Avec « In Solstice », c’est un souffle nouveau que vient porter THE MERCURY RIOTS sur le Hard’n Heavy américain incarné à leur belle époque par des formations comme Extreme, Skid Row, voire Dokken et White Lion. A la différence près qu’ici l’ensemble paraît presque revitalisé, réoxygéné, mais sans être forcément réinventé, non plus. Audacieuse et vigoureuse, cette réalisation originelle toute en puissance et accrocheuse va en surprendre plus d’un.
THE MERCURY RIOTS
« In Solstice »
(SAOL)
Enchantés par une prestation enflammée en septembre dernier dans une obscure petite salle du Finistère-Sud, en première partie de vétérans australiens totalement à bout de souffle, les connaisseurs avaient pleinement pu apprécier la fougue et le talent du combo de Los Angeles. Avec un seul single en 2021 (« Save Me A Drink », présent ici) et surtout beaucoup de concerts, THE MERCURY RIOTS présente enfin son premier album et « In Solstice » est une époustouflante réponse aux attentes légitimement placées en lui.
Aguerri par la scène, le quatuor fait des étincelles et a mis toutes les chances de son côté pour réaliser de manière éclatante son premier effort. Pour l’enregistrement, c’est dans les légendaires Armoury Studios de Bruce Fairbairn et chez Bryan Adams au Warehouse que la magie a opéré, et sous la houlette du non moins légendaire Mike Fraser (Ac/Dc, Aerosmith, Metallica) derrière la console. THE MERCURY RIOTS s’est donc donné les moyens avec en prime un mastering signé Ryan Smith (The Black Keys, Greta Van Fleet).
Frais et musclé, le style du groupe doit beaucoup au Heavy californien des 90’s, lequel aurait reçu un furieux coup de boost. Sauvages et virtuoses, Sleaze et mélodiques, les quatre rockeurs font trembler les murs à grands renforts de riffs tranchants et survitaminés. THE MERCURY RIOTS connait la recette, maîtrise tous les rouages et se montre affûté (« Make It », « L.A. Girls », « Light It Up », « Scream It Out », « 99 Degrees »). L’entrée en matière est somptueuse et la spontanéité affichée fait vraiment plaisir à entendre.
Si depuis le début de ce nouveau millénaire, la scène Blues mondiale a vu quelques cartes rebattues avec l’émergence, dans la durée, de grandes blueswomen et bluesmen, il en est un qui surclasse tout le monde et c’est bel et bien JOE BONAMASSA. Sa créativité, en studio comme sur scène, est littéralement le souffle qui manquait à ce style si emblématique. Avec ce « Live At The Hollywood Bowl With Orchestra », il monte encore les curseurs et livre de manière sublime son lot de frissons.
JOE BONAMASSA
« Live At The Hollywood Bowl With Orchestra »
(J&R Adventures)
Alors qu’il vient tout juste de sortir le cinquième album de son supergroupe Black Country Communion, JOE BONAMASSA s’attaque déjà à nos platines et dans son style de prédilection. Et cette fois, c’est dans une configuration époustouflante qu’il interprète une partie de son répertoire. Rarement aussi bon qu’en live, il a investi le magnifique écrin qu’est le Hollywood Bowl de Los Angeles, cultissime amphithéâtre où se produisent depuis 1992 les plus grands noms de l’Histoire de la musique.
Alors que l’homme au costume a sorti presqu’autant de témoignages live que de réalisations studio, c’est de nouveau sur les planches qu’on le retrouve et entouré d’un line-up exceptionnel. Accompagné d’un orchestre de 40 musiciens dirigé par de grands chefs tels que David Campbell et Trevor Rabin, les morceaux de JOE BONAMASSA prennent une ampleur incroyable grâce à des arrangements millimétrés, inédits et audacieux. Et le résultat célèbre littéralement le talent de l’Américain.
Sublimées par l’orchestre symphonique, les compositions du guitariste et chanteur s’élèvent encore un peu plus et la qualité du songwriting original prend une nouvelle dimension. Sur une tracklist parfaitement équilibrée, alternant les titres dynamiques et d’autres purement Blues, JOE BONAMASSA dévoile l’étendu de son répertoire en se faisant virtuose, mais en laissant surtout parler les notes. Enveloppé de cordes, de cuivres, de choristes au diapason, d’une flûte et de son groupe, ce nouveau live est une petite merveille.
Retrouvez les chroniques de ses précédents albums :
Entre mysticisme et atmosphère vintage, le Heavy Blues Rock de BIRDSTONE se déploie avec toujours autant de résolution et de modernité dans le son. Rugueux, mais aussi aérien, le registre de la formation de Poitiers se renouvelle au fil des réalisations et « The Great Anticipation », sa troisième, atteint même des sommets en termes de créativité et de finesse dans l’interprétation. Près d’une décennie après ses débuts, le combo s’est forgé une identité artistique comme nul autre dans l’hexagone.
BIRDSTONE
« The Great Anticipation »
(La Cage)
Le trio approche les dix ans d’existence et livre un troisième album toujours aussi original et personnel dans un registre, qui voit s’entrechoquer un Heavy Rock fiévreux et un Blues très brut dans des couleurs Stoner. Au fil des productions, BIRDSTONE affine son style, ce qui le rend assez unique en son genre. D’ailleurs, c’est dans cet esprit qu’a été conçu « The Great Anticipation » qui vient en quelque sorte compiler les singles sortis depuis « Loss », précédent opus sorti en 2022 et qui était déjà lui aussi particulièrement massif.
Avançant en toute indépendance depuis sa création, BIRDSTONE s’est aussi résolu à fonder sa propre structure, La Cage, titre de son premier EP paru en 2017. Les temps ont changé donc, et les trois musiciens ont décidé de s’adapter à la nouvelle donne pour diffuser leur musique. Une chose ne change cependant pas, c’est le line-up composé d’Edwige Thirion (basse), de Basile Chevalier-Coudrain (guitare, chant) et de Benjamin Rousseau (batterie). Ces deux derniers évoluant également avec The Necromancers.
Etant donné que plusieurs titres ont déjà été dévoilés au fil de ces derniers mois, la surprise n’est donc pas totale concernant le contenu, même s’il reste quelques agréables découvertes. Et ce qui est aussi remarquable, c’est l’homogénéité de « The Great Anticipation », qui n’apparaît pas comme un empilement de morceaux. La cohésion est évidente et BIRDSTONE parvient sans mal à nous imprégner de son univers (« Eyes On The Calling », « Alcyon », « Cinnamon Creek » et « Méandres »).
Aérienne et captivante, la nouvelle réalisation d’AIRBAG vient confirmer l’assise du combo dans l’univers du Prog. La qualité est encore au rendez-vous et devient même sa principale caractéristique. Les solos de guitare de toute beauté, la délicatesse du chant et le groove imparable mêlés à des claviers somptueux offrent un lustre incroyable à un ensemble qui ne souffre d’aucun défaut. Avec « The Century Of The Self », le trio brille par une interprétation pointilleuse et des titres dans lesquels on plonge avec plaisir.
AIRBAG
« The Century Of The Self »
(Karisma Records)
Devenu en quelques années la figure incontournable et la référence du Rock Progressif norvégien, le trio s’est donné quatre ans pour livrer un sixième album très attendu. Depuis deux décennies et la sortie de son premier EP « Come On In », le style s’est considérablement personnalisé pour être aujourd’hui plus identifiable que jamais. Désormais loin des Porcupine Tree et Pink Floyd, auxquels on les compare avec faiblesse depuis toujours, AIRBAG fait du AIRBAG et c’est incontestable. Et encore plus ici d’ailleurs.
La question est surtout de savoir si le groupe est capable de faire aussi bien, sinon mieux, que l’éclatant « A Day At The Beach » (2020) qui avait frôlé la perfection dans le domaine. Et la réponse est qu’Asle Tostrup (chant, claviers, programmation), Henrik Bergan Fossum (batterie) et Bjørn Riis (guitare, basse, claviers et chœurs) ont fait bien plus que récidiver. Toujours aussi organique, puissant et limpide, « The Century Of The Self » fait d’AIRBAG un modèle du genre, tant au niveau de sa créativité que de la production présentée.
En l’espace de cinq morceaux s’étendant de près de sept minutes à plus de 14, les Scandinaves font étalage de leur technicité et de leur feeling sur ce nouvel opus, dont le titre en dit déjà long. On y parle de cancel culture, de mensonges et de peur sans pour autant que « The Century Of The Self » ne sombre dans la morosité ambiante. Immersif et jouant sur les émotions, AIRBAG lance une invitation à un voyage sublime où la virtuosité impressionne (« Dysphoria », « Tyrants And Kings », « Tear It Down »). Brillant… encore !
Vétérans fatigués pour certains, dieux vivants pour d’autres, une chose est sûre : les membres de BLACK COUNTRY COMMUNION ne laissent personne indifférent depuis maintenant 2010. Très attendu, cette cinquième réalisation se distingue à nouveau par sa fraîcheur et sa classe, et le combo anglo-américain en a encore sous le pied. Et l’écoute de « V » dévoile un très bon concentré de Hard Rock bluesy intemporel, comme seuls des musiciens de ce calibre savent encore le faire.
BLACK COUNTRY COMMUNION
« V »
(J&R Adventures)
Depuis 15 ans, et même s’il en aura fallu attendre sept entre leurs deux derniers efforts ensemble, Glenn Hughes (basse, chant), Joe Bonamassa (guitare), Derek Sherinian (claviers) et Jason Bonham (batterie) se font plaisir aux commandes de BLACK COUNTRY COMMUNION, supergroupe transatlantique comme on n’en fait plus depuis des lustres. Et si l’attente fut aussi longue, c’est aussi que nos quatre cadors ont un emploi du temps chargé et que, même à ce niveau-là, composer et entrer en studio nécessite déjà de se rencontrer…
Comme depuis les débuts de la formation, on retrouve le compagnon de route de longue date Kevin Shirley aux manettes de la production et, un peu aussi comme d’habitude, personne ne s’est vraiment foulé pour choisir le titre de ce cinquième album. Cependant, ce n’est pas non plus ce que l’on attend en priorité de BLACK COUNTRY COMMUNION, mais plutôt et surtout des morceaux de qualité. Et comme toujours, le quatuor est à la hauteur de son pédigrée avec Classic Hard Rock bluesy et virtuose à souhait.
Les deux premières choses qui frappent à l’écoute de « V » sont d’une part la cohésion qui libère ce groove commun et ensuite la performance vocale de Glenn Hugues qui, du haut de ses 73 printemps, tient la dragée haute à la jeune génération. Sa complicité avec Jason Bonham fait aussi des merveilles. Quant à Joe Bonamassa et Derek Sherinian, on ne leur connait pas de prestations moyennes. Parmi les incontournables du nouveau BLACK COUNTRY COMMUNION, on retiendra « Enligthen », « Stay Free », « Red Sun », « Restless » et « Love And Faith ».
Si GUNSMOKE BROTHERS BAND frappe si fort dès son premier album, ce n’est pas vraiment une surprise. Au-delà de la qualité et de la maturité technique du groupe, on doit ce souffle chaud et ces mélodies entêtantes à un style que les Bretons font littéralement rayonner. Et cela fait déjà un moment que l’hexagone attend une formation de Southern Rock capable de tenir la dragée haute à n’importe quelle autre sur la scène actuelle. Avec ses trois guitaristes, une rythmique en béton et un chant qui nous embarque dans des histoires qui parlent à tous, le quintet a vraiment peaufiné « Band Of Brothers », emmené par Xavier Quémet, chanteur, guitariste et compositeur. Déterminé et prolifique, il nous parle de ce projet qu’il porte et de cette musique qu’il a en tête depuis des années et qui se matérialise enfin.
– Tout d’abord, Xavier, GUNSMOKE BROTHERS BAND est ton projet et tu le mûris de longue date. La première question qui me vient à l’esprit, c’est comment est-ce qu’on fait pour rassembler quatre musiciens aguerris, comme c’est le cas et doté d’une solide culture Southern aussi, dans un périmètre aussi restreint que le Finistère en Bretagne ? Ca ne doit pas courir les rues…
Oui, j’ai galéré ! (Rires) J’ai eu la chance que Tony (Vasary, basse – NDR), avec qui je joue dans What A Mess, me suive dans le projet. Ensuite, Niko (Ar Beleg, guitare – NDR) est entré dans le groupe, mais en tant que batteur. Or, je cherchais deux guitaristes en plus. Après quelques essais peu concluants, Thibault (Menut, batterie – NDR) souhaitait revenir en Bretagne. C’est un très, très bon guitariste et il voulait intégrer le projet, mais comme batteur ! Niko a donc repris sa guitare, mais il en manquait toujours un. J’ai donc proposé à Seb (Ar Beleg, guitariste et frère de Niko – NDR) qui ne connaissait pas bien le style, mais qui a tout de suite adoré. Ils ont tous été d’accord pour que je dirige l’ensemble. C’était vraiment la condition sine qua none. L’idée n’était pas d’avoir une attitude autoritaire sur la musique, mais je voulais juste vraiment obtenir le son et la couleur qu’il y a maintenant et à laquelle nous sommes arrivés.
– Certains l’ignorent sans doute, mais il y a quelques décennies, tu avais monté Bounty Hunter, là aussi dans un registre Southern Rock. C’est donc un amour pour cette musique qui ne date pas d’hier. Est-ce que GUNSMOKE BROTHERS BAND est enfin le groupe que tu as en tête depuis toutes ces années ?
Exactement, c’est vraiment un aboutissement. A l’époque avec Bounty Hunter, on était tous fans de Rock Sudiste, mais on n’y arrivait pas vraiment. Ce n’était pas encore abouti. On était peut-être un peu jeunes, on avait tous un boulot et des envies de jeunesse aussi, comme ne pas vouloir forcément prendre la route. On a eu notre petit succès, mais une fois en trio pendant quelques années, il était temps de passer à autre chose. J’ai ensuite fait plusieurs groupes de Hard Rock, de Stoner et encore de Rock Sudiste. Mais j’avais toujours en tête cette musique. Et aujourd’hui, c’est vraiment celle que j’entends.
– Avant de parler de ce très bon premier album, « Band Of Brothers », j’aimerais que tu nous dises un mot du Rock Sudiste, comme on l’appelait naguère, et de sa situation en France où sa présence est quasi-inexistante. Ce n’est pas notre culture, c’est vrai, alors qu’est-ce qui vous pousse à le faire ? Et est-ce que, dans cette perspective, il y a un esprit de conquête, de pédagogie peut-être, ou alors c’est aussi à l’étranger que vous pensez pour le futur ?
Evidemment, on vise à jouer à l’étranger et à s’y faire connaître, car le public y est aussi bien plus connaisseur. Quant au ‘Rock Sudiste’, ce qui m’énerve profondément, c’est que lorsqu’on en parle, on a l’impression qu’on dit un gros mot. C’est comme quand on met un drapeau français au balcon, on est catalogué facho ou de droite. Non ! J’aime cette culture depuis gamin, car j’adore ce son qui est un mélange de Blues, de Gospel, de Rock’n’Roll et de Country. C’est une musique hyper-riche avec des chœurs fantastiques, des échanges de guitares et aussi parce que ça joue super bien ! Alors et pourquoi ‘Rock Sudiste’ ? Juste parce que cette musique-là vient du Sud des Etats-Unis, et c’est tout ! Il n’y a absolument rien de politique quand on en parle entre-nous. Et on ne veut pas de cette étiquette de fachos, car nous ne le sommes pas. Mais en France, on confond tout… et surtout beaucoup de choses ne sont pas comprises, ou très mal.
– J’aimerais qu’on parle du mot « Brothers », qui revient à la fois dans le nom du groupe, dans le titre de l’album et le morceau-titre, mais aussi dans le line-up, puisque ce sont les frères Ar Beleg, Seb et Niko, qui officient à tes côtés aux postes de guitaristes. Que signifie pour vous ce terme de ‘fratrie’, qui est d’ailleurs aussi très présent dans le Southern Rock en général, qui est un style très fédérateur et rassembleur ?
C’est ça, il y a un côté très familial. Déjà, la notion de ‘frangins’ est très forte à mes yeux. Je pense qu’on ne peut pas faire de musique ensemble, si on n’a pas une totale confiance en l’un et l’autre. Si l’un d’entre-nous est dans la merde, on est tous là derrière. Maintenant, au niveau musical, cela se voit aussi sur scène. Il y a des échanges de guitares notamment, qui reflètent ce côté fraternel. Personne n’est meilleur que l’autre, nous sommes tous là pour s’entraider. Et en ce sens, Lynyrd Skynyrd est la référence. Et c’est vraiment ce que je veux laisser paraître avec le groupe. Et même si je suis le ‘frontman’, personne n’est meilleur que l’autre dans GUNSMOKE BROTHERS BAND.
– Parlons maintenant de l’album. Quand la composition a-t-elle commencé, car je sais que certains morceaux sont écrits depuis un bon moment maintenant ?
L’un des morceaux phares, « Song For The Brave », a été composé il y a environ dix ans. Je voulais absolument qu’il se retrouve sur disque un jour ou l’autre. Les gens sont très émus en l’entendant et même Tony en a des frissons en le jouant ! Je l’ai écrit pour tous ceux qui souffrent, ou qui ont souffert et qui luttent contre les agressions, les viols, etc…
– Vous êtes donc trois guitaristes au sein du GUNSMOKE BROTHERS BAND et on vous retrouve tous à la rythmique comme au lead. Et entre les riffs, les chorus, les solos et les twin-guitares, il y a beaucoup de contenu. Comment se répartissent les rôles et est-ce que certains d’entre-vous ont plus d’affinités pour certaines techniques ?
L’avantage de jouer avec les frangins Ar Beleg, Niko et Seb, c’est qu’ils ont une technique incroyable. Pour ma part, je suis plus Blues dans les riffs et les solos Et c’est finalement assez simpliste ce que je fais. Quant à Niko, c’est un technicien hors-pair, qui me fait penser à Doug Aldrich dans sa façon de jouer et la rapidité. Et Seb est un putain de rockeur ! Il possède un grain très Rock’n’Roll. Il a ça dans le sang ! Alors en général, je viens avec un riff, qui est ensuite jouer avec la batterie, puis avec tous les autres. Après, je leur donne certaines indications sur les solos notamment, tout en sachant ce que je veux entendre à tel et tel moment. Et c’est une chance de travailler avec eux, car il y a une réelle compréhension dans l’écriture des morceaux. On va tous dans le même sens en échangeant des regards et des sourires… et ils sont bourrés de feeling ! (Sourires)
– J’aimerais aussi qu’on dise un mot sur la rythmique emmenée par Tony (Vasary, basse) et Thibault (Menut, batterie), car elle guide et donne aussi le ton grâce à un groove imparable. Là aussi, ça ronronne, puisqu’elle donne souvent l’impulsion aux morceaux. J’ai même l’impression qu’elle est le garant de la structure des titres qui auraient vite fait de s’envoler sur des parties de guitares assez sauvages. C’est le cas ?
En fait, c’est l’assise. Maintenant, mes morceaux sont très structurés et je sais ce qu’il va se passer, tout le temps. Même sur scène, il n’y a pas d’impro. Pour le moment, je pense que les morceaux ne s’y prêtent pas encore. C’est en cela que Thibault et Tony portent vraiment la structure, ce sont les poutres. Dans ce style de groupe, si tu as un bon batteur, pas forcément hyper-technique et qui en met partout, et un super bassiste, le reste ne sont que les cerises que tu poses sur le gâteau. Les fondations doivent être solides, c’est très important.
– Un mot aussi sur la production, dont le mix et le master sont signés Ben Lesous de B-Blast Records. La priorité était d’obtenir ce son très organique et finalement très live ?
Avant d’entrer en studio, on a beaucoup discuté avec Ben, qui est un metalleux et un sacré batteur. Je lui ai dit que je voulais un son qui soit entre Molly Hatchet et The Outlaws, c’est-à-dire une production vintage moderne ! (Rires) Et pas non plus un son ‘frenchy’, notamment dans les voix. Et il m’a répondu qu’il voyait exactement ce que je demandais. Ensuite, je lui ai dit qu’il y avait trois guitaristes qu’il fallait devoir aussi faire ressortir, en plus de la basse. Et c’est vrai qu’il a fait des prises les plus live possible. Il a enregistré la batterie et les voix et, de notre côté, on a enregistré les guitares chez nous. Et pour obtenir ce son, c’est Ben qui a donné toute cette cohésion pour atteindre cet esprit live.
– Pour rester sur le son de l’album, on voit aujourd’hui beaucoup de groupes qui multiplient les pistes de guitares, histoire aussi et surtout de remplir l’espace sonore. Chez vous, c’est très différent, car il faut plutôt se faire une place. Est-ce que l’équilibre s’est fait assez facilement, chacun ayant déjà sa ‘partie’ en quelque sorte ?
Dès le départ, entre guitaristes, on s’est mis d’accord. Lorsque l’un d’entre-nous fait un solo, par exemple, on n’entend pas sa rythmique sur l’album. Elle est assurée par les deux autres, sans la sienne. On voulait que ça sonne vrai et authentique.
– Par ailleurs, et on en revient aussi un peu à cet esprit de fraternité, vous faites tous les chœurs sur l’album. Et au-delà de l’investissement que cela peut demander à chacun, ça sonne très naturel et très spontané. Est-ce que vous placez cette unité artistique au-dessus de tout, comme étant indispensable aux morceaux ?
Oui et on a encore du travail de ce côté-là. D’ailleurs, c’est quelque chose sur laquelle on est très concentré et qu’on veut améliorer. En France, on ne fait absolument pas ça. Les groupes ne s’intéressent pas à cet aspect, en dehors de quelques uns. On met un point d’honneur à travailler les choeurs, parce qu’on est tous persuadé que ça va nous apporter un gros plus. En ce moment, nous sommes vraiment en train de chercher et de trouver nos voix pour les harmoniser toutes ensemble, car nous avons des voix avec des tessitures différentes et complémentaires. J’ai vraiment envie qu’on retrouve un côté Gospel et nous avons la possibilité de le faire.
– Pour les textes, même si certains sont plus graves, l’ensemble se veut très chaleureux et, toute proportion gardée, très festif avec beaucoup d’humour (« My Dog », « Big Tits, Sweet Lips »). C’est pour s’inscrire dans une certaine tradition du Southern Rock aussi, ou plus simplement pour apporter un peu d’évasion et de légèreté ?
En fait, la plupart des morceaux me racontent en quelque sorte, en dehors de certaines, bien sûr. Dans les chansons, je n’ai pas envie de parler de politique, on l’a déjà évoqué, mais on vit une époque de dingues. Tout le monde vit pour soi au lieu d’être fraternel justement. C’est très important et c’est aussi pour ça qu’on a appelé l’album « Band Of Brothers ». Par ailleurs, si tu prends un morceau comme « A Place In The Sun », c’est vraiment mon histoire. Tu comptes sur tes potes et ils te donnent des coups de pied dans le dos, alors que tu ne t’y attends pas. Et ils continuent à te considérer comme un ‘ami’. J’avais vraiment envie d’en parler…
– Et puis, ça aussi c’est une coutume inhérente au style, il y a « Song For The Brave » et ses neuf minutes avec une inspiration assez épique. On peut penser dans la forme et la longueur à « Freebird » de Lynyrd Skynyrd bien sûr, aussi à « Mountain Jam » du Allman Brothers Band ou même à « Silent Reign of Heroes » de Molly Hatchet dans une certaine mesure. C’est presqu’un passage obligé, une sorte de morceau-signature quand on fait du Rock Sudiste ?
Ca vient naturellement, en fait. Mon idée des trois guitaristes solistes est une sorte de revanche. C’est une façon de dire, on vous a raconté une histoire : maintenant, écoutez ce qui s’est passé. Et les duels de guitares sont là pour ça. C’est vraiment ça l’idée première, d’adapter aussi les solos au contexte de la chanson, de ce qu’on vient de dire. Et ce sont les ambiances qui jouent aussi ce rôle. « Song For A Brave », c’est vraiment tout ça à travers un morceau qui parle de la guerre de sécession, de l’esclavage, d’évangélisation et de la souffrance… avec une partie solo qui atteint près de cinq minutes justement.
– « Band Of Brothers » sort en autoproduction et je sais que vous n’avez même pas cherché de label, que votre désir était de le réaliser vous-mêmes du début à la fin. Si cet esprit d’indépendance et de liberté est très compréhensible, est-ce qu’à l’avenir l’apport d’un label vous paraît, sinon indispensable, du moins très important ?
Absolument ! Si on veut bien faire évoluer les choses, il nous faudra un label, un ingé-son permanent aussi (tiens, ça me rappelle quelque chose ça… – NDR), quelqu’un aux lumières, un manageur… On aurait aussi besoin d’un ‘capitaine’, d’une sorte de dirigeant qui nous dise où aller et quoi et qui éviter. Maintenant, pour trouver un label, je compte plus sur nos confrères américains. Ce ne sera pas en France en tout cas, mais peut-être en Allemagne ou en Hollande, où j’ai de bons contacts.
– D’ailleurs, si mes sources ont bonnes, et elles le sont, vous travaillez déjà sur le deuxième album. L’appétit vient en mangeant, ou est-ce parce que vous aviez l’idée folle de sortir un double-album au départ ?
En fait, c’était une blague et on avait même parlé de sortir un double, voire un triple album ! (Rires) C’est parti là-dessus parce qu’à chaque fois que j’arrivais en répétition, je disais aux gars que j’avais un nouveau morceau. Mais ce qui est drôle, c’est que pour la sortie en vinyle, la boîte qui s’en occupe m’a contacté pour me dire que c’était trop lourd pour un disque unique. Il en fallait clairement deux et ils devraient d’ailleurs sortir d’ici quelques semaines maintenant. Et sur notre lancée, je pense que le deuxième album sera aussi un double-vinyle. Et je vais même te dire un truc : j’ai déjà en tête le début du troisième album ! (Rires) Et puis, pour sortir un double-album, il nous aurait aussi fallu quatre vinyles ! (Rires)
– Enfin, on a beaucoup parlé de guitare, puisque GUNSMOKE BROTHERS BAND est particulièrement bien équipé de ce côté-là. Bon, maintenant, tu peux me le dire : qui est le meilleur des trois ?
Le batteur !!! (Rires)
« Band Of Brothers » de GUNSMOKE BROTHERS BAND est disponible sur le Bandcamp du groupe :
Il faut parfois des épreuves difficiles pour se forger une identité plus forte. Malheureusement, QUINN SULLIVAN vient d’en subir une, ce qui n’a pas manqué de provoquer une sorte de déclic chez lui. Cependant avec cette nouvelle réalisation, il ne donne pas dans le larmoyant et paraît même avoir beaucoup progressé et gagné en efficacité avec ce très bon « Salvation ». Son Blues Rock est aussi fin que très aiguisé, et les notes de Soul offrent une couleur nouvelle chez lui.
QUINN SULLIVAN
« Salvation »
(Provogue/Mascot Label Group)
Considéré comme un enfant prodige du Blues, le guitariste et chanteur compte déjà cinq albums à son actif avec « Salvation », dont la sortie est pour le moins spéciale. Alors qu’il était en pleine écriture et enregistrement de ce nouvel opus, il a appris le décès de sa mère, ce qui a fortement imprégné le contenu, à commencer par son titre. Forcément très personnel et emprunt d’émotion, c’est pourtant un QUINN SULLIVAN paradoxalement inspiré qui livre des morceaux matures et émouvants. Et c’est peut-être aussi ce qui va faire de lui un musicien de premier plan.
Pour autant, « Salvation » est un disque optimiste et tout sauf résigné. Co-écrit avec John Fields et Kevin Bowe (Jonny Lang, Kenny Wayne Shepherd, Etta James), on doit d’ailleurs aussi la production à ce premier et le résultat est lumineux. QUINN SULLIVAN continue d’aller de l’avant, faisant évoluer son Blues vers un Rock classique teinté de Soul. Six-cordiste aussi technique que gorgé de feeling, le natif du Massachussetts semble avoir fait de ce récent traumatisme une force créatrice étonnante.
Avec « Salvation », QUINN SULLIVAN élève un peu plus son niveau de jeu en réalisant son album le plus varié et abouti à ce jour. Vocalement aussi, l’Américain élargit son champ d’action. Parmi les moments forts, on notera « Once Upon A Lie », « Rise Up Children », « Half My Heart », « Dark Love » et le morceau-titre. En multipliant les collaborations aussi diverses que nombreuses, le songwriter se montre aujourd’hui aguerri et également beaucoup plus identifiable. Il donne même l’impression d’un nouveau départ, avec plus de profondeur.
Pour sa troisième réalisation en solo, le multi-instrumentiste, et surtout guitariste, a vraiment voulu se faire plaisir. Au menu, pas moins de sept chanteurs et amis invités sur des titres taillés sur mesure dans un Hard’n Heavy inspirés des années 80/90, où les références ne manquent pas. Cependant, la production très actuelle de l’ensemble offre un relief étonnant à ce « Hardtones », qui rappelle de belles sensations et de beaux souvenirs d’une époque où la créativité et l’enthousiasme n’avaient guère de limites. Le Finlandais qui nous en dit un peu plus sur sa démarche et cet album.
– Avec « Hardtones », tu fais un sérieux lifting au Hard’n Heavy des années 80 et 90. C’est une époque que tu regrettes, même si on ne ressent d’ailleurs aucune nostalgie sur l’album ?
Merci, cela fait vraiment plaisir à entendre ! Est-ce que je regrette les années 80 et 90 ? Pas vraiment. Je suis né au milieu des années 70 et j’ai été initié au Rock dans les années 80. C’était une époque incroyable ! J’adore la musique des 80’s et des 90’s, car j’ai grandi avec et je voulais apporter ces vibrations aux années 2020, mais avec un petit lifting, comme tu l’as dit.
– Tu es l’actuel guitariste de Cyhra et tu as également joué dans Shining, Suburban Tribe, Children Of Bodom, Ensiferum, Hevisaurus et d’autres encore. Et ce sont des groupes aux styles très différents. Est-ce que sur « Hardtones », tu as enfin pu jouer la musique qui te ressemble le plus ?
J’ai été membre de Shining et de Suburban Tribe, mais les autres étaient des boulots de ‘mercenaires’. Cela dit, je les aime tous, car j’ai toujours apprécié différents styles de musique, que ce soit en tant que musicien, mais aussi comme auditeur. J’ai toujours joué la musique que j’aime. Et cette fois, j’avais tout simplement envie de faire ce genre d’album. (Sourires)
– Tu possèdes ton studio en Suisse où tu enregistres et produis aussi d’autres artistes. Est-ce que c’est aussi là que tu as conçu et réalisé « Hardtones » et comment cela s’est-il passé avec un nombre aussi important de musiciens ?
Oui, j’ai enregistré toutes les guitares et les basses dans mon studio. La batterie a été enregistrée aux Etats-Unis dans le studio de Devin James, qui joue sur tout l’album. Ensuite, tous les chanteurs ont enregistré leurs parties dans leurs home-studios en Finlande et en Suède. Puis, j’ai mixé et masterisé l’album chez moi. Et enfin, Jacob Hansen m’a un peu aidé aussi pour le mastering, surtout pour le vinyle, et tout ça a très bien fonctionné.
– On retrouve sur l’album des chanteurs qui évoluent dans des groupes mélodiques et d’autres plus rugueux, mais tous dans leur registre habituel. Tu n’as pas eu envie de les faire sortir un peu de leur zone de confort ? Cela aurait pu être une expérience différente aussi pour eux…
Pas vraiment, en fait. La raison pour laquelle je voulais ces gars-là, c’est parce que j’aime ce qu’ils font, ou ont fait. Et tu connais le vieil adage : ‘pas besoin de réparer ce qui n’est pas cassé’. (Sourires)
– Ce qui est également étonnant, c’est que « Hardtones » est très homogène avec une réelle unité à travers les onze morceaux. C’était important pour toi de garder la cohérence du style sans trop se disperser ? Et puis, qu’ils soient aussi tous scandinaves et Finlandais pour beaucoup ?
Je suis très content d’entendre ça, merci ! Pour être honnête, je n’y ai pas vraiment pensé. Je suppose que c’est parce que j’ai co-écrit les morceaux avec les chanteurs. Et puis, je joue les aussi de deux/trois instruments sur les chansons, ce qui donne probablement cette unité. En fait, je voulais tout simplement avoir ces gars-là et il se trouve que la plupart d’entre eux sont finlandais.
– Musicalement et notamment au niveau de la guitare, on sent que tu te fais vraiment plaisir. Tu n’as pas été tenté de chanter sur l’un des morceaux ?
Tu as tout à fait raison. J’ai eu tellement de plaisir à faire cet album. Je fais les chœurs sur presque tous les morceaux, mais je ne suis pas suffisamment bon pour interpréter le chant principal. Et comme je te le disais, j’ai aussi tout écrit avec un certain chanteur en tête, et c’est également avec eux que j’ai finalisé l’écriture des titres.
– Est-ce qu’avec un si bon album entre les mains, tu envisages de le défendre sur scène, même si tu ne parviens pas à réunir tous les guests ?
Nous venons de faire deux concerts pour la sortie de l’album en Finlande et tout le monde, sauf Jake E, a pu y participer. Et c’était génial ! Ce serait super de faire plus de concerts à l’avenir, avec ou sans tous les chanteurs d’ailleurs, mais nous sommes tous tellement occupés avec nos groupes respectifs que c’est assez difficile à organiser. Mais on verra !
– Un mot enfin à propos de Cyhra avec qui tu as sorti « The Vertigo Trigger » l’an dernier. Quels sont les projets du groupe ? Des concerts ou déjà la composition d’un nouvel album ?
Nous avons quelques festivals cet été, puis une tournée scandinave avec Evergrey en septembre-octobre et probablement une autre à travers l’Europe ensuite. Sinon, nous écrivons tous et tout le temps. Je pense que, plus tard dans l’année, nous nous réunirons pour voir ce que nous avons pour le prochain album.
L’album d’EUGE VALOVIRTA, « Hardtones », est disponible chez Gramophone Records/Warner Records Finland.
La musique de DORIAN SORRIAUX est le signe d’une certaine intemporalité qui, pourtant, se renouvelle grâce à l’apport de sonorités variées. D’un classicisme assumé et d’une précision toute moderne et aérienne, l’élégance de ce premier album séduit autant par la diversité des ambiances à l’œuvre, que par une interprétation remarquable. Très organique, « Children Of The Moon » a été enregistré en Bretagne, mixé en Suède et les compositions n’en sont que plus éclatantes, tant leur esthétisme dégage une rare intensité.
DORIAN SORRIAUX
« Children of the Moon »
(The Sign Records)
Le Breton est réputé pour son esprit d’indépendance et DORIAN SORRIAUX s’inscrit parfaitement dans cette lignée. Alors qu’il avait entamé une belle carrière à l’international avec Blues Pills en tant que guitariste principal du groupe suédois, qui sortira d’ailleurs son nouvel opus, « Birthday », début août, il a préféré retrouver sa liberté artistique après six ans de bons et loyaux services. Un retour au bercail qui date de 2018 et depuis lequel le Finistérien s’est forgé un univers musical plus personnel.
Du haut de ses 28 ans, le songwriter est, on le sait, déjà aguerri grâce à de multiples tournées, ainsi que par le travail en studio avec son ancienne formation. Après un premier EP, « Hungry Ghost » il y a six ans déjà, DORIAN SORRIAUX se livre sur la longueur avec dix morceaux relativement acoustiques et assez éloignés de son registre précédent. Délicat, paisible et intimiste, « Children Of The Moon » évolue dans une Folk très 70’s sur le fond, mais très contemporaine dans la forme, malgré des références assez évidentes.
Et le compositeur n’est pas seul, puisqu’on retrouve notamment la fratrie Moundrag à ses côtés apportant une touche psychédélique à un style assez éprouvé que DORIAN SORRIAUX pare de beaucoup de fraîcheur (« Light In The Dark », « Shine So Bright », « To The Water » et le troublant « Believe That You Can Change »). Sur des arrangements très soignés, l’ensemble est d’une profonde richesse et est mené par une vision authentique et préservée de toute intention nostalgique ou revival.
Pilier et pionnier du Stoner Rock aux saveurs largement Desert et Space Jam dans l’esprit, FU MANCHU mène une carrière exemplaire, parvenant sans cesse à rester très prolifique au sein-même du groupe comme en dehors. Avec « The Return Of Tomorow », le quatuor du sud de la Californie est parvenu à une synthèse parfaite de l’évolution musicale qui les caractérise depuis toutes ces années. Lourd, aérien, délicat et accrocheur, ce nouvel opus s’apprête à déferler sur scène et c’est encore son guitariste, Bob Balch, qui en parle mieux.
– L’an prochain, FU MANCHU célèbrera ses 40 ans d’existence et un très beau parcours. Vous avez commencé en jouant un Punk Hard-Core avant de côtoyer ses sonorités plus Hard Rock pour enfin donner naissance au Stoner et au Desert Rock. Que retiens-tu de cette évolution ? Te paraît-elle assez naturelle avec des étapes finalement nécessaires ?
J’ai rejoint FU MANCHU en 1997, donc le son était déjà plutôt bien établi à ce moment-là. Tu sais, je connais des tonnes de musiciens, qui sont passés du Punk Hard-Core au Heavy Rock des années 70. Pour ma part, j’ai commencé avec des groupes de Heavy Metal de la fin des années 70, puis j’ai découvert le Punk Rock, donc c’est un peu l’inverse me concernant, mais mélanger les deux styles fonctionne totalement !
– Ca, c’est pour l’aspect musical de FU MANCHU, mais qu’en est-il des textes et des thématiques que vous abordez ? Est-ce que, de ce côté-là aussi, il y a eu de profonds changements et peut-être des remises en questions à un certain moment ?
En ce qui concerne les textes, ce serait plutôt une question à poser à Scott Hill. D’après ce que j’en comprends, il s’agit principalement d’inspiration de films de série B et de blagues internes, des sortes de ‘private jokes’. Mais je pense que cela va bien plus loin que cela.
– Est-ce que lorsqu’on fait parti du processus de création du Stoner/Desert Rock, comme c’est le cas pour FU MANCHU et quelques autres, on se sent un peu le gardien du temple ? Ou du moins le garant d’un style qu’il faut peut-être préserver, mais également faire évoluer ?
Pas vraiment, en fait. Au départ, nous n’avions pas vraiment l’intention de créer un son Stoner Rock. Le terme ‘Stoner Rock’ nous est même venu plus tard. Et puis, je pense que chaque style doit également évoluer. Je suis super content quand j’entends un groupe qui pense et qui joue en dehors de son genre d’origine en allant toujours de l’avant.
– Il a fallu attendre six ans pour que vous livriez ce 14ème album, « The Return Of Tomorrow ». Pourtant, FU MANCHU a été très actif avec un album live, des rééditions, trois Eps et même la bande originale d’un documentaire, sans compter vos tournées. Vous êtes vraiment un groupe d’hyperactifs, et on reviendra aussi sur tes projets personnels plus tard. Est-ce qu’avec toutes ces activités, il vous fallu trouver le bon moment pour vous poser et composer ces 13 nouveaux titres ? Attendre l’accalmie en quelque sorte…
Tu sais, nous nous réunissons pendant environ trois heures tous les jeudis. Ce sont trois heures vraiment très productives. Nous repartons généralement avec un morceau complet, ou au moins la moitié d’une chanson. Nous écrivons ensemble depuis si longtemps que c’est devenu une machine bien huilée à ce stade de notre carrière.
– FU MANCHU est aussi réputé pour être un groupe qui va sans cesse de l’avant. C’est ce que vous avez voulu signifier avec ce titre « The Return Of Tomorrow » ? Que rien n’est figé et vous êtes résolument tournés vers l’avenir ?
Carrément ! Et puis, tu sais, je reste vraiment conscient de notre incroyable longévité et je suis très reconnaissant à tous nos fans.
– Parlons plus précisément de ce nouvel et très bon album. Il est la quintessence parfaite du style FU MANCHU avec encore et toujours des nouveautés dans les compositions et bien sûr dans le son, qui ne cesse d’évoluer lui aussi. Il y a un énorme travail sur le ‘Fuzz’ comme souvent chez vous. Est-ce que, finalement, ce n’est pas la chose qui vous importe le plus ? Le faire grossir et lui faire prendre des directions différentes et nouvelles ?
Nous cherchons toujours à nous améliorer, c’est un fait établi. Ce sont les chansons qui comptent le plus, bien sûr. Mais si nous pouvons obtenir les meilleurs sons possibles, en tout cas pour nous et à nos oreilles, c’est ce qui compte le plus ! Par ailleurs, c’est très important pour nous dans le groupe que notre bassiste, Brad Davis, fabrique et conçoive ses fameuses pédales fuzz ‘Creepy Fingers’.
– « The Return Of Tomorrow » est aussi très particulier dans sa construction, puisqu’il est scindé en deux parties. La première est très Heavy et Fuzz et la seconde est plus Desert avec aussi un côté Space Jam. C’était l’ambition de départ ? De livrer des atmosphères opposées et aussi de pouvoir vous exprimer le plus largement possible ?
Oui, nous en avons discuté dès le départ. Quand nous avons commencé à écrire, nous avons essayé des chansons très lourdes, puis plus douces pour voir quel style servait le mieux les chansons. C’était d’ailleurs très amusant pour nous d’aborder ce disque avec l’idée que nous allions ensuite le diviser en deux.
– Est-ce que, dans le cas de FU MANCHU, cela demande d’être dans un certain esprit pour aborder au mieux ces ambiances très différentes ?
Pas vraiment, finalement. Personnellement, si je me sens inspiré, je vais en tirer le meilleur parti à ce moment précis et je vais composer autant que possible. Mais chaque semaine quand nous nous réunissons, c’est toujours dans l’idée de nous déchaîner et de nous défouler au maximum !
– D’ailleurs, comment allez-vous composer vos setlists pour les concerts à venir ? Elles seront plutôt axées sur le côté Heavy du groupe, et allez-vous intégrer ces nouveaux morceaux plus ‘légers’ comme des interludes, par exemple ?
Probablement, un peu des deux et le plus possible. C’est vrai que nous pourrions aussi en changer soir après soir. Et puis, cela dépend également s’il s’agit d’un concert spécifique de FU MANCHU ou d’une configuration en festival. Si c’est notre propre show, nous jouerons davantage le nouvel album, c’est certain.
– Justement, parlons des concerts, vous serez en tournée en Europe à l’automne, mais d’abord en juin avec un passage au Hellfest, votre deuxième, je crois. Votre dernière venue date de 2019. C’est un festival que vous appréciez particulièrement ?
Oui, le Hellfest est super fun ! La première fois que nous avons joué là-bas, je n’ai regardé ni la scène, ni le public jusqu’à ce que nous montions sur scène. Je me détendais tranquillement dans les coulisses en regardant l’émission « Showdown ». Et quelques minutes plus tard, nous jouions devant des milliers de personnes. C’est un contraste saisissant et jubilatoire !
– Enfin, Bob, j’aimerais que l’on parle aussi de tes multiples side-projets. Il y a Big Scenic Nowhere dans un registre Desert/post-Rock Progressif, Yawning Balch dans un registre assez proche et plus Psych et enfin Slower, qui est un album de reprises de Slayer dans des versions Doom étonnantes. C’est très varié et assez éloigné de FU MANCHU. Tu as besoin de te lancer ce genre de défi, ou c’est plus simplement un désir d’explorer d’autres styles, dont tu es aussi fan ?
Tu sais, mes influences sont très diverses. De plus, j’ai acheté une ‘Universal Audio OxBox’, qui me permet d’enregistrer très facilement mes guitares avec la qualité d’un album à la maison. Cela m’a aussi aidé à devenir plus prolifique. Big Scenic Nowhere et Yawning Balch sont un peu arrivés par hasard, et je n’ai pas su refuser. Je suis un grand fan du jeu de guitare de Yawning Man et de Gary Arce. J’ai secrètement toujours voulu collaborer avec eux. Je suis ravi que cela se soit produit et que cela continue d’exister. Yawning Balch va d’ailleurs bientôt sortir deux albums. L’idée que je m’en fais est plus posée et je me suis aussi bien amusé à faire le premier disque. Et nous avons presque terminé le deuxième. J’ai des tonnes de morceaux originaux cette fois-ci, et c’est génial.
– Enfin, et puisque l’on parle de tes projets annexes, est-ce que tu te consacres déjà à d’autres choses, ou es-tu essentiellement focalisé sur FU MANCHU et ce nouvel album pour le moment ?
FU MANCHU est mon activité principale. Nous tournons énormément pour soutenir « The Return Of Tomorrow » et j’en suis franchement ravi ! J’ai vraiment hâte que les gens l’entendent. Je pense que nous nous sommes vraiment surpassés sur celui-là !
Le nouvel album de FU MANCHU, « The Return Of Tomorrow », sera disponible le 14 juin sur le propre label du groupe, At The Dojo Records.