Avec un tel premier album, « Life’s Machine », les Anglais de BRAVE RIVAL n’ont mis longtemps à se faire remarquer. Pour preuve, une première nomination aux UK Blues Awards et un avenir qui s’annonce radieux. Avec ses deux chanteuses et sa batteuse, le quintet affiche une forte empreinte féminine, qui apporte un souffle d’une grande fraîcheur et une belle inspiration entre Blues, Soul et Rock. Chloe Josephine revient pour nous sur les débuts du groupe et l’élaboration de ce premier opus, particulièrement réussi.
– « Life’s Machine » est votre premier album et il a déjà une belle histoire. Alors que vous deviez entrer en studio, la pandémie a tout stoppé et à peine sorti, vous êtes nominés aux UK Blues Awards. Même si vous n’avez pas gagné, BRAVE RIVAL commence de la meilleure des manières, non ?
Ces derniers mois ont été fous. Nous sommes extrêmement reconnaissants d’avoir été nominés pour un Blues Award, d’autant plus que nous n’avions sorti qu’un album live à ce moment-là ! Les choses vont de mieux en mieux pour nous et nous avons hâte de voir où cela va nous mener.
– Vous êtes basés à Portsmouth et le quintet se présente avec deux chanteuses et une batteuse. On dirait que les femmes ont pris le pouvoir chez BRAVE RIVAL. Comment s’est monté le groupe ?
Au départ, le groupe a commencé avec trois femmes dans un registre plus folk. Donna (Peters – NDR) jouait de la guitare, mais son truc était plutôt d’être derrière sa batterie. Nous sentions que les chansons appelaient un groupe complet, et c’est ce que nous avons fait ! Nous espérons vraiment que nous pourrons être une source d’inspiration pour les hommes et les femmes. Beaucoup considèrent sans doute cette industrie comme étant masculine, vu qu’elle est tellement dominée par les hommes. Mais un jour, nous aimerions voir un équilibre se créer.
– Vous avez enregistré « Life’s Machine » grâce à une campagne de crowdfunding. C’est par une volonté d’indépendance, ou est-ce qu’il est devenu de plus en plus difficile de signer un premier album sur un label ?
Nous ne sommes pas contre l’idée d’un label, mais cela ne nous a pas semblé nécessaire pour ce disque. Nous avons une base de fans fantastique, qui voulait nous aider à faire l’album. Et le faire de cette façon nous a offert une totale liberté pour explorer nos idées et la vision de notre musique. Cet album a été financé par nos fans et en fin de compte, il est fait pour eux. Les commentaires que nous avons reçus jusqu’à présent ont été extrêmement positifs et nous ne les remercierons jamais assez, non seulement pour leur soutien, mais aussi surtout pour nous avoir permis de faire le disque.
– Pour ce premier album, vous aviez 50 morceaux et vous en avez gardé 12. Même si « Life’s Machine » dure près d’une heure, vous êtes très prolifiques. D’où vous vient cette créativité débordante ?
Nous nous retrouvons tous constamment à proposer des parties de chansons. Nous avons un lecteur en ligne, où nous mettons toutes nos idées et certaines inspirent d’autres membres du groupe à les développer davantage. Nous les développons ensuite en répétition, lors de jams. Au final, on en a tellement qu’on ne sait plus quoi en faire ! Le défi était de réduire l’ensemble à seulement douze, même si au départ, nous étions censés proposer juste dix morceaux.
– Avec autant de chansons, cela a du être très compliqué de faire des choix, non ?
Absolument. Nous avons beaucoup écrit pendant les confinements et on avait encore plus de choix au moment de l’enregistrement. Il a fallu essayer d’être impartial et de choisir les chansons qui étaient les meilleures pour l’album, plutôt que sur les compositions de chacun.
– J’aimerais que l’on parle du duo que vous formez toutes les deux au chant avec Lindsey. Au-delà d’une grande et évidente complicité qui est l’une des forces du groupe, comment vous répartissez-vous les rôles et de quelle manière écrivez-vous les textes ?
Généralement, l’une de nous propose une partie, généralement avec les paroles et la mélodie. Il y a souvent des trous dans les paroles que l’autre comble. Avoir une deuxième chanteuse pour faire rebondir les idées évite beaucoup de blocages. Quand l’une de nous est coincée, l’autre a généralement quelque chose. Ensuite, on voit là où l’une est meilleure que l’autre. Nous avons des voix très différentes, mais après avoir chanté ensemble pendant si longtemps, nous nous trouvons naturellement.
– Et il y a aussi cette chorale que vous avez créée et enregistrée dans l’église St Mary de Portsmouth. La prestation est superbe. Comment est née cette idée ?
Nous avons toujours imaginé une chorale sur « Long Time Coming », qui est l’une des plus anciennes chansons de l’album. Nous voulions que la chorale soit le point culminant du morceau. Comme nous avions réservé la chorale pour une soirée complète à l’église, il était logique de les faire également jouer sur quelques autres chansons. D’ailleurs, « Break Me » a été complètement métamorphosé grâce à elle.
– Par ailleurs, cette production très organique est incroyable pour un premier album et le mastering signé Katie Tavini est excellent. BRAVE RIVAL est décidemment une histoire de femmes. Cette collaboration était importante pour vous au-delà de l’artistique, dont la qualité est incontestable ?
Absolument ! Notre producteur, Tarrant (Shepherd – NDR), avait travaillé avec elle auparavant, et nous avons été tellement impressionnés par son travail que nous lui avons demandé si elle serait intéressée. Elle nous a vraiment plu, parce que non seulement elle est géniale dans ce qu’elle fait, mais nous avons pensé qu’il était important de travailler avec d’autres femmes dans cette industrie autant dominée par les hommes, en particulier dans le secteur de la production.
– Sur l’album, il y a aussi un aspect très Rock qui dépasse le Blues. Vous mariez la slide avec des riffs très costauds. Dès le départ, vous vouliez que BRAVE RIVAL puisse évoluer dans un spectre musical très large ?
Nous avons tous des goûts musicaux différents, qui vont du Rock à la Soul en passant par la Folk et le Blues. BRAVE RIVAL est l’aboutissement de toutes ces influences. Nous n’avons jamais pris de décision consciente, mais c’est arrivé comme ça. Le Rock est une caractéristique claire pour nous, donc je suppose qu’il est naturel que ce soit quelque chose de très présent. D’ailleurs, « What’s Your Name Again ? » est la chanson préférée de nos fans !
– Pour conclure, j’ai une question sur votre style et votre son. A l’écoute de « Life’s Machine », il est difficile de déceler l’origine de votre jeu. BRAVE RIVAL garde un pied dans le British Blues, tout en montrant de nombreuses influences américaines. C’est cette synthèse que vous souhaitiez faire dès le début ?
On en revient encore une fois à nos influences. Beaucoup de chansons ont été écrites en acoustique et cela apporte naturellement une influence Folk. D’autres commencent par un riff de guitare et est naturellement plus Rock. Cela ne ressemble à BRAVE RIVAL que lorsque nous jouons tous ensemble, car c’est là que ‘notre’ son ressort. Il est difficile de dire d’où il vient, mais je suppose que c’est ce qui rend chaque groupe unique.
L’excellent album de BRAVE RIVAL, « Life’s Machine », est disponible sur le site du groupe : www.braverival.com
Photos : Rob Blackham