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Hard Rock

Graham Bonnet Band : la légende continue

Depuis la scission de son groupe Alcatrazz, le chanteur anglais évolue avec son GRAHAM BONNET BAND, qui rivalise tranquillement et perpétue donc un effort de longue haleine. Parfaitement accompagné, l’iconique frontman se montre toujours aussi performant sur ce « Day Out In Nowhere » de très bonne facture.

GRAHAM BONNET BAND

« Day Out In Nowhere »

(Frontiers Music)

Légende vivante du Hard Rock britannique, l’ancien frontman de Rainbow, MSG, Impellitteri et surtout d’Alcatrazz est de retour avec son dernier projet en date et un troisième album étincelant. Regroupé autour du très bon Conrado Pesinato à la guitare, de Beth-Ami Heavenstone à la basse, de Shane Gaalaas derrière les fûts et d’Alessandro Bertoni aux claviers, le GRAHAM BONNET BAND semble plus que jamais à son meilleur niveau.

Poursuivant le travail commencé avec Alcatrazz, le chanteur élabore un Hard Rock classique, vivifiant et s’inscrivant parfaitement dans son temps. Vocalement irréprochable et en grande forme, l’Anglais emmène tout son monde avec force sur des morceaux pêchus et aux mélodies très accrocheuses. Servi par une production aux petits oignons, GRAHAM BONNET BAND se fait plaisir et régale.

Toujours aussi sophistiqué et technique, la musique du quintet s’en demeure pas moins très fédératrice et laisse une impression d’extrême facilité (« Imposter », « Day Out In Nowhere », « Jester »). GRAHAM BONNET BAND compte aussi quelques invités prestigieux comme Jeff Loomis (Arch Enemy), John Tempesta (The Cult, White Zombie) ou Roy Z (Halford, Dickinson) venus embellir l’ensemble. Energique !

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Rock Progressif

Pure Reason Revolution : en perpétuelle évolution

En l’espace de cinq albums, ponctués par une longue coupure, PURE REASON REVOLUTION a su imposer un style et un son très personnel. Parfaitement structuré et bénéficiant d’une incroyable production, « Above Cirrus » parcourt le monde progressif avec brio entre Rock, Metal et électronique et à travers de multiples émotions.

PURE REASON REVOLUTION

« Above Cirrus »

(InsideOut Music)

Depuis sa reformation il y a trois ans, PURE REASON REVOLUTION semble bénéficier d’un nouveau souffle créatif. Après l’excellent « Eupnea », les Anglais livrent « Above Cirrus » et retrouve par la même occasion le chanteur et guitariste Greg Jong, déjà à l’œuvre sur l’EP « Cautionary Tales For The Brave » paru en 2005. Et il faut reconnaître que le trio se trouve les yeux fermés et s’aventure même hors des sentiers battus, tout en gardant une maîtrise complète de son jeu.

Comme toujours, PRR présente un équilibre parfait entre des atmosphères lumineuses, d’autres plus sombres et mélancoliques et un mix entre sonorités électroniques et organiques, qui viennent apporter un relief et un volume particulier au style des Britanniques. Et la touche du duo fondateur composé de Chloë Alper (basse, claviers, chant) et Jon Courtney (guitare, claviers, chant) continue de faire des étincelles, notamment sur les harmonies vocales.

L’aspect hybride, véritable marque de fabrique du désormais trio, se fait déjà sentir sur les premiers morceaux de l’album (« Prism », « New Kind Of Evil »). Ancré dans un Rock Progressif moderne, qui lorgne parfois même sur le Metal, PRR reste pointilleux, sophistiqué et toujours aussi intense (« Scream Sideways », « Dead Butterfly », « Lucid »). Mélodique, créatif et très élaboré, « Above Cirrus » brille aussi par ses arrangements très soignés. Classieux… encore !

Photo : Greg Jong

Retrouvez l’interview de Jon Courtney réalisée à la sortie de « Eupnea » :

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Blues Rock Classic Rock Hard Rock

Thunder : la marque des grands

THUNDER fait partie de ces groupes qui se bonifient avec le temps. Après un très bel opus l’an dernier, le quintet est déjà sur le pont avec un double-album dans les bras. « Dopamine » ne pouvait pas mieux résumer ce nouvel effort des Britanniques, tant il est varié et contient tout ce que le Classic Hard Rock a de meilleur. Heavy Rock, Blues, Southern : les Anglais font le tour de la question avec brio.

THUNDER

« Dopamine »

(BMG)

Décidemment, après plus de 30 ans de carrière, THUNDER semble plus prolifique que jamais. Après « All The Right Noise » sorti l’an dernier dans une période compliquée pour tous, les Anglais sont déjà de retour et cette fois, c’est même avec un double-album. Et à en croire son titre, « Dopamine », c’est bien ce qui parait avoir boosté le groupe. D’ailleurs, le contenu va dans le même sens, celui d’un Classic Hard Rock élégant.  

Sortir 16 morceaux sur un même disque est devenu une démarche plutôt rare de nos jours. Pourtant, contrairement à pas mal d’autres, THUNDER n’est pas allé fouiller dans ses archives ou ses fonds de tiroir pour nous proposer « Dopamine ». Les Britanniques se sont tout simplement révélés être particulièrement inspirés. Et le résultat est brillant, en plus de sa production, qui est remarquable en tous points.

Malgré le volume de l’album, THUNDER a pris le soin de peaufiner les arrangements de chaque morceau, que ce soit avec des notes de piano ou des chœurs féminins incroyables. Pour autant, le quintet a conservé son côté musclé et ses riffs aiguisés (« The Western Sky », « Black », « The Dead City »), ainsi que ses aspects bluesy et Southern (« Big Pink Supermoon », « Even If It Takes A Lifetime »). Classieux et racé.

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Thrash Metal

[Going Faster] : Deceaded / Solitary

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti 

DECEADED – « The Sole Destroyer » – Wormholedeath Records

Ne vous fiez surtout pas à leur jeunesse : les quatre Polonais de DECEADED débordent littéralement d’énergie, mais aussi et surtout d’une étonnante maturité musicale. Si on leur donnerait le bon dieu sans confession, leur premier album est fougueux, même intrépide et définitivement sans complexe. Après s’être approprié le Thrash Metal de ses aînés, le combo a pris la liberté d’y insuffler un brin de nouveauté avec des éléments Groove, Nu et Alternative, histoire de rendre ce « The Sole Defender » très percutant et surtout vraiment convaincant. Dès son premier album, DECEADED se montre très créatif et la performance affichée ici laisse deviner qu’il va falloir compter sur cette jeunesse polonaise, maître de ses décibels et de ses riffs acérés. Une petite bombe !

SOLITARY – « XXV Live At Bloodstock » – Metalville Records

En montant sur scène le 11 août 2019 au festival Bloodstock Open Air en Angleterre, SOLITARY avait la ferme intention d’en découdre et de fêter le plus dignement et le plus férocement possible son 25ème anniversaire. Et comme en témoigne « XXV Live At Bloodstock », c’est très précisément ce qu’il s’est passé. Old School, le Thrash Metal des Britanniques n’a pourtant pas pris une ride et la puissance affichée continue d’alimenter l’adrénaline à l’œuvre depuis leurs débuts. Intense et explosif, le répertoire du quatuor ne manque pas de morceaux vigoureux que les fans semblent avoir beaucoup apprécié (« Trigger Point Atrocity », « Architects Of Shame », « Keep Your Enemies Closer », « Requiem »). SOLITARY se montre d’une efficacité redoutable et racé comme jamais.

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Doom Hard 70's Stoner Rock

Alunah : hypnotique

La dynamique musicale adoptée par ALUNAH sur ce sixième album révèle une extrême maturité et surtout une grande maîtrise, qui permet au groupe de marier son Doom des débuts à des phases Hard Rock, progressives et psychédéliques. Avec « Strange Machine », le quatuor de Birmingham, la cité du Sabbath, lorgne vers l’excellence en s’ouvrant à d’autres horizons toujours très Stoner.

ALUNAH

« Strange Machine »

(Heavy Psych Sounds Records)

Chaque album d’ALUNAH est toujours une petite surprise en soi, tant ils sont différents les uns des autres. Et même s’il existe évidemment une continuité dans la discographie du groupe, à savoir une base Doom, la créativité des Anglais les pousse toujours un peu plus loin dans l’expérimentation et la quête d’une identité encore plus forte. Et « Strange Machine » se pose comme l’un des albums majeurs du combo.

Les changements de line-up déjà à l’œuvre sur le précédent album, « Violet Hour », semblent porter leurs fruits et ont ouvert bien des portes à ALUNAH. Toujours guidé par leur frontwoman Siân Greenaway et sa voix à la fois Soul, sensuelle et envoûtante, les Britanniques ont ajouté de la couleur à leur répertoire, qui portent désormais vers des ambiances Stoner et presque Desert.

Très solaire par moment (« Fade Into Fantasy », « Psychedelic Expressway »), c’est pourtant dans un Hard Rock doomesque et aérien qu’évolue dorénavant ALUNAH, tout en gardant ce côté épique (« The Earth Spins » avec Shane Wesley de Crowbar à la guitare) et un groove à toute épreuve (« Dead Woman Walking »). Avec « Strange Machine », le groupe est subjuguant de beauté et de clarté et son Stoner est éclatant.

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Alternative Metal Alternative Rock

Stone Broken : l’heure de vérité

STONE BROKEN livre un troisième album étonnant où le piano et quelques éléments electro viennent s’immiscer, mais surtout où les guitares et les tempos se sont alourdis au profit d’un style qui se veut plus percutant. Avec « Revelation », le quatuor britannique se montre plus musclé tout en conservant des mélodies accrocheuses et enthousiasmantes.

STONE BROKEN

« Revelation »

(Spinefarm Records)

Après deux albums tout à fait honorables d’’un Rock relativement costaud, les Anglais de STONE BROKEN ont décidé de passer à la vitesse supérieure. La première étape a consisté en une étroite collaboration avec le guitariste de SikTh et producteur Dan Weller, dorénavant reconnu pour son travail avec Enter Shikari, Bury Tomorrow ou encore Young Guns. De solides bases donc, pour mieux aller de l’avant.

L’intention du quatuor des Midlands est par conséquent de durcir le ton et d’apporter plus de puissance à ses morceaux. Et c’est plutôt réussi sur ce « Revelation », dont les guitares ont pris beaucoup de volume et la rythmique basse-batterie une ampleur qui lui manquait. STONE BROKEN n’a pas froid aux yeux et même si le chant de Rich Moss reste mélodique, il y a aussi apporté plus de tranchant.

Si le quatuor britannique présente une certaine exaltation, elle se fait pourtant de manière plus sombre, mais tellement plus dynamique (« Black Sunrise », « Revelation », « Over The Line »). Avec cette nouvelle approche, que l’on peut largement apparenter à celle de groupes comme Nickelback et Seether, STONE BROKEN franchit un cap certain et s’engouffre dans un Alternative Metal Rock pêchu et fédérateur. Convaincant au final !

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AOR Melodic Rock

Dare : classe et déjà classique

Référence du Melodic Rock et de l’AOR made in UK, DARE sort son onzième album qui devrait mettre tous ses fans d’accord, et pas seulement. Guidé par l’ex-Thin Lizzy Darren Wharton, le quintet revient avec « Road To Eden », un opus fédérateur, taillé pour la scène et d’où émane une énergie créative et positive.

DARE

« Road To Eden »

(Legend Records)

Depuis son premier album en 1988, « Out Of The Silence », l’auteur-compositeur et claviériste Warren Wharton mène de main de maître son groupe DARE. Créé à la fin de l’aventure Thin Lizzy avec qui il a enregistré les classiques « Chinatown », « Renegade » et « Thunder And Lightning », rien que ça, le musicien sort son onzième opus, « Road To Eden », avec son groupe et toujours dans une veine AOR/Classic Rock.

Respecté pour sa faculté d’innovation depuis des années, DARE est devenu incontournable bien au-delà de l’Europe dans un registre dont il est aujourd’hui l’un des fers de lance. Très accrocheur, « Road To Eden » fait suite « à « Sacred Ground » (2016) et « Out Of The Silence » (2018) devenus des albums cultes de l’AOR mondial. Et ce nouvel album prend le même chemin.

Toujours aussi inspiré, Darren Wharton livre une excellente prestation vocale, parfaitement soutenu par un quatuor virtuose et d’une indéfectible précision. Entièrement écrit et produit par son fondateur, ce nouvel album révèle des morceaux brillants et relevés (« Born In A Storm », « Only The Good Die Young », « The Devils Rides Tonight »). DARE s’avère indétrônable et règne plus que jamais sur le Rock mélodique.

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Stoner Rock

Steak : céleste

Sobre et presqu’épuré, et tout en jouant sur une densité particulièrement maîtrisée, STEAK affiche une ambition à la hauteur de son inspiration… très élevée. Le quatuor anglais absorbe des codes Stoner pour mieux se les approprier, variant la puissance de ses guitares, la souplesse de son duo basse/batterie et présentant un chant solaire sur lequel les voix de Chantal Brown (Vodun) et Tom Cameron (ex-Crystal Head) ajoutent une dimension quasi-mystique. Parfaitement produit, « Acute Mania » est un modèle du genre, un mètre étalon.

STEAK

« Acute Mania »

(Ripple Music)

Avec ce troisième album, les Londoniens de STEAK viennent définitivement assoir leur talent et leur influence devenue majeure sur la scène européenne du Stoner Rock. Depuis bientôt 15 ans, le quatuor se forge un style original, mélodique et surpuissant, s’affranchissant de belle manière des références assez naturelles et presqu’instinctives de ses débuts. Et en pionnier du registre en Angleterre, c’est aujourd’hui avec le statut de fer de lance que le groupe livre « Acute Mania ».

Après avoir fait ses armes en indépendant sur une série d’EP, puis avec « Slad City » (2014) et « No God To Save » (2017), STEAK affiche dorénavant une identité unique et singulière, loin des stéréotypes Stoner habituels. Edifié sur des riffs massifs et aériens, des rythmiques soufflant le chaud et le froid et intégrant même des percussions et surtout sur des parties vocales à couper le souffle, « Acute Mania » devient très vite addictif.  

Dès « Wolves », STEAK pose les jalons de ce nouvel album. Départ planant et en douceur sur la voix envoûtante de son chanteur Kippa avant une explosion de décibels libératoire, qui annonce déjà ce que nous réserve ce nouvel opus. Grâce à une chaleur Blues très Desert Rock, le Stoner des Britanniques offre une variété de sonorités incroyables entre puissance et délicatesse (« Ancestors », « Last Days », « System », « Mono »). Epoustouflant et monumental !   

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Heavy metal

Satan : les feux de l’enfer

Par les temps qui courent, il fallait s’attendre à ce que SATAN pointe le bout de son nez. En grande forme, le légendaire combo britannique est de retour avec ce très bon « Earth Infernal », aussi fracassant et qu’inspiré. Intemporel comme toujours, le quintet balance des riffs efficaces, distille des solos endiablés et incisifs et suit son fabuleux chanteur comme un seul homme. Déjà indispensable.

SATAN

« Earth Infernal »

(Metal Blade Records)

Vétéran vénéré de la scène Heavy Metal britannique, SATAN reprend donc du service dans une époque qui semble lui aller comme un gant. Groupe incontournable de la NWOBHM depuis le début des années 80, le quintet aura subi de très nombreux changements de line-up, qu’il a stabilisé depuis sa reformation en 2011. Et malgré une influence évidente sur ses contemporains, « Earth Infernal » n’est que le sixième album du groupe.

Faisant toujours partie de Skyclad, Blind Fury, Pariah, Tysondog, Blitzkrieg et Raven, les membres de SATAN n’ont eu aucun mal à rallumer le feu des enfers. Steve Ramsey (guitare), Russ Tippins (guitare), Graeme English (basse), Sean Taylor (batterie) et Brian Ross (chant) livrent une prestation remarquable et exemplaire, tant dans les compositions qu’à travers l’excellent travail effectué sur la production, qui se veut authentique et moderne.

Quant au contenu, les Anglais abordent sans concession le thème de la crise climatique (« Earth We Bequearth », « Twelve Infernal Lords »), du caractère néfaste et cynique des tout-puissants (« Ascendancy », « Burning Portrait ») et du monde et de sa folie (« From Second Sight »). Pour le reste, l’ardeur et le tranchant des riffs et des solos, les rythmiques galopantes typiques de son jeu et ce chant habité continuent de faire de SATAN une référence.

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Metal Progressif MetalCore

Architects : édifice symphonique

Le quatuor britannique ARCHITECTS s’est fait un petit plaisir, ainsi qu’à ses fans, en allant jouer l’intégralité de son dernier album aux légendaires studios londoniens d’Abbey Road. En live et soutenu par un orchestre symphonique, le MetalCore Progressif du combo a fière allure et franchit des frontières insoupçonnables jusqu’à présent.

ARCHITECTS

« For Those That Wish To Exist At Abbey Road »

(Epitaph Records)

Aller enregistrer son album le plus remarqué et acclamé dans le temple du son, les studios d’Abbey Road à Londres, peut être dans le cas d’un groupe de MetalCore Progressif perçu de différentes manières. Courage ? Impertinence ? Inconscience ? Plaisir égoïste ? Chacun se fera son idée, mais le résultat est remarquable et ARCHITECTS le doit aussi en partie à l’orchestre symphonique Parallax. 

Alors que le quatuor de Brighton avait sorti son neuvième album le 26 février 2021, ARCHITECTS a décidé de le rejouer entièrement et en live le 11 décembre dernier accompagné d’un orchestre de renom dirigé par Simon Dobson, lui aussi réputé pour la qualité de ses prestations et de ses arrangements. « For Those That Wish To Exist At Abbey Road » prend ici une autre dimension.

S’il est toujours question de MetalCore et globalement d’un Metal Progressif acéré, la touche symphonique apporte un relief étonnant et aussi, et surtout, une note très organique à l’ensemble des morceaux qui prennent ici un relief surprenant et notamment plus spontané et naturel dans le son. ARCHITECTS a réussi son pari et il faut espérer que cette approche nouvelle se retrouve dans ses futurs albums.