Sans tirer la couverture à lui, le guitariste Lionel Wernert illumine ce nouvel album de LEE O’NELL BLUES GANG de ses riffs acérés et accrocheurs et de ses solos tout en finesse, avec son toucher délicat sur l’ensemble de « This Is Us ». Toujours à ses côtés, Gipsy Bacuet allie puissance et sensualité sur des textes sensibles qu’elle incarne parfaitement. Et dans une tradition Blues et très Rock aussi, le quintet impose son style entre nostalgie et modernité.
LEE O’NELL BLUES GANG
« This Is Us… »
(Independant)
Quel plaisir de voir la scène Blues et Blues Rock hexagonale se porter aussi bien ! Depuis quelques années maintenant, les artistes français semblent avoir enfin trouvé leur voie et surtout affirment sans retenue leur style en s’affranchissant de l’emprise américaine ou anglaise. Et LEE O’NELL BLUES GANG fait partie de ces groupes qui confirment, avec ce très bon « This Is Us… », cette bonne santé avec une énergie créative, originale et palpable avec un ton très personnel.
Après un premier opus, « Different Shades Of Love » sorti en septembre 2020, et donc bousculé et malmené par la pandémie, la chanteuse Gipsy Bacuet et le guitariste Lionel Wernert se sont aussitôt remis à l’ouvrage et ont composé pas moins de 14 morceaux qui constituent ce très inspiré « This Is Us… ». Rompu à l’expérience, LEE O’NELL BLUES GANG fait preuve d’audace et de feeling dans un registre bien à lui où le Blues et le Rock font cause commune en faisant bien plus que cohabiter.
Très fourni et tout en contraste, ce deuxième album regorge de vibrations positives perceptibles à travers un plaisir partagé. LEE O’NELL BLUES GANG affiche une maturité et une force envoûtante (« As If It Was Enough », « Kiss Me Again »). Au chant, Gipsy accueille même la choriste de Joe Bonamassa, Jade MacRae, sur « Just Need A Prayer », après un duo aux saveurs vintage avec Leadfoot Rivet sur « Let The Good Times Roll » sur lequel Fred Chapellier livre aussi un solo bien senti. Brillant.
Avec ce deuxième album, WIZZO entre dans la cour des grands de la plus belle des manières avec un Stoner Rock, où s’invitent Fuzz, groove et des progressions toujours un peu Metal, mais nettement plus mélodiques et travaillées qu’auparavant. Ce savant mélange, guidé par la voix hypnotique de son chanteur, montre que le quatuor de Chicago a effectué une grande remise en question qui se ressent sur ce « Most Severe Crisis » de haut vol.
WIZZO
« Most Severe Crisis »
(Independant)
Ce deuxième album du groupe de Chicago, Illinois, fait littéralement penser à une métamorphose de la part des Américains. Entièrement enregistré et produit chez et par son chanteur, guitariste et claviériste, Quentin Poynter, durant la pandémie, WIZZO a affiné son style et si son Stoner Rock a perdu en agressivité, et parfois en lourdeur, c’est au bénéfice de plus de mélodies et d’une maîtrise musicale et technique et « Most Severe Crisis » montre un tout autre visage.
Grâce à cette maturité atteinte, son leader, toujours soutenu par RB Green (guitare), Kyle Tuggle (basse) et Garry Naples (batterie), semble avoir libéré WIZZO qui vient se fondre dans les sphères et des sonorités très 90’s, qui reste l’une des dernières décennies les plus créatives. Cela dit, le quatuor n’a rien perdu de son tranchant et l’épaisseur des guitares et la rythmique massive vient sonner le rappel des troupes. Moins Metal qu’auparavant, c’est une direction plus Grunge à laquelle il nous invite.
Dès « Hollow Earth », la voix pénétrante de Quentin Poynter se fait aérienne sur les riffs alternant légèreté et impact massif. WIZZO est sûr de lui et cela s’entend (« Sacrificial Lamb », « Is What Is », « Wizzard’s Sleeve »). Les Américains en imposent tout en posant des atmosphères souvent délicates, servies par une production irréprochable (« Godless Interval », « End Is Nigh »). Difficile donc de ne pas se laisser happer par ce « Most Severe Crisis » enveloppant, mélodique et solide.
Apparu comme une véritable révélation avec son très bon premier album, THE NECROMANCERS devient aujourd’hui une formation incontournable sur la scène française et même au-delà. Avec « Where The Void Rose », le quatuor se présente avec un nouveau chanteur et surtout des morceaux tout aussi ténébreux que mélodiques. Techniquement impressionnant, le côté très accrocheur et captivant reste toujours le point fort du groupe.
THE NECROMANCERS
“Where The Void Rose”
(Independant/Season Of Mist)
Suite au départ de son chanteur, on aurait pu croire que la belle aventure de THE NECROMANCERS prendrait fin. Mais c’était sans compter sur la ténacité des Poitevins. Et le groupe n’a pas eu à chercher bien loin et a intronisé le frontman de Birdstone, excellent combo Stoner Blues également de Poitiers, qui assure également les guitares rythmiques. Un léger remaniement qui semble avoir apporté un souffle nouveau aux Français.
Rappelons tout de même que THE NECROMANCERS avait signé dès son premier album, « Servants Of The Salem Girl », chez l’instruction californienne Ripple Music en 2017. Et pourtant, le quatuor se présente aujourd’hui en indépendant et son Heavy Rock aux contours occultes et Stoner est plus solide que jamais. Dans des atmosphères également Doom et Metal, « Where The Void Rose » réserve bien des surprises.
Avec un tel troisième album, le groupe impose un son et une identité, qui ne manquent pas de fraîcheur et encore moins de puissance (« Sunken Huntress », « The Needle »). Assez progressif et toujours dark dans l’esprit, THE NECROMANCERS développe aussi quelques arrangements Psych et 70’s parfaitement mis en lumière grâce à une production irréprochable, aérée et massive (« Crimson Hour », « Orchard », « Over The Threshold »).
Trois ans et trois albums déjà pour UNITED GUITARS, un projet guitaristique qui prend du volume au fur et à mesure que ceux-ci s’empilent dans les discothèques des amoureux de la guitare. Et voici le troisième ! Loin d’être un album de spécialistes pour les spécialistes, le concept se veut plutôt une découverte de l’instrument sous toutes ses facettes et à travers des registres aussi vastes que la très belle pléiade de musiciens présents sur ce « Volume 3 », qui s’étend sur un beau double-album.
UNITED GUITARS
« Volume 3 »
(Mistiroux Productions)
Et de trois ! C’est déjà le troisième volet de l’aventure UNITED GUITARS débutée fin 2019 à l’initiative de la productrice Olivia Rivasseau (productrice) et Ludovic Egraz (guitariste et réalisateur) et qui a vu défiler le gratin des guitaristes français, mais pas seulement, et uniquement en instrumental et dans des styles très différents, voire opposés, qui vont du Rock au Metal en passant par le Progressif, le Jazz et le Blues notamment. Un large panel entièrement dédié à la six-cordes sous toutes ses sonorités.
Pour ce « Volume 3 », c’est toujours au cœur du Studio 180 dans le nord-est parisien que les musiciens se sont succédés pour donner corps et vie à ce nouveau double-album, entièrement dédié à la guitare dans toute sa diversité. Et comme d’habitude, la production est remarquable, car elle respecte avant tout les musiciens, leur jeu, leur toucher et leur son propre. Et c’est là l’une des forces d’UNITED GUITARS : regrouper au sein d’une même entité des artistes aussi distinctifs que talentueux.
On retrouve aussi quelques habitués présents sur les deux premiers volets comme Judge Fredd, NeoGeofanatic ou Yvan Guillevic, qui croise ici le fer avec le grand George Lynch sur « Surrounded By Darkness », tout comme Saturax qui accueille sur sa composition, « How Strong Is Your Shield ? », Popa Chubby pour un Blues endiablé. Mais que l’on ne s’y trompe pas, UNITED GUITARS n’a pas vraiment besoin de ‘stars’ pour briller. Les 34 guitaristes ne sont pas là par hasard, et au-delà d’une technique de haut vol, c’est le feeling qui l’emporte.
Toujours basé sur un modèle participatif, ce « Volume 3 » a remporté une nouvelle fois son pari et c’est donc avec plaisir que toute l’équipe, menée par un Ludovic Egraz très présent aussi musicalement, repartira pour un nouveau challenge à l’abordage d’un « Volume 4 », qui devrait encore réussir à surprendre et séduire. Et bien sûr, UNITED GUITARS et sa flopée de guitaristes ne serait pas grand-chose sans ses rythmiques basse/batterie toutes aussi virtuoses et qui mettent elles aussi en avant un groove incroyable.
Résolument tourné vers l’hexagone, le concept se dote une fois encore de quelques participations internationales et d’une belle touche féminine avec les présences de Chloé Rebeiro et de Tora Dahle Aagård. Sur le rythme d’une réalisation par an, UNITED GUITARS a déjà ouvert son Kiss Kiss Bank Bank pour le « Volume 4 » avec en jeu une immense tombola dotée de 46.000 euros de matos à gagner offert par les 50 marques partenaires (lien ci-dessous). Eclectique et créatif, ce « Volume 3 » prête donc à nouveau à l’évasion avec brio.
Yvan Guillevic, guitariste de HEART LINE et présent pour troisième fois sur UNITED GUITARS, sera encore de la partie sur le prochain et quatrième volet. Son interview accordée à Rock’n Force est à retrouver ci-dessous.
Et pour participer à l’aventure, un seul lien pour cette nouvelle campagne :
Les Danois de FEATHER MOUNTAIN soufflent le chaud et le froid sur leur deuxième album, « To Exit A Maelstrom », qui sort étonnamment en indépendant. Technique et véloce, le Metal Progressif du quatuor, teinté de Rock du même registre, se faufile brillamment à travers des atmosphères très variées d’où s’échappe une dualité artistique opposant complexité et légèreté.
FEATHER MOUNTAIN
« To Exit A Maelstrom »
(Independant)
En explorant des thèmes comme la maladie ou la perte d’un être cher, FEATHER MOUNTAIN n’a pas choisi le chemin le plus facile. Et pourtant, c’est la paix de l’esprit et un horizon d’espoir et de réconfort que vise le groupe. Et c’est réussi. A l’écoute de ce deuxième album, « To Exit A Maelstrom », qui succède à « Nidus » sorti il y a trois ans, le quatuor touche vraiment au but, grâce à des morceaux très travaillés et fournis.
Sur une production limpide et lumineuse signée Johan Emanuel Jørgensen, les Danois trouvent un bel équilibre entre un Metal Progressif lourd et massif et des envolées plus Rock propres à l’évasion. FEATHER MOUNTAIN développe des sujets existentiels à base de métaphores et de symboliques, ce qui donne une touche très particulière et tout en contraste à sa musique.
Très technique, les Scandinaves s’engouffrent dans des méandres très progressifs en alternant des titres très nerveux et féroces avec des ambiances plus légères, mais également saisissantes et envoûtantes (« August Mantra », « Pariah », « Cloud-Headed », « Bliss », et le génial « Maelstrom »). FEATHER MOUNTAIN séduit grâce à une approche très créative et une maîtrise qui lui ouvre tous les champs du possible.
Pour son premier album, le quatuor belge GALLIA fait très fort. Réalisé en indépendant, « Obscura » est autoproduit et montre un groupe inspiré, sûr de son fait et arborant un style aussi riche que dynamique. Très Heavy et Symphonique, le Cinematic Metal du combo régale grâce un son massif et des arrangements particulièrement soignés.
GALLIA
« Obscura »
(Independant)
Après une mise en jambe avec l’EP « Everflamme » il y a trois ans, le quatuor sort son premier album qu’il a pu peaufiner depuis sa Belgique natale. Fondé en 2014, c’est surtout l’année suivante avec l’arrivée de sa chanteuse Elyn que GALLIA trouve sa voix et aussi sa voie avec un style qui passe du Power Metal au Symphonique pour aujourd’hui se faire cinématique.
Certes, les influences de Nightwish et Epica notamment sont évidentes, mais le groupe a su y insuffler un aspect Dark Fantasy très personnel. Avec un goût prononcé pour la narration musicale basée sur un concept et un récit original, GALLIA nous guide dans « Obscura » avec talent. Sans trop de noirceur pourtant, les Belges se font même très théâtraux avec un opus plein de relief.
Cristallin et puissant, le chant de la frontwoman apporte une réelle variété dans l’approche des morceaux entre alternant, avec beaucoup de proximité, douceur et rage (« Blackout Queen », « Mirage »). Très Heavy, les riffs offrent un côté incisif bienvenu, tout comme l’explosive rythmique. Forcément épique et homérique, GALLIA reste mélodique et envoûtant (« Reflection », « Path Of The Nomad », « Spirit Of The Sea »). Une vraie réussite !
Raconter une histoire sur fond de Metal Progressif instrumental est le pari un peu fou et surtout la démarche entreprise avec talent par ETRANGE. Le duo français met toute son inspiration et sa technicité sur un deuxième album, « Enigme », dont les contrastes sont saisissants et le relief étonnant. Le voyage dans l’espace suit son cours.
ETRANGE
« Enigme »
(Independant)
Alors que le site n’existait pas encore, je me souviens très bien avoir écrit quelques lignes sur la page Rock’n Force du réseau social bleu en 2019 lors de la sortie du premier album éponyme d’ETRANGE. L’occasion était donc trop belle pour m’y replonger avant d’écouter le petit dernier, « Enigme », qui se présente comme une belle suite.
Fondé en 2017, le duo instrumental français est le fruit du travail en commun de Velhon (claviers, programmations, mix/master) et de Deadale (guitares, basse, illustrations), qui sont parvenus à créer un univers très personnel à travers une musique qui l’est tout autant. ETRANGE évolue dans un Metal progressif Cinématique très immersif et vigoureux.
Sur des morceaux assez longs allant de sept à près de dix minutes, « Enigme » propose un voyage spatial tout en mouvement en parcourant un large spectre Metal. ETRANGE pose un décor de science-fiction sur fond de Heavy et de Progressif avec des fulgurances extrêmes, qui offrent des atmosphères aux aspects originaux et très travaillés. Une belle réalisation.
Avec son deuxième album, SYRYN lâche une petite bombe. Combinant Thrash, Heavy et Power Metal, les Canadiens n’y vont pas par quatre chemins et présentent des titres efficaces et musclés avec un sens de la mélodie très aiguisé. Porté par une frontwoman capable de toutes les émotions, « Heads Or Tails » est un album complet et affûté.
SYRYN
« Heads Or Tails »
(Independant)
Deux ans après son premier album, « Beyond The Depths », le groupe de Calgary a consolidé son style et se présente avec le solide « Heads Of Tails ». Entre Thrash, Power Metal et avec un léger soupçon symphonique, SYRYN navigue dans des eaux troubles d’où émane une puissance ravageuse. Le quintet y développe une thématique basée sur le voyage d’une sirène (forcément !) pour y dépeindre avec force les émotions de notre quotidien.
Menés par leur frontwoman Sloan Voxx, dont la performance est féroce et mélodique, les Canadiens maîtrisent de main de maître ce « Heads Or Tails » aux multiples ambiances, aux fulgurances parfois extrêmes et aux refrains accrocheurs. Les riffs et les solos des deux guitaristes de SYRYN multiplient les atmosphères avec autant de lumière que d’aspects sombres et ténébreux. Une dualité imparable.
Intense et racé, le quintet accueille également la chanteuse Amanda Kiernan (ex-The Order Of Chaos, ex-into Eternity) sur « Succulus Queen » et Craig Carswell (Dorians Mirror, Court Of Cardinals) sur « Fistfull Of Daggers ». D’ailleurs sur ce dernier titre, la bassiste Lyxx Rose et le batteur Bryan Campbell sont d’une explosivité sans concession. SYRYN livre un deuxième opus en forme de tempête décibélique.
Aux frontières du Heavy Metal et du Metal Progressif, STRYFE évolue dans un Modern Metal racé, mélodique et très percutant. Malgré le soleil de la Californie, le quatuor développe un style assez dark dans un registre très technique et massif avec une aisance toute naturelle. A coup sûr, « Cursed Theatre » ne fera pas seulement trembler Los Angeles !
STRYFE
« Cursed Theatre »
(Independant)
Originaire de la cité des anges, STRYFE sort son premier album en indépendant, et la première question que l’on peut se poser est de savoir comment un groupe d’un tel niveau ne soit pas encore signé. La production est irréprochable, le son massif et la qualité des morceaux ne laissent rien au hasard. Le quatuor californien livre là un disque qui rivalise avec n’importe quelle réalisation actuelle.
Par ailleurs, bien malin celui (ou celle bien sûr !) qui pourra définir au plus près le style de STRYFE. Si les Américains évoluent dans un Modern Metal très pêchu, ils n’hésitent pas à brouiller les pistes, ou plutôt à enrichir leur jeu, de sonorités Hard Rock, Heavy Metal et progressives. Un bel alliage qui donne à « Cursed Theatre » une saveur très particulière et un configuration assez unique.
Sombre et puissant, STRYFE joue sur l’incroyable voix de son chanteur et le travail très pointu de son guitariste. Et la rythmique n’est pas en reste. Très technique, le combo se meut souvent dans un Metal Progressif tout en insistant sur des mélodies très inspirées (« Deception », « Duplicitous », « Fake », « Born Again », « Highlands »). Avec un tel album, on devrait très rapidement entendre parler du quatuor.
Unis à la ville comme à la scène, Suzy Starlite et Simon Campbell se sont presque naturellement trouvés pour donner naissance à un Blues Rock riche, varié et terriblement envoûtant. Parcourant avec une grande facilité de nombreux courants en imposant un style bien à lui, le STARLITE CAMPBELL BAND livre son premier album live, où l’on prend la pleine mesure du talent de la bassiste-chanteuse et de son mari guitariste-chanteur. Entretien avec un duo dont les yeux ne cessent de pétiller.
Photo : Paul Husband
– Avant de parler de ce très bon album, j’aimerais que vous nous parliez de votre rencontre aussi musicale que sentimentale en 2012. Le groupe est le fruit d’une très belle connexion à tous les niveaux… Musicalement et techniquement, STARLITE CAMPBELL BAND affiche une belle créativité et une expérience évidente. Quel a été votre parcours respectif avant de fonder le groupe ?
Simon : J’ai commencé à jouer de la guitare à 16 ans et j’ai passé la majeure partie de ma vie immergé dans la musique, une passion qui m’a donné une riche expérience à travers les décennies, les pays et les genres. C’est à 18 ans et je me suis intéressé à l’enregistrement et à la production en travaillant comme guitariste de session et j’adorais être des deux côtés de la barrière. Les personnes, avec lesquelles j’ai appris, ont toutes été formées dans les années 50 et 60, ce qui m’a donné un excellent aperçu de la meilleure façon d’enregistrer de manière vraiment analogique.
J’ai toujours écrit ma propre musique et après les groupes ‘Whitefire‘ et ‘Roadrunner‘, j’ai signé un important contrat d’enregistrement avec Line Records (Polydor Allemagne) en 1989 avec mon groupe ‘Little Brother‘.
Suzy et moi sommes nés au Royaume-Uni. Je suis né à Radcliffe, au nord de Manchester et Suzy à Ross-on-Wye, au centre de l’Angleterre, près de la frontière galloise. Nous avions tous les deux déménagé sur l’île de Man indépendamment et j’ai rencontré Suzy pour la première fois en 2011 par l’intermédiaire d’un ami qui m’a parlé de sa merveilleuse écriture. Puis, Starlite a organisé l’événement de lancement de mon premier album solo « ThirtySix » au Centenary Centre.
Peu de temps après, j’ai monté un groupe de quatre musiciens avec Suzy au chant et à la guitare acoustique appelé ‘Starlite’. Je suis devenu le guitariste électrique du groupe et, collectivement, nous avons apporté une touche plus Rock à la musique. Mettant en avant nos propres chansons originales, le quatuor a écumé le circuit live qui comprenait un ensemble dynamique jusqu’au Mannifest, le plus grand festival en plein air de trois jours de l’île.
Suzy : J’avais étudié les médias et la performance à l’université de Salford et j’avais été avec mes propres groupes, ‘Megiddo’ et ‘Trade’, en tournée dans le circuit Folk et Indie britannique dans les années 90. Quand j’ai commencé à travailler avec Simon, nous étions tellement connectés à tellement de niveaux que nous avons finis par tomber amoureux accidentellement sur scène. Après une romance musicale éclair, nous avons décidé de quitter l’île de Man et de commencer une toute nouvelle vie ensemble. Nous avons donc déménagé en France en 2014 avec Hummock, la bête poilue de Simon, un labrador.
Ce fut une période incroyablement belle et romantique entourée de champs de vignes, dégustant la merveilleuse cuisine française et des vins de classe mondiale. Nous avons commencé à écrire des chansons ensemble, ce qui a vu naître le projet de danse synthétique « Electrolite » dans les années 80 avec le claviériste analogique Mark Cleator. L’EP de trois titres est sorti sur un vinyle 180g 12″ en édition limitée et plus tard, il a été signé chez Ninth Wave Records à New-York, aux États-Unis.
Après sept mois dans la campagne française, nous sommes ensuite partis à la recherche de climats plus chauds et d’une expérience culturelle différente à Valence, en Espagne. Cette année-là a également changé notre vie à bien des égards : nous nous sommes mariés sur les rives du Loch Fyne à Inveraray, en Écosse, et je suis devenu complètement accro à la basse.
Ce n’est que fin 2016 que nous avons décidé de former le STARLITE CAMPBELL BAND et co-écrit notre premier album « Blueberry Pie » en seulement deux semaines.
Photo : Peter Putters
– Vous avez deux albums à votre actif. Vous êtes tous les deux le socle du groupe avec plusieurs musiciens qui gravitent autour de vous. De quelle manière se passe le processus d’écriture ? Vous travaillez tous ensemble, ou est-ce que vous partagez vos idées après avoir composé chacun de votre côté ?
Simon : Suzy et moi écrivons toutes les chansons du groupe et avons la chance de travailler avec de fabuleux musiciens de session. Parfois, nous écrivons indépendamment et d’autres fois ensemble, cela change tout le temps. Ce qui nous intéresse le plus, c’est l’art et le processus d’écriture des chansons et de répondre aux besoins de celle-ci, afin qu’il n’y ait pas d’ego impliqué. Nous avons un plaisir compétitif très léger.
Suzy : Comme nous faisons tout nous-mêmes, depuis l’écriture, le jeu, l’enregistrement, la production, le marketing, les relations publiques ou la démarche pour caler les concerts, nous avons tendance à réserver du temps pour l’écriture. Nous sommes actuellement dans l’un de ces cycles et travaillons sur de nouvelles compositions pour élargir l’étendue de notre palette musicale et d’écriture.
– Vous êtes originaires de l’île de Man et pourtant votre Blues ne sonne pas totalement anglais. Il y a beaucoup d’influences diverses et notamment américaines. Habituellement, le British Blues est très identifiable et même souvent revendiqué. C’est un choix délibéré ou c’est dû à la variété de votre culture musicale à tous les deux ?
Notre écriture est basée sur des influences musicales de nombreux pays. Bien sûr, les États-Unis sont le berceau du Blues, du Jazz et de la Country, qui influencent la plupart des musiques occidentales. Nous accordons beaucoup d’attention à la musique folklorique de différents pays, en particulier l’Afrique, le Royaume-Uni, l’Europe et bien sûr la péninsule ibérique où nous vivons maintenant ! Par essence, le ‘son’ de notre musique est basé sur une esthétique de jeu, d’enregistrement et de production très britannique.
Photo : Paul Husband
– Un petit mot aussi sur les musiciens qui vous accompagnent. Ce sont les mêmes en studio et sur scène, car il y a un esprit jam prédominant dans votre jeu et plus largement dans votre style ? Et pour cela, il faut une grande complicité…
Simon : Une excellente section rythmique est essentielle dans chaque groupe et notre batteur de prédilection pour le STARLITE CAMPBELL BAND est Steve Gibson, qui est basé dans le sud de Manchester. Combiné avec Suzy à la basse, je peux honnêtement dire que c’est la meilleure section rythmique avec laquelle j’ai jamais joué, à la fois en live et en studio.
Cette solide rythmique derrière nous permet d’intégrer une variété de claviéristes live au fil des ans, notamment Jamie Pipe (Martin Barre, Danny Bryant), Jonny Henderson (Matt Scofield, Kirk Fletcher), Christian Madden (Liam Gallagher Band), Gabriele del Vecchio (Los Perros del Boogie) et Josh Phillips (Procol Harum).
Suzy : Oui, on s’amuse !!! La beauté de travailler avec ces musiciens de classe mondiale est la liberté d’improviser, de changer les choses et de s’amuser avec le public, ainsi que quelques sympathiques duels guitare/clavier. Il n’y a jamais deux concerts identiques !
En studio avec le STARLITE CAMPBELL BAND, nous avons utilisé exclusivement Henderson et del Vecchio, mais Madden et Dave Formula (Magazine & Visage) sont apparus sur les deux premiers disques solos de Simon.
– D’ailleurs, vous êtes basés au Portugal. Cela ne complique pas trop les choses pour fixer le groupe, échanger entre musiciens ou partager vos idées ? Ou alors, vous soumettez vos morceaux aux autres membres du groupe une fois les chansons écrites ?
Simon : Cela entraîne certaines complications, ce qui était évident pendant la pandémie, alors que nous essayons d’enregistrer tous ensemble. Suzy et moi avons une bonne idée du tempo et de la sensation de base de la batterie, lorsque nous arrangeons les morceaux sur nos postes de travail audio numériques, à savoir Pro Tools et Ableton Live.
Suzy : La section rythmique et la guitare de base sont posées en même temps, alors nous emmenons Steve pour passer une semaine environ à travailler sur les chansons et à trouver juste le groove, puis à jouer ensuite les pistes. Il est très rapide et précis, nous avons donc le temps de nous amuser!
Simon : À moins que ce ne soit une partie très rythmée, les claviers ont tendance à être des overdubs et sur notre dernier album « The Language of Curiosity », nous avons réussi à suivre Jonny aux Rockfield Studios (l’endroit où « Bohemian Rhapsody » et bien d’autres grands succès ont été créés), qui est situé à Monmouth, au Pays de Galles et à seulement quelques kilomètres de la ville natale de Suzy. Encore une fois, j’ai tendance à avoir une idée de ce que nous voulons, et lorsque le bouton d’enregistrement passe au rouge, le véritable professionnalisme et l’art transparaissent !
Photo : Ken Jackson
– Parlons de ce troisième album qui est un enregistrement live. Sortir un disque comme celui-là après seulement deux réalisations en studio est assez rare. C’est une manière de dire que STARLITE CAMPBELL BAND est avant tout un groupe de scène ?
Suzy : Le projet STARLITE CAMPBELL BAND est aussi à l’aise en studio que sur la scène d’un festival. En tant qu’artistes, Simon et moi sommes curieux, posant constamment des questions et explorant de nouveaux sons, idées et pensées en studio. En ce sens, nous voulions vraiment capturer la spontanéité d’une performance live comme celle d’un ‘polaroid musical’ avant de passer à notre prochain projet d’album.
Simon : L’album contient des morceaux de mon catalogue solo que nous avons présentés en live. Ce sont des interprétations totalement différentes des originaux et très STARLITE CAMPBELL ! Je pense qu’ici, nous voulions présenter à notre public, qui n’a peut-être jamais vu le groupe sur scène, la façon dont nous réinterprétons et ajoutons de l’énergie et de l’improvisation aux morceaux dans cette configuration live.
– Vous l’avez enregistré en Angleterre entre Met, Bury et The Grange Theatre. Là encore, c’est surprenant. Pourquoi ne pas avoir gardé une seule et unique soirée sur le disque ? En dehors de ne vouloir garder que le meilleur, bien sûr…
Suzy : La plupart des albums live sont compilés à partir d’une série de soirées au même endroit, tout comme l’ultime enregistrement live « Made In Japan » de Deep Purple. Tous nos enregistrements ont été réalisés dans le cadre de différentes tournées à des moments différents où nous avons joué dans les salles un soir. Nous avons donc sélectionné les morceaux qui fonctionnent vraiment pour notre album lors de trois soirées différentes.
– Outre la qualité de jeu au niveau guitare, le groove incroyable de Suzy à la basse et le chant que vous partagez, il y a également une belle mise en lumière des claviers et plus particulièrement de l’orgue Hammond. D’ailleurs, il y a trois claviéristes sur l’album. Comment cela se fait-il ?
Simon : Merci pour le compliment ! Comme nous en avons discuté dans la question précédente, les enregistrements ont été réalisés au cours de tournées différentes mettant en vedette différents claviéristes. Chacun a un style unique. C’est comme cuisiner le même plat, mais en variant l’un des ingrédients !
– Enfin, j’aimerais que vous nous disiez un mot sur votre reprise du standard de Procol Harum, « A Whiter Shade Of Pale », qui clôt l’album. Il y a la rencontre avec Josh Phillips qui vous avait rejoint sur scène, c’est ça ?
Suzy : Josh avait un créneau dans le planning de tournée de Procol Harum, ce qui nous a donné l’opportunité de travailler ensemble et de jouer des concerts complets lors d’une tournée au Royaume-Uni. Nous avons passé quelques jours à répéter le set du STARLITE CAMPBELL BAND dans son studio dans le sud de l’Angleterre, ce qui était très amusant ! « A Whiter Shade Of Pale » résonne avec Simon car c’est le deuxième single qu’il a acheté et c’était presque un devoir de le jouer pour clôturer les spectacles. Un beau et poignant moment pour nous tous !
L’album Live de STARLITE CAMPBELL BAND est disponible depuis le 22 juillet sur le site du groupe :