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Alternative Rock post-Rock

[Going Faster] : First Draft / The Harts Industry

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

FIRST DRAFT – « Declines Are Long Gone » – Lylo Prod

Incroyablement créatifs, les Tourangeaux refont surface avec ce deuxième EP, « Declines Are Long Gone », et cinq morceaux où se multiplient les émotions à travers des pulsions musicales étonnantes. Fondé en 2016 par Marine Arnoult (batterie, chant) et Clément Douamdonne (basse chimérique), FIRST DRAFT emprunte bien des chemins, afin d’élaborer un style bien à lui. Particulièrement pointu, on peut sentir toute l’exigence technique et mélodique du duo. Pleines de relief, les compositions traversent et s’approprient des nuances à la fois Stoner, Shoegaze et parfois aux frontières de la Pop pour obtenir un post-Rock original. Entre une puissance affichée et une délicatesse toute en harmonie, FIRST DRAFT fait le lien avec un talent qui crève les yeux.

THE HARTS INDUSTRY – « All Covered In Gold » – Independant

Il émane un parfum très 90’s de l’univers musical de THE HARTS INDUSTRY et, personnellement, je ne m’en plaindrai pas. Après « Cherokee Hell », son premier EP en 2017, le quatuor français récidive avec un autre format court où se mêlent des ambiances à la fois intimistes et fougueuses. Avec « All Covered In Gold », le groupe se rappelle au souvenir d’une époque après laquelle il semble courir. De fait, le Soft Rock teinté d’Alternative fait planer une certaine mélancolie, qui a son charme. Les cinq morceaux ne lésinent pas sur les refrains entêtants et quelques riffs bien appuyés, tout en se laissant aller à s’évader dans des passages plus planants et vaporeux. THE HARTS INDUSTRY pose de belles mélodies bien mises en valeur par une production très soignée.  

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Post-HardCore

Membrane : une brume épaisse

Basé dans l’Est de la France, MEMBRANE distille depuis plus de deux décennies un Noise frappé de post-HardCore robuste et captivant. Sombre et intense, le trio développe des atmosphères où règne une tension palpable. Avec « Beyond Your Beliefs », son sixième album, le combo s’affirme avec puissance.

MEMBRANE

« Beyond Your Beliefs »

(Source Atone Records)

Tout commence dans un chuchotement en français dont le texte donne le ton de ce qui nous attend sur ce très bon « Beyond Your Beliefs » délivré par le trio MEMBRANE. Particulièrement dense, ce sixième album est incroyablement obscur et laisse s’abattre une véritable chape de plomb, avec une énergie et une rage très contenues. Entre Noise et post-HardCore, le combo s’installe avec force. 

Ecrasants et parfois même étouffants, les nouveaux titres du groupe traversent des atmosphères épaisses et sombres avec une souplesse étonnante compte tenu de leur teneur. Les riffs sont pesants, les rythmiques massives et la complexité des structures sont captivantes à plus d’un titre. MEMBRANE rebondit là où on ne l’attend pas et surprend par ses ambiances. 

Pour prendre encore plus d’épaisseur dans son jeu, le trio avait intégré le guitariste Mathieu Roszak, malheureusement décédé depuis, mais présent sur le disque. Dédié au six-cordiste, l’album n’en est que plus émotionnel. Le Noise Post-HardCore de MEMBRANE brille par ses aspects envoûtants et quasi-obsédants (« In The Crowd », « Heart » ft. Marion Leclercq, « Lightning Skies » ft. Stéphane Azam de Crown, « The Height Of A Life »). Saisissant !

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France Post-Metal post-Rock

Hangman’s Chair : l’histoire d’un concept [Interview]

Très attendu, le sixième album de HANGMAN’S CHAIR, « A Loner », n’a pas déçu, très loin de là ! Poussant toujours plus loin leur travail sur les sons, la production et l’aspect toujours très conceptuel de leur musique, les Franciliens ont livré un opus immersif et saisissant, en nous plongeant toujours un peu plus dans leur univers où se mêlent les styles et les atmosphères avec une minutie et une classe évidente. Rarement le Post-Rock et Metal aura montré autant de richesses et de variété. Rencontre avec Julien Rour Chanut (guitare) et Medhi Trepegnier (batterie), tous deux membres fondateurs du groupe, qui nous parlent d’une même voix de ce nouvel album.

– En l’espace de six albums, celui-ci compris, vous êtes passés du Sludge au Stoner avec aussi un côté Doom. Avec « A Loner », on a le sentiment que vous vous situez entre le post-Metal et le post-Rock avec un aspect Cold Wave. C’est aussi le regard que vous avez sur l’évolution musicale de HANGMAN’S CHAIR ?

Je pense que cela s’est fait très naturellement. Lorsqu’on a monté ce projet en 2005, on écoutait beaucoup de Doom, de Stoner et de Sludge et cela se ressent sur les deux premiers albums. Sur la durée, on a sans doute gagné en maturité humainement, et cela s’en ressent musicalement. On a plus assumé notre son et nous nous sommes un peu éloignés de ces registres-là. Cela dit, le Doom est toujours présent à travers la lourdeur des morceaux, par exemple. Petit à petit, on a affiné et aussi coloré notre musique à travers la recherche de sons. Le côté Gothic et Cold Wave est plus visible, c’est vrai. On travaille depuis quelques albums beaucoup plus sur les textures et les atmosphères. « A Loner » s’inscrit dans cette continuité. Par ailleurs, ce ne sont pas forcément des choses que l’on écoute. On suit quelque chose d’identique sur le concept au fil des albums finalement.     

– Avant de parler de ce nouvel album, est-ce que ces changements de registres vous ont aussi permis de conserver vos fans, de les faire grandir avec vous et même d’en gagner ?

Oui, ça marche avec, c’est vrai. Il y a les gens qui nous suivent depuis le début. Il y en a aussi forcément que l’on a perdu sur la route. Dans l’ensemble, les fans de base ont compris l’évolution musicale du groupe. Et puis, on en a gagné aussi et notre audience s’élargit. Tout ça est naturel. Il y a également tout ce qui entoure le groupe : le label, la visibilité, les médias, etc… Et comme les choses se font aussi plus sérieusement, tu y gagnes évidemment en retour.  

– Juste avant de sortir « A Loner », vous étiez chez Spinefarm, un label très réputé. Qu’est-ce qui vous a convaincu de rejoindre Nuclear Blast ? C’était une décision de votre part, ou peut-être un désir de changement et de nouveau départ ?

On a vraiment été ravi que Nuclear Blast nous contacte, qui ne le serait pas ? (Rires) On savait que le bureau allemand nous suivaient depuis quelques années. Ils nous ont justement contactés au moment où cela ne se passait pas vraiment comme on le souhaitait avec Spinefarm. On a rompu le contrat et Nuclear Blast nous recontacté à ce moment-là. Avoir un label aussi prestigieux qui nous propose de collaborer pour la suite a été une très bonne chose, et après quelques discussions entre nous, la décision s’est faite très rapidement. Ils adorent ce que l’on fait, ils nous le font sentir et on voit déjà tout le travail qui a été fait en amont et l’investissement apporté. On ne peut qu’être ravi ! On attend avec impatience la suite, car nous n’en sommes qu’au début, mais pour un groupe comme nous, c’est difficile de trouver mieux.

– Très bien produit, « A Loner » reste dans des atmosphères mélancoliques, qui sont finalement aussi votre marque de fabrique. Loin d’être lancinante, votre musique reste toujours percutante. Ce côté Metal et Rock reste définitivement ancré ?

C’est vrai que c’est une approche pour faire passer des émotions. Ce qui nous intéresse, c’est l’équilibre dans tout ça. On vient de musiques plutôt extrêmes et on se nourrit de tout ce qu’on écoute, et c’est sur ce contraste qu’on aime jouer. Lorsque l’on commence à composer, on pense toujours à l’équilibre entre les émotions. On travaille beaucoup sur le son, le fait d’aérer notre musique et trouver cette balance. On aime ce côté brutal que l’on trouve dans le Metal, mais aussi des aspects plus planants. Cela fait partie intégrale de notre identité. On écoute aussi peut-être beaucoup plus d’autres choses qu’auparavant, et cela multiplie les influences qui se retrouvent sur l’album. Mais il y a toujours ce petit goût de Metal HardCore.

– La production de l’album est peut-être moins organique, mais toujours très soignée. On a presque l’impression que « A Loner » a été imaginé pour être écouté au casque pour plus d’immersion…

Oui, c’est aussi notre impression. Par ailleurs, le fait qu’on ait composé dans la période de confinement a joué. On a plus porté notre attention sur le son et l’ambiance, et cela a vraiment marqué l’album. Et c’est vrai qu’on l’a composé au casque ! (Rires) Cela a aussi été une nouvelle manière d’enregistrer et d’aborder ce nouvel album. C’est marrant que tu dises ça, parce que c’est exactement ce qu’il s’est passé ! (Rires) Il y a aussi beaucoup de travail sur les détails comme les effets stéréo, par exemple. Il faut peut-être être dans une bulle et s’isoler pour écouter ce genre de musique, c’est vrai.

– Il y a un aspect très cinématique sur l’album. Est-ce que vous avez conçu « A Loner » sur un concept précis, ou alors morceau par morceau, plus traditionnellement ?

Julien est arrivé avec un concept. Cela dit, chacun compose aussi beaucoup de son côté. Et ensuite, dans cette période qu’on adore et dans laquelle on est le plus à l’aise, c’est-à-dire l’écriture, il fallait se mettre autour de ce concept pour faire des morceaux et une entité complète à travers un album. Le côté cinématique a toujours été très présent chez nous. On a toujours composé dans ce sens-là, car on adore raconter des histoires à travers nos morceaux. Après, il a fallu en faire un album qui s’écoute de bout en bout comme pourrait se regarder un film. Et il y a la construction tout autour, qui commence par un titre en forme d’intro, un interlude et un morceau de fin aussi. Chaque titre a vraiment une place précise dans l’album. On ne pourrait pas se contenter de placer des singles, parce qu’il y a de très bonnes chansons qui vont pas dans un album, par exemple. C’est pour ça qu’on met certaines choses de côté aussi. Ce qui nous intéresse est surtout ce côté puzzle dans la composition d’un album avec toute la cohérence que cela implique.

– En amont de la sortie de l’album, vous avez également diffusé les clips des deux premiers singles, « Cold & Distant » et « Loner ». Très bien conçus et réalisés tous les deux, ils donnent aussi l’impression que le visuel compte beaucoup chez HANGMAN’S CHAIR. La vidéo est devenue un support incontournable pour vous, ou juste un support marketing finalement ?

Pour être honnête, sur les albums précédents, on aurait adoré avoir cet outil promotionnel. C’est une très bonne chose d’avoir Nuclear Blast derrière toi qui te permet de débloquer des fonds pour travailler avec des supers réalisateurs pour faire des choses de goût. Ce n’est pas un domaine qui est notre fort, non plus, à la base. Mais on a toujours la main sur tout, du début à la fin. En tout cas, on essaie. C’est vrai qu’avant, on n’a jamais eu la possibilité d’habiller les morceaux avec de superbes images et de réaliser de beaux clips. Je pense qu’avec cet album, c’est quelque chose qu’on a réussi à faire. C’est très important aussi, que ce soit dans la pochette ou les vidéos, de préserver cette chartre graphique et que l’on soit fier du résultat. On a fait confiance et on a laissé carte blanche pour sublimer les morceaux en les mettant en image. C’est un vrai plus et on est hyper-satisfait du résultat évidemment. Cela dit, c’est vrai qu’on aime avoir la main sur tout, que ce soit le merchandising aussi. Tout ça prend du temps, car on passe par des graphistes, des illustrateurs… Beaucoup de groupes laissent leur label faire et ce n’est pas ce qu’on veut. En tout cas, on veut faire des choses à notre goût ! (Rires)

– D’ailleurs, et pour conclure, l’actrice Béatrice Dalle figure dans le clip de « Cold & Distant ». Comment cette collaboration et cette rencontre ont-elles eu lieu ? Et s’est-elle impliquée de son côté directement en apportant quelques idées, par exemple ?

Elle a fait son taff d’actrice avec brio. En fait, cela a été un concours de circonstance. On a travaillé avec un réalisateur qui s’appelle Oscar Bizarre, qui connait bien Béatrice Dalle. On avait tourné un clip avec lui, et on avait trois clips à faire au total. Il lui en a parlé et après avoir écouté le morceau, elle a accepté. On a du chambouler un peu notre planning, mais on savait qu’elle pouvait vraiment sublimer le clip. Elle s’est vraiment impliquée dans la mesure où tout tourne autour d’elle et de son jeu d’actrice. Oscar l’a dirigé, car nous étions encore en studio, en apportant ses idées auxquelles elle a complètement adhéré. Elle a parfaitement compris le concept du clip et on l’a remercie énormément. 

Le nouvel album de HANGMAN’S CHAIR, «  A Loner »,  est disponible depuis le 11  février chez Nuclear Blast.

Retrouvez également toutes les dates de concerts du groupe :

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Alternative Metal Alternative Rock Metal Fusion

[Going Faster] : Matrass / Corey Taylor

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

MATRASS – « Inner Wars » – La Tangente

C’est de manière intelligente et créative que MATRASS se présente avec une deuxième réalisation particulièrement bien produite. Avec « Inner Wars », le quintet bordelais remet habillement la Fusion à l’honneur mélangeant une vision musicale très moderne pourtant héritée de groupes comme RATM, Faith No More et d’un soupçon de Living Coloür. Mariant la puissance du Metal et des ambiances post-Rock où se mêlent growl et chant clair, MATRASS est techniquement imparable et met beaucoup de relief à des compositions, qui prennent aussi le temps de respirer et pour être ensuite très incisives (« The Tide », « Y », « Soldier »). La fougue et la polyvalence de sa chanteuse, Clémentine Browne, apporte une singularité très colorée à ce « Inner Wars », dont les arrangements sont, par ailleurs, très soignés. Une formation à ne surtout pas manquer !

COREY TAYLOR – « CMFB… Sides » – Roadrunner

On a beau être habitué aux grands écarts de COREY TAYLOR, ça ne l’empêche pourtant pas de jouer à nouveau aux montagnes russes avec « CMFB… Sides ». Le chanteur de Slipknot et de Stone Sour navigue ici entre reprises, unplugged et versions live de ses compositions. Côté covers, le frontman s’essaie à Metallica (« Holier Than You ») et à Kiss comme on peut le voir sur la pochette (« Got To Choose »), et c’est franchement réussi.  Avec un respect des institutions et sa touche personnelle, COREY TAYLOR joue l’équilibriste. Pour le reste, on retrouve ses versions de titres de John Cafferty, Eddie Money et des Dead Boys très énergiques, puis beaucoup de délicatesse sur « Kansas » et « Halfway Down ». Eclectique et soigné, « CMFB… Sides » mérite bien plus qu’une simple écoute.

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Dark Gothic Death Metal Doom

Kozh Dall : pulsions primaires

En Breton, KOZH DALL pourrait se traduire par ‘sale aveugle’. Et c’est justement assez proche du cœur du concept de « Deaf Mute », un troisième album à la fois brutal, étrange et captivant. Dans un univers sombre, Laurent Plainchamp, désormais (presque) seul aux manettes, explore des sphères musicales variées avec un chant qui tient véritablement de l’instinct.

KOZH DALL

« Deaf Mute »

(Mystik Prod/Season Of Mist)

Sur « Deaf Mute », KOZH DALL évolue sans sa ’Division’, jadis constituée d’éminents représentants de la scène Metal hexagonale. Accompagné du bassiste Jay du groupe Akiavel, Laurent Plainchamp est désormais seul aux commandes pour un troisième album, qui ne manque ni d’intérêt, ni d’originalité. Si le concept est osé, le résultat est très probant.

Côté émotion, on est servi par un KOZH DALL sombre et brut, qui traverse sans sourciller le Dark Metal, Le Doom, le Death Metal, l’Ambient ou encore le Gothic. Mais au-delà de ce mélange des registres obscurs et des plus noirs se niche un concept, qui rend « Deaf Mute » assez unique en son genre.

Sur ce nouvel opus, pas de textes, ni de titres aux morceaux, ce qui rend l’ensemble encore plus énigmatique. On suit l’histoire d’un sourd-muet, qui n’a que cris et pleurs comme seul moyen d’expression. Et si quelques mots en français et en anglais surgissent à l’occasion, c’est pour mieux plonger l’auditeur dans l’univers très spontané et inquiétant de KOZH DALL.

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Heavy metal Metal Progressif Thrash Metal

[Going Faster] : Sin Starlett / Burning Dead

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

SIN STARLETT – « Solid Source Of Steel » – Metalizer Records

Tout est à peu près résumé dans le titre de ce nouvel opus de SIN STARLETT. Le quintet suisse donne dans un Metal traditionnel, très Heavy et offre un registre forgé dans un acier bien trempé. Depuis 2005, le groupe fait honneur à la NWOBHM dans un style efficace, percutant, mais également mélodique avec quelques touches progressives à la Maiden. Avec l’arrivée en 2019 du guitariste Jack Tytan, les twin-guitares, les gros riffs et les solos entêtants battent leur plein et SIN STARLETT ne manque pas de vigueur. Au chant, Reno Meier tient la baraque et œuvre dans un Heavy Metal pur et dur, loin de toute fioriture. Avec une telle efficacité, les Helvètes s’imposent à travers huit morceaux solides, consistants et très bien structurés. Le combo montre les crocs avec puissance.

BURNING DEAD – « Fear & Devastation » – M&O Music

Formé en 2018, les Parisiens de BURNING DEAD sortent leur premier album, faisant suite à un EP, « Their Coming » et « The Warrior » sorti l’an dernier sous forme de single. Sur de solides bases Metal, le combo se meut dans un Crossover Thrash Progressif original et bien guidé par sa frontwoman Drina Hex, dont l’énergie et la rudesse apportent beaucoup de puissance à « Fear & Devastation ». A travers dix titres originaux, le groupe est aussi à l’aise dans des ambiances Heavy Metal que des parties plus Thrash et très relevées. BURNING DEAD est parfaitement armé pour partir à la conquête d’un public également amateur de Metal Progressif. Bien produit, ce premier album du gang de la capitale montre de belles choses.

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Death Metal France MetalCore

Except One : from Core to Death [Interview]

Si on peut reprocher à certains groupes de toujours faire le même disque, il n’en est rien avec EXCEPT ONE, dont on peut suivre l’évolution du style au fil des réalisations. Sur « Broken », le nouvel album des Français, l’aspect Death Metal prend quelque peu le pas sur le MetalCore des débuts du combo. Naty, le batteur du groupe, revient justement sur ces récentes mutations dans le style du quintet et le travail effectué sur ce nouvel opus.

– On vous avait laissé il y a quatre ans avec « Fallen », qui était en quelque sorte l’aboutissement du travail sur vos deux premiers EP. Avec « Broken », vous franchissez clairement un cap. C’est le fruit d’un travail sur le long terme, ou plutôt celui de l’accumulation des concerts?

Un peu des deux, en fait. Avant la pandémie, on était en tournée en tête d’affiche en France, puis en tournée européenne avec un groupe danois. On était dans une bonne dynamique et nous avions même commencé à composer. Ensuite, le confinement est arrivé. Et comme nous n’avions plus rien, on a pu se poser sur les compositions en apportant des choses différentes, un peu plus matures et avec plus d’ambiances aussi.

– C’est qui est remarquable avec EXCEPT ONE, c’est que l’on peut constater l’évolution de votre identité musicale, et surtout de votre son depuis vos débuts il y a une dizaine d’années. Est-ce qu’avec « Broken », vous avez le sentiment d’avoir trouvé le son que vous cherchiez et le style que vous vouliez présenter ?

Nous sommes hyper-contents du son. Est-ce qu’il est définitif ? On ne sait pas encore. Cette fois-ci, on a travaillé avec un directeur artistique (Jelly Carderelli & Symheris – NDR), qui a géré l’enregistrement, le mix et le mastering. On a eu beaucoup d’échanges. On lui a précisé la façon dont on voulait que l’album sonne, à savoir un peu plus naturel dans un sens, et moins électronique. C’est évident que dorénavant, on s’orientera vers ce genre de son avec une exigence de ce niveau-là. Une chose est sûre, on ne peut que s’améliorer encore d’avantage.

– Vous évoluez depuis vos débuts dans un registre MetalCore, qui tend de plus en plus vers le DeathCore sur ce nouvel album. Votre intention était de durcir le ton sur « Broken » ? D’afficher un style plus radical ?

Ce n’était pas délibéré, c’est sorti comme ça, en fait. Avec le confinement, on a tous ressenti une grande frustration, qui a d’ailleurs donné le nom de l’album. Le fait d’avoir relâché tout ça s’étend sur l’album, c’est vrai. Il y a un côté hargneux, qui représente bien nos sentiments à ce moment-là. Le contexte a beaucoup joué.

Naty, batteur d’EXCEPT ONE

– Ce qui est assez impressionnant sur ce nouvel album, c’est la qualité de la production et son côté très massif et compact. Dans quelles conditions l’avez-vous enregistré ? Malgré le fait d’être en autoproduction, vous avez mis plus de moyens ? Et peut-être travaillé avec des personnes qui ont vraiment su cerner votre son ?

Oui, c’est les deux. Tout d’abord, le directeur artistique avec qui nous avons travaillé a été très exigeant. On lui a apporté le projet en lui précisant ce qu’on voulait faire. Et il nous a répondu pour que le faire, il fallait être très minutieux sur certains points. C’est en avançant main dans la main qu’on a pu obtenir cette production. Avoir un regard extérieur est toujours bénéfique. Il nous a apporté un recul qu’on n’avait pas forcément.

– D’ailleurs, ce qui est étonnant avec « Broken », c’est que vous n’êtes toujours pas signés, alors que votre album n’a franchement pas à rougir face aux productions du même style au-delà de nos frontières. C’est un vrai désir de votre part de rester indépendants ?

En fait, on attend l’opportunité de trouver un label qui nous corresponde bien que ce soit au niveau du style comme de nos envies. Mais ce n’est pas forcément voulu, c’est juste que nous n’avons pas forcément eu les bonnes propositions, ni l’occasion de rencontrer encore les bonnes personnes.

– Tout en restant très véloces sur l’ensemble des morceaux, vous misez aussi sur une puissance de feu super efficace et une lourdeur dans les riffs assez phénoménale. On sent une énergie incroyable sur tout l’album et surtout un son très organique. Sans faire dans le Old School, on vous sent plus direct et peut-être plus authentique dans votre approche…

Oui, c’est une vraie volonté. On voulait vraiment sonner plus naturel. Et puis, on aime ce côté Old School où la batterie est très peu triée, il n’y a pas non plus beaucoup d’effets de guitares, et juste quelques samples, qui apportent une ambiance. Ce mélange Old School et moderne, qui mène à ce côté DeathCore, nous convient bien et nous séduit de plus en plus. 

– L’album commence sur une intro qui donne l’ambiance à venir, et il est ensuite scindé en deux avec l’interlude « Broken » justement. Vous l’avez pensé en deux parties, comme deux faces distinctes ?

Non, pas vraiment. On voulait un interlude et une intro dès le départ. « Broken » a été placé au milieu de l’album comme une respiration, en fait. On voulait aérer un peu le début pour qu’il y ait plus d’impact sur la deuxième partie. Sinon, cela aurait peut-être été trop brut et trop compact à l’écoute.

– D’ailleurs, on observe aussi que la première partie est très MetalCore, alors que la seconde est beaucoup plus marquée par le côté Death Metal de votre registre. Là aussi, c’est une volonté de votre part ? Comme pour montrer une facette plus féroce ?

On a fait plusieurs écoutes des morceaux avant d’en définir l’ordre. Sur le moment, on ne s’est pas vraiment rendu compte que cela allait créer une scission entre les deux parties. La première est nettement plus MetalCore et la seconde plus Death Metal, c’est vrai. Mais ce n’était pas voulu, en revanche ! (Rires) On fait des trucs biens sans faire gaffe, c’est magnifique ! (Rires)

– Finalement, que doit-on retenir de ces différents aspects de l’album ? Que vous vous dirigez de plus en plus vers un DeathCore plus assumé et plus sauvage, et peut-être moins estampillé MetalCore comme auparavant ?

Oui, on peut le dire, parce que c’est une vraie volonté. Après, les chansons, on les a sentis comme ça sans entrer dans une réflexion sur le style. Cela vient aussi du fait que dans le groupe, même si on écoute les mêmes choses, chacun a ses styles de prédilections qui vont du Thrash au Black en passant par le MetalCore ou l’Indus. C’est ce mélange-là qui est plus présent sur « Broken », et on s’y retrouve aussi vraiment tous.

– Pour conclure, j’aimerais qu’on dise un mot sur la prestation assez époustouflante d’Estelle au chant. Là aussi, il y a une maîtrise totale et une vraie variété dans les intonations avec une performance qu’on sent très profonde et très travaillée. On a presque l’impression qu’il y a eu un déclic. C’est le cas ?

Il y a eu énormément de travail sur le chant. Comme je te disais, on a enregistré avec quelqu’un de vraiment exigeant, et cela se ressent sur tous les aspects et par conséquent sur le chant également. Il fallait que la diction soit encore meilleure, que les growls tiennent mieux et tout ça représente beaucoup de travail, c’est vrai. Pour nous, c’est aussi une évolution assez logique d’être plus solide et constant sans stagner musicalement et techniquement. Au final, on souhaite être de meilleurs musiciens. Sur « Broken », on en a aussi peut-être moins mis, en se rapprochant plus d’un DeathCore ou d’un Death Metal moderne, avec toujours des touches de MetalCore. Et si ça plait aux gens qui n’en écoutent pas forcément (dont moi – NDR), alors on est content ! (Rires)

« Broken », le nouvel album d’EXCEPT ONE est disponible depuis le 15 janvier.

Album et merch : https://exceptone.bigcartel.com/

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Blues

Fred Chapellier : un Blues complice

Pour son nouvel album, le guitariste et chanteur FRED CHAPELLIER a mis les petits plats dans les grands avec douze titres envoûtants rondement exécutés par un casting d’exception. Enregistré, mixé et produit par le bluesman français, « Straight To The Point » présente un Blues contemporain d’où émane brillamment la touche de l’artiste. Du rythme et de la douceur.

FRED CHAPELLIER

« Straight To The Point »

(Dixiefrog/ Pias)

Dans notre bel hexagone, les grands guitaristes de Blues peuvent assez facilement se compter sur les doigts d’une seule main et FRED CHAPELLIER compte parmi eux, ça ne fait aucun doute. Et près de 20 ans après « Blues Evil », son premier album, le guitariste et chanteur semble plus que jamais au sommet de son art sur ce « Straight To The Point » aux multiples saveurs et au line-up éblouissant.

Pour son nouvel album, et après quelques escapades rapides sur « United Guitars », FRED CHAPELLIER a réuni quelques proches, qui se trouvent être aussi des cadors dans le domaine, à savoir Neal Black, Billy Price, Alain Rivet ou encore Jimmy Britton. Outre ces ‘guests’, Guillaume Destarac (batterie), Christophe Garreau (basse), Patrick Baldran et Jérémie Tepper (guitares) font tourner la boutique avec élégance.

« Straight To The Point » ronronne et la chaleureuse voix de FRED CHAPELLIER se fait une belle place aux côtés d’une guitare aussi virtuose que pleine de feeling (« Mother Earth », « I’d Rather Be Alone », « Remnants »). Pour autant, le Messin ne donne pas dans la démonstration, mais se met au service de morceaux superbement enveloppés d’une sublime session cuivre. Grande classe !

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Black Metal Post-Metal Sludge

Alta Rossa : quand le ciel s’assombrit

La scène Metal extrême française a depuis bien longtemps perdu de sa timidité et aussi peut-être d’un léger manque de savoir-faire, elle est aujourd’hui l’une des plus créatives, techniques et prolifiques. Certes, les membres d’ALTA ROSSA ont déjà fait leurs preuves, il n’en demeure pas moins qu’avec « Void Of An Era », le quintet signe un premier album massif et très abouti.

ALTA ROSSA

« Void Of An Era »

(Source Atone Records)

Né du rapprochement il y a deux ans entre des membres des groupes Horskh et Asidefromaday, ALTA ROSSA se présente avec un premier album brutal et saisissant. « Void Of An Era » dépeint de manière sombre l’état de notre monde et de notre époque avec une vision peu optimiste, c’est vrai, mais à travers laquelle le quintet affiche une vraie force emplie d’une belle résistance.

Dans une atmosphère lourde, à l’image de notre société, ALTA ROSSA se veut aussi fracassant que captivant. Dans un post-Metal où de nombreux registres extrêmes trouvent leur place, le combo ne laisse presqu’aucun répit, malgré quelques sonorités Noise à peine plus légères. Constitué de Sludge, de fulgurances Black Metal et parfois Hard-Core, le groupe exulte.

Gorgé d’une colère et d’une rage resserrées sur une demi-heure dense et bien tassée, ce premier opus rassemble tous les ingrédients propres à une explosion post-Metal en bonne et due forme faite d’urgence, de violence et une puissance envahissante (« Binary Cell », « Cycle », « Orbiting », « The Fall »). Et même si la batterie me paraît légèrement sous-mixée, ALTA ROSSA explore et brutalise à tout-va.

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France Metal Punk Rock

Darcy : instantané d’une époque [Interview]

Il y a un peu plus de cinq ans, DARCY sortait « Tigre », sorte de plébiscite pour un esprit Punk Rock bien vivant. Quelques années ont passé et le son comme l’attitude ont aussi gagné en maturité. « Machine de Guerre », sous ses allures Metal et brutales, vient sonner la charge. Remontés comme jamais, les Rennais livrent un album solide, forcément politisé et surtout musicalement très abouti. Entretien avec Irvin, chanteur et guitariste, du furieux quatuor.  

Photo : Laurent Franzi

– Tout d’abord, je vous ai senti presque métamorphosés sur ce nouvel album, très matures et musicalement beaucoup plus techniques et carrés. C’est cette très bonne prod’, qui vous donne ce volume conséquent ?

Merci, c’est gentil ! Non, ce n’est pas spécialement la prod’. On a vraiment évolué !  Premièrement, on a investi dans du matériel et ensuite, on a changé nos manières de travailler notamment sur les structures des morceaux et le son. On savait exactement où on voulait aller, alors que sur « Tigre », on avait plus tendance à se laisser porter, c’était un instinct presque animal. Là, nos choix étaient clairs dès le départ et on s’est donné les moyens de les réaliser.

– Musicalement toujours, on sent un virage, ou une évolution, beaucoup plus Metal qu’avant. Là encore, c’est pour le côté massif et impactant ?

Ce n’est plus le même duo qui a composé cet album. « Tigre » est une composition de Clément et moi. Pour « Machines de Guerre » c’est Vincent et moi qui nous y sommes collés. Vincent est un grand mélomane, qui écoute de tout. Alors tout naturellement, il a proposé des styles différents : du Metal, du Rock, du Punk, du Grunge… C’était un beau challenge parce que, de mon coté, ça m’a sorti de ma zone de confort au chant et j’ai dû donner le meilleur de moi-même pour être au niveau des riffs qu’il m’avait proposés.

– Justement un petit mot sur cette très belle prod’ à la fois puissante et qui offre un bel équilibre entre l’instrumental et vos textes, qui sont toujours très clairs dans leur compréhension. Même si DARCY a bien sûr un message fort, c’est quelque chose à laquelle vous teniez et sur laquelle vous avez insisté à l’enregistrement ?

Oui, tout à fait ! C’est notre exigence première avec DARCY. Quand tu fais du Rock en français, tu as cette obligation de ne surtout pas mixer à l’anglaise, où la voix sera toujours un peu derrière dans le mix. Tandis que dans le Rock français, on a tendance à mettre la voix en avant pour pouvoir écouter les paroles, qu’elles soient le plus intelligible possible, malgré des guitares qui sonnent de partout. C’est sûrement dû à ce grand héritage que les producteurs aiment pousser les voix qui chantent en français. C’était notre envie et Maz (l’ingé son de l’album qui a également enregistré Tagada / No One / Lofo) et Bernard (qui a masterisé l’album) l’ont super bien réalisée !

– Le titre de l’album, « Machines de Guerre », est très fort. C’est plus le reflet de votre état d’esprit ou celui d’une attente dans cette société amorphe ?

C’est les deux. On a écrit cet album avec la rage et l’envie de tout casser sur notre passage, comme une machine de guerre. Mais c’est aussi une référence à l’état du monde dans lequel nous vivons, qui semble pris d’assaut par des guerres de plusieurs formes : économiques, écologiques, idéologiques, financières, climatiques, sanitaires, civiles, militaires… La guerre est partout aujourd’hui !

Photo : Laurent Franzi

– Bien sûr, DARCY se distingue par ses textes et leur message. Ce qui est remarquable sur « Machines de Guerre », c’est cette fluidité mêlée à des punchlines (mot que je déteste !) bien placées et surtout tellement évidentes dans leur sens. Comment procédez-vous ? Vous accumulez les carnets de notes au quotidien, ou pas du tout ?

C’est un peu comme ça que je procède désormais, oui. Sur « Tigre », j’avais tendance à me poser devant un fichier Word, après avoir lu un article ou regardé un reportage qui m’indignait. J’écrivais pendant 15/20 min et je sortais un texte entier. Maintenant, je fonctionne par punchlines, qui me tombent dessus sans prévenir, je les tape dans mon téléphone pour ne pas les perdre, et généralement un texte prend forme autour. C’est une manière très différente de travailler pour moi, qui est moins contraignante et stressante que la première qui m’obligeait à écrire très vite pour ne pas perdre l’émotion première.

– Evidemment, il y a toujours cette opposition frontale et légitime au FN. Seulement dans les faits, il y a maintenant Zemmour, Macron qui n’est pas très loin et Pécresse pour le côté 80’s rétrograde. DARCY est un groupe spontané, qui suit aussi l’actualité sociétale et politique. J’ai envie de vous demander si vous n’avez pas déjà un nouvel album en tête avec ce qu’il se passe ? A moins que vous ayez prévu d’actualiser vos morceaux sur scène ?

Pour être honnête, on est déjà sur l’écriture du troisième album, qui est même plutôt bien entamé ! On sait déjà la couleur qu’il va avoir et il risque d’être plus violent encore que « Machines de Guerre », plus brut, avec moins de concession, et effectivement, c’est le contexte qui veut ça ! La société est de plus en plus violente, alors nous aussi…

– Une petite question en interlude : la démarche de DARCY est-elle finalement plus politique que musicale ? Vous n’avez pas 4h… 😉

Toute démarche qu’on entreprend musicalement est politique. Et hop, une copie parfaite avec une seule punchline : 20/20 !

– On l’a dit, vos textes font très souvent allusion au FN et aux Le Pen, car ils représentent beaucoup de choses même si le danger n’est pas imminent et peu probable. Mais au-delà, il y a la dénonciation de tout un système et surtout un appel à l’éveil des consciences. J’y crois comme vous, mais n’est-ce finalement pas utopique ?

D’un point de vue personnel, j’ai toujours fonctionné comme un homme de mots. Durant toute ma vie quand j’ai eu des problèmes, il n’y a que les mots qui ont su me soigner. Et je fonctionne comme ça avec tout. Dès que quelqu’un arrive à trouver les mots justes sur quelque chose que je ne comprends pas, quelque chose qui m’indigne, qui me révolte ou même qui me fait du bien, ça me fait un déclic. Tout le monde n’est pas forcément comme ça, mais si jamais on arrive à toucher une seule personne, qui ne comprend pas le danger que représente le FN avec une punchline, je considère qu’on aura gagné et que cela n’aura pas été une utopie.

Photo : Laurent Franzi

– On a beaucoup parlé politique, parce que c’est tout de même l’objet principal de l’album, mais une dernière question s’impose : est-ce que ça vous arrive d’être inspirés par le programme d’un politique ou d’un parti à l’occasion ?

Je ne peux pas parler au nom du groupe, mais pour ma part, pas vraiment. Les discours ne sont même plus écrits par celles et ceux qui les scandent dans les médias ou dans les meetings. Plus rien n’est incarné, tout est pensé pour te toucher en fonction du dernier fait d’actualité. C’est devenu du marketing. Seuls des chroniqueurs ou des journalistes arrivent à me faire vriller la tête maintenant, et encore c’est assez rare.

– Il y a aussi chez DARCY ce côté très fraternel et de camaraderie au sens noble du terme, qui va clairement au-delà de l’esprit de clan. Finalement, vous êtes hyper-amicaux, tout en étant révoltés ?

C’est exactement ça. Quand je chante « Ensemble la lutte peut être une fête » dans « Solution », ça résume ce que tu décris. Chanter la colère, mais dans la bonhomie. Quand j’étais étudiant et que je bloquais ma Fac, ou quand ma mère m’emmenait en manif quand j’étais gamin, il y avait toujours ce bon esprit qui prouve qu’on peut lutter avec le sourire. Et DARCY, c’est ça. Déjà entre nous, il y a une très bonne entente, l’ambiance en répétition ou dans le camion est toujours un plaisir et une raison de se lever le matin. Aller à la rencontre du public, des bénévoles, des programmateurs, des journalistes, c’est aussi une des raisons qui nous poussent à continuer la musique et la jouer partout en France.

– D’ailleurs, vous parlez plutôt d’indignité que de révolte ou de révolution. Ce n’est pas un peu fataliste finalement ?

« Indignez-vous qu’il disait » que je scande dans « Police Partout ». L’indignité est le premier pas de la révolte et de la révolution.

– Pour revenir à l’album, vous accueillez Kemar de No One Is Innocent sur « Viens chercher pogo », Niko de Tagada Jones sur « L’Etincelle Au Brasier » et Pierre de Merzhin sur « Notre Hymne ». Il reste une belle unité au sein de cette scène française qui revendique et qui appelle au changement, non ?

Un très belle unité ! Quand il y a des dates en commun, ou des festivals sur lesquels on se retrouve, je propose toujours de partager un morceau sur scène ensemble et c’est toujours fait avec un grand plaisir. Ca a été pareil pour ces duos, ils ont accepté avant même d’entendre les titres, parce qu’ils savent qu’on partage les mêmes valeurs, qu’on a un message à chanter et que ce message est toujours plus fort quand il est gueulé à plusieurs voix !

– Une petite chose en passant, êtes-vous conscients que pour que votre voix porte, il faut nécessairement entrer et presqu’infiltrer le système ? Etes-vous armés et prêts pour ça, ou seule la musique vous importe ?

Tout nous importe, mais notre seul outil, en tant que groupe, ça reste la musique. Après forcément, ça dépasse un peu. On nous a envoyé plusieurs fois des photos de pancarte « Nique son père la Marine » dans des manifs, on a nous a invités à des concerts de soutien pour le MRAP, Utopia 56 ou des scènes Antifa. Tout ça fait sens.

– Pour conclure, j’aimerais que tu me dises un mot sur le dernier morceau de l’album, « Eva », entièrement acoustique et très touchant. C’est un titre très en contraste avec le reste de l’album. Quelle est l’intention de ces paroles émouvantes, qui présente une belle tranche de vie ?

L’intention première c’est de dire que même si DARCY est avant tout un groupe qui chante la colère, il ne faut jamais oublier le reste. C’est déjà un message qu’on avait voulu faire passer avec deux titres acoustiques, qui étaient cachés en bonus tracks sur « Tigre », et là on a voulu l’assumer un peu plus en l’intégrant à la tracklist de l’album. Et c’est dingue le nombre de retours que nous avons sur ce titre. Bizarrement, c’est même la frange la plus Punk de notre public, qu’on imaginait les plus durs, qui a le plus partagé ce titre pour le moment. Comme quoi, y’a des cœurs d’artichaut qui battent sous les perfectos et les tatouages de keupons !

« Machine de Guerre » de DARCY est disponible chez AT(h)OME depuis 11 février.

Retrouvez le groupe : https://www.facebook.com/darcymusic