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Blues Blues Rock

Mario Rossi Band : Blues do Brazil

Originaire de la région de São Paulo, MARIO ROSSI BAND s’articule autour du songwriter, chanteur et guitariste qui donne son nom au groupe. Entouré d’excellents musiciens, le Brésilien, qui transpire littéralement le Blues, a mis à profit sa créativité très productive pour peaufiner « Smoke Burst » à travers un Blues Rock assez roots et lumineux.  

MARIO ROSSI BAND

« Smoke Burst »

(Independant)

Très peu exposée, la scène Blues brésilienne regorge pourtant de talents et MARIO ROSSI BAND fait partie des valeurs montantes. Avec quatre albums en quatre ans, le jeune artiste est un bourreau de travail et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça paie à en juger par la qualité de composition et d’interprétation de « Smoke Burst ». Et à écouter le musicien, c’est même son meilleur opus et aussi le plus mature.

S’il y a un style où l’on ne peut tricher, c’est bien le Blues. D’une authenticité et d’une sincérité exemplaire, MARIO ROSSI BAND est allé en studio pour y enregistrer cette nouvelle réalisation en live. Et cela s’entend et se ressent sur tous les morceaux. La complicité entre les musiciens est palpable et la production d’Othon Ribeiro est remarquable. « Smoke Burst » vit et respire, grâce à une alchimie qui crève les yeux.

Décontracté et appliqué, le quatuor ouvre l’album avec un instrumental, le morceau-titre. Une façon pour les Sud-Américains d’afficher la couleur. MARIO ROSSI BAND libère ensuite son Blues Rock avec panache et élégance (« Leavin’ For A Walk », « Jammin’ For Jimi », « Expansive Instinct »). A noter l’excellent « It Means Blues » majestueusement interprété par la chanteuse Lu Vitti et « There’s No Hope For Willie Brown », où la chaleur de l’harmoniciste de Chicago Steve Bell resplendit. A découvrir en urgence.

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Dark Blues Desert Rock

Jaye Jayle : cathartique

Malgré la pénombre dans laquelle nous plonge JAYE JAYLE avec « Don’t Let Your Love Life Get You Down », il en émane cependant une certaine lueur, comme une note d’espoir. Sur des sonorités empruntées au Blues, au Desert Rock et avec une touche Indie, le songwriter Evan Patterson se livre avec émotion dans un opus tourmenté.

JAYE JAYLE

« Don’t Let Your Love Life Get You Down »

(Pelagic Records)

Chaque production de Pelagic Records réserve son lot de surprises et n’étant pas spécialement adepte des différentes formations d’Evan Patterson (Young Widows, Total Concrete), la qualité des sorties du label allemand m’a convaincu de poser les oreilles sur le quatrième album solo de l’artiste sous l’entité JAYE JAYLE. Et ne connaissant pas non plus ses précédentes réalisations, c’est une sorte de saut dans l’inconnu… enfin, pas tout à fait, non plus.

Dès le très Doorsien « Warm Blood And Honey » qui ouvre l’album, j’avoue avoir été séduit par le climat et l’ambiance du morceau. Et la suite est toute aussi intéressante. Si l’on pense tout de suite au regretté Mark Lanegan, JAYE JAYLE ne prend pourtant aucun parti-parti. Au contraire, il pioche autant dans le Desert Rock, le Psych Rock que dans le Dark Blues, mais sans y plonger véritablement. C’est là aussi peut-être toute sa force.

Lancinant et introspectif, « Don’t Let Your Love Life Get You Down » est une partition très personnelle de la part du chanteur et guitariste du Kentucky, qui joue énormément sur les atmosphères tout en livrant des textes bien ciselés. Si l’ambiance est assez feutrée, la noirceur qui l’accompagne ne manque pas de poésie (« The Part Of Redemption », « That Snake Bite », « Tell Me Live », « The Florist »). L’univers de JAYE JAYLE est saisissant et demande aussi plusieurs écoutes.

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Bluesy Rock Country France

Bernie Bonvoisin : les ponts plutôt que les murs [Interview]

En observateur avisé de notre société et animé par une curiosité qui ne le quitte jamais, BERNIE BONVOISIN se livre en solo avec un cinquième album que l’on n’attendait pas forcément si tôt. Moins d’un an après « Propaganda » de Trust, c’est dans un registre très différent, mariant sa culture Rock au Blues et même par certains aspects à la Country, que le chanteur révèle une facette moins connue que celle affichée avec son groupe. Original, très acoustique et toujours guidé par des textes affinés et affûtés, « Amo Et Odi » offre des couleurs inattendues et attachantes. Entretien avec le mythique frontman français.

– Ton nouvel album sort tout juste neuf mois après « Propaganda » de Trust, ce qui est très court. Les morceaux étaient déjà en boîte et les textes écrits, ou est-ce que tout s’est fait rapidement ? On te sait très créatif quand tu entres en studio et tu aimes aussi enregistrer en condition live…

Tout s’est fait dans la foulée. On est entré en studio presque sans rien. On avait préparé plusieurs choses chez moi, où on avait énormément travaillé en acoustique.

– Qu’est-ce qui t’a motivé à retourner aussi rapidement en studio ? C’est assez rare de voir quelqu’un sortir deux albums en moins d’un an, où alors c’est l’envie de vite retrouver la scène qui t’y a poussé ?

On me l’a proposé et j’ai accepté, tout simplement. Un album solo est toujours très différent, dans le travail comme dans l’approche. C’est une autre manière de faire les choses.

– Beaucoup de morceaux ont été écrits en studio. Comment as-tu sélectionné les 13 qui composent « Amo Et Odi » ? Est-ce que dans ces cas-là, on pense à l’intégralité du disque et à sa cohérence, ou plutôt aux moments forts ?

On a fait une sélection de 18 morceaux. En fait, on a fait 13 titres sans batterie et cinq autres avec. Oui, on a réfléchi au tracklisting ensemble. C’est un album qui s’est fait assez simplement et avec des gens en qui j’ai pleinement confiance. On a travaillé sereinement, on a cherché des choses. Ca a été une sorte de laboratoire en fait.

– Sur le même sujet, pour ce nouvel album solo, tu te distingues vraiment de ce que tu fais avec Trust, ce qui est très compréhensible. Pourtant, musicalement sur certains titres et surtout au niveau des textes, il y a aussi des similitudes dans l’engagement notamment …

Oui, mon écriture reste mon écriture. Ca se passe surtout dans la manière d’écrire, qui est cette fois plus intime et plus personnelle. Mais l’essence reste la même. Sinon, c’est un aspect des choses sur lequel je ne me penche pas plus que ça. Je sais comment je vais aborder les chansons. Ma source d’inspiration reste la même : je vis dans un monde et une société que j’essaie de comprendre. Je suis traversé par des choses et j’en parle. L’aspect qui est radicalement différent par rapport à Trust, c’est qu’il s’agit d’un album de chansons, plus encore que les quatre autres disques.

– D’ailleurs, ton avant-dernier album solo, « Organic », date de 2010. Ils sont tous très espacés depuis « Couleur Passion » en 1986. Est-ce que tu attends toujours le moment propice, celui de l’inspiration, ou ce sont tes autres activités qui guident un peu les sorties ?

Là, c’était vraiment une question d’opportunité. J’ai reçu un coup de fil un matin pendant la deuxième période Covid. On m’a proposé de faire un album solo, j’ai dit pourquoi pas et nous y sommes. Ca s’est vraiment passé aussi simplement que ça.

– Justement sur le même thème, notre époque incite clairement à la révolte, pour ne pas dire à la révolution, tant les injustices sont grandes et surtout n’épargnent pas grand-monde. J’imagine que cela doit aussi se bousculer dans ta tête au moment de coucher un texte. Tes choix se font sur ce qui te touche le plus et comment te places-tu par rapport à l’urgence de certains sujets ?

Il y a aussi une notion d’instant T. C’est très divers et varié. C’est ce qui est dans l’air, il n’y a pas de thématique appropriée ou de choses dont on peut parler spécifiquement. Une idée est quelque chose de volatile. 

Photo : Frédéric Dugit

– Izo, David Jacob et Jean-Pierre Bucolo et son dobro t’accompagnent et l’ensemble sonne très bluesy en dehors de du très beau piano/voix sur « A S’en Ouvrir Les Veines ». C’est plus facile de travailler avec une équipe restreinte ? Et est-ce cette tonalité était celle que tu avais en tête dès le départ ?

Oui et il y a même des choses Country sur l’album. Jean-Pierre est un ami depuis 1977. On est très proche et c’est un très grand compositeur. Il a apporté une manière différente de travailler, d’aborder les chansons. C’est vraiment une super expérience. Au final, en grande partie sur cet album, c’est la musique que j’écoute. J’ai un spectre d’écoute qui va de La Calas à Led Zeppelin. J’écoute énormément de Country comme du Rap colombien aussi. Je suis basiquement très curieux, comme pour tout dans la vie. Je n’ai jamais été dans une chapelle, je préfère les ponts que les murs. Durant cette période, on s’est beaucoup retrouvé chez moi, on a écouté de la Country, de choses comme ça. C’est pour ça qu’on a fait des morceaux avec juste un dobro et une voix. On a vraiment essayé des choses différentes.

Et c’est aussi plus facile de travailler en équipe restreinte dans la mesure où on n’est pas dans une contrainte de genre. Chacun peut vraiment amener toutes ses idées. Tout est bon à prendre et à essayer. Il y a des morceaux dans cet album qui ont été structurés et déstructurés trois/quatre fois jusqu’au dernier moment. Le morceau « Amy », par exemple, a été fait en cinq minutes, parce que notre ingénieur du son a eu l’intelligence de mettre un micro, lorsque nous avons improvisé le titre. On a fait deux prises et celle qui est sur l’album est la première. J’aime travailler comme ça, et que chacun puisse s’exprimer et exprimer sa différence. C’est essentiel ! C’est ce qui amène des couleurs et des tons différents.

– Un petit mot sur ce panneau qui sera sur scène et où sera indiqué : ‘On ne joue pas « Antisocial »’. Effectivement, il n’a rien à voir avec ton travail en solo, dont acte. J’aimerais juste savoir comment tu arrives à raviver l’envie de le chanter, plus de 40 ans après sa sortie ?

Oui, c’était une joke, parce que c’est quelque chose qu’on me demande à chaque concert. De toute façon, je ne mélange pas les choses. Maintenant, je souhaite à tous les artistes d’avoir une croix comme celle-là à porter.

Photo : Maury Golini

– Justement pour les concerts à venir, l’idée est de faire le focus sur ce nouvel album, ou est-ce que tu joueras également des morceaux de tes autres disques solos ?

Pour le moment, l’idée de travail est de jouer l’album tel qu’il est, c’est-à-dire sans batterie avec une formation où nous serons quatre avec David Jacob, Izo, Jean-Pierre Bucolo et moi-même. Izo va réaliser un gros travail de programmation que l’on va entrecouper avec une session acoustique et avec des anciens titres, bien sûr. En fait, les morceaux des autres albums solos seront abordés de cette manière et viendront s’intégrer au reste. C’est ça aussi qui est intéressant, de prendre juste une guitare acoustique sans autre ajout. On va essayer de monter une setlist pour se faire plaisir et aussi pour contenter les gens qui viendront aux concerts.

– Pour conclure, beaucoup se pose évidemment la question, car on a pu lire tout et n’importe quoi sur le sujet : qu’en est-il de Trust ? L’aventure va-t-elle continuer ?

Je ne sais pas. Quand on s’est reformé en 2016, on était parti pour jouer trois mois et on a joué deux ans et demi. En ce qui concerne « Re-Ci-Div », c’est différent, parce que j’avais eu cette idée en pleine période de pandémie où nous étions bloqués. Ca s’est passé pendant un déjeuner où j’ai soumis l’idée et le directeur du label, qui était là, a trouvé qu’elle était bonne et ça s’est monté comme ça. Mais je ne vois pas la nécessité d’en faire un systématisme pour les autres albums. Pour les trois premiers, c’était réjouissant et rigolo de le faire, c’était un challenge aussi, car on l’a fait en trois jours. En tout cas, l’adapter aux autres, on n’y a pas pensé.

L’album solo de BERNIE BONVOISIN, « Amo Et Odi », est disponible chez Verycords.

Retrouvez la chronique de l’album : https://rocknforce.com/bernie-bonvoisin-la-rage-au-coeur/

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Contemporary Blues

Monster Mike Welch : in full light

Il est l’un des bluesmen les plus brillants de sa génération et malgré tout, il est aussi d’une discrétion presqu’indécente. MONSTER MIKE WELCH impressionne autant qu’il séduit le monde du Blues depuis presque trois décennies. Enregistré en Californie, « Nothing But Tim » est l’un des disques les plus personnels de l’artiste du Massachussetts et il éblouit par la classe qu’il diffuse.

MONSTER MIKE WELCH

« Nothing But Time »

(Gulf Coast Records)

Surnommé ‘Monster Mike’ à l’âge de 13 ans par Mr Dan Aykroyd des légendaires Blues Brothers, MIKE WELCH a depuis fait du chemin et mené une belle et grande carrière. Originaire de Boston, le guitariste, chanteur et songwriter marque de son empreinte le Blues contemporain qu’il parvient à rendre lumineux grâce à son inimitable signature électrique et un toucher unique, qui le rend si identifiable.

« Nothing But Time » est son huitième album sous son nom, mais MONSTER MIKE WELCH est un musicien plus que chevronné de la scène Blues américaine. Multi-nominé et récompensé à plusieurs reprises, il a œuvré entre autres plus de 15 ans au sein de Sugar Ray And The Bluetone et enregistré avec de nombreuses pointures du genre. Ayant combattu un Covid long pendant de très longs mois, il pensait son avenir incertain, et pourtant…

Présentant 14 morceaux, dont deux reprises de Robert Johnson, une de George Harrison et un autre de Buddy Guy, le virtuose brille surtout sur ses propres compositions, où sa dextérité et son feeling célèbrent la beauté du Blues (« Walking To You Baby », « I Ain’t Sayin’ », « Losing Every Battle », « Hard To Get Along With », « Jump For Joy »). MONSTER MIKE WELCH fait un retour rayonnant et son jeu est juste exceptionnel. Une merveille !

Photo : Jo Welch
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Metal Progressif

Ray Alder : la passe de deux

RAY ALDER n’est pas du genre à rester les deux pieds dans le même sabot. Pour preuve, le leader de Fates Warning multiplie les projets artistiques, tout en restant dans un Metal Progressif qu’il maîtrise parfaitement. Avec cette deuxième réalisation sous son nom, « II », il fait encore la démonstration de sa polyvalence et de sa faculté à s’approprier les mélodies avec talent. 

RAY ALDER

« II »

(InsideOut Music)

Figure emblématique du monde du Metal Progressif depuis 1988 avec Fates Warning avec qui il a sorti une dizaine d’albums, ainsi qu’avec Engine, With Redemption et A-Z depuis l’an dernier, RAY ALDER se balade en solo. Son nouvel opus, « II », fait suite à « What The Water Wants » (2019) et offre également d’autres perspectives au chanteur américain, qui est une fois encore très bien accompagné.

Ainsi, Mike Abdow qui tourne aussi avec Fates Warning et Tony Hernando (Lords Of Black) qui jouent tous les deux les basses et le batteur Craig Anderson (Ignite, Crescend Shield) font partie de l’aventure. Et tout ce petit monde s’entend à merveille et libère une grande vélocité sur « II ». RAY ALDER livre comme toujours une très belle prestation et s’affirme comme la pièce centrale du groupe.

Très bien produit et avec un mix particulièrement bien équilibré, ce nouvel opus va encore plus loin dans l’exploration musicale proposée habituellement par le frontman. Sur des refrains accrocheurs et des riffs intenses, RAY ALDER se montre audacieux, percutant et tout en puissance (« The Hollow Shell », « My Oblivion », « Waiting For Some Sun », « Changes »). Et grâce à des solos tout en finesse, « II » s’impose brillamment.

Photo : Jorge Cueto
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Bluesy Rock Rock

Bernie Bonvoisin : la rage au cœur

D’une intégrité sans faille depuis plus de quatre décennies d’une carrière bien remplie, c’est sous son nom que le frontman présente « Amo Et Odi », un album de chansons entre Rock et Blues, où le verbe tient comme souvent le première rôle. Entouré des fidèles David Jacob, Izo Diop et de son ami Jean-Pierre Bucolo, BERNIE BONVOISIN est un éternel révolté, mais toujours très positif, volontaire et solidaire. Un disque authentique et réaliste.

BERNIE BONVOISIN

« Amo Et Odi »

(Verycords)

Ses albums solos, BERNIE BONVOISIN les distille au compte goutte. Il faut remonter en 1986 avec « Couleur Passion » pour voir l’emblématique chanteur se livrer pour la première fois sans son groupe. Puis, il a sorti « En Avoir Ou Pas » (1990), « Etreinte Dangereuse » (1993) et « Organic » (2010). Autant dire que « Amo Et Odi » s’est fait attendre et, plus surprenant, il arrive neuf petits mois après « Propaganda », le récent et douzième album de Trust, preuve d’une belle dynamique.

Cela dit, BERNIE BONVOISIN a toujours des choses à dire et dans cette société, et surtout par les temps qui courent, l’auteur ne manque pas de matière et avec le regard aiguisé qu’on lui connait, appuyer là où ça fait mal tient presque du réflexe. Cependant, cette cinquième réalisation a quelque chose de différent des autres. Sur ses premiers disques, on percevait un côté plus intime en le découvrant de manière plus personnelle et dans un contexte moins revendicatif.

Musicalement très acoustique et bluesy, « Amo Et Odi » se rapproche un peu de l’atmosphère et du ton des derniers Trust. Mais l’intention de BERNIE BONVOISIN n’est pas la même ici. Bien sûr, les textes restent engagés et très lucides (« A Nos Aînés », « Allons Zenfants », « A Genoux »), mais il se présente aussi avec pudeur et tendresse (« Si C’était A Refaire », « A S’en Ouvrir Les Veines »). L’auteur d’« Antisocial » (qu’il ne jouera pas en concert !) dénonce, combat et se révolte toujours face au cynisme ambiant et à l’injustice.

Photo : Maury Golini
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Blues Contemporary Blues folk

Ashley Sherlock : elementary

Rayonnant et positif, ce premier album de l’Anglais ASHLEY SHERLOCK est une vraie petite merveille. Aussi à son aise en électrique qu’en acoustique, le musicien de Manchester combine avec talent des élans musclés très Rock avec des instants suspendus où le Blues et la Folk se tiennent côte à côte dans une chaleur et une communion qui font de « Just A Name » un magnifique disque.

ASHLEY SHERLOCK

« Just A Name »

(Ruf Records)

Il n’aura fallu que deux EP (l’un éponyme en 2019 et « If You’re Listening » en 2021) à ASHLEY SHERLOCK pour taper dans l’œil de Ruf Records et se joindre à son beau catalogue. Il faut dire que le songwriter a fait les choses dans les règles, à l’ancienne, en écumant les scènes intensément pour aguerrir son jeu et bien mesurer l’impact de ses compositions. Et le résultat est là avec ce resplendissant « Just A Name ».

Accompagné de Charlie Kay (basse) et Danny Rigg (batterie), c’est donc en trio que se présente le chanteur et guitariste avec un Blues Rock accrocheur, qui laisse cependant beaucoup de respiration. Entre riffs appuyés et accords plus délicats, ASHLEY SHERLOCK propose un univers très varié et assez éloigné des standards classiques notamment dans les sonorités, qui balaient un large spectre.

Le registre est résolument britannique dans le style et le Mancunien y a injecté de multiples influences, dont certaines assez étonnantes. « Just A Name » évolue dans un périmètre dans lequel se côtoient le Blues bien sûr, mais aussi le Rock, le Hard version acoustique et une Folk façon Jeff Buckley, jusque dans sa voix tout en nuances. ASHLEY SHERLOCK signe ici et déjà un grand album.

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Blues Country Rock

Samantha Fish & Jesse Dayton : sensuel et sauvage

On aurait pu s’attendre à un simple album de Blues Rock de la part de la blueswoman SAMANTHA FISH et du rockeur JESSE DAYTON, mais c’eût été trop facile et tellement prévisible surtout. Avec des caractères aussi trempés, c’est donc assez logiquement que les deux artistes se livrent à travers des compositions qui leur ressemblent, les différencient aussi et les subliment. Roots et sincère !

SAMANTHA FISH & JESSE DAYTON

« Death Wish Blues »

(Rounder Records)

Il y a un mois, de passage à Paris, SAMANTHA FISH me faisait le plaisir se répondre à quelques questions dans une interview consacrée à « Death Wish Blues », premier album en duo avec le rockeur JESSE DAYTON. Explosif et différent de ce que l’Américaine propose en solo, le disque arrive enfin et, réalisé sous la houlette du grand Jon Spencer, il ne manque pas de piquant et explore bien des horizons.

Sur le papier, la rencontre entre SAMANTHA FISH et JESSE DAYTON promet des étincelles comme on avait déjà pu le constater sur l’EP de reprises « The Stardust Sessions », sorti en décembre dernier. Et les morceaux présentés ici vont même au-delà de toute attente. Enregistré en seulement dix jours dans un studio de Woodstock dans l’Etat de New-York, « Death Wish Blues » est plus que séduisant : il ensorcelle.

Si les deux personnalités sont très fortes, leur complicité est évidente et les nuances artistiques du tumultueux tandem sont même surprenantes. Bien sûr, on parle ici de Blues, d’un Rock’n’Roll brut et authentique, mais aussi de petites escapades dans des contrées Soul et forcément d’une Country très alternative. SAMANTHA FISH & JESSE DAYTON propose un véritable bain de jouvence. Attitude et émotion sont au rendez-vous.

Retrouvez l’interview de SAMANTHA FISH accordée à Rock’n Force :

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Blues Heavy Blues Southern Blues

Fat Jeff : généreusement authentique

Les riffs sont épais, la voix chaleureuse et l’atmosphère souvent épurée, mais toujours captivante. De la Franche-Comté au far-west, il n’y a finalement d’un tout petit pas que FAT JEFF fait très naturellement avec une décontraction et un feeling de chaque instant. Le Blues très copieux du guitariste et chanteur joue sur la puissance de saturations bien senties, entrecoupées d’instant suspendus, tout en délicatesse.

FAT JEFF

« Get Back To Boogie »

(Independant)

Quoi de mieux que le vaste univers du Blues pour s’exprimer pleinement dans une formule en one-man-band ? C’est en tout cas le chemin emprunté par FAT JEFF et cela fait déjà trois albums que son histoire s’écrit. Faisant suite à « Feelin’ Wood » et « Tales From The Road », « Get Back To Boogie » vient renforcer l’identité artistique de l’artiste et son titre parle d’ailleurs de lui-même. Ici, on ne reste pas longtemps les deux pieds dans le même sabot.

Passé l’intro très Southern de bienvenue, on entre dans le vif du sujet, dans l’univers très personnel, brut et rugueux de FAT JEFF. S’aidant de minimalistes éléments de batterie, le musicien offre du rythme et de la dynamique à ses morceaux tout en conservant un aspect éthéré, souvent lancinant. Le chanteur s’appuie surtout sur les guitares pour forger ce son qu’il va puiser au plus profond des racines Blues avec également beaucoup de modernité.

Délicieusement gras et poussiéreux, il est question avec FAT JEFF d’un Dirty Old Heavy Blues écorché, qui penche autant sur le Blues du Delta que dans des sonorités plus sudistes, où le bottleneck croise la cigarbox avec une énergie très entraînante. Remuant sur « Clock Mornin’ », « I Am A Gypsy », « Lost Shoes » ou plus posé sur « Ducks », « Smokey Bars » ou « Bay Horse », on suit le songwriter avec plaisir dans un road-trip savoureux et dépaysant.

Photo : Maxime Gilbert
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Heavy metal

Todd la Torre : acier trempé

Profitant de l’arrêt brutal de la tournée mondiale de Queensrÿche il y a trois ans, TODD LA TORRE avait pu apporter la touche finale à son premier effort solo. Après une sortie initiale passée un peu incognito, « Rejoice The Suffering » retrouve les bacs et les fans qui l’auraient manqué vont pouvoir enfin se régaler du Heavy Metal tranchant et incisif du chanteur… et batteur !

TODD LA TORRE

« Rejoice In The Suffering »

(ROAR! Rock Of Angels Records)

Sorti en catimini en février 2021 chez Rat Pak Records, le premier album de TODD LA TORRE s’offre une nouvelle mise en lumière grâce à ROAR ! Rock Of Angels Records et c’est une très bonne chose compte tenu de sa qualité. L’ex-Crimson Glory et actuel frontman de Queensrÿche s’offre sa première expérience solo et « Rejoice The Suffering » est un intense et incandescent témoignage de pur Heavy Metal.

Avec son complice Craig Blackwell (guitare, basse, claviers), TODD LA TORRE tient le micro bien sûr, mais on le retrouve aussi derrière les fûts où il livre une très belle prestation. L’autre tour de force du natif de Floride est également de nous faire oublier Queensrÿche et la réussite est totale. Si on pense à Judas, Maiden et Annihilator pour les guitares, « Rejoice The Suffering » s’en démarque facilement pour s’imposer de façon très personnelle.

D’une grande variété, le disque de l’Américain brosse un vaste état des lieux en parcourant presque tous les courants du Heavy Metal avec une modernité et une dynamique qui ne faiblissent pas (« Dogmata », « Apology », « Critical Cynic », « Darkened Majesty », « Vanguards Of The Dawn Wall »). TODD LA TORRE se montre brillant, se présente sous un visage nouveau et prend ici une dimension qu’on ne lui connaissait pas forcément.

Photo : Joe Helm of Silly Robot Studios