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Yojimbo : astral connexion [Interview]

Trois ans après des débuts très prometteurs, les Strasbourgeois réalisent leur premier album, « Cycles », et la surprise est belle. Toujours dans un registre Stoner Rock, le spectre du quatuor s’est considérablement élargi, laissant entrer des sonorités Heavy, post-Rock, progressives et Doom. Très aérien, le groupe joue sur un groove épais pour libérer des paysages sonores très nuancés, appuyant sur les tessitures instrumentales et vocales avec soin. Et la galaxie de YOJIMBO s’élargit aussi avec de multiples projets autour d’un collectif d’artistes, afin de développer encore un univers déjà riche. Entretien collégial avec un combo plein de ressources et d’envie.

– Je me souviens très bien de votre premier EP éponyme sorti en 2022, dont les cinq morceaux m’avaient déjà fait forte impression. Que s’est-il passé ces trois dernières années ? J’imagine que les concerts vous ont permis d’acquérir de la confiance et aussi de mûrir votre projet…

Beaucoup de choses ! Déjà un changement de line-up en 2023 avec l’arrivée de Dom (Pichard – NDR) à la basse et aux chœurs, qui a remplacé Aurélien. Sophie (Steff, guitare et chant – NDR) et Flo (Herrbach – NDR) ont aussi quitté leur boulot pour se consacrer pleinement à la musique, et on a tous investi beaucoup plus de temps dans le projet. On répète deux jours complets par semaine, en plus du temps qu’on consacre à d’autres aspects du groupe, comme notre démarche multidisciplinaire et les collaborations artistiques. On travaille notamment avec le collectif M33, ce qui nous permet d’explorer d’autres champs que la musique pure. Les concerts nous ont aussi permis de gagner en assurance. On a bossé dur sur notre autonomie technique, et on a su bien s’entourer. En bref, on a fait en sorte de se donner les moyens de donner de l’ambition au projet.

– Sans parler de métamorphose, on vous retrouve avec un premier album, « Cycles », qui marque une évolution notable chez YOJIMBO. L’énergie y est décuplée, tout comme votre univers qui s’affirme clairement. Quelles ont été les principales étapes de cette maturité acquise ?

On a bossé dur, tout simplement. Beaucoup d’exploration, de remises en question, d’introspections aussi sur l’intention qu’on voulait faire porter à notre musique. On a pris le temps de chercher le bon son, de comprendre ce qu’on voulait vraiment transmettre. Le fait d’avoir Flo dans le groupe, qui est ingé son de métier, a été un vrai plus. Avec les moyens du bord, il a drivé toute la partie technique de la pré-production jusqu’à l’enregistrement avant que les copains du studio La Turbine mettent ça brillamment en forme au mix. Tout ça nous a permis d’aller loin dans les détails.

– Ce qui est aussi assez étonnant, et on le pressentait déjà sur l’EP, c’est cette sensation de liberté, qui s’épanouit dans un registre toujours aussi Stoner bien sûr, mais où l’aspect progressif, Doom et post-Rock sont plus présent. Vous aviez besoin de prendre de la hauteur musicalement ? De développer un côté plus aérien ?

Ça s’est fait assez naturellement. Quand on compose, on ne se dit pas ‘il faut que ça sonne Stoner’ ou ‘mettons une touche de Doom là’. On a un panel d’influences très large à nous quatre, et ça ouvre des portes qu’on n’hésite pas à pousser. On aime l’idée que notre musique soit écoutée comme un voyage, et on a sans doute davantage assumé ça dans « Cycles ». Et c’est vrai que les touches post/prog apportent une forme de carburant à cette volonté d’ouvrir les espaces dans ce voyage.

– Bien sûr, la production de « Cycles » n’a plus grand-chose à voir avec celle de « Yojimbo ». Est-ce que c’est une simple question de production, donc de moyen, ou au contraire, vous êtes parvenus à obtenir le son que vous aviez toujours souhaité ? Entre une puissance massive propre au Stoner et des passages plus légers et très sinueux…

Un peu des deux. On a accordé plus de temps, mais surtout on savait ce qu’on voulait. Ce n’est pas qu’une question de matos ou de studio, c’est aussi le fruit d’une vraie démarche sonore et artistique qu’on a affinée avec le temps. On a notamment beaucoup œuvré à ce que chaque instrument trouve sa place.

– YOJIMBO a toujours revendiqué ce côté cosmique que vous qualifiez même d’intergalactique. Sur « Cycles », il est encore très présent et plus poussé, je trouve. Est-ce qu’il y a, selon vous, un aspect de votre style, c’est-à-dire, le Stoner, le Prog ou le post-Rock qui prend un peu le dessus, et qui domine ce bel équilibre ?

On navigue vraiment à vue, mais le Stoner reste dans notre branche principale. Il y a des morceaux très Doom, d’autres très planants, d’autres plus Heavy… On essaie de ne pas prioriser un style au détriment d’un autre, mais plutôt de créer une continuité d’énergie ou d’évocation. L’esthétique intergalactique nous permet de lier tout ça sans cloisonner : c’est ce qui fait qu’on parle de ‘Stoner Intergalactique’.

– Même si l’on pourrait penser que votre propos pourrait être décalé, compte tenu d’une musique assez intemporelle, vos textes traitent de thématiques très actuelles comme l’écologie, le capitalisme, les conflits comme des choses plus personnelles. Comment conciliez-vous votre aspect ‘cosmique’, qui pourrait se prévaloir d’un certain détachement avec des sujets aussi concrets et sociétaux ?

Les textes sont écrits par Sophie, mais on les travaille au besoin ensemble ensuite, notamment pour chercher les bons niveaux de lecture. On veut que nos paroles aient du fond, mais aussi qu’elles laissent de la place à l’interprétation personnelle. Notre univers est peut-être cosmique, mais il parle du monde dans lequel on vit : des violences systémiques, de nos dérives politiques, de nos rapports au pouvoir ou à la nature. Le filtre science-fictionnel, ou symbolique, est là pour créer une mise à distance poétique, mais il n’y a jamais de déconnexion.

– Je trouve aussi ce premier album techniquement plus complexe. Y avait-il des choses que vous n’aviez pas osées sur « Yojimbo », car le groupe était encore jeune ? Et vous sentez-vous aujourd’hui peut-être débridé par rapport à vos débuts, car le potentiel était déjà là ?

C’est sûr qu’au début, il y a toujours une forme de retenue, d’hésitation à pousser certaines idées jusqu’au bout et un manque de maîtrise aussi. Aujourd’hui, on s’autorise beaucoup plus de libertés, que ce soit dans les structures, les textures, ou les intentions. On a aussi beaucoup évolué individuellement en tant que musiciens, notamment en travaillant nos instruments. Et puis, le groupe est soudé, donc la confiance mutuelle permet d’aller plus loin. On compose pour se surprendre autant que pour surprendre les autres.

– Vocalement aussi, l’évolution est flagrante. Sophie, est-ce que le fait que tu sois peut-être plus entreprenante vient de la scène et des facilités qu’elle enseigne ? Ou alors, comme tu es également guitariste, tu as peut-être aussi décidé d’accorder plus d’attention au chant dans une certaine mesure sur l’album ?

La maturité et le travail, clairement ! (Rires) J’ai passé plus de temps à analyser mes forces et mes faiblesses, mais aussi à davantage interpréter que simplement chanter. J’ai également un autre projet musical dans un tout autre registre (Folk Blues) avec lequel je tourne beaucoup, et qui m’a énormément fait évoluer vocalement. C’est un peu un mélange de tout ça : la tournée, le studio, la répétition, la composition et surtout … le recul. Mais j’attache un point d’honneur à évoluer guitaristiquement aussi. Je cherche à sortir de ma zone de confort pour aller plus loin, que ce soit en tant que guitariste ou chanteuse.

– Parallèlement à la sortie de « Cycles », vous avez également entamé une démarche artistique originale, celle d’écrire une nouvelle de Science-Fiction, mais sous la formule d’un collectif rassemblant différentes activités. Pouvez-vous en dire un peu plus ? Et celle-ci pourrait-elle être la base, par exemple, de votre prochain album ?     

Oui, la nouvelle est un peu notre fil d’Ariane. C’est Stef (Legrand, batterie – NDR) qui en est à l’origine et on l’a retravaillée collectivement en 2023, avec l’accompagnement de Saïda Kasmi du collectif M33. Elle avait notamment déjà accompagné l’écriture de l’album concept de Mathieu Chedid. Cette nouvelle est à la fois un socle, un outil d’inspiration et un prétexte à collaboration. On partage des extraits ou des pitchs aux artistes avec qui on bosse, pour qu’ils puissent en proposer une lecture personnelle. On leur propose aussi de privilégier le réemploi quand c’est possible pour créer autour de cet univers. C’est une façon de sortir du cadre de la commande et d’ouvrir l’imaginaire. La nouvelle est déjà très présente dans « Cycles » et elle nous servira encore pour la suite, sous plein de formes possibles. Rien n’est décidé pour le moment et on ne veut pas figer le processus. Ce qui prime, c’est l’expérimentation.

– Enfin, j’aimerais qu’on dise un mot de cette magnifique pochette d’album que vous avez confié à l’équipe de Førtifem, dont on connait le travail pour de grands groupes, ainsi que pour les deux plus gros festivals Metal français. C’est assez rare de laisser carte blanche, surtout pour un premier album à des personnes extérieures. Comment s’est effectuée la connexion entre vous et leur avez-vous tout de même donné un fil rouge, voire vos nouveaux morceaux à écouter ?

C’est en réalité des amis de longue date de Dom. Il connaissait Jesse via des collaborations photo dans les années 2000, bien avant la création de Førtifem, et il a aussi rapidement accroché avec Adrien à leur rencontre. Dom squattait souvent leur canapé lors de ses passages réguliers à Paris. Depuis, leur travail a explosé, et à juste titre. Ils bossent avec des groupes mastodonte de la scène Rock/Metal et des marques de renom. Même si on aime travailler prioritairement avec des artistes de notre région, pour cette pochette on savait que c’était eux qu’il nous fallait. Pas seulement, parce que leur taf est incroyable, mais parce qu’ils ont une vraie démarche artistique et engagée qui résonne avec la nôtre. On a tout de même donné une idée très générale. Pour le reste la magie du duo a opéré et ils ont parfaitement saisi notre intention.

L’album de YOJIMBO, « Cycles », est disponible sur le Bandcamp du groupe : https://yojimbostonerband.bandcamp.com/album/cycles

Photos : Paola Guigou (1, 3, 5), P-Mod (2) et RésiFredo (4).

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Heavy Blues Stoner Rock

The Devils : ultimate pact

Brut de décoffrage, le registre rocailleux des transalpins prend ici une toute autre direction musicale, même si leur touche reste intacte et leur esprit rebelle plus que vivace. Provocateur et irrévérencieux à souhait, THE DEVILS s’offre une virée dans les marécages avec un opus Stoner fait de Blues et de Soul, qui prend les traits d’un Heavy Blues sauvage au son primal et direct, façonné par un Alain Johannes des grands jours. « Devil’s Got It » traquent les décibels dans une séduisante et chaotique mixité. Magistral !

THE DEVILS

« Devil’s Got It »

(Go Down Records)

Survolté et électrisant, l’explosif duo napolitain fête ses dix ans d’existence avec un sixième album, dont le contenu paraît surprenant, mais dont le résultat colle terriblement à son image. Rock’n’Roll jusqu’au bout des doigts, Erika Switchblade (batterie, chant) et Gianni Blacula (guitare, chant) ont toujours mené leur carrière sans concession œuvrant dans un style hyper-roots entre Stoner et Garage. Epais et organique, THE DEVILS est d’une féroce authenticité et elle en est même devenue sa marque de fabrique. Une chaleur qui se répand délicieusement.

Dès le début de l’aventure, les complicités ont été aussi évidentes que redoutables. Sur les deux premiers efforts, c’est Jim Diamond (The White Stripes, The Sonics) qui s’est chargé de la production, avant que le grand Alain Johannes (QOTSA, Chris Cornell, …) ne prenne le relais. Solidement forgé par deux personnalités aussi singulières, le son de THE DEVILS a pris corps et s’est pleinement affirmé entre de si bonnes mains. Et alors que l’on pouvait s’attendre à un déferlement sonore dans les règles, c’est le Blues et la Soul qui sont ici à l’honneur.

Avec l’ardent désir de rendre hommage à une scène qui les inspire depuis toujours, les Italiens sont allés puiser dans les moindres recoins, souvent reculés mais toujours très pertinents, de ce style d’une magique intemporalité. Après un traitement de choc en bonne et due forme, les morceaux de Reverend Charlie Jackson, Freddie Scott, Robert Wilkins, Muddy Waters, Magic Slam, Z.Z. Hill ou encore William Bell reprennent vie comme s’ils avaient vu le diable en personne. Une jouissive frénésie que THE DEVILS distille sans retenue. Encore !

Photo : Nathalie Rei

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Grunge Stoner Rock

The Boy That Got Away : une fuite en avant

C’est encore avec une grande discrétion que THE BOY THAT GHOT AWAY présente son quatrième effort, un peu comme s’il voulait s’éviter une trop forte exposition, une lumière aveuglante. Pourtant, le potentiel est énorme, le style racé et costaud et « Peacetime » devient même très vite addictif. Jouant sur la densité du Stoner Rock et l’intensité émotionnelle du Grunge originel, les musiciens évitent pourtant les sonorités trop 90’s et s’inscrivent même parfaitement dans leur temps. Solide, nerveux et accrocheur, il est difficile de ne pas succomber à cette authentique immersion hyper-Rock.

THE BOY THAT GOT AWAY

« Peacetime »

(Independant)

La pochette est ténébreuse, vierge de toute indication sur le nom du groupe et le titre de l’album. Et cela caractérise finalement assez bien la démarche très DIY et indépendante des trois Danois. Pourtant, cela fait maintenant plus de dix ans que THE BOY THAT GOT AWAY œuvre à l’explosion de son Stoner Grunge graveleux et massif. On peine à croire que le reste du monde ne s’en soit pas aperçu un peu plus tôt. Car « Peacetime » est tout de même le quatrième effort du power trio et la maîtrise et l’intelligence des morceaux sont incontestables et captivantes.

Dès « Influx », titre d’introduction instrumental qui vient poser l’ambiance, THE BOY THAT GOT AWAY instaure un climat d’une grande froideur. Enregistré, mixé et produit par Tue Madsen, la production se veut brute et très organique. Pas de superflu donc et encore moins d’effets de manche, le morceau-titre ouvre les hostilités et la puissance affichée montre un combo expérimenté et décidé. L’impression d’un Desert Rock typiquement nordique s’entend peu à peu pour nous envelopper d’une harmonie étonnamment familière et attachante, malgré un propos assez noir.

Sombre et emprunt de mélancolie, il se dégage pourtant une force incroyable de « Peacetime », due à un groove épais oscillant entre colère et quiétude. Bien sûr, THE BOY THAT GOT AWAY rappellera les premiers QOTSA avec des clins d’œil à Soundgarden, mais c’est sans compter sur l’originalité des Scandinaves. Car, quand ils lâchent les chevaux, le ton monte et les décibels grimpent en volume (« Sleepwalker », « The How », « Aesel », « Homecoming »). Et c’est la chanson semi-acoustique chantée en danois, « Boy », qui vient clore cette belle réalisation. Enthousiasmant !

Photo : Morten Rygaard

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Classic Hard Rock Stoner Rock

WolveSpirit : une onde de choc

La pandémie a eu l’effet de mettre WOLVESPIRIT sur les nerfs. Et la formation germanique en a profité pour se défouler, lâcher son ressenti et mettre les choses au clair sur sa nouvelle production. En effet, « Bullshit » traite de désinformation, de réalités parallèles et de son désir de s’en extraire. Musclé et fracassant, ces nouveaux titres sentent la poudre et, même s’ils sont toujours mélodiques, ils font l’effet d’une belle bagarre en règle. Une vraie tornade Hard, Metal et Stoner Rock pour le moins ravageur.

WOLVESPIRIT

« Bullshit »

(Spirit Stone Records)

Avec un tel titre, on pouvait difficilement faire plus explicite et c’est justement tout ce qui fait le charme du quintet allemand, qui ne manque jamais une occasion de se faire remarquer. Pour la petite histoire, WOLVESPIRIT a vu le jour en 2009 du côté de la Bavière sous l’impulsion des frères Eberlein, Richard et Oliver, rejoints par la chanteuse américaine Deborah ‘Debbie’ Craft. Basé sur un Hard Rock robuste mâtiné de Classic Rock et surtout de Stoner cette fois-ci, l’ensemble est explosif.  

Il faut aussi rappeler que le groupe a fondé son propre label après avoir claqué la porte de Sleaszy Rider Records un an tout juste après la sortie de son premier effort. Il était simplement mécontent du travail fourni. Il y a donc du caractère chez WOLVESPIRIT et également dans sa musique. Et « Bullshit » va dans ce sens et suit le chemin tracé depuis le début, c’est-à-dire axé sur des riffs costauds, une rythmique en béton et surtout une frontwoman à la voix puissante et hyper-Rock’n’Roll. 

Musicalement, le combo sort l’artillerie lourde dès « Titanium », qui ouvre les hostilités, suivi de « Robots » et du morceau-titre. L’entrée en matière est massive et la chanteuse donne de la voix de manière presque frénétique. Ce nouvel opus est probablement le plus ambitieux de WOLVESPIRIT qui part chasser sur des terres Stoner Rock, sans négliger ses racines Hard Rock et assez classiques (« Fire », « Starborn », « Screaming », « 666 »). Un brûlot sauvage et flamboyant mené de main de maître.

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Stoner Rock

Dunes : un désert mouvant

La sensation qui émane de cette nouvelle réalisation des Britanniques a quelque chose de surnaturelle, tant elle devient de plus en plus immersive au fil des chansons. Avec « Land Of The Blind », DUNES s’ouvre de nouveaux horizons sur les fondations d’un Stoner Rock audacieux qui mêlent habillement un regard très actuel sur notre société et une vision artistique assurée, portée par un travail acharné sur des compositions rayonnantes. L’approche est solide et originale à bien des égards et elle fait définitivement entrer les Novocastriens dans la cour des grands.

DUNES

« Land Of The Blind »

(Ripple Music)

Face à la Mer du Nord, à Newcastle, DUNES voit le désert. Du moins, c’est ce que laisse penser son Stoner Rock emprunt d’une saveur très 90’s et de brûlantes vibrations. Le trio annonce ainsi son arrivée chez Ripple Music de belle manière avec « Land Of The Blind », son troisième opus, qui marque lui aussi un virage dans son approche. Après « Take Me To The Nasties » (2019) et « Gargoyle » (2022) sortis tous les deux chez Sapien Records, le power trio se fait plus explosif que jamais et le Fuzz à l’œuvre ici est pour le moins dévastateur et massif.

A mi-chemin entre des sonorités américaines façon Clutch et d’autres plus européennes comme Dozer, DUNES trouve sa voie et malgré un propos assez sombre dans les textes, l’ensemble se veut plutôt optimiste. Musicalement en tout cas, les Anglais se montrent très créatifs et « Land Of The Blind » affiche aussi une très bonne production. On la doit d’ailleurs au batteur du groupe, Nikky Watson, qui a su mieux que personne saisir l’essence des morceaux, enregistrés à l’extrême nord du pays aux Old Church Studios de Thropton avec Adam Foster.

Cette traversée existentielle est d’une densité intense. Dès la longue intro de « Cactus », DUNES nous immerge dans un univers assez feutré, mais torturé à l’image des paroles et de cette rythmique très dronique. L’épaisseur des riffs et l’ampleur de la basse rendent les titres très massifs avec également beaucoup d’explosivité et de profondeur, à l’instar de la magistrale intervention de Nick Carter (ex-Crane) sur « Northern Scar » et de Ryan Garney de High Desert Queen sur « Voodoo ». Une grande classe et un impact marquant.

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Stoner Blues Stoner Rock

Shotgun Sawyer : sans détour

Brut et authentique, le Blues que parcourt SHOTGUN SAWYER a beau emprunter les mêmes chemins que la scène plus ‘traditionnelle’, le poids et la lourdeur de sa rythmique notamment, mais aussi de la guitare, viendront heurter, puis assommer les amateurs de l’aspect léger et délicat du genre. Ici, C’est tout de même le Stoner Rock qui domine l’ambiance bluesy et Rock’n’Roll de ce « Shotgun Sawyer » immersif. Entre des lignes de basse bien grasses et une batterie très appuyée, ça frappe et cogne sans retenue… et ça fait du bien !   

SHOTGUN SAWYER

« Shotgun Sawyer »

(Ripple Music)

Depuis 2016, SHOTGUN SAWYER livre sa vision du Blues depuis la petite ville d’Auburn en Californie et son premier effort, « Thunderchief », avait d’ailleurs tapé dans l’œil de Ripple Music, qui s’était empressé de le signer. Trois ans plus tard, « Bury The Hatchet » est venu confirmer l’assise et l’originalité du combo. Car si le trio évolue bel et bien dans un registre proche d’un Blues hyper-roots, c’est aussi du côté Stoner qu’il s’illustre tant les riffs épais et fuzz sont légions et traversent des compositions inspirées du Classic et même du Hard Rock.

Par la suite et comme pour beaucoup de groupes, le Covid a mis un coup d’arrêt aux activités de SHOTGUN SAWYER, menant même à une brouille entre le chanteur/guitariste Dylan Jarman et son ami et batteur David Lee. Celui-ci a d’ailleurs mis les voiles et c’est Cody Tardell de Slow Season qui est derrière les fûts depuis ce début d’année. Le power trio est donc de retour avec un troisième opus éponyme, très révélateur de son identité artistique. « Shotgun Sawyer » est toujours aussi rugueux, bluesy et terriblement Rock.

Finalement, ces cinq ans ont peut-être été bénéfiques aux Américains, dont les morceaux n’ont jamais été aussi élaborés et l’émotion aussi présente. En faisant aussi appel à quelques invités à l’harmonica et aux claviers, SHOTGUN SAWYER élargit son spectre musical et le travail de Patrick Hills des Earth Tone Studios à Sacramento y est pour beaucoup. La production est ample, généreuse et organique (« Cock N’ Bulls », « The Sky is Crying », « Tired », «  Isildur’s Bane », « Master Nasty », « Hopeless »). Imposant !

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Heavy Stoner Rock Stoner Rock

Planet Of Zeus : force brute

Avec « Afterlife », les Athéniens donnent l’impression de rendre hommage aux années 90, celles qui les ont musicalement nourris et aussi profondément impactés. Et c’est probablement pour ça que cette nouvelle réalisation semble si familière, tant dans les références perceptibles que dans le style très reconnaissable de PLANET OF ZEUS. Cela dit, les gros riffs sont légions, la rythmique lourde et compacte et le frontman toujours aussi percutant.

PLANET OF ZEUS

« Afterlife »

(Ihavedrum Records)

Fer de lance de la scène Stoner grecque aux côtés de 1000Mods, Nightstalker et plus récemment d’Acid Mammoth pour la partie la plus Doom, PLANET OF ZEUS s’est forgé une solide réputation bien au-delà de ses frontières et en tournant avec les plus grands. Explosif en concert, en plus de deux décennies, le quatuor s’est hissé au rang des incontournables du genre, grâce à un style massif et puissant, et surtout très identifiable. Pourtant, avec « Afterlife », il déjoue tous les pronostics avec un album surprenant.

En effet, Babis Papanikolaou (chant, guitare), Stelios Provis (guitare, chant), Giannis Vrazos (basse) et Serafeim Giannakopoulos (batterie) prennent un virage assez différent, marqué par des mélodies entêtantes omniprésentes et surtout une variété musicale étonnante. Preuve d’un éclectisme créatif très maîtrisé. C’est vrai que dans son domaine, PLANET OF ZEUS sait à peu près tout faire… et « Afterlife » confirme ses qualités et nous offre un plongeon dans un Stoner Rock assez 90’s dans son approche, et bien rentre-dedans.

Ce sixième album traverse à peu près tous les courants et parcourt des atmosphères diverses. Classique dans la lignée de QOTSA (« State Of Non-Existence »), Grunge façon Foo Fighters (« The Song You Misunderstand »), plus Heavy aux accents Fu Manchu (« Step On, Skin Off »), PLANET OF ZEUS reste pourtant lui-même et laisse exploser sa force (« No Ordinary Life », « Let’s Call It Even », « Letter To A Newborn »). « Afterlife » n’est peut-être pas le plus passionnant opus du quatuor, mais il réveille les sensibilités.

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Desert Rock Stoner Rock

Brant Bjork Trio : la confrérie du désert

Lorsqu’on n’a plus rien à prouver, c’est le moment de se faire plaisir. Cela pourrait être la maxime de ce flamboyant BRANT BJORK TRIO, composé avec Mario Lallo et Ryan Güt. Et lorsque trois proches, et accessoirement pionniers et piliers du Desert/Stoner depuis quelques décennies, décident d’une telle réunion, cela se doit rien au hasard et surtout on est certain que ce qu’il en découlera sera de qualité. Les thèmes ne changent pas, l’envie et la dextérité artistique non plus. « Once Upon A Time In The Desert » surfe sur une vague joyeuse et terriblement addictive.

BRANT BJORK TRIO

« Once Upon A Time In The Desert »

(Duna Records)

Le très prolifique BRANT BJORK est de retour avec un nouveau projet et sur son propre label, Duna Records, qu’il fait renaître plus de 20 ans après sa création. Une mise en sommeil après seulement quatre ans d’activité entre 2002 et 2006, une période durant laquelle il s’est autoproduit en quelque sorte et a sorti quelques albums de Vic Du Monte’s Idiot Prayer, John Mcbain, Ché et de son autre groupe The Bros. Celui à qui l’on doit également les solides fondations de Kyuss, Fu Manchu et Mondo Generator s’est une fois encore entouré d’amis de longue date pour la création de ce trio et de ce « Once Upon A Time In The Desert » magistral et solaire.

Maintenant à savoir si le BRANT BJORK TRIO revient aux bases du Desert et du Stoner Rock déjà imaginé par l’Américain, c’est assez difficile tant la musique présentée paraît si familière et implacablement attribuée au musicien de Palm Desert, Californie. A ses côté, on retrouve le groove imparable de la basse de Mario Lallo de Yawning Man et Fatso Jetson et la frappe si instinctive de son compère au sein de Stöner, Ryan Güt. Autant dire que ces trois-là se trouvent les yeux fermés et que leurs compositions sont d’une évidence assez déconcertante et presque naturelle. Comme toujours le songwriting est soigné, le son très organique et l’ensemble d’une apparente facilité.    

L’ambiance est bien sûr désertique, faite de Stoner et de Fuzz, mais où rien n’est laissé au hasard, jusqu’aux refrains qu’on se met à fredonner après quelques écoutes seulement. Bien sûr, de prime abord, on peut imaginer que le combo se laisse aller à une jam entre amis qui maîtrisent parfaitement leur sujet, mais c’est loin d’être le cas. Les lignes de basse envoûtent, la variété des tempos nous transporte dans un ailleurs aride et la guitare et la voix de BRANT BJORK font le reste. Très Rock et dans une ambiance aux effluves légèrement bluesy, « Once Upon A Time In The Desert »  offre quelques trésors de musicalité absolue. Un disque à écouter dans son entier… et à volonté !

(Photo : Richard Sibbald)

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Doom Rock Hard US Stoner Rock

Crobot : implacable

Le tempo est soutenu, les riffs tranchants et avec un frontman en grande forme, CROBOT livre l’une de ses meilleures réalisations. Totalement réoxygéné, le quatuor tourne à plein régime dans une atmosphère où son Heavy Rock mâtiné de Stoner et aux refrains typiquement Hard Rock explose frontalement, sans complexe et sans ambiguïté. « Obsidian » renoue avec le son riche de ses débuts pour un moment mélodique et à l’impact fracassant.

CROBOT

« Obsidian »

(Megaforce Records)

Et si CROBOT avait retrouvé la foi ? Non pas qu’il l’ait un jour perdu, mais la parenthèse Mascot Records, avec deux albums (« Motherbrain » et « Feel This ») et un EP (« Rat Child »), aurait pu faire penser que les Américains étaient devenus plus mainstream avec ce format adapté aux radios US. Cela dit, il s’agissait de leur expression discographique car, sur scène, les murs tremblent toujours. Et cette arrivée sur l’emblématique label Megaforce Records marque un retour musclé aux fondamentaux.

Le combo de Posstville, Pennsylvanie, rallume la fonderie sur ce cinquième opus qui transpire le Rock’n’Roll à grosses gouttes et où l’on retrouve avec beaucoup de plaisir l’épaisseur des riffs et la lourde et resserrée rythmique, qui le rendent si irrésistible. CROBOT accueille également le bassiste Pat Seals aux côtés de Dan Ryan (batterie) complétés par les irremplaçables et inamovibles Brandon Yeagley au chant et le fougueux Chris Bishop à la guitare. Gonflés à bloc, la machine retrouve toute sa rugosité et sa puissance.

Toujours au croisement d’un Hard Rock sauvage, d’un Stoner Rock appuyé et de quelques touches Doom, CROBOT avance avec vigueur et met une grosse intensité sur chaque chanson (« Come Down », « Nothing », « Metal », « Disappear », « White Rabbit » et le morceau-titre). Produit par le groupe, puis mixé et masterisé par Alberto De Icaza (Clutch), « Obsidian » creuse dans les méandres de l’âme avec authenticité et force. A la fois sombre et texturé au possible, le groove est titanesque… et obsédant !   

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International Stoner Rock

Greenleaf : indestructible foundation [Interview]

A la tête de deux institutions, qui sont autant de locomotives du Stoner européen, Tommi Holappa mène de front les groupes Dozer et GREENLEAF. Alors que le premier a sorti « Drifting in the Endless Void » l’an dernier, c’est avec le très bon « The Head & The Habit » qu’il réapparait aujourd’hui, toujours animé d’une passion inébranlable et d’une bonne humeur contagieuse. Très prolifique, le guitariste et ses trois camarades de jeu livrent un nouvel album riche et compact, tout en restant véloces et accrocheurs. Ce neuvième opus est l’un des meilleurs des Suédois et il s’accompagne aussi d’un changement de label. Entretien avec un musicien toujours aussi créatif.  

– La première sensation qui ressort de l’écoute de « The Head & The Habit » est une impression d’aboutissement, une sorte d’apogée du style de GREENLEAF. C’est aussi ton sentiment, celui d’être aller au bout d’un processus de création fort ?

Je peux te dire qu’après avoir eu le mixage final de l’album pendant presque cinq mois avant sa sortie, j’aime toujours beaucoup l’écouter ! Habituellement, bien sûr, j’apprécie chaque nouveau disque que nous faisons, mais avec le temps, on finit par avoir quelques favoris et aussi des chansons qui ne se sont peut-être pas révélées aussi bonnes qu’on l’aurait souhaité. Cela peut, par exemple, être de petits détails dus au mixage, comme le son de la guitare qui n’est pas parfait sur un solo. Des choses comme ça peuvent parfois m’énerver, donc je ne peux plus supporter certains morceaux ! (Rires)

Mais cet album, je peux l’écouter du début à la fin et j’en suis très satisfait ! L’écriture des chansons est forte, la production est excellente, il y a beaucoup d’énergie et on a l’impression que tout le travail acharné que nous avons prodigué a payé ! Alors oui, pour le moment, j’ai l’impression que c’est probablement notre album le plus fort à ce jour. Redemande-moi dans un an et on verra s’il aura résisté à l’épreuve du temps ! (Rires)

– Vos précédents albums gardaient toujours un petit côté imprévisible, tandis que celui-ci est assez direct avec un songwriting plus resserré aussi. L’objectif de « The Head & The Habit » était d’aller à l’essentiel, de gagner en efficacité ?

Quand nous avons commencé à écrire des chansons, nous savions que nous voulions faire un album un peu plus ‘joyeux’. « Echoes From A Mass » était un album assez sombre, parce qu’Arvid était en instance de divorce et il se sentait déprimé pendant la composition. Cette fois-ci, il n’y a pas eu de divorce et tout le monde était dans une bonne situation de vie personnelle. Donc, il s’est agit de passer un bon moment, de profiter de la compagnie de chacun et de composer le meilleur album possible. Bien sûr, les textes sont toujours aussi sombres, car Arvid ne peut pas écrire de paroles joyeuses ! (Rires) Mais la musique est plus énergique et un peu plus entraînante.

– On retrouve bien sûr l’ADN de GREENLEAF avec ce savant mélange de Fuzz, de Desert Rock et de Blues enrobé d’un Stoner Rock véloce et percutant. Et l’album est aussi très bien équilibré. Justement, comment avez-vous travaillé cette fois-ci, et est-ce que vous avez œuvré, dès le départ, pour trouver la manière de rendre l’ensemble le plus homogène et complet possible ?

Lorsque nous commençons à travailler sur du matériel pour un nouvel album, cela prend toujours du temps avant d’entrer véritablement dans le flow. Nous pouvons avoir deux ou trois bonnes idées, mais qui ne nous semblent pas géniales pour autant. Cela peut prendre des semaines, ou parfois des mois, avant d’avoir cette idée de chanson qui nous fait vraiment dire ‘Wow !’. Pour cet album, « Avalanche » a été la chanson qui a tout déclenché. Cela devient plus facile d’écrire tranquillement quand on a une idée de morceaux qui nous inspirent vraiment. Ensuite, le reste arrive naturellement et après un certain temps, on a en quelque sorte un fil rouge qui traverse tout cela, et on commence à entendre ce qui manque à l’album. Les deux dernières chansons écrites ont été « That Obsidian Grin » et « An Alabastrine Smile », parce que nous avions déjà des titres très rythmés et on voulait ralentir un peu les choses. Et la tracklist de cet album a été décidée avec l’idée du vinyle en tête, car nous voulions deux faces, qui se terminent toutes les deux par un titre plus doux. C’est vrai que nous consacrons beaucoup de temps à essayer de trouver l’ordre parfait des morceaux, car un bon album doit être comme un bon film : avoir des hauts et des bas, ainsi que te tenir en haleine et te captiver jusqu’à la fin.

– Comme pour « Echoes From The Mass » et depuis très longtemps maintenant, vous avez travaillé avec Karl Daniel Lidén, qui vous connait très bien. Pourtant, le son paraît plus clair sur « The Head & The Habit » et la production plus accessible et accrocheuse aussi. Est-ce que cela tient tout simplement au contenu de l’album et des textes, ou c’est le son que vous cherchiez à obtenir depuis un moment déjà ?

Oui, Karl Daniel est en quelque sorte le cinquième membre du groupe et il sait exactement ce dont les chansons ont besoin. Habituellement, lorsque nous arrivons à la moitié d’un album, nous faisons un enregistrement merdique des chansons en répétition et en direct avec nos téléphones, puis nous l’envoyons à Karl Daniel. C’est à ce moment-là qu’il élabore généralement un plan sur la façon dont l’album devrait sonner. Il écoute les chansons et commence alors à entendre dans sa tête comment devrait être la production. Il fait vraiment ressortir le meilleur de nous !

– Un mot aussi au sujet des textes qui sont très introspectifs et qu’Arvid Hällagård a écrit en se servant de son expérience personnelle avec des personnes en souffrance. Et c’est vrai que l’album a un aspect très narratif dans son déroulé. On a l’impression que vous avez voulu apporter plus de profondeur et d’émotion en explorant ces thématiques. Pourtant, l’ensemble est étonnamment lumineux. Votre envie était-elle de jouer sur ces contrastes ?

Comme je te le disais, Arvid a du mal à écrire des paroles ‘joyeuses’ sur les voitures rapides, les filles et l’alcool ! (Rires) Nous laissons ça à d’autres groupes, qui le font mieux que nous. Sur cet album, les textes parlent principalement de problèmes de santé mentale et de dépendance et nous avons pensé qu’il était intéressant d’avoir des contrastes entre la musique et les paroles. La chanson peut être entraînante et dansante, mais ensuite les mots peuvent te transporter dans un endroit totalement différent.

– Ces dernières années, tu avais pu te consacrer uniquement à GREENLEAF et l’an dernier Dozer a aussi fait son retour (et quel retour !) avec le très bon « Drifting In The Endless Void ». De quelle manière mènes-tu les deux groupes de front ? Je pense surtout à la composition, à ton jeu de guitare et à ton son ? C’est facile de passer de l’un à l’autre ? Et est-ce que ta configuration personnelle est différente sur ton instrument et sa sonorité ?

En fin de compte, c’est facile car Fredrik (Nordin – NDR) et Arvid travaillent tous les deux de manière différente et ce sont des chanteurs très distincts aussi. Si je soumettais une idée de riff à Fredrik, puis la même à Arvid, cela donnerait deux chansons totalement différentes. Mais bien sûr, il y a des parties de guitare dans GREENLEAF, qui pourraient être celles de Dozer et inversement. Les trucs les plus Blues que je propose vont toujours à GREENLEAF et les trucs plus durs à Dozer. Et par ailleurs, je ne travaille pas sur des chansons pour les deux groupes en même temps, ça prêterait à confusion, je pense. Un album à la fois et avec un seul groupe. Et puis, j’ai la chance de travailler et de faire de la musique avec deux grands chanteurs.

– D’ailleurs, les albums de GREENLEAF et de Dozer sont assez proches dans leur sortie respective. Comme allez-vous défendre « The Head & The Habit » sur scène, est-ce que l’on pourrait rêver à une affiche regroupant les deux groupes, comme on a déjà pu le voir avec d’autres musiciens ?

C’est une bonne idée ! Mais je pense que Sebastian (Olsson – NDR), qui est aussi le batteur des deux groupes, et moi mourrions sur scène si nous faisions deux sets d’affilée ! (Rires) Et ce ne serait pas juste envers le groupe qui joue en dernier d’avoir Sebastian et moi après deux ou trois heures de scène dans les pattes ! (Rires)

– Tu es à la tête de deux groupes majeurs de la scène Stoner européenne, qui se distinguent dans des approches différentes et créatives. Même si les journées ne font que 24h, est-ce que tu pourrais avoir l’envie, ou juste l’idée, de créer une autre entité dans une nouvelle déclinaison Stoner ?

On m’a demandé de rejoindre différents projets, mais pour le moment, je n’ai pas le temps. Jouer dans ces deux groupes, avoir un travail quotidien, puis une famille et une fille m’occupent 24 heures. Mais un jour, je monterai un groupe avec Karl Daniel et Peder de Lowrider. Nous en parlons depuis des années. Nous sommes tous des gens très occupés, mais dans le futur, cela arrivera. C’est sûr !

– Enfin j’aimerais qu’on dise aussi un mot sur votre changement de label. Vous avez quitté Napalm Records pour Magnetic Eye Records. Pour quelle raison et est-ce un label qui répond plus et mieux à vos attentes et qui s’éparpillent aussi peut-être moins dans son catalogue ?

Nous avons changé de label, parce que nous avions fait trois albums avec Napalm. Ils ont fait du bon travail, mais il était temps d’essayer autre chose. Nous voulions revenir à un label un peu plus petit, où nous serions l’un des plus grands groupes au lieu d’être un petit groupe de Stoner parmi beaucoup de groupes de Power Metal. Jusqu’à présent, tout se passe très bien avec Magnetic Eye Records ! Nous sommes heureux et eux ont l’air de l’être aussi… C’est un accord parfait !

Le nouvel album de GREENLEAF, « The Head & The Habit », est disponible chez Magnetic Eye Records.

Retrouvez la chronique de l’album précédent de GREENLEAF…

…Et les deux interviews de Tommi pour DOZER :