En quelques années, ALLY VENABLE est passée d’un statut de star montante à celui d’artiste confirmée. Sans donner dans le démonstratif, la Texane, qui ne renie pas l’influence du grand Stevie Ray Vaughan, fait preuve de beaucoup de feeling dans un esprit délicieusement Southern. Avec « Real Gone », la jeune musicienne fait des étincelles et s’affirme avec classe.
ALLY VENABLE
« Real Gone »
(Ruf Records)
A quelques jours de son 24ème anniversaire, ALLY VENABLE sort déjà son septième album, si l’on inclue le sept-titres « Wise Man » paru alors qu’elle n’avait que 14 ans ! Et cet enfant prodige du Blues Rock ne s’arrête plus depuis et peaufine son jeu au fil du temps. Rien d’étonnant pour cette dernière considération, si ce n’est que son registre devient également de plus en plus personnel.
Guitariste et chanteuse de grand talent, ALLY VENABLE est aussi une songwriter accomplie et réalise même l’ensemble de « Real Gone ». Une maturité qui ne surprend pas plus que ça d’ailleurs lorsque l’on connait la portante courte carrière de la jeune femme. Et pour ce nouvel opus, elle s’est même offerte la collaboration du producteur Tom Hambridge (Susan Tedeschi, Kingfish, …).
Outre les deux moments que constitue la participation de Joe Bonamassa (« Broken And Blue ») et du géant Buddy Guy (« Texas Louisiana »), « Real Gone » regorge de pépites et la musicienne mène l’ensemble avec une élégance rare. Punchy sur le morceau-titre, « Justifyin’ », « Kick Your Ass » et « Two Wrongs », ALLY VENABLE se montre aussi très délicate sur « Gone So Long » et « Blues Is My Best Friend ». Une désormais grande dame !
Avoir autant de talent et de créativité dès ses débuts, c’est suffisamment rare pour être souligné. Le Southern Blues Rock teinté de Soul de HARLEM LAKE est aussi fin et pertinent qu’il est techniquement irréprochable et irrésistible. Après un premier opus de haut vol, les Néerlandais présentent « Volition Live », dont la qualité de la captation est le parfait reflet de leurs très belles compositions.
HARLEM LAKE
« Volition Live »
(Independant)
Découvert il y a deux ans lors de la sortie de leur excellent premier album, « A Fool’s Paradise Vol.1 », les Hollandais ne cessent depuis de faire parler d’eux et l’aventure de cette jeune formation prend une très belle tournure. Auréolé d’une victoire à l’European Blues Challenge l’année dernière, HARLEM LAKE n’a pas attendu un deuxième enregistrement studio pour livrer déjà un premier opus live.
Enregistré le 27 août dernier au Culemborg Blues Festival aux Pays-Bas, « Volition Live » montre le groupe en pleine possession de ses moyens et surtout incroyablement inspiré. La scène révèle HARLEM LAKE avec éclat et les compositions de « A Fool’s Paradise Vol.1 » prennent une ampleur et un volume déjà perceptibles sur l’album. Et une autre surprise attend encore l’auditeur.
En effet, c’est en version XXL que le groupe s’est produit ce soir-là avec le soutien de choristes et d’une session cuivre qui vient augmenter le groove déjà l’œuvre sur les versions originales. Porté par la voix pleine d’émotion de Janne Timmer, le feeling de Sonny Ray à la guitare, des parties d’orgue Hammond de Dave Warmerdam et par une rythmique imparable, HARLEM LAKE prend un envol majestueux d’une classe monumentale.
Rageuse et tellement libre, la nouvelle réalisation de MOONLIGHT BENJAMIN libère une énergie où tout paraît connecté. Explosif et saturé, le Blues ensorcelé de la Queen haïtienne illumine par une volonté fascinante de parvenir à un dessein musical unique. Et c’est chose faite avec « Wayo », qui claque autant qu’il rassemble dans un melting-pot d’influences variées et universelles.
MOONLIGHT BENJAMIN
« Wayo »
(Absilone/Socadisc)
Entre poésie et chamanisme, la chanteuse prêtresse avance sur ce troisième album dans un cyclone Blues et Rock libérant un cri de liberté pour son île meurtri et même au-delà. Dans sa voix, MOONLIGHT BENJAMIN semble également se faire l’écho des multiples catastrophes naturelles et les régimes politiques désastreux qu’a subi Haïti à travers un style aussi intemporel que moderne. Ce disque est un séduisant voyage chaotique.
De cet esprit caribéen omniprésent et même si l’on retrouve aussi des rythmes typiquement africains, il émane une charge émotionnelle incroyable puisée dans la force insulaire de ses origines. MOONLIGHT BENJAMIN a fait sienne la puissance vaudou et l’impact sur ses propres textes chantés en créole est saisissant. Elle envoûte par un chant hypnotique qui se fond dans un Blues torturé. « Wayo » (cri de douleur en haïtien) prend ici tout son sens.
Intenses et spirituelles, ces onze nouvelles chansons produisent un relief étonnant et s’inscrivent dans une sorte de rituel où se croiseraient comme par magie The Black Keys et Rokia Traoré. Mais c’est sans compter sur la singularité vocale de MOONLIGHT BENJAMIN qui marie les genres avec une grande ferveur. « Wayo » est vraiment initiatique dans son approche très mystique, où la lourdeur des tempos accompagne des incantations magistrales.
Qualifier la musique de BOURBON HOUSE uniquement de Blues Rock serait bien trop réducteur. Sur un groove irrésistible, le quatuor du Wisconsin alimente son style de touches d’Americana et de Classic Rock, porté par la voix chaude et puissante de Lacey Crowe. A quelques semaines de la sortie du troisième album du groupe, la chanteuse fait les présentations et nous en dit un peu plus sur la démarche de BOURBON HOUSE qui, je l’espère, ne tardera pas à séduire le public français. Entretien.
Photo : Jocelyne Berumen
– J’avoue vous avoir découvert récemment et un peu par hasard. En poussant un peu des recherches, je me suis aperçu que depuis 2017, vous aviez déjà sorti un EP, deux albums et plusieurs singles ces derniers mois. Est-ce que le fait que BOURBON HOUSE soit si prolifique tient d’une certaine urgence à composer et à jouer ?
Oui, parce qu’on a toujours envie de travailler sur quelque chose de nouveau. Je pense qu’en musique, il est difficile d’attendre, car il y a tellement de choses à faire entre l’écriture et l’enregistrement, ainsi qu’avec les tournées, les tournages de clips, etc… Créer de nouvelles choses est toujours quelque chose de très excitant.
– Votre premier EP éponyme était déjà annonciateur de votre Blues Rock si particulier. On a le sentiment que vous saviez dès le départ qu’elle était la voie à suivre. C’est le cas ?
Quand Jason (Clark, guitare – NDR) et moi avons commencé à écrire des chansons ensemble, il était plus qu’évident que nous étions sur la même longueur d’onde. Je pense que notre signature sonore a à voir avec notre combinaison en tant qu’auteurs-compositeurs. Ça tient aussi du fait que nous complétons très bien nos créations respectives. Je ne pense pas que je pourrais écrire ce genre de musique avec quelqu’un d’autre.
Photo Jocelyne Berumen
– D’ailleurs, BOURBON HOUSE a conservé le même line-up, je crois. Cette unité entre vous se ressent aussi à travers vos morceaux qui sont très spontanés et qui sonnent aussi très live sur disque. C’est important pour vous de garder cet aspect très direct ?
En fait, il y a eu quelques fluctuations en ce qui concerne notre section rythmique. Mais Jason et moi avons toujours été les auteurs-compositeurs, c’est pourquoi ça sonne toujours comme du BOURBON HOUSE. Le son ‘live’ auquel tu fais référence est un peu intentionnel même s’il est également assez inconscient. Nous avons beaucoup grandi en ce qui concerne l’enregistrement depuis notre premier EP, donc nos productions sont bien meilleures. Mais, nous apprécions toujours autant l’authenticité. Nous ne surproduisons pas, nous n’éditons pas, nous ne quantifions pas, nous ne corrigeons pas la hauteur, etc… Donc si un morceau nécessite cent prises pour être bon, c’est ce qu’il faut faire. Il est important pour nous que l’humain ne soit pas supprimé de la chanson pendant la production. Les petites imperfections sont belles aussi.
– Vu d’Europe, la musique du groupe faite de Blues, de Rock, d’Americana et de quelques sonorités Southern apparaît comme très roots. Est-ce que vous vous sentez un peu dépositaires et surtout héritiers d’un style typiquement américain ?
Je pense que tout est lié. Nous n’aimons pas nécessairement nous enfermer dans un style et nous utilisons des éléments de différents types de musique, mais au cœur des chansons de BOURBON HOUSE se trouvent les sons roots du Blues, de l’Americana et du Rock’n’Roll qui, je pense, influencent tant d’autres genres de toutes les régions du monde aussi.
Photo : Che Correa Photography
– Ce qui ressort aussi de votre discographie, c’est que vos compositions et votre jeu s’affinent au fil de vos réalisations, même si « Into The Red » est beaucoup plus Rock que les autres. On a presque l’impression que chaque album est une nouvelle page blanche. C’est aussi comme ça que vous le percevez et l’appréhendez ?
Oui, absolument. Nous n’avons aucun intérêt à créer des variations d’une même chanson. Et même si nous avons une signature sonore à défendre et que nous écrirons toujours ces chansons Blues Rock solides et efficaces pour nos fans, nous avons toujours le désir de composer en allant encore plus loin et approfondir chaque morceau.
– Depuis juillet dernier, vous avez sorti quatre singles (« Resonate », « Out For Blood », « High Road Gypsy » et « Blue Magic »). Pourquoi ce choix et est-ce que ces chansons se retrouveront sur un album à venir prochainement ?
Oui ! En fait, nous en sommes maintenant à cinq singles depuis un an, si on inclue le dernier, « 20 to Life ». Il est tout simplement plus facile de commercialiser un album, lorsque tu as déjà sorti cinq singles. En fait, on travaille dessus depuis la sortie de « Resonate ». Notre quatrième album sortira au printemps et comprendra les cinq singles, deux versions acoustiques et quatre titres inédits.
– J’aimerais aussi que l’on parle de ta voix, Lacey, qui est aussi puissante que délicate. Est-ce que tu écris tes textes, car on te sent réellement habitée et très investie dans leur interprétation ?
Merci ! J’écris les paroles, oui. Non seulement parce que cela m’aide à transmettre le message à un niveau personnel, mais il est également important pour moi sur le plan sonore que les mots sonnent bien de la façon dont je les chante.
– D’ailleurs, la complicité qu’il y a entre ta voix et les riffs de Jason est très souvent explosives. De quelle manière travaillez-vous ce bel équilibre entre la voix et la guitare ?
En fait, si tu écoutes bien les riffs, il n’y a aucune raison pour que je les couvre avec ma voix. Pourquoi le ferai-je d’ailleurs ? C’est aussi une question de respect mutuel. Aucun de nous n’a un énorme ego et on croit toujours que tout ce qui est bon pour la chanson est ce qui doit être fait. Les voix et les guitares doivent se compléter et ne pas se concurrencer ou s’opposer.
– Enfin, il y a une chose qui me laisse un peu perplexe. Comment un groupe comme BOURBON HOUSE n’a-t-il pas encore signé sur un label ? C’est un désir d’indépendance et de pleine liberté ? Ou un manque d’opportunité ?
Je suppose que c’est un peu des deux. Nous avons eu des offres et avons même été signés brièvement. Nous voulons garder le contrôle et nous ne savons pas vraiment ce qu’un label pourrait faire de plus pour nous. L’industrie de la musique est si différente maintenant que les labels ne sont plus nécessaires pour réussir. En bref, nous ne cherchons pas à être signés. Mais si un gros label nous proposait la bonne offre, nous l’étudierions bien sûr.
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Lisa Perry est une guerrière et cela s’entend ! Derrière un nom de scène très évocateur, HELLZ déploie une folle énergie qu’elle distille dans un Hard Rock intemporel et accrocheur. Avec ce premier essai en solo, « Warrior », la combative frontwoman se dévoile sous bien des aspects et surtout affiche une grande liberté.
HELLZ
« Warrior »
(Revenge Of Eve Records)
Cela fait maintenant deux décennies que la chanteuse Lisa Perry, alias HELLZ, sillonne les scènes Hard et Rock de sa grande île, l’Australie. Frontwoman de Hellz Abyss, qui s’est fait connaître avec l’album « N1FG » suivi de l’EP « Potty Mouth », elle livre enfin son premier opus solo où elle donne libre-court à l’expression débridée de ses influences musicales.
C’est du côté de Sydney que l’artiste a concocté ce savoureux « Warrior », qui est aussi sauvage et déjanté que sensuel et touchant. Compositrice et productrice de cette réalisation, HELLZ ne s’est pas contenté d’enregistrer un énième album de Hard Rock. Bien au contraire, on y retrouve de nombreuses sonorités Blues, quelques touches électroniques, mais surtout de grosses guitares.
Avec une séduisante saveur Old School, HELLZ se montre irrévérencieuse, provocante et sa capacité à évoluer dans un très large panel vocal fait d’elle une redoutable leader. « Warrior » propose presque toutes les nuances de Hard Rock et pourtant l’ensemble est d’une belle homogénéité. Rebelle et positive, l’Australienne incarne ses textes avec beaucoup de vigueur (« Bitch Ran Away », « Hell And Back », « Little Man », « Fire To The Sky », « Warrior »). Déterminée !
Fluide et plein d’émotion, « Five Stars Above » navigue dans un univers progressif entre Metal et Rock sur un ton très narratif et où les ambiances se croisent et s’entrechoquent pour ne faire qu’une. WEDINGOTH est au sommet de son art et les Français, servis par une voix féminine stupéfiante, offrent une prestation irréprochable et tout en finesse.
WEDINGOTH
« Five Stars Above »
(Independant)
Il aura fallu attendre six ans pour découvrir la suite des aventures progressive de WEDINGOTH. Après « Alone In The Crowd », le quatuor lyonnais refait surface avec « Five Stars Above », un album traversé par les voyages et les rêves et dans un registre qui se distingue du reste de la scène hexagonale. Fort d’une grande technicité, le groupe se met pourtant au service des mélodies avec beaucoup de talent.
Bien qu’autoproduit, cette quatrième réalisation n’a pas à rougir face à celles du même style, bien au contraire. Développé sur près d’une heure, « Five Stars Above » est parfaitement équilibré offrant un vaste espace à chaque instrument et ne s’encombrant d’aucune fioriture. WEDINGOTH maîtrise son sujet et parvient à faire de chaque morceau un moment suspendu, presqu’intemporel, où il rayonne pleinement.
Au chant, Céline Staquet hypnotise autant qu’elle libère une incroyable puissance sur les neuf titres du disque. Soutenue par une rythmique souple et solide, la frontwoman peut aussi se reposer sur les riffs accrocheurs de son guitariste. WEDINGOTH affiche donc une unité indéfectible dans une harmonie envoûtante (« Masterpiece Of Life », « I Don’t Care », « Time », « My Own Sacrifice »). Epoustouflant !
Et si ce troisième album de la chanteuse, guitariste et compositrice LAURA COX n’était finalement pas celui de la maturité ? Après un nombre incalculable de concerts, celle qui a toujours livré un Hard Blues teinté de Southern propose avec « Head Above Water » un disque authentique, à l’équilibre parfait et solide et montre une grande confiance, notamment vocalement. La Française a franchi un cap, c’est une évidence, en réalisant un disque plus posé et plus roots aussi. Entretien avec la virtuose.
Photo : Ugo
– Notre dernière interview date d’octobre 2020 lors d’un concert en Bretagne (salle Cap Caval à Penmarc’h – 29) et c’était le dernier avant l’interdiction. Et tu me disais que le Covid avait tué ton deuxième album. Depuis, tu as repris le chemin des concerts. Quel bilan tires-tu finalement de « Burning Bright » ?
Oui, on a été beaucoup freiné dans la promotion. L’album est sorti en novembre 2019 et ensuite, on a tourné jusqu’en mars seulement alors qu’on était en pleine lancée. C’est vrai que la vie du deuxième album a été un peu étrange. Mais on a beaucoup joué depuis l’année dernière et on a pu continuer à le faire vivre, mais tout a été un peu décalé. Le cycle des concerts a été très étrange aussi et c’est donc assez difficile d’en tirer un bilan. On l’a joué comme on a pu, mais je sens, comme les gens, qu’on a besoin d’un peu de fraîcheur, de nouvelles chansons… Et cet album va faire du bien à tout le monde !
– J’ai eu le plaisir de te voir au dernier ‘Hellfest’, pour bien commencer la journée, et tu nous as servi un set époustouflant. Toi qui es vraiment une artiste de scène, quel souvenir en gardes-tu, surtout après des mois très compliqués pour tout le monde ?
En fait, le ‘Hellfest’, on a eu le temps de s’y préparer, car on avait été programmé fin 2019 et ensuite cela a été reporté, reporté… Donc, j’ai eu le temps de le voir venir ! Mais c’était comme un rêve. Cela faisait des années que j’en rêvais ! C’était aussi un peu étrange, car j’y vais en tant que festivalière depuis 2010 et j’avais un peu l’impression d’être chez moi, à la maison, mais cette fois, c’était de l’autre côté : du côté artiste. Et l’accueil a été bon et on s’est éclaté malgré la chaleur. C’est un super souvenir, même si tout est passé très vite, puisqu’on a joué une trentaine de minutes. Et j’espère que ce ne sera pas notre dernier !
– Juste pour conclure sur ta prestation à Clisson, comment est-ce qu’on prépare un set dans des conditions comme celles-ci, à savoir une grande exposition et un passage assez court finalement ?
C’est vrai que c’est un show qu’on a vraiment préparé différemment. On a sélectionné les chansons les plus pêchues, parce qu’on sait très bien que les gens ne s’attendent pas à avoir 30 minutes de ballades. D’habitude, le set n’est pas construit comme ça, mais on joue très rarement aussi peu de temps. On y a mis toute notre énergie, même si on n’a pas trop nuancé en envoyant principalement des titres très Rock. On voulait quelque chose de dynamique, qui arrive à maintenir le public en haleine. Il y avait aussi quelques titres du nouvel album qu’on avait joué en avant-première. Rapide et efficace, au final !
– Parlons maintenant de ce très bon « Head Above Water » que tu es allée enregistrer à nouveau au mythique Studio ICP de Bruxelles en Belgique avec Erwin Autrique et Ted Jensen. L’ambiance devait être explosive pour ce troisième album après une telle attente, non ? Ou est-ce qu’au contraire tu étais plus sereine et détendue ? Ou les trois !?
J’étais assez sereine au final. L’enregistrement du premier album (« Hard Blues Shot » – NDR) avait été un peu compliqué, car je manquais de confiance en moi et l’ambiance n’était pas non plus super, car on avait eu des soucis techniques. Maintenant, plus ça va et plus tout se passe bien. On a travaillé dans la bonne humeur en étant studieux et productif, même si on s’est aussi beaucoup amusé. Je savais que j’étais bien entourée, que l’ambiance était bonne et puis, on n’avait pas rodé les chansons sur scène comme d’habitude, non plus. Elles étaient plus fraîches, plus spontanées, moins préparées et je pense que ce n’est vraiment pas un mal pour du Rock. Parfois, on a tendance à passer trop de temps sur une chanson et on se perd. J’ai abordé tout ça très sereinement en sachant aussi que ce ne serait pas de tout repos, parce qu’on avait deux semaines bookées et il fallait enregistrer tous les instruments additionnels que j’avais mis, les différentes pistes de guitares : il y avait quand même un peu de monde sur l’enregistrement. J’avais fait un petit planning et on était bien organisé.
– D’ailleurs pour rester sur l’enregistrement, beaucoup d’artistes de Blues rêvent d’aller enregistrer aux Etats-Unis ou même en Angleterre. Tu n’as pas été tenté par une aventure outre-Atlantique pour « Head Above Water » ?
En fait, mon label (Verycords- NDR) m’a proposé de repartir à l’ICP et comme cela s’était très bien passé pour le deuxième album (« Burning Bright » – NDR), il y avait un côté rassurant aussi, car je connais bien l’ingé-son, je connais bien le matos et l’accueil est très bon. C’est un super studio ! Je me sentais bien de revenir, car je savais qu’ils nous attendaient et où on allait enregistrer aussi. A un moment, je voudrais sûrement chercher d’autres sonorités, d’autres expériences. En tout cas, pour celui-là, on le sentait bien de le faire là-bas.
– Le titre de l’album en dit long sur ton état d’esprit à travers ces onze nouveaux titres, et pourtant c’est peut-être ton album le moins rageur, ce qui ne veut pas dire le moins fougueux ! Comment tu l’expliques ? Son écriture pendant le Covid peut-être ?
C’est ça ! Pour cet album, je voulais quelque chose de moins Hard, j’en avais un peu marre de crier tout le temps ! (Rires) Pendant le Covid, je suis partie au Portugal où j’ai composé la majorité des chansons près de l’océan. Je pense que ça a joué sur l’ambiance. Je voulais un album Rock et assez énergique, mais un peu moins dans le côté sombre et Hard. C’est ce que j’ai essayé de faire et je pense aussi qu’il me ressemble un peu plus. Le travail de compos était assez différent puisque, géographiquement, je n’étais pas au même endroit donc on a beaucoup moins travaillé ensemble. Quand je suis revenue, on a tout réarrangé en répétition et Mathieu (Albiac- NDR) a aussi apporté beaucoup de riffs et d’instrumentaux sur les morceaux les plus Hard, mais pour le reste, j’ai beaucoup plus travaillé en solo.
– Justement, je le trouve beaucoup plus Blues dans son ensemble et légèrement moins Rock dans l’approche. Il y a des aspects très roots avec notamment un banjo plus présent et de la slide aussi. Ca vient d’un désir d’explorer plus en profondeur toutes ces façons de faire sonner les cordes pour offrir un rendu peut-être moins massif ?
Oui, c’’est quelque chose que j’avais déjà un peu commencé à explorer avec le banjo, qui était beaucoup plus discret, sur les autres albums. J’ai eu envie de pousser ça un peu plus, car j’adore les instruments un peu Bluegrass. J’ai ajouté un peu de banjo, de la lap-steel et c’est quelque chose qui me plait vraiment de mixer toutes ses influences. C’est quelque chose que je pense garder comme ligne directrice pour les prochains disques. Je vais continuer à creuser dans cette direction.
Photo : Le Turk
– Pour avoir beaucoup écouté « Head Above Water », il a une sensation de road-trip qui règne sur l’album avec une dynamique qui ralentit un peu parfois, mais sans jamais s’arrêter. On fait un bon bout de route sous des cieux assez cléments et enjoués. C’était l’intention de départ ?
Oui, un peu à la façon d’un voyage. J’avais envie qu’on se plonge un peu là-dedans avec un trame directrice. Comme tu dis, il y a des plans un peu plus doux, mais j’avais envie de l’imaginer comme on le faisait à l’époque, qu’on l’écoute en entier et pas en choisissant les chansons à l’unité. Je l’ai pensé comme ça, effectivement. En tant qu’auditrice, c’est aussi comme ça que j’écoute la musique. J’aime bien écouter les albums dans leur intégralité, plutôt que de sélectionner des chansons.
– On est complètement d’accord ! Le streaming, je ne sais même pas ce que c’est…
(Rires) C’est pratique, mais ça a beaucoup moins de charme, c’est vrai. Je préfère acheter un album pour avoir le contenu physique entre les mains. Un disque, tu le regardes, tu le découvres… C’est aussi un voyage visuel et pas seulement musical.
– Vocalement aussi, on te sent plus apaisée et plus féminine aussi, dans le bon sens du terme. Si la guitare reste ton terrain de jeu favori, est-ce que tu as plus travaillé ta voix sur cet album pour qu’elle soit autant mise en avant et avec autant de variété ?
Justement, j’ai arrêté de me dire que je voulais chanter comme telle ou telle chanteuse et j’y suis allée naturellement en me disant comment est-ce que je sentais les choses. Je n’ai pris aucune référence sur les chansons et tout ça est sorti très naturellement. Je pense aussi que j’ai gagné en expérience et en confiance en moi. Et vocalement, tout a été plus simple que sur les précédents. Je pense aussi que c’est parce que je m’affirme de plus en plus.
– Un petit mot aussi sur cette pochette, presqu’iconique, sur laquelle tu arbores une belle Les Paul Junior. Il y a un petit côté ‘figurine’ légèrement en contraste avec l’album. Comment s’est effectué ce choix ? Car on connait l’importance d’une pochette d’album…
En fait, je ne pensais pas partir dans cette direction, j’avais d’autres idées en tête. On a fait un shooting et quand le photographe a regardé ses photos et regardé tout ce qui avait été fait, il s’est arrêté sur celle-ci. Il m’a dit qu’elle était simple, que la posture était bonne, qu’elle en imposait tout en restant sobre et il est parti là-dessus. Moi, je n’étais pas sûre. On en a parlé avec le label et tout le monde a été unanime. Et finalement, j’en suis contente, car cela reste simple et ça laisse aussi un peu de mystère, car les gens qui ne me connaissent pas ne savent pas forcément à quoi s’attendre. Il y a la guitare qui donne une indication, mais ça donne aussi envie d’écouter, car tu te demandes un peu quel style de musique tu vas avoir ! (Rires)
– Enfin, j’aimerais te poser une question au sujet de Joe Bonamassa qui vient de créer son label, KTBA Records, et qui enchaine les signatures. Déjà, est-ce que vous vous connaissez et est-ce qu’ensuite une telle aventure avec un grand monsieur du Blues comme lui te tenterait ? Ne serait-ce que pour bénéficier d’une exposition internationale…
On ne s’est jamais côtoyé, mais je sais qu’il a vu mon nom passer et qu’il m’a cité sur des forums par rapport à des vidéos que je postais. Je l’adore, c’est l’un de mes guitaristes préférés et techniquement peut-être même le meilleur. Mais je ne te cache pas que je suis chez Verycords depuis mes débuts, et earMusic pour l’international maintenant, et ça se passe vraiment bien. J’espère continuer avec eux, mais on pourrait collaborer avec Joe Bonamassa sous d’autres formes comme des premières parties, par exemple, se voir plus en live et en tournée. Et c’est vrai que cette visibilité côté américain serait très bienvenue.
Depuis, LAURA COX est annoncée sur la croisière « Keeping The Blues Alive At Sea Mediterranean III » du 17 au 22 août prochains entre la Grèce et la Croatie à bord du Norwegian Jade et sera entourée de grands noms du Blues… comme quoi !
« Head Above Water » est disponible chez Verycords/earMusic.
Revenue brillamment sur le devant de la scène il y a quelques années et saluée par son précédent album, « Radio On! », LEE AARON semble entamer avec un féroce appétit une seconde partie de carrière, qui lui va vraiment très bien. Avec « Elevate », la Canadienne persiste avec son groupe à livrer des chansons toujours aussi Rock et Hard avec ce soupçon si particulier et bluesy dans la voix. Une nouvelle fois, elle vient nous parler de son nouvel opus avec toute la fraîcheur et le côté direct qui la caractérise.
Photo : Theresa Mitchell
– L’an dernier, lors de notre dernière interview, je t’avais trouvé particulièrement épanouie d’autant que « Radio On! » était un album très réussi. Quel accueil a-t-il reçu et a-t-il été au niveau de tes attentes ?
J’ai reçu d’excellentes critiques et il s’est très bien vendu, alors oui, je dirais que j’ai été comblée. J’étais très contente de cet album et de la qualité des chansons qui contient. Je pense que le groupe est devenu meilleur au niveau de l’écriture. Mais j’essaie de ne pas me fixer d’attentes particulière, parce qu’on ne peut pas faire de la musique en espérant plaire aux autres. Il faut d’abord se faire plaisir. Ensuite, on espère que d’autres l’aimeront aussi. Par exemple, notre album de Noël, « Almost Christmas », n’a pas reçu de critiques élogieuses de la part de la presse Metal, mais le single « It Doesn’t Often Snow At Christmas » a obtenu des dizaines de milliers de streams, donc les gens l’aiment et l’écoutent.
– « Elevate » arrive finalement assez rapidement, et il a été composé durant le confinement. Tu l’as vécu comme une façon de rompre avec l’isolement et peut-être aussi de transformer la situation en source d’inspiration ?
Absolument. Nous avons fait deux émissions pour « Radio On! », puis le monde s’est à nouveau arrêté. Je sentais qu’il était très important de garder le groupe connecté et créatif, alors j’ai décidé que nous devions faire un autre album tout de suite. « Elevate » a été écrit et enregistré entre l’été 2021 et le printemps 2022. C’est un projet qui a permis de garder tout le monde très concentré et positif.
Photo : Theresa Mitchell
– Depuis « Radio On! », tu fais preuve à travers tes morceaux d’une énergie incroyable et cela se traduit par des chansons extrêmement positives. C’est ta manière de travailler qui a changé, ou c’est un regard neuf sur ta démarche artistique ?
Comme je te le disais, je pense que le groupe a atteint un point idéal dans la composition des morceaux et la compréhension de chacun d’entre-vous. Nous avons tous des influences différentes que nous faisons fusionner pour qu’elles se fondent toutes pour créer notre ‘son’. C’est très Rock, c’est costaud et positif. Dave aime vraiment la Power-Pop, Sean aime les classiques des années 80 et j’aime tout de la Pop au Metal en passant par le Punk et le Blues. D’une manière ou d’une autre, tout finit par bien se mélanger et il en ressort du LEE AARON.
– D’ailleurs, et comme son nom l’indique, « Elevate » est une invitation à aller de l’avant dans sa vie et ses projets. Ton objectif était de délivrer un message positif et de transmettre ton côté très volontaire ?
Je ne suis pas sûr d’avoir commencé à écrire « Elevate » dans un ‘but’ précis. Cependant, il était difficile de ne pas être affecté par ce qui se passait dans le monde à l’époque. La pandémie, et le fait de ne plus pouvoir se voir en personne, semblaient faire ressortir le pire des gens en ligne. Les médias sociaux ont la capacité de diviser complètement les bonnes personnes et c’était difficile à regarder. Le thème général de l’album reflète cela, mais il y ajoute : « Hey, soyez intelligents et gentils les uns avec les autres ! »
– Sur « Elevate », on retrouve à nouveau ce côté très live et spontané. Vous enregistrez toujours tous les quatre ensembles ? Et il y aussi quelques arrangements de cordes très bien sentis…
Merci ! Oui, nous avons encore enregistré tous et en direct dans la même pièce aux Armory Studios de Vancouver. C’est notre manière préférée d’enregistrer. Je pense que le plaisir se traduit sur les morceaux quand vous pouvez tous être dans le même espace en train de rire ensemble. Et pour les cordes, j’ai fait tous les arrangements au synthé moi-même à la maison, et le violon (sur « Spitfire Woman ») a été joué et enregistré à Winnipeg par une merveilleuse violoniste nommée Karen Barg.
Photo : Theresa Mitchell
– Ce nouvel album garde toujours ce côté Rock très rafraîchissant et qui est devenu ta signature depuis « Fire And Gazoline » notamment. Finalement, c’est cet aspect brut et direct qui te convient le mieux, je trouve. On te sent en recherche d’efficacité tout en restant très spontanée. Tu ne te reconnais pas dans les grosses productions actuelles, souvent surfaites ?
Je crois que ‘moins’ se traduit par ‘plus’ en matière de production. Nous avons essayé de garder des choses très simples avec seulement deux pistes de guitare sur la plupart des chansons et tous les chœurs sont chantés par tout le groupe. J’ai appris au fil des ans qu’en ajoutant plus de choses, cela ne sonnait pas nécessairement plus gros. Cela rend simplement la production plus épaisse. L’une des choses merveilleuses à propos de mon groupe est que ce sont tous des musiciens fantastiques. Nous n’utilisons jamais de pistes d’accompagnement ou de clics en live et nous n’avons pas besoin d’ordinateurs pour faire un concert. Et je veux que les albums reflètent cela.
– J’aimerais aussi qu’on dise un mot au sujet de ta collaboration avec Mike Fraser. Il semble avoir vraiment saisi l’esprit de ton écriture et l’identité musicale du groupe. Comment se traduit son implication dans la production de l’album ?
Ce sont de très beaux compliments, merci. J’adore vraiment travailler avec Mike. Il est très talentueux et c’est un merveilleux ingénieur et mixeur, de classe mondiale et à tous les niveaux. J’ai produit l’album et géré la sélection finale des chansons et les arrangements qui, selon moi, étaient l’essence de ce que nous essayions de transmettre avec « Elevate ». Mike est un génie des sons de guitare organiques et de batterie. Et c’est là qu’il brille vraiment sur cet album. J’ai beaucoup appris en travaillant avec lui. De plus, c’est également une personne incroyable.
Photo : Theresa Mitchell
– Sur « Elevate », tu parles aussi des réseaux sociaux et de leurs dangers. Tu dis qu’il faut en éviter les pièges et je suis entièrement d’accord. Sans faire de leçons de morale, de quelle manière t’en préserves-tu, car on peut aussi en tirer bien des avantages ?
Je suis totalement coupable de passer trop de temps sur Internet comme tout le monde. Cependant, j’ai essayé d’être beaucoup plus consciente de la façon dont j’utilise les médias sociaux au cours des deux dernières années. Pendant le Covid, j’ai eu l’impression qu’il y avait un changement dans le comportement des gens en ligne. Sans interaction humaine et de responsabilité en face à face, les gens sont devenus assez méchants dans leur discours avec les autres. Il y a une polarisation effrayante qui se produit parce que ce que nous voyons que notre ‘flux’ et il est contrôlé par des analyses et des robots. Les gens ne voient vraiment que des informations qui correspondent à leur point de vue. Quand quelqu’un présente un avis différent, il se sent trahi ou choqué par celui-ci. Et la moitié du temps, les informations sont imposées, car il n’y a aucun contrôle en ligne pour empêcher les mensonges de devenir viraux. C’est un problème dangereux et omniprésent. J’espère que les gens prennent le temps de comprendre ce qui se passe, plutôt que de le perdre à faire défiler des vidéos Tik-Tok. Et puis, les médias sociaux peuvent également être mobilisés pour faire beaucoup de bien.
– Enfin, tu es venue jouer en France il y a peu de temps. Comment as-tu trouvé l’accueil du public, et quels souvenirs marquants en gardes-tu ?
Nous adorons la France ! Le public était incroyable et mes moments préférés ont été de rencontrer les fans après le spectacle. Ils étaient tous si chaleureux et aimables. Beaucoup avaient attendu des années pour nous voir et nous avons vraiment pu partager leur enthousiasme. Les organisateurs du festival étaient de vrais amateurs de musique Hard Rock et leur mission était de faire venir des groupes dont ils étaient fans. Ce genre de passion est vraiment spécial et ce sont mes types de festivals préférés. Et nous avons pu visiter la maison d’enfance d’Arthur Rimbaud qui appartient à Patty Smith, donc c’était génial aussi !
Le nouvel album de LEE AARON, « Elevate », est disponible chez Metalville Records.
Retrouvez également la première interview donnée à Rock’n Force par la chanteuse canadienne :
Passionnée et subtile, la chanteuse ELLES BAILEY a sorti son nouvel opus, conçu sur ses terres anglaises, en début d’année et « Shining in The Half Light » est étincelant de bout en bout. Parfaitement entouré de musiciens dont la sensibilité est éclatante, la compositrice britannique nous berce par sa voix gorgée d’émotion sur des morceaux d’un Americana Roots teinté de Blues incarné de la plus belle des manières.
ELLES BAILEY
« Shining In The Half Light »
(Outlaw Music)
Sorti en février dernier, je ne pardonne toujours pas d’être passé à côté de ce somptueux troisième album d’ELLES BAILEY. La chanteuse de Bristol y livre l’une de ses meilleures performances vocales. Alors qu’il devait être enregistré à Nashville, la pandémie l’a poussé à investir les studios de Middle Farm dans la campagne du Devon. Et « Shining In The Half Light » brille de mille feux.
Soutenues par un quatuor de choc, des chœurs exceptionnels et avec Dan Weller (Enter Shikari) à la production, les nouvelles compostions de l’Anglaise prennent du volume et la qualité de l’écriture fait le reste. Entre Americana Roots et Blues, ELLES BAILEY se hisse avec talent parmi les meilleurs songwriters du style avec notamment des ambiances Gospel absolument superbes.
Entraînante sur « Cheats And Liars », enjouée sur « The Game », bluesy sur « Colours Start To Run » et son magistral solo ou plus délicate sur « A Different King Of Love », ELLES BAILEY sait tout faire et la justesse dont elle fait preuve vient définitivement assoir son statut d’artiste incontournable. « Shining In The Half Light » s’impose comme un album de Blues Americana terriblement roots, expressif et addictif.
Occulte et horrifique, DEATHLESS LEGACY n’a pourtant pas peur de faire un Metal accessible, très mélodique aux teintes progressives dans un écrin où la production massive joue un rôle essentiel et fédérateur. Capable de se fondre dans un Dark Rock comme dans un Power Metal costaud, les Italiens ouvrent la voie à une carrière qui n’attend dorénavant que son décollage. Et « Mater Larvarum » devrait sans problème les y aider.
DEATHLESS LEGACY
« Mater Larvarum »
(Scarlet Records)
Même si le groupe a été fondé en 2006, on compte sur les doigts d’une main les fois où les Italiens ont quitté leur Italie natale pour se produire. Pourtant, à l’écoute de ce « Mater Larvarum », la puissance et les mélodies qui en émanent sont d’une grande intensité et d’une maîtrise totale. Mené par sa fougueuse frontwoman, DEATHLESS LEGACY s’impose avec talent sur ce sixième album, qui devrait enfin les installer sur la scène européenne.
Héritier direct du mythique combo transalpin Death SS, le quintet (accompagné d’une ‘performeuse’ sur scène) affiche un style à la fois musclé et tendu mais évolue également dans des sphères plus progressives et même symphonique et gothique dans leur approche. En réalisant un album-concept renouant avec un Heavy Horror cher à King Diamond, DEATHLESS LEGACY nous projette dans un monde de férocité féminine pourtant sexy.
En démarrant ce très bon opus avec « Ora Pro Nobis », la formation annonce la couleur. Dark et effrayante, les atmosphères se révèlent accrocheuses et regorgent de refrains entêtants (« Moonless Night », « Nightfall »). Au chant, Steva livre une performance solide en jouant sur une grande puissance vocale et un timbre qui lui permet bien des audaces (« Hollow », « Altar Of Bones », « Run » et le morceau-titre). DEATHLESS LEGACY s’impose de belle manière !