Avec « Afterlife », les Athéniens donnent l’impression de rendre hommage aux années 90, celles qui les ont musicalement nourris et aussi profondément impactés. Et c’est probablement pour ça que cette nouvelle réalisation semble si familière, tant dans les références perceptibles que dans le style très reconnaissable de PLANET OF ZEUS. Cela dit, les gros riffs sont légions, la rythmique lourde et compacte et le frontman toujours aussi percutant.
PLANET OF ZEUS
« Afterlife »
(Ihavedrum Records)
Fer de lance de la scène Stoner grecque aux côtés de 1000Mods, Nightstalker et plus récemment d’Acid Mammoth pour la partie la plus Doom, PLANET OF ZEUS s’est forgé une solide réputation bien au-delà de ses frontières et en tournant avec les plus grands. Explosif en concert, en plus de deux décennies, le quatuor s’est hissé au rang des incontournables du genre, grâce à un style massif et puissant, et surtout très identifiable. Pourtant, avec « Afterlife », il déjoue tous les pronostics avec un album surprenant.
En effet, Babis Papanikolaou (chant, guitare), Stelios Provis (guitare, chant), Giannis Vrazos (basse) et Serafeim Giannakopoulos (batterie) prennent un virage assez différent, marqué par des mélodies entêtantes omniprésentes et surtout une variété musicale étonnante. Preuve d’un éclectisme créatif très maîtrisé. C’est vrai que dans son domaine, PLANET OF ZEUS sait à peu près tout faire… et « Afterlife » confirme ses qualités et nous offre un plongeon dans un Stoner Rock assez 90’s dans son approche, et bien rentre-dedans.
Ce sixième album traverse à peu près tous les courants et parcourt des atmosphères diverses. Classique dans la lignée de QOTSA (« State Of Non-Existence »), Grunge façon Foo Fighters (« The Song You Misunderstand »), plus Heavy aux accents Fu Manchu (« Step On, Skin Off »), PLANET OF ZEUS reste pourtant lui-même et laisse exploser sa force (« No Ordinary Life », « Let’s Call It Even », « Letter To A Newborn »). « Afterlife » n’est peut-être pas le plus passionnant opus du quatuor, mais il réveille les sensibilités.
Avec un son clair et puissant, KING OF NONE déroule son Stoner Rock avec détermination. « In The Realm », deuxième album des Scandinaves, vient confirmer un travail de longue haleine mené depuis une bonne décennie maintenant. Très varié et parfois même surprenant, on se laisse embarquer dans un univers, où le Metal vient faire cause commune avec des passages très progressifs, le tout dans une harmonie convaincante. Spatial et charnu, le combo ouvre un nouveau chapitre avec brio.
KING OF NONE
« In The Realm »
(Argonauta Records)
Cinq ans après son premier opus, « Weightless Waters », qui faisait lui-même suite à trois EP, la formation d’Helsinki est de retour avec un deuxième effort, qui vient définitivement imposer une touche très personnelle. KING OF NONE avait déjà laissé entrevoir avec les singles « Speeder Approaching », « Lizards For Brains » et « Low’n’Slow » que ce « In The Realm » serait costaud et doté d’une bien belle production. Et c’est le cas, puisque les neuf titres qui s’étalent d’ailleurs sur près d’une heure, montrent autant d’énergie que de diversité et avec un souci de la mélodie omniprésent.
Est-ce parce qu’ils ont gardé le même line-up depuis leur création en 2013, mais KING OF NONE montre une belle unité, qui fait sa force. Derrière son frontman, Miiro Kärki, les deux guitaristes Aleksi Kärkkäinen et Juha Pääkkö et la rythmique gonflée à bloc par Juho Aarnio à la basse et Patrick Enckell derrière les fûts, le quintet a presque fait de son Stoner Rock un laboratoire, où se croisent des ambiances Desert Rock, Psych, Grunge, clairement Hard Rock et Heavy aussi et même alternatives.
Mais loin de se disperser, le groupe se montre au contraire très complet en réussissant à intégrer tous ces éléments dans un même élan, faisant de son Stoner Rock une machine aussi captivante que véloce et percutante. KING OF NONE cultive son art du riff sur des morceaux relevés, où le combo prend soin de ne jamais en faire trop (« DPD », « For The Ride », « Snail Train », « The Man… », « Crab Nebula »). Compacts et efficaces, les Finlandais livrent un très bon album et mettre le doigt dedans, c’est ne plus le lâcher !
L’une des particularités de THE QUILL est de savoir proposer à chaque réalisation un Hard Rock hyper-Stoner qui fait aussitôt penser à un véritable travail de groupe. On sent ses membres tellement soudés que l’on s’éloigne des productions actuelles, où les compositions semblent plus tenir de la performance que de l’œuvre créative. « Wheel Of Illusion » est cru, mélodique, brut et non dépourvu de beaux arrangements. Et c’est cette unité entre les vétérans du Rock, qui transpirent sur chaque note et qui les distingue encore aujourd’hui.
THE QUILL
« Wheel Of Illusion »
(Metalville Records)
A l’aube de ses 30 ans de carrière, THE QUILL sort son dixième album et les Suédois se montrent toujours aussi solides et inspirés. « Wheel Of Illusion » fait suite au très bon « Earthrise », sorti il y a trois ans, et qui était terrassant à bien des égards. Le quatuor enfonce le clou, grâce à un Heavy Stoner Rock original. Si la base reste Hard Rock avec des teintes 70’s, le style de la formation nordique s’engouffre dans un registre qui dépasse les époques et les tendances en se distinguant brillamment, grâce à une originalité et un son qui la rendent immédiatement identifiable.
L’aspect rétro-futuriste encore à l’œuvre sur « Wheel Of Illusion » fait toujours plus l’effet d’une petite bombe que celui d’une madelaine de Proust. Inventif, le quatuor continue d’envoûter et d’assener ses compos avec force et vigueur. Au chant, Magnus Ekwall se montre impérial, capable d’autant de douceur que de force. THE QUILL puise justement son originalité dans ce contraste et cette dualité entre l’aspect planant d’un Stoner Psych et des accélérations très Metal. Solide, la rythmique donne le ton et Christian Carlsson distille ses riffs et ses solos avec une ferveur constante.
Poussé par une énergie folle, les Scandinaves poursuivent leur voyage musical mouvementé débuté en 1995 et, plus surprenant, parviennent sans mal à réinjecter autant de puissance que de dynamisme à un genre très maîtrisé, qui va puiser chez ses pionniers. Dès le morceau-titre en ouverture, THE QUILL affiche ses ambitions et se montre imparable sur « Elephant Head », « L.I.B.E.R. », « The Last Thing » avant l’ultime assaut « Wild Mustang », véritable pièce maîtresse de ce nouvel opus. Conquérant et accrocheur, « Wheel Of Illusion » recèle de quelques trésors et devrait enflammer les prochains concerts.
Les Limougeauds continuent leurs explorations Stoner Doom avec un nouvel effort, qui vient faire suite à « Leeches », sorti il y a deux ans. Sur une production-maison très organique, GREYBORN côtoie le lugubre sans s’apitoyer et en se montrant plutôt obstiné. En s’immergeant aussi dans des atmosphères Space Rock, « Scars » avance dans cette introspection torturée, où seule la voix de son batteur libère quelques éclaircies, même fragmentées.
GREYBORN
« Scars »
(F2M Planet)
Avec « Scars », son deuxième EP, GREYBORN continue son cheminement dans un style où, forcément, le gris est teinté d’autres variations de gris. Une façon aussi et sûrement pour le power trio de ne pas se perdre dans le trop sombre, ou dans le trop lumineux, mais d’évoluer dans des ambiances claires-obscures et de bénéficier d’un champ d’action bien plus vaste. Comme pour « Leeches », le groupe s’est encore attelé à l’enregistrement et au mix de son nouveau format court, une manière de garder la main sur un univers très personnel, où la lourdeur des notes et la clarté du chant font cause commune.
Loin du Heavy Stoner Blues de Blackbird Hill, l’autre formation menée par Maxime Conan (guitare) et Théo Jude (chant, batterie – ex-Mama’s Gun), GREYBORN évolue sur un Doom écrasant et épais, tout en restant dans un Stoner Rock massif. Ils sont accompagnés par le bassiste Guillaume Barrou (ex-Mama’s Gun), une nouvelle histoire entre amis qui se connaissent bien en somme. Le groupe tire ici sa force d’une rage et d’une violence à l’œuvre sur les quatre morceaux, auxquels s’ajoute « Tetany », une virgule instrumentale suspendue, qui apporte une note de légèreté dans ce sombre océan.
Malgré une formation assez récente, GREYBORN a déjà parfaitement cerné les contours de son style et pour mieux en saisir l’entièreté, rien de mieux que d’écouter les deux EP dans l’ordre. C’est le gros et ultime défaut de ce genre de réalisations car, en l’occurrence, le groupe se savoure sur la longueur. Dès le morceau-titre, on entre dans le vif du sujet et « Ravenous » vient confirmer cette densité presque hypnotique, qui se forme dans un fuzz appuyé. Plus véloce sur « A Thousand Dreams Away », c’est « The Grand Design » qui clot ce chapitre d’un Doom solide. On attend maintenant impatiemment le premier album.
Retrouvez la chronique du premier EP du groupe, « Leeches » :
Ce troisième opus de DUNE PILOT porte vraiment bien son nom. Accrocheuse, solide et véloce, la saveur très brute des titres de « Magnetic » brille par les multiples nuances à l’œuvre. Accélérations, changements de tempos, passages planants et breaks bien sentis, tout est réuni pour une invitation à un voyage musical intense et captivant. Entre Heavy Stoner et Hard Rock, le combo se fraye un chemin fascinant.
DUNE PILOT
« Magnetic »
(Argonauta Records)
Cela va faire dix ans que les Munichois peaufinent les réglages de leur Stoner Rock. Partagé entre le respect des classiques, on pense ici à Kyuss, Fu Manchu et Monster Magnet, et des envies plus libérées et sauvages façon Black Stone Cherry et Damn Junkees, DUNE PILOT a façonné un style où la puissance du fuzz se mêle au groove du Hard Rock. Et grâce à la voix rugueuse et imposante de son frontman et fondateur, Andris Friedrich, on est littéralement propulsé, et sans ménage, dans un univers hyper-Rock.
On doit très probablement ce sentiment d’urgence et d’immédiateté au fait que le quatuor enregistre ses albums en conditions live, comme il l’a fait pour « Wetlands » et « Lucy », ses premières réalisations. « Magnetic » ne manque donc pas de fraîcheur, malgré un aspect massif et dévastateur assez jubilatoire. Et si la rythmique se fond pour parfois se perdre dans un dédale aussi soutenu que brumeux de riffs incendiaires, DUNE PILOT lâche les chevaux et devient franchement indomptable.
Les Allemands ouvrent ce nouvel opus avec le morceau-titre, finalement très représentatif du contenu qui suit. Groovy et chaleureux, les morceaux s’enchaînent et même s’ils ont tendance à assommer avec ce côté très frontal, les mélodies prennent le dessus avec force (« Take Your Lies », « Next To The Liquor Store », « Vile », « Let You Down »). Tout en maîtrise et très inspiré, DUNE PILOT distille un Stoner Heavy à souhait et inspiré par un Hard Rock assez positif, qui lui donne un semblant de légèreté… un semblant seulement !
Depuis son premier effort éponyme en 2018, l’ascension d’APPALOOZA est fulgurante et en l’espace de seulement trois albums, le trio s’est forgé une identité musicale très personnelle. Basé sur un Stoner Rock rugueux et massif que des sonorités et des sensations très tribales viennent percer, le style des Brestois s’affine au fil du temps et « The Shining Son » montre à quel point l’évolution est plus que palpable. Enigmatique, solaire et dévastatrice, cette nouvelle production surclasse les précédentes grâce à des envolées sismiques, des éclaircies acoustiques radieuses et un chant captivant. Sylvain, aka ‘Wild Horse’, guitariste et chanteur, revient sur l’univers du groupe et à travers lui la vision singulière de l’entité du combo.
– Il y a deux ans, beaucoup vous ont découvert avec votre deuxième opus, « The Holy Of Holies ». Quelques mois plus tard, vous reveniez avec l’EP « Live At Smoky Van Sessions ». Quels étaient l’intention et l’objectif de ce format court juste après l’album ?
L’objectif était de proposer une version live de trois titres issus de notre second album, « The Holy Of Holies ». Nous avons toujours aimé ces deux dimensions chez un artiste. En studio, il y est proposé quelque chose de complet, de produit, de colorisé. En live, il y a peut-être moins d’éléments, mais cela est compensé par l’énergie et une certaine puissance qui peut combler une seconde guitare ou d’autres arrangements.
– Vous sortez aujourd’hui « The Shining Son » toujours chez Ripple Music, légendaire label américain dédié notamment au Stoner et ses dérivés. Qu’est-ce que cette signature a changé pour vous ces dernières années ?
Nous sommes heureux d’être aux côtés d’autres artistes et groupes de cette scène, car cela permet de s’ouvrir et d’exister également dans une communauté d’artistes. C’est ce que nous avons chez Ripple Music. Nous avons également trouvé un accompagnement que nous recherchions sur du long terme, en ce qui concerne le rétro-planning lié à un album (singles, clip vidéos, etc). Il y avait aussi un souhait de réaliser des vinyles de bonne facture et de qualité, c’est en partie ce pourquoi nous avons voulu travailler avec Ripple Music.
– Avec « The Holy Of Holies », vous aviez dévoilé une identité visuelle forte que vous développez cette fois encore sur « The Shining Son ». Peux-tu nous en parler un peu plus d’autant qu’elle définit aussi le concept d’APPALOOZA ? D’ailleurs, c’est toi qui la signes…
Je suis en effet artiste plasticien et tatoueur sous le pseudonyme de ‘Wild Horse’. Lorsque j’étais enfant, je scrutais les vinyles et je découvrais les pochettes d’albums en grand format. Je passais de longues heures à contempler les visuels, chose que je ne faisais pas vraiment avec les CD à cause de leur petite taille. Inconsciemment, j’ai compris que ce format signifiait d’avantage en ce qui concerne l’art et le concept d’un album. La musique et l’univers graphique ne font qu’un.
J’aime raconter des histoires musicalement et visuellement parlant. Il m’a donc paru nécessaire d’illustrer la musique que nous réalisons. Et en ce qui concerne la technique plastique, les visuels sont réalisés à l’encre de chine en dotwork (pointillisme) et aquarelle pour les couleurs et textures. Il y a un côté autant réaliste que graphique que j’aime lier.
– Revenons à votre musique et ce nouvel album, où l’on retrouve votre empreinte et les thématiques présentes sur le précédent disque. Votre volonté au départ était de relier les morceaux entre-eux pour les faire tenir dans une même histoire ?
Relier les morceaux et créer une sorte de concept-album n’a jamais été réalisé consciemment. Les choses viennent comme elles viennent et les chansons se composent dans la majeure partie des cas naturellement. Pour « The Shining Son », je ne savais pas vraiment s’il allait être question d’une suite. Mais j’ai plutôt été amusé de me rendre compte qu’inconsciemment tout cela racontait plus ou moins la suite des évènements de « The Holy Of Holies », tout en gardant un double-sens dans les paroles.
Le premier album, « Appalooza », raconte la bêtise de l’homme et tout ce qui en découle, c’est-à-dire la manipulation, l’exploitation de l’homme par l’homme, l’obsolescence programmée, mais aussi le temps qui passe.
« The Holy Of Holies » traite de l’absence de Dieu sur terre dû à la déception de ce dernier vis-à-vis de l’être humain. L’homme, en colère, va donc réveiller un démon pour le vénérer.
« The Shining Son » raconte comment il exerce son pouvoir sur Terre, mais aussi comment il va être terrassé par le fils prodige, le sauveur. Il y a un double-sens avec le manipulateur, le rapport de force dans un couple, la tyrannie et comment l’enfant est souvent mis à rude épreuve, comment il doit malheureusement prendre parti et se battre pour sauver sa mère des griffes du père violent et tyrannique, aka ‘The Horse’/’Azazael’. Mais il y a toujours cette bêtise humaine qui est traitée, l’homme étant l’ennemi de l’homme, à travers les guerres de religions, les génocides autochtones…
– A propos d’histoire, ‘The Horse’ semble véritablement être le quatrième membre du groupe, à moins qu’il n’incarne justement l’entité d’APPALOOZA. Peux-tu nous en dire un peu plus à propos de ce ‘démon’ ?
A vrai dire, ‘The Horse’ est le premier membre du groupe. Nous nous amusons à raconter que c’est lui qui nous a réunis. Il est en fait celui qui tire les ficelles. Mais c’est également une sorte de bouc émissaire. Il est le producteur qui crée un groupe de Rock, il représente la société de consommation et l’obsolescence programmée. Il est le père de famille tyrannique et manipulateur. Il est le démon qui exerce son pouvoir sur Terre. Il est le colon qui décime un peuple tout entier. Il représente la mort et le temps qui passe. Au final, il est la réincarnation, le fantôme et le spectre de tout ça à la fois.
– Si on retrouve toujours cette atmosphère où des sonorités Grunge et Alternative Rock se mêlent à votre Stoner Rock, « The Shining Son » semble plus Heavy que « The Holy Of Holies ». L’idée était de durcir le ton, ou c’est le contenu de vos textes notamment qui est peut-être plus sombre ?
Nous avons toujours trouvé intéressant de voir comment certains groupes évoluaient au niveau de leur son. Nous n’avons jamais vraiment trouvé grand intérêt chez certains à recréer le même album. L’idée ici était de ‘synthétiser’ le son d’APPALOOZA. Dans le premier opus nous avons affaire à un son puissant, assez ‘rentre-dedans’. Le second présente quant à lui un son peut-être ‘haché’ et ‘agressif’, mais Pop. C’est avec cet album que nous avons d’ailleurs commencé à nous amuser en terme de production, on y retrouve des colorisations, des atmosphères et des sonorités plus travaillées. Et le troisième, ce sont les deux à la fois.
– L’une des particularités d’APPALOOZA réside également dans les percussions qui sont de nouveau très présentes. Vous avez beaucoup tourné aux Etats-Unis et à deux reprises, est-ce que c’est un élément que vous avez ramené de là-bas ? Elles dégagent un côté très tribal et chamanique, qui fait écho au peuple amérindien…
Il y a quelque chose de bestial dans l’approche des percussions. Elles sont utilisées pour colorer certaines chansons et leur donner une personnalité. Elles représentent l’esprit, la liberté, la menace. Nous aimons particulièrement les sons ethniques et les percussions peuvent en effet faire références aux peuples autochtones d’Amérique. Dans les crédits, il est d’ailleurs indiqué que les percussions sont jouées par ‘The Horse’, fantôme et représentant d’un peuple autochtone exterminé.
– Pour « The Shining Son », vous avez aussi changé de studio d’enregistrement et d’ingé-son. C’était dans l’optique de faire évoluer votre son, d’expérimenter de nouveaux spectres sonores, ou c’est plus simplement une question d’opportunité et de rencontre ?
Pour « The Shining Son », nous avons fait la rencontre d’Arthurus Lauth de Brown Bear Recordings et après une longue discussion, nous avons décidé de travailler avec lui. Il a rapidement compris où nous voulions aller, quelque chose de certes plus massif, mais plus naturel. Il y a eu un travail de pré-prod et de prise de son pour avoir un rendu peut-être plus aéré que les précédents albums. Je pense également que chaque artiste cherche à améliorer certains points d’albums en albums.
– Avec ce troisième album, votre répertoire devient conséquent et il va falloir faire des choix, peut-être difficiles, pour vos setlists. Allez-vous mettre en avant « The Shining Son » comme tous les groupes qui ont de nouveaux morceaux à défendre, ou y a-t-il aussi des incontournables chez APPALOOZA ?
Il est en effet difficile de choisir et d’établir une setlist, surtout en festival, où les temps de passage sont réduits. Nous aimons proposer de nouveaux titres au public et voir leur réaction, mais il y a également des titres des deux premiers albums qui, pour nous, sont toujours un réel plaisir à jouer sur scène. Varier les setlists suivant les concerts me parait être la meilleure option.
– Enfin, et les affiches sont belles, vous êtes programmés sur les ‘Ripplefest’ de Berlin et de Cologne en novembre et décembre prochains. J’imagine que vous attendez ces dates avec impatience ?
Nous sommes très heureux de pouvoir nous produire dans ces deux festivals en Allemagne. Nous avons réalisé deux tournées américaines, mais il ne nous était encore jamais arrivé de jouer en Europe. Nous avons vraiment hâte !
Le nouvel album d’APPALOOZA, « The Shining Son », est disponible chez Ripple Music et sur son Bandcamp :
En seulement trois petites années d’existence, KADABRA a su émerger de manière éblouissante avec une première réalisation ambitieuse et très réussie. Niché au cœur des grands espaces de l’état de Washington, le combo a pris encore plus de volume, tout en ayant peaufiné une approche très personnelle de son Heavy Stoner Psych, un brin progressif et totalement addictif. « Umbra » vient confirmer toute la créativité déjà manifeste sur « Ultra », sorti il y a deux ans.
KADABRA
« Umbra »
(Heavy Psych Sounds Records)
La découverte du trio américain avec son premier album « Ultra » en 2021 avait déjà été une belle surprise. Et avec « Umbra », KADABRA fait bien plus qu’attester ses débuts tonitruants et vient même clamer haut et fort qu’il va falloir compter sur lui à l’avenir. Heavy et Psych, le Stoner Rock du groupe prend une nouvelle dimension et montre toute l’expérience acquise en tournée et surtout un sens plus affûté du songwriting, sans pour autant perdre cet esprit jam si particulier.
Sur « Umbra », KADABRA va beaucoup plus loin musicalement pour livrer des compos encore plus précises et affinées. D’ailleurs, l’évolution est d’autant plus notoire et palpable que Dawson Scholz est toujours à la production. Très bien réalisé, ce deuxième opus révèle un jeu nettement plus fluide, une meilleure maîtrise des atmosphères déployées et surtout l’incroyable complicité à l’œuvre entre Garrett Zanol (chant, guitare), Ian Nelson (basse) et Chase Howard (batterie).
En ouvrant « Umbra » avec l’instrumental « White Willows », KADABRA donne une forte indication quant au contenu du disque. Cette fois encore, le combo nous propose un voyage très Psych, progressif et tellement musclé qu’on plonge parfois dans des profondeurs presque Doom. Grâce à des chorus envoûtants, des guitares épaisses et un chant entêtant, ces nouveaux morceaux sont particulièrement immersifs (« High Priestess », « The Serpent I & II », « Battle Of Avalon », « Mountain Tamer »). Eclatant !
Retrouvez la chronique du premier album du groupe :
Sur une production terriblement organique et entièrement dirigée par le combo, OHMWORK propose avec « In Hindsight », l’un des albums les plus novateurs et intéressants en termes de Heavy Stoner Rock de cette année. La fusion à l’œuvre chez les trois musiciens est plus que palpable et donne lieu à un déferlement de puissance, de riffs épais et massifs soutenus par une paire basse/batterie renversante. Ajoutez à cela un frontman véritablement habité et l’ensemble se fait ensorceleur et ravageur.
OHMWORK
« In Hindsight »
(Rob Mules Records)
C’est toujours assez difficile de définir le style du power trio norvégien et ça fait plus de dix ans que ça dure, depuis son premier album « Storm Season ». Non pas qu’il faille à tout prix mettre une étiquette sur OHMWORK, mais préciser de quoi on parle n’est pas dépourvu d’intérêt, non plus. Alors pour faire simple, il s’agit de Stoner Rock avec une grosse dose d’un Metal lourd, efficace et mélodique et parfois même aux frontières du Doom. Autant dire que le groupe possède solides arguments.
Faisant suite à « Pareidolia » (2021), « In Hindsight » va plus loin dans l’expérimentation et notamment sur la texture des guitares, parfois même acoustiques. Très Heavy dans l’approche, OHMWORK repousse les limites de son Stoner en faisant cohabiter le Rock et le Metal avec beaucoup d’habileté. Accrocheurs, les morceaux sont rapidement immersifs et dégagent une incroyable énergie portée par la voix de son chanteur. Les Scandinaves vivent réellement leur musique, ce qui explique la grande proximité sonore.
Tout en progression, ce sixième opus montre une évolution constante au fil des titres, gravés dans une modernité musicale très audacieuse. Anders L. Rasmussen (guitare, chant, orgue), Heige Nyrud (basse) et Espen A. Solli (batterie) en appelle pourtant à des influences un brin Old School comme socle à des accélérations et des montées en puissance musclées (« 17 Years », « Turmoil », « Relentlessly Closer », « The Web », « Adrift » et ses sept minutes et le fracassant morceau-titre). OHMWORK sait où il va et ne prend aucun détour.
A l’instar d’un boxeur désireux de passer dans la catégorie supérieure, BIRDS OF NAZCA a pris du volume et affiche une colossale force de frappe. Sur un groove toujours aussi obsédant, le tandem avance dans un Heavy Stoner très solide et une saveur Psych dans laquelle le Doom s’invite avec puissance sur ce vivifiant « Héliolite ».
BIRDS OF NAZCA
« Héliolite »
(Independant)
Cela fait maintenant quatre ans que BIRDS OF NAZCA a pris son envol et se déploie sur la scène Stoner Heavy Psych hexagonale. Fort d’un très bon premier album éponyme sorti en 2020, le duo composé de Guillaume (guitare) et de Romu (batterie) est de retour, mais cette fois dans un format court, « Héliolite », dont les titres des morceaux ont un côté mystérieux alors que le son, quant à lui, n’a jamais été aussi massif.
A la première écoute, on pourrait se dire que les Nantais ont recruté un nouveau membre. Ce n’est pas le cas. A côté des deux amplis de guitares, BIRDS OF NAZCA en a simplement ajouté un troisième, mais de basse. Et la différence et l’impact sonore sautent directement aux oreilles. Tremblements et vibrations sont au rendez-vous et le binôme a clairement pris de l’épaisseur et se rapproche de plus en plus d’un Doom ravageur.
Toujours aussi complices, les deux musiciens semblent avoir pris beaucoup d’assurance car, passé l’intro, on plonge dans 20 minutes d’une sorte de jam enfumée, hyper-Rock et toujours instrumentale. « Inti Raymi » donne le ton, immédiatement suivi de « Spheniscus » qu’on avait pu découvrir lors d’un Live des ‘Smoky Van Sessions’. Puis, « Gucumatz », véritable pièce maîtresse de l’EP avec ses 9 minutes 34, vient diaboliquement clore cette nouvelle, mais bien trop courte, réalisation de BIRDS OF NAZCA.
Comme à son habitude, le label californien Ripple Music lâche une nouvelle bombe Stoner Rock, très Heavy et aux contours Desert, et elle nous vient cette fois d’outre-Manche. DUCKWOOD nous invite au dernier voyage de son cow-boy intersidéral avec « The Last Voyage », un deuxième album dont l’intensité à tout de celles des plus grands.
DUSKWOOD
« The Last Voyage »
(Ripple Music)
C’est en 2016 que les Britanniques ont pris leur envol avec « Desert Queen », un premier opus déjà très prometteur et surtout avec lequel il a entamé la saga épique d’un cow-boy de l’espace voyageant dans le temps. Tout un programme ! Ensuite, DUSKWOOD a sorti deux EP (« The Long Dark » et « The Lost Tales »), où il a pu peaufiner son style et se concentrer sur un registre à la fois massif, immersif et groovy.
Musicalement, le quatuor s’est construit un son bâti sur l’héritage de grands noms du Stoner/Desert (Kyuss, Clutch, QOTSA), mais il parvient avec beaucoup de finesse à se distinguer grâce à une touche très personnelle. Sur un véritable mur de guitares, DUSKWOOK déploie des morceaux explosifs et hyper-musclés, tout en conservant des mélodies accrocheuses et terriblement efficaces.
Jouant avec subtilité sur les atmosphères et la tessiture des guitares, les Anglais peuvent compter sur une rythmique lourde et parfaitement huilée. Entre Heavy Rock et climat aride, DUSKWOOD alimente ses puissants titres grâce, notamment, à Liam Tinsley, son frontman, qui livre une énorme prestation sur les dix titres (« Vagrant », « She Calls », « Iliad », « Deathproof » et le génial « Legacy »). Somptueux et entêtant !