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Metal Progressif Rock Progressif

Oscil : des vagues de mélodies

Originaire de Paris, OSCIL signe son premier album, « First Step On My Moon », d’où se dégagent fraîcheur et élégance. Dans un registre progressif, le quatuor s’accapare les genres en combinant habillement un Rock mélodique et très groove avec des sonorités et des passages plus Metal et racés. Avec une approche très personnelle, le groupe se montre sous un beau visage.

OSCIL

« First Step On My Moon »

(Independant)

Dès leur pochette, certains albums laissent entrevoir la qualité de leur contenu. Et c’est le cas avec « First Step On My Moon », premier album d’OSCIL, qui fait suite à un EP, « Never Ending Road(s) », sorti il y a quelques années. Dans un univers progressif, les Parisiens se présentent avec un ton et un style bien à eux, oscillant entre Rock et Metal et portés par une voix féminine forte.

Toute en finesse, OSCIL développe son jeu avec une belle technicité en laissant à certains passages de leurs morceaux une légèreté douce et aérienne. Fort de la dextérité et du sens de la mélodie de ses membres, le quatuor développe un Rock Progressif, mais pas uniquement, puisqu’on y retrouve quelques ambiances Indie et des gimmicks Metal très efficaces.

Grâce à des arrangements subtils et très soignés (« Romance », « The Pact », « Enter the Haze » et le morceau-titre), OSCIL sait aussi se faire plus incisif grâce à des guitares acérées et un ensemble très fluide en jouant habillement sur la puissance de ses titres. La chanteuse du groupe accueille aussi le chanteur Ludo Desa pour un duo de haute volée (« The Heart Of A Woman »). Addictif !

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Blues Rock Hard Rock Psych Rock Space Rock

Komodor : vintage revival

Enthousiasmant, virevoltant, Rock’n’Roll, Psych et catalyseur de bonne humeur, « Nasty Habits » est tout cela à la fois. Pour son premier album, KOMODOR livre un opus très abouti, à la production remarquable et surtout composé de morceaux entêtants, qui deviennent rapidement addictifs. Les Finistériens s’imposent avec élégance et irrévérence d’entrée de jeu.   

KOMODOR

« Nasty Habits »

(Soulseller Records)

Solaire et lumineux, ce premier album est la révélation Rock Hard 70’s de cette fin d’année. Avec «  Nasty Habits », les Bretons de KOMODOR effectuent un revival musical aux saveurs psychédéliques dans un esprit vintage assumé et surtout une joie et une fougue très communicative. Réalisé de A à Z par ses soins, le quatuor se montre particulièrement sûr de lui et très inspiré.

Solide et très aérien, « Nasty Habits » réhabilite avec élégance un son très Garage, rappelant les belles heures de la scène de Detroit. Si KOMODOR a enregistré et mixé lui-même son album, il a laissé le soin au grand Jim Diamond (White Stripes, The Fleshtones) d’y porter la touche finale en réalisant un mastering de toute beauté. Et le résultat est brillant et affiche un style vintage terriblement au goût du jour.

Guitares doublées et énorme travail sur les voix qui se font souvent hypnotiques, les morceaux de KOMODOR rentrent dans la tête pour ne plus en sortir (« Just An Escape », « Debt City », « Washing Machine », « Moondrag »). Chez les Bretons ça groove autant que ça percute. Le trip est sauvage tout en restant délicat et planant (« Nasty Habits », « Set Me Free », « Mamacita »). La classe !

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Folk/Americana Rock Progressif

Erewän : une tradition revisitée

Ce n’est jamais facile pour un Latin de s’accaparer la culture celte. Et pourtant, cet album d’EREWÄN est une belle surprise qui parvient à éviter les clichés sans se heurter aux habituels et nombreux écueils musicaux de la musique traditionnelle. « How Will All This End ? » est aussi original qu’il est bien réalisé et présente une plongée très réussie et assez obscure dans l’âme humaine.

EREWÄN

« How Will All This End ? »

(Anesthetize Productions)

Multi-instrumentiste et originaire de Nice, c’est pourtant dans un univers celtique qu’a choisi de se diriger EREWÄN pour son premier album. En invitant l’auditeur à la réflexion, « How Will All This End ? » présente des morceaux assez sombres dans les textes et étonnamment positifs musicalement, en évoluant dans un registre Folk/Rock/Prog affiné. Un contraste que l’on retrouve sur l’ensemble du disque.

Réalisé par Alexandre Lamia (Nine Skies), que l’on retrouve au mix et au mastering, ainsi qu’à la guitare sur les titres « Childhoods » et « Highlands » aux côtés d’Eric Bouillette au violon sur ce dernier (Nine Skies aussi !), EREWÄN propose un album varié dont il signe la musique et les textes. D’ailleurs, c’est sur un instrumental délicat que le musicien ouvre ce premier opus (« Rising Sun On The Shore »).

Sur neuf morceaux très homogènes, le Niçois nous plonge dans des histoires de violence, de haine et de guerre, comme pour mieux l’exorciser (« Walk Away », « Headline », « Twist Of Fate », « Evil In Us »). Mélangeant habillement des influences traditionnelles et des sonorités très actuelles, EREWÄN marie le Rock Celtique et la Folk avec le Progressif pour un résultat convaincant. Un audace à saluer.

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France Rock

Arion Rufus : scander la voie [Interview]

Ca ne se fait plus beaucoup dans le petit monde du Rock français, mais il reste des groupes qui font de leurs textes une priorité. C’est le cas avec ARION RUFUS (vous chercherez vous-mêmes la signification !), qui nous offre un premier album, « Dehors, c’était la nuit » (M&O Music) et qui ne manque ni d’audace, ni de pertinence et surtout pas de vérité ! Entretien avec Erwan Bargain, clameur du combo, et son bassiste (plus discret, mais super efficace) Florent Jacques.

– ARION RUFUS est né du split de votre ancien groupe e.Sens. Et vous avez décidé de poursuivre l’aventure dans un style différent, tout en conservant tout de même plusieurs aspects. Pourquoi avoir changé de registre ? Vous vous sentiez un peu à l’étroit et aspiriez à un univers plus Rock ?

Erwan : Je ne pense pas que nous nous sentions à l’étroit avec e.Sens, bien au contraire. Nous avons enregistré un troisième album, un double, enregistrement qui s’est étalé sur un an et demi. Nous n’étions plus que quatre dans le groupe et, à force de travailler sur ce disque, une certaine lassitude s’est sans doute installée et deux membres du groupe, ont alors souhaité faire une pause. L’album était prêt, mixé, masterisé, mais il nous manquait les moyens financiers de la presser et de le sortir. Je pense que ne pas avoir réussi à sortir ce disque, couplé aux envies personnelles de chacun a eu raison d’e.Sens. Avec Florent (Jacques, bassiste – NDR), , on a souhaité rapidement rebondir et avons décidé de créer un nouveau groupe. Le troisième album d’e.Sens, qui devait s’intituler « Apocope », prenait déjà une direction rock avec des longs morceaux un peu psyché, des intro de trois minutes, des passages blues un peu gras, des sons de guitare un peu traf…En gros, ce tournant rock avait déjà été amorcé. Il se peut aussi que la frustration, la déception, et peut-être une forme de colère de voir l’aventure e.Sens se terminer ainsi a influencé les compositions et les premiers textes d’ARION RUFUS. Nous jouons un rock plus frontal, plus ramassé, comme si nous étions revenus aux fondamentaux et que l’on renouait avec notre adolescence (à quarante-cinq berges passées ça la fout un peu mal, mais bon !).   

– Le groupe existe depuis quelques temps déjà, et pourtant dernièrement vous avez décidé de mettre un coup de boost avec l’enregistrement de « Dehors, c’était la nuit », votre premier album. Et dans la foulée, vous signez avec M&O Music. Finalement, il suffisait de s’y mettre ! Comment tout cela s’est-il passé ?

Erwan : Oui, le groupe existe depuis trois ans, il me semble. Nous avons pris notre temps, c’était nécessaire. Car si je connaissais Florent et que nous jouions ensemble depuis déjà quelques années, ce n’était pas le cas de Jérôme (batterie) et Jean-Marc (guitare) Le Pape, avec qui nous n’avions jamais joué. Jean-Marc était plutôt habitué à faire des reprises Rock et n’avait quasiment jamais composé, si je ne me trompe pas, quant à Jérôme, il avait joué durant quelques années dans un bagad. Je pense qu’il a fallu que nous nous trouvions… Après, nous avons enregistré l’album, il y a plus d’un an déjà, il était mixé et masterisé, mais avec tout ce qui s’est passé sur le plan mondial, je pense qu’il était plus sage d’attendre pour le sortir. D’où ce long laps de temps.

– ARION RUFUS évolue dans un registre globalement Rock sur des textes très écrits, poétiques et même politiques. Hormis ces quelques composantes, le groupe présente un style atypique où viennent se greffer beaucoup d’éléments musicaux très variés. Comment vous décrire le mieux possible finalement ?

Erwan : C’est difficile à dire. C’était une façon de nous mettre nous-mêmes dans une case, mais nous avions choisie et de créer finalement notre propre style. Il y a tellement de styles, de sous-styles, de sous-genres, dans chaque secteur de la musique que ça en devient parfois absurde. Alors pourquoi ne pas, nous aussi, créer notre propre style et être les premiers sur ce créneau… Plus sérieusement, le terme de ‘Garage Rock Poetry’ est là pour mettre en avant le côté Rock joué dans un petit local au Faou, dans le Finistère, et le côté poétique des textes déclamés en Français. Un peu comme Linton Kwesi Johnson avec son Dub Poetry.  A la base, je ne suis ni chanteur, ni musicien, mais auteur. J’ai sorti plusieurs recueils de poésie et j’attache donc une grande importance aux mots. Avec e.Sens, nous faisions un mélange de Jazz Rock et de Spoken Word. Nous avons juste durci un peu les composantes musicales, plus carrées, plus Rock et moins free qu’avec e.Sens et poursuivi dans la voie du Spoken word, même si sur certains morceaux, la voix est parlée et chantée.

– Et puis, il y a également un aspect qui prédomine, c’est ce côté un peu Punk et très Garage, plutôt dans l’esprit, l’attitude et le climat des morceaux d’ailleurs. ARION RUFUS rappelle même parfois le Rock Alternatif français des années 80 dans une version plus élaborée. C’est aussi votre sentiment, et peut-être même aussi un peu votre démarche ?

Florent : Nous avons fait notre éducation musicale dans les années 90. A cette époque tout fusionnait : le Hip-Hop, le Metal, le Reggae, le Dub, le Punk… Nous sommes un pur produit de ces années-là.

Erwan : Et, tous ces styles nous ont consciemment ou inconsciemment influencé. Ado, j’écoutais (et écoute toujours) les Pixies, The Clash, Police, Nirvana, Pearl Jam, Rancid, NOFX, Bad Religion, Tool, RATM, Noir Désir, Black Maria, et même Dick Dale, etc… Et à cela s’ajoute, pour ma part, toute la scène alternative française, avec Bérurier Noir, Les Wampas, Les Cadavres, Ludwig von 88, les Garçons Bouchers, etc… J’ai toujours aimé le Rock français. Quand j’étais ado, j’écoutais plus particulièrement la scène alternative, il y avait quelque chose d’assez jouissif, car je comprenais les paroles immédiatement et j’avais donc un rapport direct avec ces textes énervés, révoltés et agités. Alors qu’en écoutant des groupes américains ou anglais, je devais en général traduire les textes pour les comprendre et en saisir la subtilité.

– Faire coexister le Reggae Dub, le Stoner, des notes bluesy et même la Surf Music dans un ensemble très Rock peut paraître improbable, et pourtant ARION RUFUS y parvient le plus naturellement du monde. La fusion des genres semble presqu’instinctive chez vous, non ?

Erwan : Oui, il y a sans aucun doute un côté instinctif dans notre musique. Je pense qu’il est difficile de définir ce qui se passe lors de la création d’un morceau. Parfois, ça nous échappe. Chacun y met du sien, de sa personnalité, dans sa manière de jouer, d’appréhender le titre… Il y a quelque chose de magique dans la musique. On ne part de rien, ou alors d’un riff de guitare, d’une ligne de basse, de deux ou trois vers posés sur le papier et, au fur et à mesure, les pièces du puzzle s’assemblent, suivant la sensibilité de chacun. Il faut que tout le monde trouve sa place et puisse d’une manière ou d’une autre affirmer sa personnalité tout en pensant au collectif. Car la musique, en général et à mon sens, est un sport collectif

– On observe aussi que la rythmique basse/batterie a beaucoup d’importance, car elle guide les morceaux, qui sont d’ailleurs très évolutifs. Et ARION RUFUS présente des titres très épurés également. C’est votre manière d’aller à l’essentiel ?

Florent : Nous sommes un trio de musiciens, chacun doit apporter sa pierre à l’édifice. La basse ne peut se contenter d’appuyer la rythmique, elle doit avoir aussi un rôle à jouer dans les mélodies. Personnellement, j’ai un faible pour les airs qui traînent dans la tête.

Erwan : Un groupe est un collectif où chacun doit être en mesure de s’épanouir. Même si, je ne te cache pas que, dans les morceaux qui sont sur l’album, chaque membre du groupe a une « bête noire », qu’il redoute de faire en live. Car le travail en studio et sur scène n’est évidemment pas le même. Mais je dirai qu’aller à l’essentiel, vu la configuration que nous avons, est en effet une idée que nous suivons. Si on fait du Rock et qu’on le revendique, je ne vois pas vraiment d’autre solution. Même si, à l’avenir, on ne s’interdit rien. Peut-être que nous aurons envie d’explorer d’autres voies, sans pour autant perdre notre identité.

– ARION RUFUS a aussi la particularité, et c’est même une exception dans le genre, de présenter un ‘Spoken Word’ pour le moins acéré. Sans être non plus dans le Rap, on pense plutôt au Slam. C’est une volonté de se distinguer ou une manière plus évidente de faire passer un message et donc de mieux faire ressortir les textes ?

Erwan : Alors, autant l’avouer tout de suite, je ne suis pas chanteur et n’ai jamais eu cette prétention. Le ‘Spoken Word’ est, probablement, une solution de facilité en ce qui me concerne même si sur certains morceaux, je suis amené à chanter un peu. Mais ce que j’aime, ce sont les intentions que l’on peut mettre dans le texte. En le déclamant ainsi, comme par exemple sur le titre « Nos Discussions », je peux mettre une intensité dans la voix, je peux vivre le texte, jouer avec, comme je pourrai le faire avec un texte de théâtre ou un monologue cinématographique. Le ‘Spoken Word’ a finalement un côté assez théâtral… Et comme j’ai la prétention d’écrire des textes à dimension poétique, je pense que cette manière de l’offrir au public est la meilleure. Mais, je peux me tromper. En tout cas, ce côté ‘Spoken Word’ fait aussi partie intégrante de notre singularité et nous le revendiquons.

– Justement, restons sur les textes qui oscillent entre poésie et politique et se faisant parfois même très intimes. Finalement, peu importe le thème abordé, il y a toujours cette volonté d’engagement quelque part chez vous…

Erwan : Oui. Après, c’est vrai que cet engagement passe par les textes, mes mots engagent aussi les musiciens. C’est bizarre, comme question, car que ce soit Florent, Jérôme ou Jean-Marc, ils ne m’en parlent que très rarement comme s’ils me laissaient carte blanche sur l’écriture. Mais cet engagement, même quand il concerne l’intime, est viscéralement lié à mon écriture depuis la naissance de mon premier enfant, en 2006 puis du second en 2009. Voir ce qui se passe dans ce monde qu’on va laisser aux futures générations, est révoltant et me met en colère. Ne pas évoquer cela dans mes textes, reviendrait en quelques sortes à nier la réalité qui est la nôtre à l’heure actuelle. Si j’écris en Français, avec les influences Rock que j’ai, écrire pour ne rien dire et seulement chercher le beau refrain qui fera plaisir au plus grand nombre, n’a aucun sens. ARION RUFUS n’est pas un groupe mainstream. Nous sommes dans une niche, comme ils disent. Pour mon fils, qui a bientôt seize ans, autant te dire que notre musique n’est pas sa tasse de thé. Nous passons sur des radios associatives, indépendantes, des radios universitaires avec lesquels, finalement, nous partageons les mêmes valeurs. Des valeurs humanistes, où l’humain et son avenir sur cette terre sont le cœur. Et donc évidemment, bien loin de la pensée ultra-libéraliste qu’on nous impose actuellement et qui creuse, chaque jour, les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres. Comme diraient certains candidats, en campagne, on se coupe d’un certain électorat. Mais c’est ainsi, on ne peut pas plaire à tout le monde, et c’est tant mieux, on l’assume.

Florent : Pour moi la qualité des textes d’Erwan provient justement de cet alliage entre poésie et engagement. Cette manière de saisir les choses qui nous entourent et le courage de les traiter par le biais de la poésie. L’intimité n’est qu’une cape d’invisibilité qui a pour but de maintenir la bienséance, de faire taire les douleurs, les inquiétudes, les révoltes aussi. Car nous sommes ainsi faits : aux maux, nous préférons le silence. Les mots les font exister. Seule la poésie a le pouvoir d’énoncer avec tact, beauté, la plus vile des situations et ainsi de dépasser le dégoût pour passer à la réflexion. 

– D’ailleurs, on peut retrouver les textes des chansons dans le livret de l’album, ce qui est devenu assez rare (comme les CD d’ailleurs !), à part peut-être chez les groupes de Metal extrêmes et pour cause. C’est un réflexe de l’écrivain que tu es aussi ?

Erwan : J’ai toujours aimé avoir les textes des chansons avec l’album, que ce soit en cassette ou en CD et ce depuis que j’écoute de la musique. Je ne sais pas pourquoi, sans doute mon côté ‘Old School’. Mais il est vrai que nous tenions à avoir les textes car quand on chante en Français, je pense que c’est important. Il s’agit là aussi probablement de l’ego de l’auteur, je ne le cache pas, en me disant que mes textes peuvent aussi être lus via ce cd, d’autant qu’il y a pas mal de jeux de mots qui ne passent pas à l’oral.

– Enfin, comment est-ce que cela se passe au niveau de la composition des morceaux ? Les ambiances viennent du texte, ou au contraire les thèmes des chansons découlent de l’atmosphère musicale ? Car les deux sont d’égale importance chez ARION RUFUS…

Florent : La plupart du temps, c’est un thème musical qui est le point de départ d’un morceau. Erwan étant très productif, il nous propose ce qui lui semble adéquat afin d’appuyer l’ambiance générale du morceau. Nous en discutons et nous élaborons le titre.

Erwan : Florent est sympa, car ils sont beaucoup plus productifs que moi notamment ces derniers mois. Disons que je m’inspire de ce qu’ils proposent dans 90% des cas, que je m’imprègne de l’ambiance musicale et je vois ce que cela m’inspire. Mais il arrive parfois comme pour « Dehors, C’est la nuit », que le texte arrive avant. Mais Florent a raison, le thème musical vient en général avant et je m’en imprègne pour écrire un texte selon ma sensibilité et parfois mon humeur du moment.

L’album d’ARION RUFUS, « Dehors, c’était la nuit », est disponible depuis le 3 décembre chez M&O Music.

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France Heavy metal

Titan : par la grande porte [Interview]

Un petit tour et puis s’en va. C’est à peu près le résumé de la carrière de TITAN, groupe finalement assez éphémère du milieu des années 80. Plus de 30 ans après, le combo de Heavy Metal basque remet le couvert, revigoré par l’enthousiasme de ses fans, dont la patience semble sans limite. « Palingenesia », le nouvel album du quintet, marque un retour fracassant et vient démontrer que la scène hexagonale a vécu de belles heures et s’apprête plus que jamais à en vivre d’autres largement aussi intenses. Patrice le Calvez, chanteur de TITAN, revient sur la brève épopée du groupe et surtout sur une envie décuplée de revenir sur le devant de la scène.

– Commençons par un peu d’histoire pour la jeune génération. TITAN a sorti un album éponyme en 1986, puis le Live « Popeye Le Road » deux ans plus tard. Ensuite, c’est le split avant un retour sur scène en 2017. Comment expliquez-vous que vous ayez autant marqué les esprits en seulement deux albums ?

On ne se l’explique pas trop en fait. A l’époque, on ne s’était pas rendu compte de l’impact que ça avait pu avoir auprès du public Metal français. On a vraiment pas pris la mesure quand on est revenu, même si avant il y avait quand même pas mal de demandes. Il y a eu une réédition en 2015, qui nous a fait prendre conscience qu’on était toujours dans l’esprit des gens et qu’on avait marqué les fans. Ensuite, l’apothéose a été quand on a fait la date au ‘Pyrenean Warriors Festival’ où on a reçu une dose d’amour et d’émotion vraiment fabuleuse ! 30 ans et les gens ne t’ont pas oublié et n’ont qu’une envie, c’est de partager des trucs avec toi.  

– Après l’album live, c’est la séparation pendant de longues années. Que s’est-il vraiment passé et à quoi chacun a-t-il vaqué ensuite ?

On a tous continué dans la musique, mais dans des groupes différents. On continuait à se voir de temps en temps. En 2015, nous nous sommes retrouvés sur un projet commun, qui était un ‘Tribute’ à Accept. Il y a eu deux concerts et au premier, quelqu’un est venu nous voir en nous disant qu’il aimerait avoir TITAN à l’affiche du festival ‘Pyrenean Warriors‘. On ne pensait pas du tout remonter le groupe, mais on s’est pris au jeu. On leur a dit qu’on ferait un concert pour voir comment ça se passe et comment on se sent 30 ans plus tard. Et la réaction du public a eu son importance. Ca a été tellement énorme que ça nous a reboosté et nous sommes repartis comme en 40 ! (Rires)  

– Est-ce qu’ensuite, il vous a paru immédiatement évident de remettre TITAN sur les rails, compte tenu de l’accueil enthousiaste du public ? D’autant qu’à écouter ce nouvel album, vous avez encore des choses à dire…

Ah oui, tout à fait ! Tout ça s’est fait presque naturellement, sans calcul, ni prévision. On a toujours été guidé par le plaisir. Au fil des concerts, on s’est rendu compte qu’on avait toujours le même accueil, puis on s’est remis tout doucement à composer quelques morceaux. Ca tenait vraiment la route, alors on s’est dit que faire un album serait une bonne idée. C’est tout simplement ce qu’il s’est passé ! (Rires)

– Quand avez-vous commencé l’écriture de « Palingenesia », et comment vous y êtes-vous pris ? Chacun a retrouvé son rôle ? Les habitudes sont vite revenues ?

Oui, vraiment. On part toujours d’un riff de guitare ou d’une ligne de basse, puis on structure le morceau et on y pose une mélodie. On fonctionne toujours de la même façon. Nous avons commencé fin 2018/début 2019 avec un premier morceau, et tout s’est enchainé très naturellement. Tout est très vite revenu. C’est comme le vélo ! (Rires)

– Parlons justement de ce nouvel album. Il est très actuel, tant dans les textes que dans le son. Et votre Heavy Metal, s’il reste classique, sonne très moderne. La production est également massive. Dans quelles conditions et comment avez-vous travaillé ?

On a travaillé en local. La technologie actuelle nous permet aussi beaucoup de souplesse, ce qui n’était pas le cas à l’époque. Toute la production artistique, que ce soit le son, le mix et le mastering, on voulait absolument le prendre en charge pour que ça sonne exactement comme on le voulait. C’est une co-production avec Crazy Grumpy, qui s’occupe de la fabrication des supports, de la distribution et de la communication. Et nous sommes très satisfaits du résultat et du son obtenu.    

– Vous restez toujours aussi engagés à travers vos textes, qui traitent de la société et de ses dérives comme la détresse des migrants ou les extrémistes en tout genre. La situation ne semble donc pas s’être améliorée depuis 1986 et vous restez fidèles à vous-mêmes en restant très revendicatifs. On ne vous imagine d’ailleurs pas chanter autre chose. En vous reformant et en composant l’album, vous n’avez pas été tentés d’aborder d’autres sujets, peut-être plus légers ?

Non, parce que c’est vraiment notre ADN. On a toujours fonctionné comme ça. C’est un reflet de la société qui nous entoure. Lorsqu’on écrivait les morceaux, on s’est rendu aussi compte qu’il y avait tellement de choses à dire. On aurait pu en traiter plein d’autres d’ailleurs. Ce sont des sujets qui nous tiennent à cœur et dont on a envie de parler. Nous avons aussi une façon de dire les choses assez crue avec des messages clairs. C’est vraiment ça TITAN !

– Ceux qui ne vous connaitriez pas pourraient dire que vous êtes dans la lignée de Trust, ce qui n’est pas totalement faux (« Les Fous De Dieu »). Je dirai plutôt que vous avez une démarche commune et que vous êtes aussi de cette génération qui est très engagée, contrairement à celle d’aujourd’hui. Tu partages aussi ce point de vue ?

Oui, on est un peu dans la lignée du Trust de l’époque, des premiers albums. Aujourd’hui, je les trouve beaucoup moins engagés et un peu plus polissés. Nous sommes restés bruts de décrochage et on continue, parce que c’est comme ça que nous sommes bien ! On n’a pas envie de changer ! (Rires) Aujourd’hui, on est presqu’à contre-courant en dehors de quelques groupes. Je pense que c’est un état d’esprit. Il y a aussi une absence de conscience politique depuis deux générations. Ce n’est peut-être pas complètement de leur faute, car tout est tellement politiquement correct, on fait passer les infos qu’on veut bien. Alors qu’on a aujourd’hui tous les moyens pour chercher l’info, la vraie, mais les gens ne font plus l’effort. C’est dommage de ne pas être un peu plus curieux et de ne pas aller plus loin de ce qu’on leur donne en pâture.

– Sur « Palingenesia » figure aussi le morceau « Résurrection », qui est même assez émouvant. Vous vous adressez directement à vos fans en confirmant vos intentions et votre engagement. Comment est né ce titre et laisse-t-il présager que TITAN est de retour pour de bon ?

Oui, normalement, on est de retour pour de bon ! (Rires) On n’a pas l’intention de s’arrêter là. Pour nous, ce titre était assez évident. Il y a eu tellement d’émotion, ça a été très fort lorsqu’on a fait ce retour en concert en 2017 que cela nous a paru naturel que sur l’album figure un morceau comme celui-ci. « Résurrection » raconte la journée que nous avons vécu ce jour-là et aussi la raison de notre présence sur scène. S’il n’y a pas de groupe, il n’y a pas de fans. Et s’il n’y a pas de fans, il n’y a pas de groupe. Si nous sommes toujours là pour défendre nos morceaux et nos idées, c’est que nous sommes suivis et c’était évident de leur hommage. C’est un échange.

– Et qu’avec ce très bon nouvel album, vous n’avez pas le regret de ne pas avoir continué votre route à la fin des années 80 ?

Non, je ne crois pas. Personnellement, j’étais le premier à partir du groupe. A cause de mon activité professionnelle, les week-ends étaient toujours chargés, car on jouait partout en France. C’était devenu très compliqué. Et quand tu n’as plus la foi et la pêche pour aller partager ça avec le public, je pense qu’il faut savoir s’arrêter. Aujourd’hui, on est très content d’avoir retrouvé cette envie et on veut que ça continue le plus longtemps possible ! 

– Enfin, quel regard portes-tu sur l’actuelle génération du Metal français, et que penses-tu du retour, comme le vôtre, d’ADX, de Sortilège et de quelques autres ?

Je trouve génial que des groupes de cette époque, comme nous, puissent revenir, se produire à nouveau et avoir le soutien des fans. Et ce qui est encore plus intéressant, c’est qu’il y a des jeunes groupes qui arrivent, je pense à Tentation et Existance notamment, parce que nous ne sommes pas non plus éternels. C’est important que de nouveaux groupes portent aussi le flambeau et il faut que ça continue ! (Rires)

L’album de TITAN, « Palingenesia », est disponible depuis le 26 novembre 2021 via Grumpy Mood Records.

Album et merchandising : https://www.crazygrumpystore.com/

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Alternative Rock

[Going Faster] : After Us / Snap Border

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

AFTER US – « Breaking The Dark » – Independant

2021 aura été une année studieuse pour AFTER US qui sort son EP, « Breaking The Dark », et montre déjà de très bonnes choses. Le quatuor francilien fait preuve de maturité pour un premier effort et livre quatre titres solides et bourrés d’énergie. Dans un style plus européen qu’américain, l’Alternative Rock du groupe se compose aussi de diverses influences notamment Pop, Metal et Electro. La très bonne prestation de sa frontwoman apporte une originalité supplémentaire sur des titres solides (« Home Again », « Get Out »). AFTER US a également mis l’accent sur le mix de son EP et sur des arrangements aussi précis que soignés (« City Lights », « Last Goodbye »). Avec un tel premier essai discographique, c’est maintenant la scène qui les attend.

SNAP BORDER – « Icons » – Independant

Sorti il y a tout juste un an, « Icons » fait suite au premier album de SNAP BORDER, « Alternative Current Box », qui avait fait décoller le groupe. En l’espace de cinq ans, le combo originaire de l’est de la France a affiné son registre et se présente avec un Alternative Rock tonique et percutant, qui fait aussi la part belle aux mélodies (« Dancing With The Sharks », « Evil-tions »). Accrocheurs et fédérateurs, les cinq titres d’« Icons » proposent un spectre assez large pour laisser au quintet la possibilité d’explorer de nombreuses facettes du Rock et parfois même du Metal, grâce à des riffs costauds et un chanteur convaincant (« Endscape », « Losing Side »). En attendant de retrouver SNAP BORDER avec de nouvelles compos, cet EP vaut le détour.

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Post-HardCore Post-Metal

20 Seconds Falling Man : en chute libre

Hypnotique et massif, le savant mélange de post-Metal et de post-HardCore de 20 SECONDS FALLING MAN se dessine enfin sur « Void », premier album des Nantais, qui tient toutes ses promesses après deux précédents EP. Profond et puissant, le quintet présente un bel album, qui devrait l’installer durablement dans le paysage Metal hexagonal.

20 SECONDS FALLING MAN

20 Second Falling Man

(Independant)

A Nantes en 2008, 20 SECONDS FALLING MAN posait les bases de son post-Metal et post-HardCore le temps d’un EP avant de se mettre en sommeil trios ans après sa formation. Revenu dans la course en 2017, le combo a sorti « #2 », son deuxième format court avant de se concentrer sur la composition de son premier album, « Void », sorti il y  a quelques jours.

En août dernier, 20 SECONDS FALLING MAN avait aussi enregistré une session live pour ‘La Télé du Ferrailleur’ dans le cadre du ‘Hellfest From Home’. Composé de quatre morceaux anciens et plus récents, ce nouvel EP avait permis d’entrevoir les intentions nouvelles du quintet et son imposante force de frappe. Fin prêt, il débarque aujourd’hui avec « Void ».

Après nous avoir fait découvrir « I See Land » et « A Way Out », le combo dévoile les quatre derniers morceaux de ce premier album et ceux-ci nous plongent en immersion dans un post-Metal et HardCore puissant et progressif, où 20 SECONDS FALLING MAN fait preuve d’autant d’énergie que de créativité. Les titres se fondent dans une belle unité, qui lui permet de voir l’avenir sereinement.

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Blues Rock Stoner/Desert

No More Winters : vagabondage bluesy

C’est avec beaucoup de fraîcheur et de finesse dans le jeu que NO MORE WINTERS se précise sur son premier album, « Sedentary Nomads ». Entre Blues et Desert Rock, le duo évolue dans un registre roots et authentique et la sincérité des morceaux de cet opus autoproduit se révèle attachante et entraînante.

NO MORE WINTERS

« Sedentary Nomads »

(Independant)

Après un premier EP en 2018 (« Back In The Saddle »), NO MORE WINTERS poursuit sa route et a récemment livré son premier album, « Sedentary Nomads », très bien autoproduit. Le trio à deux, composé de Tim (guitare, chant)  et Klovis (batterie, claviers), évolue dans un univers Rock largement dominé par un Blues Rock aux saveurs Desert et Stoner. Une variété tout en finesse.  

Les 12 morceaux très roots et bruts composent une sorte de road-trip enjoué et basé sur des histoires de voyage, de rencontres et de questionnements. Entre le Nantais et le musicien des Deux-Sèvres, l’entente est évidente et NO MORE WINTERS propose un registre à la fois relevé et intimiste. Relativement épuré sans son ensemble, « Sedentary Nomads » va à l’essentiel avec brio.

La configuration originale du duo lui offre de multiples possibilités en passant d’un Blues Rock énergique (« Oh Luiza », « Ain’t So Bad », « Wrong Train ») à des titres plus Desert Rock et même légèrement Stoner (« Can’t Feel The Rain », « Send Me Down A Sign », « What Could’ve been »). Le dobro s’invite aussi dans le répertoire de NO MORE WINTERS (« Never Stop Trying ») avec une touche Southern. Un  régal !

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Hard Rock

[Going Faster] : Smith/Kotzen / Balls Out

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

SMITH/KOTZEN – « Better Days » – BMG

En mars dernier, la collaboration entre Adrian SMITH et Richie KOTZEN avait littéralement soulevé l’enthousiasme. Ce premier album éponyme entre le membre d’Iron Maiden et le guitariste caméléon avait créé la surprise, tant l’entente entre les deux hommes était manifeste. Quelques mois plus tard, le duo revient avec un EP de quatre titres, « Better Days », peut-être un peu plus classique, mais toujours aussi relevé et efficace. Virtuoses sans être démonstratifs, SMITH & KOTZEN signent à nouveau la production que le mix de Kevin Shirley vient mettre en lumière. Un trio de choc ! Entre échanges vocaux et guitaristiques, le duo régale encore et rivalise de créativité au niveau des riffs et des solos. « Better Days » est à mettre en toutes les mains en attendant la suite.

BALLS OUT – « Volume 1 – Get Dirty » – Rock City Music Label

Plutôt que de sortir un album comme tout le monde, les Niçois de BALLS OUT préfèrent se lancer dans une trilogie d’EP, donc voici « Get Dirty », le premier volume. Et la mise en bouche est aussi musclée que savoureuse. Le quatuor envoie du Hard Rock comme on n’en entend aujourd’hui que bien trop peu. Directs et rentre-dedans, c’est à grands coups de riffs que les Français nous embraquent dans un tourbillon, où la tradition et la modernité font bon ménage (« Back To Real », « El Guapo Gonzo »). Solide et tranchant, BALLS OUT ne tremble pas et joue autant sur l’impact des mélodies que sur des rythmiques massives (« Big Load »). Et cerise sur le gâteau, Rusty Brown (Electric Mary) vient électriser « Get Dirty (Wild And Nasty) » avec brio. L’attente va être longue jusqu’au suivant…

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AOR France Melodic Rock

Heart Line : catalyseur d’émotions [Interview]

Il fut un temps où on appelait encore ce style de musique du Hard FM ou du Rock californien, au choix. Pour des raisons certainement liées à un quelconque brainstorming d’experts en marketing qui a mal tourné, ce Hard Rock où les mélodies (et aussi un peu les claviers) ont la part belle se nomme dorénavant AOR car, dit-on, les chansons y sont plus formatées pour les radios entre autre. Très ancré dans son époque, le registre est loin d’avoir disparu et HEART LINE vient le démontrer de très belle manière avec « Back In The Game », un premier album bluffant de fraîcheur, d’enthousiasme et d’énergie. Yvan Guillevic, guitariste, compositeur et instigateur du projet, nous en dit un peu plus sur le groupe et sa démarche.

Photo : Cédric Andreolli

– Tout d’abord, j’aimerais que tu nous parles de la création de HEART LINE et de l’idée de ce premier album. Le groupe est arrivé un peu de nulle part. A moins que le secret ait été volontairement bien gardé…

En fait, c’est vraiment un projet qui est né très spontanément, presque par hasard. Nous étions en période de pré-confinement, le second, et j’avais de toute façon décidé de ne pas me faire avoir une deuxième fois et de bosser sur un projet. J’ai commencé à composer un titre (« In The City ») et ça sonnait dans cet esprit 80’s, entre Foreigner et Journey.

J‘ai tout de suite senti qu’il y avait un truc à faire avec, mais pour ce type de morceau il te faut un super chanteur, sinon ça ne marche pas. J’ai proposé à Emmanuel de poser une ligne de chant dessus et ça a matché. On a tout de suite décidé de partir sur un projet commun qui garderait cette ligne directrice musicale. On a composé l’album en trois semaines (Manu s’occupant de toutes ses lignes de chant et moi du reste). Il a ensuite fallu trouver l’équipe complète, ça a été fait très vite là encore, et voilà HEART LINE était né. Donc non, pas de secret, juste un groupe qui s’est monté incroyablement vite.

– Est-ce que tu pourrais nous faire une petite présentation des musiciens qui t’accompagnent et que l’on sent d’ailleurs très à l’aise dans ce registre ?

On retrouve donc Emmanuel Creis au chant. On s’est rencontré au Vauban à Brest en 2012. Il y avait une soirée PYG (mon groupe)/Shadyon (le sien). On a tout de suite sympathisé. On s’en ensuite retrouvé quelques temps plus tard au Hellfest, et encore plus tard à un concert de Toto sur Nantes en 2016. Et à ce concert, je lui ai dit que je l’appellerai un jour pour faire un truc. J’ai tenu parole ! C’est un chanteur incroyable, tout est facile pour lui.

Jorris Guilbaud aux claviers, même rencontre au Vauban puisqu’il est le claviériste de Shadyon. On a aussi sympathisé tout de suite, je l’ai d’ailleurs rappelé pas longtemps après pour faire un guest sur le deuxième album de PYG. En 2014, on a même monté un groupe ensemble, orienté Soul/Blues (arrêté depuis). Bref, je tenais absolument à l’avoir avec nous, car c’est un musicien particulièrement talentueux.

Dominique Braud, le bassiste, était un choix évident pour moi. On joue ensemble dans YGAS  et c’est juste un tueur ! Il a dit oui avant même d’entendre une note de HEART LINE. Ça met en confiance pour la suite.

Walter Français à la batterie, super batteur, je ne le connaissais pas. C’est Manu qui me l’a proposé, et il est le nouveau batteur de Shadyon. Il m’a envoyé un extrait vidéo de leur live au Motocultor. Walter y est impérial. Pour moi, c’était bon et pour lui aussi. Et c’est un gros fan d’AOR en plus.

– Vous venez juste de sortir « Back In The Game », un très bon album dans un style AOR et Melodic Rock assez peu représenté en France d’ailleurs. Comment avez-vous procédé pour l’enregistrement et la production, car on sort d’une période compliquée et il sonne franchement bien ?

Entre les confinement et les couvre-feux, il a fallu faire comme on pouvait. Par chance, j’ai un studio chez moi et chaque membre du groupe avait la possibilité de s’enregistrer correctement et était capable de proposer des arrangements pour améliorer ses parties. Ils sont hyper talentueux, ça aide. J’ai donc tout centralisé chez moi. Pour le chant, on a réussi à aller en studio Manu et moi, pas très loin de chez lui. Ensuite ça a été le mixage, et voilà l’album était prêt au printemps.

Photo : Cédric Andreolli

– Comme je le disais, on compte peu de groupes de ce style en France, alors qu’ailleurs on note un beau revival. Qu’est-ce qui t’a motivé à composer cet album, car on ne sent pas une once de nostalgie sur « Back In The Game » ?

C’est tout simplement la musique que j’écoutais et que je jouais quand j’étais ado. J’ai vraiment commencé à me passionner pour la musique en 1980, avec AC/DC, Trust, Iron Maiden, etc… Pendant toute la décennie et même après j’ai écouté ça et appris la guitare sur tous ces groupes. De Dokken, Winger, Whitesnake, Malmsteen en passant par Bad English, Giant, Ratt, Dio… Et j’avais envie de retrouver cette énergie presque primaire. C’est ma musique de cœur en fait, celle qui a fait que je suis devenu musicien. Après j’ai vagabondé dans plein de styles différents, mais je suis content de revenir à mes premiers émois.

– Dès le premier album, vous signez chez Pride & Joy Music, un label très reconnu dans le domaine. Comment s’est réalisée cette signature, car elle vient confirmer un départ idéal ?

Très simplement. J’ai envoyé l’album à une douzaine de labels à travers le monde, je savais qu’il fallait tenter l’étranger et ne pas attendre grand chose de la France, car ce style est peu répandu par ici. J’ai reçu trois réponses intéressées, dont celle de Pride & Joy Music qui avait craqué sur l’album et nous proposait directement un contrat. Tout ça au bout de six jours, c’était dingue en fait. On n’a pas hésité longtemps, car on avait ce label dans le viseur dès le début. Et je crois qu’on a bien fait quand on voit le travail effectué à travers le monde. L’accueil de la presse est génial, que ce soit en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Suède et dans tellement de pays et maintenant en France, c’est fou l’impact qu’a ce label.

– Sans parler des influences qui sont toujours un peu les mêmes dans un registre aussi particulier, quelle a été ta démarche ? Perpétuer une certaine tradition musicale et sonore, ou au contraire apporter de la fraîcheur et un peu de nouveauté à ce style très ancré dans les années 80 et 90 ?

Je me suis dit : « Imagine que tu composes la BO d’un film des 80’s », et après je n’ai pas vraiment beaucoup réfléchi à tout ça. J’ai fait la musique que j’aimais, en toute sincérité. Si tu commences à te poser trop de questions, tu vas vraisemblablement te vautrer. Il fallait juste que le projet soit correctement orienté, ne pas non plus tomber dans un excès d’influences, rester focus sur ce type de musique sans chercher non plus à révolutionner le genre, mais évidemment aussi à ne pas tomber dans le plagiat. Au final, les titres sortaient facilement. Ça nous plaisait, c’était suffisant pour nous. Après que les gens accrochent où pas, ce n’est plus de notre ressort.

– Ce qui est frappant sur « Back In The Game », c’est la précision et la qualité de jeu de chacun d’entre vous. Et malgré la grande technicité du groupe, personne ne tombe dans la démonstration. Au contraire, on sent une belle unité au sein de HEART LINE. Au départ, c’est ton projet et pourtant il y a une réelle osmose…

Merci ! Mon projet, c’est de faire des chansons, le reste m’importe assez peu. Pas besoin d’étaler sa technique toutes les 10 secondes, ce n’est pas important, il faut juste s’en servir pour faire de bons titres. C’est un style demandeur d’une certaine technique de jeu, il faut des solos, des voix qui envoient, des descentes de claviers rapides, mais pas non plus des tartines indigestes d’égo. Donc, on reste focus sur les mélodies et les arrangements. L’osmose s’est créée naturellement, ça c’est du bol en fait, et en même temps sans cette complicité, ça ne pourrait pas fonctionner.

Photo : Cédric Andreolli

– L’une des composantes de HEART LINE est aussi ce groove constant. C’est quelque chose que vous avez particulièrement travaillé ?

Merci Dominique et Walter ! Ils sont essentiels dans ce groove, et oui c’est très travaillé, il faut que ça matche totalement. On joue un peu devant sur certains titres, un peu derrière sur d’autres, très droit sur quelques uns. On fait ce que demande le titre.

– Au niveau des guitares aussi, les riffs sont racés et les solos millimétrés. L’accent est vraiment mis sur les mélodies. C’est la base de HEART LINE ?

Oui, les mélodies sont essentielles, c’est du Hard Rock mélodique. C’est le moteur de ce groupe, il faut de la richesse sur les arrangements et des mélodies fortes, et Manu est un super mélodiste. Si tu ne fredonnes pas le titre, on a loupé un truc ! Pareil pour mes solos : pas trop, juste ce qu’il faut pour rajouter une couche, mais pas de démo, ce qui n’empêche pas quelques cascades quand même.

– Le groupe s’inspire aussi du rêve américain que l’on retrouve dès le visuel de l’album. « Back In The Game » est une sorte d’hommage à une époque où la société et la musique aussi étaient plus inspirantes ?

Complètement, c’était tellement plus simple. On écoutait, on aimait, on achetait et on se bouffait les albums pendant des semaines. On n’aimait pas, on passait à autre chose. On n’allait pas mettre des dislikes ou des commentaires… Et les concerts, c’était le Graal, on était tellement heureux d’y aller. Aucune lassitude, que du plaisir. Pas de vidéos prisent par un téléphone, pas de photos floues, on profitait de l’instant présent. Je suis effectivement un peu nostalgique de cette époque. Et puis, on était jeune, c’est normal de ressentir ça, les premiers émois musicaux (avec d’autres..), c’est important. Après il y a plein de choses géniales de nos jours. Sans Internet, on ne faisait pas l’album et on n’aurait pas été signé, par exemple. Mais ce frisson dans le dos qui te paralyse, cette chair de poule en entendant le riff de « Touch Too Much », le solo de « The Sun Goes down », cette énergie qui t’envahie en entendant l’intro de « Youth Gone Wild » et tant d’autres ! Je crois bien que plus jamais, je ne ressentirai d’émotions musicales aussi fortes !

Sinon, un grand merci à Stan W Decker pour ce fantastique artwork. On était trop content quand on a reçu ses premières esquisses. En plein dans le mille ! Il fallait que notre musique soit identifiable en un clin d’œil. Rappelle-toi des pochettes d’Iron Maiden, de Motörhead, de Scorpions, de Ratt, etc… On n’écoutait même pas avant d’acheter et 99% du temps, ça nous plaisait, car l’essence de la musique du groupe était dans la cover.

L’album de HEART LINE, « Back In The Game », est disponible chez Pride & Joy Music.