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Hard Rock International

Mike Tramp : le plaisir comme guide [Interview]

Groupe iconique des années 80 et 90, WHITE LION a marqué toute une génération de fans de Hard Rock. En marge de la très productive scène américaine de l’époque, les Danois ont apporté un son nouveau et surtout européen jusque-là inédit. Après une séparation qui a aussi vu éclater le formidable duo composé avec le guitariste Vito Bratta, MIKE TRAMP a entamé une carrière solo tout d’abord avec l’excellent combo Freak Of Nature, puis sous son nom. Mais depuis l’an dernier, c’est bel et bien le répertoire de sa première formation que le chanteur revisite avec le talent qu’on lui connait et surtout cette voix chaude et tellement identifiable. Alors que sort le volume 2 de « The Songs Of White Lion », le frontman revient sur ses envies, son plaisir et sans éluder quoique ce soit. Entretien.

– L’an dernier, tu as sorti le premier volume de « The Songs Of White Lion », qui a été suivi d’une tournée. D’où t’es venue l’idée de te replonger dans le répertoire de WHITE LION ? Ce sont des morceaux que tu jouais régulièrement en solo sur scène ?

Au départ, je n’aurais jamais imaginé retourner dans le monde de WHITE LION. Mais quand je l’ai fait, j’ai senti que je pouvais en faire beaucoup plus. Les nouvelles versions m’ont fait aimer à nouveau mes anciennes chansons et m’ont donné envie de les interpréter d’une manière que je n’avais jamais faite auparavant. Elles appartiennent à un groupe de Rock au complet, et non pas à mes nombreux albums solo. C’est un monde à part.

– Ces deux volumes ont aussi la particularité de présenter les chansons dans des versions réenregistrées. Pour quelles raisons as-tu souhaité entrer à nouveau en studio ? Tu aurais tout aussi pu sortir un Best Of remasterisé, par exemple ?

L’intérêt de réenregistrer et de réarranger quelque peu les chansons, c’était pour qu’elles s’adaptent à la fois au monde d’aujourd’hui et à la vision que j’en ai en 2024. La musique évolue, comme nous tous. Les anciennes versions représentent un groupe qui avait une vingtaine d’années. Aujourd’hui, j’ai 63 ans. Je ne monte pas sur scène comme Kiss, qui pense que les temps n’ont pas changé, ou qu’eux-mêmes n’ont pas changé. D’ailleurs, YouTube nous montre le contraire. Je voulais montrer ma propre évolution personnelle et mon interprétation aujourd’hui.

– J’imagine que si tu as réenregistré tous ces morceaux des années après leur sortie, c’est que certaines choses devaient te gêner un peu. D’où cela venait-il ? Plus de la production, ou de certaines structures, même s’ils sont très fidèles aux originaux ?

Je pense que c’est sans doute le cas pour la plupart des artistes qui se penchent sur leur travail 40 ans plus tard. Refaire ces chansons, c’était aussi m’adapter à qui je suis aujourd’hui. Je ne chante plus comme en 1984-90. Je ne veux pas même essayer de le faire, car je ne peux pas. Mais je connais tellement bien ces chansons. Alors quand je les chante, je raconte une longue histoire avec elles. Et c’est seulement possible parce que j’ai vécu avec elles pendant 40 ans.

– Un petit mot au sujet des musiciens qui t’accompagnent sur ces deux albums. Comment les as-tu choisis et est-ce que ce sont des amis pour l’essentiel, qui connaissaient déjà le répertoire de WHITE LION ?

Eh bien, la personne la plus importante est le guitariste Marcus Nand, que je connais depuis 1994 avec Freak Of Nature. Son travail d’apprendre toutes les parties de guitare de Vito Bratta, puis de les réapprendre dans une toute autre tonalité qui corresponde à ma voix, était une tâche presque impossible. Mais il l’a fait et même très bien fait. Je travaille depuis plus de 20 ans avec les autres gars et j’ai toujours choisi des amis et des personnes avec qui j’aime travailler.

– La question qu’on peut aussi légitimement se poser, c’est pourquoi ne pas avoir tout simplement reformé WHITE LION, même avec quelques changements de line-up ? Y avait-il certaines contraintes juridiques, par exemple, car tu avais sorti l’album « Return Of The Pride » également en 2008 ?

Il n’a JAMAIS été question d’une véritable reformation de WHITE LION. Et cela n’arrivera jamais. Vito s’est retiré du monde de la musique il y a 30 ans, et personne ne l’a revu depuis. Un autre point est que cela ne se rapprochera jamais de ce qu’était le groupe en 1987-91, c’est un fait. « Return Of The Pride », n’aurait pas dû être publié sous le nom de WHITE LION, c’était une grosse erreur. La seule chose positive que je puisse dire à ce sujet, c’est que ce sont certaines des meilleures chansons Rock que j’ai pu écrire.

– D’ailleurs, pour qui ne connaitrait pas WHITE LION (il y en a peut-être !), que lui conseillerais-tu : écouter les versions originales ou plutôt ces deux volumes ?

Non, il faut écouter les volumes 1 et 2, car les chansons sont plus importantes que le groupe. C’est un triste fait, mais c’est la réalité.

– Pour tous les amoureux de Hard Rock de cette période bénie des années 80/début 90, WHITE LION est une référence incontournable. Plus de 40 ans après sa formation, quel regard portes-tu sur le groupe et surtout sur cette incroyable complicité artistique avec Vito Bratta ? Est-ce que tu penses qu’une telle aventure musicale serait encore possible aujourd’hui ?

Je pense que je vais commencer par ta dernière question. Nos compositions avec Vito étaient vraiment le cœur du groupe. Je sais aussi que nous étions musiciens dans les années 80, où tout le monde se ressemblait. Mais les chansons et le son de WHITE LION se suffisaient à eux-mêmes. Les « Vol. 1 & 2 » le prouvent aujourd’hui. Sans aucun manque de respect à qui que ce soit, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de groupes des années 80 qui pourraient réenregistrer leurs anciennes chansons et ressentir la même sensation qu’avec ces deux volumes. Par ailleurs, mes paroles ne sont pas celles de quelqu’un qui a grandi à Hollywood et qui chante sur les filles, l’alcool et les fêtes toute la nuit. Elles proviennent toutes d’un enfant des rues de Copenhague, au Danemark, qui savait qu’il y avait un monde gigantesque plein de problèmes.

– WHITE LION a sorti cinq albums de 1983 et 1991 et ces deux volumes contiennent à eux deux 22 chansons. Doit-on s’attendre à un troisième bientôt ?

Ce n’est pas prévu pour le moment, mais c’est évidemment une possibilité. J’aimerais bien le faire, car j’ai de bonnes et intéressantes idées pour terminer la trilogie.

– D’ailleurs, les deux « The Songs Of White Lion » ont-ils été réenregistrés en même temps, ou as-tu laissé un moment entre les deux, car tu as également une carrière solo ?  

En fait, quand nous avons enregistré le premier album, nous n’avions pas prévu d’en faire un deuxième. Je ne savais même pas que j’allais monter MIKE TRAMP’S WHITE LION et partir en tournée. Mais une fois que nous avons commencé à jouer en live, nous avons tout de suite su que nous voulions faire le « Vol. 2 ».

– Parlons de ta carrière solo. Après l’aventure Freak Of Nature, tu t’es lancé avec « Capricorn » en 1998 sous ton propre nom. On approche les dix albums et on te découvre aussi dans un univers plus acoustique souvent, détaché du Hard Rock pour l’essentiel et plus Rock. C’est une page que tu as tourné, en tout cas au niveau de l’écriture, même si ces deux albums de chansons de WHITE LION sont là aujourd’hui ?

Tout d’abord, merci de me donner un moment pour en parler. Quand tu as fait partie d’un groupe de Rock à succès, un groupe qui avait un son particulier et qui venait d’une époque spéciale pour ce style de musique, beaucoup de gens pensent que tu es né comme ça et que c’est ce que tu es. Dans mon cas, avec « Capricorn », comme sur tous mes albums solo, c’est le vrai et le seul Mike Tramp. C’est aussi ce que j’ai apporté à Vito avec son style unique quand on s’est rencontré. Et boum, il y a eu nos chansons. Dans Freak Of Nature, j’avais ajouté mes mélodies et mon univers vocal, en plus du son du groupe. Et une fois encore, il y a eu un mélange incroyable. Actuellement, je dispose d’un nouvel album solo déjà écrit et prêt à être enregistré. Ce sera peut-être ma prochaine sortie d’ailleurs.

– J’aimerais aussi qu’on dise un mot de tes deux derniers albums solo, « For Første Gang » et « Mand Af En Tid », sortis tous les deux chez Target Group. Tu chantes pour la première fois en Danois, ta langue maternelle. C’est quelque chose que tu souhaitais faire depuis longtemps ? Et dans ce registre Rock acoustique, finalement très personnel et intime ?

Oui et je ne pense pas que quiconque puisse comprendre à quel point ces deux albums sont importants pour moi à bien des égards. Pour commencer, le simple fait de les réaliser m’a curieusement fait retomber amoureux du Hard Rock et de WHITE LION, car cela m’a permis de m’éloigner de ce monde ringard du Rock’n’Roll. Il n’y a pas un seul groupe qui propose quelque chose de nouveau en ce qui concerne le Hard Rock aujourd’hui. Quel est l’intérêt d’un nouvel album de Judas Priest ou d’Ac/Dc ? Quand les concerts se résument aux chansons que nous connaissons déjà, combien de riffs de guitare identiques peut-on continuer encore à enregistrer ? De plus, je n’enregistrerai pas de nouvel album de Rock sous le nom de WHITE LION, cela n’aurait aucun sens. J’ai donc fait ces deux albums en danois, qui sont très forts au niveau des textes et qui racontent l’histoire de mon enfance, de ma mère, de ma famille, etc… à Copenhague dans les années 60 et au début des années 70. Cela m’a offert une pause bien méritée après tout ce que j’avais fait. Et au bout du compte, si ces chansons sont en moi, c’est qu’elles devaient sortir, même si elles ne sont pas destinées aux magazines de Rock. Mais je suis très surpris du nombre de fans et de la presse internationale qui aiment ces albums. Ce sont des gens qui sont capables de regarder au-delà de mon image et de mon passé musical pour n’écouter que les chansons.

– Enfin, on pourrait te sentir nostalgique avec ces deux albums « Songs Of White Lion ». Or, on a plutôt une impression de fraîcheur et une belle envie. N’y a-t-il pas tout de même un désir de retrouver en musique cette belle époque d’une certaine façon ?

En fait, je n’ai jamais ressenti de nostalgie avec ces chansons, car nous les avons abordées avec un regard neuf et beaucoup de fraîcheur, comme tu le soulignes. Et en même temps, avec tout ce à quoi nous avons accès aujourd’hui avec Internet notamment, s’il y avait eu un moment pendant l’enregistrement où j’aurais eu les larmes aux yeux, ou si j’avais eu l’impression d’être au milieu de ‘Spinal Tap’, j’aurais arrêté. Mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti. J’ai entendu de superbes chansons, qui sont devenues encore meilleures. C’est ce que je ressens et c’est pour cela que je l’ai fait. Je prends simplement plaisir à jouer mes chansons à nouveau et c’est l’essentiel.

Les deux volumes de MIKE TRAMP «  Songs Of White Lion » sont disponibles chez Frontiers Music.

(Photos : Jakob Muxoll)

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Heavy metal Old School

Blitzkrieg : indomptable

44 ans d’existence, cinq reformations et une dizaine de disques, le bilan peut paraître chaotique. Et pourtant, BLITZKRIEG n’a pas rendu les armes, bien au contraire. Souvent dans l’ombre d’une scène anglaise effervescente, le combo de Leicester a régulièrement été précurseur et a même inspiré une grande partie de la mouvance Speed/Thrash/Power, qui a suivi. Avec ce nouvel opus éponyme à la production irréprochable, il revient à l’assaut et il serait vraiment dommage de manquer ce renouveau spectaculaire et tellement actuel.

BLITZKRIEG

« Blitzkrieg »

(Mighty Music)

Certains se souviennent peut-être qu’en 1984, un jeune groupe californien nommé Metallica reprenait sur son single « Creeping Death », puis sur « Garage Inc. », le morceau éponyme de BLITZKRIEG, le faisant ainsi et un peu plus tard entrer définitivement dans la légende. C’est vrai qu’en reprenant un titre de ce groupe anglais pas plus âgé que lui, l’impact des Américains allait le faire entrer dans la légende et surtout le propulser au rang d’influence majeure pour beaucoup d’autres. Par la suite, les deux formations n’ont bien sûr pas connu le même destin… Loin de là !

BLITZKRIEG est donc une espèce de mythe que tout le monde semble connaitre sans s’être vraiment plongé dans sa discographie pour autant. Membre (trop) discret de la fameuse NWOBHM, le combo mené par le frontman Brian Ross, dernier rescapé de l’aventure originelle, a pourtant laissé quelques albums, qui ont posé d’épaisses fondations au style (« Court Of The Act », « A Time Of Changes », « Absolute Power », « Theatre Of The Damned » ou encore « Back From Hell » et « Judge Not »). Une petite dizaine de réalisations, qui a pourtant remué les scènes des plus grands festivals.

Composé aujourd’hui du fils de Brian, Alan Ross, de Nick Jennison avec qui il forme un duo explosif et essentiel à la guitare, de Liam Ferguson (basse) et de Matthew Graham (batterie), BLITZKRIEG ne fait franchement pas son âge. Moderne et solidement ancré dans son époque, le Heavy Metal des Britanniques avance avec force et puissance. C’est simple, pour un peu, on a presque l’impression de découvrir un nouveau groupe. Racé et féroce, l’aspect traditionnel du genre n’a pas disparu, mais a subi un époustouflant lifting. Acéré et mélodique, le quintet frappe fort et on souhaite vraiment que ce ne soit qu’un début.

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Heavy metal Old School

Saint : une combativité intacte

De l’énergie, SAINT en a à revendre et ce quarantième anniversaire semble même lui avoir donné un sérieux coup de boost. Son Heavy Metal n’a pas pris une ride, alors qu’il puise son inspiration au siècle dernier. Avec ce très bon « Immortalizer », le quintet affiche beaucoup de puissance, tout en misant sur des titres accrocheurs et entêtants et en restant fidèle à un style dont il ne s’est jamais éloigné. Un très bon opus qui vient couronner une belle et bien trop discrète carrière.

SAINT

« Immortalizer »

(Roxx Records)

Apparu au début des années 80 aux côtés de Stryper et Messiah Prophet notamment, SAINT fait partie de la toute première vague américaine de White Metal. Comme beaucoup d’autres, les changements de line-up ont émaillé le parcours du groupe, mais il se présente aujourd’hui avec le troisième album consécutif avec la même et solide formation. Et « Immortalizer » vient célébrer 40 ans de bons et loyaux services. Une treizième réalisation qui s’avère également être un très bon cru.

Fondé à Salem en Oregon, SAINT suit le même chemin depuis sa création, celui tracé sur un Heavy Metal mélodique qu’il a su actualiser au fil des décennies pour être plus électrisant que jamais. Rangés derrière son bassiste et fondateur Richard Lynch, les Américains peuvent compter sur un Dave Nelson impérial au chant, une talentueuse doublette de guitaristes avec Matt Smith et Jerry Johnson, tandis que Jared Knowland (batterie) est toujours aussi affûté. Ca ronronne et ça envoie du bois !

A l’instar de nombreux groupes de sa génération, SAINT n’a rien perdu de sa vélocité et se montre même beaucoup plus efficace et affiné qu’autrefois. Bien sûr, le frontman donne de l’allant et de la percussion, mais le jeu des deux six-cordistes au niveau des riffs, des solos et des twin-guitars reste sa force principale (« Immortalizer », « Eyes Of Fire », « The Congregation », « Pit Of Sympathy », « Salt In The Wound »). Cette nouvelle production vient donc célébrer quatre décennies exemplaires avec brio.

Photo : Concert Fotos by Chad

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Heavy metal Old School

Voodoo Kiss : feel the revival

Un peu plus de deux ans après sa remise sur de bons rails, VOODOO KISS a retrouvé de la régularité et la flamme des débuts. Très Heavy avec quelques touches de Hard Rock, le style vintage des Allemands est un brin nostalgique, mais l’envie affichée fait plutôt plaisir à entendre. Avec derrière les fûts, le fondateur de l’un des plus grands rassemblements Metal annuel de Bavière, la formation dispose d’une belle visibilité et montre sur « Feel The Curse » beaucoup d’ardeur et de volonté.

VOODOO KISS

« Feel The Curse »

(Reaper Entertainment)

Avec son étonnant parcours, VOODOO KISS continue d’écrire son histoire près de 30 ans après sa création. Fondé par le batteur Achim Ostertag en 1995, le groupe lui doit son existence, bien sûr, et sa renommée par la même occasion. Car, faute de concert, le musicien avait dans la foulée mis sur pied le légendaire festival ‘Summer Breeze’ pour pouvoir y jouer. On connait la suite… Seulement, le combo retomba dans l’oubli jusqu’en 2022 après une très longue hibernation.

Aux côtés des autres fondateurs, Martin Beuther (guitare) et Klaus Wieland (basse), Gerrit Hutz (Sacred Steel) et Steffi Stuber (Mission In Black) vont venus compléter le line-up tous les deux au chant. Suivront un premier opus éponyme et « Conquer The World ! », un split-album avec leurs compatriotes de Tankard. La machine VOODOO KISS avait ainsi retrouvé un second souffle, et avec « Feel The Curse », son Heavy Metal très teuton est de nouveau en fusion.

Clairement estampillé 80’s, le quintet distille un Heavy classique et le fait de se présenter avec deux vocalistes distinctifs, femme et homme, donne du coffre à « Feel The Curse » et une certaine originalité aussi. Enregistré au printemps et sorti à l’été, VOODOO KISS n’a donc pas traîné, mais il aurait peut-être du s’arrêter un plus longuement sur la production qui manque cruellement de puissance. Cela dit, cette deuxième réalisation ravive de bons souvenirs et tient plutôt bien la route.

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Heavy metal Old School

Sunbomb  : back to the roots

Parfois les side-projets permettent aux artistes de s’échapper un temps de leur chapelle musicale et même à l’occasion de revenir à leurs premières amours en se faisant tout simplement plaisir. Cela semble être le cas avec ces deux monuments du Hard Rock américain, Tracii Guns et Michael Sweet. Loin des L.A. Guns et de Stryper, c’est sur un Heavy sombre et massif qu’ils ont jeté leur dévolu et il faut bien avouer que ça leur va bien et qu’ils sont plus qu’à la hauteur de cette nouvelle entreprise. « Light Up The Sky » ravive toute une époque.

SUNBOMB

« Light Up The Sky »

(Frontiers Music)

Avec SUNBOMB, la mention ‘toute ressemblance avec des groupes déjà existants ou ayant existés’ n’a rien de fortuite et prend même tout son sens. Sous l’impulsion du patron de Frontiers Music, Tracii Guns et Michael Sweet se sont réunis il y a quelques années autour d’un projet de Heavy Metal traditionnel pour prolonger, à leur manière, l’héritage laissé par Black Sabbath, Dio, Ozzy ou Judas Priest pour ne citer qu’eux. Et après le très bon «  Evil And Divine » (2021), le duo récidive avec un « Light Up The Sky », tout aussi convaincant.

C’est vrai qu’avec ce groupe, le leader de L.A. Guns et le frontman de Stryper s’éloignent de leur registre habituel respectif, mais ils démontrent avec beaucoup de vigueur et avec le talent qu’on leur connait qu’ils sont bel et bien des guerriers et, si certains en doutaient encore, « Light Up The Sky » est une réponse franchement éclatante. SUNBOMB propose un répertoire très dark et nous propulse directement dans les années 80/90 sur une production actuelle et puissante. Et le plaisir des deux musiciens est palpable.

Tandis que Tracii signe toutes les guitares et la basse, soutenu à la batterie par l’ex-L.A. Guns Adam Hamilton, Michael Sweet donne de la voix et offre un beau contraste avec son groupe, qui vient d’ailleurs de sortir un nouveau single (« End Of Days »). Il y a même un petit côté fétichiste chez SUNBOMB dans sa recherche de l’aspect intemporel du Heavy Metal des origines. De « Unbreakable » à « In Grace We’ll Find Our Name », « Steel Hearts », « Rewind » ou « Scream Out » et « Setting The Sail », cet opus est marqué au fer rouge.

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Hard'n Heavy International

Euge Valovirta : revival vibrations [Interview]

Pour sa troisième réalisation en solo, le multi-instrumentiste, et surtout guitariste, a vraiment voulu se faire plaisir. Au menu, pas moins de sept chanteurs et amis invités sur des titres taillés sur mesure dans un Hard’n Heavy inspirés des années 80/90, où les références ne manquent pas. Cependant, la production très actuelle de l’ensemble offre un relief étonnant à ce « Hardtones », qui rappelle de belles sensations et de beaux souvenirs d’une époque où la créativité et l’enthousiasme n’avaient guère de limites. Le Finlandais qui nous en dit un peu plus sur sa démarche et cet album.

Photo : Kia Valovirta

– Avec « Hardtones », tu fais un sérieux lifting au Hard’n Heavy des années 80 et 90. C’est une époque que tu regrettes, même si on ne ressent d’ailleurs aucune nostalgie sur l’album ?

Merci, cela fait vraiment plaisir à entendre ! Est-ce que je regrette les années 80 et 90 ? Pas vraiment. Je suis né au milieu des années 70 et j’ai été initié au Rock dans les années 80. C’était une époque incroyable ! J’adore la musique des 80’s et des 90’s, car j’ai grandi avec et je voulais apporter ces vibrations aux années 2020, mais avec un petit lifting, comme tu l’as dit.

– Tu es l’actuel guitariste de Cyhra et tu as également joué dans Shining, Suburban Tribe, Children Of Bodom, Ensiferum, Hevisaurus et d’autres encore. Et ce sont des groupes aux styles très différents. Est-ce que sur « Hardtones », tu as enfin pu jouer la musique qui te ressemble le plus ?

J’ai été membre de Shining et de Suburban Tribe, mais les autres étaient des boulots de ‘mercenaires’. Cela dit, je les aime tous, car j’ai toujours apprécié différents styles de musique, que ce soit en tant que musicien, mais aussi comme auditeur. J’ai toujours joué la musique que j’aime. Et cette fois, j’avais tout simplement envie de faire ce genre d’album. (Sourires)

Euge aux côté de Samy Elbana (Lost Society), qui interprète deux chansons de l’album.

– Tu possèdes ton studio en Suisse où tu enregistres et produis aussi d’autres artistes. Est-ce que c’est aussi là que tu as conçu et réalisé « Hardtones » et comment cela s’est-il passé avec un nombre aussi important de musiciens ?

Oui, j’ai enregistré toutes les guitares et les basses dans mon studio. La batterie a été enregistrée aux Etats-Unis dans le studio de Devin James, qui joue sur tout l’album. Ensuite, tous les chanteurs ont enregistré leurs parties dans leurs home-studios en Finlande et en Suède. Puis, j’ai mixé et masterisé l’album chez moi. Et enfin, Jacob Hansen m’a un peu aidé aussi pour le mastering, surtout pour le vinyle, et tout ça a très bien fonctionné.

– On retrouve sur l’album des chanteurs qui évoluent dans des groupes mélodiques et d’autres plus rugueux, mais tous dans leur registre habituel. Tu n’as pas eu envie de les faire sortir un peu de leur zone de confort ? Cela aurait pu être une expérience différente aussi pour eux…

Pas vraiment, en fait. La raison pour laquelle je voulais ces gars-là, c’est parce que j’aime ce qu’ils font, ou ont fait. Et tu connais le vieil adage : ‘pas besoin de réparer ce qui n’est pas cassé’. (Sourires)

Euge aux côté d’Olli Herman (Reckless Love), interprète du single « Living, Slow Suicide ».

– Ce qui est également étonnant, c’est que « Hardtones » est très homogène avec une réelle unité à travers les onze morceaux. C’était important pour toi de garder la cohérence du style sans trop se disperser ? Et puis, qu’ils soient aussi tous scandinaves et Finlandais pour beaucoup ?

Je suis très content d’entendre ça, merci ! Pour être honnête, je n’y ai pas vraiment pensé. Je suppose que c’est parce que j’ai co-écrit les morceaux avec les chanteurs. Et puis, je joue les aussi de deux/trois instruments sur les chansons, ce qui donne probablement cette unité. En fait, je voulais tout simplement avoir ces gars-là et il se trouve que la plupart d’entre eux sont finlandais.

– Musicalement et notamment au niveau de la guitare, on sent que tu te fais vraiment plaisir. Tu n’as pas été tenté de chanter sur l’un des morceaux ?

Tu as tout à fait raison. J’ai eu tellement de plaisir à faire cet album. Je fais les chœurs sur presque tous les morceaux, mais je ne suis pas suffisamment bon pour interpréter le chant principal. Et comme je te le disais, j’ai aussi tout écrit avec un certain chanteur en tête, et c’est également avec eux que j’ai finalisé l’écriture des titres.

Photo : Kia Valovirta

– Est-ce qu’avec un si bon album entre les mains, tu envisages de le défendre sur scène, même si tu ne parviens pas à réunir tous les guests ?

Nous venons de faire deux concerts pour la sortie de l’album en Finlande et tout le monde, sauf Jake E, a pu y participer. Et c’était génial ! Ce serait super de faire plus de concerts à l’avenir, avec ou sans tous les chanteurs d’ailleurs, mais nous sommes tous tellement occupés avec nos groupes respectifs que c’est assez difficile à organiser. Mais on verra !

– Un mot enfin à propos de Cyhra avec qui tu as sorti « The Vertigo Trigger » l’an dernier. Quels sont les projets du groupe ? Des concerts ou déjà la composition d’un nouvel album ?

Nous avons quelques festivals cet été, puis une tournée scandinave avec Evergrey en septembre-octobre et probablement une autre à travers l’Europe ensuite. Sinon, nous écrivons tous et tout le temps. Je pense que, plus tard dans l’année, nous nous réunirons pour voir ce que nous avons pour le prochain album.

L’album d’EUGE VALOVIRTA, « Hardtones », est disponible chez Gramophone Records/Warner Records Finland.

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Rock US

Bon Jovi : ad vitam æternam

Garant d’un Rock US né dans les années 80 et devenu intemporel, BON JOVI est l’un des très rares groupes à avoir traversé presque toutes les époques sans trop d’encombres, jouant des coudes sereinement avec la vague Grunge, puis celle du Rock Alternatif. Et c’est probablement en restant fidèle à ce style inimitable et un songwriting efficace et rassembleur qu’il est devenu cette icone indétrônable. Avec « Forever », ce n’est pas une recette qu’il applique, mais juste un savoir-faire et sa vision du Rock américain qu’il met en œuvre. L’ensemble est plutôt entraînant et joyeux, le reflet d’un artiste accompli et libre.

BON JOVI

« Forever »

(Island Records)

Comme de coutume, les grincheux qui s’ennuient ne manqueront pas de cracher tout ce qu’il leur reste de fiel sur ce nouvel et seizième album de BON JOVI, une institution pourtant outre-Atlantique et où l’on n’oserait même pas imaginer lui manquer de respect. Mais ça, ce n’est pas chez nous, de ce que j’ai déjà pu en lire. Rappelons tout de même qu’en 40 ans de carrière, c’est plus de 130 millions de disques écoulés et tout un pan du Rock US bâti pour durer. Alors, « Forever » est peut-être très ‘mainstream’, certes, mais c’est plutôt une bonne nouvelle, car cela officialiserait le fait que les gens écoutent enfin de la vraie musique !

Bref, trêve de bistrot, on pourra aussi se lamenter sur l’absence de Richie Sambora (depuis plus de 10 ans quand même !) et quand on aura dit ça, on constatera que BON JOVI fait toujours du BON JOVI… Un comble ! Cela fait tout de même quelques décennies que le chanteur du New Jersey n’a plus rien à prouver et, malgré une intense chirurgie reconstructive des cordes vocales en 2022, il donne toujours le change et plutôt bien. On n’attend pas que « Forever » vienne renverser la table pour, tout à coup, présenter autre chose que ce qu’il fait déjà très bien. A 62 ans, le réveil serait un peu tardif.

Le sentiment qui domine ici, c’est que le frontman semble réellement rendre hommage à sa belle et longue carrière, puisque les clins d’œil ne manquent pas. Une façon aussi peut-être de retrouver des sensations passées et qui devraient ravir celles et ceux qui ont grandi avec ses premiers albums (et pas en les découvrant 20 ans après !). Et cette petite nostalgie latente n’est pas désagréable et donne même le sourire (« Legendary », «  We made It Look Easy », « Living Proof » et sa talkbox, « The People’s House », « Walls Of Jericho » et le contemplatif « Hollow Man »). Si seulement, il y avait plus de BON JOVI dans ce bas monde…  

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France Heavy metal Old School Speed Metal

ADX : inoxydable et affûté [Interview]

Dans quelques jours maintenant sortira « L’Empire Du Crépuscule », le douzième album d’ADX. Véritable légende du Metal hexagonal, le quintet se réinvente depuis quelques années, tout en préservant un son un brin vintage sur des productions très modernes. Un mix qui fait toujours son effet et qui permet au quintet d’envisager sereinement l’avenir. Entre Speed et Heavy Metal, cette nouvelle réalisation se veut véloce et accrocheuse, preuve que le combo reste une locomotive du registre en France. Batteur et membre fondateur, Didier ‘Dog’ Bouchard nous parle de la conception de « L’Empire Du Crépuscule ».  

– La dernière fois que nous nous sommes parlé, c’était il y a trois ans pour la sortie d’« Etranges Visions ». Tout d’abord, comment l’album avait-il été accueilli par vos fans et comment les concerts qui ont suivi se sont-ils déroulés ?

« Etranges Visions » a eu un accueil excellent. Depuis le temps que les fans attendaient cet album en français, on devait répondre présent et surtout faire un produit qui redonne un nouveau souffle à « Weird Visions ». Concernant le retour lors des concerts, on peut dire que la sauce a redonné du goût à ce projet. Ce n’était pas gagné, mais on l’a fait.

– Pour rappel, « Etranges Visions » est la version française de « Weird Visions », votre seul album en anglais sorti en 1991. Beaucoup l’attendait donc avec impatience. Alors, est-ce que justice a été rendue ? 

« Weird Visions » a toujours été un sujet de polémique. Il faut, il ne faut pas, c’est le moment, ce n’est pas le moment, bref, il y avait quand même une grosse attente des fans, qui n’avaient pas apprécié notre approche de la langue anglaise. La période Covid nous a permis de bosser sur cette nouvelle version et justice est faite.

– Donc si votre précédent album avait quelque chose de spécial, celui-ci est entièrement original. Comment avez-vous abordé sa composition, au niveau de la musique comme des textes, puisqu’ils ne sont pas des adaptations cette fois ?

En ce qui concerne les compos du nouvel album, on a procédé comme d’habitude. J’adore composer et proposer aux autres membres ce qui me passe par la tête, mais attention si c’est de la merde c’est poubelle. Disons que j’amène l’esquisse et les autres mettent les couleurs, c’est identique pour les textes, mais là, le boulot se fait souvent avec Phil (Philippe Grelaud, chant – NDR). Malgré les changements de line-up, nous avons toujours dans ADX des musiciens de talent et à l’écoute de « L’empire Du Crépuscule », on sent que la magie est toujours là.

– Comme toujours, « L’Empire Du Crépuscule » est musclé et toujours aussi moderne dans le son, malgré une touche Old School qui reste votre marque de fabrique. Et à ce sujet, c’est à nouveau Francis Caste qui a mis en forme votre puissance sonore. C’est le cinquième album que vous faites ensemble et on a vraiment le sentiment qu’il ne saurait désormais en être autrement. C’est aussi votre conviction ? Il fait partie de la famille ?

Francis a compris avec nos albums la direction à prendre. Il est facile, intelligent et le mélange entre le Old School et l’actuel donne une couleur très punchy. Il fait partie de la division, c’est un pilote.

Didier ‘Dog’ Bouchard, batteur et fondateur d’ADX

– Ce douzième album est très fluide et véloce. Vos deux guitaristes s’en donnent à coeur-joie et la rythmique bastonne. On a le sentiment qu’ADX est véritablement ancré dans une nouvelle phase avec une évolution qui conserve aussi son ADN. C’est toujours un challenge pour vous de rester actuel, tout en gardant cette saveur 80’s/90’s, ou plus du tout ?

ADX ne veut pas être largué. Il y a tellement de groupe talentueux qu’il faut être fort et toujours dans le coup. Même si nous avons cette griffe des années 80/90, nous essayons d’évoluer et de faire un mélange des saveurs, qui peut donner un bon album sans que l’on s’emmerde. Nous avons notre style, mais il faut également le peaufiner.

– J’aimerais qu’on dise aussi un mot de cette très belle pochette, signée Stan W Decker. Derrière cette ambiance très ‘historique’, on peut aussi y déceler beaucoup de symboles très contemporains. Quel a été le ‘cahier des charges’ et surtout qu’elles étaient vos intentions ?

Pour la cover de l’album, l’échange avec Stan Decker s’est fait simplement. Nous lui envoyons les idées et lui rajoute ses délires. C’est un artiste doté d’une grande simplicité et quel plaisir d’échanger avec lui. Pour « L’Empire Du Crépuscule », nous voulions montrer un pouvoir qui s’accroche, mais qui s’écroule. Il y a sans cesse des mouvements, des révolutions dans l’Histoire de France et malheureusement, nous sommes en plein dedans.

– D’ailleurs, c’est un peu la même chose au niveau des textes. Les titres des morceaux ont un reflet très XVIIIème siècle et ils le sont sous certains aspects. Cependant, si on lit entre les lignes, le contenu est très actuel et on a presque l’impression que vous dépeignez le climat actuel. Ce double-langage a quel objectif ? Rester toujours aussi engagé et revendicatif, tout en racontant des histoires ? 

ADX a toujours eu dans les textes ce coté ‘historico-fantastique’. Nous aimons raconter des choses sur l’Histoire, qui ne sont pas dévoilé à l’école, parce que trop dérangeantes. Et si nos paroles actuelles se rapprochent de ce que l’on vit en ce moment, c’est effectivement questionnant.

– Au-delà du message, « L’Empire Du Crépuscule » est véritablement taillé pour la scène avec des refrains fédérateurs et efficaces. C’est quelque chose de constant chez ADX. C’est une sorte de leitmotiv depuis toutes ces années ? Quelque chose que vous avez toujours dans un coin de la tête ?

Pour nous, les concerts restent un échange avec le public. C’est une fête que nous devons partager ensemble, nous cherchons toujours dans de nos compositions le refrain qui restera en tête. C’est très important, car entendre chanter tes chansons te donne toujours ce frisson qui te dit : voilà ça fonctionne.

– Pour « Etranges Visions », vous étiez toujours autoproduits avec une distribution par Season Of Mist. Cette fois, vous êtes sur un label, Verycords, qui compte aussi de nombreux groupes français à son catalogue. En plus du soulagement que cela doit procurer, j’imagine que c’est ce que vous attendiez pour peut-être aussi franchir un palier dans cet océan de sorties de disques que l’on voit, et subit, aujourd’hui, non ?

Nous avions déjà bossé avec Verycords et certaines personnes à l’époque avaient eu l’idée que nous pouvions rouler tout seul sans l’apport d’une maison de disques. Nous avons fait quelques albums en autoproduction, mais c’est un boulot énorme. Il faut une équipe pour faire tourner tout ça et nous sommes avant tout des musiciens. Tout n’était pas gagné quand nous avons tapé à la porte de Verycords. Franchement, c’est un soulagement, après toutes ces années, de pouvoir enfin se consacrer à faire de la musique et laisser faire les pros.

– Enfin, un petit mot au sujet des concerts à venir et de cette époque des festivals qui arrive aussi. Quel est le programme ? Avec un tel album, vous devez être sacrément motivés et impatients, non ?

Nous sommes très impatients de monter sur les planches pour balancer notre setlist. Des choses se mettent en place. Nous avons Metallian Productions qui s’occupe de nos affaires et une tournée est en préparation, mais pour l’instant ça se met en place. Et nous avons hâte, vraiment hâte…

« L’Empire Du Crépuscule » d’ADX est disponible chez Verycords.

Retrouvez l’interview du groupe à l’occasion de la sortie d’« Etranges Visions » :

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Heavy Stoner Psych Space Rock Stoner Metal

Kayleth : galactique

La bonne santé de la scène Stoner en Italie n’est plus à démontrer et avec une quatrième réalisation compacte et véloce comme « New Babylon », KAYLETH vient confirmer et alimenter cette belle énergie. Psych et Space Rock, les Transalpins naviguent entre Rock et Metal et, sans complexe, ils assènent de nouveaux titres robustes et intenses. Sans détour, le quintet multiplie les univers, joue sur les variations de genre et se montre infaillible.

KAYLETH

« New Babylon »

(Argonauta Records)

Fondé il y a une petite vingtaine d’années à Vérone, KAYLETH a pris le temps de mûrir son Stoner et a procédé étape par étape. Un parcours à l’ancienne qui manque d’ailleurs cruellement aujourd’hui. En effet, après trois démos et un EP, c’est en 2015 que le groupe a sorti « Space Muffin », puis « Colossus » (2018) et « 2020 Back To Earth » il y a quatre ans. L’évolution est manifeste et le style s’affine et s’affirme très nettement sur ce solide « New Babylon », particulièrement massif.   

Dans une atmosphère SF tourmentée, KAYLETH propose une épopée galactique où il parvient à rassembler toutes ses influences, les courants qu’il traverse et surtout pose un style devenu immédiatement identifiable. Très Psych, le Stoner des Italiens emprunte autant au Metal qu’au Rock et l’apport du synthétiser offre une dimension 80’s très Space Rock. Cela dit, le quintet est toujours aussi rugueux et épais, même si le travail sur les mélodies de « New Babylon » est remarquable.

L’aventure spatiale commence avec « The Throne », qui donne la pleine mesure de la suite bien musclée de ce quatrième opus. Efficace et puissant, le combo enchaîne les morceaux avec une vigueur souvent sauvage et même épique (« Giants March »). S’autorisant quelques passages Doom, ce sont surtout les riffs serrés, les solos savamment distillés et la rythmique de plomb que l’on retient sur « New Babylon » (« Megalodon », « We Are Aliens », « Pyramids »). KAYLETH ne réinvente rien, mais fracasse dans les règles !

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Heavy metal International Occult Rock Old School

The Wizards : magie et ésotérisme [Interview]

Ancré dans un esprit 70’s, THE WIZARDS se meut dans un concept et des sonorités occultes dilués dans un son organique soigneusement élaboré. Originaires de Bilbao, les Basques combinent Hard Rock, Heavy Metal et Rock et avec « The Exit Garden », le quatrième album du quintet, on plonge dans un univers à l’imagerie sombre et ténébreuse où les longues plages instrumentales souvent épiques font corps avec un chant captivant. Entretien avec Jorge, aka George Dee, lead-guitariste du combo, dont le registre rappelle les belles heures des fondations du genre.

– Vous avez formé THE WIZARDS il y a un peu plus de dix ans et votre parcours est exemplaire avec ce quatrième album qui vient juste de sortir. Est-ce que c’est ce que vous avez déjà en tête au printemps 2013 quand vous avez publié votre première démo ?

Notre première démo est sortie en janvier ou février 2014 et à l’époque, le groupe s’est formé sans objectif clair en tête. Nous avions tous joué dans d’autres groupes et nous avons commencé ce projet juste pour nous amuser et jouer quelque chose de différent. Nous ne pouvions pas imaginer que THE WIZARDS allait être le tournant Rock’n’Roll de nos vies.

– Avant de parler de « The Exit Garden », j’aimerais qu’on évoque de cette sorte de concept autour de THE WIZARDS. Il règne chez vous une ambiance occulte et une imagerie pleine de mystères. Est-ce que l’objectif est de développer un univers bien spécifique autour de chaque album, ou c’est plus global et cela inclue la démarche complète groupe ?

Le concept derrière le groupe a été clair, dès que nous avons choisi le nom en fait. Il reflète la magie liée à la musique. Nous nous inspirons des connaissances ésotériques, ainsi que des livres, des bandes dessinées, de nos expériences personnelles et bien d’autres choses. Chaque album montre une approche différente et rien n’est vraiment planifié, car les choses se produisent finalement lorsque nous écrivons et composons les chansons.

Photo : Raquel Garcia

– Après votre premier album éponyme en 2015, vous avez enchainé avec « Full Moon In Scorpion » et « Rise Of The Serpent », presque coup sur coup en 2017 et 2018. Que s’est-il passé ? Vous aviez un double-album en tête dès le départ, ou il s’agit juste d’un surplus de créativité ?

En fait, c’est juste quelque chose de normal, car nous avions enregistré « Full Moon in Scorpio » en avril 2016 et il n’est paru qu’en mai 2017. Au début, personne ne voulait le sortir et après quelques mois, nous avons finalement conclu un accord avec Fighter Records. Et puis, il y a eu des critiques et des ventes incroyables, donc nous avons beaucoup joué. Ensuite, en avril 2018, nous avons commencé à enregistrer « Rise of the Serpent ». Finalement, il y a eu une pause de deux ans entre la conception et l’enregistrement des deux disques.

– Puis, il s’est passé six ans entre vos deux derniers albums. C’est long et même s’il y a eu la pandémie, est-ce une période où vous avez aussi plus tourné ?

Malheureusement non, nous n’avons pas pu faire de concert pendant deux ans et demi et ce fut un désastre total pour nous. Mais nous nous en sommes remis en selle et nous sommes revenus il y a deux ans et nous sommes là aujourd’hui : prêts pour l’action et plus forts que jamais.

– A propos de concerts, on entend assez peu parler de la scène Metal espagnole. Est-il facile d’y organiser des tournées et est-ce que votre situation au pays Basque vous offre aussi des opportunités en raison de la proximité avec la France, notamment ?

Il y a une scène intéressante dans notre pays et nous avons joué presque partout. Ce n’est pas difficile pour nous de tourner ici. Et comme nous sommes aussi proches de la France, notre premier concert a eu lieu à Rennes en Bretagne. Nous adorons jouer dans d’autres pays. J’espère que nous pourrons bientôt retourner à Rennes et dans d’autres villes également.

– D’ailleurs, la culture basque est aussi riche en légendes. Est-ce qu’elle vous inspire ?

Pas énormément au niveau des paroles. Je pense que nous sommes peut-être plus davantage liés à cette présence par la seule puissance de son essence-même.

– Il y a trois ans, vous aviez aussi sorti un single, « Sign Of The Wolf (Pentagram) ». C’était une façon de garder le contact avec vos fans, alors que les concerts étaient à l’arrêt ?

Oui, exactement. Nous nous sommes souvenus qu’il y avait cette chanson que nous avions gardée pour une sortie spéciale. Et nous avons pensé que c’était le bon moment. On la jouait d’ailleurs en live depuis longtemps.

– « The Exit Garden » paraît plus sombre que vos albums précédents avec des aspects Doom qui rappellent Skyclad et Trouble. Et puis, vous avez également produit votre album. C’est une manière de gérer entièrement votre musique ou, plus simplement, c’est parce que vous aviez une vision précise et claire du son que vous voulez obtenir ?

Nos deux précédents disques avaient été produits par Dean Rispler et il nous a montré de nombreuses astuces importantes concernant la production. C’était donc le moment idéal pour le faire nous-mêmes. Nous n’avons pas beaucoup réfléchi au son global, mais nous avons beaucoup travaillé sur les arrangements, les structures et le jeu. Je pense que nous avons réalisé ce que nous avions en tête, donc nous sommes vraiment heureux de l’avoir produit nous-mêmes.

– L’une des premières choses qui attire l’attention chez THE WIZARDS est l’énorme travail effectué sur les guitares, entre les riffs, les twin-guitares et les solos. Les morceaux ont structures solides. Vous composez plutôt autour d’un thème de départ, du chant ou des parties de guitares justement ?

Merci, c’est peut-être parce que les principaux auteurs sont Felipe (Phil The Pain – NDR) et moi, les deux guitaristes du groupe. Nous aimons écrire les chansons ensemble, et c’est génial, car nous nous complétons vraiment. Habituellement, nous travaillons sur quelques riffs qui deviennent la structure principale, puis nous ajoutons les paroles et d’autres arrangements. Mais la majeure partie du travail est accomplie lorsque nous répétons tous les cinq ensembles. Cela a d’ailleurs toujours été notre façon de faire depuis le début.

– D’ailleurs, comment se partagent les parties de guitares entre le lead et la rythmique ? Et est-ce que le fait d’avoir le même line-up depuis vos débuts est important pour l’harmonie du groupe et l’équilibre de vos morceaux ?

C’est assez simple, je joue le lead et Felipe joue la rythmique en concert. En studio, nous enregistrons tous les deux les parties rythmiques, et ensuite je fais les solos. C’est vrai que nous sommes ensemble depuis 2013 et c’est véritablement la clé du son serré que nous aimons offrir. Ecrire, répéter et jouer en live avec les mêmes personnes pendant dix ans est quelque chose qui crée une réelle connexion et une belle synchronicité au niveau des guitares dans les morceaux.

– Enfin, THE WIZARDS aurait très bien pu exister et évoluer dans les années 70/80. Comment vous êtes-vous plongé dans ce courant du Heavy Metal, qui rappelle ses belles heures ?

Nous aimons les groupes classiques tels que Judas Priest et Blue Öyster Cult, c’est vrai. Les albums que ces groupes ont réalisés dans les années 70/80 sont de grande classe. Mais nous essayons surtout simplement de créer quelque chose de personnel en s’inspirant de tous ces grands maîtres. Et puis, rien ne nous intéresse plus qu’un ampli Marshall et une guitare Gibson : c’est du Rock’n’Roll et c’est donc toujours très organique.

Le nouvel album de THE WIZARDS, « The Exit Garden », est disponible chez High Roller Records.