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Glam Rock Heavy Rock Punk Rock Sleaze

Dharma Guns : free spirit

Conçu avec l’aide de son ingénieur du son, le quatuor a géré de bout en bout la conception de son premier album, et « Ex-Generation Superstars » vient mettre de jolis coups de pied dans la fourmilière du Rock’n’Roll. Très inter-générationnel, DHARMA GUNS remonte aux origines du style pour mieux le rendre actuel. Et si une teneur assez Punk revient régulièrement avec ce côté très direct, le quatuor se place bien au-dessus, grâce à une technique irréprochable et un sens de la mélodie qui reflète son expérience. Brut et très bien arrangé, ce premier opus est une véritable bouffée d’air frais.

DHARMA GUNS

« Ex-Generation Superstars »

(Rockhopper Music)

Si vous connaissez l’œuvre de Jack Kerouac, peut-être avez-vous déjà entendu parler de « The Dharma Bums » (« Les Clochards Célestes ») ? C’est en tout cas ce qui semble avoir inspiré le chanteur Pete Leppänen pour le nom du groupe. Avec sûrement aussi Guns N’Roses, car on retrouve la fougue et le côté sleazy des débuts des Californiens. Deux belles références donc. Tous issus de la scène Rock d’Helsinki, les membres de DHARMA GUNS n’en sont pas à leur coup d’essai et il faut reconnaître qu’ils se sont bien trouvés.

Les Finlandais n’ont pas perdu de temps et, à l’image de leur musique, la dynamique s’est rapidement mise en route. Fin novembre 2023, ils commencent les répétitions avant d’entrer en studio en février quelques semaines plus tard. Et en seulement deux jours, DHARMA GUNS enregistre l’essentiel d’« Ex-Generation Superstars », qui sort la même année. On n’est pas là pour traîner ! Autoproclamé ‘Street Rock’ avec des touches de Glam et de Classic Rock mêlées à une énergie proto-Punk, l’ensemble a de belles saveurs live.

Derrière cette façade aux teintes Garage, on devine beaucoup d’ambition de la part des Scandinaves, qui ne se contentent pas des deux/trois accords habituellement utilisés dans le registre. Ici, ça joue et chante bien et les solos distillés viennent valider une maîtrise et une qualité de composition aussi pêchue que parfaitement ciselée. DHARMA GUNS avance sur un groove qui ne manque pas d’élégance et des refrains carrément entêtants (« Far Out », « The Vipers », « Love Bug », « Psychobabble », « Dharma Guns »). Une petite bombe ! 

Photo : Marek Sabogal – Juha Juoni

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Hard'n Heavy Sleaze

JJ Pinestone : dynamite boulevard

Explosifs et survoltés, les Scandinaves font un bond dans le temps avec « Break The Chain », dont l’énergie se propage à vitesse grand V. Sans faire dans la redite, JJ PINESTONE vient prolonger la vague Sleaze Rock très Heavy de la scène américaine de la fin du siècle dernier.  L’efficacité des guitares et la dynamique de la paire basse/batterie servent très bien des parties vocales très accrocheuses, électrisantes et fortes en adrénaline. Et si l’on aurait aimé deux ou trois chansons de plus, on tombe déjà sous le charme de ces compositions pleines d’allant et déterminées.

JJ PINESTONE

« Break The Chain »

(Pinestone Music Records)

Juho Mäntykivi est un musicien étonnant. Alors qu’il est aux commandes de TakaLaiton, un combo évoluant dans un registre Thrash/Crossover depuis 2016 et qui affiche au compteur un EP, quelques singles et deux albums, dont « Mindfection » sorti l’an dernier, il surgit aujourd’hui avec un tout nouveau projet, JJ PINESTONE, dont il est toujours le chanteur et guitariste. Sauf que cette fois, il n’est pas question de Metal plus ou moins violent, mais d’un Hard’n Heavy façon Sleaze Rock aux saveurs 80’s et surtout californiennes.

Pour autant, le frontman finlandais se montre très à son aise et redoutablement efficace au sein de son nouveau quatuor, où l’on retrouve d’ailleurs Joona Juntunen de TakaLaiton. Dans la veine des G N’R, Skid Row, Ratt ou Poison avec une précision technique très moderne, JJ PINESTONE livre un premier effort de sept titres, sorte de mini-album, qui présente les multiples facettes du groupe, mais qui paraît incomplet compte tenu de sa courte durée. Un format qui, malheureusement, ne lui rend pas service.

Cela dit, la maîtrise et la fougue à l’œuvre sur « Break The Chain » donnent plutôt envie d’y retourner et de se repasser ces morceaux entêtants et tellement rafraîchissants. A grand renfort de riffs tendus et racés et de solos millimétrés parfaitement exécutés, JJ PINESTONE se montre très percutant et accrocheur, et le chant ne met pas longtemps à installer un climat positif (« On My Own », « Killshot », « Fool’s Anthem » et son côté Rap/Fusion, « Scream For More » et le morceau-titre). Un premier essai qui appelle vite une suite.

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Hard FM Hard Rock

Mystery Moon : lumineux

Des refrains entêtants, un frontman étincelant, des riffs et des solos tranchants et millimétrés et un groupe au diapason, il n’en fallait pas plus pour mettre MYSTERY MOON sur de bons rails. Chevronné et expert en la matière, le binôme Pfeffer/Lundgren fonctionne à merveille et fait de ce premier effort un modèle du genre. Solide et percutant, le Hard FM a l’œuvre sur « Shine » s’inscrit dans une belle tradition et vient démontrer que le style a encore quelques beaux jours devant lui grâce à son côté attachant et si intemporel.

MYSTERY MOON

« Shine »

(Pride & Joy Music)

Il y a des rencontres qui font des étincelles et qui débouchent sur de bien belles choses. Sur « Shine », la connexion entre le guitariste et compositeur Markus Pfeffer (Lazarus Dream, Barnabas Sky, Atlantis Drive) et le chanteur Rob Lundgren (Mentalist) n’a pas été longue à se s’installer. Alors que le frontman suédois avait convié le musicien allemand à enregistrer une chanson pour son groupe Barnabas Sky, l’entente a été telle que le duo s’est lancé dans l’élaboration et la composition d’un album complet, donnant naissance à MYSTERY MOON.

Et pour mieux sceller cette union artistique, le duo a fait appel à quelques pointures pour l’accompagner sur ce « Shine » inspiré et vivifiant. Derrière les fûts, Thomas Rieder (Lazarus Dream), aux claviers Thomas Nitsche sur trois titres et notre Jorris Guilbaud national (Heart Line), sur la version piano de « Moment Of Life », forment MYSTERY MOON, tout comme Stephan Hugo, Jürgen Walzer et Sabrina Roth qui font les chœurs, ainsi que la flûte pour cette dernière. La formation internationale a fière allure et se montre plutôt bien huilée.

Signe d’une grande maturité, ce premier opus s’ouvre sur « Now’s The Time » et ses sept minutes mélodiquement imparables. Basé sur un Hard Rock très 90’s dont la ressemblance avec Bon Jovi n’échappera à personne, MYSTERY MOON fait preuve de beaucoup de fraîcheur et de dynamisme. Mixé par Pfeffer, « Shine » est très accrocheur et c’est bel et bien le Hard Rock qui domine. Parmi les morceaux, on retiendra notamment « The Hidden Magic », « The Mystery », « Mindset », « Sudden Rupture » et « Stars A Million Miles Away ».

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Hard Rock Hard'n Heavy

Storace : une flamme intacte

A la tête du plus grand combo de Hard Rock suisse de longues années, Marc STORACE s’active désormais en solo avec toujours beaucoup de classe. Sa vision actualisée du style qui a fait sa renommée libère un bel esprit de liberté sur ce « Crossfire », guidé de mains de maîtres par des musiciens chevronnés, qui ne manquent pas de créativité et qui gardent un Rock’n’Roll authentique et tonitruant chevillé au corps. Un modèle du genre et un exemple.

STORACE

« Crossfire »

(Frontiers Music)

Avec « Crossfire », STORACE livre l’album de Hard Rock le plus enthousiasmant de l’année… loin même devant le retour de certains cadors du genre. Avec à sa tête un frontman à qui ne triche pas et qui maîtrise depuis quelques décennies son sujet, le combo évolue avec une telle facilité que, dès la première écoute, les morceaux se révèlent vraiment familiers. Derrière le micro de Krokus durant quatre décennies, Marc Storace et son groupe ont fait leurs adieux en 2019, et depuis il mène donc sa barque en solo.

Après un premier effort, « Live And Let Live » (2021), plutôt bien accueilli, le frontman a monté un  nouveau line-up dans la foulée et a passé ces deux dernières années à composer ce « Crossfire » frais et décapant. Avec le guitariste Tommy Henriksen, membre du groupe d’Alice Cooper et qui produit aussi l’album, et son ami et batteur Pat Aeby (Krokus, Gotus), STORACE semble prendre une autre dimension. Pour le reste, le quintet fait parler sa longue expérience et dégage une sérénité à toute épreuve. 

Les Helvètes se font plaisir et appliquent un savoir-faire éprouvé depuis des lustres, tout en gardant une étincelle de modernité dans un registre intemporel et très fédérateur. Accrocheur et percutant, « « Crossfire » nous rappelle les belles heures du Hard Rock des 90’s au croisement d’autres légendes telles qu’Ac/Dc, Cinderella et Dokken pour le côté Heavy (« Screaming Demon », « Rock This City », « Love Thing Stealer », « Millionnaire Blues », « Sirens »). STORACE régale et incite à monter le volume.

Photo : Frank Kollby

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Hard 70's Heavy Rock Old School

Ian Blurton’s Future now : absolute rock

Avec autant d’énergie et de créativité, « Crimes Of The City », deuxième opus des Canadiens, a de quoi séduire les amoureux de Rock direct et sans concession. Outre l’expérience des membres du IAN BLURTON’S FUTURE NOW, c’est une même vision qui est ici distillée avec une intensité sans limite, mélangeant des courants comme le Stoner, le Psych, le Hard Rock 70’s avec une dose de Heavy Metal à l’ancienne. Pourtant pointilleux dans sa conception, cette nouvelle réalisation donne un coup de pied dans la fourmilière Rock, tout en ménageant l’institution. Une saveur assez unique.

IAN BLURTON’S FUTURE NOW

« Crimes Of The City »

(Pajama Party Records)

Bien que né dans l’Illinois, IAN BLURTON est une figure incontournable au Canada, et notamment en Ontario, où il a fait l’essentiel de sa carrière. Guitariste, songwriter et producteur, il a fait les belles heures de son premier groupe, Change Of Heart de 1987 à 1997, avant de se consacrer à la scène Rock indépendante à laquelle il a fortement contribué à poser les fondations. Et c’est il y a un peu plus de deux ans qu’il monte le projet FUTURE NOW, destiné dans un premier temps à des prestations live, qui lui ont forgé une solide réputation et qui l’ont mené à un premier album, « Second Skin », déjà électrisant.

Accompagné par des musiciens chevronnés qui possèdent exactement le même état d’esprit et partagent une vision du Rock commune, IAN BLURTON’S FUTURE NOW compte donc dans ses rangs Glenn Milchem à la batterie et aux chœurs, la bassiste Anna Ruddick et Aaron Goldstein à la guitare. Ici, point de bidouillages, de fioritures, d’overdubs et autres coquetteries, le quatuor ne jure que sur ses amplis à lampe, des riffs percutants, des voix presque solaires et un sens de la mélodie aussi délicat que rugueux, qui le rend addictif.

Pas de faux-semblant, donc. Alors, si « Crimes Of The City » résonne globalement comme du Classic Hard Rock, il ne faudrait surtout pas oublier les touches Stoner et psychédéliques qui viennent compléter ce beau tableau. Les parties de guitares rayonnent, le travail sur les voix est exemplaire et si la production conserve un aspect très brut, elle n’en demeure pas moins soignée. La force du IAN BLURTON’S FUTURE NOW est certainement sa sincérité et sa spontanéité et on se délecte de cet album si humain et authentique. Un régal !

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Hard'n Heavy Old School

Desert Song : intuitif et expérimenté

Face à une industrie musicale et une scène Metal internationale plus formatées que jamais, où tout finit par se ressembler peu à peu, DESERT SONG prend tout le monde à revers pour faire un bond dans le temps. Si renouer avec la créativité du siècle passé n’est pas une mince affaire, recréer l’atmosphère avec un son organique et chaleureux est encore possible. Et le Hard Rock transgénérationnel et cette ambiance Old School dénotent avec brio des réalisations fadasses et bidouillées d’aujourd’hui.

DESERT SONG

« Desert Song »

(Sleaszy Rider Records)

Prenez trois musiciens chevronnés issus d’Ensiferum, Spiritus Mortis, Amoth, Celesty et d’autres encore, mettez-les ensemble en studio et laissez-les se faire plaisir. C’est très précisément ce qu’ont fait Pekka Montin (chant, claviers), Kimmo Perämäki (guitare, chant) et Vesa Vinhavirta (batterie) pour donner naissance à DESERT SONG, power trio affûté, qui a décidé de retrouver la saveur du Hard Rock et du Heavy Metal des années 70 et 80. Et cette couleur très rétro se développe même jusque sur la pochette.

L’ambition première des Finlandais est de faire la musique dont ils ont envie depuis des années et de bien le faire. Pari réussi pour DESERT SONG avec ce premier album éponyme, qui nous renvoie aux belles heures de Blue Öyster Cult, Uhiah Heep et Deep Purple avec une pincée du Michael Schenker des débuts et de Rainbow. Sont injectés aussi quelques passages Doom, progressifs et AOR distillés dans des morceaux très bien écrits, aux structures solides et dont la production-maison est exemplaire et très naturelle.

En marge de leurs groupes respectifs, le combo se rassemble autour d’influences communes et intemporelles. Allant jusqu’à enregistrer sur du matériel vintage, les Scandinaves se partagent aussi le chant et trouvent un parfait équilibre musical. On imagine facilement que DESERT SONG n’a pas souhaité faire dans le clinquant au niveau du son et ce parfum de nostalgie n’en est que plus prégnant (« Desert Flame », « Rain In Paradise », « Another Time », « The Most Terrible Crime », « Cottage »). Un bain de jouvence !

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Classic Rock Hard Blues

Lions In the Street : on the hunt

On n’en voudra pas à LIONS IN THE STREET d’être allé puiser dans de vieux morceaux pour constituer ce « Moving Along », bien au contraire. Sur une production tonique et vive, le quatuor américano-canadiens annonce la couleur et donne le ton. Rock’n’Roll jusqu’au bout des doigts, parfois bluesy, toujours groovy et avec un petit côté sudiste qui leur confère une saveur légèrement vintage, les lions entrent dans l’arène et ne font pas dans le détail. Réjouissants, imperturbables et honnêtes, les quatre musiciens se révèlent comme les prétendants à une relève très attendue. Un magnifique pavé dans la marre ! 

LIONS IN THE STREET

« Moving Along »

(Interior Castle Music)

Fondé en 2006, l’histoire de LIONS IN THE STREET a de quoi laisser songeur. Alors que le groupe avait toutes les cartes en main pour mener à bien une belle carrière, il n’en fut rien, même s’il n’est jamais trop tard, bien sûr. Managé par Allen Novac (Mötley Crüe, Blondie), signé chez TVT Records (Nine Inch Nails), puis 604 Records (Nickelback), le quatuor a tout envoyé balader et s’est retrouvé blacklisté par une industrie musicale rancunière. Mais après une longue traversée du désert, le retour est enthousiasmant et sonne comme une belle revanche.

Après deux Eps (« Cat Got Your Tongue » en 2006 et « On The Lam » en 2013), le combo, composé pour moitié de Canadiens de Vancouver et d’Américains de San Diego, a également sorti un premier album, « The Years » en 2016. Mais tout ceci s’est passé relativement dans l’ombre, sous les radars, ne parvenant pas à capter la chaleur des projecteurs pourtant bien méritée. Cette fois, Sean Casey (guitare), Enzo Figliuzzi (basse) et les frères Kinnon (Chris au chant et à la guitare et Jeff à la batterie) font rugir LIONS IN THE STREET pour de bon !

Et le bouleversement à l’œuvre avec l’avènement des plateformes et des réseaux sociaux a aussi bien aidé et ragaillardi la formation, qui fait son retour le couteau entre les dents. Armé d’un Classic Rock musclé et un brin arrogant, elle déroule ce « Moving Along » frais et fougueux avec une volonté exacerbée. Situé quelque part entre les Rolling Stones (même tout près !) et les Black Crows, LIONS IN THE STREET s’affirme à travers des titres entêtants (« Already Gone », « Gold Pour Down », « Shangri La », « Moving Along », « Truer Now ») Intègre !

(Photo : Gregory Crowe)

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Hard'n Heavy

Bombus : délicieuse décadence

En s’autorisant à peu près tout, les Scandinaves s’offrent le loisir d’un opus débridé, qui peut légèrement dérouter, mais dont le Hard’n Heavy est aussi costaud que mélodique. « Your Blood » est sans doute l’un des disques les plus libres du genre depuis un moment et c’est en cela qu’il est délectable. Le groupe appuie sur ses points forts et fait ainsi émerger une avalanche de riffs rageurs, des solos bien ciselés et des parties vocales imparables et un brin nostalgiques.

BOMBUS

« Your Blood »

(Black Lodge Records)

Fondé en 2008, le combo de Göteborg n’a malheureusement pas encore reçu la lumière qu’il mérite, mais « Your Blood » pourrait bien changer la donne. Certes, il n’y a pas de grande révolution dans le Hard Rock teinté de Heavy et d’une touche Glam chez BOMBUS, mais la ténacité de son fondateur, chanteur et guitariste Fredrik Berglund, tout comme sa liberté de ton, imposent le respect. Et avec ce quatrième album, les Suédois présentent un nouveau visage et surtout une envie décuplée.

Le départ il y a quatre ans de l’un de ses piliers, le frontman et six-cordiste Matte Saker, a peut-être offert à BOMBUS le sursaut qu’il attendait. En effet, Johan Meiton (chant, guitare) et Simon Salomon (guitare) actent donc leur arrivée. Et oui, les comptes sont bons : il y a bel et bien deux chanteurs en place et un trio de guitaristes, qui se fait aussi vraiment plaisir. Les possibilités sont donc multiples et « Your Blood » est un bon compromis entre un Heavy Old School et une approche plus actuelle.

Vocalement, l’ombre de Lemmy plane sur BOMBUS, mais cela n’entache nullement son identité artistique. Au contraire, il présente des titres variés et accrocheurs (« Killers », « No Rules », « The Beast », « Lo And Behold »). Le duo au chant fonctionne parfaitement, tout comme l’armada de guitaristes (« Take Your Down », « Carmina »). Et si la production peut parfois manquer d’éclat et de relief, le résultat est plus que convaincant et on se laisse sans peine porter par le registre décalé de ce « Your Blood » rondement mené.

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Hard Rock Livre Metal

Motörhead : l’éternel étendard [Livre]

La nouvelle génération, tout comme les touristes, qui se rendent chaque mois de juin au ‘Hellfest’ n’ont pu échapper à l’imposante statue de Lemmy Kilmister qui trône sur le site de Clisson. Edifié tel un dieu du Metal, le bassiste et chanteur est devenu une véritable icône, chose qui l’aurait d’ailleurs beaucoup amusé de son vivant. Presque dix ans après son décès, il continue de faire couler beaucoup d’encre et c’est le journaliste et auteur Julien Deléglise, qui se penche cette fois sur l’épopée de la formation désormais incontournable, qui a laissé un héritage conséquent à tous les amateurs de Rock joué fort.

MOTÖRHEAD

Julien Deléglise

Editions du Layeur

Sur MOTÖRHEAD, tout a été très probablement dit, écrit et entendu depuis un bon moment déjà. Et pourtant à chaque anniversaire d’un album, de celui du groupe, ou de la naissance et de la mort de Lemmy, tout est prétexte à ressortir des choses, pas toujours sortables d’ailleurs. Le groupe est devenu, un peu malgré lui, un objet marketing très rentable. Car c’est finalement seulement quelques années avant la disparition de l’emblématique leader du plus ‘power’ des power-trios que les Britanniques ont enfin pu embrasser une reconnaissance plus que méritée par le plus grand nombre, fans ou pas d’ailleurs. Et étonnamment, et à l’instar des Ramones par exemple, tout le monde est aujourd’hui en adoration devant cette institution du Rock au sens large… sans souvent la connaître.

Le projet de Julien Deléglise, l’auteur du livre, est de célébrer cette incroyable sensation de liberté absolue représentée par MOTÖRHEAD. C’est vrai qu’on peut presque comparer sa carrière à un véritable mode de vie, très souvent borderline, mais authentique Et puis, il revient également sur l’intégrité de ce musicien mythique, fédérateur et charismatique qu’était Lemmy Kilmister. Et il n’y a rien de galvaudé là-dedans. Pour l’avoir vu à de très nombreuses reprises en concert, il y a avait un côté hypnotique qui se produisait dès son arrivée sur scène et les premières notes suffisaient à enflammer n’importe quelle salle. Immédiatement, le public entrait dans une sorte de transe contagieuse. Car, on ne se rendait jamais à une prestation du combo par hasard.

Par conséquent, c’est un plaisir de se plonger dans ce « Motörhead » qui s’articule autour de la chronologie des albums des rockeurs anglais, petite exception faite de « On Parole » sorti quatre ans après son enregistrement. On y retrouve des anecdotes sur la vie de ses membres en studio, en tournée (car ils n’arrêtaient jamais !) ou même au quotidien. Souvent houleux, le parcours de MOTÖRHEAD est tout sauf un long fleuve tranquille. Et il en jouera d’ailleurs aussi entre provocations assumées et déclarations tranchantes et pleines de bon sens du grand Lemmy, qui les distillait malicieusement. C’est aussi l’occasion de se pencher sur la belle discographie, officielle ou non, de la légende et aussi de celles des musiciens qui ont œuvré à sa construction. Instructif et nostalgique à la fois !

367 pages – 29cm x 29cm – 45,00 €

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Hard'n Heavy

Kings Of Mercia : osmose transatlantique

Mélanger aussi habillement Heavy Metal et Hard Rock en y apportant une touche mélodique n’est pas forcément un exercice aisé. Mais lorsqu’il s’agit de ce qui peut s’apparenter à un super-groupe, cela devient presque facile. KINGS OF MERCIA présente sans doute l’un des meilleurs line-up actuels et avec de tels musiciens, lorsque la magie opère, cela devient une évidence. Avec « Battle Scars », la formation anglo-américaine confirme l’élan pris sur son prédécesseur avec toute la classe et la fougue qu’on peut légitimement attendre d’elle.

KINGS OF MERCIA

« Battle Scars »

(Metal Blade Records)

Ils ne se sont jamais rencontrés physiquement et pourtant l’alchimie entre eux est manifeste. Jim Matheos, guitariste de Fates Warning, et Steve Overland, frontman de FM, ont scellé une belle collaboration qui avait débouché sur un premier album éponyme sorti il y a deux ans. Fort de cette complicité artistique naissante, KINGS OF MERCIA se présente avec « Battle Scars », un digne successeur dont le style s’affine et qui se veut plus précis musicalement et désormais vraiment identifiable. Chacun semble avoir trouvé ses marques.

Travailler à distance n’est apparemment plus un rempart à la créativité, même si le Britannique admet sa préférence pour la proximité du studio. Et KINGS OF MERCIA s’en accommode d’ailleurs facilement. Cela dit, le duo est accompagné de Simon Phillips à la batterie et de Joey Vera à la basse, et ça aide beaucoup. En effet, très peu de groupes tirent leur épingle du jeu dans ce genre de configuration. Et les exemples ne manquent pas. A eux quatre, ils rivalisent de virtuosité jusqu’à ne faire qu’un.

Le quatuor livre un Hard Rock mélodique et s’éloigne aussi des prédispositions progressives de l’Américain. D’ailleurs, afin de mieux saisir l’énorme potentiel de KINGS OF MERCIA, plusieurs écoutes s’imposent en s’attachant aux détails de chaque instrument. Car, même s’ils ne se sont jamais réunis, les arrangements et la production de l’album surclassent bien des réalisations. Les riffs sont racés, les solos millimétrés, la rythmique impériale et Steve Overland se révèle dans un registre assez éloigné de sa formation d’origine. Une leçon !

(Photo : Simon Ward & Jeremy Saffer)

Retrouvez la chronique du premier album du groupe :