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Saturday Night Satan : dark feelings [Interview]

Façonné autour de la chanteuse Kate Soulthorn et du multi-instrumentiste et compositeur Jim Kotsis, SATURDAY NIGHT SATAN est apparu il y a peu sur la scène athénienne et entend bien s’étendre au-delà. Entre Rock et Metal et dans une thématique occulte pleine d’ésotérisme, le duo joue sur le contraste entre des ambiances volontairement vintage et des compos très actuelles. Et en ce sens, « All Things Black » est un premier album aussi surprenant que très réussi. Entrainant et mélodique, l’équilibre est trouvé, ce qui a récemment poussé les Grecs à investir la scène. Entretien avec le guitariste et bassiste Jim Kotsis.

Photo : Petros Poulopoulos

– Votre premier album, « All Things Black », est sorti récemment. Il est le fait de ta collaboration avec Kate Soulthorn, la chanteuse. De quand date le début du projet et quel a été le déclencheur pour vous deux ?

Par une charmante nuit de printemps, au milieu de la quarantaine pandémique du Covid-19, j’ai commencé à réfléchir à un projet de Rock Occult. Le nom et l’idée du groupe me hantaient déjà, mais je n’avais jamais réussi à le concrétiser. Et malgré quelques tentatives infructueuses, je n’avais pas abandonné. Kate avait mentionné à plusieurs reprises vouloir faire de la musique ensemble et ce soir-là, j’ai finalement eu le déclic. Il fallait le faire tous les deux. Elle est devenue ma muse et moi, son mentor. Ensemble, nous avons combiné nos efforts et nos âmes et ainsi, SATURDAY NIGHT SATAN est né !

– Au départ, SATURDAY NIGHT SATAN devait rester un projet studio, a priori sans concert, ce qui aurait d’ailleurs été dommage. Qu’est-ce qui vous a poussé à aller de l’avant, à changer vos objectifs et à en faire un groupe à part entière ?

Eh bien, il y a un dicton qui dit quelque chose comme ‘l’appétit vient en mangeant’. Riff après riff, chanson après chanson et avec Kate poussant dans la même direction, j’ai commencé à y réfléchir sérieusement. Et puis, j’ai eu l’occasion de faire écouter le disque avant sa sortie à quelques personnes clés de la scène locale. Ainsi, juste après la sortie des deux premiers singles, les premières offres de concerts ont commencé à arriver. Cela nous a semblé être l’occasion idéale de partager notre musique. Alors, nous avons pris notre courage à deux mains pour contacter des amis et des musiciens talentueux pour former le groupe. Le reste appartient à l’histoire.

Photo : Petros Poulopoulos

– D’ailleurs, parlons de « All Things Black », qui est très bien produit et qui bénéficie aussi d’un son très organique. Dans quelles conditions a-t-il été réalisé, car les arrangements notamment sont très soignés ?

Nous avons composé les chansons et écrit les paroles avec tout notre cœur. Kate a contribué aux mélodies vocales, parfois avant, parfois après la mise en place des riffs de guitare et des structures des chansons. Ensuite, je me suis occupé des arrangements et des structures. A ce moment-là, j’ai pris ce qui s’est avéré être la meilleure décision : confier à mon ami de longue date et membre du groupe ‘Black Soul Horde’, John Tsiakopoulos, les tâches de production, de prises de son et de mixage de l’album. Après quelques discussions et quelques expérimentations, nous avons obtenu le son souhaité sur tous les instruments. Le processus d’enregistrement a ensuite suivi un cheminement classique. Une fois que John a eu fini de mixer (et il a fait un excellent travail), nous avons confié l’album au plus haut niveau c’est-à-dire à Brian Lucey, qui a également masterisé « Meliora » de Ghost, entre autres. Son travail terminé, nous savions que nous avions réussi à donner vie à notre vision de départ. Pour moi, c’est une réussite à 100% et j’espère que d’autres l’apprécieront aussi.

– Musicalement, SATURDAY NIGHT SATAN penche un peu plus sur le Metal, en conservant un côté très Rock et il traverse plusieurs décennies dans les influences comme dans les sonorités. Ce sont autant de mouvances qui ont forgé votre identité artistique, puisqu’on y perçoit des choses très 70’s et d’autres plus actuelles ?

Je crois que cela résume bien l’essence de notre son. Tu peux y trouver des influences vintage, mais tout est filtré à travers un prisme moderne, lui donnant une ambiance fraîche et pertinente. Personnellement, et je pense pouvoir parler au nom de Kate à ce sujet, j’apprécie la musique de toutes les décennies et de tous les genres. Bien que je sois un fan de Heavy Metal, j’aime également Blue Öyster Cult, Megadeth, Rush, Darkthrone et John Carpenter. Après tout, que serait la vie sans diversité ?

Photo : Petros Poulopoulos

– Justement, on assiste depuis quelques temps déjà à une vague vintage avec des groupes comme Lucifer notamment, qui partage aussi votre univers. Vous vous reconnaissez dans ce mouvement, et comment expliquez-vous ce regard musical vers les groupes pionniers ?

Je peux bien sûr identifier notre esthétique au sein de ce mouvement. Il est évident que des groupes comme Lucifer, Jess And the Ancient Ones, The Devil’s Blood, In Solitude et des pionniers plus anciens comme Arthur Brown, Coven et Black Widow ont grandement influencé la création de SATURDAY NIGHT SATAN. Cependant, je nous considère bien plus qu’un simple groupe de Rock/Metal occulte. Alors que les gens sont attirés par les groupes de cette scène spécifique en raison de leur esthétique et de leur appréciation croissante pour les vibrations vintage, je pense que le groupe va devoir évoluer. Nous devons explorer de nouvelles directions, permettre à des influences plus diverses de façonner notre son et nous forger notre propre identité. Je ne pense pas que le monde ait besoin d’un autre clone de Black Sabbath. Je veux que nous transcendions cela pour devenir quelque chose de plus fort dans le futur.

– Vous évoluez dans un univers occulte, qu’il soit Metal ou Rock, on l’a dit. D’où tirez-vous vos inspirations ? Plutôt dans ce qu’il y a de plus moderne comme le cinéma ou la littérature ? Car on sait aussi que la Grèce est une terre de légendes, qui peut apporter beaucoup d’influences dans le domaine…  

Lorsque tu arrives sur des sites comme Delphes, l’Achéron, l’ancienne Épidaure ou même le Parthénon, c’est évident que la Grèce était autrefois une terre de grandeur et d’ésotérisme profond. Ces lieux dégagent une énorme quantité d’énergie, qui inspire notre esthétique et notre façon de penser depuis des années. Naturellement, nous sommes fans de littérature occulte et aficionados de cinéma d’horreur. La fusion de ces influences, combinée à des années d’écoute des pionniers du proto-Metal, a façonné ce que nous sommes. Si on plonge dans notre passé, il n’est pas surprenant que nous ayons finalement créé SATURDAY NIGHT SATAN.

Photo : Petros Poulopoulos

– Revenons à l’album, où ce sont vraiment le chant et les guitares qui prédominent. Il y a d’ailleurs un énorme travail sur ces dernières. C’est ce qui a servi de base pour les morceaux, car le nombre de riffs est incroyable et les solos ne sont pas en reste, non plus ?

Je crois fermement en une musique axée sur les riffs plutôt que sur le chant, mais dans ce projet, nous visions à mélanger les deux éléments. Et je pense que nous avons atteint cet objectif. Ce qui est intéressant aussi, c’est que je joue habituellement de la basse, mais pour cet album, j’ai assumé pour la première fois des fonctions de guitariste pour m’assurer que le son correspondait à ma vision. En ce qui concerne les solos, je ne me sentais pas à la hauteur de la tâche, alors j’ai demandé l’aide de mon ami et talentueux musicien et producteur, Akis Pastras (connu pour son travail avec Dexter Ward, Nightfall et en tant qu’ancien membre de On Thorns I Lay, entre autres). Et sa contribution est phénoménale ! Je suis vraiment satisfait du travail et du son de la guitare, même si je reconnais que je n’ai jamais été, ne suis pas et ne serai jamais un grand guitariste, car cela exige un ensemble de compétences spécifiques qui me manque.

– Un mot aussi sur le chant de Kate, qui est réellement envoûtant et parfaitement mis en avant. Si on reconnait aisément certaines références, il est pourtant très personnel. Est-ce que les parties musicales ont été adaptées à ses lignes vocales, ou c’est plutôt l’inverse qui s’est produit en l’incitant à s’adapter à des mélodies préexistantes ?

Kate s’est souvent plainte que certaines chansons ne convenaient pas à sa voix. Alors, à plusieurs occasions, je lui ai permis de commencer avec la mélodie qu’elle souhaitait, puis j’ai construit la chanson autour. Certaines comme « All Things Black » et « Of Love And The Void », ont été créées de cette façon. Je pense que Kate a vraiment amélioré son chant sur cet album et cela l’a aidée à trouver son propre style. Elle a été beaucoup influencée par la musique des années 90, ce qui est logique puisqu’elle a grandi à cette époque. On pourrait peut-être penser que cela aurait été difficile pour elle de s’intégrer, mais en réalité, cela fonctionne très bien. J’en suis heureux et surtout qu’elle ne soit pas simplement une autre ‘voix féminine rock’ de plus. Elle a vraiment quelque chose de spécial.

Photo : Petros Poulopoulos

– A l’écoute de « All Things Black », il n’est pas compliqué de deviner que vous êtes tous les deux des musiciens chevronnés, d’ailleurs issus de l’underground d’Athènes. Jim, tu joues avec le groupe Black Soul Horde, et qu’en est-il de Kate ? Et est-ce que SATURDAY NIGHT SATAN est pour vous deux l’occasion de faire vraiment ce que vous aimez, sans peut-être les contraintes d’un collectif plus important ?

C’est exactement ça et je suis ravi que tu l’aies perçu ! Ce groupe nous donne à tous les deux une grande liberté de création. Nous faisons ce que nous voulons, quand nous voulons. C’est quelque chose qu’on ne peut pas toujours réaliser dans un groupe de quatre ou cinq musiciens. Cependant, nous ne sommes pas de grands fans du concept ‘musicien de session’ pour autant. Nous voulons que toutes les personnes y voient une forme d’expression. Après toutes ces années, nous commençons enfin à trouver un équilibre dans ce processus. Kate a travaillé avec des groupes de reprises toute sa vie et a récemment dirigé un groupe de d’Alternative Rock. Personnellement, je suis actif sur la scène underground locale depuis environ 20 ans. Cela n’a pas toujours été facile, mais cela m’a donné l’expérience dont j’avais besoin pour faire partie d’un projet musical mature comme SATURDAY NIGHT SATAN. Pour l’instant, je suis vraiment content de là où nous en sommes et j’espère que cela continuera ainsi à l’avenir.

– Enfin, j’aimerais que l’on parle de la scène, puisque vous avez franchi le pas. Finalement, SATURDAY NIGHT SATAN doit prendre toute sur ampleur en concert, non ? L’idée d’un simple projet studio doit vous paraître bien lointaine aujourd’hui ? Et qui vous accompagne en live et constitue le reste du groupe ?

Eh bien, il y a beaucoup de gens qui nous disent que nous sonnons mieux sur scène que sur disque. Mais pour moi, le plus difficile est d’essayer de ressembler à l’album. Si beaucoup de personnes qui viennent à nos concerts ont écouté l’album, il faut qu’on réponde à leurs attentes, non ? Je ne dirais pas que le concept de projet de studio semble lointain. Je crois que c’est une situation qui change constamment, et à mesure que les conditions changent, notre opinion à ce sujet peut également changer. Mais pour l’instant, je souhaite que nous fassions beaucoup de concerts et que nous diffusions notre musique le plus possible. C’est notre objectif aujourd’hui ! Actuellement, notre groupe live comprend le batteur Marios Ioannou (qui joue également de la batterie sur l’album), le guitariste Fotis Karaoglanis (qui a participé à certains projets avec moi par le passé), le guitariste Spyros Georgantas (également dans l’incroyable groupe The Vulcan Itch) et le claviériste Theo Foinidis, qui est toujours occupé avec de nombreux projets, mais qui est aussi la personne la plus calme du groupe. Nous sommes plus qu’heureux d’avoir ces gens extraordinaires à nos côtés !

L’album de SATURDAY NIGHT SATAN, « All Things Black », est disponible chez Made of Stone Recordings.

Retrouvez aussi la chronique du disque :

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Dark Metal Occult Rock

Saturday Night Satan : occult fever

Entre mystère, sorcellerie et ésotérisme, « All Things Black » ouvre les voies à SATURDAY NIGHT SATAN dans une atmosphère, qui n’est pourtant pas aussi sinistre qu’il n’y paraît. Mené par une frontwoman qui joue sur les contrastes avec une belle assurance et beaucoup de talent, cette nouvelle formation hellène est à la fois un brin vintage dans l’esprit et très actuel dans l’écriture. Metal et Rock, aérien et lourd, le disque des deux architectes à l’œuvre propose une obsédante fusion mélodique, subtile et solide.  

SATURDAY NIGHT SATAN

« All Things Black »

(Made of Stone Recordings)

Issu de l’underground athénien, SATURDAY NIGHT SATAN est la rencontre et le fruit du travail d’un duo, qui vient montrer avec « All Things Black » que le Dark Metal de son pays ne manque toujours pas d’imagination et qu’il est bel et bien vivace. Kate Soulthorn (chant) et Jim Kotsis (guitare, basse, chœurs) livrent un premier effort très abouti, bien produit et surtout d’une richesse assez étonnante. Outre les différentes époques passées en revue, les courants Metal, Rock et Hard Rock se fondent brillamment dans un même et seul élan créatif et homogène.

Le duo, qui est complété par un groupe en live, s’était au départ lancé dans ce qui devait rester un projet studio, mais il faut croire que l’avancée de la composition les a fait changer d’avis. Et c’est une très bonne chose ! Le multi-instrumentiste (également membre du groupe de Heavy Metal ‘Black Soul Horde’) et sa chanteuse s’inscrivent dans une mouvance Rock Occult en s’appropriant les codes du cinéma d’horreur et de sa sombre imagerie. Frissons de plaisir garantis avec SATURDAY NIGHT SATAN, dont le spectre musical s’étend aussi à travers le temps dans ses références.

S’appuyant sur les décennies allant des 70’s aux 90’s pour l’essentiel, les Grecques n’en sont pas moins modernes dans leur approche. Certes, la voix féminine n’est pas sans rappeler Lucifer, mais le groupe possède bien d’autres atouts. Nourri de quelques claviers, de sonorités psychédéliques, de thérémine (« Witch’s Dance ») et même de flûte sur l’excellent « Of Love And The Void » qui clôt l’album, SATURDAY NIGHT SATAN provoque la fièvre par des incantations dynamiques et accrocheuses (« 5AM », « Devil In Disguise », « Lurking In The Shadows » « Crown Of Arrogance » et le morceau-titre). Belle première !  

Photo : Petros Poulopoulos
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Alternative Metal Dark Metal Metal Progressif Post-Metal

Final Coil : l’obscurité du monde

C’est du côté de Leicester en Angleterre que FINAL COIL élabore une trilogie depuis sept ans maintenant. Et c’est de main de maître qu’il a mené son projet à bien. Entre Metal, Prog et des climats très subtils, captivants et assez Cold, le spectre musical du trio touche à son apogée sur « The World We Inherited », dont la réalisation et le travail sur les arrangements sont remarquables. Avec sa vision très panoramique, l’ensemble est très technique et superbement structuré.

FINAL COIL

« The World We Inherited »

(Sliptrick Records)

Entamée avec « Persistence Of Memory » en 2017, suivi lʼannée suivante par « The World We Left Behind », FINAL COIL clot sa trilogie magistralement avec « The World We Inherited ». Toujours aussi immersif, le style des Anglais s’affine encore un peu plus, devient aussi plus personnel, tout en restant dans ce post-Metal Progressif et souvent alternatif, qui le caractérise. Très bien réalisé, ce nouvel opus joue autant sur les atmosphères que sur des mélodies accrocheuses extraites d’un univers très Dark.

Si les Britanniques donnent une vision du monde pour le moins sombre et pessimiste, « The World We Inherited » propose des compositions très abouties, parfois complexes et qui viennent se nicher dans un registre où Tool, Alice In Chains, Katatonia et Killing Joke se seraient rencontrés. Autant dire que le challenge est osé, mais FINAL COIL est très loin de manquer d’originalité. Au contraire, son univers est assez unique et reste très organique, malgré la présence d’éléments électroniques.

Composé de Phil Stiles (chant, guitare, claviers et programmation), Richard Awdry (guitare, programmation), Jola Stiles et ses lumineuses lignes de basse, accompagné sur le disque par Barry French derrière les fûts, le groupe brille aussi par une créativité intense. Soigneusement mis en valeur par la production de Russ Russell (Amorphis, Napalm Death), les morceaux concoctés par FINAL COIL vont ravir les curieux, grâce à un voyage musical saisissant (« Wires », « By Starlight », « Purify », « Humanity »). Déjà incontournable.

Photo : Ester Segarra
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Dark Gothic Metal Indus Modern Metal

Daemon Grey : color of sin

Grâce à un songwriting racé et efficace, ce nouvel album de DAEMON GREY est un mix très équilibré entre un Metal Indus très Dark et des atmosphères où le Heavy croise la New-Wave sans sourciller. Originaire du Canada, le musicien a habillé des marqueurs très 90’s d’une enveloppe moderne, un brin sophistiquée, qui rend « Daemonic » très fédérateur grâce à des mélodies entêtantes.

DAEMON GREY

« Daemonic »

(Out Of Line Music)

Après « Follow Your Nightmares » sorti il y a deux ans, le Canadien poursuit son ténébreux et horrifique périple avec « Daemonic », un deuxième opus toujours aussi bien produit et bien écrit. Si DAEMON GREY se nourrit de nombreux styles du Heavy au Nu Metal en passant par le Gothic et avec un soupçon de New-Wave et d’Indus, ce sont surtout les années 90 qui semblent avoir eu une forte emprise le chanteur de Toronto. Avec le revival actuel, c’en est presque à se demander si le début des années 2000 a vraiment existé.

Bien que démoniaque à bien des égards, DAEMON GREY a mis de côté les histoires liées à Dieu ou au Diable pour plonger sans un univers où Satan se tient au coin de la rue. Il est question d’amour, de douleur, de sexe, d’obsession, de pouvoir et de courage et chaque titre de « Daemonic » est un tableau dressé par le frontman. Musicalement très Heavy, les influences sont plutôt bien digérées, même si l’on pense inévitablement à Zodiac Mindwarp, Marilyn Manson, Seether, Rob Zombie ou Ministry.

Avec des arrangements qui font la part belle aux machines, mais tout en gardant des guitares très présentes et des riffs bien tranchants, DAEMON GREY fait le choix d’une production finalement très organique. Pêchu et mordant, il nous embarque dans un climat houleux et sombre, mais aussi très accrocheur et dynamisant (« Gothy Love », « Still A Slut », « Dear Vampire », « Daemonic »). Et si l’on excepte la pauvre ballade « To My Grave » et le navrant bluesy « Trouble », le Dark Metal du musicien tient la route.

Photo : Rich Misener
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Dark Metal Doom Heavy metal

Sorcerer : pandémoniaque

Enregistré à Stockhölm avec Mike Wead (King Diamond) notamment, ce quatrième opus vient confirmer l’élan de ces dernières années. « Reign Of The Reaper » montre enfin le véritable visage que l’on pouvait attendre de SORCERER, à savoir un style plus personnel, entre un Heavy Metal classique et des touches Doom savamment dosées. A noter à l’arrivée de Stefan Norgren derrière les fûts, il y a quelques semaines, et qui vient participer à cette résurrection entamée en 2010.

SORCERER

« Reign of the Reaper »

(Metal Blade Records)

Dans sa première et courte vie, celle qui s’étend de 1988 à 1995, le Metal de SORCERER penchait bien plus qu’aujourd’hui vers le Doom. Après des débuts prometteurs, les musiciens sont allés grossir les rangs de Therion, Tiamat, Sundown et Lion’s Share avant de démarrer une seconde phase plus féconde. Très aguerris donc, ils ont fait la bascule vers un Heavy Metal plus généreux et surtout très épique. Et 35 ans après leur création, les Suédois affichent un total de quatre albums, « Reign Of The Reaper » compris.

Cela dit, même si le groupe de par son histoire avance à un rythme de sénateur, il faut lui reconnaître de la qualité dans ses derniers albums, notamment sur « Lamenting of the Innocent », sorti il y a trois ans et qui l’avait relancé. C’est précisément dans cette même dynamique que le frontman Anders Engberg et ses compagnons s’inscrivent avec « Reign Of The Reaper ». SORCERER n’a pas renié ses influences Doom, qui se font toujours sentir dans les moments les plus dark et progressifs, mais la vélocité actuelle est terriblement Heavy.

Avec sa galopante rythmique et la puissance vocale de son chanteur, le quintet possède de solides arguments que les deux guitaristes renforcent brillamment. Les riffs sont racés et appuyés, les chorus abondants et les solos très shred. Et SORCERER montre toute sa maîtrise sur des refrains mémorables, des structures de morceaux massives et un mélange savoureux d’ambiances teintées d’une noirceur un brin Old School (« Mourning Star », « Unveiling Blasphemy », « Thy Kingdom Will Come » et le morceau-titre). Convaincant.

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Dark Metal Symphonic Metal

Eleine : dark symphony

« We Shall Remain » pourrait bien être l’album de la consécration pour ELEINE. Après de nombreuses tournées et quatre très bonnes réalisations, les Scandinaves livrent leur album le plus inspiré et le mieux produit de leur carrière. Combatif et généreux, leur Dark Symphonic Metal rayonne vraiment, notamment grâce à sa chanteuse qui s’impose comme l’une des meilleures du genre.

ELEINE

« We Shall Remain »

(Atomic Fire Records)

Cela va faire une décennie déjà qu’ELEINE a investi la scène européenne et son Dark Symphonic Metal est désormais reconnaissable entre tous. Assez éloigné des groupes du même style grâce à un univers plus sombre et peut-être aussi plus varié, le quatuor joue sur les émotions et les atmosphères autant que sur une puissance ravageuse. Mené avec classe par sa frontwoman Madeleine Liljestam, il rayonne littéralement sur ce quatrième opus racé et très bien réalisé.  

Suite à ses trois premiers albums (« Eleine », « Until The End », et surtout « Dancing In Hell »), ELEINE a sorti l’an dernier un EP long de huit titres parmi les meilleurs de son répertoire, repris en acoustique avant de partir en tournée avec Sonata Artica. Riche idée, car on y découvrait les Suédois dans un registre plus épuré et très groove. Mais pour « We Shall Remain », l’électricité est revenue, les guitares sont affûtées et la rythmique refait son apparition de manière fulgurante.

Dans la lignée de « Dancing In Hell », « We Shall Remain » reste sur une dynamique très Heavy où viennent s’engouffrer quelques influences plus extrêmes comme le Death pour les voix et le Thrash sur certains riffs. Et ELEINE parvient avec brio à faire cohabiter ces différentes ambiances dans un ensemble très symphonique (« We Are Legion », « Vernod », « Blood in Their Eyes », « War Das Alles »). Et en se partageant le chant, Madeleine et le guitariste Rikard Ekberg ont trouvé la bonne formule.  

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Dark Gothic Dark Metal Glam Metal Horror Metal

The 69 Eyes : vampirizing

Toujours aussi passionné, mystérieux et arborant ce petit sourire énigmatique, inquiétant et provocateur, THE 69 EYES continue de faire vibrer le monde gothique en étant depuis trois décennies l’un des patrons du Rock/Metal Dark et Glam. Entraînants et dotés d’une séduisante fraîcheur, le temps n’a pas de prise sur les Scandinaves, dont chaque nouvel album semble être une cure de jouvence. Et « Death Of Darkness », avec ses sonorités très 80’s, est un modèle du genre.

THE 69 EYES

« Death Of Darkness »

(Atomic Fire Records)

En plus de 30 ans de carrière, THE 69 EYES n’a jamais change de line-up, ce qui force le respect. Musicalement, c’est un peu la même chose, puisque le quintet ne bouleverse pas beaucoup les bases très solides de son Dark Rock teinté de Metal. Par conséquent, ce nouvel et treizième album ne déroge pas à la règle, il s’inscrit dans la continuité et fait honneur au style gothique dont la formation est un pilier… et pas des moindres.

Morbidité, Glam, sexe et surnaturel sont toujours les ingrédients favoris de THE 69 EYES et malgré tout, « Death Of Darkness » se montre très entraînant et même vampirisant à plus d’un titre. A travers sa musique, il continue donc sa mission : rendre son Rock/Metal toujours aussi sombre et accessible et ce ne sont pas ces nouvelles compositions, qui vont entraver sa route. Le groupe va de l’avant et se fait plus actuel que jamais.

Si l’on peut penser à Billy Idol (« Dying In The Night ») ou à Sisters Of Mercy (« Drive »), THE 69 EYES reste identifiable entre tous et détenteur d’une empreinte inimitable. On notera aussi cet excellent duo avec Kat Von D, « This Murder Takes Two », où l’on imagine facilement ceux chantés à l’époque par un certain Johnny Cash. Les Finlandais ouvrent leur spectre et on se régale de tant de créativité (« California », « Sundown », « Outlaws »).  

Photo : Marek Sabogal
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Dark Metal Symphonic Metal

Penumbra : en pleine lumière

Trois voix, dont une lyrique, un hautbois, quelques touches tribales et celtiques et un Metal compact et racé, telle est la formule à l’œuvre sur ce nouvel album de PENUMBRA. Le combo français fait un retour costaud et fracassant avec « Eden », un cinquième opus savoureux et très créatif, et qui devrait prendre sa pleine mesure sur scène.

PENUMBRA

« Eden »

(M&O Music)

Après des débuts tonitruants avec quatre albums très remarqués jusqu’en 2009, PENUMBRA a fait un break de quatre ans pour revenir avec « Era 4.0 », où un virage avait été amorcé. Aujourd’hui, les Parisiens confortent une identité musicale très personnelle à travers laquelle le Metal Gothique et Symphonique se côtoient dans une belle symbiose. « Eden » déploie donc beaucoup de fraîcheur et de vélocité dans sa réalisation.  

Depuis sa création, PENUMBRA a toujours suscité la curiosité, que ce soit en se présentant avec un trio de chanteurs ou en introduisant le hautbois dans sa musique. Le groupe n’a rien perdu de sa pertinence, présente toujours cette dualité entre la douceur du chant de Valérie Chantraine et une brutalité assumée entre growl et scream sur de lourdes rythmiques. Des coexistences qui sont sa marque de fabrique.

Toujours aussi éclectique dans son approche, PENUMBRA réussit donc à équilibrer un Metal solide, massif et moderne avec des sonorités ethniques et celtiques et porté par un chant lyrique qui dévoile beaucoup de profondeur. Très bien produit, « Eden » parviendra à séduire les adeptes de registres extrêmes, et mélodiques, comme les amateurs de voix envoûtantes (« Inferno », « Sorrow », « Boogeyman », « Eden », « Aïon »).

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Dark Metal Metal Progressif Symphonic Metal

Sleeping Romance : dark feelings

Et si ce récent changement de chanteuse allait enfin permettre à SLEEPING ROMANCE de prendre son envol et d’acquérir cette stature plus imposante qui lui tend les bras et qui serait amplement méritée ? C’est en tout cas la question que l’on peut se poser à l’écoute de ce très bon « We All Are Shadows », qui navigue entre Metal Progressif et Symphonique avec un côté dark et moderne plus prononcé qu’à ses débuts.

SLEEPING ROMANCE

« We All Are Shadows »

(NoCut Entertainment)

Depuis un peu plus de dix ans, les Italiens nous ont habitués à un Metal Symphonique dans la veine d’Evanescence et de leurs compatriotes de Lacuna Coil, mais pour « We All Are Shadows », SLEEPING ROMANCE a apporté quelques ajustements à son registre. Plus sombre et plus lourd, ce troisième album voit tout d’abord l’arrivée de Lina Victoria au chant dans un  style très féminin et envoûtant, mais volontaire et solide.

Toujours mené de main de maître par Federico Truzzi (guitare, claviers, piano, production) qui a imposé une forte empreinte classique sur ces nouveaux titres, SLEEPING ROMANCE conserve son côté très mélodique, parfois parsemé de growls, où la douceur et la délicatesse de la nouvelle frontwoman font des merveilles. D’une grande fraîcheur et très coloré, les Transalpins se renouvellent avec brio.

Puissant et accrocheur, « We All Are Shadows » est probablement la réalisation la plus aboutie de SLEEPING ROMANCE. Un brin théâtral dans son approche, l’ensemble reste très groovy, Metal et entraînant. Les repères sont toujours présents et le quintet développe un jeu plus progressif, profond et peut-être aussi moins extravagant (« Smoke And Mirrors », « Stuck In Your Hand », « Ressemblance Of Light », « Haven »). Une parfaite transition.

Photo : Bianca Serena Truzzi
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Dark Gothic Metal Progressif

Rioghan : un lustre boréal

Sur des structures musicales très élaborées, une production aux petits oignons et grâce à des musiciens en complète maîtrise, les Finlandais de RIOGHAN surprennent avec « Different Kinds Of Losses », qui est pourtant seulement leur première longue réalisation. Mené par une chanteuse dont la voix possède une puissance telle qu’elle peut emprunter une multitude de chemins, le trio rayonne grâce à une technique hors-pair et un souffle artistique impressionnant, savamment distillé dans un Metal Progressif assez dark.

RIOGHAN

« Different Kinds Of Losses »

(Inverse Records)

Après avoir suscité l’intérêt et la curiosité avec un premier EP « Blackened Sky » sorti en mars 2021, RIOGHAN se livre cette fois, et enfin, sur un premier album complet, qui ne manque pas de piquant. Très original, le groupe est le projet initial de la chanteuse et poétesse Rioghan Darcy, aka Jenni Perämäki, dont la voix se fait porte-parole d’une identité musicale très forte et mouvante. Car à travers son Metal Progressif, le trio verse également  dans des atmosphères gothiques avec quelques aspects extrêmes déchaînés.

Composé du trio Teemu Liekkala (guitares, basse, claviers et production), Valtteri Revonkorpi (batterie) et de sa frontwoman, RIOGHAN a su parfaitement s’entourer, car on retrouve les collaborations de Jonas Renkse (Katatonia), Einar Solberg (Leprous) et Teemu Koskela (ex-Celesty) sur ce « Different Kinds Of Losses » aussi bien produit que sa conception est riche. Avec une vocaliste à même de se faire aussi délicate que rageuse, le trio avance avec une assurance de musiciens plus que confirmés.

Sur des morceaux qui ne traînent pourtant pas en longueur vu le registre, RIOGHAN parvient à multiplier les ambiances au sein-même des titres pour délivrer une saveur toute particulière à son Metal très protéiforme (« Promises », « Breath », « Home »). S’engouffrant aussi dans des sonorités électroniques (« Bruises », « Innocence »), les Scandinaves montrent une audace d’une grande fraîcheur et imposent déjà une touche très identifiable grâce à un jeu très inspiré (« Lights », « Summer »). Des débuts plus qu’enthousiasmants !