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Mike Zito : the Blues cure

C’est en s’immergeant dans ce Blues qu’il connait si bien que MIKE ZITO a décidé de conjurer la peine causée par la récente perte de sa femme. Avec « Life Is Hard », il revisite un répertoire plein d’émotion, bien sûr, et où la souffrance se mêle à l’espérance avec beaucoup de classe. Avec une honnêteté tellement perceptible, le musicien chante et fait sonner sa guitare avec le talent qu’on lui connait. Les frissons traversent les morceaux sur ce vibrant hommage, qui met aussi beaucoup de baume au cœur.

MIKE ZITO

« Life Is Hard »

(Gulf Coast Records)

Quelques mois après le décès de sa femme, MIKE ZITO revient avec un disque magnifique. Si certains pourraient penser que c’est rapide, il faut savoir qu’il avait scellé un pacte avec son épouse, lui promettant de continuer à faire ce qu’il fait de mieux : du Blues. Ainsi, deux ans après « Blues For The Southside » et plus récemment l’excellent « Live In Canada » des Blood Brothers avec son compagnon de toujours Albert Castiglia, le guitariste et chanteur présente « Life Is Hard », un retour en piste touchant, émouvant et aussi plein d’optimisme.

Pour le soutenir dans son effort et l’aider à traverser cette épreuve, MIKE ZITO a pu compter sur Joe Bonamassa et Josh Smith, qui ont produit l’album et sur lequel ils jouent également quelques parties de guitares. Une belle preuve d’amitié entre les trois bluesmen. Sûrement peu enclin à se lancer dans l’écriture d’une production complète, « Life Is Hard » est constitué pour l’essentiel de reprises, superbement adaptées, de chansons souvent douloureuses, mais pleines d’espoir. Et finalement, cet opus a quelque chose de réconfortant et de réparateur. Une sorte de thérapie.

Brillamment accompagné par les redoutables Reese Wynans (claviers), Calvin Turner (basse), Lemar Carter (batterie) et d’incroyables choristes, MIKE ZITO se montre lumineux dans son jeu de guiatre et au chant. Il signe d’ailleurs « Forever My Love » et « Without Loving You », deux des titres phares de « Life Is Hard », l’emblématique chanson de Fred James dont l’Américain signe une superbe cover. Puis, il enchaîne avec des morceaux de Little Milton, Tinsley Ellis, Tab Benoit, du révérend Gary Davis ou encore Stevie Wonder tout en Blues. Un bijou !

Retrouvez d’autres chroniques d’albums de MIKE ZITO :

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Blues International

The Cinelli Brothers : l’ambiance du Blues [Interview]

Si les nationalités se côtoient aussi naturellement chez les CINELLI BROTHERS, c’est probablement dû à un amour commun pour le Blues, bien sûr, mais cela va bien au-delà. Avec l’indépendance chevillée au corps, le quatuor italo-anglo-français livre déjà son quatrième album, « Almost Exactly », dont le titre parle de lui-même avec cet état d’esprit si particulier. S’ils échangent leurs instruments à l’envie, c’est avec une authenticité palpable que le groupe a imposé sa patte au fil des disques. Entretien avec Marco Cinelli (chant, guitare, claviers), principal compositeur et producteur, et à l’humour so british…

Photo : Anna Polewiak

– Tout d’abord, j’aimerais vous demander si la nationalité du groupe importe encore pour vous lorsque celui-ci se compose de deux Italiens, d’un Anglais et d’un Français ? Sachant en plus que vous êtes basés à Londres…

A ce stade, nous pouvons tous nous fondre dans la nationalité écossaise. Personne n’est écossais, mais l’Ecosse est un concept dans lequel chacun a des points communs les uns avec les autres.

– Est-ce que, finalement, ce n’est pas ce mélange de cultures qui fait que vous vous soyez retrouvés tous les quatre autour de la musique américaine si naturellement ?

Tu l’as dit. J’ai toujours pensé que le mélange de personnalités différentes, liées également à la différence de nos origines, rendait la soupe plus originale en goût. Comme le Blues.

– Vous venez de sortir « Almost Exactly », votre quatrième album, et vous êtes partis l’enregistrer aux Etats-Unis, à Woodstock, avec le grand Rich Pagano qui le co-produit également. Qu’est-ce qui vous a poussé à traverser l’Atlantique ? C’était une façon de vous rapprocher de vos racines musicales ?

C’était et c’est le rêve de nombreux jeunes groupes européens comme nous. Aller en Amérique – aller à Woodstock ! – dans un grand studio d’enregistrement, pour produire et  sortir un album qui sent bon les étoiles et les sillons. Waouh ! C’était presque comme si même la réalité des faits ne pouvait saper la beauté de ce rêve innocent. Le fait est qu’en Amérique, il existe toujours un vif intérêt pour la production discographique. Je dirais en fait qu’en Europe, il existe un vif intérêt pour ce qui se passe en Amérique.

Photo : Anna Polewiak

– Malgré de multiples récompenses et de nombreuses tournées, vous n’êtes pas signés sur un label après quatre albums. Pourtant, j’imagine que les sollicitations ne doivent pas manquer. Vous souhaitez simplement garder votre indépendance et une certaine liberté, ou vous n’avez pas eu d’offres suffisamment intéressantes ?

Je dois malheureusement admettre que nous n’avons pas eu l’offre qui nous ferait arrêter de faire ce que nous faisons sans l’aide de qui que ce soit. Nous avons eu des histoires, nous avons fait des choix et le résultat est le groupe aujourd’hui. Nous ne regrettons rien et nous ne changerions rien au passé, non plus. Un jour, viendra l’offre que nous ne pouvons refuser. Nous nous préparons à ne pas l’accepter.

– Revenons à « Almost Exactly », vous avez co-écrit les chansons pour la première fois, et surtout on y décèle un côté plus Pop et peut-être plus roots aussi. Vous aviez des envies de changement, ou c’est une évolution assez naturelle de votre musique ?

Nous ne pensons jamais en termes de changement de musique. Quand nous composons, nous faisons simplement notre truc. Je dirais donc certainement que nous évoluons naturellement vers autre chose. Si c’est plus Pop, ou plus ‘vert’ plutôt que ‘bleu’, c’est à vous de décider. Je suis heureux quand les gens s’intéressent à notre musique et soulèvent toutes ces questions sur le changement de style, etc… Pour nous, cela n’a pas changé du tout depuis le début. PEUT-ÊTRE, juste un tout petit peu, OK !

Photo : Anna Polewiak

– Cela dit, cette authenticité très Blues est toujours autant alimentée de Soul et de R&B dans des couleurs fidèles aux 60’s et 70’s. Ca, c’est une chose qui ne changera jamais chez THE CINELLI BROTHERS ?

Ne jamais dire jamais. Quand les gens commenceront à exiger une musique type pour les CINELLI’S, j’essaierai sérieusement de comprendre pourquoi dans un premier temps, puis j’envisagerai la possibilité de changer le son dans ce sens. Nous avons un bluesman dans le groupe (Tom Julian Jones), un Rock Soul (Stephen Giry) et un jazzman (mon frère Alessandro). Les éléments peuvent être mélangés pour toujours et auront un son vintage pour certains et nouveau pour d’autres. L’harmonica est l’instrument du Blues, donc tant qu’il y en aura dans notre musique, le ‘facteur’ Blues sera toujours là, je pense. Moi, je ne suis qu’un clown, là au milieu…

– Par ailleurs, « Almost Exactly » contient des sonorités Southern et même Country Blues et Gospel. Est-ce à dire que vous considérez le Blues au sens large du terme comme un vaste terrain de jeu aux possibilités infinies ?

Le Blues n’est pas un genre, c’est une ambiance. C’est un style de vie, apparent ou réel. Une chose peut cependant paraître ‘bluesy’, si vous chantez la gamme pentatonique avec plus ou moins d’émotion. Je suppose que nous avons l’air bluesy, car il y a beaucoup de gammes pentatoniques dans ce que nous faisons. Nous nous inspirons de ces rythmes qui étaient populaires il y a un demi-siècle. Si une chose est plus Country, ou Gospel, cela dépend du contenu des paroles ou des sons. La délivrance est toujours la même. Mais le Blues porte l’ambiance, c’est sûr.

Photo : Anna Polewiak

– Prochainement, vous allez venir en France pour une belle série de concerts. En dehors de votre guitariste Stephen, est-ce que vous entretenez une relation particulière avec notre pays, qui est aussi une belle terre d’accueil pour le Blues ?

Bien sûr que nous le faisons. Il n’y a rien de plus gratifiant que d’entretenir une relation avec chaque pays dans lequel nous nous produisons. La France est un beau pays plein de gens enthousiastes. La nourriture et la vigne sont excellentes et les musiciens sont parmi les meilleurs. Elle nous a toujours très bien traités, nous ne pouvons que lui rendre la pareille en vous traitant également bien.

– Pour conclure, il n’y a pas que votre musique qui soit très soignée, votre look vintage l’est tout autant. Cela fait partie intégrale de l’univers de THE CINELLI BROTHERS, ou plus simplement de votre quotidien ?

Nous jouons un rôle dans le groupe. Nous sommes des artistes et il n’y a rien de mal à le dire. Quand le style que vous mettez sur scène vous va parfois bien dans la vraie vie, c’est là qu’on se fait ‘cinellier’. Personnellement, j’ai tendance à m’habiller très mal, trop coloré, hors-concours, criard et tout le reste. Tu imagines donc bien que le défi d’apporter un tel style dans le groupe et de convaincre les trois autres n’était pas si grand !

Le nouvel album de THE CINELLI BROTHERS, « Almost Exactly » (Inouie Distribution), est disponible sur le site du groupe avec toutes infos et notamment leurs concerts à venir :

http://www.cinellibrothers.com/

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Blues Southern Blues

Tinsley Ellis : aux origines

Véritable guitar-hero du Blues, TINSLEY ELLIS est allé s’installer sur les rives du Mississippi pour composer l’essentiel de « Naked Truth », qui contient aussi trois reprises qu’on peut très facilement d’ailleurs qualifier de remerciements. Produit par ses soins, à l’exception d’une chanson par son voisin Eddie 9V, ce nouvel opus le dévoile, pour la première fois en plus de 40 ans de carrière, dans un  registre très épuré et acoustique. Une façon simple et évidente d’explorer un Folk Blues mâtiné de Country Blues avec une élégance toute naturelle.   

TINSLEY ELLIS

« Naked Truth »

(Alligator)

Habituellement plutôt échaudé à un Blues enflammé et flamboyant, c’est en toute intimité que TINSLEY ELLIS se présente cette fois avec un album qui lui tient à cœur depuis de longues années et qu’il a enfin pris le temps de réaliser. Intimiste donc, même si l’on retrouve toujours cette ardeur légendaire, « Naked Truth » est le 21ème album du bluesman et il est entièrement acoustique. Le musicien basé à Atlanta s’est imprégné d’un Folk-Blues très traditionnel, qui puise ses racines chez Muddy Waters, Robert Johnson ou encore Skip James. Une plongée dans ce que l’Amérique a de plus profond et emblématique. 

Avec ce disque, dont le titre parle de lui-même, on ne met pourtant pas bien longtemps à retrouver la vigueur et la passion de TINSLEY ELLIS à l’œuvre sur ces morceaux récemment composés, auxquels s’ajoutent trois reprises pour le moins significatives de son parcours. Enregistré dans des conditions live, le songwriter est simplement accompagné d’une Martin de 1969 offerte par son père et d’un dobro National Steel O Series de 1937, les amateurs de cordes scintillantes apprécieront… Entre slide et picking, ce n’est pas tant la technique qui impressionne ici, mais surtout ce côté sans fard et d’une extrême fluidité. 

Toujours très appliqué bien sûr, il plane cependant un air de récréation sur « Naked Truth » où la joie de jouer, et de finalement se laisser guider par les morceaux, jaillit des doigts de TINSLEY ELLIS. Il s’amuse et l’on devine son sourire. Majestueux sur les covers de Son House (« Death Letter Blues »), Willie Dixon (« Don’t Go No Further ») et du grand Leo Kottke (« The Sailor’s Grave On The Prairie »), il brille sur « Devil In The Room », qui ouvre le bal sur un rythme d’enfer. Délicat sur les instrumentaux « Silver Mountain », « Alcovy Breakdown » et « Easter Song », l’Américain est impérial de bout en bout (« Windowpane »).

Photo : Kirk West

Retrouvez la chronique de son album précédent :

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Blues

Louis Mezzasoma : bumpy Blues

On pourrait facilement énumérer les artistes qui ont forgé la culture musicale de LOUIS MEZZASOMA, c’est assez évident, mais ce serait sans compter sur l’originalité et la personnalité artistique à l’œuvre dans son répertoire. Toujours aussi variée et chaleureuse, cette quatrième réalisation du musicien du Forez l’élève un peu plus parmi les plus créatifs de l’hexagone. « Good Or Bad Time » s’écoute en boucle.

LOUIS MEZZASOMA

« Good Or Bad Time »

(Le Cri Du Charbon)

Le Stéphanois avait déjà attisé ma curiosité avec « Mercenary », son troisième album sorti en 2021. Très authentique et direct, LOUIS MEZZASOMA accueillait pour la première fois un batteur-percussionniste, alors qu’il évoluait jusqu’alors en one-man-band. Pour « Good Or Bad Time », c’est dans une formule en trio que le bluesman présente onze nouveaux titres. Alors, si son ‘Dirty Old Blues’ a pris du volume, l’intention est toujours la même,  tout comme sa démarche qui reste d’une sincérité absolue.

Et ce nouveau line-up a même de quoi surprendre. Bien sûr, LOUIS MEZZASOMA est au chant, aux guitares, au banjo et joue de son Diddley Bow personnel, qui lui fait remonter aux origines du style. A ses côtés, pas moins de deux batteurs qui assurent aussi les chœurs : Arthur Parmentier et Hugo Etay Mora. Sur les textes du multi-cordiste, le groupe a composé ensemble les chansons sur lesquelles intervient également Brice Rivey au violon et au banjo. Un beau travail d’équipe où le songwriter semble s’épanouir.

Musicalement toujours aussi épuré, LOUIS MEZZASOMA navigue dans des atmosphères Southern, où il continue sa recherche du Blues originel qu’il parcourt pourtant avec talent. Traversant la Folk, la Country et le Rock, son jeu poursuit une même direction entre ballades et morceaux plus enlevés et électrisants, porté par un esprit roots à la fois serein et exacerbé (« Funny Boy », « Decent Man », « Lucky Tim », « Cloudy Day », « Corruption »). Aussi moderne qu’intemporel, « Good Or Bad Time » s’inscrit dans une belle tradition.

Retrouvez l’interview de LOUIS MEZZASOMA accordée à la sortie de « Mercenary » :

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Southern Rock

Blackberry Smoke : une tradition intacte

Pionnier de cette nouvelle génération de formations Southern à s’être émancipée d’un certain public pour en conquérir d’autres, BLACKBERRY SMOKE prouve, s’il était encore nécessaire, qu’il est ce grand représentant d’une musique typiquement sudiste qui vit, bouillonne et rayonne dorénavant comme au temps des Lynyrd Skynyrd, Allman Brothers Band, 38 Special et autres Molly Hatchet. « Be Right Here » est entraînant, joyeux, électrique, brut et d’une ferveur aussi palpable que confiante. Une réussite totale !

BLACKBERRY SMOKE

« Be Right Here »

(3 Legged Records/Thirty Tigers)

Avec « Your Hear Georgia » en 2021, BLACKBERRY SMOKE avait laissé beaucoup de fans sur leur faim, tant la déception fut grande. Cela n’a pas remis en question la grande qualité de ses prestation scéniques et encore moins celle de sa discographie, mais cela avait dévoilé certaines limites créatives. Cela dit, on peut aussi se dire qu’il ne s’agissait que d’un simple coup de mou, comme cela arrive chez la majorité des groupes. Car « Be Right Here » vient remettre quelques pendules à l’heure, et avec la manière. Techniquement imparable, le groove et les mélodies sont au rendez-vous, au même titre que l’inspiration et le feeling.

BLACKBERRY SMOKE retrouve ici son Southern Rock, le vrai, celui qui est gorgé de Country, de Blues et d’Americana. Et ce retour à une authenticité dissoute sur le précédent album donne cette belle sensation de liberté retrouvée, cette légitimité qui fait la force des Américains et qui les a très justement désignés comme le renouveau du Rock Yankee, après des années 70 désormais lointaines. Etonnamment, même le producteur Dave Cobb (Chris Stapleton, Jason Isbell), grand habitué et faiseur de disques très mainstream, est parvenu à rendre au groupe, avec « Be Right Here », ce son live et spontané, qui le rend si identifiable.

Enregistré entre Nashville et Savannah en Georgie, ce huitième opus dégage une sincérité que cette apparente simplicité rend immédiatement positive. Au chant, Charlie Starr surfe sur un groove roots et enthousiaste et donne brillamment le change à Paul Jackson avec qui il forme un somptueux duo de guitaristes. De « Dig A Hole » à « Barefoot Angel”, en passant par « Don’t Mind If I Do », « Little Bit Crazy », « Like I Was Yesterday » ou les plus délicats « Other Side Of The Light », et « Whatchu Know Good », BLACKBERRY SMOKE n’a pas à se forcer pour exceller dans un registre qu’il incarne autant qu’il le respire… à pleins poumons !

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Thomas Frank Hopper : génération crossover [Interview]

THOMAS FRANK HOPPER fait partie de cette génération d’artistes qui s’est nourrie d’un vaste spectre musical, et qui a su en garder le meilleur. Résolument Rock dans ce qu’il a de plus ‘Classic’, à savoir les bases posées dans les 70’s et qu’il a fortement modernisé, le Belge évolue pourtant dans un Blues nerveux et actuel. Avec « Paradize City », son dernier album en date, le guitariste et chanteur revitalise un genre, qui fait d’ailleurs son retour sur le devant de la scène. Entretien avec un passionné de musique, bien sûr, et aussi d’instruments et à l’univers très personnel.     

Photo : Nathalie Paesmans

– Avant de parler de « Paradize City », j’aimerais que l’on revienne sur ton parcours, qui n’est pas vraiment linéaire. Avant de te lancer en solo, tu as joué notamment dans Cheeky Jack que tu avais fondé et dans un registre plus Pop. Avec le recul, tu penses que c’était une sorte de tremplin ?

Tout d’abord, merci de m’accorder cette interview. Il est important que les artistes ‘locaux’ aient accès à différents médias pour s’exprimer. Merci donc à toi !

Donc, oui, absolument. Cheeky Jack a été mon premier groupe avec lequel je me suis fait les dents. Nous étions six musiciens et ce fut une grande expérience pour moi. Nous étions jeunes à l’époque, avec des désirs différents les uns des autres. A la fin, les tensions étaient trop palpables et, personnellement, je ne me retrouvais plus trop dans le style que nous jouions sur scène (une espèce de Pop-Rock plutôt groovy). Mais j’en garde un bon souvenir.

– Ensuite, il y a eu l’EP « No Man’s Land » et l’album « Searching Lights ». La direction musicale était encore différente. Cela t’a paru complexe de trouver ton style ? Tu as ressenti le besoin d’expérimenter encore un peu plus et dans divers courants musicaux ?

Pour moi, ce sont des essais. Sortes d’ébauches pour trouver ma voie. J’en parle rarement, car elles ne correspondent pas vraiment à ce que je propose à mon public aujourd’hui. A l’époque, je n’avais pas vraiment trouvé mon style, ni même les musiciens dont j’avais besoin. J’ai travaillé avec plusieurs artistes d’horizons très différents. Par conséquent, ces deux compilations musicales sont un ‘mach-up’ de plusieurs compositions très variées. Cela m’a permis de trouver ma véritable identité musicale.

Photo : Loreta Mander

– J’ai pu lire que c’est un voyage au Pays de Galles qui a en quelque sorte révélé, ou réveillé, ton identité musicale. En dehors de la découverte de la guitare Weissenborn, dont on reparlera, en quoi le pays a-t-il déclenché en toi le besoin de composer une musique plus roots et surtout plus authentique ?

Je ne pense pas que ce soit le Pays de Galles en tant que tel qui ait éveillé mon identité musicale. Je pense que c’est le voyage en lui-même. Dans ma famille, nous avons tous la bougeotte. Mes sœurs et moi aimons voyager. Et nous avons beaucoup bourlingué. C’est un héritage que mes parents nous ont légué depuis que je suis né. Ils nous ont toujours emmenés dans leurs périples, en Afrique notamment. Ma mère y travaillait alors comme institutrice et mon père en tant qu’ingénieur-architecte.

Et dans ma vingtaine, j’avais l’habitude de partir seul avec mon sac à dos pendant des semaines, en auto-stop, pour me perdre dans des contrées inconnues. Je pense sincèrement que nos voyages dans cette vie ne sont pas aléatoires ou désordonnés. Au contraire, ils sont tissés de manière complexe, nous menant aux endroits et aux gens que nous sommes destinés à rencontrer. Chaque personne que nous rencontrons, chaque expérience que nous vivons avec d’autres, ou seul dans la nature, nous façonnent et donne un sens à notre vie.

Photo : Yves Maquinay

– Est-ce que c’est ce ‘déclic’ qui t’a plongé plus profondément dans le Blues, le Classic Rock et le Blues Rock, ou est-ce que c’est une culture musicale que tu possédais déjà ?

Quand j’étais enfant, dans la voiture de mon père, j’écoutais déjà le Blues de Lightnin’ Hopkins ou de Ray Charles, mais également le Rock de Supertramp, The Rolling Stones, Janis Joplin, The Doors, Pink Floyd ou Genesis. Alors bien sûr, aujourd’hui encore, je suis inspiré par ces formidables musiciens. Cela dit, je dois bien avouer que le Rock n’a jamais cessé de battre dans mon cœur depuis le jour où j’ai découvert « Nevermind » de Nirvana, seul dans ma chambre d’adolescent sale et désordonnée. Je fais partie de cette génération ‘crossover’, où les styles musicaux se sont fortement mélangés, parfois avec des résultats surprenants. Adolescent, j’ai donc beaucoup écouté des groupes légendaires comme Led Zeppelin, Aerosmith, Guns N’Roses et des artistes comme John Butler, Ben Harper, Alanis Morissette, Sheryl Crow ou Lenny Kravitz. Mais également des groupes comme RHCP, Foo Fighters, Limp Bizkit, Blink 182, NOFX, System Of A Down, RATM ou même Deftones. Ainsi que quelques groupes de Rock français comme Noir Désir, Louise Attaque ou Mathieu Chedid. Quel que soit le style, tous ces musiciens ont contribué à nourrir ma passion, et certains d’entre eux m’inspirent encore énormément aujourd’hui. C’est pour cela que je définis ma musique comme un véritable ‘Crossover’ entre du Blues et du Rock.

– Parlons de cette fameuse et galloise Weissenborn, qui s’apparente à une lapsteel. Est-ce que c’est un type d’instrument que tu avais déjà pratiqué, toi qui est guitariste ?

Comme je le disais, j’ai beaucoup voyagé. Et une année, je me suis donc retrouvé au Pays de Galles. Par hasard, je suis tombé sur une famille de luthiers, qui fabriquait des Weissenborn. Cela m’a rappelé que certains des artistes que j’ai toujours admirés utilisaient, et utilisent encore, cet instrument incroyable, dont le son m’est si cher. Je suis revenu en Belgique avec une Weissenborn sur le dos. Et depuis, elle ne me quitte plus. Je ne cesse d’apprivoiser cet animal mystérieux.

– Par rapport à une guitare classique, en quoi l’approche est-elle différente pour toi ? Elle te permet d’explorer des sonorités particulières qui manquaient jusqu’alors à ton registre ?

En réalité, la Weissenborn est une marque hawaïenne de guitares en bois de koa, un bois originaire d’Hawaï justement. Personnellement, j’utilise peu la Weissenborn sur scène. J’utilise plus la lapsteel électrique. Mais que ce soit la lapsteel ou la Weissenborn, j’adore le son que cela produit et la façon dont la Steelbar glisse sur les cordes. On ne pince pas les cordes ici, on fait glisser la steelbar dessus, ce qui donne le côté slide. Et effectivement, les couleurs que cela produit sont différentes d’une guitare classique. Et j’adore !

– Pour l’anecdote, je t’ai vu jouer sur une lapsteel conçue sur une planche de skateboard. Quelles sont les sensations que cela procure, car c’est plutôt insolite ? Et est-ce que, dans un autre registre, tu fais un parallèle avec la cigarbox ?

L’instrument a été fabriqué par un ami luthier dans son atelier de Bruxelles, Rafael Van Mulders (Jug Instruments). C’est un instrument inhabituel, en effet. Avant de devenir un instrument de musique, cette planche a été utilisée comme skateboard. Véridique ! C’est en quelque sorte une seconde vie qu’on lui donne ici. Les gens sont toujours intrigués lorsque je l’utilise sur scène. J’ai décidé de l’appeler la ‘lapboard’, car c’est un mélange entre la lapsteel et le skateboard. Par ailleurs, j’aime beaucoup la cigarbox que j’utilise d’ailleurs dans un des titres du nouvel album, « April Fool ». Et en effet, le son de ma lapboard est très proche de celui d’une cigarbox, même si je trouve qu’il est plus complet.

Photo : Loreta Mander

– « Paradize City » est sorti il y a quelques semaines et il donne l’impression que tu as réalisé l’album qui te ressemble sans doute le plus. Il marie un Classic Rock nerveux et moderne avec des touches de Blues appuyées, authentiques et savamment dosées. La production est également très organique et brute. C’est le disque que tu en avais en tête dès le début ?

Merci beaucoup. On est très content du résultat final. Pourtant, ça n’a pas été simple de sortir cet album. On a pas mal hésité sur les voix et le mix. Notre ingénieur du son, Alexandre Leroy, a fait un boulot formidable. Encore une fois, c’est un beau travail d’équipe. Nous nous sommes pas mal inspirés de groupes mythiques actuels que nous écoutons régulièrement comme Rival Sons, Queens of the Stone Age, Larkin Poe, Dewolff… Et le résultat est très satisfaisant.

– S’il y a un gros travail sur les guitares, il y a également un grand soin apporté aux parties vocales. Tu as donné autant d’attention à l’une et à l’autre, ou as-tu privilégié l’un des deux aspects ? Car tu évolues aussi en quintet avec un second guitariste…

En réalité, nous avons enregistré tous les instruments au studio Six, à Bruxelles. On fait du Blues Rock moderne, donc il nous faut une belle ‘room’ pour les grattes et la batterie. Pas de click, pas d’auto-tune (beurk !) et, excepté pour les solos guitares et quelques rajouts post-prod’, on a enregistré les instruments simultanément, c’est-à-dire qu’on joue tous ensemble.

Pour les voix, j’ai tout fait chez moi. J’ai besoin de ma bulle, mon espace et ma machine à café à porter de main. Quand je m’attaque à l’enregistrement des voix, je n’aime pas être dérangé. J’ai besoin de me couper du monde. Cela m’aide à sentir les couleurs des morceaux. Je peux alors donner le meilleur de ce que j’ai.

Photo : Marc Gilson

– Cette formule électrique sur l’album te va très bien et tu joues aussi régulièrement en formule acoustique en concert. Dans quel registre es-tu le plus à ton aise ? Et ce dernier t’ouvre-t-il d’autres possibilités artistiques ?

La scène nourrit l’esprit et le corps de tout musicien. Donc peu importe la formule, on est toujours heureux d’être sur scène. Alors, il est vrai que de temps en temps, nous proposons le duo, lorsque la situation s’y prête. C’est très agréable, car le jeu en acoustique crée une atmosphère chaleureuse et intime. Cela donne beaucoup d’espace à ma voix et je peux varier davantage les couleurs. Mais pour découvrir un album en concert, il n’y a rien de mieux qu’un groupe au complet. C’est lorsque nous sommes cinq sur scène que toute l’énergie vitale et l’âme du projet se révèlent.

 – Enfin, alors que « Paradize City » a une dominance plus Rock que Blues, as-tu dans un coin de la tête l’idée de faire un album entièrement Blues à l’avenir ?

Mmmmm… Pas sûr. Je vais décevoir les puristes de Blues ! (Rires) Mais je ne suis pas un musicien de Blues, du moins je n’ai pas la prétention de l’être. Je fais ce que je sais faire de mieux, c’est-à-dire un mélange de Blues et de Rock : un ‘crossover’. Finalement, ma musique n’est que le reflet de mon âme. Une âme nourrie par tous mes voyages et qui trouve de l’inspiration à travers les œuvres de ces artistes de Blues, de Rock et de ceux qui ont judicieusement mélangé les styles, ajoutant ainsi des couleurs à une palette déjà existante.

Encore plus d’infos sur le site THOMAS FRANK HOPPER :

www.thomasfrankhopper.com

Retrouvez la chronique de l’album :

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Blues Rock

Kid Colling Cartel : association de bienfaiteurs

Tout en assumant d’évidentes affinités avec certaines figures emblématiques du genre, le bluesman s’est bâti un style bien à lui, mariant le Blues et le Rock avec beaucoup de fougue, tout en se présentant avec des titres d’une grande délicatesse, qui dégagent une sorte de force tranquille. « Living On The Wild Side » confirme toute la créativité, le potentiel et le savoir-faire de KID COLLING CARTEL, parfaitement soutenu par une production limpide et soignée.

KID COLLING CARTEL

« Living On The Wild Side »

(Rock & Hall/Dixiefrog)

Cela fait maintenant un moment que KID COLLING collectionne les récompenses et on le connait aussi pour le très bon « In The Devil’s Court », son premier album qui faisait suite à un EP, « Tomorrow’s Far Away », sorti il y a déjà dix ans. Après plusieurs collaborations dont l’une avec l’excellente Ilene Barnes, le Colombien, désormais Luxembourgeois, revient avec son CARTEL pour ce « Living On The Wild Side », qui arbore un Blues Rock contemporain et classique d’où émane beaucoup de chaleur et de sérénité.

Brillamment accompagné par Markus Lauer à l’orgue Hammond, David Franco à la basse et Florian Pons à la batterie, KID COLLING montre une personnalité artistique très variée et intègre des influences Soul, Funky et Rock bien sûr à un Blues qu’il s’est forgé à l’écoute de grands noms comme Stevie Ray Vaughan ou BB King, au même titre que des artistes tels que Kenny Wayne Shepherd, Larkin Poe et Gary Clark JR pour ce qui est de l’explosivité. Et le musicien et son CARTEL n’en manquent d’ailleurs pas. Loin de là !

Vocalement irréprochable et habille dans de multiples registres, KID COLLING est également redoutable à la guitare, grâce à une belle technique au service d’un feeling que l’on retrouve tout au long de « Living On The Wild Side ». Et la grande qualité des morceaux doit aussi beaucoup à son CARTEL, dont l’interprétation est magistrale (« Ain’t Nobody », « Step Out Of Live », « All Night Long », « Long Way To Go »). A noter le très bon duo en espagnol avec Daniel Restrepo et le superbe « I’ll Carry You » avec Johanna Red. De toute beauté !

Photo : Caroline Martin
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Blues Contemporary Blues International Soul

Otilia Donaire : keepin’ the Blues alive [Interview]

Feutré et sensuel, tout en dégageant une énergie brute, le Blues teinté de Soul et de R&B d’OTILIA DONAIRE est autant un appel à la danse qu’à une écoute très attentive. En effet, riche d’une section cuivre dynamique, il combine divers univers pour n’en faire qu’un. Soutenue par de belles guitares et des claviers chaleureux, l’Américaine vient de livrer « Bluesin’ It Up », un album qui se veut très personnel et fédérateur. De quoi enthousiasmer un large panel d’amoureux des notes bleues. Rencontre avec une chanteuse à la voix suave et puissante.

– Ton album « Bluesin’ It Up » vient de sortir, mais à t’écouter chanter, on se doute que tu n’en es pas à ton premier coup d’essai. Peux-tu revenir sur ton parcours et les étapes qui ont forgé ton style et ta voix ?

J’ai toujours eu une certaine prédisposition pour le chant, mais je n’ai commencé à faire de la musique professionnellement qu’en 2009, après avoir terminé mon atelier de performance en groupe à la ‘Blues Bear School of Music’ de San Francisco. C’est mon instructeur, feu le bluesman de San Francisco, Johnny Nitro, qui m’a fortement encouragé à chanter le Blues. Mon premier CD avec, disons, un guitariste anonyme, était horrible et lorsque j’ai quitté ce groupe en 2014, j’ai enfin pu naviguer de manière plus créative avec l’aide de mon bassiste, Chris Matheos et du guitariste Joe Lococo. J’ai enfin eu un contrôle créatif total et je suis restée fidèle à mon propre style vocal, embrassant le timbre naturel de ma voix. Koko Taylor, la regrettée icône du Blues de Chicago et qui a également un grain assez brut, est l’une de mes principales influences musicales.

– Tu es chanteuse, leader de ton groupe et également compositrice. Est-ce que tu écris paroles et musique et as-tu un instrument de prédilection, car cet album est musicalement très riche et dense ?

J’écris les paroles et je compose avec mon bassiste, Chris Matheos et mon guitariste Joe Lococo. Je ne sais ni lire, ni écrire la musique, mais je peux l’entendre dans ma tête et j’ai la capacité de la traduire en sachant quel style et quel tempo jouer, y compris au niveau des mélodies, des riffs et des solos. Je n’ai pas vraiment d’instrument de prédilection, mais j’apprécie la guitare slide électrique et les claviers up-tempo. J’adore le Chicago Blues et j’ajouterai aussi de l’harmonica sur mon prochain album, ainsi que de la flûte.

– Justement, pour l’essentiel, tes morceaux sont guidés par les claviers, que ce soit le piano ou l’orgue. Le Blues est pourtant très souvent porté par la guitare. Tu as toujours procédé ainsi ?

En fait, je n’avais pas le budget pour ajouter des claviers et des cuivres sur mon dernier EP, « Queen Bee ». Alors, j’ai pris certaines de ces chansons et je les ai réarrangé, soit en les réenregistrant, soit en ajoutant des claviers et/ou des cuivres. Je joue désormais davantage de concerts live de cette manière, avec des claviers, car le son est beaucoup plus riche. Ils ont été enregistrés séparément dans les home-studios des deux claviéristes, qui jouent sur l’album : Greg Rahn et Pamela Charles-Arthur, qui est ma claviériste actuelle de la SF Bay Area. Pamela est dynamique et talentueuse, et c’est merveilleux de partager et de diffuser une énergie féminine si féroce sur scène avec elle.

– Il y a un autre élément qui domine sur « Bluesin’ It Up », ce sont les cuivres qui sont omniprésents, un peu à la façon d’un Big Band. Ce sont des orchestrations qui t’inspirent beaucoup, car on y perçoit également quelques touches jazzy ?

Je n’ai généralement pas le budget nécessaire pour ajouter des cuivres à la plupart de mes concerts, mais mon objectif est faire plus de spectacles avec un groupe complet, incluant claviers, saxophone et trompette. Je chante avec mon cœur et j’aime aussi le Blues jazzy, donc il y a une influence de Billie Holiday sur quelques-unes de mes chansons. Daniel Casares, saxophoniste de SF Bay Area, a écrit la plupart des sessions cuivre et je suis très satisfaite du son Soul et jazzy qu’il a ajouté aux arrangements.

– Par ailleurs, il y a un grand nombre de musiciens qui t’accompagnent sur « Bluesin’ It Up ». Est-ce que tu considères cet album comme l’œuvre d’un collectif ou, plus simplement, tu souhaitais avoir leur présence à tous sur ces 12 morceaux ?

C’est un album collectif et collaboratif, c’est vrai. Je savais ce que j’attendais de chaque musicien et je leur ai donné toute la liberté d’apporter des idées, de créer des arrangements et des solos. C’était génial d’avoir des cuivres à fond sur certaines chansons et sur mon prochain album, ce sera le cas pour chaque morceau.

– Parallèlement, est-ce que tu as un groupe fixe pour les concerts ? Quelques musiciens attitrés qui te suivent depuis longtemps ?

J’aime jouer avec un line-up régulier composé de musiciens talentueux : Joe Lococo à la guitare, Edgar San Gabriel à la basse, Robi Bean à la batterie et Pamela Charlles-Arthur (Pamma Jamma) aux claviers. Chris Matheos, qui est le directeur musical de cet album et de mon précédent EP, joue de la basse sur toutes les chansons à l’exception de « Hoochie Coochie Woman » et « Voodoo Woman ». Malheureusement, il a déménagé dans le sud de la Californie, donc il ne joue plus régulièrement avec moi. Mais quand je partirai en tournée, il le fera certainement s’il est disponible.

– Il y a également quelques reprises sur l’album. Peux-tu nous en dire plus sur ces choix et pour quelle raisons tu n’as pas réalisé un album entièrement original ?

Ce sont des chansons que j’aime chanter en concert et qui sont généralement une manière d’amener tout le monde sur la piste de danse. Je ne me lasse jamais de les chanter, donc c’était une évidence de les ajouter, en particulier « Hoochie Coochie Woman » (un morceau de Muddy Waters – NDR), qui a été ma première chanson de Blues que j’ai commencé et qui est devenue l’une de mes chansons signatures. J’ajouterai très probablement toujours quelques reprises, des classiques, que j’aime chanter pour garder le Blues vivant.

– Tu as beaucoup de sensualité dans la voix, ce qui donne beaucoup de charme à tes morceaux. Est-ce que tu penses que le Blues est le style qui véhicule le mieux cette approche si attractive et sexy auprès du public ? Et donc, qui est un énorme atout…

Merci ! Je chante avec mon cœur et la musique Blues pénètre au plus profond de mon âme. Je sens que je peux me connecter avec les gens, parce qu’ils peuvent ressentir la passion authentique que j’éprouve lorsque je chante.

– Pour conclure, quel est ton objectif principal pour le futur ? Faire le plus de concerts possible à travers les Etats-Unis et même au-delà, ou peut-être trouver un label pour un prochain album ?

Tout cela en même temps ! Entrer sur le circuit des festivals Blues avec des tournées nationales et internationales, signer avec un label de Blues et enregistrer au début de l’année prochaine. C’est difficile d’être une artiste indépendante, et je dirais que c’est vraiment un travail d’amour. J’ai enregistré mon album, « Bluesin’ It Up », chez Afterdark Recording à San Francisco, le studio d’enregistrement d’Armando Rosales, mon cousin. C’était une joie absolue et maintenant, j’ai vraiment la fièvre de l’enregistrement ! Donc, j’y retournerai au début de l’année prochaine. Peut-être aussi participer à un festival en France dans un futur proche ? Ce sont tous les rêves sur lesquels je travaille.

Le dernier album d’OTILIA DONAIRE, « Bluesin’ It Up », est disponible sur le site de l’artiste :

www.otiliadonaire.com

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Blues

Bjørn Berge : steel got the Blues

Entre compos et covers, c’est avec un « Introducing SteelFinger Slim » un peu spécial et inattendu dans son contenu que BJØRN BERGE fait courir ses doigts d’acier sur son instrument. Si la voix inimitable et la liberté absolue dont il a fait sa réputation sont bel et bien intactes, on aurait peut-être apprécié un peu plus de titres originaux, même si sa manière de défourailler les morceaux des autres conserve toujours quelque chose d’assez mystique et de jouissif.      

BJØRN BERGE

« Introducing SteelFinger Slim »

(Blue Mood)

Fidèle à lui-même c’est seul que le Norvégien revient avec un nouvel album, son treizième, et le solitaire bluesman fait de nouveau des étincelles parant son jeu de ses plus beaux atouts. L’acier de son dobro vibre sous son toucher si singulier, passant du picking à la slide avec la dextérité qu’on lui connait et venant se joindre à cette voix profonde et unique avec laquelle BJØRN BERGE nous berce et nous envoûte depuis tant d’années. Et c’est toujours le cas avec « Introducing SteelFinger Man ».

Voix, guitare et stompbox, il n’en faut pas plus au ténébreux Scandinave pour livrer un Blues mâtiné de Rock dans une formule acoustique et métallique si particulière par sa froideur sonore. Pour autant, il se dégage beaucoup de chaleur de ce nouvel opus grâce à des morceaux simples en apparence, mais toujours très bien sentis et d’une personnalité qui fait de BJØRN BERGE l’un des rares artistes de Blues à savoir, et pouvoir, capter l’attention et captiver à chacun de ses disques.

Son timbre guttural nous embraque cette fois sur dix titres qu’il a tenu à enregistrer en une seule journée, une façon d’aller l’essentiel avec autant de spontanéité que de justesse possible. Et BJØRN BERGE sait y faire. Cependant, et même si c’est toujours aussi bien réalisé et arrangé, le fait de reprendre « Get It On » de T. Rex, « Like A King » de Ben Harper, « Spoonful » de Willie Dixon et « Black Night » de Deep Purple dans des versions certes revisitées parait un peu beaucoup sur une production studio.

Photo : Tor Nilssen
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Blues Soul

Kevin Burt & Big Medicine : âmes sœurs

Marcher dans les pas de l’une de ses plus grandes références n’est pas forcément le plus facile des exercices. Pourtant, c’est avec beaucoup d’enthousiasme et une élégance incroyable que KEVIN BURT & BIG MEDICINE interprète une douzaine de chansons extraites du monumental répertoire de la légende Bill Withers. Si certaines font partie du patrimoine R&B, Soul, Funky et Soul mondial, on en découvre d’autres avec plaisir et dans une douceur relaxante. « Thank You, Brother, Bill, A Tribute To Bill Withers » est de ce genre d’album réjouissant et indispensable.  

KEVIN BURT & BIG MEDICINE

« Thank You, Brother Bill, A Tribute To Bill Withers »

(Gulf Coast Records)

Un peu moins de quatre ans après « Stone Crazy », son premier album sur le label de Mike Zito, le virtuose revient avec un disque hommage à Bill Withers. Il fallait bien un artiste de la trempe de KEVIN BURT avec cette fibre Soul unique pour livrer des interprétations aussi majestueuses des douze morceaux extraits de la discographie de l’un des plus populaires représentants R&B américains. Et le natif de l’Iowa déploie une classe, une subtilité et une chaleur incroyable en reprenant quelques standards et d’autres titres moins connus, mais avec une ferveur omniprésente et une flamme rayonnante.

Enregistré chez lui, puis mixé et masterisé à la Nouvelle-Orléans, « Thank You, Brother, Bill, A Tribute To Bill Withers » bénéficie d’une production exemplaire et le feeling du chanteur, guitariste et harmoniciste font le reste. Cette communion est presqu’étonnante entre le musicien et l’héritage laissé par le grand Bill Withers. Accompagné de BIG MEDICINE, son groupe, composé de Scot Sutherland (basse), Ken Valdez (guitare) et Eric Douglas (batterie), KEVIN BURT et son quatuor donnent un bon coup de Blues à la Soul très Rythm’n Blues de leur aîné, tout en montrant un immense respect.

Evidemment assez funky, l’album est un Tribute plutôt joyeux, qui pourrait même faire penser à une sorte de transmission, tant KEVIN BURT interprète ces compositions avec un naturel et une facilité hors du commun. Les grands classiques comme « Just The Two Of us », « Ain’t No Sunshine » et « Lean On Me » sonnent magistralement, tandis que les émotions se télescopent grâce à des parties de guitare aussi relevées que celles de son tourbillonnant harmonica. Et ne se contentant pas de livrer ses propres versions, on a aussi le droit à un « Thank You Brother Bill » inédit, exaltant et composé pour l’occasion. Incontournable !

Photo : Delaney Burt