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Alternative Metal France

Smokeheads : la force tranquille [Interview]

Affichant une insolente maturité trois ans seulement après sa création, SMOKEHEADS devrait sans mal se faire une belle place sur la scène hexagonale. En effet, l’Alternative Metal du quatuor marie la puissance du genre avec des touches Stoner très Heavy et des mélodies entêtantes. Après l’EP « Never Pick My Pickles ! », les Français viennent de sortir leur premier album, « All In », irrésistible d’un bout à l’autre. En attendant de prendre la route pour le défendre, David Zamora, guitariste et chanteur, nous parle de cette belle aventure et des envies du combo. Entretien.

– Il y a deux ans, on vous découvrait avec l’EP, « Never Pick My Pickles ! » et vous voici de retour avec « All In », votre premier album. Que s’est-il passé durant ce laps de temps et, avec le recul, pensez-vous qu’un format court était une étape nécessaire pour SMOKEHEADS ?

Ces deux ans sont passés très vite… j’ai presque du mal à y croire. Il s’est passé pas mal de choses en fait. Etant donné que nous ne sommes pas des musiciens pros, nous avons dû intégrer beaucoup de choses dans nos calendriers privés. Toute la partie composition et enregistrement des maquettes nous a pris beaucoup de temps. Il a aussi fallu faire des sessions d’écoutes individuelles, puis en groupe, pour parler de ce qui nous plaisait ou pas, puis faire des retouches régulièrement jusqu’à trouver la bonne formule avant l’enregistrement définitif. C’est très chronophage, quand on y repense.

A la base, nous voulions sortir un EP uniquement pour le publier sous forme numérique. Le but était d’avoir un support pour pouvoir démarcher pour les concerts. L’accueil qui a été réservé à l’EP nous a fait du bien et nous a conforté quant à la direction que nous voulions faire prendre à notre musique. Aujourd’hui oui, nous pouvons dire qu’il s’agissait d’une étape nécessaire.

– En France, et même si on en écoute, l’Alternative Metal est loin d’être entré dans les mœurs et on compte finalement très peu de groupes. Comment y êtes-vous venus, même s’il y a aussi une forte connotation Stoner chez vous ?

Je suis le dernier membre du groupe à être arrivé. Quand j’ai rejoint SMOKEHEADS, il était prévu que je sois uniquement chanteur. A ce moment-là, nous étions cinq. Il n’y avait pas encore de morceau vraiment écrit. L’un des guitaristes en place s’est effacé, j’ai donc repris la guitare et c’est à ce moment-là que nous avons commencé à vraiment parler de direction musicale. Chaque membre du groupe a ses propres influences.  

Peu de temps avant, je jouais encore dans un groupe de Thrash Death. Les écarts d’âge sont aussi importants. J’ai 18 ans de moins que le plus âgé du groupe… et je ne dirai pas qui c’est ! (rires). Il a donc fallu se trouver des influences communes. On a passé pas mal de temps à écouter les groupes que nous aimions et nos premières compos sont devenues un mélange de tout ça. Nous voulions tous sortir de notre ‘zone de confort’, et c’est ce que nous avons réussir à faire. Certains en allant plus vers le côté Metal et d’autre comme moi en allant plus vers le côté mélodique. Mais pour finir, je crois que nous y avons tous trouvé notre compte, parce nous croyons tous à ce que nous faisons … à fond ! Il n’y pas eu de moment, où nous nous sommes dit que le Metal Alternatif serait le style que nous ferions, c’est venu naturellement. C’est vraiment un mélange de tous les styles que nous aimons tous comme le Progressif, le Stoner, l’Indus, le Symphonique…

– Sur « All In », on retrouve les morceaux de « Never Pick My Pickles ! », ce qui est une très bonne chose, car cela permet de ne rien manquer. Pourquoi avez-vous décidé de les inclure, même s’ils se fondent naturellement dans l’album ?

Au moment où nous avons sorti « Never Prick My Pickles ! », nous avions déjà des morceaux de « All in » en cours d’enregistrement ou de composition. C’était donc plus ou moins le même processus et le même état d’esprit. Cela nous a paru naturel de remettre les morceaux de l’EP dans l’album. C’est aussi pour ça qu’ils se fondent aussi bien, je pense.

– Justement, l’album montre une belle unité tant musicale que sonore. En incluant l’EP, vous êtes-vous calqués sur la production de votre premier effort, ou avez-vous dû aligner l’ensemble en remixant les morceaux, notamment ?

Au départ, avec « Never Prick My Pickles ! », l’idée était surtout d’avoir du matériel à présenter pour de futurs concerts. C’était vraiment les premiers morceaux que nous avions composés en tant que SMOKEHEADS et nous enregistrons tout nous-mêmes. Lorsque nous avons commencé à enregistrer « All in », nous étions exactement dans le même processus de ‘construction’ de nos chansons. Nous avons donc continué à fonctionner exactement de la même manière. La différence entre les quatre premiers morceaux et les suivants se situe plus dans les arrangements puisque, pendant les premiers enregistrements, nous avons beaucoup appris. Nous avons donc fait évoluer nos techniques. Au moment du mixage, nous avons décidé de rester dans la même dynamique et avec l’ingé-son, qui avait déjà fait l’EP. Nous avons juste remasterisé légèrement les premiers titres pour que tout soit au même niveau.

– SMOKEHEADS propose un style direct et massif où les mélodies sont très présentes également. Il semble y avoir un tel souci d’efficacité que vous ne laissez rien au hasard. Pourtant, vos morceaux sont loin d’être formatés et sont même assez longs. Quel est votre processus d’écriture car, finalement, certains titres peuvent très bien se prêter à de savoureuses jams ?

Pour « Never Prick My Pickles ! », nous avions commencé l’écriture avant le Covid. Nous étions encore dans le format classique de composition, je dirais. David Carmona (guitariste – NDR) ou moi-même, ramenions des idées de riffs ou des petites maquettes en répétition et nous faisions des tests en faisant parfois des ‘jams’ justement. Ensuite, quand nous nous sommes retrouvés confinés, nous avons continué à chercher des idées chacun de notre côté, mais en allant beaucoup plus loin. Les maquettes ont commencé à être beaucoup plus abouties avec l’écriture de morceaux complets.

Pour finir, c’est ce processus-là qui a été retenu. Cela nous permet désormais d’avoir une vue d’ensemble du morceau et de pouvoir le torturer à l’envie. Ensuite, nous retournons chez nous pour faire les changements décidés, ou alors nous les faisons ensemble, mais en mode studio. Cela nous permet de pouvoir prendre plus de recul. Nous pouvons laisser de côté un morceau et revenir dessus plus tard sans risquer de s’en lasser rapidement. Cela nous permet de le laisser mûrir jusqu’à trouver le bon arrangement, ou faire une modification sur un passage où nous buttions.

– Il y a une base et une énergie très Rock sur « All In », même si le Metal domine. Comme je le disais plus haut, il y a des touches de Stoner et même quelques sonorités Grunge. L’ensemble sonne très actuel et pourtant, vous ne faites pas appel à des samples et vous ne prenez pas de direction Nu Metal ou MetalCore comme beaucoup. C’est dans un esprit d’authenticité, ou plus simplement parce que vous ne vous reconnaissez pas dans cette branche de l’Alternative Metal ?

Comme je te le disais plus haut aussi, nous avons tous des influences très diverses, mais c’est vrai que Nu Metal et le MetalCore n’en font pas vraiment partie, même s’il nous arrive d’en écouter. Nous avons tout de même intégré des claviers ou des arrangements classiques. Notre style s’est construit assez naturellement au fil des compositions. Pour certains morceaux, ils n’ont jamais réussi à dépasser le stade de maquette, parce qu’ils ne sont pas dans l’esprit que le groupe s’est construit inconsciemment. La sélection s’est faite très naturellement. Je pense que nous n’avons pas non plus cherché à éviter les styles. Dans certains cas, il m’arrive d’avoir envie de faire un morceau à la façon de certains groupes, mais de finir complètement à l’opposé. A un moment donné, lorsqu’il a fallu définir quel musique nous faisions, nous n’avons pas su nous-mêmes le trouver ! (Rires) Je pense que le Metal Alternatif nous va bien, parce que c’est finalement un croisement de différents courants. Nous avons la chance d’évoluer dans un registre musical tellement riche !

– Lorsqu’on écoute vos morceaux, trois choses retiennent l’attention : les riffs, les lignes vocales et le groove, qui est omniprésent. Sur quelles bases partez-vous pour construire vos titres ? La voix ou plutôt la guitare, qui tient une place prépondérante ?

Les guitares sont quasiment toujours ‘la’ base de départ. Les claviers peuvent également l’être aussi. C’est toujours la voix qui arrive en dernier. Nous passons beaucoup de temps avec Phil (Brarda, batteur – NDR) à écrire les textes et à chercher les lignes de voix. Pour certains morceaux, nous avons dû passer par 4 ou 5 enregistrements différents avant de trouver la bonne ligne, les bons placements et le bon texte. Cela peut prendre facilement jusqu’à trois mois de travail. Pour d’autres titres, les lignes sont arrivées comme des évidences, il n’a fallu que quelques retouches et nous étions tous d’accord. Je dirais qu’en moyenne, la répartition est de 40% pour les guitares, 40% pour les voix et 20% pour le reste.

– Vous avez la chance d’être situés au croisement de la France, de la Suisse et de l’Allemagne, ce qui multiplie les opportunités de concert. De quelle manière comptez-vous procéder ? Car si nul n’est prophète en son pays, le public allemand et helvète est peut-être plus réceptif à l’Alternative Metal que le français, non ?

Très bonne question ! J’avoue que nous ne nous la sommes pas vraiment posé. Nous sommes beaucoup plus proches de la Suisse que de l’Allemagne. Alain (Zahno, bassiste – NDR) est de nationalité suisse et il y vit également. Naturellement, nous allons chercher des contacts et des concerts de l’autre côté de la frontière. Nous avons déjà des contacts avec des organisateurs helvètes, et ce sera avec plaisir que nous irons nous y produire si nous recevons des propositions. Nous avons aussi très envie de jouer en France. D’ailleurs, nous avons envie de jouer partout ! (Rires). Nous sommes encore un très jeune groupe et le peu de concerts que nous avons eu l’occasion de donner étaient en France. Le public nous a très bien accueilli et était très réceptif. Nous avons bon espoir de recevoir un accueil identique ailleurs en France, et nous espérons que le public sera au rendez-vous avec le même enthousiasme.

– Enfin, à quoi allez-vous vous atteler à court et à moyen termes ? La promotion de « All In » et/ou vous produire le plus possible, car un tel album mérite d’être défendu sur scène, tant il déborde d’énergie ?

Notre but est bien sûr de chercher des dates de concerts partout, justement pour pouvoir promouvoir notre album directement sur scène. Après plus de trois ans à le composer, il est temps maintenant de le défendre et de nous présenter au public en espérant qu’il l’appréciera. Nous sommes aussi déjà dans un processus d’écriture de nouvelles compositions. Quand l’inspiration vient, il ne faut surtout pas se priver. Notre but actuel est d’aller défendre « All in » partout où ce sera possible, tout en composant tranquillement son successeur.

L’album de SMOKEHEADS, « All In », est disponible chez Wormholedeath Records.

Retrouvez aussi les chroniques du premier EP et de l’album :

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Alternative Rock Glam Rock Hard US Heavy Rock

Sixty Hours : l’heure de vérité

Ca fait plaisir de voir un groupe français s’émanciper un peu de la plupart des registres empruntés par les formations Rock et Metal de l’hexagone. Sans tomber dans les clichés, direction la côte ouest des Etats-Unis avec le quatuor SIXTY HOURS qui enveloppe son Hard Rock ensoleillé d’ambiances assez différentes, mais qui se complètent bien sur ce « Little Dreamer » plein d’assurance.

SIXTY HOURS

« Little Dreamer »

(Independant)

Un peu de légèreté et même d’audace avec les Français de SIXTY HOURS, dont le premier album sort après une campagne de financement participatif active. De la légèreté donc, puisque nous sommes dans un style qui rassemble des atmosphères et des sonorités dont le spectre, même s’il reste très américain, est plutôt large, et qui fait d’ailleurs tout son charme. Quant à l’audace, elle se niche dans les multiples styles à l’œuvre ici, et l’on replonge (avec plaisir !) quelques décennies en amont. 

SIXTY HOURS avance avec deux guitaristes, ce qui lui offre un champ d’action plutôt conséquent. Cela dit, pas de remplissage sur ce « Little Dreamer » et le partage des rôles, tout comme leur complémentarité, tient dans un bel équilibre avec le soutien d’une rythmique agile et solide. Et si on n’a pas le temps de s’ennuyer, c’est aussi parce qu’on passe sans sourciller du Heavy Rock au Rock US, de l’Alternative Rock au son du Seattle des 90’s et avec même une subtile touche Glam Rock.

Sur une (auto)production très actuelle, les Alsaciens rappellent inévitablement le meilleur de la scène Hard et Rock des années 80 et 90 et made in USA. Vigoureux et malgré deux morceaux très Pop, pas forcément utiles mais assumés, ce premier effort est plein de promesses et surtout très accrocheur avec une énergie très communicative (« This Is Our Place », « Aerial Dances », « Trial », « Peace & Quiet » et le morceau-titre). Après un EP sorti l’an dernier, SIXTY HOURS passe la seconde avec brio.

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Grunge Stoner Doom

Clegane/Fatima : association de malfaiteurs

S’ils ont en commun leur amour pour le Grunge et une grande dévotion au Doom dans sa forme la plus Stoner, les Franciliens de CLEGANE et de FATIMA n’embrassent pourtant pas tout à fait les mêmes références. Plus sombres et rugueux pour les premiers et jouant plus sur les mélodiques en s’appuyant sur des refrains plus évidents pour les seconds, les deux entités se complètent plutôt bien et c’est finalement assez normal de les retrouver ensemble pour cette première collaboration.    

CLEGANE / FATIMA

« Twin-Monster Split »

(Almost Famous)

C’est en bons camarades que CLEGANE et FATIMA se partagent ce nouveau split-EP en y allant chacun de deux morceaux inédits et en se présentant même avec deux artworks différents, qui offrent une vision personnelle de ce « Twin-Monster » décapant. Si dans les deux cas, on est dans un Doom aux accents Stoner et surtout Grunge, l’approche des deux formations est très différente… mais loin d’être opposée. La complémentarité à l’œuvre ici est limpide et coule même de source.

Le premier artwork version CLEGANE…

Et par ordre d’apparition, c’est CLEGANE qui donne le coup d’envoi. Deuxième split pour les Parisiens, qui compte également trois albums et un EP à leur actif. Les deux titres livrés ici sont dans la droite lignée de leur dernier effort, « White Of The Eye », à savoir dépositaire d’un son âpre et massif que seule la voix plus clair et très Grunge vient apporter un peu de lumière. Direct avec « Lifeless Barks », le trio se fait plus aérien et profond sur « The War You Never Fail », dont les envolées sont aussi vibratoires que chargées d’un instinct très brut.

… Et le second en mode FATIMA

Puis, c’est l’autre trio de la capitale, FATIMA, qui emboîte le pas dans un registre cette fois clairement Grunge dans le chant notamment et plus Stoner aussi. Avec également trois opus et quelques participations au compteur, notamment avec Seum, le groupe évolue sur ces deux titres dans des atmosphères Doom plus épurées, plus mélodiques mais toutes aussi nerveuses (« Gorgon »). Et le combo sait aussi jouer sur les changements d’atmosphères à grand renfort de Fuzz et sur une voix éraillée et solide (« Siamese Ogre »).

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Alternative Metal Alternative Rock Grunge

DeadBlondeStars : émotions fortes

Basé dans le South Yorkshire en Angleterre, DEADBLONDESTARS n’en est pas à son premier coup d’essai et ce deuxième album du quintet submerge par les émotions qu’il procure. L’Alternative Metal/Rock savamment gorgé de Grunge dégage une énergie dense et pleine de contrastes. Mastodonte et tout en finesse, « Metamorphosis » est un modèle du genre, une réussite totale.

DEADBLONDESTARS

« Metamorphosis »

(Independant)

Rock, Grunge, Alternative Metal ou post-Rock, peu importe finalement, puisque les Anglais de DEADBLONDESTARS sont parvenus à élaborer un style très personnel. Forcément, les noms de Pearl Jam, Soundgarden, Audioslave ou Alice In Chains vous viendront à l’esprit, car le groupe est directement issu de cette mouvance et il a réussi à y insuffler beaucoup de modernité, tant dans ses compositions que dans le son.

Après deux EP et un album éponyme en 2020, DEADBLONDESTARS a décidé de reprendre sa liberté et de sortir « Metamorphosis » en indépendant. Conséquence directe ou pas, le quintet de Sheffield est animé d’une grande liberté et s’est montré particulièrement inspiré durant la pandémie, puisque sur une trentaine de titres composés, les Britanniques n’en ont conservé que douze. Et le choix est plus que judicieux.

Profond et intense, « Metamorphosis » s’accompagne aussi d’une grande mélancolie incarnée par la voix puissante et touchante de Gary Walker. Le frontman a un impact incroyable tout au long du disque et ses variations sont incroyables (« Shine Any Light », « Bow To The Bend », « This Tree », « Alaska »). Des riffs  imparables, une rythmique massive et une production  irréprochable font entrer DEADBLONDESTARS dans la cour des grands.

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Alternative Metal Alternative Rock Grunge Nu Metal

Little Pig : so big

Grosses guitares, solide rythmique et refrains entêtants, le recette de LITTLE PIG est simple et a fait ses preuves depuis les années 90 du côté de Seattle. Vous l’aurez compris, le trio italien, dans un Alternative Rock/Metal massif et addictif, distille un Grunge puissant et très actuel, qui ne fait pas dans la demi-mesure. Pour un peu, on prendrait un sacré coup de jeune !

LITTLE PIG

« Little Pig »

(Wormholedeath Records)

Ne croyez surtout pas qu’avec un tel patronyme, LITTLE PIG est là uniquement pour la rigolade ou encore moins pour faire les choses à moitié. Loin de là, le trio développe avec la plus grande fermeté un Alternative Metal/Rock nourri au Grunge des 90’s et franchement costaud. Après s’être aguerris au sein de plusieurs formations, les Italiens ont décidé de prendre les devants ensemble et bien leur en a pris.

Avec ce premier album éponyme, LITTLE PIG montre les crocs et livre à travers sept morceaux un style bien à lui et qui se veut bien plus original que la plupart des combos actuels du même genre. Alessio Suzzi (chant, basse), Davide Maghini (batterie) et Agostini Marino (guitare, chant) ne sont pas là pour faire de la figuration comme en témoigne la cascade de riffs acérés et de mélodies exaltantes.

Très efficaces dans leur composition et bien produits, les titres de « Little Pig » laissent apparaître un enthousiasme communicatif (« 27 », « Cameo ») et une fougue peu contenue. LITTLE PIG a pris le soin d’apporter beaucoup de modernité à son jeu avec quelques touches de Nu Metal qui se fondent parfaitement dans un esprit originel du genre très présent (« Hardened Soul », « Uncle Jack » et le morceau-titre). Réjouissant !

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Alternative Rock

Silence is Spoken : assourdissant de passion

Avec ce nouvel effort de SILENCE IS SPOKEN, « 11 », le beau soleil de Florence laisse place à un ciel assombrit et menaçant. L’Alternative Metal/Rock des Italiens est tellement dense qu’il procure des sensations qui nous plongent dans une immersion musicale bluffante de beauté et véritablement séismique.

SILENCE IS SPOKEN

« 11 »

(Wormholedeath Records)

Ils viennent de Toscane, se sont formés à Londres et pourtant leur son n’est pas sans rappeler Seattle et sa légendaire scène Grunge. Cependant même si Soundgarden et Eddie Vedder semblent avoir marqué le groupe, une imposante touchante Metal jaillit de ce troisième et très bon album de SILENCE IS BROKEN. En 15 ans d’existence, le quatuor s’est construit un univers sombre et captivant.

Sur une production exceptionnelle à la fois profonde et massive, les Italiens évoluent dans un Alternative Metal/Rock précis, très structuré et doté d’une énergie que le groupe catalyse parfaitement. Pour autant, SILENCE IS SPOKEN ne se fait pas prier pour la libérer avec une puissance incroyable. Et grâce à leur excellent frontman, Samuele Camiciottoli, les Transalpins jouent sur plusieurs registres.

Intense et raffiné, le combo joue sur les émotions. La densité et l’articulation des titres sont l’une de ses forces que l’on le retrouve sur l’ensemble de « 11 » (« A Good God », « 1984 », « War ABC Song »). Parfois éthérés tout en restant très solides, les morceaux de SPOKEN IS SPOKEN se révèlent addictifs (« 1000 Petaled Lotus », « Mud Bones Worms », « Genesis 19/24 »). Tout simplement époustouflant !

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Heavy Psych Rock Stoner Rock

Void Cruiser : transcender l’infini

Entraîné par des guitaristes rivalisant de fuzz, un chanteur pleinement libéré et ténébreux et une rythmique assommante, VOID CRUISER parvient à faire jaillir un groove surpuissant sur des mélodies ténébreuses, parfois lugubres, dans une quête effrénée d’espoir et d’une luminosité qui se fait pourtant rare dans ce Stoner Heavy Psych, où la mesure et la tempérance n’ont pas leur place. « Call Of The Void » appelle à un lâcher-prise sans retenue.

VOID CRUISER

« Call Of The Void »

(Argonauta Records)

Depuis un peu plus d’une décennie maintenant, les Finlandais de VOID CRUISER assènent leur Stoner Heavy Psych avec une progression qui se lit au fil des albums. S’il reste quelques réminiscences du Grunge très 90’s qui a été la base de son jeu sur « Overstaying My Welcome » sorti en 2015, le quintet lorgne aujourd’hui sur un style plus efficace, direct et massif qu’auparavant. Une manière d’affirmer une puissance qui déborde sans relâche sur ce nouvel opus à l’esthétique sonore très travaillée.

Car, ce qui impressionne dès les premières notes de « Dragon’s Tail » qui ouvre les hostilités, c’est cette incroyable férocité portée par un chant à la fois agressif et mélodique qui surprend. VOID CRUISER sait comment emporter l’auditeur dans un registre très maîtrisé. L’imposante rythmique basse/batterie donne le ton à des morceaux qui cognent en emportant tout sur leur passage. Pourtant le quintet joue avec les atmosphères, comme pour mieux nous guider dans son monde tortueux.

Les titres de « Call Of The Void » dépassent tous (ou presque) les six minutes et il est parfois même difficile de reprendre son souffle. Mais VOID CRUISER sait aussi imposer des ambiances plus mélancoliques et envoûtantes (« Wiser Man », « When Gravity Pulls »). L’autre marque de fabrique du groupe est ce mur de guitare implacable, épais et qui frôle parfois même la saturation (« Happiness », « Woe », « Pariah »). A noter aussi le groove massif de ce troisième album qui libère des compos souvent sombres, mais captivantes.

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Stoner Rock

Wizzo : changement de cap

Avec ce deuxième album, WIZZO entre dans la cour des grands de la plus belle des manières avec un Stoner Rock, où s’invitent Fuzz, groove et des progressions toujours un peu Metal, mais nettement plus mélodiques et travaillées qu’auparavant. Ce savant mélange, guidé par la voix hypnotique de son chanteur, montre que le quatuor de Chicago a effectué une grande remise en question qui se ressent sur ce « Most Severe Crisis » de haut vol.

WIZZO

« Most Severe Crisis »

(Independant)

Ce deuxième album du groupe de Chicago, Illinois, fait littéralement penser à une métamorphose de la part des Américains. Entièrement enregistré et produit chez et par son chanteur, guitariste et claviériste, Quentin Poynter, durant la pandémie, WIZZO a affiné son style et si son Stoner Rock a perdu en agressivité, et parfois en lourdeur, c’est au bénéfice de plus de mélodies et d’une maîtrise musicale et technique et « Most Severe Crisis » montre un tout autre visage. 

Grâce à cette maturité atteinte, son leader, toujours soutenu par RB Green (guitare), Kyle Tuggle (basse) et Garry Naples (batterie), semble avoir libéré WIZZO qui vient se fondre dans les sphères et des sonorités très 90’s, qui reste l’une des dernières décennies les plus créatives. Cela dit, le quatuor n’a rien perdu de son tranchant et l’épaisseur des guitares et la rythmique massive vient sonner le rappel des troupes. Moins Metal qu’auparavant, c’est une direction plus Grunge à laquelle il nous invite.

Dès « Hollow Earth », la voix pénétrante de Quentin Poynter se fait aérienne sur les riffs alternant légèreté et impact massif. WIZZO est sûr de lui et cela s’entend (« Sacrificial Lamb », « Is What Is », « Wizzard’s Sleeve »). Les Américains en imposent tout en posant des atmosphères souvent délicates, servies par une production irréprochable (« Godless Interval », « End Is Nigh »). Difficile donc de ne pas se laisser happer par ce « Most Severe Crisis » enveloppant, mélodique et solide.

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Stoner Rock

Naked Soldier : affiné et raffiné

Pour une première réalisation, les Suisses de NAKED SOLDIER frappent fort avec un opus éponyme varié où le Stoner le plus brut vient côtoyer des atmosphères plus Psych. Empruntant aussi à un Alternative Rock massif, le quintet livre des émotions sincères sur des compos entêtantes d’une évidente qualité narrative. Efficace, la production met parfaitement en lumière les morceaux du groupe. Un nom à retenir !

NAKED SOLDIER

« Naked Soldier »

(Sixteentimes Music)

Originaire de Basel en Suisse, le jeune quintet NAKED SOLDIER livre son premier album éponyme et c’est déjà une première belle claque. Fondé en 2021 sur les cendres de Mantra, le combo affiche déjà des morceaux solides dans un Stoner très personnel et très varié. Certes, on y retrouve l’influence de maîtres du genre comme Clutch notamment, mais pas seulement. Un grand nombre de styles se croisent dans ce très bon « Naked Soldier ».  

Basé sur un Stoner Rock brut, la force de NAKED SOLDIER est aussi d’être allé puiser dans des aspects Hard Rock, mais aussi Grunge ou Desert. Le mix débouche sur un registre musclé, très mélodique et aux ambiances parfois progressives. Les Suisses multiplient les riffs tranchants et épais et la combinaison des deux guitaristes fonctionnent parfaitement. A la fois très accrocheuse et rentre-dedans, la musique du combo fait des étincelles.

Autre atout de choc des Helvètes, la puissante voix de leur chanteur qui, grâce à un timbre vraiment particulier, véhicule un grand nombre d’émotions à travers un panel très large, où son chant éraillé captive par son côté robuste (« Green Pool », « Embrace The Chaos », « Walk You Way »). Sur une rythmique massive, NAKED SOLDIER embarque tout sur son passage avec des titres aux solos addictifs (« Satellite », « Love Tree »). Une belle surprise !     

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Stoner Metal Stoner Punk Stoner Rock

Howling Wolves : slap !

Metal, Stoner, Grunge et Punk Hard-Core, HOWLING WOLVES est tout ça à la fois et malgré ce grand écart musical, la musique des Allemands est plus que bien ciselée et redoublement efficace. C’est justement la mixité du quatuor qui donne à « As Above So Below » toute son originalité.

HOWLING WOLVES

« As Above So Below »

(Karma Conspiracy Records)

Fondé à Berlin en 2014 suite à la dissolution de leurs groupes respectifs, HOWLING WOLVES se présente dans un Stoner Metal assez étonnant. Le quatuor a même baptisé son style le ‘SabbathPunk’, puisqu’il combine avec un bel équilibre l’influence majeure de Black Sabbath avec des éléments Metal très 80’s, une accroche Grunge 90’s et une puissance Punk Hard-Core.

Pour autant, HOWLING WOLVES parvient parfaitement à canaliser toute cette énergie à travers des morceaux aux sonorités Stoner guidés par des mélodies tenaces. Après un EP en 2017, le combo livre son registre très hybride dans un premier album plus que convaincant. Et le côté massif de « As Above So Below » y est très bien restitué, offrant une bonne claque sans aucune retenue.

L’urgence se fait sentir sur l’ensemble des dix titres et la fraîcheur presque issue de la NWOBHM fait des merveilles sur des rythmiques très lourdes (« World Of Doubts », « Bad Company », « Human Error »). Avec un chant à la fulgurance Hard-Core, HOWLING WOLVES séduit autant qu’il fracasse et souhaitons que « As Above So Below » ne soit qu’un début (« Grin », « Treatmills », « D.I.E. »).