Etourdissant, frémissant et envoûtant, le Blues mâtiné de Rock de ROBIN TROWER reste d’un feeling et d’un groove imperturbable. Le guitariste anglais, sur qui le temps semble n’avoir aucune prise, vient garnir sa belle et grande discographie avec « No More Worlds To Conquer », un album aussi fin et précis qu’inspiré.
ROBIN TROWER
« No More Worlds To Conquer »
(Mascot label Group/Provogue)
Comment ROBIN TROWER fait-il pour afficher une telle régularité depuis 50 ans au fil de ses albums ? Je n’ai pas souvenir d’un mauvais disque, et pourtant il y en a eu. Le touché incomparable du bluesman anglais fait encore des merveilles sur « No More Worlds To Conquer ». Toujours en trio, il est accompagné de Chris Taggart derrière les fûts et de l’excellent Richard Watts au chant.
Comme très souvent, ROBIN TROWER assure la basse et il impose le rythme et surtout le groove au sein du groupe. Gardant intact la même fraîcheur affichée depuis toute ces années, le six-cordiste se laisse aller et nous berce de son feeling aussi fluide que concis. Et c’est sans exubérance aucune que le Britannique parvient à marier une grande sensibilité avec une belle attaque des morceaux.
Intemporel sur « Ball Of Fire », « Losing You » ou « Cloud Across The Sun », ROBIN TROWER guide se Fender Stratocaster de main de maître avec le doigté plein de précision qu’on lui connait. De riffs endiablés en solos cristallins, le guitariste semble inépuisable et sa créativité sans fin (« Birdsong », « The Razor’s Edge », « Day Dream », « Fire To Ashes »). Du grand art… encore et toujours !
Il y a deux ans, j’avais eu un coup de cœur pour THROUGH THE VOID, groupe bruxellois de Nu Metal, qui sortait son premier EP, « Aria ». Désormais, c’est en trio que le groupe évolue et même si j’appelais de tous mes vœux un album, c’est avec un nouveau format court que les Belges continuent l’aventure avec le très bon « Life Is Cancelled ». A l’époque publiée sur la page Facebook de Rock’n Force (avant la création du site), c’est l’occasion aujourd’hui de compléter cette chronique avec celle de leur premier effort.
THROUGH THE VOID
« Life Is Cancelled »
(Independant)
Toujours autoproduit, ce qui en passant reste une énigme, THROUGH THE VOID livre son deuxième EP, « Life Is Cancelled », à travers lequel on peut aisément constater le volume et la puissance acquis par le trio depuis « Aria ». Sur une production massive et tout en relief, le combo présente quatre titres solides et bruts de décoffrage. Aidé par quelques samples, l’agressivité des Belges est parfaitement canalisée pour offrir un Nu Metal électrisant et aux refrains accrocheurs (« Denied », « Answer »). Sur des riffs imparables et tranchants, une batterie métronomique et percutante, THROUGH THE VOID prend de l’ampleur, celle qu’on pressentait déjà sur « Aria » d’ailleurs. Le Flow de Chakib fait lui aussi des merveilles et prend parfaitement le relais des parties scream très maîtrisées. Enfin débridée, la musique du trio a clairement franchi un cap et affiche une maturité éclatante. Et grâce à quelques passages bien HardCore, ce « Life Is Cancelled » se fait séismique et racé (« Believe »).
THROUGH THE VOID
« Aria »
(Independant – 2020)
Formé il y a deux ans à Bruxelles, THROUGH THE VOID vient tout juste de sortir son premier EP autoproduit, « Aria », et la surprise est belle. Carrée et puissante, la musique du combo est plus que vivifiante. L’implication du quatuor est manifeste tant l’ensemble sonne bien et tout le monde tire dans le même sens, ce qui n’est plus très courant dans le Nu Metal actuel (« Ashes »). Si les influences de Linkin Park pour la structure et des Anglais de While She Sleeps pour la fougue se font sentir, THROUGH THE VOID peut se targuer de développer un son original et personnel (« Broken »). La grosse basse enveloppe les morceaux du groupe (« Run ») soutenue par une batterie vive et dynamique. Les Franco-belges déploient une très belle énergie, massive et mélodique (« Revenge In Forgiveness »). Et passé l’intro de « Aria », THROUGH THE VOID n’abuse pas des samples et conservent donc un son très organique, ce qui par les temps qui courent est très agréable. Vivement l’album complet !
Comme tout le monde le sait, à moins de vivre dans une grotte, le Hellfest 2022 s’annonce grandiose, féerique et fort en décibels. Et pour fêter les 15 ans du rassemblement désormais devenu une institution, l’organisation a carrément prévu de jouer les prolongations sur deux week-ends. Tout d’abord du 17 au 19 juin, puis du 23 au 26, Clisson va accueillir le gratin du Metal mondial. Youpi !
350 groupes sur sept jours de festivités, il va falloir prendre des forces et être en forme ! 420.000 fans de Metal en tout genre vont pouvoir profiter de cette affiche hallucinante, il faut bien l’avouer. Et pour celles et ceux qui ne se rendent pas régulièrement aux concerts, l’occasion est belle de voir ses artistes préférés presque d’un seul coup. Le Hellfest est un vrai menu best-of, version live et gros barnum.
Pourtant depuis l’annonce de cette quinzième édition, on peut lire et entendre un peu partout les gens se plaindre. On ne peut pas se procurer de places, certains les achètent par lots pour les revendre à un prix exorbitant, etc… C’est vrai. En revanche, savoir qu’il y a près d’un demi-million de fans de Metal en France a quelque chose de réjouissant, non ? Et cela pose même des questions.
Ce sont donc des hordes de métalleuses et de métalleux qui vont converger vers Clisson. Bien sûr, les 350 groupes présents ne jouent pas régulièrement en France, ce qui fait de ce rendez-vous un moment exceptionnel. Cela dit, pourquoi les autres artistes à l’affiche ne remplissent-ils pas systématiquement les salles de concerts durant l’année, s’il y a autant de fans ? Les plaisirs simples ne valent-ils pas mieux qu’une orgie ?
Mais ne boudons pas notre joie et notre plaisir, car un demi-million de fans de Metal dans notre beau pays est assez singulier pour un style dont on ne parle que très peu dans les grands médias traditionnels et grand public. Cela dit, le monde de l’underground est très vivant et créatif, on le sait. Par conséquent, c’est vrai que la surprise n’en est finalement pas vraiment une pour nous autres acteurs de ce petit milieu. Et pourtant…
Pour ma part, j’en fais partie depuis suffisamment longtemps pour en connaître les rouages, même si beaucoup de choses ont changé. Tout le monde, promoteurs, festivals et artistes, n’ont pas la chance de savourer le même succès que le Hellfest. Il en va de même pour la presse spécialisée, où la majeure partie des journalistes (enfin ceux qui le sont) ne sont pas payés. Pourtant, des fans, il y en a ! A priori et paraît-il…
J’aurais beaucoup de plaisir à croiser, échanger, boire une bière et partager des souvenirs de concerts avec celles et ceux que je croiserai au Hellfest. J’espère surtout que je verrai ce demi-million de fans et de passionnés et que nous communierons dans une belle liesse. Et j’aurais aussi un petit sourire et un clin d’œil pour les autres venus voir « Still Loving You », « Nothing Else Matters » et « November Rain » pour de vrai… et pour une fois !
Alors, restez curieuses et curieux, soutenez aussi les festivals plus modestes, les concerts tout au long de l’année et les artistes en général… et pas seulement une fois par an ! Keep on rockin’ !
NB : si vous souhaitez avoir quelques infos sur les groupes présents au Hellfest, n’hésitez pas à utiliser l’onglet ‘Recherche’ du site (en haut, à droite), histoire de se remettre quelques infos en mémoire… car il n’y a toujours aucun streaming chez Rock’n Force ! Et une grande majorité d’entre-eux sont ici…
Michael Schenker a beau empiler les albums sur un rythme effréné, ceux-ci ont toujours quelque chose de spécial. Si le guitariste allemand ne révolutionne pas le genre, il continue à livrer des disques où son jeu reste virtuose et où les arrangements surclassent très souvent ceux du Hard et du Heavy Rock actuel. Avec « Universal », MSG joue sur l’expérience et la créativité avec une élégance intacte.
MSG – Michael Schenker Group
« Universal »
(Atomic Fire Records)
Après plus de 50 ans de carrière, on n’a souvent plus rien à prouver, mais pour certains, on a encore des choses à dire. Et c’est très précisément le cas du grand Michael Schenker dont la mythique Gibson Flying V fait toujours des étincelles et sonne comme au premier jour. Cette fois, c’est sous la bannière de MSG, le Michael Schenker Group, que le virtuose présente « Universal ».
Elaboré avec son irremplaçable partenaire Michael Voss, pour la production comme pour la composition, ce nouvel album de l’Allemand sonne comme un retour aux sources, tant il semble faire de malicieux clins d’œil à toutes les époques que ce génie de la guitare a traversé… et il y en a eu ! Et comme d’habitude, MSG rassemble un casting de rêve sur cet opus particulièrement dense.
Autour de Ronnie Romero devenu chanteur principal, on retrouve Ralph Sheepers (Primal Fear), Michael Kiske (Helloween), Garry Barden (MSG), Barend Courbois (Blind Guardian) et l’ex-triplette de Rainbow : Bobby Rondinelli, Tony Carey et Bob Daisley. Et la dream team serait incomplète sans la légende Simon Philips, venu prêter main forte sur ce « Universal », qui figure parmi les meilleurs albums de MSG.
Avec Michael Schenker, les riffs sont expressifs, les solos étincelants, les ambiances Heavy et aussi planantes et surtout la fluidité du jeu du guitariste n’a pas son pareil. Entre Hard Rock et Heavy Metal, 80’s et 90’s, MSG régale sur chaque morceau sans jouer sur la nostalgie (« Emergency », « Under Attack », « A King Has Gone », « The Universe », « London Calling », « Wrecking Ball »). Stratosphérique !
Sept longues années après leur dernier album éponyme, le quintet anglais refait surface après avoir déjà présenté trois singles. Toujours dans le même registre, DEF LEPPARD livre « Diamond Star Halos », un opus dans la lignée de sa discographie, sans trahir le Rock Hard qui a fait sa réputation et son succès.
DEF LEPPARD
« Diamond Star Halos »
(Virgin Records/Universal)
Si ce que vous préférez chez DEF LEPPARD, ça reste DEF LEPPARD, alors ce douzième opus des Anglais devrait vous combler. Cela dit, on est toujours en droit d’attendre un peu de sang neuf et d’innovation, mais ça reste assez rare dans les actes. En ce qui concerne « Diamond Star Halos », le quintet fait le job et le fait toujours très bien. Certes, les 15 nouveaux morceaux ne sont pas essentiels, mais ils ne sont pas désagréables pour autant et présentent même quelques bonnes surprises.
On ne reviendra pas sur les trois premiers singles déjà dévoilés, « Take What You Want », « Kick » et « Fire It Up » qui sont pourtant les meilleurs titres de l’album. DEF LEPPARD a bien fait les choses et on reconnait là le professionnalisme du groupe, puisque les trois chansons ouvrent « Diamond Star Halos ». A noter aussi la présence fantomatique de T-Rex sur l’essentiel du disque, à travers une influence musicale évidente jusque dans le titre de cette nouvelle réalisation, qui est plus qu’un clin d’œil.
Musicalement, DEF LEPPARD se présente uni comme jamais, même si le groupe a dû jongler entre l’Angleterre, l’Irlande et les Etats-Unis pour mettre au point ces 15 nouveaux titres. Et ce changement de méthode ne semble pas avoir perturbé le groupe de Sheffield. Derrière son frontman Joe Elliot, les guitaristes Phil Collen et Vivian Campbell restent inspirés, tout comme la rythmique menée par Rick Allen (batterie) et Rick Savage (basse). Autrement dit, on ne change pas une équipe qui gagne.
Sur une production comme toujours irréprochable assurée par le groupe lui-même avec son ami et ingénieur Ronan McHugh, on retrouve le son si personnel de DEF LEPPARD. Les Anglais font ce qu’ils savent faire de mieux, à savoir un Rock musclé et mélodique (« SOS Emergency », « Liquid Dust », « U Rock Mi »). Fidèle à leur légende, les vétérans soufflent le chaud et le froid en alternant des titres plus tempérés, mais accrocheurs (« Unbreakable », « All We Need »).
Plus surprenant tout de même, la présence du pianiste Mike Garson (David Bowie) vient apporter à DEF LEPPARD un supplément d’émotion non-négligeable sur « Goodbye For Good This Time » et « Angels ». La star de la Country Music Alison Krauss, récemment apparue sur un album aux côtés de Robert Plant, est aussi de la partie sur les morceaux « This Guitar » et « Lifeless ». Assez conventionnel dans l’ensemble, on aurait pu espérer un rôle à contre-emploi, par exemple, pour plus de résonnance.
Finalement, les Britanniques livrent un album très convenable et très homogène. Bien sûr, on ne va pas demander à un groupe de cette trempe de tout chambouler du sol au plafond. Pourtant, on aurait pu s’attendre à un peu plus de folie de la part de DEF LEPPARD qui, avec ce « Diamond Star Halos », aligne tout de même 15 nouveaux morceaux. Cependant, on peut toujours compter sur Joe Elliot et ses hommes pour rendre de la bel ouvrage.
NITROGODS en concert, c’est de la dynamite ! Et ce n’est pas ce très bon double-album live qui va venir contredire cette évidence. Entre Hard Rock survitaminé et gros Rock surpuissant, le trio allemand allume tout ce qui bouge à l’instar de Mötörhead à qui le combo est régulièrement comparé. Une immersion réjouissante dans la fosse aux lions avec ce très bon « Ten Years Of Crap ».
NITROGODS
« Ten Years Of Crap »
(Massacre Records)
Si les albums live à l’ancienne vous manquent, ce double-album de NITROGODS va raviver en vous de beaux souvenirs. Il fut un temps, pas si lointain, où les groupes livraient des témoignages authentiques et forts en émotion de leurs tournées. Et c’est très précisément ce que font les Allemands avec « Ten Years Of Crap », célébrant une décennie de Hard Rock musclé et très Rock’n’Roll.
Et ce son et cette ambiance, on les doit à Jack Lee Man, ingé-son de Saxon, qui a parfaitement capté les deux très bonnes prestations du power trio le 6 avril 2019 à Hanovre, à domicile, et le 28 décembre de la même année à Berlin. NITROGODS se montre aussi pêchu que puissant, et la communion avec son public fait franchement plaisir à entendre sur les 19 morceaux.
Les Teutons ont mis l’accent sur leur premier album éponyme (2012) avec sept titres, le reste étant issu des trois autres avec seulement deux extraits de « Rebel Dayz », dernier opus du combo. NITROGODS déroule donc ses classiques avec fougue (« Black Car Driving Man », « Rancid Rock », « Back Home », « Damn Right », « Rats & Rumours », « Wasted In Berlin », …). Un Live qui fait du bien et qui met la patate !
Troisième album en moins de dix ans pour le quatuor du Nord, qui se surpasse sur ce « Ziusudra » avec un style plus incisif et percutant que jamais. Avec un formidable aplomb et un contrôle total de son jeu, SUNSTARE pose un Doom massif et lourd au sein duquel des tranchantes et racées semonces Sludge frappent à tout rompre. Fulgurant.
SUNSTARE
« Ziusudra »
(Source Atone Records)
Les Lillois nous la font à l’envers. A l’envers de 4.800 ans pour être précis avec ce « Ziusudra » qui nous renvoie aux épopées des sumériens et de la légende de Gilgamesh, cruel, roi d’Uruk. SUNSTARE pose ainsi le décor de son troisième album, où le Sludge du quatuor vient frapper un Doom massif, déjà très appuyé et parfaitement mis en valeur par une production très soignée.
Granitique, ce nouvel opus a de quoi en laisser plus d’un sur le carreau. Mené par le chant féroce de son frontman Peb, les sept morceaux de « Ziusudra » s’inscrivent avec modernité dans une atmosphère ancestrale brute. Tout en contraste, SUNSTARE évolue sur une solide base Doom écrasante que des fulgurances Sludge viennent perturber habillement sur une cadence effréné.
D’entrée de jeu, le morceau-titre plante le décor sur une plage instrumentale assez progressive, juste avant un déferlement compact dans les règles (« Abgal/The Very Wise », « Uru/The Wrath, The Flood »). SUNSTARE déploie un véritable mur de guitare à travers lequel la rythmique implacable trouve son équilibre sur des déflagrations très maîtrisées (« Ganzer/The Abyss », « Awîlum/L’Homme Libre »). Pleine face.
Perché sur ses talons, guitare en bandoulière et tenues flamboyantes, GYASI vient livrer une vision toute personnelle du Glam Rock, en se permettant même de mettre un sérieux coup de pied dans la fourmilière. Dans un Classic Rock et un côté instinctif insaisissable, le guitariste et chanteur américain livre un nouvel album, « Pronounced Jah-See », emprunt de liberté et loin des conventions. Rencontre avec un artiste volontairement sorti des sentiers battus pour mieux exprimer sa vision d’un Rock déjanté, accrocheur et plein de feeling.
– Beaucoup aux Etats-Unis te présentent comme un nouvel artiste, mais tu as déjà sorti un EP « Peacock Fantasies » en 2018 et un premier album, « Androgyne » l’année suivante. Tu ne sors donc pas de nulle part. Toi qui agrandis dans un chalet au cœur des bois de la Virginie-Occidentale, comment es-tu arrivé à la musique ?
Eh bien, comment la musique est-elle entrée en moi serait plutôt la question. Elle semble avoir été là depuis le début. J’ai dansé sur des disques dès que j’ai pu marcher (je me souviens en particulier d’avoir beaucoup dansé sur Bob Marley). Et j’ai commencé à jouer sur une batterie de fortune sur les Beatles vers l’âge de quatre ans en me prenant pour Ringo, puis j’ai eu une guitare à six ans. J’ai eu la chance que mes parents aient une collection de disques incroyable et j’écoutais tous cette grande et belle musique à laquelle la plupart des enfants de cette époque n’étaient pas exposés, avec en premier du Blues, du Jazz et du Rock’n’Roll. La musique a toujours été naturelle pour moi. Quelque chose que j’ai ressenti et appris comme une langue et plus j’apprenais, plus je voulais apprendre. Bien sûr, j’ai continué à l’étudier au Berklee College of Music, mais le feeling et la façon dont je fais de la musique sont restés intacts.
– Tu es aujourd’hui installé à Nashville, The Music City. Pourquoi le choix de cette ville ? Elle s’est imposée à toi ? Parce que, finalement, le son de Los Angeles n’est pas si éloigné de ton registre…
Elle ne s’est pas imposée à moi, même si nos chemins se sont croisés à plusieurs reprises… J’ai choisi Nashville juste parce que c’était le bon endroit. J’y avais fait quelques sessions d’enregistrements pour un autre artiste et j’ai été vraiment impressionné par la communauté musicale, ainsi que par tous les studios et la scène qui ressemblait vraiment à un paradis pour les artistes. Je vivais à Boston et je n’avais pas les moyens d’y rester, ni de survivre à un autre hiver en Nouvelle-Angleterre. Et New York et Los Angeles me semblaient inaccessibles, car le coût de la vie y est très élevé. Nashville offrait beaucoup d’avantages, et c’était plus petit et beaucoup moins cher pour y vivre (à l’époque, car les choses ont beaucoup changé depuis). Ce n’est pas non plus trop loin de la Virginie-Occidentale, donc je peux toujours me rendre à la ferme facilement. J’ai eu aussi beaucoup de soutien à L.A. DJ Rodney Bingenheimer a été l’une des premières personnes à défendre ma musique et à la diffuser à la radio. Je veux vraiment aller y jouer quand je peux.
– Est-ce que, justement, c’est depuis que tu vis dans le Tennessee que tu as véritablement trouvé ton style et le son que tu voulais développer ?
Non, j’avais vraiment développé mon style et le son juste avant de m’y installer. Je travaillais dessus depuis longtemps. J’ai toujours été un peu une pieuvre avec les bras tendus dans de nombreuses directions. J’ai donc eu du mal pendant un certain temps à comprendre comment transformer toutes ces différentes influences en quelque chose qui fonctionne. Je savais ce que je voulais faire, mais je ne savais pas comment. Je suis passé par beaucoup de choses en recherchant mon identité de musicien. J’avais un groupe de Rock à Boston, qui était un genre de Rock Garage très brut, et c’est là que j’ai écrit mes premières chansons et où j’ai commencé à développer mon écriture, mais ce n’était pas encore tout à fait ça.
Après Berklee, ce groupe s’est séparé. Alors je suis retournée en Virginie-Occidentale et je me suis lié avec de vieux amis pour essayer de créer un groupe et j’ai rapidement réalisé que cela n’allait pas fonctionner de manière cohérente. J’avais toutes ces idées de chansons et j’ai compris qu’attendre de trouver un groupe ne mènerait nulle part. Alors, j’ai finalement décidé de faire tout moi-même. J’ai acheté un magnétophone huit pistes et j’ai installé un home-studio en Virginie-Occidentale. J’ai demandé à un excellent musicien de session, appelé Ammed Solomon, de jouer de la batterie et j’ai enregistré la plupart des chansons de cette façon, en trouvant comment enregistrer et mixer au fur et à mesure. Ainsi libre, j’ai finalement pu combiner toutes ces idées comme je le voulais. Et ça a marché. C’était la véritable expression de moi-même, au-delà de la musique. Puis, j’ai déménagé à Nashville juste après avoir enregistré tout ça en 2017, pour monter un groupe. Ca s’est avéré beaucoup plus facile quand tu as déjà la musique et le concept en place. Et j’ai trouvé un groupe incroyable, qui a vraiment élevé l’ensemble du projet.
– Tu viens tout juste de sortir « Pronounced Jah-See », ton deuxième album. Avant de parler du contenu, j’aimerais que tu m’expliques un peu son titre. C’est un clin d’œil à l’album de Lynyrd Skynyrd (« Pronounced lĕh-‘nérd ‘skin-‘nérd »), car le côté rastafari ne se ressent pas vraiment dans cette nouvelle réalisation ?
(Rires) Non, le côté rastafari n’est pas encore sorti ! Peut-être dans le futur ! En fait, je m’inquiétais sur le fait d’utiliser le mot ‘Jah’ pour ne pas y être associé, mais cela semblait être la façon la plus précise de le prononcer. Je suppose que ‘Jossie’ fonctionne aussi. Je ne savais pas que Lynyrd Skynyrd avait sorti un album, qui s’appelle comme ça ! Patrick d’Alive Records m’a dit que ce disque servirait de carte de visite. Donc sachant que tu portes ton nom toute ta vie, j’ai pensé que je ferais mieux de régler tout de suite le problème. Sinon, cela aurait probablement été la première question de chaque interview. J’avais essayé de trouver un nom pour le projet en pensant que le mien serait trop difficile à prononcer pour les gens, mais j’ai réalisé que je ne pourrais pas le cacher de toute façon. J’aime aussi le fait que ce soit un peu ambigu. Donc, pour répondre à ta question, c’est vraiment le bon. C’est comme ça qu’on prononce mon nom.
– Tu incarnes une sorte de renouveau du Glam Rock, au sens premier du terme. Forcément, tu te présentes comme un artiste fortement marqué par les années 70, qu’a priori, tu n’as pas beaucoup connu. C’est un désir de revenir aux prémisses du Rock avec tout ce qu’il comportait d’extravagant et d’anticonformiste ?
Je suppose que c’est en partie cela, l’extravagance. Je pense que le Rock’n’Roll devrait être une expérience sans limite, qui transporte l’auditeur. Mon travail est certainement anticonformiste, car c’est quelque chose contre lequel j’ai lutté toute ma vie. L’endroit où j’ai grandi était extrêmement conventionnel. Tout le monde était dans les mêmes choses, habillé de la même manière et parlait de la même façon. J’étais totalement en dehors de tout ça et cela m’a même aliéné. C’est donc un thème central de ma musique, l’idée de ne pas se conformer. Et il y a beaucoup de ça aussi dans le Rock des années 70. Mais je voulais surtout écrire la meilleure musique possible et pouvoir m’exprimer. La plupart de mes artistes et de mes disques préférés ont été réalisés à la fin des années 60 et au début des années 70, donc naturellement, cela s’en ressent. C’est vrai que je n’ai aucune expérience directe avec les années 70, mais c’est plus l’esprit de cette musique qui m’intéresse plutôt qu’un son en particulier. La liberté, la rébellion, la flamboyance et l’inspiration sont ce qui m’attire. Et le côté visuel est un autre élément important pour moi. La narration à travers le théâtre est quelque chose que je voulais incorporer dans la présentation de ma musique, afin de transmettre les chansons plutôt que de simplement les chanter. Je pense que cela ajoute de la profondeur quand c’est bien fait. C’est quelque chose que je ne vois pas beaucoup dans le Rock’n’Roll en ce moment. Et il y a aussi les solos de guitare, beaucoup de solos de guitare !
– Justement, « Pronounced Jah-See » est assez déconcertant, car tu y joues des morceaux très dépouillés et d’autres plus orchestrés. Et tes chansons sont aussi dans l’ensemble assez courtes. On aurait pu penser à des titres plus longs pour installer justement une ambiance très 70’s, et on a l’impression que tu joues plutôt la carte de l’efficacité. C’est le cas ?
Ouais, en général, j’aime que les chansons soient concises. Beaucoup de morceaux sont développées en concert avec de nouvelles sections entières et des improvisations, mais sur disque, j’ai toujours essayé d’obtenir le meilleur dans un délai très rapide, parce que je sais à quel point la durée d’attention des gens est courte. Je pense qu’à un moment donné, je vais m’étendre davantage sur disque, mais pour l’instant, je me contente d’avoir une approche directe.
– A l’écoute de l’album, on ressent également une forte énergie live, très électrique et brute. Tu l’as enregistré en condition du direct, car il en ressort l’authenticité et le côté frontal de la scène, des concerts ?
Oui, il y a une performance live au cœur de chaque chanson. Pas de clic. Pas de copier-coller. Ce n’est pas comme ça que j’aime travailler. La majorité des morceaux a été réalisée en live avec un batteur et moi, puis en overdub. Je joue quelques titres comme « Fast Love » entièrement seul, en superposant les parties sur une seule prise de voix/guitare. Sur « Godhead », toute la piste est en direct. J’essaie toujours de capter l’énergie première d’une chanson. Habituellement, je ne les livre au groupe que juste avant l’enregistrement. Donc, c’est frais et le jeu est toujours instinctif, car il n’y a pas assez de temps pour trop cogiter.
– Outre ta voix et les textes, dont la variété peut d’ailleurs étonner, l’instrument central est la guitare. Que ce soit en version acoustique ou électrique, on retrouve cette même intensité. Il y a là aussi un côté très hybride autour d’un univers singulier et très personnel. J’imagine que tu composes tes mélodies et les textes autour de la guitare ?
Oui, la guitare est mon instrument et j’en joue depuis l’âge de six ans. C’est ma façon la plus pure de m’exprimer musicalement. Cela me semble tellement infini ! J’aime bien commencer parfois avec les claviers, ou même la basse, ce qui a donné des chansons sympas, mais je reviens toujours à la guitare comme pièce maîtresse et centrale.
– Une autre chose peut surprendre, c’est ce son très anglais, alors que tu es américain. C’est la musique qui t’a bercé, ou c’est parce que tes idoles de jeunesse sont britanniques ?
Les gens me l’ont déjà dit. Je suppose que c’est simplement parce que beaucoup de mes idoles sont britanniques, et c’est la musique qui m’a le plus influencé. Mais il y a aussi plein d’artistes américains que j’aime beaucoup comme Bob Dylan, Lou Reed, The White Stripes, Robert Johnson, The Doors, John Fahey… Je pense que c’est au niveau vocal qu’on l’entend le plus parce que mes chanteurs préférés ont tendance à être anglais. J’ai toujours été attiré par les chanteurs exceptionnels, Robert Plant étant le meilleur d’entre eux.
– Enfin, « Pronounced Jah-See » est très varié avec de l’harmonica et des cuivres aussi. Avec quelle formation te présentes-tu sur scène ? Parce que si ta musique peut sembler assez épurée, elle n’en demeure pas moins très arrangée…
J’adorerais ajouter un claviériste dans le futur, mais pour le moment, nous travaillons à faire au mieux en quatuor. Je joue aussi occasionnellement de l’harmonica, et pour l’instant les cuivres n’existent que sur les enregistrements de l’album.
L’album de GYASI, « Pronounced Jah-See », sera disponible le 27 mai chez Alive Natural Sound.
Il y a de l’électricité dans l’air sur les hauteurs de Mexico. Armé d’un Heavy Stoner aux atmosphères Desert Rock d’où le Doom et quelques vibrations Blues émergent, le power trio ELECTRIC MOUNTAIN livre son deuxième album. Et « Valley Giant » déclenche un beau séisme au cœur de la capitale mexicaine.
ELECTRIC MOUNTAIN
« Valley Giant »
(Electric Valley Records)
C’est dans la chaleur de Mexico City qu’ELECTRIC MOUNTAIN a vu le jour en 2013. Fort d’un premier album éponyme sorti en 2017, le trio fait son retour avec « Valley Giant », une deuxième réalisation très réussie. Dans une torpeur très 70’s, le combo mise sur un Stoner/Desert Rock, où le côté massif de sa rythmique se mélange brillamment avec la fureur de ses riffs.
Dans une atmosphère aride, Gibran Pérez (guitare, chant), Max Cabrera (batterie) et Jorge Trejo (basse) martèlent un registre rugueux et épais avec une énergie considérable. Usant de sonorités Doom et bluesy, ELECTRIC MOUNTAIN assène un Desert Rock particulièrement Heavy et déterminé. Sans négliger de fortes lignes mélodiques, le power trio se hisse à haute altitude.
Sans concession, passé l’intro « The Great Hall », le groupe présente des morceaux robustes et bien structurés (« Outlander », « Morning Grace »). Les Mexicains déploient sur une dynamique effrénée un album varié aux saveurs très 90’s. Puissant et massif, ELECTRIC MOUNTAIN élève pas à pas son Stoner avec assurance et « Valley Giant » vient confirmer cette belle ascension (« Void », « Desert Ride »). Du costaud !
Fort d’un deuxième album très réussi et rivalisant haut la main avec les meilleures productions de Hard US actuelles, LAST TEMPTATION livre un « Fuel For My Life » torride, musclé et accrocheur. Mené par son frontman Butcho Vukovic, une rythmique basse/batterie imparable et un Peter Scheithauer dont les riffs et les solos débordent d’une énergie brute, le quatuor possède tous les atouts pour s’imposer durablement. Puissant, créatif et mélodique, le groupe s’apprête maintenant à défendre ce bel opus. Son fondateur et guitariste nous en dit un peu plus…
– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que l’on revienne sur ta déjà longue carrière. Tout d’abord, pourquoi es-tu revenu en France il y a un peu plus de dix ans, alors que tu étais reconnu et bien en place sur la scène américaine ?
Je vois que l’interview commence fort ! (Rires) En fait, je suis revenu faire des dates avec Killing Machine (AC/DC au stade de Nice et Stade de France), le Wacken Open Air, Graspop, Foire aux vins de Colmar, Bulldog Open Air, BloodStock, etc… Ma femme américaine est tombée amoureuse de l’Europe et voulait rester et avoir cette expérience, mais surtout avoir une vie plus sédentaire ! On est resté et trois ans après on a divorcé ! (Rires) Par la suite, j’ai séjourné entre la France et les Etats-Unis. C’est vrai qu’en ce moment, ça me manque.
– Tu as joué et enregistré avec le gratin mondial du Hard Rock et du Heavy Metal et partagé la scène avec des grands noms également. Est-ce que ce sont toutes ces rencontres et ces collaborations qui t’ont permis de trouver et d’affiner ton style, ton jeu et surtout ton son ?
Bien sûr, cela a joué un rôle dans ma façon d’approcher les solos, les grooves, les attaques médiator, etc… J’ai eu la chance de jouer avec Bob Daisley, et si au début on avait des prises de tête, il m’a beaucoup apporté. On en rigole maintenant. Puis, jouer avec des super batteurs tels que Eric Singer, Stet Howland ou encore Pat Torpey, tu n’as pas le choix que d’être en place. Mon oreille a changé au fil du temps. Vivre dans un pays qui baigne dans le Rock et Metal fait qu’elle s’habitue à certains sons et aussi certains grooves. Le meilleur exemple que je puisse donner, c’est le blues. Même s’il y a de bons bluesmen en Europe, on entend immédiatement la différence avec les Ricains. Bref, Robert Johnson ne vient pas d’Auvergne. Maintenant, le son de base vient de ton jeu, de ton attaque et de tes doigts.
– Tu as traversé les années 90 avec Stream et Belladonna, les années 2000 avec Killing Machine et Temple Of Brutality et maintenant LAST TEMPTATION. Quel regard portes-tu sur ces différents groupes ? Tu vois ça comme des expériences à chaque fois différentes, ou plutôt comme une évolution naturelle de ta carrière ?
Bon déjà, Stream, depuis le début, c’est mon bébé. Je l’ai créé quand j’avais 17 ans, tout d’abord en France, et ensuite j’ai continué aux US. Je peux même dire que LAST TEMPTATION est dans la continuité de Stream (surtout de l’album « Nothing Is Sacred »).
Quant à Belladonna, c’est une histoire en soi. J’avais des maquettes que j’avais enregistrées à Los Angeles et je cherchais un chanteur. Je suis allé au Foundation (un peu le MIDEM du Metal à l’époque) et j’ai vu Joey. J’ai commencé à lui envoyer des maquettes et il me les renvoyait avec son chant. À l’époque, Stream avait un deal avec USG/Warner Brother, je leur ai donc proposé ce projet. On avait même déménagé à Syracuse pendant quatre mois.
De retour à Los Angeles, toujours avec Stet, on répétait et on faisait la fête jour et nuit. On jammait sur des riffs et après quelques semaines, je trouvais que j’avais des morceaux assez Old School Metal pour faire un album dans cette direction. Quand on répétait, Mike Duda venait tenir la basse. Mike Vescera étant un ami à Stet, on avait notre chanteur. Killing Machine était né. On a sorti le premier album avec de bons retours de la presse. Quelques temps après, Stet ‘s’échappe‘ en Floride. Au même moment, je travaillais sur un nouveau Killing Machine avec David Ellefson, Jimmy DeGrasso et James Rivera (ce qui donnera « Metalmorphosis ») et j’ai suivi Stet en Floride. Il me l’a vendu comme le nouveau Paradis ! (Rires) Bon, c’était effectivement paradisiaque. J’ai fait écouter à Ellefson, deux jours après, on le cherchait à l’aéroport direction le studio. Quant à Todd Barnes, je l’avais vu dans un club à L.A. (le Coconut Teaser) et j’ai adoré sa prestance scénique et sa voix puissante. Ce look redneck : ‘je vais te tuer, si tu souris’ ! (Rires) Cet album m’est très cher. Ce fut la première d’un groupe qui savait ce qu’il voulait : pas d’ego, ni de problème relationnel. Sur scène, c’était très fort et les tournées, c’était des vacances… fatigantes, mais fun ! (Sourires)
Je vois cela plutôt comme tous les styles de Metal que j’aime. Bien entendu, chaque album et chaque tournée t’amènent de nouvelles expériences et cela te forge tant au niveau musical qu’humain. Evidemment, cela m’a fait évoluer musicalement, car tu joues avec des gens très différents et tu as la chance de pouvoir comparer différentes approches de travail et de jeu.
Peter Scheithauer – Photo : Joël Ricard
– Depuis trois ans maintenant et un très bon premier album éponyme, LAST TEMPTATION suit son chemin. Tu as monté le groupe avec Butcho Vukovic (ex-Watcha) au chant. Sur le précédent opus, il y avait des invités prestigieux. Quelle était l’idée de départ avec tous ces guests ?
Avec Butcho, on avait commencé sur un groupe un peu différent. Plus 80’s avec Affuso (Skid Row) et Rod (WASP). Au fur à mesure que je faisais des démos, j’avais beaucoup d’autres riffs qui sonnaient plus à la Sabbath ou Ozzy. Cela m’a donné envie de les envoyer à Bob Daisley (avec qui on s’est toujours dit que l’on referait un album ensemble). Il était excité à l’idée de faire cet album et les titres que je lui envoyais lui plaisaient beaucoup. Vient l’heure fatidique du chanteur. J’ai envoyé des démos à Butcho en lui précisant que Bob était très, très, très difficile au niveau vocal et guitare, et Bob a adoré. Le premier album est parti sur l’idée de « Nothing Is Sacred », donc avoir des musiciens auprès de nous que l’on a toujours appréciés et nous on fait ce que l’on est. C’était aussi très voulu à ce moment par notre label.
– De qui est aujourd’hui constitué LAST TEMPTATION ? Un certain Farid Medjane (ex-Trust, Face To Face) vient de vous rejoindre. Comment cela s’est-il passé ? C’est une recrue de choix…
Aujourd’hui, LAST TEMPTATION est une forte formation avec Butcho au chant, Julien ‘Baloo’ Rimaire à la basse, moi aux guitares et, maintenant, Farid a la batterie. J’avais vu des vidéos de Farid avant de faire le deuxième album et c’était mon premier choix. Mais j’étais persuadé qu’il vivait dans le Sud et je voulais une formation rythmique autour de Strasbourg, afin de pouvoir répéter assez souvent. On enregistre donc l’album avec Vincent Brisach à la batterie. Le Covid étant constamment présent, on n’a pas pu vraiment jouer live. En parlant avec Christian de l’agence No Name (avec qui l’on collabore en plus de Gérard Drout Productions), j’ai appris que Farid n’habitait pas loin de chez moi ! Le reste a coulé de source et est allé très vite.
– « Fuel For My Soul » vient tout juste de sortir et c’est une belle et grosse claque ! Comment s’est passé l’enregistrement et avec qui avez-vous travaillé ? Il présente aussi un son très américain…
Merci beaucoup. On a beaucoup répété les titres que l’on avait sélectionnés sur toutes les démos que l’on avait. Puis, on est rentré en studio et on a enregistré l’album en une semaine, tous ensembles pour garder ce feeling live et groovy. Puis, overdubs chant et guitares. On a ensuite envoyé les prises à un mixeur. Le son nous définit vraiment bien. On savait comment on voulait faire sonner l’album et j’ai assez l’habitude de produire des guitares en studio. On voulait garder l’esprit live, mais avoir un son plus précis. Le fait que l’on donne le mix à une personne qui n’avait pas travaillé sur les enregistrements a donné une autre dimension. On lui donnait la direction globale du son, mais en plus il avait une écoute plus fraîche que nous.
– J’ai lu que vous aviez composé 40 morceaux avec Butcho pour ce nouvel album. Vous en avez finalement gardé 11 et ils sont tous aussi solides que percutants. A l’heure où fleurissent les EP, c’est énorme d’écrire autant de titres ! Vous en avez gardé quelques uns pour la scène, le prochain album, ou alors c’est la crème de la crème et le reste va disparaître ?
Encore une fois merci. Il y a de très bons titres dans le lot que l’on a mis de côté, car on voulait aussi avoir un certain flow. Mais pour répondre à ta question, on ne garde rien. On part du principe qu’à cette période, on avait une certaine vibe et donc un certain feeling au niveau de l’écriture. Nous sommes déjà sur le prochain et on remarque que c’est un autre album. Certes, c’est du LAST TEMPTATION, mais un autre album.
– Musicalement aussi, on sent que vous avez nettement pris une nouvelle dimension au niveau de l’écriture. C’est enfin le LAST TEMPTATION que vous vouliez afficher avec Butcho dès le départ ?
Comme dit le premier album, c’est un peu comme les premiers pas. On sait où on veut aller, mais ce n’est pas encore bien défini. Là, on a une vraie formation musicale, on est ensemble et on a pu répéter les morceaux avant de les enregistrer. Nous voulions un relief différent sur cet album. Tout comme nous aimerions avoir un autre relief sur le prochain. On arrive à cette homogénéité et avec l’arrivée de Farid, cela se confirme.
– Si les ombres de Zakk Wylde et de George Lynch, époque Dokken, se font sentir dans ton jeu, LAST TEMPTATION possède désormais un style très identifiable et un jeu explosif. Même s’il sonne très moderne, il y a un agréable parfum 90’s. Ce sont finalement les années que tu trouves les plus créatives et celles qui t’inspirent encore le plus ?
Décidément je n’arrête pas de te remercier ! (Rires) En fait, j’aime vraiment toutes les périodes des 70’s à maintenant. Si je devais définir les décennies pour moi, ce serait 70’s avec Iommi et Van Halen, 80’s : Lynch et 90’s : Dimebag et Cantrell. Ce mix fait surement partie intégrante de mon jeu et de mon écriture. En termes de groupes, cela va de Kiss à Pantera.
– Enfin avec un album aussi costaud et si bien réalisé que « Fuel For My Soul » sous le bras, j’imagine que la scène doit plus que vous titiller. Qui a-t-il de prévu de côté-là ?
Nous sommes comme des lions en cage ! (Rires) Tout d’abord, le Hellfest le 18 juin à 14:20 MainStage 2 (Et on y sera – NDR). On est super excités. Nous avons des choses de prévues, mais on ne peut pas encore les annoncer. Mais on a hâte de rencontrer tout le monde. Ça va faire du bien de pouvoir s’éclater à nouveau et reprendre là où on s’est arrêté en 2020 !
L’album de LAST TEMPTATION, « Fuel For My Soul », est disponible depuis le 20 mai Crusaders Records