Délicieusement cuivrées, les performances des Canadiens le sont tout autant en concert qu’en studio. Car avec « Sunshine – Live In 2024 », c’est l’ambiance électrique de ses concerts que présente BYWATER CALL. Et si la communion avec le public est manifeste, celle à l’œuvre sur scène montre un septet soudée qui se trouve les yeux fermés et pour qui l’art de l’improvisation est une seconde nature. Jouant de toutes les émotions, la chanteuse attire le feu des projecteurs, sans pour autant faire de l’ombre aux musiciens brillants qui l’accompagnent.
BYWATER CALL
« Sunshine – Live In 2024 »
(Independant)
Un an tout juste après l’excellent « Shepherd », c’est une version live de sa Southern Soul Blues que BYWATER CALL propose, histoire de saisir pleinement la dimension qu’il prend sur scène. Et la chaleur et l’énergie qu’il déploie sont juste phénoménales. Puissantes et dynamiques, ses prestations sont pour le moins enflammées et l’on comprend mieux l’engouement croissant autour de la formation guidée par la voix enveloppante de Meghan Parnell. « Sunshine – Live In 2024 » est un témoignage brut et direct, très vite addictif.
Ayant pris son indépendance et évoluant désormais sans label, BYWATER CALL s’est donc occupé de la captation des morceaux, interprétés ici à Newbury en Angleterre, à Woodstock aux Etats-Unis et dans leur Canada natal à Toronto. Comme sur leur précédente réalisation, c’est le batteur du groupe, Bruce McCarthy, qui s’est chargé de l’enregistrement et du mixage et le résultat est irréprochable. Quant au contenu, l’accueil du public est aussi dithyrambique des deux côtés de l’Atlantique. La proximité aidant, on est très vite conquis.
BYWATER CALL avait déjà lâché « Sunshine » en single en mai dernier et cinq autres titres viennent se greffer dans une belle osmose et une complémentarité passionnée. Parmi les nouveautés, cette reprise incroyable de Stephen Stills (« Love The One You’re With » ») qui se pare d’une seconde jeunesse, tout comme « Bring Me Down », extrait du premier album en mode survitaminé. « As If », « Sign Of Peace » et « Everybody Knows » sont issus de « Shepherd » et leur traitement très jam s’étale en longueur pour un plaisir intense et sincère.
Photo : Denis Carpentier
Retrouvez l’interview accordée par Meghan Parnell à la sortie de « Shepherd » :
Depuis ses débuts, la chanteuse a paré sa culture Rock et Hard Rock de glamour. Et les deux sont loin d’être incompatibles. Complètement ancrée dans son époque, DIAMANTE a un faible pour des années 80 qu’elle n’a pourtant pas connues, mais dont elle s’est appropriée les codes. Du blond au bleu, la frontwoman et compositrice reste naturelle et mène sa carrière en indépendante. Maîtrisant parfaitement tous les rouages d’une industrie musicale bouleversée, elle tient son originalité d’une force artistique solide, d’une voix puissante et sensuelle et d’une volonté d’élever son Rock US toujours plus haut. Entretien avec une chanteuse présente sur tous les fronts et à l’esprit fondamentalement Rock.
– Pour le public français qui ne te connait pas encore très bien, on t’a découvert avec ton EP « Dirty Blonde » en 2015 et depuis ta carrière est en pleine ascension. Dix ans se sont écoulés depuis tes débuts, quel regard portes-tu aujourd’hui sur ton parcours ?
C’est fou de penser que cela fait déjà dix ans ! (Sourires) En même temps, j’ai l’impression d’avoir vécu mille et une vies depuis. Je suis très fière de mon parcours, aussi difficile a-t-il pu être, car je n’ai jamais dévié de ma trajectoire. Je crois sincèrement que tout arrive pour une bonne raison et que les difficultés rencontrées pour avancer sont nécessaires. Les hauts et les bas ont construit la personne et l’artiste que je suis aujourd’hui et je ne changerais rien dans mon parcours.
– Tu avais été vite repérée à Los Angeles par le label Better Noise Records sur lequel tu as sorti ton premier album « Coming In Hot ». Pourtant, tu l’as quitté deux ans plus tard pour te lancer en indépendant. Est-ce que, selon toi, l’industrie musicale a tellement changé qu’une maison de disques n’est plus essentielle aujourd’hui ?
Je ne crois pas forcément que les labels soient essentiels pour les artistes, mais je pense qu’un ‘bon‘ label peut être extrêmement puissant. Pour moi, un bon label peut ne pas convenir à n’importe quel artiste, et vice versa. Tout dépend donc de ce que recherche l’artiste. J’ai toujours recherché un partenariat avec une structure qui me permette de me sentir véritablement soutenu dans mon identité artistique, et je crois que je l’ai trouvé aujourd’hui ! (Sourires) Je suis donc très enthousiaste pour l’avenir.
– Ton dernier album en date, « American Dream », a été très bien accueilli et également salué par la critique. Cela t’a aussi permis de le défendre sur scène avec succès. Tes concerts sont explosifs et donnent toute sa dimension Rock à ta musique. Est-ce finalement sur scène que tu te sens le plus dans ton élément ?
Absolument ! C’est mon lieu préféré. Je suis à la fois puissante, vulnérable et libre. Je puise dans une énergie qui me dépasse. Je me transforme en quelque chose de plus grand que moi et j’ai vraiment le sentiment d’accomplir ma véritable vocation. Depuis que j’ai découvert ma passion pour le théâtre, enfant, en faisant des comédies musicales, j’ai toujours rêvé de monter sur scène.
– On a parlé de la scène, mais tu sors également beaucoup de singles. C’est devenu une manière plus efficace pour garder le contact avec tes fans, via les plateformes et les réseaux sociaux ?
Oui, j’adore sortir des singles, notamment avant la sortie d’un album, car cela me permet de créer un univers et de passionner les fans. J’adore voir leurs réactions à leur sortie, car ces chansons que j’ai eues pour moi pendant si longtemps sont désormais les leurs. Je lis souvent leurs messages sur ce que la chanson signifie pour eux et je leur réponds avec des indices sur ce qu’ils peuvent s’attendre à entendre ensuite.
– D’ailleurs, entre tes deux albums, tu as aussi sorti « The Diamond Covers » (2022) avec des reprises assez étonnantes des années 80. De quelle manière et sur quels critères avais-tu choisi ces cinq chansons, car tu n’as pas connu cette époque ?
Pour « The Diamond Covers », j’avais simplement choisi des chansons que j’adore chanter ! (Sourires) J’ai grandi en chantant celles des autres dans ma chambre pendant des heures tous les jours, alors j’ai eu l’idée de m’inspirer de certaines de mes préférées et d’y apporter ma touche personnelle. A l’époque, j’avais également sorti cet EP pour donner un avant-goût de ce que serait mon prochain album, laissant entendre qu’il s’inscrirait dans l’univers sonore des années 80.
– Justement, tu fais partie de cette nouvelle génération qui n’a pas connu les années 80. Pourtant, tu interprètes un Rock proche du Hard Rock en jouant aussi sur le côté glamour de ces années-là, comme le démontre d’ailleurs ta chanson « 1987 ». Qu’est-ce qui te fascine à ce point-là ?
Bien que née en 1996, j’ai toujours été attirée par la musique des années 80, car ce sont les chansons de cette époque qui me touchent le plus. Des ballades puissantes et planantes à la batterie massive, en passant par les synthés et des solos de guitare épiques… (Sourires) Je peux écouter des morceaux de ces années-là encore et encore sans jamais m’en lasser. Je ressens la même émotion à chaque écoute.
– Parmi tes récentes sorties, tu apparais aussi sur les B.O. de « Queen Of The Ring » et « American Psycho ». C’est une belle mise en lumière. Quels souvenirs en gardes-tu et est-ce que ce sont des expériences particulières dans une carrière de chanteuse ?
Ces deux apparitions sur des bandes originales ont été un vrai plaisir, car j’adore faire des reprises. Pat Benatar est ma chanteuse préférée, donc reprendre « Love is Battlefield » était un rêve devenu réalité. Participer à la bande originale d’un long métrage pour la première fois a également été un honneur, surtout de pouvoir y contribuer avec des collègues femmes qui cartonnent. J’adorerai participer à d’autres musiques de films à l’avenir.
– Ces derniers mois, tu nous a déjà présenté « 1987 », « All For The Glory » et tout récemment « Silver Bullet », ton nouveau single. J’imagine que l’album ne devrait plus tarder. Est-il prévu pour cette année et as-tu travaillé avec les mêmes musiciens et la même équipe de production ?
Oui, l’album arrive bientôt ! (Sourires) Pour celui-ci, j’ai écrit toutes les chansons avec Taylor Carroll (Lit, Kemikalfire), qui a également produit chaque morceau. C’était une expérience d’écriture complètement différente, car nous n’étions que deux. Nous avons travaillé dans un studio sur les collines d’Hollywood, et je crois que l’esprit Glam Rock de Los Angeles transparait dans tous les sons. J’ai vraiment pris mon temps sur chaque morceau, m’assurant que j’en serais fan pendant des années. Mes amis qui sont en tournée avec moi depuis 2018 ont également joué sur l’album ! Neil Swanson est à la guitare, Matt Denis à la basse et Taylor est à la batterie, bien sûr, car c’est lui qui fait tout.
– Tu as aussi fait de nombreux featurings, doit-on s’attendre à quelques surprises sur ce troisième album ? Et d’ailleurs, de quelle manière les choisis-tu ? Ce sont les circonstances et les rencontres qui s’y prêtent, ou le choix est-il purement artistique ?
Sans trop en dévoiler, je tiens à préciser que j’espère vivement avoir des invités sur mon prochain album ! (Sourires) J’ai une chanson en tête qui, selon moi, ferait un duo exceptionnel. J’aime contacter directement les artistes qui, à mon avis, conviendraient parfaitement à un morceau en particulier. Et je réfléchis principalement à la façon dont leur voix s’accorderait à la mienne, ainsi qu’au contexte de la chanson.
– Enfin, tu fais partie d’une génération qui se détourne malheureusement peu à peu du Rock et du Hard Rock. Est-ce que cette utilisation des réseaux sociaux comme tu le fais, et avec un côté glamour très présent, est une manière pour toi d’entretenir un certain mythe et d’en maintenir la flamme ?
Oui ! (Sourires) L’esprit du Rock’n’Roll ne s’éteindra jamais. Je le vois sur les réseaux sociaux, mais aussi dans le public de mes concerts. Il y a des gens de tous âges et des parents qui amènent leurs enfants, ce qui me rend si heureuse. Je suis enthousiaste quant à l’avenir du Rock. Je pense que ce genre est en plein essor en ce moment… Alors, si je peux contribuer à perpétuer ce flambeau tout en y ajoutant du glamour, de la mode et des paillettes, je le ferai avec plaisir ! (Sourires)
Le dernier single de DIAMANTE, « Silver Bullet », est disponible (avec tous les autres et ses albums !) sur toutes les plateformes numériques.
Retrouvez la chronique de son dernier album en date, « American Dream » :
Pétillante, déterminée et hyper-Rock’n’Roll, LUCIE SUE remonte sur le ring avec « Battlestation », un deuxième album où elle plonge littéralement dans un Heavy Rock qui vient trancher avec son premier opus, « To Sing In French ». Cette fois, les riffs sont massifs et tranchants et on imagine sans mal à quel point la terre de Clisson a du trembler lors du dernier Hellfest. Non sans beaucoup d’humour, la frontwoman évolue en totale liberté à grand renfort de décibels, tout en maîtrisant un projet qui lui ressemble tellement. Entretien avec une artiste inspiré, volontaire et profondément sincère.
– Tout d’abord, j’aimerais que l’on remonte un peu le temps jusqu’en juin 2022 où tu tenais la basse avec Steel Panther au Hellfest, lors d’un featuring mémorable. Pourtant, ton premier album n’est sorti que l’année suivante et l’aventure n’avait pas encore réellement commencé…
Ce jour-là, je m’en souviendrai toute ma vie ! C’était tellement incroyable ! Jouer devant 60.000 personnes avec un de mes groupes préférés, c’est exceptionnel. En revanche, j’avais déjà fini l’écriture de l’album avant de monter sur scène avec eux. Mais c’est sûr que cet événement a été un véritable propulseur pour moi, car j’ai marqué les esprits auprès du public, mais aussi des pros. Ton dossier de presse a une autre saveur quand tu peux dire que tu as fait ce genre de chose !
– Et cette année, quelques semaines avant la sortie de « Battlestation », tu as de nouveau foulé la mainstage du Hellfest avec ton groupe. Trois ans après, comment as-tu abordé ce concert ? As-tu eu tout de même cette impression de ‘première fois’ ?
J’avais gardé en tête les images et la sensation de mon premier passage avec Steel Panther. J’étais préparée psychologiquement. Et puis, j’avais déjà vu les backstage, l’organisation, vécu l’attente et le stress avant de monter sur scène. La vue de la marée humaine depuis la scène. Ca faisait le même effet que dans le film « Gladiateur », avant qu’il entre dans l’arène, le sol tremblait, la foule criait, le vent était chaud…
Cette année, c’était à la fois moins stressant, car on jouait le matin à 11h. Il y avait donc moins de monde, et en même temps c’était beaucoup plus stressant parce que c’était ma musique, mes chansons, ma crédibilité vis-à-vis du Hellfest et vis-à-vis du public. Il ne fallait vraiment pas se planter. On était obligés d’assurer. Et je pense qu’on s’en est bien sortis ! Prochain objectif, jouer à 19h, comme Steel Panther ! (Sourires)
– Pour clore ce chapitre, on retrouve Satchel, le guitariste de Steel Panther, sur ton nouvel album pour le solo de « Ride The Wired Wild Tiger ». Comment est née cette idée de collaboration ? Avez-vous gardé le contact ces trois dernières années ?
Oui, j’ai toujours su que je voulais faire une collab’ avec lui. Je le lui avais dit à l’époque, parce qu’on a le même humour et les mêmes gouts musicaux. Alors naturellement, c’est à lui que j’ai pensé pour cette chanson et il a super gentiment accepté. Je lui écris de temps en temps, pour le tenir informé de mon évolution. Je prends de ses nouvelles, sans le harceler non plus. C’est vraiment un mec super cool et super doué.
– Revenons à « Battlestation », qui marque un tournant aussi par rapport à « To Sing In French » qui sonnait clairement plus Rock, voire Pop. Cette fois, le ton est nettement plus Metal et Heavy avec toujours cette sensation très 90’s. Pourquoi et comment as-tu amorcé ce virage plus ‘musclé’ ?
Pour « To Sing In French », je sortais d’une période de ma vie qui m’avait littéralement vidée. J’ai du tout reprendre à zéro. J’étais dans un moment dur, sombre et triste. Et ça se ressent dans l’album. Et depuis, je me suis reconstruite, j’ai trouvé en moi une force incroyable, comme si je naissais à nouveau, comme si j’étais une belle fleur qui s’ouvrait enfin ! J’ai retrouvé une patate de malade, l’envie de tout défoncer et dans un sens très positif ! (Sourires) Et c’est pour ça que « Battlestation » est bien plus percutant. Il reflète l’énergie dans laquelle je me trouve !
– Tu as entièrement écrit, composé et aussi produit ce deuxième album et même conçu sa pochette. Au-delà d’une démarche très DIY évidente, « Battlestation » donne aussi l’impression d’être très personnel. C’est pour cette raison que tu as tenu à maîtriser l’ensemble du processus ?
Je ne ‘tiens’ pas spécialement à quoi que ce soit. Ca s’est fait comme ça. Par manque de moyen aussi et parce que je n’avais pas le choix. Mais finalement, ce n’est pas plus mal, car en maîtrisant tout, ça reste forcément cohérent et fidèle à ce que je veux. Ca reste moi. Et c’est important, je crois. J’essaie de plus en plus de faire confiance à mon instinct profond. J’essaie de plus en plus de m’écouter et de m’autoriser à dire non, si je ne le sens pas.
– Ton Heavy Rock est franchement explosif et mêle à la fois des moments de rage et d’autres plus sensibles. Cependant, il y a beaucoup de joie et d’humour aussi, le tout dans un univers très 90’s assez Glam. C’est important pour toi que l’esprit fun soit si dominant dans ta musique pour peut-être ne pas donner dans une certaine noirceur ?
Je pense qu’on peut beaucoup plus facilement faire passer un message en rigolant plutôt qu’en accusant, ou en étant trop premier degré. Etre moralisateur, ça peut vite braquer les gens. Et ça peut vite faire genre : ‘t’as un énorme melon’. C’est pour ça que l’humour et l’autodérision sont super importantes. Chez moi, c’est naturel et c’est en prenant du recul que je me rends compte que, finalement, c’est parfait pour communiquer, emballer les gens, les encourager et leur ouvrir les yeux !
– Ce qui ressort également de « Battlestation », c’est la durée des morceaux qui n’excède pas les trois minutes, et qui offre un sentiment d’urgence parfois. C’est une volonté d’efficacité et d’immédiateté, ou plus simplement ta vision personnelle du songwriting et de ton univers musical ?
(Rires) Bien vu ! Oui ça, pour le coup, c’était réfléchi en amont, contrairement au reste de ma vie que j’aborde plutôt de manière spontanée. Je me suis toujours dit qu’il valait mieux faire court et donner envie aux gens d’en reprendre, plutôt que de trop en donner et de saouler.
– Avant la sortie de l’album, tu as sorti huit singles en huit mois, ce qui est pour le moins atypique. Quel était l’objectif, voire l’enjeu, d’une telle démarche et « Battlestation » est-il d’ailleurs prêt dès le départ ?
« Battlestation » était prêt un an avant sa sortie. Mais on a du attendre pour démarcher des tourneurs, RP et autres partenaires. Et puis, comme j’observe comment font les autres, j’avais vu que Julien Doré sortait single sur single, chaque mois, et je me suis dit que l’idée était forcément bonne. Ca maintient l’algorithme et tu ne changes rien auprès de ta communauté, non plus. Donc on a chauffé, chauffé, chauffé avec huit singles, huit clips et huit promos pour que la sortie de l’album arrive en mode apothéose ! C’est un boulot de dingue, sachant qu’on a du tout faire tout seuls avec zéro budget. Mais ça valait le coup.
– Même si l’industrie musicale demande aujourd’hui une forte présence sur les réseaux et les plateformes, où est, selon toi, le sens de dévoiler à ce point un album avant sa sortie ? Sur les treize morceaux de « Battlestation », on en connait déjà huit et il en reste seulement cinq à découvrir. Le format du disque traditionnel est-il devenu obsolète, avalé par le numérique ?
J’ai vécu les années 90, donc pour moi le concept de l’album est super important. Mais j’ai conscience que ce ne l’est plus pour la majeure partie des gens, qui préfèrent écouter des playlists plutôt qu’un album de A à Z. Le numérique a tout chamboulé, et bien et en pas bien. Mais ça, c’est un autre débat. J’ai sorti huit singles, mais les cinq titres qui restent sont tout aussi cools, voire encore plus originaux. Je les adore et je pense sincèrement que vous allez les aimer aussi. D’ailleurs, je vais leur faire un clip à chacun, car ils le méritent tout autant que les huit autres.
– Enfin, j’imagine que le prochain objectif est la scène, mais as-tu aussi dans un coin de la tête l’envie de trouver un label, sauf si continuer à évoluer en indépendant te convient pour le moment et te semble la meilleure option ?
On a fait tout le boulot d’un label. On a constitué une super équipe de RP, on a les meilleurs tourneurs, je bosse sur la partie marketing, car je suis graphiste et mon manager est à fond sur les contacts et le développement. Il connait tout le monde et il est malin. Donc à part pour faire du ‘name dropping’ et se faire pomper un pourcentage impressionnant de droits, on n’a pas besoin d’un label. Dans ce schéma-là, on maitrise tout. Je préfère. Mais il ne faut jamais dire jamais. On verra ce qui se présente. Ce qu’il nous faut à présent, c’est un tourneur pour l’international, les Etats-Unis, l’Australie, l’Asie, l’Amérique du Sud, etc…
Le nouvel album de LUCIE SUE, « Battlestation », sera disponible le 29 août sur le site de l’artiste et sur toutes les plateformes : www.luciesue.com
Photos : Xavier Ducommun (1, 2, 4) et Tisseau (5).
C’est vrai qu’il est assez rare de voir des combos de pur Heavy Metal émerger d’Australie, plus adepte de Hard Rock et de Pub Rock. Pourtant, TEMTRIS s’est fait une place au fil du temps pour atteindre une incontestable maturité artistique. Porté par la voix puissante de sa fondatrice, le groupe affiche beaucoup d’audace, de fermeté et d’allant. Souvent brutal, mais toujours précis, « Queen Of Crows » le montre en pleine maîtrise et prouve que son niveau de jeu vaut très largement celui de nombreuses formations du vieux continent.
TEMTRIS
« Queen of Crows »
(Wormholedeath Records)
Fondé il y a un peu plus de 20 ans à Sydney par la chanteuse Genevieve Rodda et le guitariste Anthony Fox, TEMTRIS s’est taillé une solide réputation dans sa lointaine Australie et cette récente signature avec le label italien Wormholedeath devrait lui ouvrir les portes de la scène européenne. Avec ce huitième album, le quintet assoit une déjà belle et identifiable personnalité musicale. Basée sur un Heavy Metal traditionnel, on y trouve aussi des touches de Speed, de Thrash et de Power Metal. Un mix explosif.
Avec une frontwoman qui s’affirme avec beaucoup de force, TEMTRIS possède de solides arguments. S’il y a sans surprises quelques références à Doro et surtout à Crystal Viper, elle œuvre dans un registre bien à elle, très imposant tout en s’engouffrant dans des mélodies accrocheuses. Car, si « Queen Of Crows » est une réalisation racée et percutante, les variations et la finesse d’interprétation ne manquent pas. La rythmique est elle aussi appuyée et les deux six-cordistes donnent parfaitement le change.
Moderne et massive, la production de « Queen Of Crows » montre un impact ferme et les Australiens mélangent avec beaucoup d’habileté l’aspect classique du genre avec une approche actuelle et un son étonnamment européen. L’énergie déployée pose les morceaux de TEMTRIS dans une configuration qui les met parfaitement en valeur, sans négliger aucun aspect de son Heavy Metal (« Evil Lies », « The Risk », « Murder Of Crows », « Dying To Believe », « The World Is Bleeding Out »). Une performance organique et sincère.
Sur une charge émotionnelle rare et parfaitement canalisée, la formation de Pennsylvanie vient affirmer avec force qu’elle est au sommet de son art. Un titre comme « Everest » s’imposait donc avec beaucoup d’évidence. Robuste et massive, mais aussi douce et assez éthérée, cette nouvelle réalisation dame le pion aux actuelles sorties formatées, grâce à une sincérité souvent poignante et surtout un jeu radieux et précis. Les guitares sont scintillantes, la rythmique profonde et solide et la voix déchirante et dominatrice. HALESTORM est dans une maîtrise totale et son sens de la mélodie est exacerbé.
HALESTORM
« Everest »
(Universal Music)
Adolescents, Lzzy hale et son batteur de frère Arejay n’avaient sûrement pas imaginé où les mènerait leur aventure musicale familiale. Fort d’un line-up stable, HALESTORM a gravi peut à peu les échelons au point de devenir une référence grâce à une explosivité et une sensibilité indissociables. Les nombreux featurings de sa frontwoman n’ont fait que confirmer l’assise des Américains, qui surgissent aujourd’hui avec un sixième album qui pourrait bien être leur meilleur. Sans faire dans l’esbroufe et le surfait, « Everest » est redoutablement efficace.
En confiant la production au brillant Dave Cobb, HALESTORM se démarque intelligemment de la scène Alternative Metal actuelle en misant sur un son organique, tout en relief et qui laisse respirer les morceaux. Et en évitant de surcharger le spectre sonore, le quatuor gagne en puissance, en vélocité et surtout en authenticité. Avec des structures Hard Rock et des attaques clairement Heavy, « Everest » surfe sur des recettes qui ont fait leurs preuves et qui, finalement, offrent plus de liberté aux musiciens et surtout à leur chanteuse dont la prestation est hors-norme.
S’il n’y a plus vraiment de doute sur les capacités vocales exceptionnelles de Lzzy Hale, il faut avouer qu’elle s’est taillé ce nouvel opus sur mesure. Féroce et délicate, elle y dévoile toute sa large palette sur des titres dominés par une certaine mélancolie, très personnels aussi et avec des fulgurances brutes et directes. Enfin HALESTORM joue également sur la corde sensible avec des parties de piano bien senties et un fond Rock très accrocheur (« Fallen Star », « Watch Out ! », « Shiver », « Everest », « Like A Woman Can », « Rain Your Blood On Me »). Magistral de finesse !
Retrouvez aussi la chronique de « Back From The Dead » :
Après 15 ans passés à la tête des Butcher Babies, combo qu’elle avait fondé, et tout juste intronisée au chant chez Lords Of Acid, Carla Harvey se présente aujourd’hui avec un projet plus personnel et dans un registre très différent de ce qu’elle nous a jusqu’ici donné d’elle. Très californien dans l’esprit comme dans le son, la frontwoman a laissé les reines à Charlie Benante, prolifique multi-instrumentiste, producteur et membre d’Anthrax. Le résultat est un Heavy Rock bardé de mélodies entêtantes et accrocheuses, où l’on découvre d’ailleurs un nouvel aspect de ses capacités vocales et de son écriture. La chanteuse nous parle de ce premier EP éponyme de THE VIOLENT HOUR, sa nouvelle formation qui prendra la route en septembre…
– Carla, avant de parler de ce premier EP, j’aimerais qu’on dise un mot au sujet de Butcher Babies que tu as fondé et quitté 15 ans plus tard. Est-ce que tu as eu le sentiment d’en avoir fait le tour ? Qu’il te fallait peut-être passer à autre chose ?
Je suis très fière de mon travail au sein de Butcher Babies et de ce que nous avons accompli en tant que groupe. Nous sommes partis de rien, nous avons exploré le monde et nous avons enregistré six albums exceptionnels. Je n’avais pas l’impression d’avoir tout vu, au contraire. La vie et les priorités ont changé au fil de ces 15 ans et j’ai constaté qu’être sur la route dix mois par an n’était ni sain, ni propice à l’épanouissement. Les deux autres membres fondateurs du groupe étant en couple, être constamment sur la route ne leur posait donc aucun problème. Mais pour moi, cela impliquait de grands sacrifices.
– En janvier dernier, tu as annoncé ton arrivée au sein de Lords Of Acid. En plus de tes autres activités, tu as aussi besoin de mener de front plusieurs projets musicaux ? Et comment est-ce que cela s’est d’ailleurs fait ?
Je n’ai jamais caché que j’étais une grande fan de Lords of Acid. Alors quand ils ont eu besoin de quelqu’un au chant et qu’ils me l’ont proposé, j’ai sauté sur l’occasion. Je rentrais tout juste de ma première tournée avec eux et ce fut l’une des meilleures expériences que j’ai jamais vécues. Les concerts affichaient complet presque tous les soirs et l’énergie sur scène était incroyable. J’avais toujours le sourire et je me sentais tellement libre. Je vivais une sorte d’expérience extracorporelle chaque soir. Peut-être parce que je jouais la musique que j’adorais à 16 ans… Je l’ai fait avec un abandon total. Je ne considère pas cela comme une simple jonglerie entre plusieurs projets musicaux. Lords of Acid demande peu de temps, environ une tournée par an, pour une énorme récompense. Et puis, je suis également ravie de bientôt tourner avec THE VIOLENT HOUR.
– Entre le passé, le présent et le futur que l’on peut représenter par Butcher Babies, Lords Of Acid et THE VIOLENT HOUR, quel est le groupe qui te ressemble le plus et qui est le plus proche ta culture musicale ? Ce nouveau projet peut-être, qui dénote un peu des deux autres ?
Je pense que chaque groupe représente une part de moi à un moment précis. THE VIOLENT HOUR est celle qui me semble la plus précieuse, car le contenu des paroles n’appartient qu’à moi. Ces chansons m’ont aidée à traverser une période difficile et m’ont fait redécouvrir le processus créatif. Elles me rappellent aussi la Carla que j’étais à 16 ans, ce qu’elle aimait et cela me parle beaucoup également.
– Au regard de tes autres expériences musicales qui sont nettement plus Metal, tu donnes l’impression ici de t’épanouir pleinement dans ce Hard’n Heavy, qui se veut aussi plus intemporel. Et vocalement aussi, ta palette s’est agrandie. Est-ce que tu te sens plus libre au niveau du chant avec THE VIOLENT HOUR ?
Pour être honnête, au début, j’avais peur d’écrire ces chansons. Je pensais qu’après tant d’années à chanter avec une voix gutturale, c’était peut-être juste ça que les gens voulaient entendre de moi. En fait, quand j’ai essayé de les chanter pour la première fois, j’avais presque l’impression que ma voix était prisonnière. J’avais peur de la faire sortir. Puis, à un moment donné, pendant l’écriture, j’ai eu un déclic et j’ai commencé à m’amuser. Et ces voix que je n’ai jamais l’occasion d’utiliser ont commencé à jaillir de moi. Et même si j’ai toujours aimé le Metal, j’aime tout autant, peut-être même plus, le Hard Rock. Le premier groupe que j’ai vraiment adoré était Guns N’ Roses.
– « The Violent Hour » a été réalisé avec Charlie Benante d’Anthrax, multi-instrumentiste et producteur de l’EP. Comment s’est passée cette collaboration et, avant cela, votre rencontre, car vous œuvrez tous les deux dans des registres assez différents ?
Charlie et moi nous sommes rencontrés à un festival de musique où nous jouions tous les deux en 2014. Je crois que c’était le ‘KnotFest’. Mon groupe avait repris un morceau de SOD, « Pussy Whiped », et il m’a demandé pourquoi nous avions choisi de l’interpréter. Nous avons commencé à sortir ensemble en 2015 et la suite appartient à l’Histoire. Bien que nous ayons improvisé quelques morceaux ensemble pendant le Covid, nous n’avions pas vraiment collaboré comme nous le faisons maintenant.
Quand la séparation des Butcher Babies a eu lieu, je pense que Charlie a compris que je faisais le deuil de ce groupe que j’avais créé. Je ne savais pas ce qui m’attendait musicalement, mais il savait que je n’étais pas prête à abandonner. Il m’a en quelque sorte fait arrêter de me complaire dans la tristesse du moment en me disant : « Lève-toi, aujourd’hui, on va écrire, on va composer ! ». Et il a commencé à me proposer des idées qui me parlaient vraiment, car il connaît toutes mes premières influences. Par exemple, il savait que j’adorais Aerosmith et Guns N’ Roses, et c’est ainsi qu’est née la chanson « Hell Or Hollywood ».
Ecrire est redevenu passionnant, car nous avons composé des chansons qui parlent vraiment à l’enfant qui sommeille en moi. C’était très différent que la composition avec un groupe complet, car Charlie a écrit et joué de tous les instruments… Mais je lui fais vraiment confiance musicalement. C’est très important quand on est juste tous les deux à faire de la musique.
– Tu signes donc les paroles des cinq chansons et elles paraissent très personnelles à l’image de « Hell Of Hollywood », justement. Avec ce projet, on a le sentiment que tu te dévoiles un peu plus. D’ailleurs, comme THE VIOLENT HOUR est une aventure en solo, pourquoi ne pas l’avoir présenté sous ton nom ?
Quand j’écris de la musique, je suis vraiment sincère. Je ne peux être qu’authentique. J’adore raconter des histoires, et celles que je connais le mieux sont les miennes. J’aime aussi l’idée de pouvoir aider l’auditeur à se sentir moins seul en partageant quelque chose à laquelle il peut s’identifier. Quant à mon travail actuel, j’ai toujours détesté les projets dits ‘solo’. Je n’ai jamais voulu être une artiste solo, car j’ai toujours adoré l’idée de faire partie d’un groupe. Plus jeune, j’adorais que chaque membre ait une personnalité distincte. THE VIOLENT HOUR sera un groupe… Il y a d’ailleurs déjà des musiciens en répétition avec moi pour préparer nos premiers concerts.
– Par ailleurs, est-ce que c’est l’importance prise par les plateformes numériques aujourd’hui qui t’a convaincu de sortir un format court plutôt qu’un album ? On reste un peu sur notre faim…
J’aimerais que plus de gens aient la capacité d’écouter un album complet de nos jours. C’est aussi pour cela que je voulais accorder à chaque chanson une attention particulière et lui donner de l’espace pour respirer. Mais il y en a d’autres en préparation, crois-moi ! (Sourires)
– En plus de Charlie Benante, tu accueilles des guests de renom sur cet EP. On retrouve John5 de Mötley Crüe sur « Sick Ones » et Zakk Wylde sur « Hell Or Hollywood », ainsi que le chanteur de Crobot, Brandon Yeagley, sur « Portland, Oregon ». Ce sont des musiciens que tu connais depuis longtemps et avec qui tu avais déjà travaillé ?
Je dois dire que je suis très fière de Charlie et de tout ce qu’il a fait avec ces chansons. Si les gens ne le voient que comme un batteur, leur opinion changera complètement après avoir écouté cet EP. Il joue de tous les instruments sur ces chansons, y compris la guitare slide. J’étais vraiment ravi d’avoir aussi John5, Zakk Wylde et Brando sur l’album. J’ai d’ailleurs participé à un morceau de John5 et j’ai tourné plusieurs fois avec Zakk et Black Label Society. Comme Charlie est très ami avec eux, donc c’était naturel de leur demander de participer. Il a aussi travaillé avec Brandon sur ses jams de confinement en 2020. Ils sont donc devenus amis. Comme c’est agréable d’avoir des amis talentueux ! (Rires)
– De quelle manière avez-vous travaillé ensemble, notamment pour le duo avec Brandon Yeagley, et les deux guitaristes ont-ils eu carte blanche ?
Le duo que j’ai fait avec Brandon est une reprise de la chanteuse et compositrice Loretta Lynn. J’ai toujours adoré cette chanson. C’est un morceau de Country impertinent et sexy qui parle d’une aventure d’un soir. Elle la chante avec Jack White et j’ai trouvé que Brandon avait la voix parfaite pour la chanter avec moi. Et quand John5 et Zakk Wylde ont fait les solos sur « Sick Ones » et « Hell Or Hollywood », je leur ai laissé une totale liberté. Lorsque j’ai récupéré les solos, ils étaient honnêtement encore meilleurs que ce que j’imaginais. Je crois même que j’en ai pleuré. Je n’arrivais pas à croire que ces solos phénoménaux figuraient sur mes chansons. Ce fut un vrai moment d’émotion.
– D’ailleurs, à propos de ces featurings, avez-vous pu travailler directement ensemble, sachant qu’aujourd’hui beaucoup de choses se font à distance ?
Comme chacun a son propre home studio, tout s’est donc fait à distance. Mais bien sûr, je passe beaucoup de temps avec Zakk Wylde.
– Enfin, j’imagine que tu dois être impatiente de présenter ces nouveaux morceaux à ton public sur scène. Est-ce que des concerts sont déjà prévus et y intègreras-tu aussi des chansons de Butcher Babies ?
J’ai tellement hâte de voir THE VIOLENT HOUR en tournée. J’ai un groupe féminin incroyable, dont je rêve depuis des années. Je suis une grande fan du mouvement ‘Riot Grrl’ des années 90. Nos premiers concerts auront lieu en septembre avec Buckcherry et Michael Monroe, et nous jouerons uniquement des compositions originales de THE VIOLENT HOUR.
Le premier EP éponyme de THE VIOLENT HOUR est disponible chez Megaforce Records.
Sorti il y a un peu plus de deux mois, « Krystal Metal » marque un bond dans la carrière de la guitariste-chanteuse et fait suite à deux EP, « Brutal Pop I & II » en confirmant un style assez unique où Metal et Pop s’entremêlent naturellement. Egalement productrice, SUN aura pris son temps pour peaufiner son premier long format, ponctué depuis des années par de nombreuses prestations live dont la récente mainstage du ‘Hellfest’. Aguerrie et déterminée, la frontwoman présente un album très abouti et solide sur lequel, vocalement, elle navigue entre un chant clair et un scream ravageur… L’art de conjuguer les opposés. Entretien avec une artiste qui vise toujours plus d’authenticité.
– Tout d’abord, comme tu as récemment fait le festival ‘Kreizh y Breizh’ à Glomel (22) et que tu reviens tout juste du ‘Hellfest’ où tu as joué sur la mainstage, j’aimerais que tu me donnes des impressions. Comment le public Metal t’a-t-il accueilli, et te sens-tu d’une manière ou d’une autre faire partie de cette famille-là ?
Oui, le ‘Hellfest’ s’est très bien passé, au-delà de mes espérances. Il y avait beaucoup de pression sur cette date que j’attendais avec impatience. Et puis, on m’avait dit que lorsqu’on ouvrait une journée sur la mainstage, il arrive qu’il n’y ait pas trop de monde. Et en fait, c’était blindé ! Je n’avais jamais vu ça de ma vie ! J’étais sciée et secouée par ça. Et le ‘Kreizh y Breizh’ juste avant était super sympa, dans une ambiance beaucoup plus bretonne, chaleureuse et très agréable. En ce qui concerne le public Metal, je viens du Metal Extrême à la base, du Brutal Death où je suis guitariste rythmique. Même si mon ‘Brutal Pop’ est un mélange différent, j’ai toujours été bien accueillie par le public, même au ‘Festival 666’ l’année dernière. Je n’avais pas trop peur du côté Metal. En revanche, être sur la mainstage pour mon premier ‘Hellfest’, c’était un peu flippant ! (Rires)
– Il y a six ans déjà, on te découvrait avec un premier EP, « Brutal Pop », suivi en 2023 du second volet, toujours en format court. C’est un univers assez unique, qui va puiser autant dans la Pop que dans des sphères Rock plus musclées. Est-ce que tu te considères un peu comme une sorte de chaînon manquant ? Un pont entre ces deux styles musicaux ?
Peut-être pas, mais c’est assez naturel dans mon processus. Tout ça est né quand j’étais petite, car j’adorais écrire des chansons. Etant franco-allemande, j’habitais en Forêt Noire en Allemagne où je m’ennuyais un peu, mais j’avais accès à la guitare électrique de mon frère et un livre sur la guitare Metal. Et il se trouve que lorsque j’écrivais mes chansons, au lieu de m’accompagner au piano pour plaquer les accords, j’allais directement à la guitare entre la voix et un gros riff. A l’époque, j’écoutais autant Janet Jackson que Hate Eternal ou Morbid Angel, donc des trucs assez vénères. Pour moi, c’était une façon de faire très organique. En fait, au moment de faire la chanson fabriquée autour de ce jeu de guitare et du scream, qui me permet d’atteindre un point culminant sur les paroles, tout cela se fait assez naturellement finalement. Je ne sais pas si je peux me considérer comme un chaînon manquant, c’est plutôt à d’autres de le dire. En tout cas, je suis heureuse si je peux faire le pont, parce que je ne me suis jamais limitée aux styles musicaux. La seule chose que j’aime est le songwriting, donc si c’est seulement un enchainement de riffs, je m’ennuie rapidement.
– Malgré les quatre ans qui les séparent, tes deux premiers EPs se rejoignent et pourraient même constituer un seul et même album, même si des productions sont un peu différentes. Avais-tu besoin de mieux cerner les contours de ton jeu et de ton style avant de t’aventurer dans un format long ?
En fait, j’ai retenu l’album pendant très longtemps. Je ne me suis jamais dit que le ‘Brutal Pop’ serait mon plan de carrière. Pendant des années, j’ai chanté dans des comédies musicales, joué dans des pièces de théâtre, j’ai fait du cinéma en tant qu’actrice… Et tout ça en ayant mon projet à côté. Je ne me suis pas dit que c’était une bonne idée, mais plutôt que j’étais une fille un peu bizarre, voilà ! (Sourires) Ce sont surtout les gens et des producteurs que j’ai rencontrés sur la route comme Dan Levy de The Dø et Andrew Sheps, qui m’ont dit que c’était vraiment ça mon projet. Donc, j’ai vraiment retenu mon album pendant longtemps, parce que je savais que la carte du premier album est quelque chose qu’on ne peut jouer qu’une seule chose. Alors, si on peut le faire partir du plus haut possible de la montagne, c’est plus avantageux. Et c’est pour ça que j’ai aussi mis du temps, car je suis en indépendant et je voulais vraiment trouver les partenaires qui m’aideraient.
– Cela dit, « Krystal Metal » est lui aussi assez court et très resserré. Cherchais-tu un certain sentiment, ou tout au moins une impression, d’immédiateté et d’urgence ?
Pour être sincère, j’ai enregistré beaucoup plus de choses que ce qui figure sur l’album. J’ai vraiment voulu créer le geste qui coulait le mieux avec une grande variété dans les signatures rythmiques, les tempos et les accords pour qu’il n’y ait pas de redites. Et comme je trouvais que ça collait bien, je me suis arrêtée là-dessus, tout simplement.
– Depuis tes débuts, tu t’occupes de tout : de l’écriture à l’interprétation des instruments et du chant jusqu’à la production et le mastering. Tu n’as jamais été tentée de partager tes chansons en groupe, ou avec des arrangeurs par exemple, ou sont-elles trop personnelles à tes yeux ? Ou peut-être que tu as aussi une idée très précise de ce que tu souhaites obtenir ?
En fait, j’ai fait le chemin inverse. Le premier EP a été coproduit avec Dan Levy. Ensuite, j’ai produit le second, mais j’ai travaillé avec des personnes au mix comme Andrew Sheps justement. Lui, il a bossé avec Metallica, Smashing Pumpkins, Beyoncé, … et c’est lui qui m’a dit d’arrêter de me cacher derrière les gens et qu’il fallait que je produise tout de A à Z. Il m’a dit que, comme je savais exactement ce que je voulais, il fallait que je me fasse confiance. Et donc, « Krystal Metal » est vraiment le fruit de tout ça. Tu sais, même avant SUN, je tournais sous mon nom, Karoline Rose. J’ai bossé avec Babx et d’autres et je me suis beaucoup diluée et perdue avec des producteurs, car ils ont tous une vision de toi. C’est bien quand tu fais un truc depuis 20 ans et que tu veux le rafraîchir, ou quand tu es un artiste qui n’a pas trop de matière et que tu es surtout interprète. Mais dans mon cas, ça m’a toujours fait du tort. Et « Krystal Metal » est une sorte de retrouvaille avec moi-même et le meilleur choix de ma vie. Je savais très bien ce que je voulais entendre et je me suis lancée.
– Par ailleurs, tes textes sont souvent engagés, notamment en faveur de la cause féminine, mais pas uniquement. A leur écoute, on découvre aussi beaucoup de colère et de rage. Pourtant, il y a toujours un message d’espoir et surtout une énergie très positive. Ce mélange des genres est-il finalement un appel à l’éveil des consciences à travers un jeu brut et direct ?
J’essaie de rester quand quelque chose de sincère et d’organique, un peu à l’image des disques de Pop qui m’ont marqué et où il y a toujours une accroche direct sur des thèmes universels. Je fais passer ça dans mes chansons et ça traverse des émotions très diverses. J’ai vraiment essayé de faire un disque Pop dans ce sens-là, c’est-à-dire quelque chose que les auditeurs puissent s’approprier. Je laisse sortir les choses avec cette approche-là.
– L’une de tes particularités est d’alterner le chant clair et le scream. C’est un choix qui peut paraître étonnant, même si cela devient aussi très courant sur la scène Metal féminine. Qu’est-ce que cela apporte, selon toi, à tes chanson, car tu pourrais apporter plus de puissance à ton chant clair ?
J’ai cette voix claire qui est assez longue, comme on dit, et qui me donne beaucoup de possibilités et dans ma boîte à outils, j’ai aussi le scream. Et donc à des moments précis où la voix de poitrine ne suffirait plus, je vais laisser le scream venir. Je le fais dès la composition et c’est effectivement souvent lié aux paroles sur une intensité qui arrive, ou un bel accord. La plupart du temps, je le fais à des moments qui sont des points culminants positifs ou majeurs. Ca fait aussi partie de mon registre, tout simplement.
– Ce premier album, « Krystal Metal », vient donc de sortir et la première surprise vient de sa production qui est beaucoup plus organique et se détache de l’aspect assez synthétique de tes deux EPs. C’est pour cette raison que tu as fait appel à un batteur et ponctuellement à un bassiste ? Pour retrouver une certaine chaleur ?
J’ai toujours engagé des musiciens pour les enregistrements en studio, et notamment un batteur, que ce soit sur « Brutal Pop » et « Brutal Pop II ». Le reste, je le fais moi-même. En fait, pour « Krystal Metal », j’ai plutôt fait ce qu’on appelle une ‘non-prod’, c’est-à-dire que je range tous les effets avant qu’on ne les entende. Je ne laisse jamais dépasser ou déborder un réverb’ ou un delay, parce que je veux qu’on écoute la chanson à travers la voix et la guitare. Mais, et cela a été longtemps l’une de mes particularités, c’est parfois une véritable usine à gaz, mais tu ne l’entends pas. C’est important pour moi que la production soit vraiment au service de la chanson et que ce soit l’humain qui joue. C’est vrai que j’ai engagé quelques personnes, mais j’ai aussi beaucoup trifouillé et édité. J’aime avant tout le son organique et ensuite, je passe ma vie à bouger tout ce qu’il a dedans.
– Et puis, il présente également beaucoup plus de profondeur et de consistance avec un spectre sonore plus rempli et massif. Outre le travail sur les morceaux, l’idée était-elle aussi de leur offrir plus de relief et donc de peaufiner le plus possible les arrangements, comme c’est le cas ?
Oui, c’est ça. J’avais vraiment envie qu’il y ait des arrangements, de la largeur, du gros son et à l’époque du Metal moderne, tu as aussi envie de ça. Tu as envie de remplir l’espace, que ce soit massif et aussi, comme je te le disais, de ranger aussi les effets pour les sortir au bon moment. Je préfère qu’on me dise qu’on adore la voix plutôt que la réverb’. Et c’est pareil pour tout, que ce soit au niveau du mix, de la batterie… Les synthés sont là aussi, mais je les ai enregistrés en analogique pour retrouver justement cette chaleur qui me plait beaucoup plus.
– « Krystal Metal » se distingue également par l’utilisation de la double-pédale par ton batteur, de distorsion sur les guitares et ton scream est toujours aussi présent. On se rapproche donc avec ces divers éléments de l’univers du Metal. Justement, d’où viennent tes inspirations de ce registre ? Y a-t-il des artistes ou des groupes qui influent directement sur tes compositions ?
Comme toutes les petites filles, j’ai commencé par les Riot Girls, le Grunge et tout ça. Et comme j’aimais les guitares, j’ai glissé vers le Nu-Metal avec Kitty, My Ruin, Korn, Slipknot ou Machine Head. Et petit à petit, j’ai écouté du Thrash Old comme Testament et très vite, tu arrives à Morbid Angel, Hate Eternal, Immolation ou Cannibal Corpse. C’est vraiment ces groupes-là qui m’ont inspiré niveau Metal. Mais côté ‘mainstream’, il y a Gojira aussi, qui a d’ailleurs été influencé par ces artistes-là. C’est ça qui m’a vraiment parlé, et ensuite Strapping Young Lad et l’album « City » et enfin Devin Townsend, qui est pour moi l’inventeur du Pop Metal à la base. J’ai vite compris que c’était ce mélange-là qui m’intéressait le plus.
– Enfin, à l’avenir, tu comptes rester sur ce registre-là, ou est-ce que tu penses explorer encore d’autres univers musicaux ?
Non, je pense rester là-dessus. En fait, j’ai un peu fait l’inverse du cheminement. Au départ, je ne savais pas vraiment que faire, je ne pensais pas que c’était une bonne idée et plus je sortais des choses, plus j’étais confirmée dans ma démarche. J’essaie d’aller vers toujours plus d’authenticité.
L’album de SUN, « Krystal Metal », et toutes les infos (concerts, etc…) sont disponibles ici : linktr.ee/sunbrutalpop
Photos : Jonathan Lhote (1, 4), Bassem Ajaltouni (2) et Alex Pixelle (3).
C’est avec beaucoup de mordant, mais aussi des refrains bien sentis, que KING WITCH revient deux ans après son dernier méfait avec un troisième opus qui devrait mettre tout le monde d’accord. Entre Heavy Doom et Occult Rock, « III » s’engouffre dans des méandres très maîtrisés et, grâce à une chanteuse au sommet de son art et des parties de guitares variées et saisissantes, la lumière sort parfois de l’ombre et ce disque s’impose déjà comme l’une des pépites de l’année.
KING WITCH
« III »
(Listenable Records)
Transperçant les brumes écossaises Depuis une dizaine d’années maintenant, KING WITCH surgit avec, comme son nom l’indique, son troisième et sûrement son meilleur album. Après « Under The Mountain » (2018) et « Body Of Light » (2023), c’est sous une formule en trio (sur le papier) qu’il se présente et « III » vient déjà se classer parmi les réalisations incontournables du style. Franchement hors-norme à bien des égards, ce nouvel opus est incroyable de finesse, hyper-Heavy, créatif et immersif d’un bout à l’autre.
C’est aussi peut-être les quelques changements de line-up qui apportent cet élan de fraîcheur. Si l’on retrouve le duo fondateur composé du couple Laura Donnely au chant et Jamie Gilchrist à la guitare et à l’enregistrement, c’est désormais Rory Lee qui officie à la basse, tandis qu’Andrew Scott a assuré les sessions de batterie en studio. Et l’équilibre artistique de KING WITCH est plus solide que jamais. L’osmose est évidente et la multitude d’atmosphères et la force des compositions rayonnent littéralement.
Dans une ambiance occulte, la formation d’Edimbourg ouvre les hostilités avec « Suffer In Life », un titre progressif et tout en lourdeur, qui n’empêche pas sa frontwoman d’afficher sa puissance vocale. Et de ce côté-là, Laura Donnely est sans aucun doute l’une des meilleures de sa catégorie, et de très loin. Le Heavy Doom de KING WITCH est très accrocheur, lancinant et féroce et les mélodies distillées sont lumineuses (« Swarming Flies », « Sea Of Lies », « Behind The Veil », « Diggin In The Dirt », « Last Great Wilderness »). Renversant !
Au fil de ses réalisations, et notamment des deux dernières, CRYSTAL VIPER s’impose brillamment sur la scène Heavy Metal européenne. Il ne manquait qu’un témoignage en public pour confirmer l’ascension et la reconnaissance des fans à la formation polonaise pour assoir sa réputation. En offrant des performances de ce calibre, sa fondatrice est irrésistible et son groupe devient petit à petit un acteur incontournable du style. « The Live Quest » est juste renversant et électrisant.
CRYSTAL VIPER
« The Live Quest »
(Listenable Records)
Alors que les Polonais défendaient leur neuvième album, « The Silver Key », à travers toute l’Europe, ils ont eu la bonne idée d’enregistrer de nombreuses prestations que ce soit chez eux bien sûr, mais aussi en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Italie, en France, en Belgique et en République Tchèque. Et il faut reconnaître que l’accueil fait à CRYSTAL VIPER est unanime. Depuis « The Cult » sorti en 2021, le groupe a pris une nouvelle dimension, comme en témoigne « The Live Quest » et cela s’entend.
En tête d’affiche de sa tournée et fort de passages salués au Wacken Open Air et au Hellfest, le combo mené par avec force par sa chanteuse, bassiste et guitariste Martha Gabriel présente ici ses premières captations live. Très bon condensé d’une carrière en pleine ébullition, les concerts de CRYSTAL VIPER sont aussi explosifs que ses disques, et quelques classiques se démarquent même de ce répertoire qui commence à être bien étoffé. Et le public ne s’y trompe pas en rendant ses concerts inoubliables.
Dès la captivante intro « Return To Providence », puis « Fever Of The Gods », on entre dans le vif du sujet. S’enchainent « The Silver Key », « The Cult », « Metal Nation » où la communion est totale, « Night Of The Sin », « Still Alive », … CRYSTAL VIPER affiche un Heavy Metal musclé, aux portes du Power, et la performance vocale de sa frontwoman est exemplaire. Elle est l’une des meilleures chanteuses actuelles et c’est de plus en plus incontestable. Brut et puissant, « The Live Quest » montre le meilleur du quatuor.
Retrouvez les chroniques des deux derniers albums du groupe :
Clairement ancré dans des sonorités Rock et Metal très 70’s, le quintet de Cincinnati, Ohio, fait un retour lumineux avec « EC4 », un quatrième album qui présente aussi un nouveau membre à part entière aux claviers et surtout une inspiration hors-norme. Sur un proto-Metal dominant, ELECTRIC CITIZEN s’engouffre dans des effluves psychédéliques où des passages Folk côtoient des ambiances plus Doom. Tout en restant attachés à une approche classique du genre, les Américains redoublent de créativité à travers d’incroyables arrangements, des riffs captivants et une voix envoûtante. C’est donc Laura Dolan, la frontwoman du groupe, qui revient sur l’élaboration de ce nouvel opus polymorphe et hypnotique, qui se révèle un peu plus à chaque écoute.
– Cela fait maintenant sept ans que l’on attend le successeur de « Helltown ». Même s’il y a eu la pandémie et que vous avez aussi beaucoup tourné, l’idée était-elle de faire un retour avec un album hors-norme comme c’est le cas, ce qui prend donc plus de temps ?
Dès le début, nous avons souhaité aborder cet album avec la même patience et le même soin que pour le premier, en le laissant se développer naturellement. Les sept dernières années ont été marquées par des défis auxquels nous avons tous les quatre été confrontés : le Covid, la famille, la santé, la vie quotidienne, mais malgré tout, nous n’avons jamais cessé d’écrire et de travailler sur « EC4 ». Nous adorons faire de la musique ensemble, et ce temps supplémentaire nous a aussi permis de créer quelque chose que nous sommes vraiment fiers de partager.
– Vous avez élaboré ce quatrième album pendant des années et cela s’entend. En quoi a-t-il nécessité plus de temps que les autres ? L’enregistrement en lui-même, ou son écriture ?
Avec des conflits d’emploi du temps entre les membres du groupe et les ingénieurs, nous aurions pu nous précipiter ou changer de cap, mais nous l’avons maintenu et continué à peaufiner les choses jusqu’à ce que l’album soit prêt à être présenté à un label. Pour « EC4 », nous voulions expérimenter avec des sons différents et superposés, un peu plus doux et avec de longues parties, qui ouvrent de nouveaux paysages sonores.
Ross (Dolan, guitare – NDR) gère la plupart de nos compositions instrumentales et ses idées ont tendance à se concrétiser rapidement, même si c’est toujours un travail collaboratif avec le groupe. Nick (Vogelpohl, basse – NDR) apporte des lignes de basse percutantes et une contribution créative. Owen (Lee, claviers – NDR) a co-écrit « Tuning Tree » et a ajouté des couches de clavier essentielles, tandis que la batterie et les percussions de Nate (Wagner, batterie – NDR) opèrent leur magie habituelle. Et enfin, j’écris les paroles et les mélodies vocales, bien que Ross ait eu les idées initiales pour « Lizard Brian ».
Je dois aussi aborder un sujet personnel, qui a certainement ralenti le processus. Pendant l’écriture de l’album, j’ai été confronté à un grave problème de santé : un mélanome. Grâce à un dépistage précoce et à une opération chirurgicale, je suis là aujourd’hui et complètement rétablie. Alors, tout le monde, faites examiner votre peau. Ce n’est pas seulement un conseil, c’est ce qui m’a sauvé la vie.
– Vous avez déclaré que « EC4 » amorçait un renouveau pour ELECTRIC CITIZEN. Même si musicalement, on note quelques changements, qu’entendez-vous par un retour aux sources ? Une façon de revenir à l’essentiel du Rock, même si vous ne vous en êtes jamais vraiment éloigné ?
C’est la première fois depuis notre premier album « Sateen » que nous composons avec un claviériste dédié. Sur « Higher Time » et « Helltown », nous avons fait appel à des musiciens invités pour apporter des parties sur des morceaux déjà terminés. Si ces collaborations ont été excellentes, le fait que ces textures soient intégrées dès le début de la composition façonne véritablement la façon dont le groupe aborde la musique. Nous sommes toujours restés très liés à notre son de base, mais nous avons aussi toujours souhaité évoluer en tant que musiciens. Cette approche nous permet d’explorer de nouveaux sons, tout en restant fidèles à nous-mêmes.
– Pour le mix et le mastering de l’album, vous avez fait appel à Collin Dupuis (Lana Del Rey, The Black Keys) et JJ Golden (Calexico), qui n’évoluent pas forcément dans le même univers que vous. Vous aviez besoin d’un regard neuf pour ces nouveaux morceaux ?
Ce sont tous deux des ingénieurs du son pour lesquels nous avons un immense respect. Nous avions déjà travaillé avec Collin sur « Higher Time ». C’est le genre de gars qui comprend immédiatement ce que l’on veut. Son véritable génie est de réussir à intégrer parfaitement chaque instrument dans le mix sans qu’ils se gênent. Pour cet album, il nous a recommandé JJ, et il a réussi à sublimer le tout en restant fidèle aux mixages originaux. Nous avons eu beaucoup de chance de travailler avec eux deux.
– Ce qui surprend sur « EC4 », c’est la construction des morceaux qui évoluent dans des ambiances très variées et surtout qui bénéficient d’arrangements particulièrement soignés. Votre objectif était-il de fusionner tous les genres qui forgent votre identité musicale ?
Oui, c’est une approche que nous défendons, car rien ne se crée de manière isolée. La musique s’appuie sur ce qui l’a précédée, à travers toutes les époques et tous les styles. Je pense que la clef est d’honorer toutes ces influences en créant en même temps quelque chose qui reste profondément personnel. Nous sommes attirés par les sonorités vintage, mais nous ne cherchons pas simplement à les reproduire. Pour nous, il s’agit d’intégrer cet esprit dans quelque chose de nouveau et d’actuel.
– Par ailleurs, le sentiment qui domine sur certains titres est qu’ils suivent tes lignes vocales. Avez-vous composé dans ce sens, ou peut-être avez-vous changé votre façon de travailler ?
Ross a toujours été notre moteur. Il pose d’abord les bases de chaque chanson et cette approche n’a pas changé. Pour ma part, je traite les mélodies vocales comme un instrument supplémentaire. Parfois, elles se faufilent dans la musique, parfois elles lui répondent. C’était particulièrement agréable de chanter sur « Tuning Tree », par exemple, grâce à la façon dont mon chant se combine à la basse, comme si elle était une seconde voix dans la conversation.
– Cette fois encore, vous puisez dans le proto-Metal, le Psych et le proto-Doom, ce qui est la marque de fabrique d’ELECTRIC CITIZEN. Est-ce que dans la déferlante de productions et les changements de supports d’écoute actuels, c’est le son et la créativité des années 70 qui vous touchent toujours le plus ?
Oui, on adore ces genres, surtout les sons des années 60 et 70. Mais on apprécie aussi le classique, la Soul et le Folk, pour n’en citer que quelques-uns. Nos goûts sont très variés. Quant aux sons Heavy du passé, ils alimentent ceux du futur. Et si on y participe, même un peu, c’est l’essentiel.
– Comme toujours, l’ensemble est très organique avec une forte présence de sonorités acoustiques, qui confèrent à « EC4 » un aspect presque épuré. C’est un contraste que lequel vous vouliez jouer également, malgré la densité des morceaux ?
Merci de l’avoir remarqué ! Oui, c’était intentionnel. Nous voulions des couches riches qui fonctionnent ensemble, et non les unes contre les autres. Le retour de la guitare acoustique, que nous n’avions d’ailleurs pas utilisée depuis notre premier album, a permis de libérer ce potentiel. Elle apporte des textures Folk très organiques, tout en ajoutant une profondeur qui s’intègre parfaitement au mix.
– Un petit mot aussi sur la pochette de l’album signée Neil Krug, qui avait réalisé celle de votre premier album, « Sateen ». On peut d’ailleurs y voir beaucoup de symbolique, dont j’aimerais que tu nous parles. Est-ce que cela fait-il aussi partie de ce retour dont vous parliez ?
Nous avons l’immense chance de collaborer avec Neil Krug, car sa vision photographique est unique. Les images de la pochette et de la back cover proviennent de ses archives. Nous lui avons parlé de notre nouvel album et de sa direction générale, et il a trouvé la perle rare. C’est l’un de ces moments heureux, où des morceaux distincts s’assemblent comme s’ils étaient faits pour être ensemble. Les thèmes de ces chansons, qui s’articulent toujours autour de visions surnaturelles, de futurs apocalyptiques et de démons intérieurs obsédants, s’accordent avec ses images d’une manière que nous n’aurions jamais pu imaginer.
– Enfin, j’aimerais qu’on dise aussi un mot sur votre changement de label avec une signature chez Heavy Psych Sounds. Qu’est-ce qui a motivé le choix d’une maison de disques européenne ?
Nous sommes ravis de collaborer avec Heavy Psych Sounds. Ils nous correspondent parfaitement et ont été des partenaires fantastiques sur cet album. Pour nous, la question de savoir si un label est américain ou européen ne s’est jamais vraiment posée, puisque nous tournons sur les deux marchés.
Cela dit, nous serons toujours reconnaissants à Riding Easy Records d’avoir lancé notre groupe. Ils nous ont permis de démarrer et nous entretenons toujours une excellente relation. Nous continuons de collaborer sur les licences de nos trois premiers albums, dès que l’occasion se présente.
Le nouvel album d’ELECTRIC CITIZEN, « EC4 », est disponible chez Heavy Psych Sounds.
Photos : Kevin Blumeyer (1), Sally Townsend (4) et Andrew Benge (5).