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Hard Rock International Southern Rock Stoner/Desert

Acid’s Trip : une charge émotionnelle brute [Interview]

Aussi brut dans l’attitude que dans sa musique, ACID’S TRIP débarque avec un premier album fortement imbibé de Rock’n’Roll aux effluves bluesy et Southern. Originaire de Göteborg en Suède, le quatuor vient de livrer un « Strings Of Soul » aussi ébouriffant qu’intemporel entre riffs Hard Rock et ambiance Psych. Anna, guitariste et chanteuse de la formation, revient sur la conception de ce premier album et aussi sur sa vision de la musique à travers le groupe.  

– Avant tout, j’aimerais qu’on revienne sur la formation d’ACID’S TRIP en 2018. Tu jouais avec Honeymoon Disease jusqu’à ce moment-là. Que s’est-il passé ? Tu as senti que c’était le moment de passer à autre chose ?

ACID’S TRIP est né dans mon esprit bien avant que nous ayons jamais parlé de nous séparer avec Honeymoon Disease. Je voulais jouer un Rock plus dur et plus technique, et je n’avais pas le sentiment que le groupe était le bon pour ce genre-là. Je voulais donc créer ACID’S TRIP en tant que groupe parallèle, tout en conservant Honeymoon Disease pour continuer d’exprimer ma créativité. Mais après la dernière tournée espagnole, les autres membres ont abandonné et je n’ai eu d’autre choix que de me concentrer à 100% sur ACID’S TRIP, qui est alors devenu mon groupe principal. C’est ce qui pouvait arriver de mieux d’ailleurs. J’adore le mélange de Soul et de Hard Rock que nous produisons, et nous ne pourrions pas être plus heureux de la sortie de notre nouvel album. J’ai même l’impression que nous venons juste de commencer à jouer même si ça fait déjà trois ans. Le temps passe si vite quand on s’amuse !

– Avec ACID’S TRIP, on a l’impression d’un retour aux sources du Rock’n’Roll avec un son brut, efficace et sans concession. C’est l’objectif ? Aucun artifice ?

Oui, notre principal objectif était ce retour aux sources avec un son plus brut et technique même s’il reste facile d’accès. Nous aimons les riffs intelligents, amusants mais qui sont bien pensés et qui donnent une note personnelle à la tonalité dans laquelle nous jouons. Ce genre de riffs est original, car il n’y a pas beaucoup de groupes aujourd’hui, qui consacrent autant de temps juste pour trouver « ce riff parfait ». De nos jours, tout semble axé sur une  voix entraînante et des accords Rock, ce qui n’est pas grave, mais les gens ne se souviendront plus de ces morceaux dans quelques années. Notre album fait partie de ceux qui dureront des décennies et plus, vous ne vous ennuierez jamais en l’écoutant. Laissez-vous aller !

– Et il y a cette superbe Flying V sur laquelle tu joues. On en voit beaucoup trop peu depuis un moment, et notamment dans la nouvelle génération. J’imagine qu’il y a une histoire personnelle autour de cette guitare aussi, non ?

Ouais, ma Vera est ma principale et la seule guitare sur laquelle que je joue en fait. J’ai aussi une excellente guitare JPN SG, mais elle est ma guitare de secours en tournée, car j’aime un peu trop la V. J’ai vu cette édition spéciale de 1998 en 2014-2015, lorsque je passais devant un magasin de guitares ici à Göteborg. Je l’ai vu à travers la vitrine et 10 minutes plus tard, j’ai acheté la guitare de mes rêves. Elle a un son génial et surtout, le manche me parle et je joue beaucoup mieux. Les guitares sont très personnelles et j’adore la forme en V. J’élargirai ma collection V, lorsque le groupe atteindra les grands charts ! (Rires !) Et si Gibson lit ceci, passez-moi un coup de fil !!!

– Avec une inspiration très 70’s, ACID’S TRIP est résolument ancré dans son temps entre Rock lourd et Stoner Psych. L’accent est aussi porté sur un groove imparable et une folie permanente dans l’attitude, comme une sorte de défouloir très orchestré finalement. C’est votre comportement qui guide votre musique, ou l’inverse ?

Oui, c’est l’amour de vieux groupes comme Captain Beyond, The Dead Boys, MC5 et le Kiss des 70’s à leur apogée. Nous écoutons beaucoup de musique Rock et Heavy, et depuis que je collectionne les vinyles, j’ai écouté des milliers de disques qui ont perfectionné mon style d’écriture et la façon dont j’entends les mélodies. Tout ce que j’écris fait référence à quelque chose que j’ai entendu auparavant, et cela sonne comme je l’entends. J’adore l’album, car il a une âme, peu de groupes de Rock aborde le Rock de cette façon.

– J’aimerais que tu me dises un  mot sur l’intro de l’album, « Prelude », elle aussi très originale. Quand on connait la suite de « Strings Of Soul », on imagine que vous avez voulu désorienter votre auditoire dès le début, non ?

Quand l’album était presque terminé, il nous restait quelques notes d’orgue à enregistrer. Mon père jouait sur tous les disques Honeymoon Disease, alors je lui ai demandé s’il voulait aussi le faire sur l’album d’ACID’S TRIP. Je connais sa façon de jouer, et lui celle dont je chante les mélodies. C’est comme ça aussi que j’entends les arrangements de chorale et ça sort naturellement pour moi. Je lui ai demandé de jouer un morceau mélancolique auquel j’ajouterai plus tard des voix. Je veux que les gens réfléchissent lorsqu’ils écoutent notre album, et « Prelude » était un moyen de mettre les gens de bonne humeur. Certaines personnes aiment ça et d’autres veulent juste des chansons Rock pour ensuite passer à l’album suivant. Je viens du milieu Psych Prog avec beaucoup de Blues, et on ne peut pas donner une âme à un album sans une bonne intro à mon avis.

– Avec ACID’S TRIP, on touche au Hard Rock un peu Old School, mais aussi à des ambiances Stoner, bluesy et même Southern. En, fait, vous êtes un groupe de cow-boys and girls scandinaves des temps modernes ! C’est ça ?

(Rires) Oui, je suppose que oui ! Quand je cherche une grande variété d’émotions, je mets du Lynyrd Skynyrd. Quand j’ai besoin de réfléchir à quelque chose, je me tourne plutôt vers des sons de Floride, et quand j’ai besoin d’inspiration pour des harmonies, je mets du Allman Brothers et du Big Mama Thorton. Et quand j’ai besoin de vitesse, les Hellacopters sont le meilleur choix. Et voilà, vous avez le mix d’ACID’S TRIP ! Le voyage que j’ai fait en 2018 à Nashville puis à Jacksonville, en Floride, m’a vraiment donné une perspective sur les choses et j’ai réalisé que le Rock peut être beaucoup plus que simplement maltraiter des guitares. Bien que ce soit amusant à faire, il faut être plus intelligent que ça.

– Vous avez entièrement enregistré « Strings Of Soul » vous-mêmes, qui a ensuite été mixé et masterisé par Ola Ersfjord. La première étape était importante pour vous, afin de délivrer ce son particulier qui forge vraiment l’identité d’ACID’S TRIP ?

Je pense que oui, surtout quand il s’agit du chant et de toute la production de l’album. Lorsque vous entrez en studio, le résultat est souvent ce que le producteur est capable de faire. Cela peut être une expérience vraiment géniale et qui peut également améliorer la qualité de l’album, car c’est un travail de professionnel. Mais cela peut aussi compromettre le son, le rendre trop commercial et « trop » clean, car il n’y a plus de place pour les erreurs et les joyeux petits accidents. J’ai pris le rôle de producteur pour cet album, ce qui m’a pris beaucoup de temps et d’efforts. Sans mon intervention, l’album aurait probablement un son plus moderne, ce qui pourrait être une bonne chose. Mais nous voulions garder l’ambiance que nous avions sur ce projet : beaucoup de café et de longues heures passées à répéter. J’ai fait le chant dans une pièce sombre toute seule, ce qui a été une expérience formidable. J’ai fait confiance à mon instinct et ça s’est bien passé.

– Assez rapidement et notamment du à la qualité de vos concerts, vous vous êtes faits remarquer par le patron du très réputé label underground Heavy Psych Sounds Records. C’est une belle récompense, en plus d’être la maison de disques idéale pour vous aussi, non ? Elle vous ressemble beaucoup…

Elle nous ressemble beaucoup, c’est vrai. Oui, on adore Heavy Psych Sounds Records ! Le label nous a vraiment pris sous son aile et nous n’aurions pas pu avoir de meilleurs partenaires dans ce domaine. L’ambiance et le style sont parfaits pour nous. Et c’est très direct !

– Le printemps est là et la pandémie semble nous laisser un peu respirer. Avec un album encore tout chaud, vous devez bouillir d’impatience de remonter sur scène ?

Absolument, mais à l’heure où nous parlons, nous prévoyons des concerts pour 2022, car nous ne voulons pas le faire cet automne. Il y a de grandes choses à venir et nous visons les festivals pour l’année prochaine. L’album est pertinent et il le sera encore à l’avenir ! 

L’album « Strings of Soul » d’ACID’S TRIP est disponible chez Heavy Psych Sounds Records depuis le 7 mai !

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Progressif Rock Stoner/Desert

Wytch : bataille aérienne

Robuste et aérien, ce premier album de WYTCH montre déjà l’étoffe d’un groupe sûr de son jeu et inspiré. A l’instar de la pochette réalisée par sa chanteuse Johanna Lundberg, le quintet est capable d’autant de finesse que de rugosité. Le Stoner Heavy Psych des Suédois flirte même avec le Hard Rock et le Metal sans complexe.

WYTCH

« Exordium »

(Ripple Music)

Après avoir commencé en 2016 sous le nom d’Aska sur la côte nord-est suédoise, le groupe avait déjà un EP à son actif avant le changement de nom et une signature sur le label californien Ripple Music quatre ans plus tard. Et il faut aussi préciser que WYTCH compte dans ses rangs des musiciens aguerris venus étonnamment d’horizons muscinaux très différents.

Distillant un Stoner Heavy Psych aux sonorités Hard Rock et parfois même Metal, les Suédois sont pourtant la combinaison de membres issus du Folk Metal, du Rock Psych, du Black Metal et du Rock alternatif. Et le mélange est aussi explosif que créatif. La férocité des riffs des deux guitaristes et la puissance affichée de sa chanteuse offrent à WYTCH une touche particulière.

Les huit morceaux de « Exordium » montrent une homogénéité et une grande liberté d’écriture que le quintet maîtrise parfaitement. Capable de provoquer des tempêtes décibéliques, puis de se réfugier dans des breaks où la sensualité de sa frontwoman rayonne, WYTCH développe un style aussi inspiré que pointu (« Black Hole », « Savior », « Warrior », « Rebel » et « You »). Une réussite totale !

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Heavy metal International Metal

Void Vator : loud & fun [Interview]

Nourri de la frustration née au cœur de la pandémie, VOID VATOR s’est attelé à l’écriture de son deuxième album, et il en résulte un opus franchement étonnant. Certes, le power trio américain a musclé son jeu et ses nouvelles compos sont robustes et terriblement Heavy, mais « Great Fear Rising » est également très positif et fun. Décidément, en Californie, c’est toujours avec le sourire qu’on livre les productions les plus rentre-dedans !

– Avant la sortie de votre premier EP, « Dehumanized » en 2017, VOID VATOR s’est beaucoup produit en concert notamment à Los Angeles et en Californie. Ce sont ces trois premières années qui ont vraiment forgé votre style et votre son, ou vous sentez-vous toujours en pleine évolution ?

Nous évoluons constamment. Notre style et notre son ont vraiment commencé à prendre forme, lorsque notre bassiste actuel, Sam Harman, a rejoint le groupe. Ce n’est pas seulement dû à son arrivée et au fait qu’il ait pris le relais, mais il est plutôt la pièce manquante du puzzle. D’ailleurs, notre dernier album, « Great Fear Rising », montre notre son le plus lourd à ce jour.

– Justement VOID VATOR est très Metal avec des côtés Heavy, presque Thrash et franchement décomplexé. Même si votre style est solide et massif, il y a aussi des aspects plus légers, qui le rendent très fédérateur. On vous sent très libres et presque à contre-courant…

Nous écoutons toutes sortes de musiques différentes, donc je pense que cela se ressent aussi dans l’écriture des chansons. Notre but, en tant que musicien, est d’être libre. On compose ce que l’on veut et le reste se fait tout seul.

– Après avoir travaillé avec Ulrich Wild (Pantera, Deftones) et Bill Metoyer (Slayer, Body Count), ce sont Michael Spreitzer (DevilDriver) et Nick Bellmore (Toxic Holocaust) qui ont travaillé sur ce très bon nouvel album, « Great Fear Rising ». Vous avez des goûts de luxe, ou c’est parce que vous n’avez trouvé personne à la hauteur ?

C’est avant tout une question de relationnel. Nous avons rencontré Ulrich après un concert à Hollywood au ‘Rainbow’ et il nous a demandé si nous serions intéressés de travailler sur un album avec lui. Bill, que nous connaissions par un musicien du coin, nous a accroché à North Hollywood. Quant à Lucas, il a remplacé Mike de DevilDriver au ‘OzzFest’ à Mexico et Nick, nous l’avons rencontré par l’intermédiaire de notre ami Joey DiBiase. Joey a aussi joué de la batterie sur « Great Fear Rising ». Tous ces gens font désormais partie de la famille VOID VATOR, c’est pourquoi nous travaillons avec eux.

Photo : Nikkie Marie Kephart

– Vous mariez avec facilité le fun, le groove et le Metal le plus puissant sur ce nouvel album. C’est une façon de vous démarquer, d’éviter de se prendre trop au sérieux ou c’est tout simplement l’esprit californien ?

Je pense que c’est une combinaison des trois. Quand nous avons commencé à écrire ce nouvel album, l’accent était mis sur des morceaux plus lourd et plus Metal. Sur « Dehumanized » et « Stranded », nous essayions de comprendre notre son, qui était volontairement plus léger. Mais c’était presque comme si nous nous mettions en travers de notre chemin en nous brindant finalement. Donc, pour ce nouvel album, nous avons décidé d’être nous-mêmes sans retenue et le résultat est beaucoup plus Metal.

– Outre les riffs tranchants et incisifs, la marque de fabrique de VOID VATOR réside aussi dans des refrains très accrocheurs avec des sonorités très 80’s et 90’s, mais actualisées. On a l’impression que c’est l’ambiance de vos morceaux qui prime avant tout. C’est le cas ?

Habituellement, le processus d’écriture d’une chanson commence par un riff ou une mélodie. Erik ou Lucas font souvent des petites démonstrations avant de commencer les répétitions. C’est un effort assez collaboratif. Nous pensons tous que nous pouvons partager des idées sans jugement et sans s’offusquer, si elle n’est pas retenue.

– Votre batteur Moura a aussi eu des soucis de visa qui l’ont obligé à rentrer en Angleterre, peu après votre signature chez Ripple Music. Où est-ce que cela en est ? Votre trio est-il dorénavant stable et serein ?

Moura est toujours en Angleterre en raison de ses problèmes de visa. Nous ne prévoyons pas qu’il revienne de sitôt, même si nous l’adorons, lui et sa femme Janilee. Je ne pense pas qu’il y ait quelque chose de serein dans le Rock’n’Roll. Pour le moment, nous prenons les choses telles qu’elles se présentent. Du coup, Joey DiBiase, qui a joué de la batterie sur le disque, jouera avec nous en tournée cet été.

– Pour conclure, VOIOD VATOR joue une musique résolument positive, libre et enjouée. Pourquoi avez-vous opté pour un visuel si sombre et un peu en contradiction avec l’esprit qui règne sur « Great Fear Rising » ?

Parce que la vie est une question de contraste et de dynamique !

« Great Fear Rising » de VOID VATOR est disponible chez Ripple Music depuis le 23 avril !

Bandcamp : https://ripplemusic.bandcamp.com/album/great-fear-rising

Retrouvez la chronique de l’album : https://rocknforce.com/void-vator-quand-rugit-la-californie/

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Doom Stoner/Desert

Moon Coven : cerné par une brume épaisse

Sur un groove dark et des fulgurances Fuzz démonstratives et massives, MOON COVEN surgit avec un Stoner très Doom et Psych, dont la précision et l’efficacité viennent souligner l’expérience acquisse par les Suédois en seulement trois albums. « Slumber Wood » est d’une rare noirceur, dont on a bien du mal à se défaire.

MOON COVEN

« Slumber Wood »

(Ripple Music)

Après cinq ans d’absence, MOON COVEN est de retour sur le devant de la scène avec un troisième album, qui montre encore une belle évolution dans le style des Suédois. Suite à « Amanita Kingdom » puis à un second album éponyme, le quatuor semble désormais délaisser quelque peu son Stoner pour un Doom plus marqué. Plus Metal dans l’approche, les Scandinaves sont plus ombres encore (« Eye Of The Night », « Potbelly Hill »).

Plongé dans une épaisse brume, MOON COVEN promet et garantit un voyage au cœur du Doom le plus profond grâce à un son lourd et très Psych. Guidés par leur guitariste et chanteur David Leban, les Suédois sont de plus en plus mystiques et leur registre se pare même de sonorités orientales sur certains titres, tout en présentant un travail remarquable sur les guitares (« Further », « Bahgsu Nag »).

Très Fuzz, le quatuor n’a pas pour autant délaissé ses racines Stoner aux riffs aiguisés et aux ambiances aériennes (« My Melting Mind », « Ceremony », « Seagull »). Le chant toujours aussi lointain et écorché donne une dimension très 70’s à ce nouvel album qui révèle autant de surprises à chaque écoute. MOON COVEN livre un très bon troisième album et travaille déjà sur le suivant. Les Suédois sont en forme !

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Progressif Rock

Lucid Sins : une tradition enchanteresse et ravivée

Si le noyau dur de LUCID SINS est constitué des deux musiciens Andreas Jonsson et Ruaraidh Sanachan, le duo de Glasgow ouvre facilement les portes du groupe et accueille en son sein des musiciens écossais qui viennent donner un relief saisissant à son Rock Progressif à la fois occulte, marqué par les 70’s et très novateur.

LUCID SINS

« Cursed ! »

(Totem Cat Records)

Nouvelle sortie du label brestois et beau retour de LUCID SINS, sept ans après le somptueux « Oscillation » qui avait marqué les esprits. Toujours composé d’Andreas Jonsson (guitare, chant) et de Ruaraidh Sanachan (guitare, basse, claviers et batterie), le torturé et presqu’occulte duo écossais signe avec « Cursed ! », un nouvel album plein de surprises et toujours dans une même veine Rock Progressif estampillé 70’s.

Pourtant héritier direct des Blue Öyster Cult, Wishbone Ash ou encore des Doors, tout en étant moins ésotérique et plus hédoniste dans son jeu, le groupe de Glasgow avait surpris et scotché tout le monde avec une étonnante reprise de Medusa (« Black Wizard ») sur son premier album. Plus chaleureux et toujours aussi débridé, LUCID SINS a encore étoffé son style et nourri son jeu d’harmonies et d’arrangements trois soignés et irrésistibles.

Sombre et envoûtant, « Cursed ! » voit aussi se joindre plusieurs musiciens locaux venus prêter main forte au duo. Guitare, claviers et violons viennent apporter du coffre et de bonnes vibrations aux titres de LUCID SINS. Enchanteur et enflammé dans le style, ce deuxième album des Ecossais s’inscrit parfaitement dans un registre Rock Progressif occulte, mais bienveillant, des 70’s. Un bond dans le temps obsédant.

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Heavy metal

Void Vator : quand rugit la Californie

Rien ne semble pouvoir arrêter VOID VATOR, qui livre un deuxième album hyper Rock’n’roll dans l’attitude et terriblement Heavy Metal dans le son. Le trio de Los Angeles s’est nourri de la situation actuelle pour pondre neuf titres costauds, libérés et addictifs. « Great Fear Rising » est en tout point une réussite.

VOID VATOR

« Great Fear Rising »

(Ripple Music)

Si vous aimez autant Thin Lizzy et Van Halen que Pantera et les Ramones, vous devriez tomber sous le charme de VOID VATOR. Depuis 2014, le trio déploie une audace particulière à travers un Heavy Metal fulgurant et accrocheur. Après un EP et un premier album, les Californiens remettent le couvert avec « Great Fear Rising », où le combo déverse une rage et une virulence très concentrées.

Après avoir travaillé avec Ulrich Wild (Pantera, Deftones), Bill Metoyer (Slayer, Body Count), c’est Michael Spreitzer (DevilDriver) qui est aux manettes de ces neufs nouveaux titres. Nettement plus nerveux et incisif, le trio s’est nourri de ses frustrations dues à la pandémie, mais aussi des déboires de visa de son batteur contraint de rentrer en Allemagne. VOID VATOR revient donc très remonté mais toujours aussi efficace. 

Mixé et masterisé par Nick Bellmore (Toxic Holocaust), « Great Fear Rising » sonne nettement plus robuste, et le trio distille toujours autant de mélodies accrocheuses, de riffs tranchants et de solos super-Heavy. Brut et sans concession, VOID VATOR sait aussi rester fun et enthousiaste : c’est ça la Californie ! Les morceaux s’enchainent et s’écoutent en boucle (« I Can’t Take It », « I Want More », « Mc Giver’s Mullet », « Infierno »).

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Stoner/Desert

Live In The Mojave Desert Vol.4 : Stöner

Oser s’appeler STÖNER lorsqu’on se revendique du style du même nom, cela requiert une certaine assurance et surtout une expérience et un talent irréprochables. Et cette légitimité, on la retrouve évidemment chez ces deux monuments et fondateurs du Stoner Rock, Brant Bjork et Nick Oliveri. Nouveau projet, nouveaux morceaux et une énergie et une créativité intacte montrent toute la classe de ce duo haut de gamme.

« Live In The Mojave Desert Vol.4 »

STÖNER

(Heavy Psych Sounds Records)

Ce volume 4 est sans doute le plus attendu de la série des « Live In The Mojave Desert ». Il n’y a aucune trace discographique de ce nouveau combo, mais ce line-up en forme de retrouvailles va titiller les fans les plus fervents de Stoner Rock. Alors quoi de plus normal que d’appeler une formation qui regroupe les grands Brant Bjork et Nick Oliveri : STÖNER ? Une évidence qu’ils incarnent tous les deux.

Les deux musiciens ont fondé Kyuss avant de se retrouver au sein de Mondo Generator et de se lancer chacun dans des projets aussi multiples que devenus mythiques : Fu Manchu, The Bros, Queens OF The Stone Age et des expériences personnelles toujours novatrices et inspirées. Alors quand on incarne un style à ce point-là, la création ensemble de l’entité STÖNER sonne comme quelque chose de naturel et même de légitime.

C’est sous la forme d’un trio (dont je n’ai pas trouvé le nom du batteur), que les deux légendes proposent un set très brut sur des titres joués pied au plancher, radicaux et incarnant parfaitement l’esprit premier du style (« Rad Stays Rad », « Own Yer Blues », « Nothin’ », « Evil Never Dies », « Tribe/Fly Girl »). Un volume 4 qui tient toutes ses promesses avec un STÖNER qu’on espère vite retrouver sur disque et sur scène.

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International Stoner/Desert

Yawning Sons : un concept rare et précieux [Interview]

YAWNING SONS est une entité transatlantique née de la rencontre entre les Anglais de Sons Of Alpha Centauri (SOAC) et les Américains de Yawning Man. Dans un Desert Rock progressif devenu mythique, le groupe est une évasion musicale sans pareil entre longs jams et fulgurances Rock très instrumentales. Pour la sortie du très attendu deuxième album (après 12 ans !), c’est le britannique Nick Hannon, bassiste de SOAC et pilier du groupe, qui nous en dit un peu plus sur le génial « Sky Island ». Rencontre…

– J’aimerais tout d’abord que tu reviennes sur la création de YAWNING SONS. Comment vous êtes-vous rencontrés et qu’est-ce qui vous avait poussé à enregistrer « Ceremony To The Sunset » à l’époque ?

Avec SOAC, nous travaillions sur notre deuxième album et Gary (Arce de Yawning Man) venait de sortir l’album « Dark Tooth Encounter », ou du moins les démos, et j’ai été complètement époustouflé. Nous l’avons contacté pour lui demander s’il serait intéressé pour s’impliquer sur le deuxième album de SOAC à l’époque. Il est venu en Angleterre et tout est devenu évident à son arrivée, tant l’alchimie musicale était phénoménale et complètement organique. YAWNING SONS était né.

– 12 ans séparent les deux albums. Pourquoi avez-vous attendu si longtemps avant d’enregistrer « Sky Island » ? Ce sont vos emplois du temps respectifs qui ont compliqué les choses ?

Oui, Gary a été très occupé avec Yawning Man. Ils tournent autant qu’ils le peuvent et lorsque nous avons travaillé ensemble pour la première fois, seuls « Rock Formations » et le EP « Pot Head » étaient sortis. Depuis, ils ont sorti quatre albums, plusieurs live et entrepris de nombreuses tournées. De notre côté, nous avons travaillé sur de nombreuses versions en collaboration avec Karma to Burn, et ensuite un deuxième album, puis un album-concept avec Justin Broadrick. Alors oui, nous étions très occupés chacun de notre côté.

– Maintenant qu’on a un point de comparaison entre les deux albums, je trouve que « Sky Island » sonne très américain, alors que « Ceremony To The Sunset » avait une sonorité très anglaise…

Je suis heureux qu’il y ait cette perception de contraste. Après ce grand laps de temps, il n’aurait pas été judicieux, ni utile de livrer un second « Ceremony To The Sunset ». Chaque album doit avoir sa propre identité et le groupe ne pourrait pas survivre s’il était purement enraciné sur un seul album après tant d’années. C’est bien qu’il y ait ce contraste pour créer un certain équilibre.

– « Sky Island » est aussi moins instrumental que le précédent. C’était une envie commune d’avoir plus de chant et donc aussi du texte ? D’ailleurs, par qui sont-ils écrits ?

Avec deux groupes entièrement instrumentaux, pouvoir travailler avec des chanteurs est passionnant ! Les paroles sont écrites par eux-mêmes, et elles captent toujours des vibrations vraiment cool dans les morceaux, ce qui les rend tout à fait uniques.

– Est-ce qu’avec YAWNING SONS, tu t’autorises des choses que tu ne fais pas avec SOAC ?

Absolument. Nous avons tendance à explorer davantage de thèmes précis dans YAWNING SONS et à les poursuivre jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment organiques pour serpenter doucement d’une ambiance à une autre. C’est un processus progressif très naturel. La façon dont les deux guitares et la basse se lient est tout à fait unique et nous pousse à des performances différentes que nous ne ferions pas autrement dans nos groupes respectifs, je pense.

– Vous avez enregistré « Sky Island » à Joshua Tree et il en ressort d’ailleurs une atmosphère très particulière. Dans quelles conditions cela s’est-il passé et quels souvenirs gardez-vous de la conception de ce nouvel album ?

Ce fût un moment très agréable. Nous avions prévu que Bill Stinson soit à la batterie pour l’album, mais nous étions si loin dans le désert qu’il s’est perdu ! Du coup, nous avons demandé à Clive (notre producteur) s’il connaissait quelqu’un de la région qui savait exactement où nous étions et qui pouvait aussi jouer de la batterie. Et c’est Kyle (Hanson) qui s’y est collé et qui a rendu vraiment rendu l’album spécial. Gary (Arce) venait de rentrer de tournée et avait de très bonnes idées. Sur laligne de basse de ce qui est devenu « Shadows and Echoes », tout s’est parfaitement imbriqué. C’est ça aussi YAWNING SONS.

– Sur ce nouvel album, il ressort une couleur sonore étonnante, une ambiance musicale profonde et pleine de relief. C’est le son que vous souhaitiez donner à YAWNING SONS dès le début ?

La profondeur du son et l’ambiance sont plus définies sur ce deuxième album. Tant que cela  reste organique et planant, alors c’est cool. Les retours et les critiques ont été incroyables, et nous avons travaillé dur pour capturer cette atmosphère rare, mais constante, en sachant que l’ambiance est la chose la plus importante.

– Est-ce que vous suivez vos carrières respectives, et quel regard portez-vous sur vos derniers albums à savoir « Continuum » pour SOAC et « Macedonian Lines » pour Yawning Man ?

Eh bien, je ne peux parler que pour SOAC, même si bien sûr je suis un grand fan de mes frères de Yawning Man. Pour moi, « Continuum » a été un grand pas en avant pour SOAC. Nous avons réuni un Rock Ambiant et Progressif dans un voyage instrumental. Nous avons vraiment apprécié de pouvoir faire les choses vraiment librement et sans contrainte. Il est imprévisible, enfin j’espère ! Je ne pense vraiment pas que nous ayons un style immédiatement identifiable.

– Pour conclure, une question s’impose : considérez-vous toujours, et tous, YAWNING SONS comme un side-project ou un groupe à part entière ?

Ce deuxième album contribue certainement à élargir l’horizon de ce qu’est YAWNING SONS. Ce n’est plus seulement une simple idée ou un projet : c’est un groupe. Cependant, c’est un concept rare et précieux et j’espère que les astres s’aligneront à nouveau un jour …

L’excellent « Sky Island » est disponible depuis le 26 mars chez Ripple Music.

Retrouvez la chronique de l’album :

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Stoner/Desert

Live in the Mojave Desert vol.1 : Earthless

Les fans de Stoner sous toutes ses formes vont se régaler des cinq volumes extraits des prestations live enregistrées au cœur du désert de Mojave en Californie. Avant Nebula, Spirit Mother, Mountain Tamer et Stöner (la surprise !), c’est le trio Acid Psych EARTHLESS qui allume la mèche pour un concert éclatant de puissance. Le trip commence…

« Live In The Mojave Desert vol.1 »

EARTHLESS

(Heavy Psych Sounds Records)

En manque cruel de concert, Stoned And Dusted, California Desert Wizard Association et l’excellent label Heavy Psych Sounds Records ont décidé d’investir le désert de Mojave en Californie pour y proposer un festival inédit, sans public, mais superbement bien filmé et dorénavant disponible en cinq volumes. Et parmi ces prestations hors-normes, c’est le trio EARTHLESS qui ouvre les hostilités dans une atmosphère démentielle.

Formé il y a 20 ans à San Diego, c’est en voisin que le groupe, qui n’a d’ailleurs jamais connu de changement de line-up, est venu déverser son Stoner Rock Psych instrumental. Et en guise de concert, c’est une jam endiablée à laquelle se sont livrés les Américains. Petite particularité de ce volume 1, EARTHLESS ne joue que trois titres, mais propose la plus longue prestation du coffret !

Les morceaux joués dans le désert de Mojave sont incroyables et rentre-dedans comme rarement. Galvanisé, le combo présente « Violence Of The Red Sea » (extrait de l’album « From The Age » – 2013), « Sonic Prayer » (extrait de « Rhythms From A Cosmic Sky » – 2007) et l’énormissime « Lost In The Cold Sun » et ses 37 minutes (extrait de « Sonic Prayer » – 2005). Et EARTHLESS en arrive à renverser les imposants rochers alentour.

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Doom Extrême

1782 : de profundis clamavi

Est-il possible d’aller encore plus loin dans les atmosphères écrasantes et parfois presque claustrophobiques du Doom ? Le trio italien 1782 s’est certainement posé la question et s’est mis à l’ouvrage en un rien de temps. Résultat : « From The Graveyard » est un deuxième album tentaculaire et asphyxiant.

1782

« From The Graveyard »

(Heavy Psych Sounds Records)

1782 tire son nom de l’année de l’ultime procès en sorcellerie ayant eu lieu en Europe et qui vit Anna Göldi condamnée, torturée et assassinée. Autant dire que le trio sarde ne pouvait mieux planter le décor et laisser s’exprimer son Horror Occult Doom qui nous plonge dans les profondeurs abyssales de n’importe quel enfer ! Et pour plus de sensations, une écoute au casque s’impose.

Enregistré et produit par Alfredo Carboni chez lui en Sardaigne, le trio propose un son encore plus étouffant et chargé que ce qu’il avait proposé sur le très bon Volume 2 des « Doom Sessions » aux côtés d’Acid Mammoth. Cette fois, 1782 nous laisse à peine respirer pour s’enfoncer dans les ténèbres épaisses d’un Doom écrasant comme jamais. « From The Graveyard » porte bien son nom.

Marco Nieddu (guitare, chant), Gabriele Fancellu (batterie) et Francesco Pintore (basse) ont également fait appel à leur ami Nico Sechi (orgue Hammond) et à leur producteur (synthétiseurs) pour accentuer les atmosphères pesantes de ce deuxième album. La texture sonore du groupe prend une autre dimension dans laquelle 1782 a parfaitement trouvé ses marques (« Bloody Ritual », « Witch Death Cult », « Sleepless Malice »).