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Glam Rock Rock 70's

Gyasi : une sauvage intensité

Il est exubérant, flamboyant et il respire l’âge d’or du Rock’n’Roll à pleins poumons malgré sa jeunesse. Totalement débridé, le songwriter aura attendu seulement un EP et deux albums avant de réaliser son premier live. C’est dire la témérité et l’exaltation de GYASI, homme de spectacle et musicien accompli. Avec « Rock n’Roll Sword Fight », il expose une identité musicale hors-norme et explose les codes établis.

GYASI

« Rock n’Roll Sword Fight »

(Alive Naturalsound Records)

Il y a deux ans, j’avais eu le plaisir de poser quelques questions au très électrique GYASI à l’occasion de la sortie de son deuxième album, « Pronounced Jay-See ». Dorénavant basé à Nashville, le natif de Virginie Occidentale poursuit son périple et ce n’est pas très surprenant de le voir surgir avec « Rock n’Roll Sword Fight », un live qui se trouve être le parfait reflet de l’intense énergie qu’il déploie et surtout du son qui émane de son travail en studio. Une sorte de prolongement, en somme. 

C’est donc dans son élément de prédilection, la scène, que l’Américain a capté les émotions et l’intensité de son jeu. GYASI nous fait le plaisir de se livrer sur près d’une heure d’un Rock’n’Roll fougueux, où il ne prend d’ailleurs guère le temps de lever le pied. Dans une atmosphère très 70’s et porté par un public restreint mais tout acquis, le guitariste et chanteur fait le show… et il le fait même très bien ! La tempête décibélique fait son œuvre et devient même addictive.

Théâtral et incandescent, GYASI incarne littéralement le renouveau du Glam Rock perçu sur « Pronounced Jay-See », et apporte beaucoup de fraîcheur à un registre où l’on se délecte des références à Led Zeppelin, T-Rex et aux Stooges avec un soupçon de Bowie et de Slade. Il se les est accaparé et, très bien soutenu part un groupe efficace, il laisse parler un univers très personnel. A noter en fin d’album les versions survoltées du medley « All Messed Up » et le génial « Sugar Mama ». Un vent de liberté !

Retrouvez l’interview de l’artiste :

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Hard'n Heavy

Sebastian Bach : really back !

C’est en s’isolant tous les quatre dans la même maison en Floride et en bénéficiant à l’envie du studio de leur producteur que SEBASTIAN BACH et ses musiciens ont élaboré ce très bon « Child Within The Man ». Une très bonne idée pour un résultat vraiment à la hauteur. Frais, dynamique et solide, ce nouvel opus du légendaire frontman est exactement ce qu’on attendait de lui depuis des années. Enthousiasmant, vif et plein d’émotion, il se surpasse et s’épanouit vraiment.

SEBASTIAN BACH

« Child Within The Man »

(Reigning Phoenix Music)

Après le récent départ du Suédois Erik Grönwall de Skid Row, on aurait pu penser que les planètes étaient enfin alignées pour que SEBASTIAN BACH retrouve ‘son’ groupe. C’est finalement la chanteuse Lzzy Hale de Halestorm qui prend pour le moment le relais. Mais à l’écoute de « Child Within The Man », c’est franchement une joie de constater que le chanteur est au meilleur de sa forme et qu’en solo, il surclasse sans peine ses anciens camarades de jeu sur ce superbe album. Aucun regret, donc, bien au contraire.

C’est vrai qu’il aura fallu attendre dix ans depuis « Give ‘Em Hell » pour qu’il nous livre de nouvelles compos. Espérons aussi qu’il tourne enfin la page, même s’il est le principal artisan du succès de son ancienne formation, devenue un cover-band. Aujourd’hui, SEBASTIAN BACH offre un opus Hard’n Heavy moderne et addictif que la production de Michael ‘Elvis’ Baskette (Alter Bridge, Mammoth WVH) rend brillant à plus d’un titre. La puissance vocale et le plaisir sont intacts sur ce très bon « Child Within The Man ».

Superbement accompagné par Devin Bronson (guitare), Todd Kerns (basse) et Jeremy Colson (batterie), SEBASTIAN BACH est aussi inspiré qu’irréprochable au chant. Le combo enchaîne les morceaux avec une fluidité incroyable. Et il accueille aussi quelques amis qui dynamisent l’ensemble : John 5 (« Freedom »), Steve Stevens (« F.U. »), Orianthi (« Future Of Youth ») et Myles Kennedy qui a co-écrit « What Do I Do To Lose ». Entre chansons musclées et power ballades, la prestation est robuste et plus que conforme aux attentes. Un retour en force !

Photo : Jim Louvau
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Blues Rock Contemporary Blues Hard Blues Southern Blues

Troy Redfern : inner fire

Délicieusement rugueux et joliment âpre, le jeu de TROY REDFERN s’aventure avec une facilité déconcertante dans les moindres recoins du Rock sur un Blues éternel et enflammé. Il y a quelque chose d’hypnotisant chez le guitariste, qui est à même de s’engouffrer dans des ambiances presque voodoo, puis retrouver un Hard Blues très roots toujours précis et instinctif. « Invocation » reflète tous les éléments qu’il détient dans sa vaste créativité.

TROY REDFERN

« Invocation »

(RED7 Records)

L’explosif et très prolifique TROY REDFERN est toujours aussi incandescent et c’est peu de le dire ! Troisième album en trois ans pour le maître de la slide anglaise et « Invocation » s’inscrit non seulement dans les pas de « The Fire Cosmic ! » et  (2021) et « Wings Of Salvation » (2022), mais il confirme aussi que le spectre musical du musicien va bien au-delà des frontières du Blues Rock. Son style se précise encore un peu plus et il dévoile ici des sonorités qui nous ramènent à la scène californienne des années 90.

Beaucoup de gourmandise donc au menu de ce huitième opus qui sent la poudre. Comme à son habitude, TROY REDFERN a conçu et livré l’intégralité en six petites semaines après s’être isolé au Pays de Galles pour poser les fondations de ces nouveaux titres. Et le résultat, toujours aussi organique et direct, dévoile une performance où la diversité rivalise avec la virtuosité du Britannique. Ayant fait appel à la même équipe de production, il laisse échapper « Invocation » avec beaucoup de liberté dans l’interprétation.

Sur un rythme effréné, TROY REDFERN nous balade du Sud des Etats-Unis à L.A. en passant par son île natale avec une fougue et un grain de folie que l’on n’a plus entendu depuis quelques années… Et là encore, il faut chercher du côté du Texas. Rock, Glam, Hard Rock et bien sûr Blues rocailleux, le guitariste va où bon lui semble, guidé par une énergie sans limite et aucun territoire ne lui résiste (« Van Helsing », « Getaway », « The Native », « The Strange »). « Invocation » s’approprie le Rock’n’Roll avec une classe débridée.

Photo : Jason Bridges

Retrouvez les chroniques des deux derniers albums :

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Hard Rock Rock Hard

Peter Wilson : une leçon de résilience

« Freedom’s Door » résonne presque comme une délivrance, un cri du cœur, et de colère aussi, lancé par STEVE WILSON qui a traversé de multiples épreuves lors de la création de son aventure en solo. D’origine jamaïcaine par son père, il n’est pas resté insensible à la montée de l’extrême droite chez l’Oncle Sam entre autres, et est parvenu à canaliser cette rage sur des morceaux dynamiques et puissants, en livrant ses sentiments sans détour sur des mélodies accrocheuses. Beau boulot !

PETER WILSON

« Freedom’s Door »

(Dr. Music Records)

Pour son premier album solo, le chanteur de Four Trips Ahead sera passé par toutes les émotions, les plus belles comme les pires. Composé durant la difficile période de pandémie et alors que les Etats-Unis connaissaient de grosses tensions sociales et politiques, il a également subi la perte de ses deux parents avant de devenir père lui-même presqu’au même moment. Et cet ascenseur émotionnel se ressent sur les 12 titres de « Freedom’s Door », auxquels PETER WILSON offre une performance vocale exceptionnelle.

Nul doute que l’ensemble de ces évènements est directement lié à l’intensité qui règne sur cette nouvelle réalisation. Par ailleurs, le frontman et songwriter s’est entouré de musiciens hors-pair pour faire briller ses morceaux, et PETER WILSON a également fait appel à une équipe cinq étoiles pour les réaliser. Derrière la console, on retrouve Roger Lian (Pantera, Slayer, Rush), au mix Nick Cipriano (Twisted Sister, Dream Theater) et enfin Nik Chinboukas (Trans Siberian Orchestra) à la production. Autant dire que ça sonne !

Musicalement, le New-Yorkais présente son registre comme du Hard Rock moderne, et ce n’est faux en soi. Seulement, et même si l’énergie et l’explosivité des chansons parlent pour lui, « Freedom’s Door » est plus Rock que Hard, ce qui n’enlève absolument rien à la qualité du disque. Au niveau du chant, PETER WILSON n’est pas sans rappeler Corey Glover de Living Coloür et Ayron Jones dans le ton et le timbre, avec un soupçon de Paul Rodgers pour la fougue. Ce premier effort de l’Américain s’écoute sur la longueur et avec plaisir !

Photo : Maria Vullo
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Soul Southern Blues

Marcus King : over the spleen

Les fans de la première heure de la pourtant très courte carrière du guitariste-chanteur risquent de peiner à reconnaître le fougueux six-cordiste qu’il était sur ses premières réalisations. « Mood Swings » s’inscrit plus dans la lignée d’un Marvin Gaye que de l’Allman Brothers Band… Très Soul, moins Rock, très produit, moins sauvage, ce troisième effort (c’est le cas de le dire !) fait un pas de côté par rapport à son registre, ce qui n’enlève cependant rien à l’immense talent de MARCUS KING.

MARCUS KING

« Mood Swings »

(American Recordings/Republic/Universal)

Loin de l’esprit jam très Southern auquel le natif de Caroline du Sud nous a habitué avec son groupe, puis en solo, MARCUS KING livre cette fois un album très personnel et intimiste. A travers « Mood Swings », il dresse un état des lieux très sombre de ce qui paraît être les tourments et les travers par lesquels il est récemment passé. Et c’est vrai qu’à la première écoute, le musicien, habituellement si lumineux, montre une grande tristesse que sa propre musique accroît encore un peu plus… ou sublime, c’est selon. Mais n’est-ce pas là le signe des grands albums finalement, et donc ce qu’on en attend ?

Loin de la production brute et enjouée de Dan Auerbach sur « Young Blood », MARCUS KING a confié les clefs de la boutique au non-moins mythique Rick Rubin avec qui il s’est enfermé aux fameux Shangri-La Studios de Malibu. Changement de décor et aussi de ton, puisque « Mood Swings » est résolument Soul, moins Rock mais toujours bluesy avec un zest de l’âme sudiste du musicien. L’ensemble se veut plus feutré, plus poli aussi et les arrangements de cordes très présents, comme l’orgue, confirment cette ambiance moite propice à une certaine introspection.

Cependant, l’humeur de ce nouvel opus n’est pas si maussade que ça. La voix d’ange de MARCUS KING est plus envoûtante que jamais, et même s’ils sont beaucoup moins présents, les solos de guitare ne manquent ni de feeling, ni de virtuosité. Ils sont juste plus millimétrés et jamais à côté du propos. La marque des grands. La lumière passe donc sur ce « Mood Swings » aux humeurs changeantes, c’est vrai, et laisse apparaître des morceaux de toute beauté (« F*ck My Life Up », Soul It Screams », « Cadillac », « Hero », « Deliah », « Me Or Tennessee » et le morceau-titre). En espérant que la douleur passe…

Photo : JM Collective

Retrouvez la chronique de son précédent album :

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Blues Rock Contemporary Blues

Fred Chapellier : au naturel

Incontournable sur la scène Blues hexagonale, FRED CHAPELLIER revient dans un format qu’il affectionne tout particulièrement : le live. Envoûtant et instinctif, ce double-album fait la part belle à son dernier opus studio, enrobé de quelques covers. Grâce à un chant irrésistible et des cuivres en osmose, « Live In Paris » irradie de plaisir et magnifie le Blues du Messin. Une superbe plongée dans un lieu au diapason de l’artiste.

FRED CHAPELLIER

« Live In Paris »

(Dixiefrog)

Après le splendide « Straight To The Point » sorti il y a deux ans, FRED CHAPELLIER a repris le chemin des concerts en faisant un beau détour par le ‘Jazz Club Etoile’ de Paris. L’idée a été d’immortaliser la soirée, en prenant soin de ne mettre aucun de ses musiciens dans la confidence, histoire de capter toute la spontanéité et le naturel qui émanent de son Blues à la fois contemporain et intemporel. Et ce « Live In Paris », qui se déploie sur deux CD, retranscrit parfaitement la chaleur du moment et transmet le bel échange avec une salle, qui n’en perd pas une miette.

Et c’est donc son dernier album studio que le guitariste et chanteur a mis en avant, toujours entouré des mêmes musiciens, auxquels il faut ajouter une magnifique session cuivre, qui offre un lustre lumineux à l’ensemble. Michel Gaucher (saxophone), Eric Mula (trompette) et Pierre d’Angelo (saxophone) apportent un souffle Soul et Rythm’n Blues aux morceaux avec beaucoup de feeling, alternant les morceaux calmes et d’autres plus exaltés avec une fluidité incroyable. FRED CHAPELLIER et ses sept compagnons de scène libèrent une énergie enveloppante.

Fidèle à lui-même, le bluesman se fait plaisir à reprendre Roy Buchanan et Peter Green à qui il a d’ailleurs consacré deux albums (« A Tribute to Roy Buchanan » et « Fred Chapellier Plays Peter Green »). En totale liberté, le groupe enchaîne les titres, fait chanter son public et se livre aussi à quelques impros savoureuses, comme pour mieux faire durer le plaisir. FRED CHAPELLIER rayonne et offre de superbes solos, qui se fondent dans un répertoire taillé sur mesure auquel ce « Live In Paris » rend toute l’authenticité. On se retrouve totalement immergé au sein du club parisien pour un moment de grâce total.

Photo : Philip Ducap

Retrouvez la chronique de « Straight To The Point » :

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Alternative Metal Alternative Rock

Scott Stapp : combatif

Frontman iconique de Creed, puis d’Art Of Anarchy deux petites années, SCOTT STAPP mène également une carrière sous son nom depuis 2005 et cinq ans après « The Space Between The Shadows », son dernier fait d’armes, il signe « Higher Power » au moment-même où toutes les planètes sont alignées. Le Floridien démontre qu’il demeure un chanteur hors-norme, déterminé et toujours capable de livrer des lignes vocales imparables. Percutant, il combat ses tourments dans un disque très personnel et toujours fédérateur.

SCOTT STAPP

« Higher Power »

(Napalm Records)

Alors que Creed va enchaîner les concerts avec 3 Doors Down, Daughtry et quelques autres, puis avec Mammoth WVH en remplacement de ce dernier, son leader revient avec un nouvel album solo, son quatrième, comme pour mieux sonner la charge. Et ce cumul de bonnes nouvelles nous replonge à l’aube des années 2000, où l’Alternative Metal/Rock submergeait les Etats-Unis et un tout petit peu l’Europe aux côtés des inévitables Nickelback. Et l’autre bonne nouvelle est que SCOTT STAPP est en pleine forme.

Toujours marqué par les séquelles de son accident à Miami en 2006, le chanteur semble avoir mené à terme son combat contre la dépression et la dépendance. D’ailleurs, « Higher Power » vient clore en quelque sorte ce chapitre, même si les textes sont, pour l’essentiel, assez sombres et ténébreux. Mais SCOTT STAPP affiche beaucoup de détermination et celle-ci se traduit par une performance vocale puissante et toujours très mélodique. Certes, le virtuose Mark Tremonti n’est pas de la partie, mais d’autres ressources sont à l’œuvre.

Entouré d’une belle équipe de production, dont il fait partie, l’Américain surfe sur une sorte de Hard Rock moderne et accrocheur, pêchu et assez mid-tempo aussi sur la seconde partie de « Higher Power ». La présence du guitariste grec Yiannis Papadopoulos sur trois titres et le duo avec Dorothy Martin (« If These Walls Could Talk »), ainsi que la collaboration de Steve McEwan, faiseur de hits, à l’écriture donnent un souffle de fraîcheur à cette réalisation solo d’un SCOTT STAPP revigoré, entreprenant et qui se bonifie avec l’âge.

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Hard'n Heavy

Bruce Dickinson : escapade en solitaire

Dans ses interviews comme dans son écriture, BRUCE DICKINSON a toujours eu une forte tendance à intellectualiser les choses et la musique notamment, et c’est en soi très honorable au regard de beaucoup d’autres. A ceci près qu’il en oublie ce brin de folie propre au Metal (au sens large) et c’est précisément ce qui manque cruellement à « The Mandrake Project », où ce côté trop ‘mature’ ne dégage aucune envie, ni éclat au point même de s’époumoner sur certains titres. On plonge dans un style convenu, ancré dans une zone en tous points très confortable.

BRUCE DICKINSON

« The Mandrake Project »

(BMG)

Quel site indigne serait Rock’n Force si l’album de l’intouchable BRUCE DICKINSON n’y était pas chroniqué ! Car, en parcourant quelques écrits de confrères, il apparaît que « The Mandrake Project » est déjà en lice pour figurer parmi les meilleures productions de l’année. Rien que ça ! On ne doit pas avoir le même degré d’exigence. Alors après tout, et comme il m’est souvent reproché de parler uniquement en bien des groupes, je me suis (vraiment)  longuement penché sur cette septième merveille du chanteur anglais, qui pointe le bout de son nez 19 ans après la précédente. Presqu’une génération !

En effet, il faut remonter à « Tyranny Of Souls » pour retrouver trace du dernier effort en solo du frontman d’Iron Maiden. On ne va pas se mentir, j’ai au moins un point commun avec BRUCE DICKINSON : je suis délicatement ‘Old School’ et subtilement ‘vintage’, moi aussi. Ainsi, lorsque le streaming de « The Mandrake Project » est arrivé, le fait de l’écouter sur une page Internet n’a pas aidé. Ensuite, les fichiers numériques n’y ont rien changé. Mais lorsque le CD est arrivé, la lumière est revenue. Il manquait le son pour constater et percevoir la qualité de la production… qui est bonne.

Photo : John McMurtrie

Et avec du matériel adéquat, les choses s’éclaircissent et mettent en évidence les nouvelles, enfin presque, compositions du Britannique associé à son ami de longue date Roy Z (Roy Ramirez) à la guitare et à la production justement. L’entame est très plaisante et solide (« Afterglow Of Ragnarök », « Resurrection Man », « Mistress Of Mercy »). BRUCE DICKINSON en profite aussi pour récupérer « Eternity Has Failed », paru en 2015 sur « The Book Of Souls » de Maiden sous le titre « If Eternity Should Fail », qu’il a réarrangé et dont il a modifié quelques paroles. Et Gus G. y livre d’ailleurs un beau solo.

Alors, bien sûr, les titres sont bien goupillés, très bien interprétés et « The Mandrake Project » tient évidemment la route. On est assez loin, sans l’être de trop non plus, de ce qu’il a l’habitude de faire avec la Vierge de Fer, mais on reconnaît la touche personnelle de BRUCE DICKINSON dans cette écriture très narrative (« Shadows Of The Gods », « Sonata (Immortal Beloved) ». Pour autant, si le registre entre Hard et Heavy est comme toujours très maîtrisé, il y manque cette étincelle qui ferait décoller un peu l’ensemble pour le rendre plus pertinent surtout, et mémorable aussi.

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Blues Blues Rock

Philip Sayce : la puissance de l’élégance

Né au pays de Galles, c’est au Canada, puis aux Etats-Unis, que PHILIP SAYCE a passé le plus clair de sa vie et surtout qu’il s’est construit artistiquement en tant que musicien et chanteur. Accompagné par le gratin de la scène californienne devant comme derrière la console, il livre « The Wolves Are Coming », un nouvel opus qui surfe sur une dynamique Blues Rock explosive, souvent saturée et terriblement accrocheuse. Et la finesse du panel de son jeu balaie l’horizon avec un feeling solaire.

PHILIP SAYCE

« The Wolves Are Coming »

(Atomic Gemini/Forty Below Records)

Le parcours de PHILIP SAYCE a quelque chose qui teint du conte de fée, ce qui ne signifie d’ailleurs pas que le Gallois n’ait pas eu à travailler dur, mais il faut avouer que les planètes se sont particulièrement bien alignées. Ayant grandi à Toronto, il a été initié au Blues par ses parents. Adolescent, il brille déjà et le grand Jeff Healey le prend sous son aile, le fait participer à ses enregistrements et à ses tournées. Au début des années 2000, c’est à Los Angeles qu’il pose ses valises, rencontre Melissa Etheridge et joue sur ses disques. Puis, c’est en 2005 qu’il se lance en solo et sort « Peace Machine » et les fans commencent alors à le suivre et à écouter ce Blues si vivant.

Presque 20 ans plus tard, PHILIP SAYCE revient avec un septième album studio, auquel il faut ajouter un EP et un live, et il faut reconnaître que « The Wolves Are Coming » est sa réalisation la plus aboutie à ce jour. Songwriter inspiré et aguerri, le guitariste et chanteur montre une incroyable fraîcheur, qui est due à une technique, un feeling et une énergie présents sur chaque morceau. Entouré d’un groupe de musiciens chevronnés et reconnus, la production est somptueuse, aussi naturelle en apparence que travaillée dans le moindre détail. Quant au Canadien d’adoption, il s’occupe des guitares, du chant, de la basse et du piano.

Pourtant composé en pleine pandémie, « The Wolves Are Coming » révèle l’ambiance ludique et très libre qu’a précisément ressenti PHILIP SAYCE en studio à ce moment-là.  Très bruts dans le son, certains titres font l’effet d’un ouragan (« Oh ! That Bitches Brew », « Backstabber »), d’autres sont presqu’apaisants (« It’s Over Now ») et il sait aussi se faire rayonnant (« Lady Love Divine », « Black Moon »). A noter également la délicate reprise de John Lee Hooker, « This Is Hip », et « Blackbirds Fly Alone », qui aurait eu sa place sur le « Mama Said » de Lenny Kravitz. Le Bluesman excelle autant dans la douceur que dans une exaltation frénétique. Génial !

Photo : Matt Barnes
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Blues Blues Rock Contemporary Blues

Walter Trout : incomparable

« Broken » est déjà la 31ème réalisation du grand bluesman WALTER TROUT, et pourtant il donne toujours cette impression d’émerveillement dans son jeu, tout comme dans le chant à travers lequel il se livre littéralement. Au-delà du simple Blues Rock qu’il pourrait se contenter d’interpréter et de composer avec la facilité qu’on lui connait, il se frotte ici au Boogie, au Country Blues, à des morceaux clairement Rock et d’autres toujours aussi poignants. Et puis, la participation de quelques guests triés sur le volet apporte une lumière réjouissante.

WALTER TROUT

« Broken »

(Provogue/Mascot)

Le parcours de WALTER TROUT parle de lui-même et ne peut qu’imposer, sans discussion aucune, le respect. Avec plus de trente albums à son actif, des collaborations avec tout ce que compte comme talents le monde du Blues et du Rock et une longue lutte contre ses démons personnels avec lesquels il a longtemps pactisé, l’Américain a gagné depuis bien longtemps sa place sur le mont Rushmore de la guitare Blues. Avec « Broken », il vient se frotter comme toujours aux émotions les plus authentiques. Et on ne peut que constater, et avec le sourire, qu’il n’y absolument rien de cassé dans son jeu. Le maître se tient debout.

Toujours produit par son ami de longue date Eric Corne, ce nouvel album va piocher dans les nombreux recours du style, passant par du Blues Rock tonique et exalté, à des titres plus Country Blues (« Turn And Walk Away ») ou du Boogie pour celui qui a côtoyé de très près John Lee Hooker (« Bleed »). WALTER TROUT fait étalage d’un savoir-faire, d’une virtuosité et d’un feeling qu’il est l’un des rares à posséder aujourd’hui. A 72 ans, on aurait presque pu envisager qu’il se repose un temps sur des lauriers acquis de longue date, mais c’est tout le contraire. Musclé ou bouleversant (« Love Is My Life »), il sait décidemment tout faire.

Au chant aussi, WALTER TROUT se fait plaisir comme sur « Breathe », écrit pendant le confinement par Richard ‘Bear’ Gerstein et ce n’est pas la seule surprise. L’album s’ouvre sur le morceau-titre, un splendide duo avec la grande Beth Hart, où ils arpentent ensemble des chemins vocaux rocailleux et savoureux. La présence du légendaire harmoniciste Will Wilde illumine également « Bleed », mais c’est celle de Dee Snider, leader de Twisted Sister, qui fait de véritables étincelles sur « I’ve Had Enough ». On ne l’attendait pas à ce niveau-là et le duo est explosif. Enfin, « Courage Is The Dark », « Heaven Or Hell », « Talkin’ To Myself », « Turn Away And Walk » ou « Falls Apart » régalent aussi.

Photo : Leland Hayward

Retrouvez la chronique de son album précédent, « Ride » :