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Alternative Metal Alternative Rock International

Empyre : révélation alternative [Interview]

Avec leur deuxième album, « Relentless », les Anglais affichent beaucoup d’ambition et se présentent surtout avec une réalisation très aboutie, tant au niveau des morceaux que de la production. Volumineux et massif, le jeu d’EMPYRE navigue entre Metal et Rock, en courant alternatif et avec beaucoup d’émotion, et dans des sphères très atmosphériques voire progressives. Le groupe londonien a de la suite dans les idées et entend bien poursuivre son ascension sans attendre. Entretien avec Henrik Steenholdt, chanteur et guitariste du quatuor.

Photo : Rob Blackham

– Je vous avais découvert à l’été 2019 avec « Self Aware » où vous affichiez déjà de belles intentions. Vous voici maintenant chez Kscope pour votre deuxième album. Vu le catalogue du label, cela peut étonner un peu. Comment s’est fait le rapprochement qui a mené à cette signature ?

Au départ, nous ne cherchions pas et nous ne nous attendions pas à avoir de label pour la sortie de l’album. Nous l’avons donc abordé comme nous l’avions fait avec « Self Aware » et « The Other Side », dans le sens où nous avons payé nous-mêmes l’enregistrement, le mixage et le mastering. L’album était déjà prêt avant que Kscope n’ait jamais entendu parler de nous. Notre manager travaillait avec un autre groupe sur le label sœur de Kscope, Peaceville, et a suggéré d’envoyer l’album aux patrons des deux labels. Ils l’ont entendu et l’ont suffisamment aimé pour commencer à discuter d’un contrat.

– Avant de parler de « Relentless », j’aimerais qu’on dise aussi un mot sur la réalisation Unplugged qui le précède. On constate que votre musique se prête aussi très bien à un style acoustique. Est-ce que c’est d’ailleurs de cette façon que vous composez ?

Il y avait des compositions acoustiques sur « Self Aware » et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons fait cette adaptation, qui est devenu l’album « The Other Side ». Nous composions souvent avec deux guitares acoustiques, et plus précisément je jouais de l’acoustique et Did (le lead guitariste – NDR) de l’électrique. Beaucoup de ces chansons se prêtaient donc à des réinterprétations acoustiques complètes, et nous nous sommes inspirés de la série des ‘MTV Unplugged’ des années 90. On voulait faire quelque chose de similaire avec cette ambiance.

Photo : Rob Blackham

– Revenons à ce nouvel album qui dénote de « Self Aware », notamment grâce à une production vraiment incroyable. Avec « Relentless », vos morceaux prennent une toute autre ampleur. Est-ce que c’est l’élément qui manquait à EMPYRE pour prendre le volume affiché aujourd’hui ?

L’une des raisons vient d’un changement dans l’approche de l’écriture et plus précisément dans la diversité de composition des chansons. Certaines idées commencent avec une guitare acoustique, d’autres avec une électrique et progressivement les chansons que j’écris aujourd’hui naissent sur un clavier, un piano, un synthé ou même un orchestre. A l’époque de « Self Aware », nous n’avions pas accès aux outils que nous avons découverts au cours des dernières années et donc les arrangements sont généralement plus simples et pas aussi variés. Cette fois, nous avons également passé beaucoup de temps à analyser individuellement les parties de basse, de batterie et de guitare.

– Vous avez enregistré l’album durant la période de pandémie. Est-ce que la noirceur et la mélancolie que l’on retrouve sur les morceaux viennent de ces moments compliqués, ou c’était déjà l’intention de départ ?

Pour moi, la pandémie a globalement été une expérience vraiment agréable et positive à bien des égards. Si on ne tient pas compte du fait que ce fut une période frustrante du point de vue de ne pas pouvoir jouer en concert, de n’avoir pas pu avancer autant qu’on l’aurait souhaité sur le groupe, tout le reste a été super. J’ai vu la pandémie comme une opportunité et en plus la première année il faisait beau et j’avais plus de temps pour me consacrer à la musique. J’ai découvert l’orchestration et la possibilité d’utiliser un tas de choses sur mon ordinateur pour composer pour EMPYRE et aussi pour mon plaisir personnel. Et puis, nous avions déjà beaucoup de choses prêtes. On avait déjà enregistré « The Other Side » et plusieurs vidéos. Nous sommes donc entrés en confinement et on a quand même réussi à sortir 7 singles, 15 clips et un album acoustique en 2020/2021, tout en écrivant et en commençant à enregistrer « Relentless ».

Photo : Rob Blackham

– Au-delà de l’aspect massif et ample de la production, vous avez aussi apporté un soin tout particulier aux arrangements. De quelle manière avez-vous procédé ? Vous avez décidé de beaucoup de choses au moment du mix ?

La plupart des parties jouées par le groupe, ainsi que l’orchestration et les synthés, ont été décidés avant l’étape du mixage. Cependant, nous avons beaucoup travaillé sur le mix. C’était un travail difficile, car il a fallu faire de la place à pour inclure tout ce que nous voulions. On a également essayé différents mixages pour certaines chansons, principalement sur les niveaux entre les guitares et les voix. Il y a même quelques pistes avec deux lignes de basse. Tout ça a pris beaucoup de temps.

– Si on retrouve également certaines sonorités Hard Rock sur l’album, il y a ce côté très atmosphérique et moderne, et parfois même progressif, qui domine l’ensemble. EMPYRE joue beaucoup sur l’émotion dans toute sa diversité. Vous êtes assez inclassables finalement ?

Nous n’essayons pas d’être classés sous quelque étiquette que ce soit, mais juste comme du Rock. Pourtant, c’est peut-être une faiblesse pour un groupe peu connu de ne pas être facilement identifiable, car cela veut aussi dire que certains supports peuvent ne pas nous juger assez lourds pour le Metal, ou pas assez Prog pour le Prog. Nous avons le même problème avec des plateformes comme Spotify. Ils ont des milliers de genres disponibles, mais nous ne sommes pas sûrs qu’ils nous aient encore vraiment cernés ! Avec le temps, on espère que cela deviendra une force et nous aidera à franchir les frontières du Rock et à plaire à un plus large éventail de personnes.

Photo : Rob Blackham

– Enfin, maintenant que vous êtes soutenus par un label de renom avec ce colossal « Relentless », quelle est la prochaine étape ? Vous préparez une tournée plus conséquente ?

Notre objectif depuis le départ est d’atteindre au moins de jouer dans les plus grands festivals de Rock d’Europe. Nous espérons aussi que sur ce chemin, nous pourrons faire de grandes tournées qui nous emmèneront en dehors du Royaume-Uni. Pour l’instant, jusqu’à ce que ces opportunités se présentent, nous nous concentrons sur la construction de notre base de fans européenne en diffusant notre musique et en faisant passer le mot via des relais médiatiques comme que le vôtre, qui font un travail inestimable pour des groupes comme nous qui essaient de se faire connaître. On espère que cela ne prendra pas trop de temps avant de pouvoir tourner à l’étranger en tant que soutien à un groupe plus connu, ou de constituer suffisamment de fans pour être viables nous-mêmes.

Le nouvel album d’EMPYRE, « Relentless », sort le 31 mars prochain chez Kscope.

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Blues Folk/Americana Soul / Funk

Eric Bibb : la lumière d’un sage

C’est la résonance d’un peuple opprimé qu’ERIC BIBB a voulu faire entendre sur « Ridin’ », où le musicien se fait l’écho de siècles de lutte des Afro-Américains avec un positivisme incroyable chevillé au corps et aux cordes. Précieux et précis, ce disque est autant un voyage qu’une réflexion sur les mouvements populaires actuels et passés, le tout distillé à travers des chansons sensibles et émouvantes et en évitant toute noirceur. Un modèle d’optimisme et d’une incroyable sobriété musicale.

ERIC BIBB

« Ridin’ »

(Dixiefrog)

La captivante voix de velours d’ERIC BIBB opère toujours comme par magie sur ce superbe « Ridin’ », et cela fait même cinq décennies et près de 40 albums que l’Américain installé à Londres régale de son jeu plein de finesse et si expressif. Teinté de Folk, d’Americana et d’un brin de Country, le bluesman a aussi conservé dans son répertoire ses racines Soul et Gospel, qui rendent cette nouvelle réalisation d’une grande et apaisante douceur. 

Librement inspiré de la peinture d’Eastman Johnson (« A Ride For Liberty » – 1862), la pochette de « Ridin’ » évoque sans détour l’espoir, la détermination et le courage de la communauté afro-américaine au fil du temps. C’est donc sur la base de ce concept qu’ERIC BIBB a bâti son nouvel opus où il exprime sa conception d’un racisme systémique et la façon de le purger du monde. Le songwriter est un humaniste, ainsi qu’un passeur.

Musicalement aussi, le songwriter ne s’interdit rien et nous promène dans des contrées funky, groovy et chaloupées dans un Blues dépouillé et très acoustique. Inspiré et délicat, il aspire à transmettre son espérance dans un voyage plein d’amour et de volonté. Et histoire de faire briller « Ridin’ » encore un peu plus, ERIC BIBB accueille les stellaires contributions de Taj Mahal, Jontavious Willis, Russell Malone et Habib Koité. Indispensable !      

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Blues

Nico Wayne Toussaint : comme un seul homme

Harmoniciste hors-pair, c’est pourtant à la guitare et au chant que s’illustre cette fois NICO WAYNE TOUSSAINT sur ce très bon « Burning Light », où le musicien s’autorise une belle et grande balade à travers le Blues et tout ce qu’il comporte comme diversité. Preuve que le style est encore loin de s’éteindre, et même qu’il brille de mille feux.

NICO WAYNE TOUSSAINT

« Burning Light »

(Independent/L’Autre Distribution)

Il aura fallu douze albums et une collaboration de près de 20 ans avec l’excellent label Dixiefrog à NICO WAYNE TOUSSAINT pour se lancer enfin en solo avec une guitare en main… même si ses harmonicas ne sont jamais bien loin. Originaire de Pau et grande figure du Blues français, le musicien a joué avec des pointures comme James Cotton, Luther Allison, Neal Black, Andrew Strong ou encore Guy Davis. Autant dire qu’entre la France et les Etats-Unis, il a eu tout le loisir de se faire plaisir aux côtés d’artistes prestigieux.

Si le talent de NICO WAYNE TOUSSAINT est incontestable, on ne l’attendait pas forcément à la guitare, et c’est là qu’il surprend autant qu’il épate. Bluesman dans l’âme, avec « Burning Light », il laisse s’exprimer son propre ressenti et son amour du genre avec une simplicité et une authenticité qui se lisent à chaque note. Les ambiances se confondent et se multiplient, passant de sonorités à la Ry Cooder à du Old-Tight plein de ressentis.  

Guitariste, il ne l’était donc pas. Pourtant, NICO WAYNE TOUSSAINT fait aussi figure de vieux briscards, quant il fait parler la slide (« I Thank You God »). Et ça lui va plutôt bien quand il rend hommage au bluesman John Campbell sur le morceau du même nom. Plus relevé sur « Wanna Try Somebody » et « Valentine », il multiplie les ambiances (« Give Me Back The Key », « How Long To Heal ») avec une classe que l’on savait déjà grande.

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Blues Rock Hard 70's International Proto-Metal

Buffalo Revisited : reloaded [Interview]

Resté dans l’ombre des groupes Rock, Blues Rock et Hard Rock ayant réussi à percer au-delà de leur Australie natale, Buffalo, devenu BUFFALO REVISITED, est pourtant à l’origine de l’élaboration d’un style qui a depuis fait ses preuves. Entre Metal, Blues et Rock et bardé de grosses guitares et d’une lourde rythmique, le groupe a ressurgit il y a quelques mois à l’occasion de la sortie de « Volcanic Rock Live », la version en public de son album le plus vendu. Dave Tice, leader et chanteur de la formation originelle, revient pour nous sur quatre décennies de musique et l’histoire peu commune d’un combo pas banal.  

– Dave, avant de parler de cet album, j’aimerais savoir pourquoi tu as ajouté ’Revisited’, alors que le groupe s’appelle à l’origine BUFFALO ?

Pour deux raisons et je tiens vraiment à dire la vérité. Ce n’est pas le groupe original et je voulais m’assurer que tout le monde le comprenne. Ca m’ennuie toujours quand des groupes font des concerts en prétendant être quelque chose qu’ils ne sont pas. Pour moi, c’est contraire à l’éthique. Et ce n’est pas parce qu’il y a un membre originel que c’est le véritable groupe. Ce serait un mensonge… et pas très cool.

Ensuite, certains membres originels du groupe n’étaient pas très contents que je décide de faire tout ça. Ils ont tout essayé pour m’arrêter, même s’ils n’avaient pas joué depuis plus de 40 ans et qu’ils ne le faisaient pas non plus de leur côté. Ils m’ont menacé par des injonctions et ont même appelé les promoteurs en les menaçant également. Je n’aime pas qu’on me dise ce que je peux, ou ne peux pas, faire et je ne voulais pas passer ma vie dans les salles d’audience. Un ex-membre a même essayé de déposer le nom ‘Revisited’ juste pour m’arrêter.

– Tu es le chanteur et leader du groupe depuis ses débuts, ainsi que le dernier membre de la formation de départ. Alors que tu menais une carrière solo depuis de nombreuses années, qu’est-ce qui t’a poussé à faire revivre et ressusciter BUFFALO ?

Comme tu le dis, j’ai eu beaucoup d’autres projets depuis l’époque de BUFFALO, dont trois albums au Royaume-Uni avec The Count Bishops, suivis de trois ans à la tête du groupe britannique The Cobras. Je suis retourné en Australie en 1984 et j’ai tourné avec un certain nombre de groupes aussi. J’en ai formé quelques-uns moi-même et j’ai enregistré plusieurs albums. Actuellement, je chante, je joue de la guitare et de l’harmonica dans mon trio, The Dave Tice Trio. En fait, je n’ai jamais eu l’intention d’interpréter à nouveau les chansons de BUFFALO. J’aime aller de l’avant, mais pendant des années, on m’a demandé de faire des spectacles ‘revisitant’ ces chansons et on m’a finalement proposé quelque chose que je ne pouvais pas refuser. Ce que je pensais être un simple spectacle en 2013 s’est transformé en un succès les années suivantes. Ca a été une surprise pour moi que tant de gens conservent une grande affection pour les chansons du groupe. Je suis un musicien qui ne regarde derrière lui, car je sens qu’il est de mon devoir d’évoluer et d’explorer de nouveaux territoires. Après avoir fait le premier concert en co-tête d’affiche d’un festival de Sydney, j’ai découvert un amour renouvelé pour ces vieilles chansons et j’en suis très heureux.

– Aujourd’hui, qui compose BUFFALO REVISITED et comment as-tu choisi les musiciens qui t’accompagnent ?

Choisir des musiciens pour recréer le son de BUFFALO n’a pas été facile et, en fait, il y a eu trois line-up différents pour finalement arriver au groupe sur l’album live. Ils ont tous été bons mais, comme tu t’en doutes, ce sont de grands musiciens qui sont eux-mêmes impliqués dans d’autres projets et qui ne peuvent pas s’engager dans quelque chose qui ne se produit qu’occasionnellement. Je dois dire que l’ensemble de l’album live possède le meilleur line-up avec Troy Vod à la guitare, Steve Lorkin à la basse et Marcus Fraser à la batterie. Ils ont parfaitement su capter les sensations et la puissance de BUFFALO comme on peut l’entendre sur le disque.

– « Volcanic Rock » est l’album le plus emblématique du groupe et mis à part le fait qu’il s’est bien vendu à l’époque et qu’il a fêté ses 45 ans, qu’est-ce qui t’a donné envie de l’interpréter en entier pour sortir ce tout premier album live de BUFFALO REVISITED ?

Le spectacle où cela a été enregistré était une célébration du 45ème anniversaire de la sortie de « Volcanic Rock ». Ca semblait approprié de le faire et de satisfaire la demande constante des fans. Je n’ai jamais eu l’intention de faire un album live, mais j’avais demandé à l’ingénieur du son sur place de l’enregistrer comme souvenir pour les membres du groupe. Je ne m’attendais pas à ce que cela débouche sur une sortie commerciale. Ce n’est même pas du multipiste, juste un sous-mixage quatre pistes directement sorti de la console, ce qui prouve d’ailleurs la force du groupe et le talent du preneur de son. Ensuite, j’ai été contacté par Todd Severin de Ripple Music, qui est fan de BUFFALO, et il voulait savoir s’il y avait des trucs qu’il pourrait sortir aux Etats-Unis via son label. Je lui ai envoyé une copie approximative des chansons en direct et à ma grande surprise, il était très désireux de le sortir. Je dois remercier Todd et son équipe de m’avoir fait réaliser que notre musique est toujours appréciée bien au-delà des côtes australiennes.

– En écoutant « Volcanic Rock Live », on se rend compte que les morceaux restent intemporels et surtout que, 45 ans après, la puissance de ton chant est intacte. As-tu des regrets que l’aventure n’ait pas duré plus longtemps à l’époque ?

En fait, mon aventure a toujours continué, mais sur des routes nouvelles et différentes. Bien sûr, cela aurait été bien d’avoir plus de reconnaissance avec BUFFALO et de l’emmener partout dans le monde, mais ce n’était pas possible à l’époque. Mais je n’ai aucun regret. En fait, je pense que c’est même mieux. Trop de groupes ont du mal à se dépasser pour finalement dévaloriser ce qu’ils ont créé à l’origine. Toutes les choses ont une fin et rien ne dure éternellement. Si nous restons immobiles, nous stagnons et nous devenons des caricatures. Ce que nous avons fait à l’époque semble avoir résisté à l’épreuve de temps et nous ne devrions jamais gâcher cela en faisant quelque chose de nul. Et je te remercie pour le compliment sur mon chant et ce qu’il en reste. C’est simplement parce que je reste enthousiaste et que j’aime ce que je fais. Je ne suis ni lassé, blasé ou cynique.

– BUFFALO a montré la voie à de nombreux groupes australiens, et pas seulement, et on l’oublie un peu. Es-tu conscient de l’énorme héritage laissé par le groupe ?

Je suppose que j’en ai conscience, mais ce n’est pas quelque chose sur laquelle je m’attarde. A l’époque, on croyait en ce que nous faisions malgré le fait d’être ignoré par la radio et le ‘business’. Et maintenant nous voyons la reconnaissance, l’estime et l’amour des fans près de 50 ans plus tard et c’est pour moi plus précieux que de rester quelques semaines dans les charts. Je ne me soucie pas vraiment de la célébrité et de la taille des comptes bancaires, j’adore faire de la musique et j’ai eu la chance de pouvoir passer ma vie à le faire à ma manière, et sans l’interférence ou les manipulations de comptables et de managers. Il ne nous est jamais venu à l’esprit que nous allions influencer d’autres groupes, nous avons juste continué notre truc. Si nous l’avons fait, c’est un bonus supplémentaire.

– Le Rock très proto-Metal de BUFFALO a influencé de nombreux courants musicaux comme le Hard Rock, le Heavy Metal, le Stoner ou le Doom tout en gardant une touche très Blues Rock et Pub Rock. Actuellement, de quels styles et groupes te sens-tu le plus proche artistiquement ?

 Je dois avouer que je ne fais pas beaucoup attention à ce que font les autres groupes, je me concentre sur mon propre travail. Cela dit, je ne vois personne que je décrirais comme proche de BUFFALO sur le plan artistique. D’après ce que j’ai entendu des groupes de Heavy Rock les plus récents, ils semblent tous avoir le même son avec des guitares saturées et floues, un million de notes dans chaque mesure et des voix grondantes que je ne peux pas distinguer. Cela semble être devenu une formule très restreinte.

– « Volcanic Rock Live » est donc votre seul album live. Il a été enregistré à Sydney devant quelques chanceux. Dans quelles conditions s’est déroulé le concert et comment est née cette collaboration avec Kent Stump de Wo Fat ?

Comme tu le dis, c’est notre seul album live et je suis heureux que cela se soit réellement produit. Le concert a eu lieu au ‘Crow Bar’ à Sydney devant un public limité, autour de 250 personnes. Et c’est quelque chose dont je suis fier. Quant à la ‘collaboration’ avec Kent, elle est née parce que Ripple lui a demandé de concevoir la pochette de l’album et je dois dire qu’il a fait un travail remarquable. En dehors d’échanges d’e-mails pour finaliser le design, je ne connais pas vraiment Kent, mais j’admire son travail.

– Enfin, ces quelques concerts et surtout la sortie de cet album t’ont-ils donné envie de continuer l’aventure, et pourquoi pas de composer de nouveaux morceaux pour donner une seconde vie à BUFFALO ?

Je ne dis jamais non, mais ce n’est pas dans mes plans de continuer les concerts avec BUFFALO REVISITED. Ripple Music a de quoi sortir un autre album de ce dernier concert et il peut choisir de le sortir dans le futur. Nous n’avons pas encore finalisé d’accord à ce sujet. Quant à écrire de nouvelles chansons, qui sait de quoi demain sera fait? Je ne m’attendais pas à sortir un album live via Ripple, mais c’est arrivé ! Le monde est un endroit étrange et merveilleux.

« Volcanic Rock Live » est disponible chez Ripple Music.

Retrouvez la chronique de l’album :

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Blues Folk/Americana

Mike Andersen : le Blues venu du Nord

C’est vrai que le Blues et l’Americana sont un peu la chasse gardée des Etats-Unis, terre nourricière du style, mais l’Europe compte aussi de belles formations et de grands artistes. Et même si le grand public reste à conquérir, certains mènent habillement leur chemin grâce à une créativité et une sincérité irréprochable. MIKE ANDERSEN fait partie de cette catégorie de songwriter au jeu très personnel et d’un esthétisme musical sensible et affirmé.   

MIKE ANDERSEN

« Raise Your Hand »

(Custom Records/Baco Music)

Reconnu à sa juste valeur en Scandinavie, le Danois MIKE ANDERSEN peine pourtant à émerger dans l’hexagone, malgré ce neuvième album qui vient s’ajouter à sa belle discographie. Depuis une vingtaine d’années maintenant, avec son groupe ou en solo, le songwriter est parvenu à imposer à son Blues Americana très Folk une identité qui fait de lui une valeur sûre du genre.

Caractérisé par une grande classe et une élégance naturelle, MIKE ANDERSEN parvient encore à se renouveler et « Raise Your Hand » marque un nouveau chapitre plein d’émotion à travers des compositions Blues, Country et Folk très bien senties. L’écriture raffinée du chanteur lui offre une fabuleuse marge de manœuvre, s’échappant aussi dans des sonorités nouvelles et des rythmes plus soutenus.

Ce n’est pas lui faire offense que de dire que son Blues sonne également terriblement européen, même si les codes viennent forcément d’outre-Atlantique (« Finally Free »). C’est justement ce qui fait l’une des particularités de MIKE ANDERSEN et son originalité. D’une grande fraîcheur et avec un chant très spontané, il parvient à envoûter son auditoire avec des morceaux à la fois touchants et authentiques (« I Can Dance », « Down In His Room », « What Can I Do »).

Photo : Rasmus Bundgaard
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Blues Rock

Kenny Wayne Shepherd Band : ultime retouche

Plutôt que de se contenter d’une réédition classique augmentée de versions plus ou moins pertinentes, le guitariste et chanteur KENNY WAYNE SHEPHERD a tenu à réenregistrer l’intégralité de l’album avec lequel il s’est imposé sur la scène internationale. « Trouble Is… 25 » offre un souffle nouveau à des compositions largement éprouvées sur scène depuis. Indispensable.

KENNY WAYNE SHEPHERD BAND

« Trouble Is… 25 »

(Provogue/Mascot Label Group)

Une chose se précise : il y a eu Stevie Ray Vaughan et il y a désormais KENNY WAYNE SHEPHERD. Originaire de Louisiane, le guitariste a fortement contribué à donner un second souffle à la scène Blues Rock américaine il y a près de trois décennies maintenant. Après neuf albums, le dernier en date étant « The Traveler » (2019), il est retourné en studio pour célébrer les 25 ans de son album le plus vendu à ce jour, « Trouble Is… », et la surprise est belle d’autant que le musicien s’est considérablement aguerri.

Après un premier album (« Ledbetter Heights » – 1995) sorti alors qu’il n’avait que 18 ans, c’est avec le second que KENNY WAYNE SHEPHERD a véritablement pris la lumière et son envol. Quelques millions d’exemplaires plus tard et une reconnaissance unanime, il entame le parcours qu’on lui connait. Et afin de fêter comme il se doit les 25 ans de cet opus majeur de sa carrière, l’Américain a réuni le line-up originel pour réinterpréter des morceaux devenus des classiques.

Désireux d’enregistrer ses chansons telles qu’il les joue aujourd’hui sur scène, le KENNY WAYNE SHEPHERD BAND leur offre un lustre très actuel, même si « Trouble Is… » possédait déjà une incroyable touche intemporelle. Le songwriting est intact et brillant et l’expérience acquise depuis rend encore plus fort des titres comme son tube « Blue On Black », la nouvelle version de « Ballad Of A Thin Man », « Slow Ride », « (Long) Gone », « King’s Highway » et les reprises de Dylan et Hendrix. Du grand art !

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Heavy metal Progressif

Ellefson-Soto : addition de talents

Passé un peu inaperçu un peu partout, il serait pourtant dommage de faire l’impasse sur cette première collaboration d’ELLEFSON-SOTO, « Vacation In The Underworld ». Le bassiste et le frontman se sont entourés d’un guitariste au jeu fougueux et incisif et d’un batteur pointilleux. Mélodique et percutant, cette entrée en matière est brillante à bien des égards.

ELLEFSON – SOTO

« Vacation In The Underworld »

(Rat Pak Records)

Evincé l’an dernier de Megadeth suite à des accusations d’échanges à caractère sexuel sur Internet, finalement peu en phase avec ses activités de pasteur de l’église luthérienne, David ELLEFSON n’a pas mis longtemps à se remettre en selle. Alors que le premier album de Dieth, supergroupe Thrash/Death récemment créé, sortira l’année prochaine, c’est avec son ami Jeff Scott SOTO qu’il s’est associé pour ce projet Heavy Metal aux contours progressifs.

Très dynamique et parfaitement produit par Chris Collier (Korn, Prong), ce premier effort tient toutes ses promesses, ce qui n’est d’ailleurs pas très surprenant quand on connait le jeu d’ELLEFSON et la puissance vocale de SOTO. Tout en variation, « Vacation In The Underworld » se veut fédérateur avec des mélodies imparables, des rythmiques passant du Rock au Thrash avec quelques échos assez Prog. Le duo n’élude rien.

Brillamment accompagné par les Italiens Paolo Caridi à la batterie et Andy Martongelli (Arthemis) à la guitare et aux claviers, ELLEFSON-SOTO s’affiche comme un quatuor tonique et créatif et il faut vraiment souhaiter que cet opus soir le premier d’une longue série. A noter la belle présence de la chanteuse Jade Etro (Frozen Crown) sur « The Day Before Tomorrow » et du tandem de Flotsam & Jetsam, Steve Conley et Ken Mary, sur le morceau-titre. Enthousiasmant !

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Heavy metal

Munroe’s Thunder : héritage écossais

Figure emblématique du Heavy Metal, le chanteur Ronny Munroe fait s’abattre la foudre avec son nouveau projet solo, MUNROE’S THUNDER, autour d’un album-concept musclé s’inscrivant dans un style qu’il maîtrise très bien et avec un groupe qui fait preuve d’une belle cohésion et de beaucoup de feeling. « The Black Watch » fait le coup de poing et se sait aussi se montrer plus délicat à l’occasion.

MUNROE’S THUNDER

« The Black Watch »

(RFL Records)

Tout d’abord pour resituer Ronny Munroe, l’Américain fut le chanteur de Metal Church, du Trans-Siberian Orchestra, de quelques autres aussi et officie depuis peu chez Vicious Rumors. Autant dire que ses qualités vocales ne sont pas à remettre en question. « The Black Watch », son nouveau projet solo, devrait combler sans mal les amoureux de Heavy Metal, tant MUNROE’S THUNDER se présente avec un robuste line-up et de belles compositions.

Composé de BJ Zampa (batterie), Oliver Wakeman (claviers), Justin Zych (guitare) et David Mark Pearce (guitare, basse), le quintet donne une réelle identité à cet opus dominé par une certaine noirceur et une vigueur qui rappellent les anciens groupes du frontman, mais aussi Savatage et Dio. Pour autant, MUNROE’S THUNDER a trouvé son style et une belle dynamique.

L’album-concept est basé autour du célèbre régiment de Mary Stuart, reine d’Ecosse, dont la mort a marqué les esprits. « The Black Watch » s’articule donc autour de son histoire et sur de très bons morceaux aux riffs aiguisés, aux refrains entêtants et aux mélodies entraînantes (« The Black Watch », « Gray Hall », « Echoes Of The Dead »). MUNROE’S THUNDER a du volume et la large gamme et la puissance vocale de son chanteur sont incroyables.

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Classic Hard Rock France Hard 70's Progressif

Messaline : avec révérence [Interview]

Faisant une petite entorse à son Heavy Metal de prédilection pour s’orienter vers un Classic Rock très Hard, MESSALINE a voulu se faire plaisir en posant un regard sur ses influences premières et fondatrices. Du line-up originel, Eric Martelat est le seul rescapé et c’est d’ailleurs peut-être aussi ce qui l’a motivé à réaliser cette sorte d’introspection musicale. C’est désormais entouré de nouveaux musiciens que le chanteur et fondateur du groupe présente « Vieux Démons », un album-concept d’une grande richesse et où il multiplie les clins d’œil. Entretien.  

Photo : Jean-Denis Izou

– « Vieux Démons » est votre sixième album et peut-même le plus déroutant pour qui n’aurait pas les références. C’est une belle aventure qui se joue dans années 70, mais pas seulement. Comment est-ce que tu en ferais la présentation ?

C’est exactement ça. On a voulu faire un album-concept, mais pas au sens où une histoire serait développée sur tous les morceaux. Son titre indique déjà qu’il s’agit plus d’un album référence et révérence aux grands anciens. On replonge dans les années 70. Au départ, MESSALINE était plutôt un groupe qui jouait du Heavy Metal avec des touches 80’s. Avec « Vieux Démons », on est plus dans le Hard Rock et les années 70. C’est aussi du à l’arrivée de nouveaux musiciens dans le groupe, dont Mathieu Gilbert, notre guitariste. On s’est retrouvé sur cet amour de cette musique, qui nous nourrit depuis longtemps. Au début, au moment de l’écriture, c’était assez inconscient mais nous avons vite décidé de mettre des références à nos groupes de jeunesse comme Santana, Hendrix, Cream, Led Zep… Ca peut en effet dérouter ceux qui ne connaissent que nos premiers albums

– L’album s’inscrit clairement dans un Classic Rock aux touches Hard Rock et dans un esprit Rock français assumé. Si je comprends, pour ma part, votre démarche : à quel public MESSALINE s’adresse-t-il directement ?

Nous faisons avant tout de la musique pour nous faire plaisir. Comme nous sommes des quinquagénaires, cela s’adresse peut-être plus à des gens qui écoutent de la musique depuis 30/40 ans. Après, il y a actuellement un côté revival et c’est vrai que j’aime bien ça. Beaucoup de gens ne jurent que par le vinyle, alors pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ne miseraient-ils pas sur un groupe aux couleurs 70’s ? Et puis, lorsque nous faisons un album, on n’a pas en tête toutes ces préoccupations marketing. On s’en fout complet ! (Rires) Finalement, c’est notre disque le plus accessible et beaucoup de gens peuvent s’y retrouver.

Photo : Jean-Denis Izou

– Au-delà des influences, ou plutôt même de courants musicaux parcourus, les textes sont aussi d’une grande originalité, puisque vous êtes presque les seuls en France à aborder de tels sujets. On a même l’impression qu’ils sont le prétexte à un divertissement très joyeux. C’est aussi comme ça que vous le voyez et surtout que vous le concevez ?

Oui, complètement ! C’est vrai que la particularité de MESSALINE réside dans ses textes en français, qui sont d’ailleurs un peu ma chasse gardée. Je ne chante d’ailleurs que mes textes, car j’ai besoin qu’ils viennent de moi pour mieux les vivre et aussi les adapter à la musique. Les thèmes abordés sont assez larges. Si l’époque ne se prête pas forcément à beaucoup de joie, je garde en moi ce côté joyeux et humoristique. Même sur des textes sombres, j’essaie toujours de glisser un petit jeu de mot, par exemple, pour désintellectualiser la chose et apporter un peu de légèreté aussi. Mes deux grandes influences au niveau de l’écriture sont Christian Décamps et Thiefaine, qui représentent pour moi les deux faces d’une même pièce.

– L’album contient des morceaux super-efficaces comme « Les 3 Stryges », « Black Shaman » ou « Je Voulais Te Dire », qui sont vraiment la marque de fabrique de MESSALINE, votre touche. On y perçoit une réelle alchimie entre vous. Comment naissent vos morceaux ? Vous partez du texte, ou est-ce qu’il arrive en second suivant l’univers du titre ?

En fait, on a deux méthodes pour composer. On essaie d’être efficace sur les refrains et les mélodies. Nous sommes un peu des chansonniers, en fait, et je l’assume complètement. Alors, soit j’ai une mélodie en tête et je l’envoie à Mathieu, soit c’est lui qui m’envoie ce qu’il compose à la guitare sèche. Ensuite, on discute beaucoup, on structure les morceaux minutieusement. Et puis, Mathieu est un vrai boulimique de musique et j’écris aussi beaucoup de mon côté. On fait le tri et on avance comme ça. Toute la base des morceaux est acoustique et on construit ensuite autour. On part du principe que si une simple guitare sèche et du chant sonnent, ça sonnera tout le temps ! Et ça nous permet de varier les plaisirs en faisant des shows-cases, par exemple, où l’on s’aperçoit que ça fonctionne. 

Photo : Jean-Denis Izou

– Et il y a aussi ces deux « Marque Page » (« Antiqua » et « Daeomina »). Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus et nous expliquer leur signification ?

On voulait des respirations. On a beaucoup réfléchi à l’ordre des morceaux et à leur structure au sein-même du disque. Même si beaucoup de gens écoutent les titres individuellement sur les plateformes, on voulait aussi garder ce format de 45 minutes, où on se pose pour écouter l’album d’une traite. Et pour que tout s’enchaine bien, on a trouvé intéressant de faire ces pauses musicales. Ca repose l’oreille tout en apportant d’autres mélodies. On voulait un lien encore plus naturel entre les morceaux.

– On connait l’amitié qui vous lie au groupe Ange, et d’ailleurs vous reprenez « Par Les Fils De Mandrin », qui est réarrangé pour l’occasion. Quelle était l’intention ? C’est un morceau qui vous suit depuis longtemps, ou c’est une sorte d’hommage ?

Oui, c’est un hommage à Christian Décamps que je connais maintenant depuis une trentaine d’années. C’est un ami très proche. Nous avons eu la chance de faire souvent leurs premières parties, et nous sommes proches musicalement sur beaucoup d’aspects dont l’écriture. On n’avait jamais eu l’occasion de reprendre l’une de leurs chansons, que ce soit en concert ou en studio et je trouvais que c’était bien de boucler la boucle de cette façon. Et pour m’en libérer complètement, il me fallait aller aussi aller jusqu’au bout. Comme « Vieux Démons » est un album référence et révérence aux anciens, c’était le bon moment. Nous n’avons pas non plus voulu faire une reprise pour faire une reprise. On voulait aller un peu plus loin. Dans le morceau, on a intégré d’autres titres d’Ange et d’ailleurs Mathieu a fait un gros travail là-dessus. On retrouve entre autre un titre de 1970 qui s’appelle « Messaline » et dont les enregistrements sont d’ailleurs très rares. « Par Les Fils De Mandrin » est presque un medley finalement et les musiciens d’Ange ont apprécié le fait que l’on ne cantonne pas à une simple reprise et Christian m’a même dit que nous avions fait du MESSALINE, ce qui est un grand compliment pour nous.

– L’album comprend aussi « Le Jardin Des Délices », un clin d’œil, ou encore un hommage, au peintre flamand néerlandais Jérôme Bosch (autour de 1450-1516). On est assez loin de l’univers de MESSALINE et pourtant il s’intègre parfaitement à « Vieux Démons ». D’où vous est venue cette idée ?

On voulait un morceau très acoustique, fait d’arpèges et dans l’esprit du Led Zep « III ». Le déclic est venu du fait que c’est un morceau assez bucolique avec un côté très nature, comme le lieu où Led Zep a enregistré son album à l’époque (au Pays de Galles, au Rockfield Studios – NDR). Pour le texte, cela a été une association d’idée. Et comme je suis plasticien, enseignant en art appliqué et dessinateur, l’art fait partie de ma culture. Et j’avais aussi lu un roman un peu ésotérique, qui parlait du « Jardin des Délices » de Jérôme Bosch.

Photo : Jean-Denis Izou

– Avant de parler d’« Orion Stargazer » qui est l’un des titres-phares de l’album, j’aimerais que tu nous dises un mot sur la pochette, qui est signée Stan W. Decker, dont on connait le travail pour Megadeth et Blue Öyster Cult notamment. Comment s’est faite la connexion avec MESSALINE, car il a très bien cerné l’état d’esprit et la démarche du groupe ?

En fait, je l’ai contacté dès qu’on a commencé à avancer sur les morceaux, car on sentait qu’on allait sortir une sorte d’album-concept basé sur les années 70. Pour aller au bout de l’idée, on s’est dit qu’il fallait une pochette peinte où on se mettrait en scène. Et au-delà de ça, on y trouve beaucoup de clins d’œil à Kiss et à Rainbow notamment et dans un esprit un peu ‘Renaissance’ pour la peinture. Ca m’a paru assez naturel de le contacter, et puis c’était aussi l’occasion de passer un cap. Il connaissait notre univers un peu Prog avec des textes en français. Je lui ai fait un croquis détaillé de la pochette avec la mise en scène et il a réalisé un travail extraordinaire à partir de tous ces éléments. S’il y a des références musicales dans l’album, il y en a aussi énormément dans sa pochette car le visuel fait autant partie du concept que les morceaux. (L’album est bien sûr disponible en vinyle – NDR)

– Concluons donc avec « Orion Stargazer », où l’on retrouve du beau monde : Renaud Hanson (Satan Jokers), Tristan et Francis Décamps (Ange et Gens De La Lune), Jo Amore (ex-Nightwish, Kingcrown) et Pyt Theurillat (Galaad). J’imagine que ce sont tous des amis de MESSALINE. Comment les as-tu convaincu de tous participer au même morceau ?

En fait, on voulait réunir sur un même titre tous les copains avec qui on a partagé la scène. Et le fait que ce soit le dernier titre était assez rigolo aussi. C’était important pour moi d’avoir des invités qui ne soient pas des ‘pigistes’, mais des amis. J’ai juste envoyé un petit mail en expliquant l’idée de l’album et celle du titre. J’ai envoyé des voix témoins en disant qui je voyais sur tel couplet et en les laissant improviser sur le pont central. En 48h, tout le monde était d’accord. C’est également un vrai plaisir personnel d’avoir des musiciens de cette qualité pour ce dernier morceau. Chacun a envoyé ses bandes et comme je leur avais laissé la place d’improviser, on a pu mettre toutes les voix ensemble au mix. Et à l’écoute, on a vraiment l’impression qu’ils étaient tous dans la pièce au même moment. On est vraiment ravi !

L’album « Vieux Démons » de MESSALINE est disponible chez Brennus Music.

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Heavy metal

Joe Lynn Turner : face aux démons

On n’est pas prêt d’enterrer le fringant septuagénaire qu’est aujourd’hui JOE LYNN TURNER. Avec un CV long comme plusieurs bras et un parcours artistique qui force le respect, le natif du New Jersey est plus combatif et robuste que jamais sur ce très bon « Belly Of The Beast », où il présente une sérénité incroyable doublée d’une puissance vocale phénoménale. Et le frontman ne se montre toujours pas rassasié.

JOE LYNN TURNER

« Belly Of The Beast »

(Music Theories Recordings/Mascot Label Group)

En s’associant avec le multi-instrumentiste et producteur Peter Tägtgren (Hypocrisy, Pain, Lindemann), le grand JOE LYNN TURNER livre sûrement l’un de ses meilleurs albums solos. L’Américain et le Suédois font des étincelles et le frontman affiche son incroyable registre vocal qu’il déploie avec force et qui semble même se bonifier avec le temps. Et l’addition de ces deux talents est d’une créativité qui crève les yeux.

Celui a officié avec Deep Purple, Rainbow, Yngwie J. Malmsteen, Sunstorm et sur un grand nombre de projets retrouve une seconde jeunesse avec « Belly Of The Beast », un album musclé, mélodique et très inspiré. Par ailleurs, en faisant état de sa maladie (une alopécie dont il souffre depuis ses trois ans), JOE LYNN TURNER paraît totalement libéré et, même s’il n’a plus rien à prouver depuis très longtemps, on le sent tout de même plus entreprenant.

Pour ce qui est du contenu de cette douzième réalisation personnelle, le chanteur œuvre sur des morceaux taillés sur mesure où il expose pleinement ses capacités vocales… et elles sont vastes ! Passé le morceau-titre qui ouvre les débats, JOE LYNN TURNER continue avec une aisance naturelle à porter littéralement l’album, grâce aussi à des guitares de grande classe (« Tortured Soul », « Rise Up », « Tears Of Blood »). Une belle réussite en tout point !

Photo : Agata Nigrovskaya