’esprit d’une bande-son de jeu vidéo. On a vraiment été guidé par l’inspiration, et pas par calcul.

– Sans revenir sur l’idée-même de proposer des remixes, vous n’avez pas été tentés de présenter des morceaux inédits, dans la lignée de ceux présents sur l’album original ?

Non, parce que nous avons enregistré un live en studio il y a quelques mois. On devrait d’ailleurs le sortir en vidéo début 2022. Et il contient des morceaux inédits. On a voulu faire les choses dans l’ordre en sortant un album, puis un autre de remixes et ensuite on sortira d’autres nouveautés.  

– D’ailleurs, en présentant un disque de remixes très différents de votre style, n’avez-vous pas peur de dérouter un peu vos fans ?

Le feedback global qu’on a reçu de nos fans était qu’il y avait beaucoup de richesse dans nos titres. Des gens d’univers très différents s’y sont intéressés : des métalleux comme des fans de Depeche Mode, de post-Punk, de New Wave ou d’Indus. Et tous ces gens ont une culture musicale suffisamment variée pour être assez ouverts pour découvrir autre chose. C’était plutôt dans ce contexte-là au départ. Après, on a aussi voulu apporter de la diversité.

– Enfin, sur scène, de quoi seront faits les sets de TRANK ? Y inclurez-vous aussi des versions remixées de cette nouvelle édition ?

C’est une très bonne question ! Je ne pense pas qu’on jouera les versions remixées telles qu’elles, parce qu’on aime jouer la majeur partie des choses sur scène. On est de la vieille école ! En revanche, je pense que les remixes vont donner lieu à de nouveaux arrangements sur certains morceaux. Ce sera plutôt dans ce contexte-là que cet exercice nous aura été bénéfique.

La nouvelle version de l’album « The Ropes » de TRANK, « Monolith Edition », est disponible chez M&O Music.

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Doom Sludge Stoner Metal

Ocultum : la clameur des abîmes

Entre occultisme, hallucinations sonores et une épaisse fumée de circonstance, OCULTUM se fraye un chemin à coup de machette dans un Stoner Doom massif et pesant. Le trio chilien n’a pas son pareil pour s’engouffrer dans un style d’une lourdeur incroyable, où le Sludge se fait même une place de choix.

OCULTUM

« Residue »

(Interstellar Smoke Records)

Pour ce nouvel album, les Chiliens d’OCULTUM n’y sont pas allés de main morte. 50 minutes en seulement quatre morceaux, autant dire que le Stoner Doom du trio prend son temps pour tout écraser sur son passage. Malgré tout, ce deuxième opus, qui fait suite à « Ceremonia Oculta Primitiva » en 2015, se veut très compact et particulièrement assommant.

Pénétrer dans l’univers d’OCULTUM n’est pas non plus une mince affaire. Ricardo Robles (batterie), Pablo Kataldo (basse) et Sebastian Bruna (guitare, chant) y invoquent les forces occultes pour élaborer un style lourd et incisif où les riffs enveloppent les morceaux comme pour mieux les étouffer. « Residue », s’il reste très sabbathien, pousse l’expérience encore un peu plus loin.

Sur « The Acid Road » et « Residue » qui ouvrent l’album, OCULTUM envoie deux missiles de près de dix minutes à glacer le sang. Rythmiques massives, guitares imposantes et une voix sortie des ténèbres, ce n’est pourtant que le début. Le Sludge prend même le dessus sur « Ascending With The Fumes Of Death » et « Reflections On Repulsiveness » pour un final dantesque.