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Grunge Hard Rock International

Rome Is Burning : the fire inside [Interview]

Originaire de Birmingham, ROME IS BURNING surgit avec un premier album éponyme, qui en dit déjà long sur ses intentions et son état d’esprit. Entièrement autoproduit, « Rome Is Burning » vient faire le lien entre une scène Grunge alternative estampillée 90’s et un Hard Rock intemporel musclé et efficace. Un savoureux mix qui le rend explosif. Composé de musiciens chevronnés, les Anglais sont d’une sincérité et d’une honnêteté qui s’entendent jusqu’au cœur de leurs morceaux. Ici, on ne triche pas et on ne se planque pas derrière des bidouilleries numériques. Entretien avec le guitariste Chris Flanagan et Leigh Oates, frontman du quatuor, tous les deux aussi directs et attachants que leur Alternative Hard Rock.

– La première question que j’ai envie de vous poser est si votre nom vient du morceau de Junkyard, sorti il y a cinq ans et qui est dans un registre assez proche du vôtre ?

Chris : C’est juste une coïncidence ! En fait, à l’époque, on observait l’état du monde et on se demandait : ‘Mais qu’est-ce qui se passe ?! C’est fou !’. Et on voulait un nom qui reflète ça.

Leigh : Oui, ROME IS BURNING était clairement notre favori, dès notre première conversation pour le nom du groupe.

– On ne sait pas encore grand-chose de ROME IS BURNING, car vous vous êtes formés l’an dernier et votre premier album sort tout juste. J’imagine que vous avez fait vos premières armes sur la scène de Birmingham. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos parcours respectifs et la création du groupe ?

Chris : Je parcours la scène britannique depuis des années maintenant, et il m’a fallu beaucoup de temps pour trouver un partenaire musical qui partage ma passion. Heureusement, j’ai trouvé en Leigh un partenaire d’écriture, qui nous a permis à tous les deux d’exprimer pleinement nos idées.

Leigh : D’une certaine manière, on peut dire que je suis un vétéran. Je crois que c’est mon dixième album commercialisé. J’ai vécu de belles expériences, des succès et de grosses déceptions au fil des années dans l’industrie musicale. Mais j’adore faire de la musique et Chris et moi partageons vraiment la même vision pour ROME IS BURNING. Ça a été facile d’écrire l’album et de l’enregistrer comme on le souhaitait.

– L’une de vos particularités est aussi de présenter un style et un son plus américain que britannique, je trouve. Vos influences se situent-elles clairement de l’autre côté de l’Atlantique ?

Chris : Je dirais que je suis quand même plus influencé par la scène musicale britannique en général. La plupart de mes groupes préférés sont anglais, donc par osmose, j’ai absorbé ce type de musique dans une certaine mesure. J’aime beaucoup de groupes américains, comme Alice In Chains et Soundgarden, donc peut-être que cette influence a déteint sur moi à un moment ou à un autre. C’est possible, oui. (Sourires)

Leigh : Pour être honnête, mes influences viennent de partout, même si, dans l’ensemble, j’ai surtout été influencé par les groupes britanniques et américains. Grandir avec le Grunge a été une énorme influence pour moi et par nature, la plupart, voire tous les meilleurs groupes de cette époque, étaient américains !

– Pour rester sur l’aspect sonore de ROME IS BURNING, c’est toi Leigh, le chanteur, qui a mixé et produit l’album. C’est un atout supplémentaire, d’autant que le résultat est très convaincant. Est-ce important, selon vous, de pouvoir savoir gérer un maximum de domaines lorsqu’on sort un premier album aujourd’hui ?

Chris : Absolument. L’industrie musicale est morte. 99 % des musiciens que j’ai connus ces quinze dernières années ont démissionné, donc il faut tout faire de nos jours. C’est vraiment positif d’avoir quelqu’un dans le groupe avec une oreille aussi fine que celle de Leigh.

Leigh : Fini le temps des grandes avancées, alors maintenant plus que jamais, on revient au DIY ! On aime être aussi autonomes que possible. Evidemment, nos budgets sont serrés, donc plus on peut faire de choses nous-mêmes, mieux c’est.

– D’ailleurs, « Rome Is Burning » sort en autoproduction. Beaucoup de groupes considèrent que les labels ne sont plus franchement indispensables dans une industrie musicale bousculée par les plateformes et les réseaux sociaux. C’est aussi votre sentiment et est-ce également ce qui explique votre démarche ?

Chris : J’emmerde les maisons de disques. J’emmerde Spotify. J’emmerde Apple. J’emmerde Instagram. Ce sont tous des escrocs et j’ai hâte de voir toutes les plateformes brûler ! (Et moi donc ! – NDR)

Leigh : On nous a proposé des choses et on les a refusées. Pourquoi donner à quelqu’un la propriété de votre musique et une part des revenus potentiels pour avoir fait ce qu’on sait faire soi-même ? Il suffit de télécharger sa musique sur une plateforme, de payer une petite commission et n’importe qui, partout dans le monde, peut l’écouter.

– L’album a une résonnance très 90’s, basée sur un Hard Rock aux touches Grunge et Stoner. Sans y voir une quelconque nostalgie, cela rend votre jeu terriblement efficace. Votre intention est-elle de renforcer l’impact et le groove et, finalement, proposer des arrangements assez minimalistes, afin de rendre ROME IS BURNING plus compact ?

Chris : En tant que guitariste, il est très facile d’en faire trop. Lors de la composition de l’album, nous avons délibérément choisi de mettre en avant les accroches vocales, car nous voulions avant tout que notre musique aille vraiment dans ce sens. Avec un chanteur aussi talentueux que Leigh, ce serait une folie totale d’essayer d’intégrer encore plus de guitares au détriment du chant. Nous savons que nous sommes capables de jouer, mais le plus difficile est d’écrire une bonne chanson. Les arrangements minimalistes fonctionnent donc plutôt bien avec ce que nous recherchons.

Leigh : Chris est très gentil ! (Rires) C’est vrai que nous voulions rester assez épurés et laisser les accroches briller, et je pense que nous y sommes parvenus. Je suis ravi que tu apprécies la façon dont nous avons présenté les chansons. Nous avons fait en sorte que l’album sonne exactement comme nous le souhaitions, ce qui peut être difficile au départ. J’ai travaillé avec de très bons producteurs au fil des ans, et il arrive que le résultat soit excellent, mais pas toujours celui que l’on imaginait pour la chanson.

– L’ensemble de l’album a une saveur très alternative, légèrement sleaze, et avec un côté très underground, comme une volonté d’éviter toutes velléités mainstream. Est-ce que l’indépendance commence, selon vous, par une couleur musicale marquée et presque revendicatrice aussi dans sa forme ?

Chris : Tu sais, on n’a pas vraiment pensé au courant dominant quand on a créé l’album. On a juste écrit de la musique qu’on aimait.

Leigh : Je trouve qu’il y a aussi beaucoup d’émotion dans notre musique et on a le cœur sur la main. Rien de ce qu’on fait n’est artificiel.

– Pour rester sur cet aspect underground de ROME IS BURNING, malgré des thèmes sombres et rageurs aussi, vous présentez un élan très fédérateur dans les refrains, ainsi que dans les riffs. L’un n’empêche pas l’autre ? Et l’idée reste-t-elle de propager cet esprit de liberté que vous véhiculez ?

Chris : Ma philosophie pour composer de la musique à la guitare est de créer une tension, puis de la relâcher dans le refrain. J’essaie toujours de donner à Leigh une palette sonore optimale pour créer un bon refrain.

Leigh : J’aime que les gens puissent s’identifier aux paroles et en tirer leur propre interprétation. Franchement, qui n’aime pas un long refrain sur lequel chanter ? (Sourires)

– Là où beaucoup de groupes aujourd’hui jouent sur des arrangements souvent pompeux et des albums surproduits, ROME IS BURNING touche par son authenticité et un son presque épuré. Il y a une honnêteté qui transpire de vos morceaux. C’est là-dedans et sous cette forme que vous trouvez toute cette énergie ?

Chris : L’objectif principal de l’album était de créer quelque chose de brut et de vrai. De nos jours, tout le monde peut obtenir un son studio incroyable dans un garage, mais est-il possible de le rendre authentique ? D’après ce que j’entends d’autres groupes, la réponse est non. La plupart des nouvelles musiques sonnent vraiment mal. On ne dirait pas un groupe en train de jouer dans une pièce. ROME IS BURNING, si ! (Sourires)

Leigh : Merci pour cette remarque, je suis content que tu aies saisi notre intention ! On reste réalistes, ce qu’on entend sur l’album est ce qu’on entend en live. Il n’y a pas de trucs, pas de gimmicks.

– Enfin, j’imagine que le prochain objectif est de diffuser au maximum votre musique en Angleterre pour commencer, et au-delà par la suite. Et cela commence bien sûr par les concerts, avez-vous déjà des projets de ce côté-là ? Une tournée peut-être ?

Chris : On a quasiment enregistré notre deuxième album et les démos sont superbes. Pour la tournée, on veut toucher le plus de monde possible. On est un groupe Old School avec une mentalité Old School, donc si les gens veulent qu’on joue, on le fera ! (Sourires)

Leigh : Absolument ! Plus de concerts et on commence déjà le deuxième album. En tout cas, merci beaucoup pour ton intérêt et ton soutien à ROME IS BURNING. Nous t’en sommes vraiment reconnaissants !

Toutes les infos sur le premier album éponyme de ROME IS BURNING sont disponibles sont le site du groupe : https://romeisburning.com/

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Blues Rock

Texas Headhunters : Blues Pistoleros

Brûlant et authentique, cet album qui rassemble une belle fraternité de six-cordistes audacieux et créatifs donne un bon coup de fouet à la scène Blues Rock actuelle en allant puiser dans les fondations-mêmes du style texan, de ce Blues atypique qui ne ressemble à aucun autre. Virevoltant et explosif, TEXAS HEADHUNTERS remue la poussière d’une tradition respectée et de ses atmosphères chaudes et attachantes. Réglé au millimètre, le jeu comme le chant de Jesse Dayton, Johnny Moeller et Ian Moore éclaboussent de talent ce « Texas Headhunters », qui se veut déjà intemporel et classique.

TEXAS HEADHUNTERS

« Texas Headhunters »

(Hardcharger Records/Blue Élan Records)

Lorsque trois fines gâchettes brillent déjà individuellement, les réunir provoque inévitablement un choc musical plus que réjouissant. Biberonnés au Blues texan et l’incarnant littéralement, Ian Moore, Johnny Moeller et Jesse Dayton ont eu le privilège d’être parmi les derniers à avoir été guidés par le grand Clifford Antone à Austin. Avec un tel mentor, inutile de préciser que TEXAS HEADHUNTERS porte un héritage conséquent, qui a fait de ses membres des guitaristes et des chanteurs plus que chevronnés et particulièrement aguerris et affûtés.

Captés lors d’un séjour de cinq petites journées aux fameux studios Pedernales à Spicewood au Texas ayant appartenu au légendaire Willie Nelson, les douze morceaux sont le fruit d’une belle alchimie où chacun se relaie au chant et où les joutes guitaristiques ressemblent plus à un dialogue et un échange qu’à une confrontation technique. Chez TEXAS HEADHUNTERS, tout le monde tire dans le même sens pour atteindre la même cible. A la fois très roots et énergique, le trio sait aussi se montrer funky, Soul et plein d’émotion. Un modèle de complémentarité.

Sur ce premier opus éponyme, on sent déjà une machine bien huilée, tant au niveau du songwriting que de l’interprétation, bien sûr. Les Américains sont flamboyants, instinctifs, captivants et surgissent là où on ne les attend pas, même si leur Blues Rock est loin d’être approximatif. Au contraire, TEXAS HEADHUNTERS possède déjà une identité bien maîtrisée et s’impose habillement en surfant sur des références avec lesquelles il fait corps. Fun et rugueux, « Texas Headhunters », forme un tout que l’on se repasse à l’envie et avec délectation.

Photo : Daniel Sanda

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Hard Blues Southern Rock

Two Wolf : the Indian shadow

Son groove est inimitable, tout comme le son de sa basse. Véritable institution du Rock Sudiste dans sa branche la plus musclée, proche du Hard Rock, Greg T Walker fait un retour discographique marquant avec la première réalisation de TWO WOLF. Puissant et rebelle, le jeu du quatuor fait feu de toutes parts avec des duels guitaristiques éclatants, une rythmique sismique et trois chanteurs explosifs. La Floride reste une place forte du Southern Rock, version survoltée.

TWO WOLF

« Two Wolf »

(Cleopatra Records)

Il aura fallu une dizaine d’années au légendaire Greg T Walker pour fixer enfin un solide line-up à TWO WOLF. Et s’il dirige l’ensemble, il faut reconnaître qu’il s’est entouré de fines gâchettes, à savoir l’excellent Lance Lopez et le non-moins électrisant Kris Bell. Les deux guitaristes, qui mènent de solides carrières de leur côté, se partagent le chant avec le Floridien et surtout rivalisent de fougue et de fraîcheur sur des riffs sauvages et des solos où ils se répondent  brillamment dans une belle tradition sudiste respectée.

Derrière les fûts, c’est Rusty Valentine qui hypnotise le groove avec le patron et offre une belle dynamique à ce premier album éponyme. Cela dit, l’emblématique bassiste, passé chez Lynyrd Skynyrd et surtout fondateur de Blackfoot, ne reste pas très éloigné de sa formation originelle. En effet, TWO WOLF reprend « Too Hard To Handle » et « Diary of A Working Man » (issus de l’album « Marauder », sorti en 1981) et « Fox Chase » (« Tomcattin’ » – 1980) dans des variantes qui sentent la poudre et prennent ici un bon coup de jeune.

Outre l’envie très compréhensible de revisiter ces morceaux avec cette belle armada, Greg T Walker se montre toujours aussi impressionnant sur des titres composés par Kris Bell (« Will I Believe », « The Wrong Road », « Livin’ For Tomorrow ») Lance Lopez (« Romeo »), ou co-écrits (« Traveler » avec feu-Jackson Spires et « Great Spirit » avec R Luciano). Entre un Hard Rock brut et un Southern Rock intemporel, TWO WOLF traverse les générations et fait le pont entre l’héritage de Blackfoot et l’énergie d’un Black Stone Cherry avec classe.

Photo : Darin Back

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Desert Rock Psych Stoner Rock

Lorquin’s Admiral : desert butterfly

Donner un sens à sa musique et lui offrir une âme à travers un état d’esprit commun, cela semble avoir été l’objectif sous-jacent de LORQUIN’S ADMIRAL. Dans une atmosphère désertique, le Stoner Psych du combo sait se faire aussi flottant qu’appuyé, le tout dans une chaleur instrumentale enveloppante et une perception du groove, qui nous ferait presque oublier qu’un océan sépare les musiciens de cette formation atypique. Un premier essai qui en appelle d’autres…

LORQUIN’S ADMIRAL

« Lorquin’s Admiral »

(Argonauta Records)

On sait que Sons Of Alpha Centauri aime les collaborations et Yawning Sons en est un bel exemple. Cette fois, les Anglais se sont liés aux Américains d’Hermano pour fonder LORQUIN’S ADMIRAL. Et la rencontre est agréablement surprenante, car les chemins empruntés par les membres de deux formations renvoient autant aux ‘Desert Sessions’ qu’à un Stoner version Psych comme à certains travaux du regretté Mark Lanegan. Et si le quintet se montre ambitieux, le résultat est très largement à la hauteur de son talent.

Dans ce line-up cinq étoiles, on retrouve le couple Dandy (Fizz Fuzz) et Dawn Brown au chant (Hermano), Marlon King à la guitare (SOAC), Nick Hannon à la basse (SOAC) et Steve Earle à la batterie (Hermano). Et si l’on précise qu’ils sont passés aussi par Afghan Whigs, Luna Sol, Orquestra Del Desierto ou Fizz Fuzz, l’expérience ne manque pas chez LORQUIN’S ADMIRAL. Et à l’écoute de ce premier album éponyme, ils sont parvenus à trouver un nouveau terrain de jeu, sans faire dans le réchauffé, mais en innovant avec beaucoup d’élégance.

En guests, on retrouve également Dave Angstrom et Country Mark Engel aux guitares, qui viennent apporter beaucoup de volume et de relief aux morceaux. Sensible et aérien, le style des Anglo-américains présente une version assez légère de Stoner Rock, jouant sur les harmonies et de nombreuses combinaisons. Pour autant, LORQUIN’S ADMIRAL n’avance pas à l’aveugle et affiche même déjà une identité artistique personnelle évidente (« Could Have Been Forever », « The Lovely Things », « My Blue Life », « To Temptation »). Solaire !

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Rock 70's

Jade Elephant : Rock spirit

C’est avec beaucoup de feeling et de précision dans le jeu que JADE ELEPHANT surgit avec un premier opus abouti et séduisant. Inspiré par le grand dirigeable tout comme Creedence Clearwater Revival notamment, les Canadiens, qui n’ont pourtant pas connu cette période bénie, sont totalement imprégnés de cette culture vintage pleine de vibrations fortes qu’il remettent au goût du jour avec talent et dans la formule la plus épurée et sincère qui soit : le trio. Une énergie débordante sur dynamique authentique.

JADE ELEPHANT

« Jade Elephant »

(Independant)

Même s’ils sont encore tous les trois dans la vingtaine, ils nous rappellent au bon souvenir d’un Rock 70’s débridé et sauvage. Et si le nom de Led Zeppelin revient sans cesse en tête, JADE ELEPHANT réussit à trouver sa voie et affirmer sa touche sur ce premier album éponyme, qui en dit déjà long sur ses ambitions. Brut et organique, « Jade Elephant » est un recueil de dix morceaux bien structurés, efficaces et mélodiques qui, malgré leurs références évidentes, n’ont absolument rien de poussiéreux. 

Après avoir sorti « So Far » en novembre dernier, sur lequel figuraient déjà trois morceaux de ce long format, JADE ELEPHANT se lance donc dans le grand bain et le résultat est très convaincant. Produit et mixé par Russell Broom entre Langdon et Calgary en Alberta, « Jade Elephant » affiche exactement le son que l’on attend d’un tel disque. Farouche et massif, il reflète l’état d’esprit d’une certaine époque conjugué à la fougue de jeunes musiciens qui se surprennent à en prolonger le plaisir avec vigueur.

Le power trio se montre plein d’audace en ouvrant avec « That Much Is Clear », un titre qui commence de manière acoustique pour se conclure par un solo électrisant. Ensuite, JADE ELEPHANT poursuit sur sa lancée et s’enflamme sur « Bad Thing », « I Got Time », « Zombie », « Pay The Piper » et « Hallway Dark ». Sans révolutionner le genre, le groupe l’oxygène à sa façon et avec la manière. Voir la nouvelle génération reprendre le flambeau avec autant de classe et d’enthousiasme est un ravissement.

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Hard Rock

Malvada : Rock do Brazil

La scène brésilienne est plutôt foisonnante et si le Metal extrême domine toujours, le Rock et le Hard Rock commencent à pointer le bout du nez avec des formations qui sortent du lot. C’est le cas avec MALVADA, quatuor entièrement féminin qui livre son deuxième opus avec plein de certitudes et une assurance désormais acquise. Avec « Malvada », le ton est ferme et tendre à la fois et montre que le groupe est capable d’alterner les ambiances avec force et de manière très fluide.

MALVADA

« Malvada »

(Frontiers Music)

Les quatre musiciennes ne manquent pas de tempérament. Pour preuve, elles ont fondé MALVALDA à l’aube de la pandémie en mars 2020. L’année suivante, elles enchaînent avec deux singles, « Mais Um Gole » et « Cada Escolha Uma Renúncia», d’ailleurs tous deux chantés en portugais. Logiquement, « A Noite Vai Ferver », leur premier album sort dans la foulée et celui-ci va leur ouvrir de nombreuses portes, notamment celles des plus grands festivals brésiliens dans lesquels elles partagent l’affichent avec des stars internationales de gros calibre.

Ces deux années à écumer leur pays sont parvenues jusqu’aux oreilles du label italien Frontiers Music, qui les signe fin 2023. Dès lors, MALVADA va peaufiner ses compos et y mettre du volume. Un peu à la manière des Mexicaines de The Warning, son registre se muscle et son Rock des débuts flirte sans ambigüité avec un Hard Rock à la fois solide et mélodique. Et l’autre particularité du combo est aussi de continuer d’alterner le chant entre sa langue maternelle et l’anglais sur ce nouvel effort éponyme. Et il n’y a absolument rien de déroutant à son écoute, bien au contraire.

D’entrée de jeu, MALVADA balance du gros riff et un refrain entêtant sur un « Down The Wall » assuré et costaud. Indira Castillo (chant), Bruna Tsuruda (guitare), Juliana Salgado (batterie) et Rafaela Reoli (basse) ont su développer un style bien à elles à travers des morceaux où elles soufflent le chaud et le froid, alternant des titres bien rentre-dedans (« After », « Bulletproof ») avec des ballades et power-ballades plutôt bien senties (« Como Se Fosse Hoje », « So Sweet », « I’m Sorry »). « Malvada » est une deuxième réalisation franchement séduisante et convaincante.

Photo : Caike Scheffer

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Classic Rock Southern Rock

The Speaker Wars : rockin’ peace

Faire dans la nouveauté à Nashville n’est pas l’exercice le plus facile, c’est vrai. Cependant, élever le niveau et produire un album de qualité en jouant sur une monumentale expérience et un talent qui n’est plus à prouver depuis longtemps est largement dans les cordes de THE SPEAKER WARS. Son Classic Rock teinté de Southern ne souffre d’aucune faille et le plaisir des protagonistes s’entend même sur chaque chanson. « The Speaker Wars » est de ces disques à mettre entre toutes les mains.

THE SPEAKER WARS

« The Speaker Wars »

(Frontiers Music)

Il y a des rencontres qui font des étincelles et qui semblent même être le fruit du destin. Celle entre le songwriter texan Jon Christopher Davis et l’emblématique Stan Lynch en fait clairement partie. Pour rappel, ce dernier est membre du Rock And Roll Of Fame, a fondé les célèbres Heartbreakers de Tom Petty avec qui il a œuvré durant deux décennies avant d’écrire, avec succès, pour des artistes comme les Eagles, Don Henley, The Byrds, Toto ou The Fabulous Thunderbirds. Les bases sont donc solides chez THE SPEAKER WARS.

Les deux compositeurs se sont rapidement attelés à l’écriture, à Nashville, puis se sont mis en quête de musiciens. Aux côtés de Jan Michael Smith (guitare), Brian Patterson (basse), Steve Ritter (percussions) et Jay Brown (claviers), Jon Christopher Davis a pris le micro et Stan Lynch retrouve enfin sa batterie avec un sens du groove imparable. Autant dire que ça ronronne et nos deux têtes pensantes ont fait de THE SPEAKER WARS un groupe vraiment efficace et dont ce premier album éponyme ne devrait être qu’un début.

C’est à Denton, Texas, que le sextet a enregistré ce très organique « The Speaker Wars » d’où émane une douce nostalgie, celle d’un Classic Rock entre tradition et saveurs sudistes. Et si l’on retrouve quelques références notables, THE SPEAKER WARS tire magnifiquement son épingle du jeu. Après une entame très Rock et relevée, les Américains présentent une seconde partie plus Southern avec émotion et sur des mélodies entêtantes (« It Ain’t Easy », « Never Ready To Go », « When The Moon Cries Wolf », « Sit With My Soul »). Savoureux !

Photo : Michelle Ganeles

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Heavy Stoner Rock

Mandy Manala : through the darkness

Dense et captivant, ce premier effort des Scandinaves risque de mettre tout le monde d’accord. Epais, mais agile, leur Stoner tire autant sur un Rock très ferme que sur un Metal tranchant. Avec une frontwoman exaltante qui donne le ton avec vigueur et détermination, MANDY MANALA défie le Heavy avec beaucoup de classe et une envie contagieuse. Ténébreux à souhait, le groupe reste d’une vivacité exemplaire et monte dans les tours au fur et à mesure du disque. Une bonne grosse claque !

MANDY MANALA

« Mandy Manala »

(Octopus Rising)

Lorsqu’on sort un premier album d’une telle qualité, c’est qu’il y a forcément une raison. Et même si MANDY MANALA ne s’est formé qu’en 2021, ses membres œuvrent déjà sur la scène finlandaise depuis une vingtaine d’années dans des groupes comme ELD, Lords Of Chernobyl, Rock Fuel et MotörCünt. Et cette expérience acquise au fil des ans se ressent pleinement sur cet opus très complet et d’une grande richesse musicale. Les neuf titres sont consistants, véloces et dégagent une atmosphère presque occulte, qui lui confère un agréable aspect vintage.

Pour autant, le Heavy Stoner Rock de MANDY MANALA s’inscrit dans son temps, malgré un côté classique qu’il revisite avec brio. L’identité sonore est très vite évidente et on la doit en partie à la présence hypnotique et puissante de Christa Nedergård. L’assurance et la force vocale de la chanteuse transcendent littéralement l’ensemble, grâce à des refrains entêtants et des textes très soignés. Mais c’est l’équilibre du quintet qui donne à « Mandy Manala » cette impression massive et cette énergie intense, qui se diffusent si librement et de manière brute et enveloppante.

Hyper-Rock dans l’approche, tout en ne se refusant pas de belles embardées Metal, MANDY MANALA se distingue aussi grâce à deux guitaristes très complémentaires, une basse très fuzzy, un batteur costaud et des arrangements bien pensés. Tout en nuances, l’esthétique des morceaux montre beaucoup de maturité et les vibrations souvent sombres nous emportent rapidement (« Stillborn », « From Whence You Came », « May Queen », « The Dark Passager », « War Drums », « The Lighthouse » et le génial « When We Rode Out To War »). Une entrée en matière saisissante.

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Blues Chicago Blues Shuffle Blues

Big Dave & The Dutchmen : so true

100% Benelux, le nouveau projet de BIG DAVE et de ses DUTCHMEN va ravir les amoureux du Blues made in Chicago et les replonger au milieu du siècle dernier dans les clubs enfumés de la célèbre cité de l’Illinois, l’oreille en alerte et le sourire aux lèvres. Tout en respectant cette tradition Shuffle, Gospel et Boogie, où de superbes ballades se frayent leur chemin, « Big Dave & The Dutchmen » va plus loin que le simple hommage, il perpétue le style avec un respect infini. Vibratoire, chaleureux et authentique, la torpeur de la production finira aussi par vous emporter.

BIG DAVE & THE DUTCHMEN

« Big Dave & The Dutchmen »

(Donor/Naked)

Enivrant par sa voix de velours et captivant grâce à un harmonica jamais bien loin, Big Dave Reniers chante le Blues en y mettant toute son âme. Il y a deux ans maintenant, celui qu’on connaît surtout pour ses prestations et sa discographie avec Electric Kings et Dizzy Dave Band s’est lancé un nouveau défi artistique, de haut vol comme il se doit, avec BIG DAVE & The DUTCHMEN. Car, c’est un peu plus au Nord, en Hollande, qu’il est allé chercher ses musiciens. Et le casting impressionne sur le papier avant même de poser une oreille sur ce chaleureux premier album éponyme de la formation.

Accompagné par Mischa den Haring (T-99, Chung Kings) à la guitare, Roel Spanjers (Luther Allison, Smokey Wilson) aux claviers, ainsi que Dusty et Darryl Ciggaar (The Rhythm Chiefs, Dry Riverbed Trio) à la basse et à la batterie, le chanteur belge s’est assuré d’évoluer avec un groupe de musiciens experts et incontournables de la scène Blues roots européenne. Alors, forcément BIG DAVE & THE DUTCHMEN se présente dans une configuration vintage, propre au Chicago Blues, dont il restitue l’atmosphère avec brio. Pour autant, si l’esprit est ancré dans celui des années 50/60, l’ensemble sonne très contemporain.

Et cette intemporalité musicale a été captée en seulement deux jours à Anvers au Rabbit Field Studio sous la houlette de Stef Kamil Carlens (Zita Swoon, Moondog Jr.), une prouesse autant qu’une évidence. L’énergie est brute, le feeling imparable, l’émotion à fleur de peau et, outre une maîtrise évidence de son sujet, BIG DAVE & THE DUTCHMEN impose sa patte et son jeu au cœur d’une tradition toujours aussi vibrante et hyper-groovy (« Never Love Again », « Daring Haring », « Trouble Of The World », « So Sweet »). Et la très organique production y est aussi pour beaucoup dans la beauté de ce bel opus. Irrésistible !

Photo : André Dieterman

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Classic Rock Hard 70's

The Damn Truth : truth serum

Il y a des rencontres qui font des étincelles et, d’une côte à l’autre, le Canada a permis la connexion entre THE DAMN TRUTH et le producteur Bob Rock, qui s’est totalement reconnu dans la musique du combo. Grâce à de belles guitares, une rythmique groovy et une frontwoman qui a gagné en assurance, la formation de la Belle Province fait le pont entre un Hard Rock 70’s et des sensations très contemporaines avec beaucoup de saveurs et un plaisir palpable.

THE DAMN TRUTH

« The Damn Truth »

(Spectra Musique)

Il y a quatre ans, THE DAMN TRUTH faisait exploser son plafond de verre montréalais avec « Now Or Nowhere », un troisième album qui l’a révélé et l’a mené un très long moment sur les routes. Il faut reconnaître que les Québécois avait frappé fort avec une version très actuelle et pleine d’audace de Classic Rock, le tout produit par le grand Bob Rock qui n’avait pas hésité un instant à appliquer sa propre recette sur des morceaux entêtants et particulièrement enthousiastes. Et ils sont aujourd’hui tous de retour avec la même envie.

Enregistré à Vancouver dans les Warehouse Studios de Bryan Adams sur une période de deux mois, « The Damn Truth » se révèle comme la réalisation la plus aboutie du quatuor et si elle est éponyme, c’est aussi parce qu’elle le représente et le définit le mieux. Accrocheurs, mélodiques et hyper-Rock, les onze titres sont d’une énergie fulgurante. Même si la guitariste et chanteuse Lee-La Baum fait de plus en plus penser à Beth Hart dans sa façon de chanter haut, THE DAMN TRUTH impose une réelle identité.

Déjà convaincant sur les quatre singles sortis (« Love Outta Love », « I Just Gotta Let You Know », « The Willow » et « Better This Way »), le groupe dévoile de nouvelles facettes de son jeu et l’excellent travail effectué sur le son apporte puissance et relief à l’ensemble. Sensible sur la power-ballade « If I Don’t Make It Home » ou plus frontal sur « Addicted », THE DAMN TRUTH brille par la qualité du songwriting et des arrangements. Avec ses sonorités familières et fédératrices, « The Damn Truth » modernise le Hard Rock… vintage !

Photo : Natali Ortiz

Retrouvez l’interview du groupe en 2021 à la sortie de « Now Or Nowhere »…

… Et la chronique de l’album :