MOHOVIVI est la réunion de deux grandes figures du Rock, parfois restées dans l’ombre, mais dont l’apport créatif et musical s’est avéré très important au sein notamment du plus grand groupe de Rock/Hard français. « Komando » est un opus qui transpire la rage autant que l’amitié et l’authenticité.
MOHOVIVI
« Komando »
(FTF Music)
Anciens compagnons d’armes sur les albums « Marche Ou Crève » et « Trust IV (Ideal) » et surtout compagnons de route sur de nombreuses tournées avec Trust, MOHO (Mohamed Chemlakh) et VIVI (Yves Brusco) célèbrent leurs retrouvailles discographiques avec « Komando », une première réalisation (trop) courte de dix morceaux entre Rock et Hard et aux saveurs 80’s.
Complété par Camille Sullet (batterie) et Sylvain Laforge (guitare), MOHOVIVI renoue avec un style musclé et efficace à la française. Mais ne nous y trompons pas, les deux vétérans de la scène hexagonale ne sont pas là pour perpétuer l’héritage du légendaire groupe au bulldozer. L’empreinte est personnelle même si, bien sûr, on ne se refait pas. Il reste forcément quelques traces … et on ne s’en plaindra pas !
Bourré d’une énergie presqu’adolescente, notamment au niveau des textes en français, « Komando » fait surtout la part belle aux riffs emprunts d’une légère touche bluesy. Relativement intenses et formatés, les titres proposés par MOHOVIVI font leur effet et on se laisse prendre à ce registre à la fois léger et entraînant (« Tic Tac », « Game Over », « C’est Pas Facile », « Candem Square »). Probant, ma foi !
L’une des plus créatives de sa génération, la formation finlandaise a le don de présenter des albums de plus en plus originaux. Cette fois, c’est carrément avec un double-album composé de morceaux immersifs et ensorceleurs qu’OVERHEAD revient sur le devant de la scène avec une séduisante réalisation de haut vol pour ce « Telepathic Minds » teinté de musique du monde. Un modèle de finesse et de Rock Progressif intense et inventif.
OVERHEAD
« Telepathic Minds »
(Independant)
Loin d’être des inconnus pour les amateurs de musique sans frontières, OVERHEAD réalise pourtant une carrière bien trop discrète. Toujours autoproduit, le quintet sort un double-album, son sixième, et celui-ci est éblouissant de classe et de beauté. Si « Telepathic Minds » marque sans doute un summum pour les Scandinaves, il risque aussi de marquer les esprits dans le monde progressif et même au-delà.
Avec l’audace comme leitmotiv, l’histoire des Finlandais a débuté avec une trilogie où ils ont posé les jalons d’un style unique avec « Zumanthum » (2002), « Metaepitome » (2005) et enfin « And We’re Not Here After All » (2008). En l’espace de quelques années, OVERHEAD avait déjà impressionné et conquis de nombreux fans. La suite est aussi belle avec deux très bons albums studios et des concerts mémorables.
Cinq ans après « Haydenspark », c’est donc avec le majestueux « Telepathic Minds », couché dans un magnifique double-digipack, que la formation nordique continue son chemin. Sur une production exceptionnelle et tout en relief, OVERHEAD nous embarque dans un voyage d’une heure et demi à travers un Rock Progressif coloré, fait de variations en tout genre et de sonorités universelles. Un moment fort !
Finalement, l’ascension du groupe de Southern Rock n’aura pas été tellement longue. Cela dit, avec de telles productions, il était difficile de les imaginer se morfondre bien longtemps dans leur fief d’Orange County en Californie. Il y a si longtemps que l’on attend que ce style si familier et chaleureux, que d’aucun pense d’ailleurs à tord éteint, ne reprenne des couleurs et affiche de nouvelles ambitions. C’est dorénavant chose faite : ROBERT JON & THE WRECK est dans la place !
ROBERT JON & THE WRECK
« One Of A Kind »
(Journeyman Records)
Robert Jon Burrison, guitariste et chanteur, me confiait dans une interview récente (lire ci-dessous), son groupe allait livrer de nouveaux morceaux par différents biais dans les semaines qui suivaient notre entretien. Promesse tenue avec « One Of A Kind », un EP de quatre morceaux où ROBERT JON & THE WRECK se fait plaisir comme pour fêter sa signature avec l’une des entités du label de Mr Joe Bonamassa, Journeyman Records. Ca aussi, vous l’aviez appris ici même…
Alors que ROBERT JON & THE WRECK enflamme son pays, comme toute l’Europe, depuis de longs mois, c’est une petite gourmandise bien sudiste que nous livre le quintet. Et il serait dommage de ne pas s’en délecter d’autant que les Américains du sud de la Californie ont enregistré ces quatre titres aux côtés de grands noms. Jugez plutôt, « One Of A Kind » est produit par le duo Don Was (Bonnie Raitt, John Mayer) à Los Angeles et par David Cobb (Blackberry Smoke, Rival Sons) à Nashville.
Très prolifiques, les musiciens entament donc un nouveau chapitre de leur carrière sans pour autant cesser de tourner… bien au contraire ! Fougueux sur « Come At Me », plus roots sur « Pain No More », presqu’Americana sur « Who Can You Love » et hyper-Rock sur le morceau-titre, ROBERT JON & THE WRECK passe en revue un Southern Rock qu’il maîtrise totalement, mais qu’il se permet aussi de renouveler là où d’autres, et non des moindres, se cassent un peu les dents. On ne parle plus de relève, c’est le nouvel establishment !
Enfin, et en clin d’œil à mes amis de la Salle Cap Caval qui ont du avoir le même nez et surtout le même coup de coeur que votre serviteur, sachez que l’ardant combo se produira le 29 septembre prochain dans mon beau Pays Bigouden en Bretagne qui prendra, le temps d’une soirée qu’on imagine déjà magique, des allures de western… ce qu’il est déjà un peu d’ailleurs… Un concert à ne surtout pas manquer ! (les billets sont déjà en vente : www.seetickets.com/fr/d/event/robert-jon-the-wreck/salle-cap-caval/9478321).
Photo : Rob Blackham
Retrouvez les deux interviews accordées à Rock’n Force en 2021 et en 2022 :
Qualifier la musique de BOURBON HOUSE uniquement de Blues Rock serait bien trop réducteur. Sur un groove irrésistible, le quatuor du Wisconsin alimente son style de touches d’Americana et de Classic Rock, porté par la voix chaude et puissante de Lacey Crowe. A quelques semaines de la sortie du troisième album du groupe, la chanteuse fait les présentations et nous en dit un peu plus sur la démarche de BOURBON HOUSE qui, je l’espère, ne tardera pas à séduire le public français. Entretien.
Photo : Jocelyne Berumen
– J’avoue vous avoir découvert récemment et un peu par hasard. En poussant un peu des recherches, je me suis aperçu que depuis 2017, vous aviez déjà sorti un EP, deux albums et plusieurs singles ces derniers mois. Est-ce que le fait que BOURBON HOUSE soit si prolifique tient d’une certaine urgence à composer et à jouer ?
Oui, parce qu’on a toujours envie de travailler sur quelque chose de nouveau. Je pense qu’en musique, il est difficile d’attendre, car il y a tellement de choses à faire entre l’écriture et l’enregistrement, ainsi qu’avec les tournées, les tournages de clips, etc… Créer de nouvelles choses est toujours quelque chose de très excitant.
– Votre premier EP éponyme était déjà annonciateur de votre Blues Rock si particulier. On a le sentiment que vous saviez dès le départ qu’elle était la voie à suivre. C’est le cas ?
Quand Jason (Clark, guitare – NDR) et moi avons commencé à écrire des chansons ensemble, il était plus qu’évident que nous étions sur la même longueur d’onde. Je pense que notre signature sonore a à voir avec notre combinaison en tant qu’auteurs-compositeurs. Ça tient aussi du fait que nous complétons très bien nos créations respectives. Je ne pense pas que je pourrais écrire ce genre de musique avec quelqu’un d’autre.
Photo Jocelyne Berumen
– D’ailleurs, BOURBON HOUSE a conservé le même line-up, je crois. Cette unité entre vous se ressent aussi à travers vos morceaux qui sont très spontanés et qui sonnent aussi très live sur disque. C’est important pour vous de garder cet aspect très direct ?
En fait, il y a eu quelques fluctuations en ce qui concerne notre section rythmique. Mais Jason et moi avons toujours été les auteurs-compositeurs, c’est pourquoi ça sonne toujours comme du BOURBON HOUSE. Le son ‘live’ auquel tu fais référence est un peu intentionnel même s’il est également assez inconscient. Nous avons beaucoup grandi en ce qui concerne l’enregistrement depuis notre premier EP, donc nos productions sont bien meilleures. Mais, nous apprécions toujours autant l’authenticité. Nous ne surproduisons pas, nous n’éditons pas, nous ne quantifions pas, nous ne corrigeons pas la hauteur, etc… Donc si un morceau nécessite cent prises pour être bon, c’est ce qu’il faut faire. Il est important pour nous que l’humain ne soit pas supprimé de la chanson pendant la production. Les petites imperfections sont belles aussi.
– Vu d’Europe, la musique du groupe faite de Blues, de Rock, d’Americana et de quelques sonorités Southern apparaît comme très roots. Est-ce que vous vous sentez un peu dépositaires et surtout héritiers d’un style typiquement américain ?
Je pense que tout est lié. Nous n’aimons pas nécessairement nous enfermer dans un style et nous utilisons des éléments de différents types de musique, mais au cœur des chansons de BOURBON HOUSE se trouvent les sons roots du Blues, de l’Americana et du Rock’n’Roll qui, je pense, influencent tant d’autres genres de toutes les régions du monde aussi.
Photo : Che Correa Photography
– Ce qui ressort aussi de votre discographie, c’est que vos compositions et votre jeu s’affinent au fil de vos réalisations, même si « Into The Red » est beaucoup plus Rock que les autres. On a presque l’impression que chaque album est une nouvelle page blanche. C’est aussi comme ça que vous le percevez et l’appréhendez ?
Oui, absolument. Nous n’avons aucun intérêt à créer des variations d’une même chanson. Et même si nous avons une signature sonore à défendre et que nous écrirons toujours ces chansons Blues Rock solides et efficaces pour nos fans, nous avons toujours le désir de composer en allant encore plus loin et approfondir chaque morceau.
– Depuis juillet dernier, vous avez sorti quatre singles (« Resonate », « Out For Blood », « High Road Gypsy » et « Blue Magic »). Pourquoi ce choix et est-ce que ces chansons se retrouveront sur un album à venir prochainement ?
Oui ! En fait, nous en sommes maintenant à cinq singles depuis un an, si on inclue le dernier, « 20 to Life ». Il est tout simplement plus facile de commercialiser un album, lorsque tu as déjà sorti cinq singles. En fait, on travaille dessus depuis la sortie de « Resonate ». Notre quatrième album sortira au printemps et comprendra les cinq singles, deux versions acoustiques et quatre titres inédits.
– J’aimerais aussi que l’on parle de ta voix, Lacey, qui est aussi puissante que délicate. Est-ce que tu écris tes textes, car on te sent réellement habitée et très investie dans leur interprétation ?
Merci ! J’écris les paroles, oui. Non seulement parce que cela m’aide à transmettre le message à un niveau personnel, mais il est également important pour moi sur le plan sonore que les mots sonnent bien de la façon dont je les chante.
– D’ailleurs, la complicité qu’il y a entre ta voix et les riffs de Jason est très souvent explosives. De quelle manière travaillez-vous ce bel équilibre entre la voix et la guitare ?
En fait, si tu écoutes bien les riffs, il n’y a aucune raison pour que je les couvre avec ma voix. Pourquoi le ferai-je d’ailleurs ? C’est aussi une question de respect mutuel. Aucun de nous n’a un énorme ego et on croit toujours que tout ce qui est bon pour la chanson est ce qui doit être fait. Les voix et les guitares doivent se compléter et ne pas se concurrencer ou s’opposer.
– Enfin, il y a une chose qui me laisse un peu perplexe. Comment un groupe comme BOURBON HOUSE n’a-t-il pas encore signé sur un label ? C’est un désir d’indépendance et de pleine liberté ? Ou un manque d’opportunité ?
Je suppose que c’est un peu des deux. Nous avons eu des offres et avons même été signés brièvement. Nous voulons garder le contrôle et nous ne savons pas vraiment ce qu’un label pourrait faire de plus pour nous. L’industrie de la musique est si différente maintenant que les labels ne sont plus nécessaires pour réussir. En bref, nous ne cherchons pas à être signés. Mais si un gros label nous proposait la bonne offre, nous l’étudierions bien sûr.
Retrouvez BOURBON HOUSE et toute son actualité sur son site :
Malgré les apparences, les sonorités et le style, c’est bel et bien de notre beau pays qu’est originaire HIGHWAY. Pourtant, en fermant les yeux quelques instants, c’est sur la côté ouest américaine que nous transporte le quatuor dans un savoureux Rock US. En version acoustique, mais non sans une énergie très communicative, les Sétois sont d’une rare efficacité et surtout présentent un songwriting imparable dans un registre parfaitement maîtrisé. « The Journey » n’attend que vous…
HIGHWAY
« The Journey »
(Rock City Music Label)
Voilà un groupe français de grande qualité qui reflète parfaitement l’état de la scène hexagonale. Autant de talent et aussi peu d’exposition laissent franchement songeur et met aussi en lumière un problème récurrent de structure artistique. Car, finalement les références dont s’inspire HIGHWAY sont parmi les plus gros vendeurs de Hard Rock en France… ce qui devrait donc plaire à un large public. Et il serait d’ailleurs temps !
Cette cinquième réalisation, très justement intitulée « The Journey », revisite les quatre albums de HIGHWAY dans cette atmosphère unplugged positive, avec aussi quelques inédits. Et c’est le cas dès « Like A Rockstar », qui ouvre les festivités, et sa session cuivre qui n’est pas sans rappeler le Extreme de la grande époque, celle de « Pornograffitti ». La mise en bouche livrée par le quatuor annonce une suite éclatante.
La balade se poursuit entre un Classic Hard Rock et un Rock US bien sentis et portés par le chant chaleureux de Ben Folch (« Motel In Alabama », « The Journey »). Sachant se faire bluesy (« Freedom »), hispanisant (« In The Circus Of Madness ») et très fédérateur (« One »), HIGHWAY ne s’interdit rien et s’autorise même tout avec une élégance et une facilité dans l’interprétation qui font très franchement plaisir à entendre. Plus un instant à perdre !
C’est assez naturellement que ses amis, ou partenaires, l’ayant accompagné dans diverses aventures musicales se sont réunis et ont composé des morceaux en guise d’au revoir à Eric Bouillette, artiste aussi discret que talentueux, dont la disparition a marqué le monde du Rock Progressif et bien au-delà. Parcourant les styles comme les pays, SONGS FOR AN ANGEL se veut un hommage d’une émotion joyeuse, authentique et sincère, ainsi qu’une superbe marque d’estime.
SONGS FOR AN ANGEL
« Tribute To Eric Bouillette Vol.1 »
(FTF Music)
Il y a des albums qu’on aime recevoir tout en redoutant de les écouter. C’est très précisément le cas avec SONGS FOR AN ANGEL que j’ai glissé, non sans un certain émoi, dans la platine. Car, même si on est relativement habitué à des ‘Tributes’ de toutes sortes, lorsque cela concerne une personne que vous aimez et respectez, l’instant se révèle beaucoup plus délicat et troublant. En nous quittant en août de l’année dernière, Eric Bouillette a laissé un grand vide autour de lui, et bien sûr aussi dans sa famille musicale.
Car c’est bel et bien de l’hommage d’une famille qu’il s’agit avec ce « Tribute To Eric Bouillette Vol.1 », où se sont réunis de nombreux artistes ayant partagé avec lui des moments de scène ou de studio, à travers les multiples groupes et projets auxquels le Niçois a participé dans une vie où la musique ne l’a jamais quitté. Multi-instrumentiste avec une prédilection pour la guitare, on a pu apprécier le talent d’Eric avec Nine Skies, The Room, Solace Supplice et Imaginaerium, son dernier et incroyable album-concept.
Réunissant 12 compositions originales et un titre de Solace Supplice, duo mené avec sa femme Anne-Claire Rallo présente, comme Eric, sur d’autres chansons, SONGS FOR AN ANGEL a forcément une prédominance progressive, un style dont il était devenu une référence. De nombreux membres de ses récentes formations rendent donc un hommage spontané à ce musicien et compositeur hors-norme. Et le plus étonnant est la présence permanente de la saveur des sonorités qu’il a distillées au fil des ans. Une belle respiration.
Après cinq ans sur la route à peaufiner son style à travers un voyage aussi introspectif qu’instructif pour les trois musiciennes et la réalisation d’un EP très prometteur en 2021, GRANDMA’S ASHES dévoile aujourd’hui un premier effort plein de certitudes, de surprises et avec une identité personnelle dont les contours sont désormais établis. « This Too Shall Pass » étonne et séduit… tout simplement.
GRANDMA’S ASHES
« This Too Shall Pass »
(Nice Prod/Baco Music)
Il y a deux ans à l’occasion de la sortie de leur premier EP, « The Fates », j’avais eu le plaisir d’interviewer Eva, Myriam et Edith, respectivement chanteuse et bassiste, guitariste et batteuse de GRANDMA’S ASHES. Ce premier cinq-titres, où elles donnent toutes les trois de la voix, mariait avec beaucoup d’élégance un Stoner Rock solide et des influences directement issues du Rock Progressif.
Avec « This Too Shall Pass », le trio féminin s’affirme de plus en plus et livre un premier album très abouti, très inspiré et surtout qui sort très habillement des sentiers battus. Si on pouvait considérer « The Fates » comme une mise en bouche, on entre cette fois de plein pied dans l’univers si singulier de GRANDMA’S ASHES. Le groupe a évolué naturellement, tant dans le visuel présenté que dans l’approche musicale.
Le combo conjugue des mélodies lumineuses sur des textes pourtant sombres et des refrains efficaces. Avec un travail remarquable sur les voix notamment et la présence de trois interludes qui sont autant de belles respirations, GRANDMA’S ASHES rend son premier opus très envoûtant. Musclé (« Cold Touch », « Caffeine »), sensible (« Aside », « Cassandra ») et plus aérien (« Lost At Sea », « Borderlands »), les trois artistes imposent leur style avec brio.
Photo : Alexandre Le Mouroux
Retrouvez l’interview du groupe accordée à Rock’n Force…
Basé dans le South Yorkshire en Angleterre, DEADBLONDESTARS n’en est pas à son premier coup d’essai et ce deuxième album du quintet submerge par les émotions qu’il procure. L’Alternative Metal/Rock savamment gorgé de Grunge dégage une énergie dense et pleine de contrastes. Mastodonte et tout en finesse, « Metamorphosis » est un modèle du genre, une réussite totale.
DEADBLONDESTARS
« Metamorphosis »
(Independant)
Rock, Grunge, Alternative Metal ou post-Rock, peu importe finalement, puisque les Anglais de DEADBLONDESTARS sont parvenus à élaborer un style très personnel. Forcément, les noms de Pearl Jam, Soundgarden, Audioslave ou Alice In Chains vous viendront à l’esprit, car le groupe est directement issu de cette mouvance et il a réussi à y insuffler beaucoup de modernité, tant dans ses compositions que dans le son.
Après deux EP et un album éponyme en 2020, DEADBLONDESTARS a décidé de reprendre sa liberté et de sortir « Metamorphosis » en indépendant. Conséquence directe ou pas, le quintet de Sheffield est animé d’une grande liberté et s’est montré particulièrement inspiré durant la pandémie, puisque sur une trentaine de titres composés, les Britanniques n’en ont conservé que douze. Et le choix est plus que judicieux.
Profond et intense, « Metamorphosis » s’accompagne aussi d’une grande mélancolie incarnée par la voix puissante et touchante de Gary Walker. Le frontman a un impact incroyable tout au long du disque et ses variations sont incroyables (« Shine Any Light », « Bow To The Bend », « This Tree », « Alaska »). Des riffs imparables, une rythmique massive et une production irréprochable font entrer DEADBLONDESTARS dans la cour des grands.
Plutôt rare en interview, mais d’une grande générosité musicale, THE INSPECTOR CLUZO est de retour avec le très bon « Horizon », neuvième opus d’une discographie qui s’étoffe autant que ses prestations enflamment les scènes où le duo sévit. Toujours entre Rock et Blues, les Gascons ont composé un très bon nouvel album, qui devient vite addictif (voir chronique ci-dessous). Superbement produit, un certain Iggy Pop y est même allé de son petit message personnel avec la délicatesse qu’on lui connait. Un disque qui respire donc la joie, mais qui met aussi le doigt sur de multiples problèmes environnementaux que connaissent bien les deux fermiers. Court donc, mais très agréable, échange avec deux amis, Laurent Lacrouts (chant et guitare) et Mathieu Jourdain (batterie), qui tranchent avec le milieu de l’industrie musicale pour mon plus grand plaisir.
Photo : Philippe Salvat
– Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce neuvième album porte bien son nom. En effet, il présente un large « Horizon » de votre univers musical et aucun morceau ne ressemble à un autre. Pourtant, il y a une grande homogénéité. Votre désir était-il de faire une sorte de bilan, ou de tour du proprio, de vos 15 ans de carrière ?
C’est le neuvième album en 15 ans, on a toujours beaucoup écrits et composés de chansons. Nous faisons de la musique depuis l’age de 7 ans tous les deux, on a démarré par le sax et la trompette et nous jouons donc de plusieurs instruments. Quand on a co-arrangé le concert des arènes de Mont de Marsan avec le symphonique de Pau l’année dernière, ça a été un peu l’aboutissement là en effet, car quand ta musique est jouée devant 4.000 personnes par une trentaine de grands musiciens. Ca fait quelque chose, surtout 40 ans après. Une forme de parcours. Cet album « Horizon » est la suite logique de l’évolution de notre songwriting et de nos compétences qui évoluent avec les années depuis 40 ans… Nous n’avons cessé, tous les deux, de nous remettre en question en permanence, depuis que nous sommes jeunes et nous continuons à chaque album, car on pense que si tu veux progresser, il faut être humble et toujours se remettre en question.
– « Horizon » a nécessité trois ans de travail, ce qu’on peut comprendre entre votre métier à la ferme et les tournées. En écoutant le résultat et l’atmosphère joyeuse de l’album, on croirait presque que ces trois semaines à Nashville ont été une petite récréation. C’est le cas ?
Oui, de toute façon pour nous l’enregistrement est un accomplissement, c’est la fin du processus de création et donc on s’amuse toujours beaucoup. Le travail dur est fait en amont à la composition. C’est là qu’on travaille énormément et qu’on laisse le temps au temps, souvent quand la chanson a mûri, ça sort en 10mn. Mais le process de digestion peut prendre des années. Par exemple, « Horizon », la chanson elle-même, ça aura pris 15 ans… car elle était sur le premier album, mais on était insatisfait du résultat. On crée tout le temps, souvent à notre insu, en vivant tout simplement.
– Vous êtes donc retournés à Nashville enregistrer avec Vance Powell que vous connaissez maintenant très bien. Comment cela se passe-t-il avec un producteur de cette renommée ? Vous arrivez avec une idée bien précise du son que vous souhaitez, ou est-ce que vous vous laissez guider et suivez ses conseils ?
Vance est très sélectif avec les groupes avec qui il travaille. Il a refusé un paquet de groupes (gentiment), dont la liste est longue comme le bras et certains sont des noms très célèbres. On a pu l’expérimenté, car il a refusé de faire l’un des plus grands bluesmen américains juste devant nous, car on était là et l’autre voulait nous dégager. Et ça Powell, il est un peu comme nous, il s’en fout de qui tu es. C’est un indépendant comme nous, il fait ce qu’il veut et il n’a jamais été dans le show-biz. Et malgré le fait que c’est sûrement l’un des 2/3 meilleurs en Rock aux Etats-Unis, il ne travaille pas forcément son réseau comme on dit, un peu comme nous. Il se concentre aussi sur la musique seulement. Il veut que les groupes aient ‘a thing’, un truc. Tous les groupes qu’il fait ne sont pas des débutants. Ils ont tous un truc ultra-personnel. Du coup, il ne va pas corriger ce que tu es, puisque il t’a choisi pour cela (Rires) ! Il essaie de te guider pour tirer le meilleur de toi, donc en gros, c’est beaucoup d’essai de son, car tout est fait à la source. Mais les chansons ne bougent que très peu entre les démos et l’enregistrement. Par contre, le niveau d’exigence de la performance est ultra-élevé. Le chant sur cet album a été une priorité, car les textes portés sont forts et Vance a fait avec Laurent comme il fait avec Stapleton… C’est-à-dire à fond pour avoir le meilleur.
Photo : Cyrille Vidal
– Vance Powell a d’ailleurs déclaré que c’était votre album le plus personnel. On le comprend très bien à l’écoute des textes, qui parlent essentiellement de votre quotidien. Justement, lorsque vous écrivez et composez vos morceaux, on pourrait penser que vous ayez envie d’échapper un peu à tout ça le temps d’un disque. Votre métier est si viscéral que vous ne puissiez vous en détacher ?
C’est plutôt que le style de musique qu’on fait. En tout cas, c’est vrai que ce qu’on pense a besoin de sens, sinon ça sonne vite creux. Les textes dans ce style de musique, c’est 50%, voire plus, d’une chanson. Elles sont composées à la guitare acoustique et ça fait pareil (Rires) ! Si on n’y mettait pas de sens, on ne ferait plus de musique. Il faut avoir du carburant dans les tripes et ça, c’est la vie qui te le procure et trop de confort ne fait pas bon ménage avec cette musique. Et ce n’est pas notre cas (Rires) ! Donc, on peut continuer… (Sourires)
– Votre album précédent, « We The People Of The Soil », s’est très bien vendu ce qui devient assez rare de nos jours en France surtout et dans ce registre. Vous avez été approchés par plusieurs labels et maisons de disques, et vous avez préféré continuer l’aventure en indépendant. Pourquoi ce choix ? Cela aurait aussi pu vous soulager de pas mal de boulot et aussi de contraintes, non ?
On a eu des propositions. On en a toujours eu, provenant de labels et surtout en tournée où là, ça fait la queue (Rires) ! On aurait pu se refaire la grange avec ce qu’on nous a proposé, mais on trouve ça hors-sol par rapport à notre réelle valeur économique. On essaie de maintenir une certaine idée des richesses économiques, sociales et environnementales. Les trois sont très importants à nos yeux, et nous sommes les seuls qui peuvent faire les trois par nous-mêmes. On veut juste montrer, comme avec la ferme d’ailleurs qui est aussi indépendante, qu’avec de petits moyens et des richesses économiques, sociales et environnementales, on peut faire son truc dans une certaine forme de sobriété, mais aussi d’efficacité. Nous n’avons rien contre les gros, car il en faut, mais les petits autofinancés ont aussi le droit d’exister et c’est important. Il y a de la place pour tout le monde.
Avec un line-up de cette trempe et de cette qualité, on attend toujours beaucoup de THE WINERY DOGS, et pourtant on se sent aussi capable d’à peu près tout lui pardonner ! Cela dit, la prise de risque est minime quand on connait l’énorme talent de Richie Kotzen, Billy Sheehan et Mike Portnoy dont la discographie cumulée fait tout de même rêver et donne presque le vertige !
THE WINERY DOGS
« III »
(Three Dog Music)
Lorsqu’ils ne sont pas occupés avec leur(s) groupe(s) respectif(s) ou leurs projets solos, Richie Kotzen, Billy Sheehan et Mike Portnoy se retrouvent au sein de THE WINERY DOGS pour de petites respirations. Une belle histoire qui a commencé en 2013 avec un premier album éponyme, suivi de « Hot Streak » deux ans plus tard, du coffret « Dog Years – Live In Santiago & Beyond » en 2017 pour nous mener au très bon « III », toujours aussi brillant.
L’impression et la sensation qui se dégagent de ce nouvel opus, et du groupe en général, sont cette grande liberté et aussi une façon de jouer, qui paraissent tellement évidentes et naturelles. Loin de la complexité affichées et délibérées de leurs autres formations respectives, THE WINERY DOGS va à l’essentiel, non sans s’autoriser quelques envolées techniques et aussi quelques pénibles redondances progressives très pardonnables.
Bluesy et toujours très chaleureux au chant (« Lorelei »), Richie Kotzen fait preuve d’une élégance technique phénoménale, devenue sa signature au fil du temps. Billy Sheehan et Mike Portnoy se font plaisir, le premier en alignant avec des lignes de basse d’une dextérité pleine de grâce (« Pharaoh ») et le second en évoluant sur un groove de chaque instant (« Xanadu », « Gaslight »). Et sur des riffs et des solos majestueux, THE WINERY DOGS s’amuse !