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Crossover International Rap Metal

Body Count : impitoyable [Interview]

Dans dix jours sort le très attendu nouvel album du légendaire gang de Los Angeles BODY COUNT. Et après un « Carnivore » sans concession passé malheureusement un peu sous les radars en raison de la pandémie, le groupe n’a pas l’intention de lever le pied et se présente avec « Merciless », qui est probablement l’une de ses meilleures réalisations à ce jour. Comme de coutume, on y retrouve des invités, une reprise et surtout le mordant et l’intacte férocité des Californiens. Après une série de dates en Europe cet été, Ernie C., guitariste en chef et fondateur du combo avec Ice T., nous parle de ce huitième opus. Et puis, c’est aussi une petite exclusivité française, puisque l’interview a été réalisée le 20 octobre dernier…  

– « Merciless » devait sortir cet été et le public le découvrira finalement en novembre. A quoi est dû ce retard ? La raison est-elle est la grosse tournée estivale, car j’imagine qu’il n’est pas facile de faire la promotion d’un album en sillonnant l’Europe notamment ?

Oui, c’est vrai et « Merciless » sortira finalement ce 22 novembre ! Il en aura fallu du temps. D’abord, bien sûr, il y a eu la pandémie, alors que nous venions juste de terminer « Carnivore ». Comme il est arrivé au début des confinements, nous nous sommes dit que nous devions commencer à travailler sur un autre disque. Ce que nous avons fait. D’ailleurs, il n’y avait même pas eu de tournée pour défendre « Carnivore ». Les nombreux concerts de cet été ont permis de le présenter enfin au public…

– D’ailleurs, vous nous avez mis l’eau à la bouche avec la sortie de trois singles (« Psychopath », « Fuck What You Heard » et « Comfortably Numb »). C’est une manière de vous faire un peu ‘pardonner’ de ce retard, ou avez-vous succombé aux nouvelles pratiques qui consistent à occuper le terrain sur les réseaux sociaux avec de nouveaux morceaux ?

Tu sais, ça, ce sont des trucs de maisons de disques. Ils sortent les disques lentement, au compte-goutte, c’est comme ça. Avant, c’était souvent comme ça qu’on faisait les disques. Les labels sortaient quelques singles et ensuite, l’album arrivait enfin… J’imagine qu’ils essaient de le faire un peu à l’ancienne.

– Lors de notre dernière interview à la sortie de « Carnivore », tu me disais que tu étais presque surpris par la dimension musicale de BODY COUNT aujourd’hui, par rapport au côté Punk de vos débuts. Tu ajoutais que vous étiez dorénavant un vrai groupe de Metal. C’est d’ailleurs quelque chose qui saute aux oreilles dès l’into de « Merciless »…

Oui, c’est vrai. En fait, c’est tout simplement ce que nous sommes aujourd’hui. Je ne pense pas que nous serons à nouveau un jour ce groupe Punk que nous étions à nos débuts. Mais  c’est une progression assez naturelle de notre style musical, à mon avis…

– Pour ce huitième album, on retrouve toujours votre ‘troisième guitariste’ Will Putney à la production et le résultat est toujours aussi impressionnant. Vous n’imaginez pas un album sans lui ? Ne serait-ce que pour essayer une nouvelle approche musicale ? Est-il en quelque sorte le garant du son de BODY COUNT ?

Putney est évidemment un élément important de BODY COUNT. Nous aimons vraiment travailler ensemble. Ce que nous apprécions aussi, c’est que les choses sont très simples avec lui. En fait, nous ne voulons pas nous compliquer la vie, juste être efficace. Et il reste simple dans son approche, ce qui nous convient très bien. Et puis, je ne veux plus produire de disques de BODY COUNT, c’est plus simple de jouer de la guitare… (Sourires)

– Avant de parler des invités qui figurent sur « Merciless », il en est un qui a étonné tout le monde, car on n’aurait jamais imaginé qu’il se joigne à BODY COUNT : c’est bien sûr David Gilmour, ex-Pink Floyd, sur « Comfortably Numb ». De quelle manière deux univers aussi différents se sont-ils retrouvés car, même si Ice T a apporté du texte, on est très loin de South Central ? Et la reprise est magnifique…  

Ice est arrivé avec la chanson et il voulait que je puisse la jouer sans aucune limite. Il faut savoir que dans la première version, je joue la première guitare et c’est Richie Sambora qui joue la seconde. Ensuite, nous l’avons donc envoyée à l’entourage de David Gilmour pour obtenir son approbation. Ils nous ont répondu qu’il adorait la version, mais qu’il voulait savoir s’il pouvait jouer dessus… et là, on s’est dit : ‘Oh putain, oui, tu peux !’ (Rires) Ce fut vraiment un honneur et un privilège de l’avoir sur le morceau. Nous l’avons ensuite renvoyée à Roger et son management nous a donné son accord… Le fait que ces deux-là, David et Ice, soient d’accord sur une chanson me donne foi et espoir pour le monde… (Rires)

– D’ailleurs à propos de reprises, sur « Carnivore », vous aviez repris « Ace Of Spades » de Motörhead et donc cette fois, c’est Pink Floyd. Le spectre s’élargit. C’est une manière de dire aussi que BODY COUNT peut surgir là où on ne l’attend pas ?

En fait, on ne l’a pas vraiment imaginé dans cette optique-là. Finalement, c’est juste notre façon de dire que nous écoutons toutes sortes de musique au sein de BODY COUNT. Nous ne nous mettons jamais de limites à ce qu’on peut jouer en termes de style. Et nous ne savons pas non plus ce qui arrivera dans les futurs albums… (Sourires)

– Parlons des guests qui figurent sur l’album, une vieille habitude maintenant. Ici, ils sont tous issus directement de la branche extrême du Metal. On retrouve Max Cavalera de Soufly, Joe Bad de Fit For An Autopsy, Howard Jones de Killswitch Engage et George ‘Corpsegrinder’ Fisher de Cannibal Corpse. C’est assez surprenant compte tenu de leur groupe respectif. C’est ça qui vous a attiré ? De confronter les styles ?

Tu sais, nous avons déjà tourné avec Cannibal Corpse par le passé. On se connait bien maintenant. Quant à Joe Bad, il joue avec Will Putney dans Fit for An Autopsy. Ca nous a donc paru assez évident. A y regarder de plus près, ce n’est pas si incohérent de retrouver ces artistes sur notre disque. Et pour Killswitch Engage, nous avons également fait de nombreux concerts ensemble. Et enfin, Max est un ami et il est à nos côtés depuis les années 90 maintenant…

– A y regarder de plus prêt, et si j’ai de bons yeux, ne serait-ce pas l’ami George Fisher entre les mains d’Ice T sur la pochette de l’album ? Comment se porte-t-il après cette petite séance de relaxation ?

(Rires) Georges va très bien, merci pour lui ! (Rires)

– Parlons un peu de ton jeu, qui est toujours aussi tranchant. Comment as-tu abordé la composition de « Merciless », car l’album est nettement plus sombre encore que « Carnivore » ?

Tu sais, c’est très simple. Avec le reste du groupe, nous avons juste abordé la composition de « Merciless » comme on le fait toujours, de la même manière et comme pour chaque album. Alors maintenant, je ne saurais te dire si ça sonne plus sombre que les précédents. Ce n’est pas vraiment quelque chose que je prends en compte. C’est tout simplement sorti de cette façon. Je n’ai pas vraiment de formule et il n’y a aucun calcul.

– Et enfin, vous venez de faire une grosse tournée en Europe après une longue absence due à la pandémie. J’imagine que les retrouvailles avec votre public ont été incroyables ?

Oh oui, c’était génial d’être de retour en Europe pour cette série de concerts. J’espère que nous pourrons revenir voir tous nos fans l’été prochain, car cette tournée était essentiellement consacrée à l’album « Carnivore ». Donc la prochaine fois, nous pourrons vraiment nous concentrer sur « Merciless ». Et ce qui m’a aussi marqué, c’est que les gens étaient vraiment heureux de nous voir. Tous nos concerts ont affiché complet, ce qui nous fait toujours très plaisir ! Keep rocking and keep rolling ! (Sourires)

Le nouvel album de BODY COUNT, « Merciless », sera disponible le 22 novembre chez Century Media Records.

Retrouvez l’interview d’Ernie C. accordée au site à la sortie de « Carnivore » :

Photos : Alessandro Solca, sauf 5.

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Southern Metal Southern Rock

Texas Hippie Coalition : wild South

Avec un humour décapant et une force de frappe conséquente, TEXAS HIPPIE COALITION rempile déjà avec son huitième opus sur lequel il renoue avec le son massif, chaud et généreux de ses débuts. Fortement imprégné de son sud natal, le quintet se montre toujours aussi sincère que ce soit sur des titres costauds et accrocheurs que dans des instants plus roots teintés d’émotions viriles et brutes. Et avec une figure de proue comme ‘Big Dad Ritch’, il reste robuste et tenace sur ce très vivifiant « Gunsmoke ».

TEXAS HIPPIE COALITION

« Gunsmoke »

(MNRK Records)

Alors qu’il avait sorti le très bon « The Name Lives On » l’an dernier, il y a fort à parier que TEXAS HIPPIE COALITION se soit ardemment remis à l’ouvrage pour sortir en temps et en heure ce furieux « Gunsmoke », qui vient célébrer les 20 ans du groupe. Et en termes de coup de boost, le moins que l’on puisse dire est que les Texans savent y faire. Leur mix entre Hard Rock et Heavy Metal, sous la bannière Southern, est l’un des plus musclés du genre et remue avec beaucoup de fougue l’actuelle scène pourtant si fertile.

Mené de main de maître par ses fondateurs Richard Earl Anderson, aka ‘Big Bad Ritch’, au chant et Cord Pool à la guitare, et dont les solos rayonnent sur tout l’album, TEXAS HIPPIE COALITION peut aussi compter sur les frères Romo (Nevada à la six-cordes et Larado à la basse) et sur son cogneur en chef Joey Mandigo derrière les fûts pour guider ce groove épais et ravageur. Cela dit, c’est un aspect légèrement plus Rock et résolument sudiste qui est mis en avant ici, comme un retour à ses origines musicales.

L’entame de « Gunsmoke » est rugueuse et cash. Les trois premiers morceaux (« Deadman », « Baptized In The Mud » et « Bones Jones ») sont bruts et mélodiques et les riffs lourds et puissants se libèrent sur un rythme d’enfer. Pour autant, TEXAS HIPPIE COALITION sait aussi se montrer plus délicat (« She’s Like A Song », « I’m Gettin’ High ») grâce, notamment, à son incroyable et irremplaçable frontman, qui incarne littéralement l’âme du combo (« Eat Crow », « Droppin’ Bombs » et l’irrésistible chanson-titre). Une saveur authentique.

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Metal Progressif Rock Progressif

Kingcrow : l’art du dépassement

Toujours impérial sur les parties instrumentales et doté d’un frontman exceptionnel, KINGCROW a la particularité de toujours s’inscrire parfaitement dans son temps. Très actuel et parfois futuriste dans l’approche, le Metal Progressif des Transalpins se renouvelle tout en imposant un son très organique et puissant sur des envolées hypnotiques et entraînantes. Avec « Hopium », ils déploient un savoir-faire exceptionnel sur des morceaux aux structures parfois étonnantes et aux refrains toujours captivants.

KINGCROW

« Hopium »

(Season Of Mist)

KINGCROW est probablement l’une des formations les plus créatives de la scène progressive italienne, et son évolution depuis 1996 est même remarquable. Fondé par les frères Diego (guitare, claviers) et Manuel Thundra Cafolla (batterie), il rejoint aujourd’hui Season Of Mist pour un huitième et très attendu album, puisque « The Persistance » date déjà de 2018. Six longues années donc à peaufiner son Metal/Rock Progressif, afin de livrer « Hopium », qui s’inscrit déjà parmi les meilleurs et plus aboutis disques de sa belle discographie.  

Si KINGCROW s’appuient sur une technique hors-pair et une production, cette fois encore, irréprochable et dense, c’est surtout sur les ambiances et la profondeur des émotions qu’ils mettent l’accent. Au chant, Diego Marchesi repousse ses limites, parfaitement soutenu par des chœurs, qui offrent encore plus de relief et de sensations à ces nouvelles compositions. Si les claviers sont souvent dominants, les riffs et des solos de guitares tirent remarquablement bien leur épingle du jeu dans un équilibre parfait.

Entre Rock et Metal, les mélodies déployées tout au long de « Hopium » oscillent entre une noirceur et une luminosité qui ont fait les beaux jours du quintet. Véloce et virevoltante, la rythmique varie les tempos à l’envie et les deux guitaristes (Ivan Nastasi et Diego Cafolla), en plus de se compléter, multiplient les directions dans un ensemble envoûtant et une dynamique redoutable (« Kintsugi », « Parallel Mines », « Losing Game », « Night Drive » et le génial « Hopium »). KINGCROW place la barre très haut et rayonne.

Photo : Riccardo Nifosì

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Blues Soul

Lara Price : full emotion

Ce n’est pas un hasard si Mike Zito s’est penché sur la carrière et surtout la voix et la qualité d’écriture de LARA PRICE avant de la faire signer. D’ailleurs, elle s’était rapprochée de sa future maison de disques depuis quelques années en s’installant dans la capitale texane. Une façon aussi peut-être de s’imprégner d’un Blues plus sudiste et dans lequel sa voix naturellement Soul pourrait explorer de nouvelles contrées musicales. C’est chose faite avec ce très bon « Half & Half » où, pourtant, rien n’est fait à moitié.

LARA PRICE

« Half & Half »

(Gulf Coast Records)

Originaire du sud du Vietnam, LARA PRICE a grandi aux Etats-Unis et plus précisément du côté de San Francicso qu’elle a quitté il y a quelques années pour Austin, Texas. Et la chanteuse n’en est pas à son d’essai et est même très loin d’être une novice en termes de Blues et de Soul. « Half & Half » est donc son premier disque sur le prestigieux label de Mike Zito, Gulf Coast Records. C’est aussi son huitième et, comme d’habitude, elle l’a co-produit, co-écrit et elle y joue également de plusieurs instruments en plus du chant. Une artiste complète et touchante aussi.

Enregistré à 60% au Texas et à 40% en Californie, le titre explique de lui-même le contenu de cette nouvelle réalisation, sur laquelle intervient une bonne vingtaine de musiciens. « Half & Half » est donc assez collégial dans sa conception, mais aussi et surtout terriblement personnel grâce à cette voix unique gorgée de Soul et d’émotion, car c’est cette dernière qui guide chacun des dix morceaux. LARA PRICE éblouit par une incroyable maîtrise vocale, bien sûr, mais aussi par la multitude de styles qu’elle aborde avec la même facilité. Sa polyvalence dans tous ces registres témoigne d’un grand talent. 

Le choix d’avoir un pied sur la côte ouest et un autre dans le grand Etat du Sud n’est pas non anodin, car la songwriter a fait appel à chaque fois à de musiciens du cru et c’est ce qui fait la force et la diversité des atmosphères de l’album. D’ailleurs, on perçoit et distingue sans peine la touche plus Southern, qui se veut plus roots, d’avec celle plus aérée et sensuelle de la Bay Area. Et LARA PRICE navigue entre ces deux pôles artistiques en y imposant sa touche personnelle, aussi puissante que douce, s’inscrivant dans les pas des plus grandes interprètes féminines actuelles.

Photo : Brynn Osborn
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Southern Rock

Blackberry Smoke : une tradition intacte

Pionnier de cette nouvelle génération de formations Southern à s’être émancipée d’un certain public pour en conquérir d’autres, BLACKBERRY SMOKE prouve, s’il était encore nécessaire, qu’il est ce grand représentant d’une musique typiquement sudiste qui vit, bouillonne et rayonne dorénavant comme au temps des Lynyrd Skynyrd, Allman Brothers Band, 38 Special et autres Molly Hatchet. « Be Right Here » est entraînant, joyeux, électrique, brut et d’une ferveur aussi palpable que confiante. Une réussite totale !

BLACKBERRY SMOKE

« Be Right Here »

(3 Legged Records/Thirty Tigers)

Avec « Your Hear Georgia » en 2021, BLACKBERRY SMOKE avait laissé beaucoup de fans sur leur faim, tant la déception fut grande. Cela n’a pas remis en question la grande qualité de ses prestation scéniques et encore moins celle de sa discographie, mais cela avait dévoilé certaines limites créatives. Cela dit, on peut aussi se dire qu’il ne s’agissait que d’un simple coup de mou, comme cela arrive chez la majorité des groupes. Car « Be Right Here » vient remettre quelques pendules à l’heure, et avec la manière. Techniquement imparable, le groove et les mélodies sont au rendez-vous, au même titre que l’inspiration et le feeling.

BLACKBERRY SMOKE retrouve ici son Southern Rock, le vrai, celui qui est gorgé de Country, de Blues et d’Americana. Et ce retour à une authenticité dissoute sur le précédent album donne cette belle sensation de liberté retrouvée, cette légitimité qui fait la force des Américains et qui les a très justement désignés comme le renouveau du Rock Yankee, après des années 70 désormais lointaines. Etonnamment, même le producteur Dave Cobb (Chris Stapleton, Jason Isbell), grand habitué et faiseur de disques très mainstream, est parvenu à rendre au groupe, avec « Be Right Here », ce son live et spontané, qui le rend si identifiable.

Enregistré entre Nashville et Savannah en Georgie, ce huitième opus dégage une sincérité que cette apparente simplicité rend immédiatement positive. Au chant, Charlie Starr surfe sur un groove roots et enthousiaste et donne brillamment le change à Paul Jackson avec qui il forme un somptueux duo de guitaristes. De « Dig A Hole » à « Barefoot Angel”, en passant par « Don’t Mind If I Do », « Little Bit Crazy », « Like I Was Yesterday » ou les plus délicats « Other Side Of The Light », et « Whatchu Know Good », BLACKBERRY SMOKE n’a pas à se forcer pour exceller dans un registre qu’il incarne autant qu’il le respire… à pleins poumons !

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Alternative Metal Alternative Rock

Red : vif

Toujours bardé de bonnes intentions, l’Alternative Metal de RED n’en est pas moins virulent et très rentre-dedans. Après un peu plus de 20 ans de carrière, « Rated R » est la huitième réalisation du combo et, mené par un Michael Barnes dont la prestation vocale impressionne, elle fait partie de ses meilleures. Les Américains sont toujours au rendez-vous avec une signature musicale et sonore intacte à laquelle ils restent fidèles. Sans déplacer les montagnes, ils assurent avec force.

RED

« Rated R »

(Red Entertainment/The Fuel Music)

J’ai toujours eu une certaine tendresse pour le quatuor du Tennessee que j’ai eu le plaisir de voir sur scène juste après la sortie de « Innocent And Instinct », son deuxième album, au Etats-Unis. RED m’avait fait forte impression et, malgré un succès légitime dans son pays, il n’est pas parvenu à vraiment s’exporter. La faute peut-être à un ancrage dans un Metal/Rock chrétien, qui a toujours peiné à percer hors des frontières américaines. Pourtant, le talent est là et il est indiscutable. Question de ferveur sans doute !

C’est vrai qu’à quelques exceptions près (Stryper, As I Lay Dying, Guardian, P.O.D., August Burn Red ou Demon Hunter), le White Metal reste confiné en Amérique du Nord pour l’essentiel. Mais revenons à RED qui présente donc son huitième album, produit par son guitariste Anthony Armstrong et qui sort sur le label du groupe. Trois ans après « Declaration », nos prêcheurs de Nashville offrent un visage toujours aussi racé, sont techniquement imparables et l’atmosphère globale est cette fois un peu plus sombre.

« Rated R » est très compact (33 minutes seulement), musclé et mélodique. Comme toujours, les riffs sont acérés et tranchants, la rythmique solide et rugueuse et l’ensemble terriblement efficace et accrocheur.  RED va à l’essentiel en alternant Metal et Rock sur des textes faisant un bilan assez chaotique de la société. Cela dit, les morceaux sont lumineux, habillement exécutés et bien aidés par une utilisation parcimonieuse de synthés, de chœurs et de cordes (« Surrogates », « The Suffering », « Cold World », « Emergency »). Ardent !

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Alternative Metal Hard US

Black Stone Cherry : contagieux

On les attend toujours de pied ferme… et on n’est jamais déçu ! Alors que les Américains multiplient les prestations scéniques à travers le monde, ils trouvent encore le temps (et l’inspiration !) pour livrer des albums à la fois intemporels et qui s’écoutent en boucle. « Screamin’ At The Sky » ne déroge pas à la règle et si le Hard Rock est plus Heavy, et moins Southern, il est toujours aussi accrocheur et direct. Pleine face !

BLACK STONE CHERRY

« Screamin’ At The Sky »

(Mascot Label Group)

En l’espace de huit efforts studio, BLACK STONE CHERRY s’est hissé au rang de stars internationales et ce à grand renfort d’interminables tournées et d’une volonté à toute épreuve. Depuis « The Human Condition » en 2020, suivi de l’explosif double-live « Live From The Royal Albert Hall… Y’All ! », le quatuor suit un rythme effréné et c’est même sur la route que ce très bon « Screamin’ At The Sky » a été en partie composé. Alors forcément, écrites entre deux concerts, ces nouvelles compos transpirent l’adrénaline.

Malgré le départ du bassiste et fondateur Jon Lawhon remplacé depuis par Steve Jewell Jr., BLACK STONE CHERRY continue sur sa lancée et ce nouvel opus devrait mettre tout le monde d’accord. Cependant, on peut reprocher au combo du Kentucky d’avoir abandonné en cours de route les ambiances et les influences Southern de ses débuts. C’est peu de chose et beaucoup à la fois, car les prouesses vocales de l’impressionnant Chris Robertson s’y prêtaient à merveille… et pas seulement !

Si chez nous, on appelle ça des tubes ou des morceaux hyper-fédérateurs, aux Etats-Unis, on parle carrément d’hymnes. Et de ce côté-là, « Screamin’ At The Sky » n’en manque franchement pas (« Not Afraid », « Smile, World », « The Mess You Made », « Nervous », « Who Are You Today », « Out Of Pocket » et le morceau-titre). Pourtant, si BLACK STONE CHERRY est d’une efficacité redoutable, on regrettera peut-être un formatage trop systématique, qui laisse peu de place à un petit grain de folie supplémentaire. Cela dit, c’est pardonné !

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Alternative Metal

Staind : time to rock again

Pas encore totalement ancré dans la culture européenne, l’Alternative Metal fait partie de ces styles que l’on aime détester, avant même d’y avoir jeté une oreille. Alors quand l’un des plus gros vendeurs du genre réapparaît après de longues années d’absence, les critiques sont faciles. Sauf que STAIND n’est pas du genre à s’endormir sur ses lauriers et « Confessions Of The Fallen » se montre d’une explosivité sans faille.

STAIND

« Confessions Of The Fallen »

(Alchemy Recordings/BMG)

Quand le pendant musclé de Nickelback fait son retour, il y a de quoi se réjouir. Même si je préfère les Canadiens et même si les concerts de STAIND, en Floride au début de ce siècle, font toujours partie de mes souvenirs les plus incroyables, j’attends de voir… et surtout d’écouter. Douze ans de silence, c’est long ! Alors, comment vont-ils revenir ? Certains changements et quelques évolutions font réagir. Par exemple, quand on a un frontman de la trempe d’Aaron Lewis, a-t-on vraiment besoin de s’essayer au growl, qui est déjà la navre en terme de chant ? Pas certain pour ma part…

Par chance, ces grognements sont assez épars et on retrouve avec plaisir le STAIND si vibratoire et émotionnel de ses débuts. Et c’est une très bonne chose que, plus d’une décennie plus tard, il soit de retour et dans une version très actuelle et moderne. « Confessions Of The Fallen » est finalement exactement ce que l’on pouvait attendre du combo. Puissance, efficacité, mélodies accrocheuses, tout y est et surtout, il n’y a rien de nostalgique dans ce retour presqu’inespéré. Ce huitième album répond pleinement aux attentes, grâce à un registre vigoureux et solide.

Le savoureux mix entre Nu Metal, post-Grunge et Hard US de STAIND fait toujours des ravages et avec ses riffs acérés et ses rythmiques massives, « Confessions Of The Fallen » ne s’éloigne pas du champ d’action du quatuor du Massachussetts, qui déroule avec la même force qu’il y a plus de 30 ans déjà (« Lowest In Me », « In This Condition », « Was Any Of It Real ? », « The Fray » et le morceau-titre). Plus personnel que ces prédécesseurs, selon son guitariste Mike Mushok, ce nouvel opus s’appuie sur une grosse production signée Erik Ron et offre un visage très contemporain. Costaud !

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Blues Rock Hard Blues Heavy Blues

Laurence Jones : l’étoffe d’un guitar-hero

Sur un rythme effréné, des riffs épais et groovy et un feeling imparable sur les solos, le songwriter, guitariste et chanteur LAURENCE JONES met un nouveau coup de pied dans la fourmilière Blues Rock en y insufflant des sonorités empruntées au Hard Rock et au Rock 70’s. Ce tout nouveau « Bad Luck & The Blues » apporte un souffle torride à sa discographie.

LAURENCE JONES

« Bad Luck & The Blues »

(Marshall Records)

Avec déjà quatre British Blues Awards sous le bras, LAURENCE JONES se présente avec un huitième album, « Bad Luck & The Blues », à tout juste 31 ans. Détenteur d’un Blues Rock explosif depuis ses débuts, ce nouvel opus semble marquer un nouveau départ pour le chanteur-guitariste. Nouvelle signature chez Marshall Records et aussi déclinaison d’un style qui s’est considérablement durci et même assombri avec une grosse dose de Classic Rock et même de Hard Rock. Le Britannique sort les griffes et donne à ses compos une force démultipliée.

Et l’on doit aussi peut-être ce nouvel élan à un retour dans une formule en power trio avec laquelle il a entamé sa carrière. Accompagné du bassiste Jack Alexander Timmis (Virgil & The Accelerators) et du batteur Ash Sheehan (Glenn Hughes, Tony Iommi), LAURENCE JONES paraît complètement épanoui au sein d’un groupe plus réduit, certes, mais dont la puissance de feu et la vélocité d’exécution rendent « Bad Luck & The Blues » saisissant et particulièrement instinctif dans le songwriting.

Autre atout, et il est de taille, cette nouvelle réalisation est mixée par Chris Sheldon (Jeff Beck, Foo Fighters), masterisé par Christian Wright (Robin Trower, Ten Years After) aux studios Abbey Road après un enregistrement dans les studios Marshall. Et cela révèle l’amplitude du jeu du virtuose anglais, qui prend une profondeur et un relief incroyable, tout en restant très Blues malgré la puissance déployée (« I’m Gone », « Woman », « Take Control », « Lost Broken » et le morceau-titre). LAURENCE JONES frappe fort et s’affirme comme un prodige du genre.

Photo : Blackham Images
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Metal Fusion

Skindred : sunny trip

Actif dans les années 90 avec Dub War, les Anglais ont activé SKINDRED avec en tête de prolonger l’aventure mêlant le Reggae à un Metal solide et un frasé entre Ragga et Rap. Avec son charismatique chanteur, le combo transcende les genres sans parvenir pourtant à rassembler les foules (ce qui est dommage !), et ce malgré des compos originales et fulgurantes. Avec « Smile », c’est un retour aux sources très rentre-dedans, attendu et savoureux qu’il propose.

SKINDRED

« Smile »

(Earache Records)

Suivant Dub War depuis ses débuts et malgré un album navrant sorti l’an dernier (« Westgate Underfire »), garder un œil sur la carrière de SKINDRED est presqu’un devoir. Injustement bloqués dans la scène underground alors que d’autres cafards prennent la lumière (et pas seulement !), les Gallois ont pourtant sorti de très bonnes réalisations. Certes, le Metal Fusion du groupe fait le grand écart entre Reggae et Metal et cela nécessite un peu d’ouverture d’esprit, mais après, la joie est grande.

Produit par Julian Emery (Nothing But Thieves), SKINDRED renoue (enfin !) avec son Crossover musclé basé sur une avalanche de riffs aussi tranchants que massifs. « Smile » est un concentré de fusion percutante que le quatuor ne nous avait plus livré depuis un bail. Et ça fait du bien ! L’aspect lourd prend le dessus sur le côté Reggae, tandis que le chant Hip-Hop domine le Ragga. Et si ce huitième opus paraît plus sombre et agressif, Benji Webb affiche son éternelle bonne humeur.

Si les grosses guitares sont omniprésentes, c’est aussi parce que les textes sont toujours très engagés et incisifs. Cela dit, les tornades qui s’abattent sur « Smile » laissent un peu de place à des instants ensoleillés où le frontman retrouve ses racines rasta. Très homogènes et inspirés, les nouveaux morceaux des Britanniques sont conçus pour transporter leur public, grâce à un mélange savamment dosé dont ils ont le secret (« Our Religion », « Gimme That Boom », « This Appointed Love », « Addicted », « L.O.V.E. », « Set Frazers », « If I Could »). SKINDRED fait le show !