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Blues Rock Folk/Americana Rock

Lata Gouveia : raviver les traditions

Dans un style très américain forgé de Rock, de Blues, de Folk et d’une touche de Red Dirt parfaitement assimilée, LATA GOUVEIA se fend d’un troisième album vivifiant et plein de panache. « Stay The Same » dévoile au fil des morceaux un songwriter aguerri, sensible et pertinent.

LATA GOUVEIA

« Stay The Same »

(Timezone Records)

Luxembourgeois d’adoption, le songwriter, guitariste et chanteur LATA GOUVEIA est devenu au fil du temps un pilier du Rock du Grand-duché. A la tête de son groupe depuis une dizaine d’années, il est toujours accompagné de Jeff Herr (batterie), Paul Porcelli (guitare) et Daniela Kruger (basse) et leur complicité est manifeste sur ce très bon « Stay The Same ».

Il faut reconnaître que ce troisième album dégage une énergie folle, probablement due à l’enregistrement en conditions live qui apporte beaucoup de fraîcheur au registre du natif de Lisbonne. A base de Rock, de Blues et du Red Dirt d’Oklahoma, LATA GOUVEIA livre un opus résolument optimiste, très américain dans l’esprit et parfaitement réalisé par le producteur luxembourgeois Charles Stoltz.

Grâce à un songwriting très efficace, le quatuor nous emporte dans un univers d’où s’échappent des sonorités Folk, parfois Southern, et une certaine nostalgie des 80’s plutôt bienvenue. « Stay The Same » est surtout porté par une vague bluesy, qui rend cet album chaleureux, sincère et authentique (« Wrong », « Mirror Night », « Renegade Train »). LATA GOUVEIA dégage une intensité addictive.

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Folk/Americana Rock Progressif

Erewän : une tradition revisitée

Ce n’est jamais facile pour un Latin de s’accaparer la culture celte. Et pourtant, cet album d’EREWÄN est une belle surprise qui parvient à éviter les clichés sans se heurter aux habituels et nombreux écueils musicaux de la musique traditionnelle. « How Will All This End ? » est aussi original qu’il est bien réalisé et présente une plongée très réussie et assez obscure dans l’âme humaine.

EREWÄN

« How Will All This End ? »

(Anesthetize Productions)

Multi-instrumentiste et originaire de Nice, c’est pourtant dans un univers celtique qu’a choisi de se diriger EREWÄN pour son premier album. En invitant l’auditeur à la réflexion, « How Will All This End ? » présente des morceaux assez sombres dans les textes et étonnamment positifs musicalement, en évoluant dans un registre Folk/Rock/Prog affiné. Un contraste que l’on retrouve sur l’ensemble du disque.

Réalisé par Alexandre Lamia (Nine Skies), que l’on retrouve au mix et au mastering, ainsi qu’à la guitare sur les titres « Childhoods » et « Highlands » aux côtés d’Eric Bouillette au violon sur ce dernier (Nine Skies aussi !), EREWÄN propose un album varié dont il signe la musique et les textes. D’ailleurs, c’est sur un instrumental délicat que le musicien ouvre ce premier opus (« Rising Sun On The Shore »).

Sur neuf morceaux très homogènes, le Niçois nous plonge dans des histoires de violence, de haine et de guerre, comme pour mieux l’exorciser (« Walk Away », « Headline », « Twist Of Fate », « Evil In Us »). Mélangeant habillement des influences traditionnelles et des sonorités très actuelles, EREWÄN marie le Rock Celtique et la Folk avec le Progressif pour un résultat convaincant. Un audace à saluer.

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Blues Folk/Americana Soul / Funk

[Going Faster] : Abby Bryant & The Echoes / Pilgrim

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

ABBY BRYANT & THE ECHOES – « Not Your Little Girl » – Independent

Originaire de Caroline du Nord, ABBY BRYANT livre son premier album autoproduit, « Not Your Little Girl », dans lequel avec son groupe The ECHOES, elle fait preuve d’une maturité musicale étonnante. Dans un registre Soul et Southern mâtiné d’Americana et de Rock légèrement vintage, la chanteuse est accompagnée de son partenaire de jeu, le guitariste Bailey Faulkner. Quant au groupe, il est même composé de musiciens chevronnés ayant, ou jouant, aux côtés du Allman Betts Band, Susan Tedeschi ou Nick Ellman : autant dire le gratin de leur ville d’Asheville. Sur des morceaux plein de feeling, ABBY BRYANT se montre aussi sensible que féroce à travers des compositions très variées et addictives (« Not Your Little Girl », « Tried », « Where Do I Go », « I’m Telling You », « There’s No Way »). Premier essai brillamment transformé !

PILGRIM – « No Offense, Nevermind, Sorry » – Horton Records

Originaire Tulsa, Oklahoma, PILGRIM assure et assume la continuité de ce son si particulier rendu célèbre par le grand JJ Cale. Entre Blues, Rockabilly et Country, le frontman et guitariste Beau Robertson s’est attelé à l’écriture d’un album, au titre ironique, aussi varié qu’inspiré et surtout terriblement roots. Enregistré au Paradise Studio, ancien repère de Leon Russell, « No Offense, Nevermind, Sorry » est loin de faire dans la nostalgie ou la redite. Entouré d’un groupe exceptionnel, l’Américain ne bouscule pas la tradition, mais lui insuffle plutôt un petit coup de jeune, un brin impertinent. Mené par une voix pleine d’émotion, on navigue entre douceur (« Kate »), profondeur (« Darkness Of The Bar », « Out Of Touch ») et un optimisme joyeux et enlevé (« Down », « High On The Banks »). PILGRIM est une plongée dans l’Amérique profonde, via Tulsa et sa magie sonore.

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Blues Folk/Americana Soul / Funk

Natalia M. King : la grâce incarnée

Si le Blues s’est révélé à elle tardivement, le coup de foudre a été immédiat et la facilité avec laquelle la chanteuse s’est approprié le style est époustouflante. La New-Yorkaise, et française d’adoption, se livre sur un album taillé sur mesure, « Woman Mind Of My Own », que des saveurs Americana et surtout Soul viennent délicatement envelopper. NATALIA M. KING se présente sans fard à travers neuf morceaux délicats et radieux.

NATALIA M. KING

« Woman Mind Of My Own »

(Dixiefrog)

Arrivée en France il y a un peu plus de 20 ans maintenant, la chanteuse NATALIA M. KING est tombée dans le Blues un peu par hasard et l’électrochoc fut une révélation. Sept albums plus tard, la New-Yorkaise rayonne littéralement sur ce « Woman Mind Of My Own », qui navigue entre Blues, Soul et Americana qu’elle incarne brillamment. Roots et raffinée, difficile de ne pas tomber sous le charme.

Accompagnée par des musiciens étincelants, l’Américaine chante avec une rare émotion des morceaux de sa composition, ainsi que trois reprises qu’elle a totalement pris à son compte comme pour mieux les incarner. Faisant preuve d’un éclectisme remarquable, NATALIA M. KING affiche d’ailleurs une belle unité tout au long de l’album, signe d’une forte et sincère personnalité.  

Sensible sur « One More Try » de George Michael, très roots sur « (Lover) You Don’t Treat Me No Good » avec le bluesman Grant Haua, la chanteuse s’offre aussi un duo de toute beauté avec Elliott Murphy sur le « Pink Houses » de John Cougar Mellencamp. NATALIA M. KING régale sur ce nouvel album d’une réelle authenticité (« Forget Yourself », « Play On », « So Far Away », « Aka Chosen »). 

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Blues Folk/Americana

Jay And The Cooks : poésie urbaine

Si pour de nombreux musiciens, c’est aux Etats-Unis que se joue et se vit le Blues, certains font le chemin inverse. C’est le cas du songwriter, chanteur et guitariste américain JAY RYAN, établi en France puis une trentaine d’années. Avec « Le Cœur Sec », cinquième album du musicien, il s’exprime en français dans un Blues très Rock et Americana. Un côté brut authentique.

JAY AND THE COOKS

« Le Cœur Sec »

(Juste Une Trace/Socadisc)

Eternel baroudeur, le songwriter américain a posé ses valises en France, en Provence, avant de venir s’installer près de Paris à Saint-Denis. Après avoir joué dans de nombreuses formations, JAY RYAN a réuni ses COOKS, groupe constitué de proches avec qui il revient aujourd’hui avec un  album qui brille notamment par la grande qualité de son line-up. Le sextet a fière allure et les compos s’en ressentent.

Dans un registre à dominance Blues, le chanteur et guitariste livre le cinquième album de JAY AND THE COOKS. Entièrement écrit en français, « Le Cœur Sec » sonne très Rock et jette un regard acide sur notre société et la situation actuelle (« Presque Foutu », « Travailleurs Essentiels », « Je N’ai Pas Vu Les Signes »). Authentique et sincère, les morceaux de l’Américain s’inscrivent dans un style très brut et avec humour (« La Seine S’en Moque », « Branché Bio »).

Cette poésie urbaine est également teintée de Country et d’Americana comme sur l’étonnante reprise de Gainsbourg (« Je Suis Venu Te Dire Que Je M’en Vais »), où JAY AND THE COOKS offre une version très personnelle et singulière de ce classique de la chanson française. S’il est vrai qu’il faut parfois tendre l’oreille pour saisir toute la subtilité des textes, le chanteur rend une copie remarquable et touchante.

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Blues Folk/Americana Southern Rock

Stephen Foster & Howler : Sweet Home Alabama

Songwriter de grande classe et brillant musicien, STEPHEN FOSTER incarne l’âme Southern dans toute sa splendeur et son large spectre. Avec son groupe HOWLER, basé à Muscle Shoals en Alabama, le musicien, qui a sorti huit albums cette dernière décennie, livre un « Southern » qui rappelle ô combien le sud américain est inspirant.

STEPHEN FOSTER & HOWLER

« Southern »

(Thoroughbred Music)

Les fans de Blues et de Southern Rock connaissent STEPHEN FOSTER. Le guitariste, claviériste et songwriter de génie est une légende et œuvre depuis cinq décennies au service de la musique made in Muscle Shoals. Cette agglomération d’Alabama est mondialement connue pour ses studios qui ont fait les belles heures des charts américains. Proche de Memphis et de Nashville, ce haut lieu résonne toujours.

Compagnon de jeu de Percy Sledge et compositeur pour Lynyrd Skynyrd, STEPHEN FOSTER a travaillé avec le gratin et revient aujourd’hui avec son groupe HOWLER. Constitué de musiciens ayant joué avec Little Richard et Jerry Lee Lewis, le quatuor a une allure de grosse machine… et c’en est une ! Combinant, Blues, Rock, Americana et Boogie-woogie, les Américains portent l’âme et le son du sud des Etats-Unis avec brio.

« You Can’t Take Me Home », premier extrait de « Southern », a été écrit en hommage à son ami Ronnie Van Zant disparu tragiquement en 1977. A l’écoute du morceau, on comprend mieux la complicité et le passé commun que STEPHEN FOSTER partage avec Lynyrd Skynyrd. L’album est d’une grande sincérité et les morceaux sont aussi brûlants qu’ils peuvent être touchants et profonds (« Little Things », « Cathead Blues », « Biloxi », « Arkansas »).

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Blues Folk/Americana

Rumour : un voyage inspiré et inspirant

Très mélodique et accrocheur, ce premier album de RUMOUR montre un très bel équilibre entre des morceaux au songwriting efficace et à la production limpide et sans fioriture. « The Journey » a de quoi séduire à bien des niveaux, grâce à un style Americana assez Pop, où le Rock, la Folk et le Blues et quelques sonorités Country vont à l’essentiel.

RUMOUR

« The Journey »

(Independant)

Originaire d’Angleterre, RUMOUR sort son premier album autoproduit « The Journey » et on sent que le groupe s’est vraiment fait plaisir. Loin d’être des débutants, les cinq membres de la formation sont des musiciens aguerris, qui ont ensemble voulu conjuguer leur talent et leur expérience sur des morceaux aboutis et remarquablement bien interprétés. Très bien produit, « The Journey » est une belle surprise.

Ayant pour la plupart fait leurs armes aux côtés de pointures internationales et anglaises, Liz Nicholls (chant), Peter Brookes (guitare), Rob Craner (batterie), Paul Brambarni (claviers) et Owen Davidson (basse) présentent un registre sur une base Americana teinté de Pop. Quelque part entre Fleetwood Mac, Tom Petty et Texas, RUMOUR a trouvé sa voie dans une ligne positive et entraînante.

Tout en finesse et sur un groove remarquable, les Anglais font preuve de beaucoup de feeling, portés par la voix chaude et délicate de Liz Nicholls. A la guitare, Peter Brookes, qui signent les morceaux avec le poète et écrivain Phil Thomson, fait des merveilles grâce à un jeu oscillant entre Rock, Folk, Blues et des solos aérés et efficaces. En ballades et titres plus pêchus, RUMOUR impose une touche très personnelle.

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Blues Folk/Americana Rock

Gary Lucas : essentiel et indispensable

Joueur de Blues, de Rock Psychédélique, de Jazz, compositeur de musique classique et de films, GARY LUCAS est une bande originale de son époque à lui tout seul. Songwriter et guitariste hors-pair et aux mille visages, l’Américain est aussi incontournable que discret, dont le talent et la virtuosité parlent pour lui. Aujourd’hui sort « The Essential », une belle représentation de l’éclectisme et de l’élégance du musicien.

GARY LUCAS

« The Essential »

(Knitting Factory Records/PIAS)

Je sais que je ne chronique habituellement pas les compilations, mais si vous n’avez aucun album de GARY LUCAS, c’est le moment de vous procurer « The Essentiel ». Le double-album retrace sur 36 titres les 40 ans de l’incroyable carrière de ce guitariste de génie. Bien plus qu’un guitar-hero, l’Américain est un héro de la guitare à qui aucun style ne résiste : un touche-à-tout capable de tous les grands écarts possible.

Le leader de Captain Beefheart, puis de Gods & Monsters, a joué avec les plus grands groupes et artistes et compte également une trentaine d’albums solos à son actif et dans des registres très différents. Parmi ses collaborations, GARY LUCAS a côtoyé Leonard Bernstein, Chris Cornell, Nick Cave, Warren Haynes (Allman Brothers), Iggy Pop, Dr John… La liste est très longue !  

Mais le fait le plus marquant et célèbre du guitariste reste la découverte de Jeff Buckley dont il devient le mentor et pour qui il écrira « Mojo Pin » et « Grace », devenus des classiques. Producteur des Français de Tanger et co-compositeur de « Spider Web » de Joan Osborne, GARY LUCAS a même signé des bandes originales de films et de séries TV. Virtuose au jeu élégant, l’Américain est bien plus qu’une référence.

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Blues Folk/Americana

Don Troop And Naked Spurs : une sensibilité à fleur de peau

C’est accompagné de sa guitare, qu’il ne quitte jamais, que DON TROOP traverse la vie avec son lot d’embuches et dans laquelle il puise son inspiration. Avant un cinquième album solo à paraître l’an prochain, le songwriter sort un EP, « Hard Life », entre Blues et Folk et d’une grande sensibilité. 

DON TROOP AND NAKED SPURS

« Hard Life »

(Independant)

L’histoire de DON TROOP s’inscrit depuis une vingtaine d’années maintenant en France, où le chanteur et compositeur a posé ses valises. Arrivé des Etats-Unis au début des années 2000, c’est entouré des musiciens du grand Bill Deraime qu’il enregistre « When She Comes », son premier album solo en France. Le début d’un amour qui ne fera que croitre. Aujourd’hui, c’est avec un EP de quatre titres que le musicien fait son retour.

En prélude à un cinquième opus prévu pour l’an prochain, DON TROOP AND NAKED SPURS se livre dans un registre Blues/Folk, légèrement Rock. Outre la douceur de sa voix qui enchante dès les premières notes de « Hard Life », titre éponyme sur lequel le songwriter retrace le parcours cabossé d’une vie entre les deux continents et qui l’ont nourri musicalement. Et cette persévérance et la croyance en son talent le guident toujours.

Si « You » aborde des sonorités un peu plus Rock, tout comme « Slithering », c’est bel et bien le Blues et la Folk qui anime l’Américain dont le style et le jeu sonnent dorénavant franchement européen (« Walls Of Babylon »). Serein et chaleureux, DON TROOP livre quatre morceaux qui sortent au même moment qu’un documentaire, à travers lequel la sincérité et l’authenticité du songwriter éclatent au grand jour comme sur ce très bon « Hard Life ».

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Blues Folk/Americana France

Gaëlle Buswel : par la grande porte [Interview]

Chanteuse, guitariste et auteure-compositrice naviguant entre Blues, Folk et Rock depuis une dizaine d’années, GAËLLE BUSWEL sort son quatrième album, « Your Journey » (Verycords), probablement le plus accompli de la carrière de la Française. Sur une production riche au son très analogique, ces nouveaux morceaux marquent une nouvelle étape pour la musicienne. Entretien avec une artiste qui n’a qu’une hâte : remonter sur scène !

Photo : Eymard Guillaume

– On ne va pas refaire ton parcours mais depuis 2012, tu t’es faite une belle place au sein de la scène Blues française et au-delà. Avec ce quatrième album, tu viens encore confirmer une sacrée respectabilité. Et comme dans ton nouveau clip, on te sent radieuse…

Merci… C’est vrai que pour ce nouvel album, nous avons eu beaucoup plus de temps que pour les précédents pour la partie artistique, et notamment en studio. On y a mis toute notre énergie et c’est un album qui est beaucoup plus produit et sur lequel on a aussi vraiment eu envie de franchir une étape au niveau de la maturité musicale. Il y a aussi une prise de risque plus importante avec des morceaux plus Rock et des choses plus poussées. Notre chance a vraiment été d’avoir autant de temps pour nous y consacrer et c’est quelque chose de très positif. Par exemple, lorsque nous étions au studio ICP à Bruxelles, il y a des morceaux qui ont été entièrement écrits de A à Z pendant l’enregistrement. On avait même plus de titres de prévu au final. (Rires)

– « Your Journey » sort à la fin du mois et il est franchement très bon. On y retrouve ta touche personnelle bien sûr et on a aussi l’impression qu’un cap a été franchi musicalement. Comment l’interprètes-tu ?

C’est assez difficile à expliquer, mais c’était une volonté de notre part. C’est le quatrième album, les gens qui nous suivent connaissent bien notre univers. On a voulu oser et aller chercher des choses. Et comme un disque est un instant T, j’avais des choses à dire avec un impact plus important et plus poussé sur certains titres. J’ai aussi voulu montrer toutes les facettes que j’aime dans le Blues, le Rock et la Folk.

– L’album a été enregistré entre Bruxelles et Londres dans les fameux studios d’Abbey Road. Ca a du être un moment intense et une sorte d’accomplissement, non ?

Oui, c’était vraiment un grand moment ! Même au moment de poser le pied sur la première marche, on n’y croyait même pas en fait ! Il y a eu ensuite un grand moment d’émotion, parce que c’est un studio dans lequel tous les grands artistes sont passés. C’était fort de se retrouver là-bas, parce que les Beatles y ont enregistré et on avait fait la première partie de Ringo Starr en 2018. Et puis, nous avons aussi un morceau des Beatles qui nous suit sur la route depuis 10 ans maintenant. C’est vraiment un accomplissement de se retrouver dans ce studio. C’est aussi quelque chose qui a pu se réaliser grâce au soutien de nos fans. L’émotion vient aussi du fait que les lieux sont chargés d’une énergie assez indescriptible qui émane des murs. C’est impressionnant au point que nous étions tous super émus. Et puis derrière la console, il y avait Chris Bolster, qui a notamment travaillé avec Paul McCartney et les Foo Fighters. J’avais l’impression que c’était la première fois que je rentrais dans un studio ! (Rires) On se sent tout petit ! L’histoire d’Abbey Road nous a mis dans tous nos états. C’était très, très émotionnel ! (Rires)

Photo : Eymard Guillaume

– Avant ça, dans quelles conditions et quand as-tu composé ces nouveaux morceaux ?

On a eu la chance de composer l’album juste avant la pandémie, il était prêt fin 2019. L’écriture a débuté en 2018 et on en avait d’ailleurs déjà fait tourner quelques uns sur scène. Pour la composition, quand tu arrives à ton quatrième album, les choses changent. J’ai fait énormément de collaborations avec mon équipe et Michal notamment qui co-compose pas mal de titres. Et au niveau des textes, j’ai travaillé avec la parolière américaine Angela Randall. Steve Belmonte, mon batteur, a aussi composé pour l’album. On s’est ouvert les uns aux autres, parce que cela fait aussi 10 ans qu’on travaille tous ensemble et on se connait tous très bien. C’était très intéressant et enrichissant de justement pouvoir partager ça. Sur « Last Day » par exemple, toute l’équipe a composé le morceau. C’était d’ailleurs la première fois qu’on écrivait collectivement.

– Sur une base Blues, Rock et Folk, les riffs rugueux sont très présents et de belles guitares présentent des solos peu démonstratifs, mais très efficaces. Et on retrouve cette même efficacité dans le songwriting de l’album. C’est quelque chose que tu recherchais ? Etre directe dans l’écriture ?

J’aime laisser place à la musique. Tous les musiciens de l’équipe sont vraiment très bons et c’est très important que chacun trouve sa place. Pour les guitares, j’ai la chance d’avoir un guitariste exceptionnel. L’idée était aussi d’aller droit au but, de ne pas tourner autour du pot. On avait des choses à dire et on a été direct pour que les gens saisissent bien le message. C’est vrai qu’il y a moins de métaphores. On avait aussi des coups de gueule et des coups de cœur à faire passer dans ces chansons.

– On notre aussi un bel équilibre entre les guitares acoustiques et électriques. C’était quelque chose que tu souhaitais ou cela s’est fait comme ça ? D’ailleurs, tu composes sur quel type de guitare ?

L’équilibre s’est fait très naturellement. On est vraiment au service de la chanson lorsqu’on compose, des arrangements jusqu’à son aboutissement. J’ai une vieille petite guitare des années 50 sur laquelle je compose tous mes morceaux et qui me suit depuis 11 ans. Je n’arrive pas encore à le faire sur une autre. Je pense qu’il y a surtout un aspect émotionnel. Je ne suis pas une grande technicienne. Ma démarche d’écriture et de composition est très spirituelle. Je suis en symbiose avec ma guitare, ce qu’elle dégage, les énergies que je peux ressentir avec la caisse qui vibre quand je chante en même temps… C’est une démarche un peu particulière, c’est vrai. On va dire que je suis un peu perchée, mais c’est ma façon de composer. (Rires)

Photo : Eymard Guillaume

– La présence des chœurs donne aussi un côté très Soul sur plusieurs morceaux avec des mélodies très accrocheuses. Là aussi, il semble y avoir eu un gros travail sur les voix…

En fait, ce sont les garçons qui m’ont demandé de faire tous les chœurs en me disant que ma voix se mélangerait bien aux harmonies. C’était un challenge pour moi, car c’était la première fois que j’enregistrais toutes les lignes de chœur. L’idée était d’apporter quelque chose de différent. Et ça a aussi été l’occasion d’aller chercher des choses dans ma voix, notamment au niveau des tessitures, ce que je n’avais jamais fait auparavant. J’ai pu exploiter la puissance des aigus notamment, car les chansons s’y sont prêtées. Je ne me suis pas limitée du tout. On a tous laissé parler nos instruments, notre cœur et notre âme…

– Justement, y a-t-il des choses que tu as expérimenté et que tu t’es enfin autorisée sur « Your Journey » ?

On s’est tout autorisé, en fait ! Même dans le style avec des titres très rentre-dedans. Et le simple fait de sortir un album a également beaucoup changé. Les gens peuvent avoir un coup de cœur pour une chanson qu’ils vont télécharger sur Internet. On a la chance d’avoir des fans qui défendent l’objet physique, alors on a d’abord pensé à eux. On a voulu explorer et tenter beaucoup de choses qui étaient en nous depuis pas mal de temps. On les a vraiment laissé sortir sur cet album en se faisant plaisir et en apportant de nouvelles choses. Sur un quatrième album, je pense qu’il y a aussi une étape à franchir et je pense qu’on a bien relevé ce défi-là.

– Enfin, tu ne vas malheureusement pas pouvoir défendre ton nouvel album en concert tout de suite. Comment vis-tu cette situation qui dure depuis un an maintenant ?

On espère vite reprendre la route, car cette période est hyper-frustrante. Ca fait un an qu’on n’a pas mis les pieds sur une scène et c’est vraiment notre place… et pas ailleurs ! Faire du live temporairement derrière un écran, c’est cool parce qu’il faut de toute façon continuer à faire vivre notre musique et on s’adapte aussi à la situation. Mais nous voulons que ça reprenne très rapidement, car on a vraiment envie de lâcher les chevaux ! Cet album est en nous depuis près d’un an et demi et on est prêt à le défendre sur scène, à vibrer avec un vrai public ! La musique ne se partage simplement en lâchant un titre sur la toile. Une chanson prend tout son sens quand on peut la partager et l’échanger avec des gens en face de nous. Maintenant, on prend le risque de sortir un album en plein Covid et on espère que les gens vont nous soutenir pour faire vivre ce disque, parce que notre rôle est aussi d’apporter ces moments d’évasion !

« Your Journey » sera disponible le 26 mars chez Verycords.

Retrouvez Gaëlle sur son site : www.gaelle-buswel.fr