En jouant sur les multiples facettes du Metal Progressif, à savoir l’aspect orchestral d’un côté et une sauvagerie très canalisée de l’autre, OSM présente un style très personnel et expressif. Mariant un chant clair très accrocheur et un growl loin d’être indispensable selon moi, le combo utilise de nombreux chemins et diffuse un concentré de Metal à la fois brutal et très mélodique sur ce très bon « Plagued By Doubts ».
OSM
« Plagued By Doubts »
(Klonosphere/Season Of Mist)
Partagé entre La Rochelle et Poitiers, OSM a seulement cinq ans d’existence et pourtant on reste bluffé par la maîtrise et la créativité du quatuor. Après une première entrée en matière remarquée avec « Which Way », le groupe revient avec un second format court, « Plagued By Doubt », où il a mis de côté le Stoner Metal de ses débuts au profit d’un Metal Progressif ravageur, balayant un large spectre musical.
Avec six morceaux s’étendant sur 36 minutes, on se dit tout de même qu’on était à deux doigts de se délecter d’un album complet, même si ce deuxième EP est déjà réjouissant à plus d’un titre. Et justement, ses titres, OSM les a particulièrement soignés et le mix de Chris Edrich offre un relief incroyable et un équilibre parfait à l’ensemble. Et si certaines compos brillent par leur complexité, on ne s’y perd jamais.
Sombre et massif, « Plagued By Doubts » pousse le côté progressif du groupe dans ses retranchements en plongeant dans des atmosphères extrêmes, qui font contraste avec d’autres plus aériennes (« Stuck In A Wrong » et le génial « Drown By Myself »). La lourdeur mêlée à la mélancolie est omniprésente, ce qui laisse à OSM un vaste terrain d’expérimentation (« Abyssal… », « … Loudness »). Un EP complet !
Les riffs sont épais, la voix chaleureuse et l’atmosphère souvent épurée, mais toujours captivante. De la Franche-Comté au far-west, il n’y a finalement d’un tout petit pas que FAT JEFF fait très naturellement avec une décontraction et un feeling de chaque instant. Le Blues très copieux du guitariste et chanteur joue sur la puissance de saturations bien senties, entrecoupées d’instant suspendus, tout en délicatesse.
FAT JEFF
« Get Back To Boogie »
(Independant)
Quoi de mieux que le vaste univers du Blues pour s’exprimer pleinement dans une formule en one-man-band ? C’est en tout cas le chemin emprunté par FAT JEFF et cela fait déjà trois albums que son histoire s’écrit. Faisant suite à « Feelin’ Wood » et « Tales From The Road », « Get Back To Boogie » vient renforcer l’identité artistique de l’artiste et son titre parle d’ailleurs de lui-même. Ici, on ne reste pas longtemps les deux pieds dans le même sabot.
Passé l’intro très Southern de bienvenue, on entre dans le vif du sujet, dans l’univers très personnel, brut et rugueux de FAT JEFF. S’aidant de minimalistes éléments de batterie, le musicien offre du rythme et de la dynamique à ses morceaux tout en conservant un aspect éthéré, souvent lancinant. Le chanteur s’appuie surtout sur les guitares pour forger ce son qu’il va puiser au plus profond des racines Blues avec également beaucoup de modernité.
Délicieusement gras et poussiéreux, il est question avec FAT JEFF d’un Dirty Old Heavy Blues écorché, qui penche autant sur le Blues du Delta que dans des sonorités plus sudistes, où le bottleneck croise la cigarbox avec une énergie très entraînante. Remuant sur « Clock Mornin’ », « I Am A Gypsy », « Lost Shoes » ou plus posé sur « Ducks », « Smokey Bars » ou « Bay Horse », on suit le songwriter avec plaisir dans un road-trip savoureux et dépaysant.
S’ils ont en commun leur amour pour le Grunge et une grande dévotion au Doom dans sa forme la plus Stoner, les Franciliens de CLEGANE et de FATIMA n’embrassent pourtant pas tout à fait les mêmes références. Plus sombres et rugueux pour les premiers et jouant plus sur les mélodiques en s’appuyant sur des refrains plus évidents pour les seconds, les deux entités se complètent plutôt bien et c’est finalement assez normal de les retrouver ensemble pour cette première collaboration.
CLEGANE / FATIMA
« Twin-Monster Split »
(Almost Famous)
C’est en bons camarades que CLEGANE et FATIMA se partagent ce nouveau split-EP en y allant chacun de deux morceaux inédits et en se présentant même avec deux artworks différents, qui offrent une vision personnelle de ce « Twin-Monster » décapant. Si dans les deux cas, on est dans un Doom aux accents Stoner et surtout Grunge, l’approche des deux formations est très différente… mais loin d’être opposée. La complémentarité à l’œuvre ici est limpide et coule même de source.
Le premier artwork version CLEGANE…
Et par ordre d’apparition, c’est CLEGANE qui donne le coup d’envoi. Deuxième split pour les Parisiens, qui compte également trois albums et un EP à leur actif. Les deux titres livrés ici sont dans la droite lignée de leur dernier effort, « White Of The Eye », à savoir dépositaire d’un son âpre et massif que seule la voix plus clair et très Grunge vient apporter un peu de lumière. Direct avec « Lifeless Barks », le trio se fait plus aérien et profond sur « The War You Never Fail », dont les envolées sont aussi vibratoires que chargées d’un instinct très brut.
… Et le second en mode FATIMA
Puis, c’est l’autre trio de la capitale, FATIMA, qui emboîte le pas dans un registre cette fois clairement Grunge dans le chant notamment et plus Stoner aussi. Avec également trois opus et quelques participations au compteur, notamment avec Seum, le groupe évolue sur ces deux titres dans des atmosphères Doom plus épurées, plus mélodiques mais toutes aussi nerveuses (« Gorgon »). Et le combo sait aussi jouer sur les changements d’atmosphères à grand renfort de Fuzz et sur une voix éraillée et solide (« Siamese Ogre »).
Trois voix, dont une lyrique, un hautbois, quelques touches tribales et celtiques et un Metal compact et racé, telle est la formule à l’œuvre sur ce nouvel album de PENUMBRA. Le combo français fait un retour costaud et fracassant avec « Eden », un cinquième opus savoureux et très créatif, et qui devrait prendre sa pleine mesure sur scène.
PENUMBRA
« Eden »
(M&O Music)
Après des débuts tonitruants avec quatre albums très remarqués jusqu’en 2009, PENUMBRA a fait un break de quatre ans pour revenir avec « Era 4.0 », où un virage avait été amorcé. Aujourd’hui, les Parisiens confortent une identité musicale très personnelle à travers laquelle le Metal Gothique et Symphonique se côtoient dans une belle symbiose. « Eden » déploie donc beaucoup de fraîcheur et de vélocité dans sa réalisation.
Depuis sa création, PENUMBRA a toujours suscité la curiosité, que ce soit en se présentant avec un trio de chanteurs ou en introduisant le hautbois dans sa musique. Le groupe n’a rien perdu de sa pertinence, présente toujours cette dualité entre la douceur du chant de Valérie Chantraine et une brutalité assumée entre growl et scream sur de lourdes rythmiques. Des coexistences qui sont sa marque de fabrique.
Toujours aussi éclectique dans son approche, PENUMBRA réussit donc à équilibrer un Metal solide, massif et moderne avec des sonorités ethniques et celtiques et porté par un chant lyrique qui dévoile beaucoup de profondeur. Très bien produit, « Eden » parviendra à séduire les adeptes de registres extrêmes, et mélodiques, comme les amateurs de voix envoûtantes (« Inferno », « Sorrow », « Boogeyman », « Eden », « Aïon »).
Depuis ses débuts, DIRTY DEEP interprète ce type de Blues Rock qui vient coller à la peau de façon presqu’irréversible. Attachant, irrévérencieux et d’une liberté sans entrave, son jeu est aussi âpre qu’il est soigneusement mélodique pour finalement devenir irrésistible. Avec « Trompe L’œil », les trois musiciens vont à l’essentiel, sans far et avec une fluidité de chaque instant.
DIRTY DEEP
« Trompe L’Œil »
(Junk Food Records)
Après l’excellent « Foreshots », dernière réalisation unplugged du groupe sortie il y a trois ans, DIRTY DEEP remet les doigts dans la prise avec ce « Trompe L’Œil » de haute volée. Les 13 morceaux de ce nouvel album renouent avec le Heavy Blues explosif du trio. La chaleur du son du Delta heurte de plein fouet un Rock musclé et très Garage, qui repousse encore un peu plus le style si distinctif des Strasbourgeois entre harmonica et grosse guitare.
Toujours aussi roots et rugueux, DIRTY DEEP reste toujours aussi accrocheur et enivrant, et balance des refrains entêtants et souvent grisants. Authentiques et sincères dans leur démarche, les Alsaciens ont cette fois confié la production de leur sixième albums à François ‘Shanka’ Maigret, qui a posé ces nouvelles compos dans un bel écrin. Et le style du combo, quant à lui, reste intact et fidèle à son identité première entre fougue et moments paisibles.
Très Rock, légèrement Southern, et presque Stoner sur « Broken Bones » et « Juke Point Preaching » qui ouvrent l’album ainsi que sur le surpuissant « What Really Matters », DIRTY DEEP joue aussi sur les émotions avec des titres beaucoup plus Blues et enveloppants comme « Donama », « Your Name », « Hold On Me », le bel interlude « Impbreak III » et le touchant « Medicine Man ». Une fois encore, la partition est parfaite en légèreté et fracas.
Moderne, puissant et mélodique, voilà en trois mots comment on pourrait résumer le nouvel album des Français d’ASYLUM PYRE. Bénéficiant d’une production sans faille, massive et fluide, « Call Me Inhuman » est un concentré très actuel de toutes les musiques qui viennent nourrir le quintet avec une prédominance Metal, cela va de soi. Alors que la cinquième réalisation du groupe vient tout juste de sortir, Ombeline ‘Oxy’ Duprat (chant) et Johann ‘Jae’ Cadot (chant, guitare rythmique, claviers et loops) m’ont fait le plaisir de répondre à quelques questions.
– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que l’on revienne sur votre parcours. C’est votre cinquième album et il sort en autoproduction comme le premier. Vous avez sorti deux disques avec Massacre Records et un autre chez M&O. Ca devient compliqué de rester sur un label à long terme, ou c’est un désir d’indépendance ?
Ombeline : Ni l’un, ni l’autre ! Concernant « Call me Inhuman », nous avons envoyé notre album à plusieurs labels. Tous les retours que nous avons reçus étaient franchement unanimes et enthousiastes à l’égard de ce nouvel album. Mais… nos ‘chiffres’ Spotify et autres étaient bien trop bas pour les intéresser. S’investir dans un projet, culturel ou musical, c’est devoir faire preuve de patience, d’abnégation et de remise en questions. C’est être en proie aux doutes et se demander pourquoi on fait ça, au final. Et lorsque ce type de réponses arrive, c’est encore plus frustrant. Nous avions deux options : laisser tomber ou tenter de corriger ce défaut. Nous avons décidé de repartir à zéro, et nous travaillons en ce sens.
– Pour « Call Me Inhuman – The Sun – The Fight – Part 5 », vous êtes tout de même distribués par Season Of Mist. C’est une licence qui reste indispensable pour une meilleure visibilité et accessibilité, selon vous ?
Ombeline : La distribution, et notamment digitale, est au coeur de la stratégie. Mais, le disque physique est aussi important pour nous, dans la mesure où nous continuons à en acheter et nous savons que le public Metal, et a fortiori le nôtre, est en demande de ce type d’objet. C’est aussi une autre manière d’écouter de la musique, en feuilletant le livret, en laissant son imagination vagabonder… En ce sens, une bonne distribution est nécessaire afin de permettre de toucher tous les publics, y compris les derniers gaulois résistant toujours et encore au grand tout numérique (Merci beaucoup, je me sens moins seul ! – NDR).
Ombeline ‘Oxy’ Duprat
– Depuis les débuts d’ASYLUM PYRE, vous développez un concept très précis, tout en incarnant chacun un personnage. C’est quelque chose qu’on ne voit plus beaucoup. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette démarche artistique globale comme celle-ci ?
Johann : Nous n’avons pas vraiment réfléchi à ce qui se faisait ailleurs, tout ceci est venu naturellement, sans vraiment s’en rendre compte en fait. On avait envie de le faire et ça nous permettait un type de composition immersif que l’on tente de retranscrire pour l’auditeur.
– Comme je le disais, vous suivez le même concept depuis le premier album. En 2009, vous aviez déjà en tête la trame de toute l’histoire, ou est-ce que vous l’écrivez et/ou la modifiez au fur et à mesure ?
Johann : Ce concept a grandi avec nous, il est né peu à peu, un peu inconsciemment, par notre regard sur le monde. Depuis « N°4 » il guide un peu plus notre musique et inversement. Il a des inspirations qui viennent directement du monde actuel et de nos études personnelles.
– Parlons de ce cinquième album. Il parle de l’évolution des humanités d’aujourd’hui jusqu’en 2062 dans un univers qui rappelle celui de ‘Mad Max’. Est-ce que vous vous basez uniquement sur de la fiction ou faites-vous aussi des parallèles avec notre époque en imaginant ce que notre monde pourrait devenir ?
Ombeline : Il y a toujours, peu ou prou, plusieurs manières d’interpréter les paroles d’ASYLUM PYRE, mais la trame narrative s’inspire effectivement de notre quotidien. Les métaphores permettent d’établir un rapport direct entre certaines souffrances humaines et celles que nous infligeons à la planète, les deux pouvant être intimement liées sur certains sujets. En 2019, la pochette de « N°4 » arborait un masque… Nous ne savions pas que neuf mois après la parution de l’album, une crise sanitaire d’une telle ampleur allait s’abattre sur nous. Par contre, au regard des expérimentations diverses et variées, sanitaires ou alimentaires, menées par l’Homme, il était tout à fait possible de prévoir une telle catastrophe.
– Votre album, et plus largement ASYLUM PYRE dans son ensemble, fait aussi un focus sur la cause environnementale. C’est le message principal autour du concept du groupe ? Et de quelle manière cela se concrétise-t-il dans vos textes et aussi peut-être dans votre démarche ?
Johann : Oui, c’est le message principal. Avec son impact, de fait, sur l’être humain qui n’est qu’une partie de ce ‘grand’ tout qu’est la planète. ’Grand’ entre guillemets vis-à-vis de l’univers qui nous entoure. C’est présent à chaque seconde. C’est présent dans nos démarches, mais il serait difficile d’en parler ici en quelques mots. Il nous faudrait des représentations graphiques, des équations…
– Parlons de votre musique qui est à la fois très moderne et très Metal. Pourtant, on y décèle aussi de multiples courants avec un ensemble soutenu par une production solide et ample. Là encore, il y a un côté rassembleur et fédérateur. C’est cet aspect et cette intention qui vous guident ?
Ombeline : Pour ma part, je pense que les compositions de Johann offrent un écrin pour nous permettre d’apporter des influences diverses, celles qui nous ont construites en tant que musiciens. Nous sommes un groupe, mais nous sommes aussi des amis, avec des hauts et des bas, mais également, nos forces et la confiance que l’on a pour chacun. Nous arrivons avec nos idées, nous les testons et lorsque nous jugeons cela intéressant et utile pour la chanson, nous validons et travaillons le son.
Johann : « Rassembleur et fédérateur », si tu as perçu ça, alors tu fais déjà de moi un homme heureux !
Johann ‘Jae’ Cadot
– Ombeline, c’est ton deuxième album avec ASYLUM PYRE et le duo formé avec Johann également au chant montre une belle entente et une complémentarité évidente. Est-ce que, comme moi, vous pensez tous les deux que « Call Me Inhuman – The Sun – The Fight – Part 5 » est l’album le plus abouti du groupe artistiquement et vocalement en l’occurrence ?
Ombeline : Me concernant, je ne peux comparer qu’avec notre précédent album, « N°4 », même si j’ai mon avis sur les autres productions du groupe. Mais très clairement, cet album me paraît être celui de la maturité, et en tout cas, la suite logique de ce que nous avions commencé à faire avec « N°4 ». Vocalement, j’ai senti une différence, peut-être plus de lâcher prise, de confiance vis-à-vis de l’équipe, mais aussi de moi-même ! Johann sait aussi comment me ‘pousser’. J’ai enregistré en deux jours, comprenant aussi les très nombreuses pistes de doublage. Cela m’a valu quelques courbatures. Mais je pense que l’énergie impulsée s’en ressent dans l’album !
– Enfin, ASYLUM PYRE joue également beaucoup sur les ambiances et les atmosphères des morceaux. Est-ce que c’est quelque chose sur laquelle vous allez tout particulièrement travailler pour rendre vos concerts encore plus immersifs ?
Ombeline : Très clairement, cela serait intéressant de pouvoir proposer des concerts sortant des sentiers battus et nous avons déjà évoqué plusieurs idées. Il va nous falloir un peu de temps pour travailler ça et faire une belle proposition au public. En attendant, on se concentre sur la promotion de l’album. Les retours sont vraiment excellents et nous sommes ravis de l’accueil fait à « Call Me Inhuman » de la part de nos auditeurs, ainsi que des professionnels !
Johann : On va faire le max pour ça oui !
Le nouvel album d’ASYLUM PYRE, « Call Me Inhuman », est également disponible sur le Bandcamp du groupe : https://asylumpyre.bandcamp.com/
Avec un tel premier album, CHLOE+CLYDE fait une très belle entrée sur la scène Rock française. Entre Alternative Rock et Electro Pop, le duo a su se créer un univers très personnel. Au chant, Chloé alterne force et douceur, tandis que Clyde joue les chefs d’orchestre avec brio. Très complémentaires, la chanteuse et le multi-instrumentiste font des étincelles sur « Mort Ou Vif ».
CHLOE+CLYDE
« Mort Ou Vif »
(Jamm Production)
Dans une époque de plus en plus agitée et complexe, CHLOE+CLYDE se pose beaucoup de questions qu’elles soient d’ordre philosophique ou plus concrètement environnementales. Entre dystopie et constat amère d’un monde en perdition, le duo sort un premier album, « Mort Ou Vif », qui fait suite à un EP éponyme sorti en avril de l’année dernière. Et c’est aux fameux studios ICP en Belgique que s’est opéré l’enregistrement. Un gage de grande qualité.
C’est à ‘City7’, imaginé comme la ville d’un futur délibérément exagéré et noirci, que nous plonge CHLOE+CLYDE. A travers des textes en français très bien écrits et plein de sens, ce qui est toujours un exercice périlleux en France, les interrogations se multiplient passant en revue nos excès en tous genres et plaçant l’humain au cœur de dilemmes et de choix parfois utopiques, mais qui s’avèrent primordiaux. Pas de leçons, mais un parti-pris volontaire.
Musicalement, on bascule d’un Alternative Rock (« Game Over », « Piratage ») à des sonorités empruntes de Pop/Rock Electro (« Pulsations », « Emotion Et Raison ») et des passages plus acoustiques et organiques (« Renaître Ou Disparaître », « Pensées »). Faisant preuve d’un bel éclectisme, CHLOE+CLYDE n’a aucun mal à nous séduire grâce à un univers très personnel, et finalement très positif et plein d’espoir.
Hors de notre monde, AVALAND s’est créé son propre univers et, à l’instar d’une grande saga, il nous invite à le suivre. Avec « The Legend Of The Storyteller », le groupe nous en dit un peu plus sur les protagonistes à l’œuvre. S’étalant sur une heure, les nouvelles compositions évoluent dans un Metal Symphonique parfois Progressif et Power. Un cap est franchi.
AVALAND
« The Legend Of The Storyteller »
(Rockshots Records)
Toujours aussi épique et symphonique, ce deuxième album des Grenoblois vient poursuivre l’aventure commencée il y a deux ans presque jour pour jour avec « Theater Of Sorcery ». Cependant, « The Legend Of The Storyteller » n’en est pas vraiment la suite, mais le préquel du premier album. AVALAND ne brouille pas pour autant les pistes, il offre d’avantage d’indices sur l’histoire en cours.
Plus sombre et plus Heavy, ce nouveau chapitre entamé par le quintet est aussi plus direct dans le jeu, même si les Français présentent toujours un style très étoffé et riche. Guidé par son créateur, Adrian G. Gzagg (compositeur, chanteur, claviériste et arrangeur), AVALAND a également stabilisé son line-up en intronisant Jeff Kanji comme deuxième frontman, s’offrant ainsi de nouvelles possibilités.
Et comme son prédécesseur, « The Legend Of The Storyteller » accueille plusieurs guests comme Zak Stevens (ex-Savatage, TSO) qui fait son retour, Madie (Faith In Agony, ex-Nightmare), Bruno Ramos (Sortilège), ainsi que des membres de Lionsoul, Eltharia et Edguy. AVALAND a encore vu les choses en grand en soignant les détails, tout en livrant des passages Power Metal musclés. Mélodique et volumineux !
Fortement ancré dans les seventies, RED CLOUD semble procéder, dès son premier effort, à un retour aux sources du Rock et même du Hard à travers leur registre originel, qu’il a pourtant réussi à renouveler. Car il règne un souffle vivifiant et très actuel sur ce « Red Cloud », qui se fond parfois même dans des sonorités Psych vraiment bienvenues. Le combo a de la suite dans les idées et cet opus ne manque pas d’originalité.
RED CLOUD
« Red Cloud »
(Independant)
Tout semble être allé très vite pour le quintet parisien, même si Roxane Sigre (chant) et Rémi Bottriaux (guitare) sont déjà à l’œuvre en duo depuis 2018. Avec les arrivées de Maxime Mestres (basse), Laura Luiz (orgue) et Mano Cornet Maltet (batterie), RED CLOUD prend forme trois ans plus tard et le groupe entame les concerts pour y roder son répertoire. Les choses dans l’ordre en somme…
Enregistré, mixé et masterisé par son guitariste, ce premier album éponyme tient toutes ses promesses. Sur des ambiances vintage revendiquées, RED CLOUD livre un Rock Hard 70’s aux contours proto-Metal frais et dynamique. Mais si les influences se nichent quelques décennies en arrière, il n’en est rien des morceaux et surtout de la production qui les habille et qui affiche une belle modernité.
Sur une énergie très live et un son organique, RED CLOUD enchaine les morceaux en multipliant les atmosphères. La chanteuse apporte beaucoup de variations, tout comme les parties d’orgue qui rivalisent de créativité avec la guitare. Mené par une rythmique hors-pair, « Red Cloud » se révèle très accrocheur (« The Battlefield », « Bad Reputation », « The Night », « Hey Sugar »). Un baptême du feu réussi haut la main !
Dotée d’une très bonne production, les Parisiens s’affirment avec talent sur une première réalisation menée de main de maître. Eclectique et pimenté, JIRFIYA se dévoile à travers un registre où les parties instrumentales dominent pour s’étendre dans des ambiances colorées et puissantes. Très bien arrangé, « W » est loin de livrer tous ses secrets à la première écoute. Il faut donc creuser un peu pour en saisir toute la substance.
JIRFIYA
« W »
(Independant)
Déjà auteur de deux EP, JIRFIYA présente enfin son premier album et les Franciliens frappent fort. Sorti il y a quelques semaines en autoproduction, « W » est à l’image de la scène progressive française actuelle : techniquement imparable et particulièrement inspirée. Oscillant entre Metal et Rock, le groupe s’est construit un univers riche et varié, qui lui permet d’aborder des atmosphères et des sonorités très originales.
Dès « Asylum » et ses neufs minutes, le ton est donné. JIRFIYA ne manque ni d’ambition, ni de créativité. Puissante et atmosphérique, l’entrée en matière laisse présager d’un opus plein de surprises… et c’est peu de le dire ! Au chant, Ingrid Denis (frontwoman du groupe de Rock Progressif Oscil) se montre sobre et efficace, laissant le côté lyrique aux amateurs de Metal Symphonique. Très bien structuré, « W » ne montre que peu de failles.
Pour accompagner les deux guitares, JIRFIYA a fait appel à la violoniste Coline Verger sur cinq morceaux, au violoncelliste Quentin Fauré sur ces mêmes titres et au trompettiste Jules Jassef sur deux compositions qui prennent une dimension incroyable dans la veine d’un certain Amin Maalouf. Envoûtante sur « Sister In Blood », « Dark Storms », « The Factory » ou « The Girl With The Perfect face », la formation régale et enchante.