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Sweet Savage : legends never die [Interview]

Vif, puissant et mélodique, le power trio de Belfast fait un retour fracassant avec « Bang », son quatrième album depuis… 1979 ! Malgré une histoire compliquée, le groupe a marqué de son empreinte l’Histoire du Heavy Metal et son appartenance à la fameuse et mythique NWOBHM n’a donc rien d’anodin. Avec ce nouvel opus, c’est une formation littéralement revigorée et plus combative que jamais qui vient remettre quelques pendules à l’heure. Dans un style qui n’a pas pris une ride et qui au contraire se tourne vers un avenir qui s’annonce plus que prometteur, SWEET SAVAGE peut toujours compter sur son frontman originel, dont la voix n’a pas bougié d’un iota. Entretien avec Ray Haller, un chanteur et bassiste passionné, qui regarde le passé avec sérénité et le futur avec appétit.

– Sans revenir sur l’histoire très, très mouvementée du groupe à travers 46 ans d’une  carrière hachée, si vous deviez décrire cette sorte de ‘légende’ que représente aujourd’hui SWEET SAVAGE, que retiendriez-vous de ce parcours unique ?

Je pense que SWEET SAVAGE a conservé ce statut au fil des ans pour de nombreuses raisons. La principale est que nous avons persévéré. Même si nous n’avons pas beaucoup joué, nous avons toujours été présents. Je crois que les gens nous connaissent et se souviennent de nous simplement parce que nous n’avons jamais arrêté. Nous avons composé des chansons solides, mais surtout, nous avons accueilli des musiciens incroyables, notamment Vivian Campbell et Simon McBride, qui ont tous deux accompli de grandes choses. Ce dont je me souviens vraiment de toute cette aventure avec SWEET SAVAGE, ce sont les rencontres que j’ai faites : des fans de Heavy Metal du monde entier, dont certains sont devenus de grands amis. J’ai aussi rencontré des musiciens fantastiques, dont certains sont mes idoles musicales.

– Vous faites un retour fracassant avec « Bang » et à tes côtés, Ray, on retrouve le solide Marty McCloskey à la batterie depuis « Regeneration » (2011) et le fougueux guitariste Phil Edgar. Au regard de votre discographie, j’ai le sentiment que SWEET SAVAGE n’a jamais été aussi uni et inspiré. Est-ce qu’une nouvelle ère débute véritablement pour vous ?

L’album « Bang » marque un nouveau départ, c’est vrai. C’est un son frais, génial et moderne. La production est incroyable et je suis convaincu qu’il marque un nouveau chapitre pour le groupe. Il poursuit ce que nous avons commencé avec « Regeneration » dans la bonne direction. C’est fantastique d’avoir Marty à la batterie dans SWEET SAVAGE, cela témoigne vraiment de sa loyauté au sein du groupe. Marty est avec nous depuis l’album « Regeneration ». Phil est également avec nous depuis à peu près la même époque. Nous sommes tous impliqués dans d’autres projets musicaux, mais dès que nous nous appelons, nous répondons présent. C’est formidable d’avoir ce noyau dur. Nous avons deux talents fantastiques au sein du groupe. Au fil des ans, nous avons eu la chance d’avoir Vivian Campbell, l’un des meilleurs guitaristes de Rock au monde, et Simon McBride, qui est sans doute le plus grand guitariste de Rock aujourd’hui. Nous avons toujours eu une chance incroyable de pouvoir compter sur la qualité des musiciens qui ont fait partie de SWEET SAVAGE. « Bang » ouvre clairement la porte à un public bien plus large qu’auparavant. Il y a tellement de morceaux qui plaisent au-delà des seuls fans de Metal. La diversité des chansons est incroyable. C’est un album de Hard Rock traditionnel avec un son très moderne.

– L’une des choses qui ressort de « Bang » est sa très belle production. Elle donne même l’impression qu’un voile a été levé sur la musique du groupe. Dans quelles conditions et avec quel entourage avez-vous enregistré cet album, qui est de loin le plus explosif jusqu’à aujourd’hui ?

Je suis ravi que la production de cet album te plaise, je la trouve incroyable aussi. L’album a été coproduit par Simon McBride et moi-même. Nous avons tout enregistré dans le studio personnel de Simon, ce qui nous a laissé tout le temps nécessaire pour expérimenter. Beaucoup pensent que nous avons utilisé des claviers, mais c’est en fait le travail de guitare de Simon, qui a utilisé une large gamme de pédales d’effets et a poussé la guitare vers de nouveaux sommets. Je pense que tu as raison, un voile a été levé. Nous n’avions aucune contrainte et nous avons décidé de faire l’album que nous voulions et à notre rythme. Nous avons pris les riffs Hard Rock qui sont au cœur de notre son, y avons ajouté des touches nouvelles et modernes et nous avons fini par créer « Bang ». Simon et moi sommes extrêmement fiers de ce que nous avons produit. L’absence d’influence extérieure nous a permis de créer un album qui nous ressemble. « Bang » est un album très explosif, et nous aimons à penser que le titre signifie que SWEET SAVAGE est bel et bien de retour en force.

– Ce qui surprend aussi chez SWEET SAVAGE, c’est que malgré des sorties d’album très espacées, aucune réalisation ne se ressemble et pourtant une forte personnalité s’en dégage. Comment entretient-on une telle identité à travers le temps et si peu de productions finalement ?

C’est une excellente question et je suis ravi que tu la soulèves. C’est formidable que tu l’aies remarqué, vraiment. SWEET SAVAGE a un son unique. Bien que nos albums aient été espacés au fil du temps, nous pensons que cela témoigne d’une progression naturelle et cela souligne aussi la capacité d’évolution du groupe. Nous avons un son fondamental qui reste cohérent. Ma voix n’a jamais changé, elle a toujours conservé ce même style brut et audacieux. Notre conviction est que nous composons toujours des riffs de Hard Rock et de Heavy Metal, et nos chansons sont toujours axées sur la guitare. Nous sommes, au fond, un groupe de guitare. Même si les albums sont étalés sur une longue période, les fondations de SWEET SAVAGE restent les mêmes. Nous sommes toujours le groupe que nous étions il y a 40 ans.

– Sur « Bang », on retrouve donc Simon McBride de Deep Purple et ancien membre du groupe, qui livre plusieurs parties de guitares. A Priori, ses sessions ont été enregistrées avant qui ne se lance en solo. On a presque l’impression que SWEET SAVAGE est une sorte de famille, en tous cas à Belfast. C’est le cas ?

Simon est un membre de longue date du groupe et a participé à chacun de nos albums. Il reste l’un de nos amis les plus proches et il nous aide dès qu’il le peut. Il joue de toutes les guitares sur l’album « Bang ». Tous les solos et les parties de guitare sont de lui. Simon et moi avons écrit toutes les chansons ensemble. Il est impliqué depuis le tout début et il a joué un rôle clef tout au long du processus. Le groupe est comme une grande famille. L’Irlande du Nord est un petit pays et il est difficile de trouver de très bons musiciens de Heavy Metal et de Hard Rock. On se connaît tous ici, avec seulement 1,9 million d’habitants, c’est une scène très soudée. Comme tu peux l’imaginer, trouver les bonnes personnes à proximité a toujours été un défi. Au fil des ans, d’autres membres ont évolué vers d’autres projets, mais pour l’essentiel, nous sommes tous restés amis jusqu’à aujourd’hui. Le projet SWEET SAVAGE a toujours été très familial et c’est en grande partie, parce que l’Irlande du Nord est une petite communauté.

– L’album est toujours très Heavy Metal bien sûr et les textes ne manquent ni de pertinence, ni de verve. Est-ce que, finalement, les thématiques restent les mêmes à travers les époques et aussi lorsqu’on évolue dans un registre comme le vôtre ?

C’est un album très Heavy Metal, comme tu le dis, et nous avons essayé de rendre les paroles aussi convaincantes et entraînantes que possible. Sur les premiers albums, comme beaucoup de nos pairs, nous parlions de démons et de dragons, de châteaux, du feu, etc… Mais aujourd’hui, sur « Bang » et 40 ans plus tard, les thèmes sont beaucoup plus modernes. Nous écrivons sur la vraie vie, le quotidien. L’une des chansons de l’album s’intitule « Bad F Robot ». Elle parle essentiellement de l’IA, et plus précisément de la peur des musiciens, des acteurs, des journalistes et d’autres acteurs des industries créatives de voir l’IA prendre le dessus et rendre ces carrières et ces débouchés créatifs obsolètes. « Bang », le morceau éponyme, est en fait une chanson sur la vie. Elle invite l’auditeur à garder les yeux grands ouverts, à regarder par-dessus son épaule, car on ne sait jamais ce qui nous attend. On ne sait pas si on va perdre son travail, sa maison. L’album parle d’incertitude et de vigilance dans un monde en constante évolution. Les paroles sont bien plus pertinentes aujourd’hui, c’est vrai. Je ne prétends pas être poète, ni être le Bono nord-irlandais, mais je pense que les textes parlent à tout le monde. Si vous les lisez, vous vous reconnaîtrez probablement dans l’histoire, car elle parle de notre quotidien. On se lève le matin, on va au travail, on rentre à la maison, on coupe la pelouse et on va au supermarché : toutes ces choses banales que nous faisons tous. Alors, si vous écoutez bien les paroles, vous pourrez vous imprégner des chansons et donner votre propre sens à chaque morceau, en fonction de son application à votre vie.

– Peut-être malgré vous d’ailleurs, SWEET SAVAGE a toujours eu un côté underground sans doute du à l’instabilité du line-up. Est-ce que c’est tout de même un aspect que vous cultivez de votre approche musicale ?

Oui, nous sommes restés underground, non pas volontairement, mais surtout par manque de financement et, par le passé, par l’absence de soutien d’une grande maison de disques. Nous avons eu du mal à percer hors d’Irlande et du Royaume-Uni, surtout à nos débuts. Nous nous sommes toujours sentis géographiquement désavantagés. Du coup, nous sommes restés quelque peu underground. Je pense que ce statut est dû au fait que ceux qui ont entendu le groupe l’ont trouvé vraiment bon, ont aimé sa musique et ont reconnu son talent. Il suffit de regarder les musiciens qui ont fait leur apparition chez SWEET SAVAGE : Vivian Campbell, qui a ensuite joué avec Dio, Whitesnake et maintenant Def Leppard, et bien sûr, Simon McBride, actuel guitariste de Deep Purple. Cela vous donne une idée du calibre des musiciens de SWEET SAVAGE. Malheureusement, nous avons conservé l’étiquette ‘underground’ simplement parce que nous n’avons jamais eu l’argent, ni le soutien nécessaires pour percer et nous faire connaître auprès d’un public plus large sur une plus grande scène. L’Irlande du Nord est à l’extrême limite de l’Europe. En fait, nous ne faisons même plus partie de l’Union Européenne, ce qui est incroyablement triste, même si c’est un tout autre sujet. Mais cela a clairement rendu plus difficile notre intégration dans le monde du Rock et du Metal grand public. Des fans m’ont déjà posé des questions à ce sujet et la vérité est simple : au début, nous n’avions tout simplement pas les moyens de faire des tournées. Nous ne pouvions pas louer de bus, ni payer les frais de transport pour quitter l’île et jouer devant un public plus large. Nous venions tous de milieux populaires, ce qui représentait des obstacles financiers majeurs pour nous et nos familles au début des années 80. J’aimerais bien que le groupe devienne plus grand public, bien sûr. Mais en même temps, je suis vraiment fier que nous soyons toujours reconnus tout en étant étiquetés comme ‘underground’.

– J’aimerais que tu me dises un mot sur la fameuse NWOBHM à laquelle vous êtes assimilés. Quel regard portais-tu à vos débuts sur ce mouvement, dont vous étiez aussi l’un des pionniers ? Et qu’en reste-il aujourd’hui, selon toi ?

Le mouvement NWOBHM était brillant à l’époque. Il s’inscrivait dans la lignée du mouvement Punk. Le Punk est arrivé et a ébranlé l’establishment. Les grands dieux du Rock de l’époque, des groupes comme Yes, Pink Floyd et d’autres, se sentaient intouchables. Ils donnaient l’impression que faire de la musique était une chose impossible pour les gens ordinaires, surtout issus d’un milieu ouvrier. Puis, le Punk est arrivé. Les punks ont montré au monde que c’était possible. Avec une guitare et le pire ampli possible, il suffisait de connaître trois accords pour monter un groupe et réussir. Pour moi, le NWOBHM était la version Heavy Metal du Punk. Ce n’est que mon avis, mais ce mouvement m’a permis, ainsi qu’à des groupes comme Def Leppard et Iron Maiden, de croire que nous pouvions écrire nos propres morceaux, les jouer et attirer les foules. Avant ça, l’idée semblait ridicule, du genre : « Ne sois pas stupide, tu ne seras jamais assez bon pour écrire une chanson ou enregistrer un album. » Mais la NWOBHM a permis à des jeunes comme moi de croire que nous pouvions y arriver. C’était incroyable à l’époque et c’est toujours formidable d’y être associé. Aujourd’hui, je pense que la NWOBHM est un mouvement musical légendaire. Je sais que beaucoup de jeunes fans de Metal à travers le monde en ont entendu parler. Ils ne comprennent peut-être pas vraiment ce que c’était véritablement, ni ce qu’elle représentait. La publication de ton interview contribuera, je pense, à expliquer aux jeunes lecteurs et aux auditeurs de Heavy Metal ce qu’était vraiment la NWOBHM. Son existence a ouvert la voie à des groupes comme Metallica, Slayer et Pantera. La NWOBHM nous a donné la conviction que nous pouvions faire partie de quelque chose de plus grand. Je serai toujours reconnaissant pour cette période de l’histoire de la musique, et je suis honoré d’être mentionné dans le mouvement que représente la NWOBHM.

– Avec un tel album et le soutien d’un label comme earMUSIC, SWEET SAVAGE est aujourd’hui sur une belle dynamique et possède tous les atouts pour bien défendre « Bang », notamment sur scène. Qu’en est-il de ce côté-là ?

C’est formidable d’avoir un label comme earMUSIC derrière nous. Je suis heureux qu’ils aient accepté de collaborer avec nous et sortir ce disque. Et ils l’adorent sincèrement. Tout le monde dans la maison de disques semble être un véritable mélomane. C’est vraiment un groupe de personnes incroyable, car elles se soucient de la musique elle-même. Max, le directeur du label, nous a confié à quel point il avait personnellement adoré ce disque et qu’il avait formé une équipe formidable autour de nous. Et elle a été géniale : tout le monde travaille dur, nous traite avec beaucoup d’attention et a tout donné pour créer le meilleur package possible. Je trouve que « Bang » est un excellent disque. Tout y est professionnel et cohérent. La production est fantastique, aucun détail n’a été négligé. La pochette est magnifique, les thèmes abordés tout au long des visuels et du packaging sont cohérents et reflètent parfaitement l’image et l’identité du disque, du début à la fin. Je suis vraiment fier de tout ce qui a trait à « Bang ». A chaque fois que je consulte les réseaux sociaux, je suis toujours impressionné par l’harmonie et la perfection de l’ensemble, et tout cela est dû à earMUSIC et à notre management. La prochaine étape est de le jouer en live. Avec sa sortie, nous prévoyons de jouer partout au Royaume-Uni, en Irlande, en Europe et, espérons-le, dans des endroits où nous ne sommes jamais allés auparavant. Ce serait formidable de toucher de nouveaux publics, notamment en Amérique latine, où les fans n’ont jamais eu la chance de nous voir en concert. J’imagine que nous allons d’abord nous produire en concert dans les principaux pays européens, avec l’intention de nous étendre à de nouveaux pays et de nouvelles villes sur le continent. Ce sera formidable de jouer cet album en live ! Les chansons prennent déjà une nouvelle énergie, même en répétition, et je suis impatient de pouvoir les faire découvrir au public.

– Enfin, et parce que la nouvelle génération ne le sait peut-être pas, SWEET SAVAGE a donc été le premier groupe de Vivian Campbell qui a  fait la carrière que l’on sait. Par la suite, Metallica a aussi repris votre morceau « Killing Time » et beaucoup de fans vous ont alors découvert. Quels sont vos liens aujourd’hui avec eux deux ? Et de manière plus anecdotique, ce sont des arguments marketing qui doivent faire pâlir de nombreux groupes actuels… Cela entretient-il aussi une certaine légende également, selon toi ?

Oui, SWEET SAVAGE était le premier groupe de Vivian Campbell. Vivian et moi l’avons formé il y a longtemps. Dès le début, j’ai su que Vivian était spécial. C’était un guitariste incroyable, dans la lignée des grands guitaristes irlandais comme Gary Moore et Rory Gallagher. Et maintenant, Simon McBride fait partie de ce top 4. C’est fou de penser que ces quatre-là, Gary Moore, Rory Gallagher, Vivian Campbell et Simon McBride, sont tous reconnus comme des guitaristes de renommée mondiale. Ils sont irlandais et deux d’entre eux ont joué dans SWEET SAVAGE. Cela en dit long sur le groupe et sur la qualité de la musique que nous avons créée au fil des ans. Puis, lorsque Vivian a rejoint Dio, Metallica a repris « Killing Time ». Honnêtement, il n’y a pas de meilleure reconnaissance que le plus grand groupe de Heavy Metal du monde choisisse de reprendre une de vos chansons. Quand les choses ont commencé à se calmer, quand le Grunge a pris le dessus, la reprise de « Killing Time » par Metallica nous a ramenés à la vie. Je ne les remercierai jamais assez, aujourd’hui encore. Chaque fois qu’ils nous mentionnent, ou nous font une publicité même infime, cela maintient le groupe en vie. Si Metallica parle de vous, vous recevrez l’appel d’un promoteur, ou d’un agent, pour demander si on peut faire un concert. Metallica nous a vraiment aidés à décrocher énormément d’opportunités. Honnêtement, je ne les remercierai jamais assez. Par ailleurs, je parle à Vivian au moins une fois par semaine depuis 40 ans. C’est l’un de mes meilleurs amis et j’ai des liens très étroits avec lui et sa famille. On fait cette interview un samedi, j’ai parlé à Vivian hier et je le vois lundi, car il arrive en avion pour un concert à Londres et il vient ensuite en Irlande. J’ai aussi de temps en temps des conversations avec les gars de Metallica, surtout quand ils jouent dans le coin. Je suis toujours à leur concert et on se retrouve à chaque fois. On boit généralement une bière et on parle de la vie de tous les jours. Je ne leur parle pas régulièrement, mais dès qu’ils sont en ville et si je suis là, on se voit. Et c’est toujours un plaisir. Ce sont des types comme toi et moi et ils jouent dans le plus grand groupe de Heavy Metal du monde. Mais sans leurs instruments, ce sont des types ordinaires, très terre-à-terre. Ils aiment parler de sport, de voitures, de météo, … C’est vraiment génial quand un groupe comme Metallica mentionne votre nom. Sans aucun doute, ça nous aide à rester sur le devant de la scène et à travailler.

Le nouvel album de SWEET SAVAGE, « Bang », est disponible chez earMUSIC.

Photos : Mark Hylands

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Hard 70's Shock Rock

Alice Cooper : eternal shock

Déjà aperçus ensemble sur scène, ainsi que sur de récents albums solos de leur frontman, les musiciens de la formation originelle d’ALICE COOPER ont retrouvé le chemin des studios sous la houlette de leur non-moins mythique et historique producteur. Avec « The Revenge Of Alice Cooper », c’est un sentiment de téléportation qui se propage grâce à une énergie et une horrifique malice, qui planent sur cette belle réalisation. Plus de cinq décennies après leurs fracassants premiers pas, les Américains nous font oublier le poids des années avec classe et un charisme toujours aussi rebelle. 

ALICE COOPER

« The Revenge Of Alice Cooper »

(earMUSIC)

Raviver sa flamme sans trahir son essence a été le leitmotiv du retour du groupe ALICE COOPER. Car avant sa cavalcade en solo qui a marqué de manière indélébile l’Histoire du Rock et du Hard Rock, Vincent Furnier œuvrait avec le bassiste Dennis Dunaway, le guitariste Michael Bruce, le batteur Neil Smith et le regretté Glen Buxton, décédé en 1997, à la seconde guitare. Le combo avait mis un sacré coup de pied dans la fourmilière en créant le Shock Rock, un univers singulier fait de macabre et d’humour (très) noir, et qui a depuis fait des émules.

On peut donc considérer « The Revenge Of Alice Cooper » comme le huitième album d’ALICE COOPER et le successeur de « Muscle Of Love ». Même si, honnêtement, celui-ci n’atteint pas les sommets de « Love It To Death » (1971), « Killer », (1971), « School’s Out » (1972) ou le génial « Billion Dollar Babies » (1973), il a le mérite de nous replonger avec une certaine nostalgie dans une époque très créative. L’effet est d’autant plus visible que c’est le légendaire Bob Ezrin qui officie derrière la console et qui a même participé à l’écriture des morceaux.

La production est donc très organique, car la fine équipe s’est rendue dans un studio Old School du Connecticut pour y retrouver l’authenticité et la magie des débuts. Pari en partie remporté par cet ALICE COOPER 2.0, qui captive avec « Black Mamba », « Wild Ones », « What Happened To You », « Up All Night », « Blood On The Sun » et l’hommage à Buxton avec « See You On The Other Side ». C’est d’ailleurs le talentueux Gyasi qui aura le privilège de lui succéder sur scène. 14 titres (16 avec les bonus) qui fleurent bon l’insouciance des 70’s.

Retrouvez les deux chroniques des deux derniers albums solos du chanteur :

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Alternative Rock

Bush : breaking the silence

Plus de 30 ans après sa formation et après avoir empilé les hits, les Britanniques restent les fers de lance d’un genre affilié aux 90’s, même si leur propre démarche et leur son connaissent une évolution constante. Avec ce dixième album, ils marquent un peu plus leur différence en refusant d’entrer dans le moule d’un Alternative Rock souvent convenu et devenu mainstream. BUSH livre « I Beat Loneliness », une production intense, intime et d’une narration envoûtante sur des sujets délicats.

BUSH

« I Beat Loneliness »

(earMUSIC)

Seul et unique groupe européen d’Alternative Rock capable de tenir tête aux mastodontes nord-américains, BUSH a pourtant connu une carrière assez chaotique après des débuts tonitruants avec trois premiers albums qui ont forgé son statut. En pleine ascension dans les années 90 avec « Sixteen Stone », « Razorblade Suitcase » et « The Science Of Things », le virage du changement de siècle a été difficile à négocier pour le quatuor qui s’est essayé de manière peu convaincante à d’autres registres, tout en restant bien sûr très Rock.

Et plutôt que de renouer avec le style qui a fait son succès, BUSH continue ses explorations soutenu par des fans inconditionnels. Surtout guidé par la créativité plus que par la facilité donc, « I Beat Loneliness » confirme encore que les Anglais laissent parler leur instinct sans s’engouffrer dans des brèches béantes. Et leur leader Gavin Rossdale est pour beaucoup dans cette quête artistique. Ayant lui-même déclaré que c’était sa réalisation la plus personnelle, il nous fait pénétrer dans un univers introspectif d’une grande sincérité.

Débordant d’émotions et souvent à fleur de peau, « I Beat Loneliness » aborde des sujets sensibles et profonds comme la solitude, l’isolement et les cicatrices de la vie. Pour autant, BUSH fait preuve d’une énergie incroyable et ne se laisse pas aller à un disque mélancolique et contemplatif. Sur des textes soignés, il se montre toujours explosif grâce à des riffs imparables et des tonalités post-Grunge, Metal et même Indus (« Scars », « Footsteps In The Sand », « Don’t Be Afraid », « Rebel With A Cause », « The Land Of Milk And Honey »). Beau !

Photo : Chapman Baehler

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AOR Hard FM

H.E.A.T. : next step

Si de prime abord, les formations qui œuvrent dans les contrées très mélodiques du Hard Rock semblent se la jouer facile, c’est sans compter sur un sens du groove et une technicité omniprésents. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent depuis des décennies. H.E.A.T. fait partie de cette catégorie, qui n’a rien oublié de ses premières amours et qui cherche surtout à fédérer grâce à des titres entêtants et une musicalité chiadée. Avec « Welcome To The Future », les Scandinaves font ce qu’ils savent faire de mieux et nous embarquent dans un Hard FM haut de gamme.

H.E.A.T.

« Welcome To The Future »

(earMUSIC)

Après le fracassant retour de son chanteur originel en 2022, H.E.A.T. a retrouvé un bel élan avec « Force Majeure », premier opus sous la nouvelle ère Kenny Leckremo, suivi d’une compilation composée surtout de titres live et d’inédits (« Extra Force » en 2023). Depuis, les Suédois semblent avoir renoué avec leurs bonnes habitudes qui, si elles sont sans trop de surprises, ont le mérite d’être fidèles à une ligne défendue depuis leurs débuts. Toujours aussi mélodique, leur Hard Rock est conçu pour les stades, basé donc sur des refrains hyper-fédérateurs.

Mené par un frontman qui a totalement récupéré des problèmes cardiaques qui l’avaient éloigné de la scène pendant une bonne décennie, H.E.A.T. nous invite dans son futur avec un huitième album qui tient la route, entre des ‘Oh, oh, oh, oh’ à la pelle, mais surtout des riffs accrocheurs, des solos toujours aussi fins et une rythmique qui fait le job avec une redoutable efficacité. Plus étonnante est la production de « Welcome To The Future », qui se montre malgré tout très organique, loin des stéréotypes actuels du genre exagérément plus sophistiqués.

L’équilibre entre les membres est respecté et c’est toute la force du quintet : faire un Hard Rock à l’ancienne avec une touche moderne, en évitant la noyade sonore soporifique en vogue, surtout dans l’AOR, dont H.E.A.T. est finalement assez proche. Cela dit, ce nouvel opus contient quelques moments forts comme « Disaster », « Running To You », « In Disguise », « Rock Bottom », « Losing Game » ou « Tear It Down ». Et si certaines parties de claviers peuvent faire grincer des dents, le jeu du guitariste Dave Dalone fait bien passer la pilule. Très sympa !

Photo : Marcel Karlsson

Retrouvez les chroniques de « Force Majeure » et « Extra Force » :

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Classic Hard Rock Rock

Simon McBride : so british

Pas totalement personnel, « Recordings : 2020-2025 » offre un beau panel des goûts et surtout du talent de SIMON McBRIDE et permettra à qui ne le connaîtrait pas vraiment de mieux comprendre pourquoi il a été le choix de Deep Purple pour remplacer Steve Morse. Entre Rock, Classic Rock et Hard Rock, le guitariste a enregistré quelques inédits, en une seule prise et au studio Chameleon à Hambourg en Allemagne, en complément de reprises réinventées, qui ne laissent pas de doute sur ses influences et encore moins sur sa virtuosité.  

SIMON McBRIDE

« Recordings : 2020-2025 »

(earMUSIC)

En 2023, la carrière du musicien originaire de Belfast a pris un sacré tournant avec son intronisation au sein de Deep Purple et une implication conséquente sur « =1 », dernier et très bon opus en date de la légendaire formation. Cela dit, le parcours de SIMON McBRIDE est aussi assez éloquent. Compositeur, musicien et producteur, il signe ici son sixième album studio après avoir évolué au sein de Sweet Savage, Snakecharmer et aux côtés de Don Airey. Une carte de visite plus que conséquente et de haut vol.

Cette fois, l’Irlandais revient avec un disque un peu spécial, qui regroupe des enregistrements datant des cinq dernières années et même finalisés juste avant son arrivée chez Deep Purple. Composé de titres originaux et de reprises, « Recordings : 2020-2025 » résume plutôt bien la vision du Rock de SIMON McBRIDE et permet aussi de constater sa facilité à s’approprier à peu près tous les genres avec beaucoup de facilité. Pour autant, pas complètement caméléon, c’est essentiellement sa touche qu’on retrouve ici.

Après « The Fighter » en 2022, c’est donc un panorama plus Rock qu’il propose sur 15 titres, qui montrent une belle homogénéité. La production est assez sobre, mais le toucher est toujours aussi singulier. Nette et avec des accroches souvent Hard Rock, la fluidité de SIMON McBRIDE est un modèle du genre que ce soit sur les riffs ou les solos. Par ailleurs, c’est assez bluffant aussi de constater qu’il s’inscrive à ce point dans des sonorités ‘so british’, dans ses compositions comme dans le choix des reprises. Un bon moment !

Photo : Jim Rakete

Retrouvez la chronique de « The Fighter », celle du dernier album de Deep Purple et du coffret de Snakecharmer :

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Symphonic Metal

Tarja : symphonie en enfer

Huit ans après cette prestation, la cantatrice scandinave décide sortir des cartons son concert donné au Hellfest. Accompagné d’un groupe classique, plus un violoncelle, TARJA n’avait pas manqué de faire le show devant sa fan-base française, qui avait pu apprécier et mesurer l’étendue de son talent et la solide clarté de sa voix. Unique en son genre dans le monde du Metal, la Finlandaise incarne littéralement l’aspect symphonique du style dans toute sa splendeur sur ce bon « Rocking Hells : Live At Hellfest ».

TARJA

« Rocking Heels : Live at Hellfest »

(earMUSIC)

Si vous y étiez, vous vous souvenez certainement de la performance de TARJA le 19 juin 2016 sur la main stage du Hellfest. Ses fans en tout cas étaient aux anges, puisque la chanteuse venait juste de sortir « The Brightest Void » et s’apprêtait à dévoiler « The Shadow Self », quelques semaines après ce passage. Deux albums dans la même année est une chose suffisamment rare pour être souligné, même avec trois reprises parmi lesquelles on retrouve d’ailleurs ici la non-essentiel « Supremacy » de Muse. Un faute de goût pardonnée.

Car il n’y a rien à redire de « Rocking Hells : Live At Hellfest », on pardonnera aussi que le set livré à Clisson ne soit pas dans son intégralité, trop long certainement. Comme souvent dans les festivals, la tracklist contient des morceaux parmi les plus percutants de la frontwoman à commencer par « No Bitter End », extrait du dernier opus en date de TARJA à l’époque. Non seulement, il affiche une pleine puissance, mais il lui permet aussi de mettre tout de suite les choses au clair concernant ses légendaires capacités vocales.

Si TARJA mène une belle carrière solo depuis son départ de Nightwish, il faut reconnaître qu’à ce moment-là ses albums n’étaient encore du même calibre, mais elle s’est bien rattrapée par la suite. Cela dit, les versions de « Ciaran’s Well », « Calling From The Wind » et « Victim Of Ritual » sont imparables et irréprochables, tout comme l’excellent medley de titres de son ancienne formation « Tutankhannen/Ever Dream/The Riddler/Slaying The Dreamer », qui a enflammé les adeptes de Metal Symphonique présents. Un beau souvenir.

Photo : Philippe Bareille

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Classic Hard Rock Hard 70's

Michael Schenker : OVNI guitaristique

Cela fait dorénavant une cinquantaine d’années que MICHAEL SCHENKER fait partie d’une longue lignée de musiciens qui tend à disparaître, celle des guitar-heros. S’il s’est surtout fait connaître avec MSG, en solo et avec divers projets, il a aussi marqué de son empreinte l’histoire d’UFO malgré une présence assez éphémère, mais retentissante. Afin de célébrer les 50 ans de cette période unique, le guitariste allemand a décidé d’y consacrer trois albums, dont voici le premier.

MICHAEL SCHENKER

My Years With UFO

(earMUSIC)

Même s’il n’a fait qu’un passage relativement court au sein du groupe britannique UFO de 1973 à 1978, MICHAEL SCHENKER aura marqué les esprits et sans doute écrit les plus belles pages de la formation devenue mythique par la suite. Cinq petites années donc, ponctuées de six albums qui trônent aujourd’hui au panthéon du Hard Rock mondial et qui sont autant de madeleines de Proust pour tout amateur qui se respecte. On y retrouve « Phenomenon », « Force It », « No Heavy Petting », « Lights Out », « Obsession » et le live « Strangers In The Night » devenu un incontournable. Le guitariste y montre une étonnante précocité qui le mènera très loin par la suite, notamment avec MSG.

Car c’est à 17 ans seulement qu’il est appelé au sein du groupe anglais, alors qu’il œuvre avec son grand frère Rudolf chez Scorpions. Un mal pour un bien à l’époque où UFO affiche une notoriété bien supérieure au combo familial. Comme un poisson dans l’eau, le jeune allemand signe des morceaux devenus incontournables comme les désormais classiques : « Doctor Doctor », « Rock Bottom », « Lights Out », « Let It Roll » ou l’excellent « Only You Can Rock Me » que l’on retrouve tous ici, bien sûr. Si la virtuosité de MICHAEL SCHENKER impressionne déjà, son travail d’écriture n’est pas en reste et pourtant l’aventure s’achèvera sur une fâcherie avec le chanteur Phil Mogg.

Avec son ami producteur Michael Voss, MICHAEL SCHENKER a même tenu à respecter le son de l’époque, puisque la production de « My Years With UFO » n’a rien de clinquante, bien au contraire. Ce qui est clinquant ici, c’est la liste de guests devenus lui apporter un hommage appuyé. Jugez-vous par vous- même : Axl Rose et Slash (mais pas sur le même morceau), Kai Hansen, Roger Glover, Joey Tempest, Biff Byford, Jeff Scott Soto, John Norum, Dee Snider, Joel Hoekstra, Joe Lynn Turner, Carmine Appice, Adrian Vandenberg, Michael Voss, Stephen Pearcy et Erik Grönwall. Un casting de rêve pour un musicien hors-norme, qui a marqué plusieurs générations d’artistes !

Retrouvez la chronique de son dernier en date avec MSG :

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Classic Hard Rock Rock Progressif

Deep Purple : back on throne

Toutes les icônes du Rock ont connu une (voire plusieurs) traversée du désert, plus ou longues d’ailleurs, au fil de leur carrière. DEEP PURPLE n’a pas échappé à la règle et vient renouer sur ce très bon « =1 » avec ce feu qui brûle depuis si longtemps chez lui. Grâce à des parties de guitares et de claviers étincelantes, un chant d’une justesse absolue et une rythmique toujours impeccable, le groupe affiche une seconde jeunesse avec une belle énergie, des mélodies soignées et une foi retrouvée. Les Anglais perpétuent leur légende et regagnent une dimension digne de leur statut.    

DEEP PURPLE

« =1 »

(earMUSIC)

Comme le veut la tradition chez DEEP PURPLE, nous sommes donc dans l’ère de la ‘Mark IX’, puisque les Britanniques accueillent de façon permanente le guitariste Simon McBride. Suite au départ de Steve Morse auprès de sa femme atteinte d’un cancer et décédée en février dernier, c’est donc l’Irlandais qui reprend le poste et il le fait avec beaucoup de classe. Les successions ne sont jamais évidentes, et celle-ci est irréprochable. Aussi humble que terriblement efficace et virtuose, son jeu sur son premier opus n’a rien de timide, mieux, il apporte un souffle nouveau et un peu de fraîcheur, tout en respectant l’institution.

Donc, sans faire preuve d’une audace démesurée, le six-cordiste se montre à son avantage et on retiendra aussi cette formidable complicité avec Don Airey, dont les claviers retrouvent leur éclat et leur impact. Il faut dire qu’après le navrant « Turning To Crime », qui avait montré l’une des pires images de DEEP PURPLE depuis longtemps, on pouvait légitimement se poser des questions sur l’avenir musical et créatif du groupe. Mais c’était sans compter sur Ian Gillian, Roger Glover, Ian Paice leurs complices, toujours animés par la même passion et qui, sous la houlette de Bob Ezrin à la production, font étalage d’une inspiration retrouvée.

L’une des choses qui va réconcilier beaucoup de monde avec ce nouvel opus DEEP PURPLE, c’est l’enthousiasme et la maîtrise totale de son frontman. S’il n’a plus rien à prouver depuis longtemps, Ian Gillian semble épanoui durant les 13 morceaux de « =1 ». Avec des mélodies et un songwriting des grands jours, on retrouve les sensations passées, où Hard Rock et Rock Progressif se rejoignent si naturellement (« Show Me », « A Bit on The Side », « Now You’re Talking », « Portable Door », Pictures Of You », « Bleeding Obvious »). Rien ne semble pouvoir arrêter le quintet et on n’osait même plus imaginer un tel album de sa part.   

Découvrez aussi le dernier album solo de Simon McBride :

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Crossover Funk Metal Metal Fusion

Sonic Universe : living souls

Alors que Living Coloür a repris la route, son chanteur s’offre une petite escapade avec SONIC UNIVERSE, nouveau groupe ultra-dynamique, qui évolue dans un style pas si éloigné. Entre Metal et Funk, « It Is What It Is » se montre d’une créativité gourmande guidée par quatre cadors, qui font parler leur expérience avec talent et spontanéité. Très vivant et tout aussi sensible, l’ensemble assène une bonne claque revigorante !

SONIC UNIVERSE

« It Is What It Is »

(earMUSIC)

Eternel frontman de Living Coloür depuis 1994, Corey Glover réapparait avec un nouveau projet très ambitieux et qui aurait même presque pu être une nouvelle réalisation de sa formation d’origine. Mais la touche et le son de son emblématique fondateur et guitariste Vernon Reid ne sont pas de la partie. Cependant, SONIC UNIVERSE ne manque pas de piquant et vient réoxygéner un registre à bout de souffle. Car, il est ici encore question d’un Crossover Metal Funk de haut vol.

Cette fois encore, le frontman est très bien entouré, puisqu’il a fondé le groupe avec le six-cordiste Mike Orlando d’Adrenaline Mob et les très, très bons Booker King à la basse et Tyakwuan Jackson à la batterie. SONIC UNIVERSE, c’est du lourd et la technicité du quatuor en est presqu’étourdissante. Le groove de la rythmique percute autant qu’il envoûte et, même si le jeu hyper-shred d’Orlando se perd parfois un peu, l’intense fraîcheur dégagée prend toujours le dessus. 

Et face à cette déferlante décibélique et cette avalanche de riffs, la voix gorgée de Soul de Glover surnage et son authentique émotion fait le reste. Comme toujours, ses textes prônent la tolérance et appellent à l’unité dans une Amérique plus fascisante que jamais. De rebondissements en rebondissements, SONIC UNIVERSE évolue avec une folle énergie, tout en se forgeant une identité forte (« I Am », « My Desire », « Life », « Higher », « I Want It All » et le morceau-titre). Une première qui atteint des sommets !

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Ethnic Metal Metal Progressif Symphonic Metal

Myrath : prophétique

Avec « Karma », MYRATH semble ouvrir un nouveau chapitre et donne même de l’élan à une carrière déjà bien remplie. Sans renier ce qui constitue son ADN, à savoir un Metal Oriental à la fois Heavy, symphonique et progressif, il met en exergue ce savoureux mélange, et même si les envolées ne manquent pas, l’efficacité paraît être la priorité de ces nouveaux titres qui, pourtant dotés d’arrangements très soignés, évitent toute fioriture. Guidé par son frontman Zaher Zorgati, le combo se montre lumineux, positif et énergique.

MYRATH

« Karma »

(earMUSIC)

Cinq ans après le très bon « Shehili » et le double DVD live au Sweden Rock et à Carthage, les Franco-Tunisiens font un retour exceptionnel. Très bien écrit, « Karma » doit cette petite métamorphose, du moins cette évolution, a une méthode de composition imposée par les circonstances, mais qui aura permis aux musiciens de se recentrer sur leurs fondamentaux et d’expérimenter aussi beaucoup. Direct, fluide et dynamique, MYRATH revient dans une forme éblouissante et cela s’entend sur les onze titres de ce sixième opus qui devraient prendre toute leur dimension sur scène.

Et le groupe commence aussi, d’une certaine manière, à s’émanciper très légèrement du Metal Oriental, dont ils sont bien sûr les fervents représentants. Musicalement, pas de bouleversements majeurs mais, en revanche, « Karma » est entièrement chanté en anglais, une première, ce qui montre à l’évidence que MYRATH se projette de plus en plus à l’international. Et ce n’est pas tout, puisque l’on retrouve le grand Jacob Hansen au mix et à la production. Le son est clair, puissant, équilibré et surtout il conserve et met en lumière les particularités du quintet.

Pied au plancher, c’est « To The Stars » qui ouvre les festivités sur un groove d’enfer et un petit air vintage niché au creux de ce Metal plutôt costaud. Techniquement, MYRATH hausse le ton sans tomber dans une technicité exacerbée pour autant. Incisive et mélodique, cette nouvelle réalisation mise aussi sur les changements d’atmosphères et de tempos. On n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer, tant « Karma » ne manque pas d’éclat (« Into The Night », « Candles Cry », « Words Are Falling », « Child Of Prophecy », « The Empire », « Carry On »). Les étoiles sont alignées…