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Blues Rock Boogie Blues Classic Rock Heavy Blues Southern Blues Rock

Cirkus Prütz : southern breath from the north

A entendre CIRKUS PRÜTZ, on se croirait dans le Sud des Etats-Unis, tant la sincérité dégagée et surtout le savoir-faire et le son de « Manifesto » ont des résonances américaines. Pourtant, direction le grand Nord et la Suède d’où est originaire le groupe. Ici aussi, on sait faire du Southern Blues Rock, d’un calibre très largement comparable. Dynamique et intense, on doit aussi cette superbe production à Peter Tägtgren (Pain, Hypocrisy) et il faut admettre que l’ensemble prend une dimension explosive. Ca chauffe, ça claque et ça fait un bien fou !

CIRKUS PRÜTZ

« Manifesto »

(Metalville)

Il a œuvré chez les Hard Rockers de W.E.T le temps de quelques albums dans les 90’s, puis avec Jeff Scott Soto où il a tenu la basse dans les années 2000 dans un registre similaire. Mais ce qui a toujours titillé le bassiste Jerry Prütz, c’est le Blues Rock, sous toutes ses coutures. Pourtant, c’est assez tardivement, en 2017, qu’il sort « All For the Boogie And The Blues » et qu’il annonce la couleur. Si certains le voient comme le pendant suédois de ZZ Top, CIRKUS PRÜTZ se présente dans un registre un peu plus musclé et les raisons sont aussi multiples qu’évidentes. Et ces quatre-là se sont franchement bien trouvés.

Tout d’abord, avec Cristian Carisson à la guitare, et dont le chant rauque n’est pas sans rappeler le regretté Danny Joe Brown de Molly Hatchet, et qui œuvre dans le groupe Stoner Rock The Quill, le quatuor s’assure une certaine rugosité. Ensuite, on y retrouve, l’ex-Electric Boys Franco Santunione à la seconde six-corde et enfin (et non des moindres !) Per Kholus à derrière les fûts, lequel a cogné chez W.E.T. également, mais aussi Spectrum, Skin And Bone et Lipstick. Ca vous pose un line-up et il ne faut pas attendre bien longtemps pour comprendre les (très bonnes) intentions de CIRKUS PRÜTZ, car l’ensemble est savoureux.

« Manifesto » est donc le quatrième album de nos ardents bluesmen, et il y a de l’électricité dans l’air. Sur un Blues Rock véloce, aux saveurs Southern, Hard Boogie et Classic Rock, la potion magique prend dès les premiers accords de « White Knuckle Blues ». Il y a une belle âme chez CIRKUS PRÜTZ, de bonnes ondes et du cœur. Intense et sans faux pas, on se délecte des twin-guitares, des solos endiablés et torrides et de ces compos au songwriting millimétré (« Handyman Boogie », « Walking In The Rain », « Pack Your Bags » et l’hypnotique « Water Into Wine », entre autres). Tellement authentique !

Photo : Kent Renker

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Modern Metal Shock Rock

Sick n’Beautiful : the vacuum theory

En donnant (presque) autant d’importance à sa musique qu’à son image, SICK N’BEAUTIFUL est parvenu à imposer un concept très personnel, grâce aussi à une frontwoman polymorphe à la présente magnétique. Avec « Horror Vacui », les Transalpins s’essaient à une formule plus synthétique dans le son, tout en conservant une dynamique pêchue et Metal, groovy et tout en puissance. Solidement ancré dans son temps, le quintet reste toujours aussi féroce.

SICK N’BEAUTIFUL

« Horror Vacui »

(BLKIIBLK)

En un peu plus de dix ans, SICK N’BEAUTIFUL s’est fait une jolie place sur la scène Metal Alternative européenne. En mixant un Shock Rock mélodique avec un Modern Metal explosif, les Italiens se distinguent des productions actuelles et leur univers Sci-Fi livre aussi un visuel intéressant. Emmené par la captivante Herma Sick, le combo se présente avec « Horror Vacui », un quatrième album très actuel, percutant et pour le moins varié. Futuriste dans son approche, celui-ci conserve également son aspect théâtral.

Toujours aussi Heavy et ne lésinant pas sur les riffs lourds et les solos concis et efficaces, SICK N’BEAUTIFUL fait monter la pression sur ce nouvel opus en affichant un visage rageur et un rythme très soutenu. Avec une identité de plus en plus évidente, la formation romaine avance sur des titres massifs et accrocheurs, mais là où le bât blesse, c’est au niveau de la production de « Horror Vacui ». Si l’utilisation des machine est aujourd’hui omniprésente, les sonorités très ‘fête foraine’ frôlent franchement le sabordage.

Mais au-delà d’un son parfois brouillon, de bonnes compositions surnagent même si certaines références comme celles d’Alice Cooper ou de Rob Zombie se font toujours sentir (« (Human Is) Overrated », « Death Police », « My Wounds », « Hate Manifesto », « Raise The Dragon », « Haunted »). Avec une énergie brute et un groove dense, SICK N’BEAUTIFUL s’en sort bien avec quelques touches Hip-Hop et tribales plutôt bienvenues. « Horror Vacui » bouscule les genres avec beaucoup d’intensité et fait souffler un vent de fraîcheur.    

Photo : Elizaveta Yudina

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Blues Rock Delta Blues Soul / Funk

Kustan Adam : on the way to the summits

Compositeur, guitariste et chanteur, KUSTAN ADAM présente un deuxième album constitué de Blues Rock énergique et de titres plus Funky et Soul. « Pretty Black Suit » est un beau condensé du savoir-faire et du raffinement musical du Hongrois. Entre accords bien sentis et solos enflammés, il réussit à capter l’attention grâce à une approche très élégante et des mélodies imparables. Toujours réalisé en indépendant, le musicien ne devrait pas tarder à être approché par de sérieux labels.

KUSTAN ADAM

« Pretty Black Suit »

(Independant)

Après un  premier effort convaincant en 2021, « I Ain’t Got A Car », KUSTAN ADAM confirme ses débuts prometteurs avec « Pretty Black Suit ». Le Hongrois a passé du temps sur la route, s’est aguerri et cela s’entend. De retour avec son power trio, son Blues Rock aux saveurs Soul a pris du volume et, grâce à une production très soignée, son jeu de guitare resplendit et pas seulement. Ses talents de songwriter montrent aussi un artiste plus mature et qui élargit aussi son spectre musical dans une polyvalence stylistique très bien maîtrisée.

Très imprégné d’un Rock 60’s savoureux, KUSTAN ADAM distille un Blues moderne qui ne renie pas non plus ses racines, notamment celles du Delta. Dynamique et jouant sur une certaine légèreté qui rend ses morceaux assez aériens, le bluesman s’avère être aussi un très bon chanteur. Sa jeunesse apporte également beaucoup de fraîcheur sur ce « Pretty Black Suit », bien trop court au final. Rock, Funky ou Soul, il s’approprie tous ces registres avec facilité et une séduisante décontraction, qui rend l’ensemble très fluide.

En libérant un riff bien fuzz dès le départ sur « Little Blue Man », KUSTAN ADAM montre qu’il n’a pas froid aux yeux et ce deuxième opus s’annonce haut en couleur. Même si la suite est plus posée (« I’m Alone »), le très Funky « We Were Born » remet du tonus avant la belle slide de « Young Boy ». Et c’est « Travellin’ Man » et son Blues Rock contagieux qui emporte tout grâce aussi à un superbe dialogue avec sa choriste. Des douces notes de trompette sur le morceau-titre, jusqu’au délicat « Going Down To Memphis », on est tenu en haleine.

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France Post-HardCore

Point Mort : polymorphic-core [Interview]

Toujours aussi abrasif, mais emprunt cette fois de beaucoup plus de sensibilité, le deuxième album des Parisiens a de quoi surprendre pour qui les suit depuis leur premier EP « Look At The Sky » sorti en 2017. Le style s’est affiné, bien sûr, mais il a aussi gagné en diversité sonore, en impact et se veut nettement plus libre aussi dans l’écriture. Jouant sur les émotions, POINT MORT passe de la lumière à la noirceur absolue d’un claquement de doigt avec une cohérence déroutante. Avec « Le Point De Non-Retour », le quintet affiche une polyvalence de chaque instant, doublée d’une fermeté imparable dans son déroulé. Quelques jours avant sa sortie, Damien Hubert (basse), Olivier Millot (guitare) et Sam Pillay (chant) reviennent sur leurs envies artistiques, l’évolution du groupe et la conception de ce nouvel opus.

– Vous sortez votre deuxième album, « Le Point De Non-Retour », après deux premiers EPs et des prestations scéniques aussi nombreuses qu’explosives. Et puis, POINT MORT a aussi franchi la décennie d’activité. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur ce parcours de dix ans d’existence ?

Damien : On regarde assez peu en arrière et d’ailleurs, on ne joue d’ailleurs pas beaucoup d’anciennes chansons en live. On a aussi beaucoup fait évoluer la musique du groupe au fur et à mesure du temps, et nous avons aussi changé, ce qui fait qu’on ressasse assez peu les événements passés du groupe au final ! 

– Depuis vos débuts, vous avez habillement enrichi et fait évoluer votre post-Hardcore, et POINT MORT reste unique en son genre avec de multiples facettes que vous nourrissez de nombreux styles. Comment procédez-vous justement pour garder une identité si forte ?

Damien : Il n’y a pas de recherche d’identité particulière. J’ai surtout l’impression que sur les textes, la compo, les visuels, on travaille sur ce qui nous parle nous et comme on est plusieurs avec des goûts différents, ça donne cette mixture. Ce qui fait qu’on est vraiment  très content quand quelqu’un clique avec nous, mais la contrepartie c’est que ça ne parle pas à tout le monde. 

Olivier : Rien n’est prémédité. Quand il y a une envie, on décide d’y aller jusqu’au bout. Peu importe si cela colle, ou pas, avec le style dans lequel on est affilié.

– Pour « Le Point De Non-Retour », vous avez de nouveau fait appel au duo Sauvé/Chaumont pour l’enregistrement, le mix et la production. Vous donnez l’impression de grandir ensemble et d’ailleurs, un palier est encore franchi. Quelle était votre ambition première pour ce deuxième album, tant au niveau de la composition que du son ?

Damien : Moins de dissonances et de guitares zinzins, plus de travail sur les voix, mais tout autant de structures à tiroir et de ‘trucs-alambiqués-qui-s’entendent-pas-à-la-première-écoute’. Moins de musique aussi en durée à enregistrer aussi, y’en a marre des albums de plus de 50 minutes !

Olivier : Quand j’ai commencé à écrire cet album, je voulais plus de lisibilité dans la narration et accentuer le côté ‘cinématographique’ des morceaux. Aussi, de prendre le temps pour aller plus loin dans les arrangements des voix et qu’il y ait plus de matière au mixage. Effectivement, on progresse ensemble avec Amaury et Thibault. La communication est plus simple et directe, donc on va plus vite. En plus, pour cet enregistrement, on a eu Etienne Clauzel, qui a complété cette fine équipe.

– Ce nouvel album va bien plus loin que « Pointless… » dans les contrastes notamment. Il est à la fois plus massif et percutant d’un côté et il aborde aussi un aspect plus mélodique et très poétique au niveau des textes. C’est un équilibre que vous avez longtemps cherché, ou s’est-il finalement fait assez naturellement ?  

Damien : Olivier et Sam ont trouvé cet équilibre-là ensemble, puisqu’ils sont les principaux compositeurs et auteurs de tout ce bazar. Rien n’est laissé au hasard. Mais oui, je crois que c’est quelque chose qu’on cherchait depuis quelques années quand même, et on a pris le temps de développer ce côté mélodique.

Olivier : Avec Sam, on voulait plus de chant clean, plus de mélodies, plus de contrepoint ! J’ai beaucoup réécrit les instrus en fonction de ce que Sam composait sur les démos. Comme disait Damien, je ne voulais plus écrire de lignes de guitare/basse qui partaient dans tous les sens. Je voulais que cela soit plus compact, sans perdre cette idée de contrepoint pour les instruments également. Donc, le tout sonne forcément plus massif ! 

– Est-ce qu’on peut parler d’album-concept pour « Le Point De Non-Retour » parce que, si les morceaux ont des durées très différentes et font même parfois le grand écart, il y a un vrai fil directeur et beaucoup de cohésion dans le déroulé ?

Damien : Pas de concept-album, mais des thèmes qui se recoupent, puisque c’est Sam qui écrit les textes. Après il y a une cohérence dans cet album, mais rien qui peut le rattacher à un concept-album.

Olivier : Je dis cela à chaque album, mais pour moi, c’est un seul morceau, découpé en mouvements, comme dans un concerto.

– Comme toujours, vous ne manquez pas d’audace, puisqu’après une intro aux saveurs Electro, vous ouvrez l’album avec « An Ungrateful Wreck Of Our Ghost Bodies », long de dix minutes. Comment prend-on une telle décision ? Ce n’est pas banal… 

Damien : Certains auraient dit qu’ils ont eu une idée de génie comme ça en buvant leur café le matin. Alors que c’était en buvant une tisane le soir. Non, comme d’habitude, rien n’est laissé au hasard, pas d’épiphanie, mais une fois que ce début d’album a été envisagé comme ça, ça n’a jamais plus évolué.

Olivier : C’est simple, c’est le premier morceau que j’ai écrit en pensant qu’il ouvrirait l’album. L’idée de l’intro est venue plus tard !

– Sam, vocalement, on retrouve ta grande polyvalence et cette fois, le chant clair et mélodique est aussi beaucoup plus présent. On te découvre même un peu plus, je trouve. C’était une condition pour réussir à délivrer plus d’émotion dans ces nouveaux morceaux ?

Sam : C’était un postulat de départ. On voulait plus de chant mélodique et harmonique. D’ailleurs, le dernier morceau de « Pointless… », « Ash To Ashes », annonçait déjà les fondements de cette direction artistique. La partie finale, avec toutes ces voix qui se superposent jusqu’à l’explosion, c’était en quelque sorte les prémices. J’aime varier les voix, les timbres, les interprétations. Cela enrichit forcément le discours. Le chant hurlé, pour l’usage que j’en fais, c’est la rage, la hargne, les tripes. Ça peut être déchirant, mais je pense que le chant clair permet une plus grande palette d’émotions. Quand on parle d’instrument, on dit jouer de la guitare, du piano… Et bien moi, je joue du chant. La variété de chant clair, me permet d’être espiègle, enfantine, suave, exaltée… Et j’en passe. 

– D’ailleurs, en aparté, que penses-tu du nombre croissant de femmes qui se mettent au growl ? Et lesquelles ont tes faveurs, ou t’impressionnent ? 

Sam : Chez les hommes comme chez les femmes, je suis peu impressionnée par le growl. Parce que c’est technique et non artistique. Ce serait comme dire à un chef étoilé que j’aime sa découpe de légumes, plutôt que de lui parler de l’ensemble de sa carte. Ce qui me parle davantage, c’est le timbre d’un chanteur ou d’une chanteuse, ou sa façon de livrer sa voix. J’aime une voix parce qu’elle me touche en premier lieu et du coup le seul point commun entre tous les artistes que j’affectionne, c’est que leur empreinte vocale ou leur musicalité m’émeut, me transporte. 

Concernant le nombre croissant de femmes qui growlent, comment répondre autre chose que c’est bien ? Le fait qu’il y ait plus de femmes, tout instrument confondu, dans la musique, c’est forcément bien. Je dirai même plus, c’est juste normal ! D’ailleurs, je ne vois pas pourquoi la question est adressée seulement à moi, les gars, vous avez des growleuses favorites, vous ?

Olivier : Oui, toi Sam! Je ne vais pas être original,  Julie Christmas forcément ! Pareil pour sa richesse de timbres ! Dans « The Wreck Of S.S Needle » (avec Cult Of Luna en 2016 sur l’album « Mariner » – NDR) son interprétation est stratosphérique !

Damien : Aller, pour ne pas répondre comme Olivier, à l’opposée du spectre, Candace Kucsulain de Walls of Jericho, Hard-Core à fond.

Sam : Je suis d’accord, deux voix et personnalités inspirantes !

– On l’a dit, ce nouvel album est chargé en émotion avec des passages très touchants, ce qui n’est pas si courant dans votre registre. Est-ce à dire que « Le Point De Non-Retour » est plus intime et plus personnel aussi dans son propos que son prédécesseur ?

Damien : Il y a toujours eu beaucoup de ‘personnel’ dans POINT MORT, car on ne cherche jamais la facilité, ni même la simplicité, à aucun moment, ni pendant la phase de compo, ni pendant l’enregistrement. Fatalement, cela fait ressortir des trucs qui font que la musique devient forcément intime. Mais celui-là est encore plus marqué par la personnalité des gens qui l’ont fait. En studio, quand le temps a manqué, on a mis l’accent sur l’artistique quitte à passer outre certaines étapes techniques. Ce n’était pas forcément le cas sur les disques d’avant pour lesquels le temps manquait pour tout ! (Rires)  

Olivier : Oui, il est plus intime et personnel, et surtout sans concession. « Pointless… » avait un côté plus  laboratoire et  patchwork. 

– Sam, c’est également toi qui signes la pochette de l’album qui incarne ‘La dame au cou penché’ liée, bien sûr, à votre dernier single « The Bent Neck Lady ». C’est vrai que le morceau est un moment fort de l’album. Cela a-t-il été une évidence de le mettre en avant ?

Sam : Pas forcément non, car c’est un morceau long. Et pour des raisons pratiques, il est préférable de sortir en single des morceaux courts. Ça passe mieux auprès des plateformes. C’est d’ailleurs pour ça qu’on a créé la version ‘radio edit’. C’est un morceau intense, on voulait vraiment le mettre en avant. Pour l’anecdote, tous les morceaux ont changé trois fois de noms avant d’être figés. Le titre « The Bent Neck Lady » a été trouvé sur la ligne d’arrivée. Ce n’est pas le titre qui a inspiré l’artwork, mais l’artwork qui a inspiré le titre. (Sourires)

Damien : Jetez un œil à au deuxième épisode du documentaire pour voir que ce morceau a été un temps fort de l’enregistrement également.

Olivier : Je confirme !

– Enfin, j’aimerais que l’on dise un mot de vos trois clips qui accompagnent l’album, ainsi que du making-of de sa conception. La vidéo est-elle devenu indissociable de votre musique, surtout aujourd’hui où la visibilité est devenue essentielle sur les réseaux notamment ?

Damien : Je crois qu’on aime bien le travail visuel aussi, vu que tout l’habillage est fait par les membres du groupe. Concernant le making-of, j’ai voulu documenter l’enregistrement de l’album, car je trouve qu’il y a une histoire à raconter, sans filtre, sans survendre ou minimiser quoique ce soit. Pas sûr qu’on refasse ça un jour, puisque c’est un enfer logistique. En effet, il y a plus de 50 heures de rushes et il y avait les caméras à gérer pendant que je jouais, même si pendant deux jours intenses Jessica Salitra est venue vraiment filmer. On a d’ailleurs fait le montage à deux. Pour les trois clips, d’un point de vue visuel, avec du recul, on a du clip classique (la chanson-titre), un truc plus ‘punkoïde’ à tendance nonsensique (« Skinned Teeth »), et enfin une proposition artistique hors du temps et délicate (« The Bent Neck Lady »). Finalement, cela reflète un peu la musique du « Point De Non-Retour », j’ai l’impression.

POINT MORT sortira son deuxième album, « Le point De Non-Retour » le 25 avril chez Almost Famous.

Photos : Jessica Salitra

Retrouvez la première interview du groupe à la sortie de « Pointless… » :

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Progressive Heavy Metal

Wind Down : eastern Indians

Originaire de Pologne, WIND DOWN distille un Heavy Metal costaud, teinté de touches progressives et se dévoile sur un premier opus bien réalisé. Rapide et même assez épique à l’occasion, il est constitué de musiciens chevronnés et biberonnés aux 90’s. « The Burning Past » affirme déjà une identité forte, grâce à des titres percutants et accrocheurs. Conceptuel, il confirme également l’audace et l’envie d’en découdre du quintet d’Europe de l’Est.

WIND DOWN

« The Burning Past »

(Wormholedeath Records)

Formé par d’anciens membres de Thetragon pour l’essentiel, WIND DOWN est une formation assez récente et, quatre ans après sa création suivi de l’EP « Uśpieni Ludzie » (« Le Peuple Euthanasié », elle livre son premier album sur le label italien Wormholedeath Records. Et « The Burning Past » est une bonne surprise. Inspiré par la culture amérindienne, ses rituels chamaniques et la connexion des âmes, le groupe s’aventure avec conviction dans un univers pourtant très éloigné de sa Pologne Natale.  

Rompu à la scène depuis de nombreuses années, on sent bien sûr toute l’expérience des membres de WIND DOWN et « The Burning Past » se montre solide et véloce. Sur des riffs tranchants et lourds, son Heavy Metal tire aussi très légèrement vers le Prog, grâce à une belle technicité et une structure mature de l’ensemble. Bien produits, les neuf titres et la saisissante intro affichent un son typique des 90’s rappelant notamment Savatage, qui semble être l’une des références incontournables du combo. 

Cela dit, WIND DOWN s’en tire bien et parvient même à imposer son Heavy Metal progressif avec détermination et force. Mélodique à souhait, « The Burning Past » est massif et racé et son concept émerge rapidement au fil de l’écoute. Le groove est épais et les deux guitaristes se donnent le change sur une rythmique bien en place. Quant au frontman, il tient la boutique avec efficacité (« Falling Down », « Without Doubt And Illusion », « New World », « Moonlight » et le morceau-titre). Un disque vaillant et robuste.

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Doom Doom Rock

Messa : magic waves

Après avoir marqué les esprits grâce à un Doom d’une grande richesse musicale en l’espace de seulement de trois albums (et un Live), les Transalpins sont forcément attendus au tournant. Et il faut admettre qu’avec « The Spin », celui-ci est parfaitement négocié. MESSA étend encore son champ d’action. Le groupe est toujours aussi insaisissable et en sortant de sa zone de confort, il asseoit sa réputation avec élégance, tout en restant percutant et sauvage. Plein de rebondissements, cette nouvelle réalisation résonne avec un instinct hors-norme et un feeling débridé.

MESSA

« The Spin »

(Metal Blade Records)

S’imposer aussi fermement et faire l’unanimité à ce point est assez rare dans le monde du Metal, y compris dans un registre comme le Doom. Pourtant, c’est avec beaucoup de classe et surtout un art du renouvellement impressionnant que MESSA est devenu incontournable. Grâce à des certitudes fortes et un line-up soudé et créatif, les Italiens parviennent avec « The Spin » à se surpasser et à surprendre avec énormément d’habileté et une imagination guidée par une audace que rien ne semble pouvoir freiner.

Toujours aussi atypique, le quatuor a jeté son dévolu sur les années 80 à travers des sonorités et une production signée Maurizio Biaggio (The Soft Spoon, Boy Harsher), qui nous renvoie quelques décennies en arrière. Cela dit, pas question pour MESSA de faire dans le réchauffé. « The Spin » ne manque pas d’originalité et les atmosphères dans lesquelles il se déploie sont toujours aussi envoûtantes. Et si la voix toute en nuances de Sara Bianchin y est pour beaucoup, c’est qu’elle est aussi magnifiquement accompagnée.

Avec une douce saveur vintage, « The Spin » n’en demeure pas moins actuel, ou hors du temps, c’est selon. Mélangeant synthés et grosses guitares dans un spectre allant du Metal au Jazz avec une touche Rock, MESSA s’ouvre de nouveaux horizons. L’univers de ce nouvel opus brille par sa diversité et même s’il semble plus compact, il captive dès la première écoute (« Void Meridian », « At Races », « Fire On The Roof », « The Dress », « Thicker Blood »). Déjà incontournable, le groupe signe un disque marquant et authentique. 

Retrouvez la chronique de l’album Live du groupe sorti il y a deux ans :

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Blues Chicago Blues Shuffle Blues

Big Dave & The Dutchmen : so true

100% Benelux, le nouveau projet de BIG DAVE et de ses DUTCHMEN va ravir les amoureux du Blues made in Chicago et les replonger au milieu du siècle dernier dans les clubs enfumés de la célèbre cité de l’Illinois, l’oreille en alerte et le sourire aux lèvres. Tout en respectant cette tradition Shuffle, Gospel et Boogie, où de superbes ballades se frayent leur chemin, « Big Dave & The Dutchmen » va plus loin que le simple hommage, il perpétue le style avec un respect infini. Vibratoire, chaleureux et authentique, la torpeur de la production finira aussi par vous emporter.

BIG DAVE & THE DUTCHMEN

« Big Dave & The Dutchmen »

(Donor/Naked)

Enivrant par sa voix de velours et captivant grâce à un harmonica jamais bien loin, Big Dave Reniers chante le Blues en y mettant toute son âme. Il y a deux ans maintenant, celui qu’on connaît surtout pour ses prestations et sa discographie avec Electric Kings et Dizzy Dave Band s’est lancé un nouveau défi artistique, de haut vol comme il se doit, avec BIG DAVE & The DUTCHMEN. Car, c’est un peu plus au Nord, en Hollande, qu’il est allé chercher ses musiciens. Et le casting impressionne sur le papier avant même de poser une oreille sur ce chaleureux premier album éponyme de la formation.

Accompagné par Mischa den Haring (T-99, Chung Kings) à la guitare, Roel Spanjers (Luther Allison, Smokey Wilson) aux claviers, ainsi que Dusty et Darryl Ciggaar (The Rhythm Chiefs, Dry Riverbed Trio) à la basse et à la batterie, le chanteur belge s’est assuré d’évoluer avec un groupe de musiciens experts et incontournables de la scène Blues roots européenne. Alors, forcément BIG DAVE & THE DUTCHMEN se présente dans une configuration vintage, propre au Chicago Blues, dont il restitue l’atmosphère avec brio. Pour autant, si l’esprit est ancré dans celui des années 50/60, l’ensemble sonne très contemporain.

Et cette intemporalité musicale a été captée en seulement deux jours à Anvers au Rabbit Field Studio sous la houlette de Stef Kamil Carlens (Zita Swoon, Moondog Jr.), une prouesse autant qu’une évidence. L’énergie est brute, le feeling imparable, l’émotion à fleur de peau et, outre une maîtrise évidence de son sujet, BIG DAVE & THE DUTCHMEN impose sa patte et son jeu au cœur d’une tradition toujours aussi vibrante et hyper-groovy (« Never Love Again », « Daring Haring », « Trouble Of The World », « So Sweet »). Et la très organique production y est aussi pour beaucoup dans la beauté de ce bel opus. Irrésistible !

Photo : André Dieterman

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France Metal Progressif post-Rock

Ash Twin Project : temporal illusion [Interview]

En associant Metal Progressif et post-Rock, ASH TWIN PROJECT s’ouvre un vaste champ d’expérimentation et c’est ce qu’il fait sur « Tales Of A Dying Sun », sorti il y a peu chez Klonosphere. Originaire du sud-ouest, les membres du quintet ne sont pas franchement des inconnus de la scène française, et leur technique comme les structures des morceaux ne laissent pas planer le doute. Guidé par le chant aérien et puissant de sa frontwoman, le quintet montre de belles choses et nous laisse même un peu sur notre faim. Thibault Claude, batteur et producteur de ce premier album, revient sur son aspect conceptuel et les multiples inspirations à l’œuvre au sein du groupe.

– Vous avez tous une expérience conséquente dans divers groupes de Metal comme Titan, Prophetic Scourge ou Silent Opera pour ne citer qu’eux. Quelles ont été vos motivations pour créer ASH TWIN PROJECT, qui évolue dans un style différent de ce que vous faisiez auparavant ?

Romain (Larregain, guitare – NDR), Robin (Claude, guitare – NDR) et moi avons effectivement surtout des expériences dans le milieu du Metal et particulièrement du Metal extrême, mais nos goûts et nos expériences ne se cloisonnent pas à ce milieu-là. La motivation à explorer de nouvelles esthétiques est donc avant tout une question de goût. J’ai proposé aux membres du groupe des compos instrumentales mêlant beaucoup de mes influences et ça a parlé à tout le monde. L’élément du groupe le plus éloigné du Metal est le chant d’Eglantine (Dugrand, chant – NDR), mais il n’y a eu aucune volonté de s’éloigner d’un style, ou de se rapprocher d’un autre. Avoir proposé à Eglantine de rejoindre le groupe a surtout été motivé par ses capacités vocales et les émotions qu’elle(s) procure(nt).

– Vous œuvrez donc dans un Metal Progressif tirant parfois sur le post-Rock. Cela vient-il de quelque chose qui vous attire depuis longtemps déjà et que vous souhaitiez explorer, ou plus simplement du fait que ces styles commencent enfin à émerger auprès du public ?

Justement, dans Prophetic Scourge, le côté Prog est pleinement assumé, c’est quelque chose qui nous parle énormément depuis toujours. On a toujours eu cet attrait pour le langage complexe de la musique : jouer avec les rythmes et les harmonies, explorer des structures progressives etc… sans perdre de vue le côté émotionnel. Là où dans les autres projets, on explore ça avec brutalité et technicité, on utilise ici un medium moins hargneux, plus axé sur le travail de l’ambiance et du relief. Le propos ne change pas, selon nous, mais il est effectivement moins cryptique ici.

– Par ailleurs, « Tales Of A Dying Sun » se montre solide au niveau du son et c’est d’ailleurs toi, Thibault, qui l’a produit. C’est quelque chose que vous teniez à gérer vous-mêmes ? Maîtriser ce premier album de A à Z ?

Oui, c’est un peu comme si la composition de cet album s’était terminée à la fin du mastering. Bon, j’exagère peut-être un peu, mais oui, la recherche du son a fait partie du processus de maquettage, puis d’enregistrement et enfin du mixage. Au-delà de ça, durant l’enregistrement, nous n’étions pas encore au courant que nous allions sortir l’album chez Klonosphere. Nous n’avions pas non plus de plan à suivre du genre ‘on va enregistrer à tel studio, puis on va faire appel à un tel pour le mixage, histoire qu’on ait un son monstrueux’. J’ai fait au mieux en fonction de mes connaissances et compétences sur le mixage (dans la continuité du travail de composition et de maquettage) et quand on a envoyé les morceaux finis à Klonosphere, ça leur a plu en l’état !

– Bien que votre musique soit très organique, vous tirez votre inspiration du jeu vidéo ‘Outer Wilds’ et donc d’un univers entièrement numérique. Comment y êtes-vous venus et est-ce un intérêt que vous partagez tous les cinq ?

Temporellement, j’ai décidé de m’inspirer de ce jeu environ dans le dernier quart de la composition de l’album. Outer Wilds m’avait profondément marqué quelques temps plus tôt et je voulais lui rendre hommage. En plus de l’aspect hommage, ce jeu est pour moi un bon exemple de ma vision de l’art et de ce que je souhaite transmettre via la musique, le lien s’est fait sur ça aussi, la dualité complexité/simplicité. Outer Wilds maîtrise selon moi l’équilibre parfait entre délire métaphysique, philosophie, soif de compréhension de l’inconnu d’une part, et émotion brute et viscérale d’autre part. En ce qui concerne les autres membres du groupe, Eglantine y a joué aussi, les autres non. Mais comme je disais plus haut, c’est le médium qui change (on n’est pas tous des joueurs fréquents), le propos tenu et les thématiques abordées nous passionnent tous les cinq.

– Quand on s’inspire d’un jeu vidéo, est-ce la recherche d’atmosphères particulières qui motive pour donner une cohérence à l’album, comme c’est le cas sur « Tales Of A Dying Sun » ?

Pas consciemment en tout cas. C’est vrai que le travail sur l’ambiance aide à ce qu’il y ait une cohérence sur tout l’album, mais pas sûr que ça ait un lien avec le fait que ça soit inspiré d’un jeu.

– Toujours à propos d’‘Outer Wilds’, le jeu tourne autour d’une boucle temporelle de 22 minutes précisément, et qui se réinitialise. C’est aussi un thème que l’on retrouve dans vos textes. Est-ce là le point de départ de l’aventure et du concept du groupe ? Et d’ailleurs, avez-vous envoyé votre album aux concepteurs du jeu ?

Non, on n’a pas envoyé l’album aux concepteurs, mais merci de le rappeler, il faut qu’on le fasse ! Alors, le point de départ est moins romanesque qu’une boucle temporelle. C’est le récital d’un examen pour que j’aie mon diplôme d’état de professeur de musique. Mais, oui, la notion de cycle est un des thèmes que l’on aborde et qu’on trouve intéressant, que ça soit pour s’intéresser à des choses abstraites (reproduction de schémas de pensée, ou de choix politiques) ou très concrètes (dynamique des astres et leur impact sur nos vies et croyances), voire les deux en même temps (liens entre la vie et la mort).

– ASH TWIN PROJECT présente des morceaux assez complexes dans leurs structures. Tout d’abord, sur quelles bases instrumentales partez-vous et est-ce que la technicité en elle-même peut aussi devenir une source d’inspiration ?

Sur cet album, la composition découlait d’une base instrumentale, car il n’y avait à l’époque simplement pas de chant. Ça pouvait venir d’une idée ou d’un exercice justement ! Par exemple, l’intro d’« Isolation » est un exercice de polyrythmie que j’avais trouvé sur internet. Arès l’avoir bossé derrière la batterie, je l’ai maquetté en jouant une basse qui suivait le rythme en 7 de la grosse caisse/caisse claire, et une guitare qui reproduisait le rythme en 5 du charley. Un exercice, ou quelque chose, qui nous attire l’oreille n’importe où peut devenir une source d’inspiration. Il s’agit ensuite de se l’approprier correctement. Dans « Isolation », cette idée a été vraiment reprise telle quelle sur la batterie, mais orchestrée différemment en faisant intervenir d’autre instruments. Et ça a inspiré la suite du morceau, où les rôles changent dans qui joue quel rythme (que ce soit les instruments ou les différents éléments de la batterie). En tout cas, la composition a été instrumentale, mais on espère pouvoir composer certains morceaux autour du chant maintenant, c’est une approche différente, mais qui permettrait à Eglantine d’apporter encore plus à l’esthétique du projet.

– Parallèlement à des aspects très Prog, post-Rock et parfois même Noise, ASH TWIN PROJECT reste très Metal au point même que vous accueillez le vocaliste Nicolas Lougnon pour quelques growls. En quoi est-ce pertinent compte tenu du talent de votre chanteuse Eglantine ? Est-ce devenu un passage obligé aujourd’hui, car les exemples se multiplient ?

Si on s’est senti obligés, ce n’est pas pour coller à une demande éventuelle des auditeurs, mais par goût personnel ! Certains riffs plus lourds, ou rapides, étaient propices à du chant saturé. Et comme on aime ça, cela aurait été dommage de s’en priver !

– Justement, il y a une direction artistique assez claire sur l’album. Le songwriting est efficace et la teneur des textes aussi. Malgré un univers dont on a déjà parlé, vos morceaux s’inscrivent dans une réalité authentique. De quelle manière faites-vous l’équilibre et le pont entre ce qui reste du domaine de l’imaginaire et un aspect plus concret ?

Finalement, le pont entre l’imaginaire et le réel se fait naturellement, parce que les deux sont liés. Il peut y avoir de l’abstrait et de la poésie dans n’importe quel objet concret, puisque cela réside dans l’œil de celui qui l’observe. On ne réfléchit pas toujours consciemment à cet équilibre, mais c’est vrai qu’il est présent. Disons que l’imaginaire est une porte d’entrée, une manière d’aborder certains thèmes tangibles avec plus de recul, et ça permet de laisser à chacun la possibilité de se les approprier à sa manière.

– Enfin, avec ses cinq titres, « Tales Of A Dying Sun » pourrait faire penser à un EP, mais sa durée se rapproche de celle d’un album. Avez-vous hésité entre les deux formats, car vous auriez aussi pu le compléter ?

À l’origine, on pensait sortir un EP autoproduit. Mais au fil du temps, une vraie thématique s’est imposée, avec une intention plus conceptuelle. Et ça, c’est typiquement ce qu’on associe à un album : un ensemble cohérent à écouter dans sa globalité. Aujourd’hui, le format album n’est plus forcément la norme, mais c’est celui qui nous semblait le plus adapté à ce qu’on voulait exprimer. Et puis, l’intérêt que nous a porté Klonosphere a aussi joué un rôle dans cette direction, bien sûr !

Le premier album d’ASH TWIN PROJECT, « Tales Of A Dying Sun », est disponible chez Klonosphere/Season Of Mist.

Photos : Roxane Claude

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Death Metal Livre

Rotting Ways To Misery : northern Death stories

Si pour la majorité des fans de Death Metal, la scène finlandaise se résume souvent à Amorphis ou Sentenced, elle est en réalité bien plus vaste. Peut-être pas aussi rayonnante que sa voisine suédoise à travers le monde, mais elle ne manque pas d’intérêt et elle a même fortement contribué à l’éclosion du style dans toutes la Scandinavie et au-delà. Les EDITIONS DES FLAMMES NOIRES proposent avec « Rotting Ways To Misery » une belle immersion et un retour sur les fastes années des groupes du grand Nord.

ROTTING WAYS TO MISERY : Histoire du Death Metal Finlandais

Markus Makkonen/Kim Strömsholm

(Editions des Flammes Noires)

Les EDITIONS DES FLAMMES NOIRES, maison de l’extrême s’il en est, se penche cette fois sur l’Histoire du Death Metal Finlandais, une partie incontournable de l’ADN du genre. La version française (et améliorée !) de « Rotting Ways To Misery » est donc la traduction du travail initial de Markus Makkonen, chanteur et bassiste ayant œuvré au sein de Sadistik Forest, Never Saw ou Hooded Menace, ainsi que Kim Strömsholm de Festerday, …And Oceans, Havoc Unit et quelques autres. Acteurs, experts et fins connaisseurs, donc !

Sur près de 500 pages, les deux spécialistes reviennent sur l’Histoire du Death Metal de leur pays et la déferlante commence avec National Napalm Syndicate en 1987 avec une première démo qui a mis le feu aux poudres et embrasé la Finlande. D’ailleurs, une liste très complète des maquettes et albums traités, ou évoqués, dans « Rotting Ways To Misery » figure à la fin du livre, histoire de ne rien manquer. En effet, le texte fourni dans l’ouvrage est très conséquent et on se laisse prendre par le récit passionnant de cette épopée métallique.

Avec les EDITIONS DES FLAMMES NOIRES, la mise en page et les illustrations sont toujours très soignées et, dans le cas de « Rotting Ways To Misery », elles nous replongent fin 80’s et dans les 90’s. En ces temps reculés, le Death Metal était essentiellement relayé par les fanzines et les photos, les flyers et les pochettes des réalisations d’alors sont donc une belle madeleine. Entre les pionniers, ceux qui ont fait carrière et ceux qui n’ont fait que passer l’espace d’un profond growl, l’ouvrage est particulièrement complet. Passionnant ! 

480 pages / 27€ (ou 33€ en édition collector) et disponible sur le site de l’éditeur :

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Southern Metal Southern Rock

Mark Morton : south side

Décidemment, il semblerait que tout le monde se tourne vers la scène du Sud et peu importe le style. Certes, dans le Blues, il paraît assez normal et évident d’aller vers des origines avérées. Quand les musiciens issus du milieu du Metal, et pas des plus tranquilles, s’y mettent, on y regarde tout de même à deux fois… et en scrutant le pédigrée de l’aventurier. MARK MORTON, six-cordiste en chef de Lamb Of God, fait mieux de s’immiscer dans un genre pourtant loin de ses (bonnes) habitudes. Grâce à un jeu brut et direct, son côté roots fait même de son album une belle surprise. « Without the Pain » est un disque bien exécuté et convaincant. 

MARK MORTON

« Without The Pain »

(Independant)

Tout d’abord, je tiens à rassurer les fans de Lamb Of God et ceux de Country Music aussi car, contrairement à ce que j’ai pu lire dans un très, très fameux magazine rocailleux français, MARK MORTON n’a pas sorti d’album de Country. Enfin, pas encore à ce jour, il me semble… Donc, histoire de rectifier un peu le tir hasardeux plein de graviers de notre belle presse nationale, le guitariste et chanteur s’est essayé (et plutôt bien !) au Rock Sudiste, c’est-à-dire au Southern Rock pour être le plus politiquement correct possible. Désolé, mais comme je sais que l’heure est aux fake news, je tenais à apporter quelques précisions. Direction donc le Sud des Etats-Unis avec ce « Without The Pain » de très bonne facture.

Alors, c’est vrai que notre tendre métalleux s’est fait plaisir en invitant quelques jolis noms plutôt associés au genre, comme le leader de Cadillac Tree, Jaren Ray Johnston, la chanteuse Country Nikki Lane, le rugueux Texan Matt James des Blacktop Mojo, le jeune Travis Denning de Georgie, ainsi que Charlie Starr et Jason Isbell de Blackberry Smoke, le très Outlaw Cody Jinkx, la jeune et talentueuse guitariste Grace Browers déjà chroniqué ici, ‘Mr Larkin Poe’ Tyler Bryant, le frontman de Clutch, Neil Fallon, le guitariste de Blues Rock Jared James Nichols et enfin le bassiste et chanteur de Mastodon Troy, Jayson Sanders… Il manque donc Dolly Parton à cette grand-messe de la Country orchestrée par MARK MORTON !

Assez éloigné donc des Miranda Lambert, Lainey Wilson et autres Carrie Underwood, on est plutôt ici dans les pas du Pride & Glory de Zakk Wylde, voire plus récemment de Cory Marks. Ne nous y trompons pas, le musicien originaire de Virginie, a mis le cap au Sud en sortant les muscles, et on n’en attendait pas moins de lui. Il prend à bras le corps le Southern Rock avec l’héritage très Metal qu’on lui connaît. Et ça sonne ! Les riffs épais et tranchants, un songwriting aux petits oignons et des solos de grande classe font de ce deuxième effort en solo de MARK MORTON un moment bien pensé et agréable. Proche des standards du genre, il lui manque cependant encore un peu d’identité franchement Southern. Propre et soutenu.

Photo : Travis Shinn