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folk Psych

Dorian Sorriaux : éclatant de sérénité

La musique de DORIAN SORRIAUX est le signe d’une certaine intemporalité qui, pourtant, se renouvelle grâce à l’apport de sonorités variées. D’un classicisme assumé et d’une précision toute moderne et aérienne, l’élégance de ce premier album séduit autant par la diversité des ambiances à l’œuvre, que par une interprétation remarquable. Très organique, « Children Of The Moon » a été enregistré en Bretagne, mixé en Suède et les compositions n’en sont que plus éclatantes, tant leur esthétisme dégage une rare intensité.

DORIAN SORRIAUX

« Children of the Moon »

(The Sign Records)

Le Breton est réputé pour son esprit d’indépendance et DORIAN SORRIAUX s’inscrit parfaitement dans cette lignée. Alors qu’il avait entamé une belle carrière à l’international avec Blues Pills en tant que guitariste principal du groupe suédois, qui sortira d’ailleurs son nouvel opus, « Birthday », début août, il a préféré retrouver sa liberté artistique après six ans de bons et loyaux services. Un retour au bercail qui date de 2018 et depuis lequel le Finistérien s’est forgé un univers musical plus personnel.  

Du haut de ses 28 ans, le songwriter est, on le sait, déjà aguerri grâce à de multiples tournées, ainsi que par le travail en studio avec son ancienne formation. Après un premier EP, « Hungry Ghost » il y a six ans déjà, DORIAN SORRIAUX se livre sur la longueur avec dix morceaux relativement acoustiques et assez éloignés de son registre précédent. Délicat, paisible et intimiste, « Children Of The Moon » évolue dans une Folk très 70’s sur le fond, mais très contemporaine dans la forme, malgré des références assez évidentes.

Et le compositeur n’est pas seul, puisqu’on retrouve notamment la fratrie Moundrag à ses côtés apportant une touche psychédélique à un style assez éprouvé que DORIAN SORRIAUX pare de beaucoup de fraîcheur (« Light In The Dark », « Shine So Bright », « To The Water » et le troublant « Believe That You Can Change »). Sur des arrangements très soignés, l’ensemble est d’une profonde richesse et est mené par une vision authentique et préservée de toute intention nostalgique ou revival.

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Southern Rock

Gunsmoke Brothers Band : proud legacy

Le Finistère étant en quelque sorte le far-west de notre pays, notre bout du monde, c’est avec un naturel et une facilité évidente que GUNSMOKE BROTHERS BAND aborde le Southern Rock avec un regard neuf et une touche originale. Avec son armada de guitaristes, il distille des chansons qui restent gravées, des parties de guitares forcément de haute volée sur un chant sincère. « Band Of Brothers » est le disque d’un combo attachant et virtuose, qui va vite faire parler de lui. Le Rock Sudiste français a enfin son digne représentant.

GUNSMOKE BROTHERS BAND

« Band Of Brothers »

(Independant)

Malgré une scène hexagonale désertique, les fans de Southern Rock ne manquent pourtant pas, si l’on en croit l’intérêt porté à des groupes mythiques comme Lynyrd Skynyrd, Molly Hatchet ou Allman Brothers Band pour ne citer qu’eux. Au-delà du fait que le style soit assez éloigné de notre culture, le ‘Rock Sudiste’ souffre aussi sûrement d’un déficit d’image lié au drapeau confédéré souvent arboré outre-Atlantique… Et c’est bien dommage. Mais ici, on parle musique, pas politique. Et celle, très fédératrice, du GUNSMOKE BROTHERS BAND vaut bien plus qu’un simple détour, tant elle ne manque ni d’atouts convaincants, ni de chaleur.

A la tête du quintet, on retrouve le chevronné Xavier Quémet, chanteur, guitariste et compositeur de « Band Of Brothers ». Et, car il s’agit réellement d’une fratrie de musiciens œuvrant à l’unisson, il est brillamment accompagné de Tony Vasary (basse), Thibault Menut (batterie) et des frères Ar Beleg, Seb et Niko, aux guitares. Fratrie donc. Et si on fait les comptes, GUNSMOKE BROTHERS BAND se présente bel et bien avec trois six-cordistes, tous en lead comme à la rythmique. Et cette belle tradition Southern se reflète sur 12 morceaux bardés de riffs entêtants, de solos virtuoses et de twin-guitares endiablées.

Loin des caricatures, la formation bretonne distille des compos efficaces, mélodiques et suffisamment percutantes pour obtenir un savoureux mélange de Country-Rock et de Hard Blues dans un vrai moment de partage et d’authenticité. Dès « Liar Pigs », on perçoit l’unité du groupe sur ce chorus majestueux, qui se propage et infuse littéralement la suite de « Band Of Brothers » (« My Dog », « Wild White Wine », « Song for The Brave », « Martin Brown », « Big Tits, Sweet Lips » et le morceau-titre). GUNSMOKE BROTHERS BAND passe haut la main le cap du premier opus et travaille déjà sur le deuxième. Inspiré et prolifique !  

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France Grunge Metal Indus Rock Indus

Wallack : l’urgence temporelle [Interview]

Malgré des changements de line-up finalement inhérents à chaque groupe, WALLACK est toujours debout et ressert dorénavant son jeu autour d’un Rock Indus aux légères teintes Metal et Grungy. Devenu trio depuis la récente sortie de « Loveless », les Poitevins s’aventurent dans des atmosphères bien plus sombres, mais toutes aussi prégnantes. Après deux albums (« White Noise »  et « Black Neons »), c’est dans un format plus court que le groupe joue avec le Fuzz et les machines dans un univers très personnel et saisissant. Cyprien Tillet (guitare, chant, synthé) revient sur les dernières péripéties du combo et surtout sur l’élaboration de ce deuxième album massif et compact.

Photo : Thibault Berthon

– Avant de parler de ce nouvel album, il s’est passé quatre ans depuis « Black Neons » et il y a eu quelques changements, à commencer par votre batteur et puis vous êtes désormais un trio, même si l’album a  été enregistré à quatre. Ça a été compliqué de maintenir le cap pendant et après la pandémie ? C’est l’une des raisons de ces mouvements de line-up ?

Notre précédent batteur, Vincent, a souhaité se consacrer pleinement à son entreprise de réparation et maintenance de matériel électronique et Marco, notre bassiste, a vogué vers de nouveaux projets musicaux. Thomas est arrivé à la batterie et, après avoir envisagé d’intégrer un nouveau bassiste, on s’est finalement rendu compte qu’on fonctionnait très bien en trio. On a décidé d’ajouter aux pistes programmées de synthé une piste de basse. Cela colle assez bien avec l’orientation Electro/Indus du nouveau disque. WALLACK a toujours été un groupe à géométrie variable et cela influe assez peu sur le rendu live ou studio. Pour en revenir à la période du Covid, ça a bien sûr été une période compliquée pour nous comme pour beaucoup de groupes, d’autant que notre album est sorti en début de confinement, ce qui nous a privés d’une diffusion efficace et d’une tournée promotionnelle. Il faut néanmoins relativiser les choses : beaucoup ont été plus durement touchés, et notamment au niveau sanitaire…

 On vous retrouve cette fois avec un EP ou un mini-album, c’est selon. C’est le format que vous aviez envisagé dès le départ ? Il n’était pas question d’un album complet ?

C’est un format qui s’est imposé, car nous visions à l’efficacité et voulions insuffler une vraie intensité et une forme d’urgence à ce disque. Pour autant, nous avons essayé de contrebalancer cette violence avec des plages plus ambiantes, presque cinématographiques. On a écrit beaucoup de morceaux entre mars 2020 et septembre 2022, date du début de l’enregistrement de « Loveless », et certains morceaux figureront peut-être sur un futur album. Mais nous avions un vrai désir de cohérence pour ce disque-là, ce qui nous a poussé à épurer le propos au maximum, pour arriver finalement à ce mini-album.

– L’univers musical de WALLACK est toujours aussi distinctif sur « Loveless » et il s’affirme nettement dans une dynamique Indus, qui n’est d’ailleurs pas rappeler Treponem Pal par moment. L’idée est maintenant de se poser clairement dans ce registre ?

Avant d’écouter du Stoner ou du Psyché, j’ai grandi dans une décennie où le Rock industriel et le Grunge ont explosé et j’ai toujours eu envie de marier ces deux styles sans vraiment savoir comment m’y prendre. Et puis le titre « Anxiety » sur le précédent album est arrivé et nous a montré une voie intéressante. Pour autant, on ne veut pas reproduire une recette, ni se concentrer sur un style au détriment d’autres influences chères à chacun de nous.

Photo : Thibault Berthon

 Pourtant, le Metal et le Rock font toujours cause commune dans des sonorités très organiques, loin de l’image souvent froide et sophistiquée de l’Indus. Malgré les claviers et/ou les samples, la musique de WALLACK garde beaucoup de proximité et même de chaleur. Tout en faisant preuve de beaucoup de modernité dans la démarche, vous restez fidèles à un son assez Rock. Cela dit, l’émancipation du Stoner semble faite, non ?

Même s’il y a un petit côté Metal, notamment dans la production, on est beaucoup plus proche du Rock, en effet. Nous avions l’objectif de faire un disque Rock et agressif, aux sonorités industrielles et qui n’oublie jamais d’être accessible. Pour autant, on ne s’interdit rien en termes d’influence et certains riffs comme les refrains de « Lux Altera » ou « More A Shade Than A Man » ne dépareilleraient pas dans un contexte Stoner. De même, on va trouver des influences Doom, voire Drone, sur un titre comme « To the End »… L’important est de faire coexister en toute intelligence ces différents styles.

– Tout comme sur « Black Neons », vous avez de nouveau fait appel à Fabien Devaux, qui s’est occupé de l’enregistrement, du mix et du mastering de « Loveless ». Il a dû s’adapter à cette évolution musicale, ou c’est le résultat d’une réflexion commune sur le son ?

Fabien n’a pas eu de mal à s’adapter à cette nouvelle orientation, puisqu’il a déjà une bonne expérience des projets Metal/Electro/Indus avec Step in Fluid ou Carpenter Brut. Il nous a même conseillés tout au long de la composition du disque et a suggéré nombre d’idées en terme de son compact et massif, sorte de fusion entre la basse, les guitares et les synthés Moog et Korg. On a finalement poursuivi les recherches sonores entamées sur certains titres de notre précédent disque, tout en allant plus loin dans la lourdeur avec l’omniprésence du fuzz. C’est aussi Fabien qui a organisé la rencontre avec notre batteur Thomas. Il existait déjà entre eux un passif de travail collaboratif, ainsi qu’une vraie alchimie, ce qui est un plus dans l’élaboration de notre nouveau son.

Photo : Thibault Berthon

– « Loveless » est aussi beaucoup plus sombre que « Black Neons » et le titre le souligne d’ailleurs aussi. Vous avez calqué la thématique du ‘Memento Mori’ sur vos morceaux, ou c’est la composition de ces nouveaux titres qui vous ont mené au sujet principal de ce nouvel EP ?

Cette thématique s’est imposée aux personnes que nous sommes aujourd’hui, préoccupées du temps qui passe, des choses que nous avons accomplies ou non, et du temps incertain qu’il nous reste pour les accomplir. J’ai toujours été obsédé par ces questions… Rien d’original au fond et quelque chose de terriblement humain. Cette urgence, nous l’avons mise dans des titres assez courts, visant à l’essentiel pour épouser d’un côté le ‘Carpe Diem’, la quête d’un plaisir immédiat, exigeant, insatiable, et de l’autre le ‘Memento Mori’, cette angoisse face au temps qui nous échappe et nous détruit.

 Ce qui ressort également de « Loveless », c’est l’aspect assez brut et très efficace, puisqu’on ne retrouve plus les sonorités post-Rock et Stoner. L’objectif était d’aller à l’essentiel, quitte à épurer vos compos au maximum ?

Oui, cette urgence répondait à un vrai besoin à un instant T, là où par le passé nous aimions étirer le propos en écrivant de longues montées, sans doute aussi parce que nous aimons la musique progressive et psychédélique. C’est en tout cas l’esthétique qu’on a souhaité insuffler à ce disque. Rien ne dit qu’on ne reviendra pas à des titres de huit minutes dans le futur ! On ne s’interdit rien, dans les limites de la cohérence inhérente à chaque disque.

– Il y a également une identité visuelle qui se dessine à travers les pochettes de vos deux dernières réalisations. La personnalité de WALLACK passe-t-elle aussi par l’image ? C’est devenu indissociable dans la musique aujourd’hui ? De pouvoir être rapidement identifié ? 

En effet, c’est indissociable. On pourrait le regretter, car l’image supplante souvent la musique. On cherche à capter l’œil rapidement, notamment dans les clips, car notre capacité d’attention est de plus en plus limitée, soumise à une culture du zapping. J’ai parfois l’impression que tout cela se fait au détriment de la musique. Cela court-circuite aussi l’imagination de l’auditeur qui, par un phénomène de correspondance, pourrait visualiser tout un monde, des paysages, des images, en fermant les yeux et en se laissant aller au rythme de la musique. Pour autant, je ne boude pas mon plaisir devant un super clip qui évite cet écueil et sublime un son ! Mais pour revenir plus précisément à la question de l’artwork, celui-ci est en effet très important, car il associe immédiatement un son à une image. Pour celui de « Loveless », on voulait représenter une vanité et, même si c’est un motif récurrent dans le Rock, le choix du crâne s’est imposé.  Seb a travaillé là-dessus et le résultat nous a bluffé tant il se démarquait des représentations ‘Rock’ habituelles. Il a aussi la subtilité de ne pas être immédiatement reconnaissable, de suggérer des visions personnelles et inconscientes.

 « Loveless » de WALLACK est disponible chez Klonosphere/Season Of Mist.

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Rythm'n' Blues Soul / Funk

The Supersoul Brothers : lumineux

Dans son univers feutré et explosif à l’occasion, la Soul, le Blues et la Funk font cause commune dans une belle harmonie et avec « By The Way », la formation du sud-ouest impose définitivement son style, sa patte et un son très personnel. Bien sûr, on perçoit encore brièvement des références comme celles des Blues Brothers, l’ambiance de ‘The Commitments’ ou même les fulgurances d’un Maceo Parker, mais THE SUPERSOUL BROTHERS est plus identifiable que jamais, preuve d’un allant créatif imperturbable.

THE SUPERSOUL BROTHERS

« By The Way »

(Dixiefrog/Pias)

Bien que fondé en 2015, c’est surtout depuis trois ans que l’on n’arrête plus THE SUPERSOUL BROTHERS. Depuis « Shadows & Light » en 2021, suivi de près par le monumental « The Road To Sound Live » sur lequel le groupe livre une performance incroyable dans son Béarn natal, les choses se sont franchement accélérées. Parti à la conquête de Memphis en janvier dernier pour le légendaire International Blues Challenge (IBC) où ils ont terminé dans le ‘Final Four’, les Français réapparaissent déjà avec « By the Way », leur deuxième album studio. Et là encore, ils surprennent autant qu’ils enchantent.

Dorénavant incontournable sur la scène Soul hexagonale, et pas seulement, THE SUPERSOUL BROTHERS réussit le tour de force de concrétiser la qualité de ses précédentes prestations vinyliques avec une réalisation plus profonde de prime abord, d’où émane à nouveau une atmosphère à la fois douce et festive. Sur une production et des arrangements très soignés, l’énergique combo, qui a entretemps changé de batteur, met un peu plus l’accent sur l’aspect cuivré de son registre, tout en laissant une place de choix à l’orgue Hammond et ses effluves enveloppantes.

Autour de son frontman David Noël, les SUPERSOUL BROTHERS se sont parés d’une section cuivre de quatre musiciens, qui viennent grossir le groove à l’œuvre sur « By The Way ». La chanteuse Claire Rousselot-Paillez se fait aussi plus présente et prend même le lead sur l’excellent « Play It Like A Sister ». Les Palois prennent du volume, de l’assurance et dégagent plus que jamais beaucoup de classe. Au milieu du très addictif morceau-titre, de « Toy Party Tim », « Time Is Right », « Snow Day In The World » ou « Take My Hand » vient même se nicher l’ensoleillé Reggae des Viceroys « Heart Made Of Stone ». Envoûtant !

Retrouvez la chronique de l’album live du groupe :

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France Heavy metal Old School Speed Metal

ADX : inoxydable et affûté [Interview]

Dans quelques jours maintenant sortira « L’Empire Du Crépuscule », le douzième album d’ADX. Véritable légende du Metal hexagonal, le quintet se réinvente depuis quelques années, tout en préservant un son un brin vintage sur des productions très modernes. Un mix qui fait toujours son effet et qui permet au quintet d’envisager sereinement l’avenir. Entre Speed et Heavy Metal, cette nouvelle réalisation se veut véloce et accrocheuse, preuve que le combo reste une locomotive du registre en France. Batteur et membre fondateur, Didier ‘Dog’ Bouchard nous parle de la conception de « L’Empire Du Crépuscule ».  

– La dernière fois que nous nous sommes parlé, c’était il y a trois ans pour la sortie d’« Etranges Visions ». Tout d’abord, comment l’album avait-il été accueilli par vos fans et comment les concerts qui ont suivi se sont-ils déroulés ?

« Etranges Visions » a eu un accueil excellent. Depuis le temps que les fans attendaient cet album en français, on devait répondre présent et surtout faire un produit qui redonne un nouveau souffle à « Weird Visions ». Concernant le retour lors des concerts, on peut dire que la sauce a redonné du goût à ce projet. Ce n’était pas gagné, mais on l’a fait.

– Pour rappel, « Etranges Visions » est la version française de « Weird Visions », votre seul album en anglais sorti en 1991. Beaucoup l’attendait donc avec impatience. Alors, est-ce que justice a été rendue ? 

« Weird Visions » a toujours été un sujet de polémique. Il faut, il ne faut pas, c’est le moment, ce n’est pas le moment, bref, il y avait quand même une grosse attente des fans, qui n’avaient pas apprécié notre approche de la langue anglaise. La période Covid nous a permis de bosser sur cette nouvelle version et justice est faite.

– Donc si votre précédent album avait quelque chose de spécial, celui-ci est entièrement original. Comment avez-vous abordé sa composition, au niveau de la musique comme des textes, puisqu’ils ne sont pas des adaptations cette fois ?

En ce qui concerne les compos du nouvel album, on a procédé comme d’habitude. J’adore composer et proposer aux autres membres ce qui me passe par la tête, mais attention si c’est de la merde c’est poubelle. Disons que j’amène l’esquisse et les autres mettent les couleurs, c’est identique pour les textes, mais là, le boulot se fait souvent avec Phil (Philippe Grelaud, chant – NDR). Malgré les changements de line-up, nous avons toujours dans ADX des musiciens de talent et à l’écoute de « L’empire Du Crépuscule », on sent que la magie est toujours là.

– Comme toujours, « L’Empire Du Crépuscule » est musclé et toujours aussi moderne dans le son, malgré une touche Old School qui reste votre marque de fabrique. Et à ce sujet, c’est à nouveau Francis Caste qui a mis en forme votre puissance sonore. C’est le cinquième album que vous faites ensemble et on a vraiment le sentiment qu’il ne saurait désormais en être autrement. C’est aussi votre conviction ? Il fait partie de la famille ?

Francis a compris avec nos albums la direction à prendre. Il est facile, intelligent et le mélange entre le Old School et l’actuel donne une couleur très punchy. Il fait partie de la division, c’est un pilote.

Didier ‘Dog’ Bouchard, batteur et fondateur d’ADX

– Ce douzième album est très fluide et véloce. Vos deux guitaristes s’en donnent à coeur-joie et la rythmique bastonne. On a le sentiment qu’ADX est véritablement ancré dans une nouvelle phase avec une évolution qui conserve aussi son ADN. C’est toujours un challenge pour vous de rester actuel, tout en gardant cette saveur 80’s/90’s, ou plus du tout ?

ADX ne veut pas être largué. Il y a tellement de groupe talentueux qu’il faut être fort et toujours dans le coup. Même si nous avons cette griffe des années 80/90, nous essayons d’évoluer et de faire un mélange des saveurs, qui peut donner un bon album sans que l’on s’emmerde. Nous avons notre style, mais il faut également le peaufiner.

– J’aimerais qu’on dise aussi un mot de cette très belle pochette, signée Stan W Decker. Derrière cette ambiance très ‘historique’, on peut aussi y déceler beaucoup de symboles très contemporains. Quel a été le ‘cahier des charges’ et surtout qu’elles étaient vos intentions ?

Pour la cover de l’album, l’échange avec Stan Decker s’est fait simplement. Nous lui envoyons les idées et lui rajoute ses délires. C’est un artiste doté d’une grande simplicité et quel plaisir d’échanger avec lui. Pour « L’Empire Du Crépuscule », nous voulions montrer un pouvoir qui s’accroche, mais qui s’écroule. Il y a sans cesse des mouvements, des révolutions dans l’Histoire de France et malheureusement, nous sommes en plein dedans.

– D’ailleurs, c’est un peu la même chose au niveau des textes. Les titres des morceaux ont un reflet très XVIIIème siècle et ils le sont sous certains aspects. Cependant, si on lit entre les lignes, le contenu est très actuel et on a presque l’impression que vous dépeignez le climat actuel. Ce double-langage a quel objectif ? Rester toujours aussi engagé et revendicatif, tout en racontant des histoires ? 

ADX a toujours eu dans les textes ce coté ‘historico-fantastique’. Nous aimons raconter des choses sur l’Histoire, qui ne sont pas dévoilé à l’école, parce que trop dérangeantes. Et si nos paroles actuelles se rapprochent de ce que l’on vit en ce moment, c’est effectivement questionnant.

– Au-delà du message, « L’Empire Du Crépuscule » est véritablement taillé pour la scène avec des refrains fédérateurs et efficaces. C’est quelque chose de constant chez ADX. C’est une sorte de leitmotiv depuis toutes ces années ? Quelque chose que vous avez toujours dans un coin de la tête ?

Pour nous, les concerts restent un échange avec le public. C’est une fête que nous devons partager ensemble, nous cherchons toujours dans de nos compositions le refrain qui restera en tête. C’est très important, car entendre chanter tes chansons te donne toujours ce frisson qui te dit : voilà ça fonctionne.

– Pour « Etranges Visions », vous étiez toujours autoproduits avec une distribution par Season Of Mist. Cette fois, vous êtes sur un label, Verycords, qui compte aussi de nombreux groupes français à son catalogue. En plus du soulagement que cela doit procurer, j’imagine que c’est ce que vous attendiez pour peut-être aussi franchir un palier dans cet océan de sorties de disques que l’on voit, et subit, aujourd’hui, non ?

Nous avions déjà bossé avec Verycords et certaines personnes à l’époque avaient eu l’idée que nous pouvions rouler tout seul sans l’apport d’une maison de disques. Nous avons fait quelques albums en autoproduction, mais c’est un boulot énorme. Il faut une équipe pour faire tourner tout ça et nous sommes avant tout des musiciens. Tout n’était pas gagné quand nous avons tapé à la porte de Verycords. Franchement, c’est un soulagement, après toutes ces années, de pouvoir enfin se consacrer à faire de la musique et laisser faire les pros.

– Enfin, un petit mot au sujet des concerts à venir et de cette époque des festivals qui arrive aussi. Quel est le programme ? Avec un tel album, vous devez être sacrément motivés et impatients, non ?

Nous sommes très impatients de monter sur les planches pour balancer notre setlist. Des choses se mettent en place. Nous avons Metallian Productions qui s’occupe de nos affaires et une tournée est en préparation, mais pour l’instant ça se met en place. Et nous avons hâte, vraiment hâte…

« L’Empire Du Crépuscule » d’ADX est disponible chez Verycords.

Retrouvez l’interview du groupe à l’occasion de la sortie d’« Etranges Visions » :

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France Heavy Rock Rock 70's

Dätcha Mandala : un Rock émancipé [Interview]

Depuis «  Anâhata », son premier EP sorti en 2016, le power trio en a fait du chemin jusqu’à se faire une jolie place sur la scène hexagonale. Après deux albums, « Rokh » (2017) et « Hara » (2020, puis un autre format court, « The Last Drop » (2022), les Bordelais ont créé leur propre structure et aussi amorcé un virage plus mélodique et accessible. Cela dit, avec « Koda », DÄTCHA MANDALA n’a rien perdu de ses bonnes habitudes et délivre un Heavy Rock musclé et accrocheur. Entretien avec Nicolas Sauvey (chant, basse), Jérémy Saigne (guitare, chant) et Jean-Baptiste Mallet (batterie, chant) pour parler de ce troisième opus très inspiré.

Photo : Jessica Calvo

– Vous vous présentez avec un troisième album, « Koda », assez différent musicalement et que vous êtes allés enregistrer aux studios ICP de Bruxelles avec une nouvelle équipe également. Et on note aussi un changement de label, puisque vous avez quitté Mrs Red Sound. A quoi sont dus tous ces changements ?

JB – Le choix d’aller enregistrer en Belgique est dû au fait que nous voulions travailler avec Charles de Schutter, qui est lui-même belge et basé à Bruxelles. Et nous avions envie d’enregistrer avec lui, car les nouvelles chansons appelaient davantage une production plus moderne que vraiment orientée 70’s. Charles semblait être le parfait producteur pour nous faire sonner à la fois massif et plus Pop, entre Royal Blood, Muse et Gojira. Le fait de se retrouver à ICP était en fait un concours de circonstances, son studio n’étant pas disponible la première semaine où nous l’avions loué. Et pour ce troisième album, nous avions aussi la volonté d’essayer l’autoproduction, d’où le fait de ne pas le faire figurer au catalogue de MRS Red Sound, mais on travaille toujours étroitement avec eux sur les précédents disques.

– Depuis 2009, DÄTCHA MANDALA suit une courbe ascendante avec aussi un style qui s’est affirmé pour culminer, selon moi, sur le trop court « The Last Drop » sorti il y a deux ans. Et pourtant, vous décidez d’intégrer des touches Pop sur ce nouvel album. C’est choix qui peut surprendre. Quel a été le déclic ?

Nico – C’est une évolution naturelle de notre façon de composer et de nos goûts. On a tous les trois des influences assez variées, d’où le fait de sortir davantage du 70’s sur cet album. Les morceaux ont appelé cette direction artistique.

Photo : J. Dupeyron

– A l’écoute de « Koda », il paraît assez évident que vous avez souhaité être plus efficaces et fédérateurs sur les mélodies. Cependant, la rythmique est toujours aussi musclée et les riffs épais. Au regard de votre parcours, j’ai l’impression que l’adage ‘qui peut le plus, peut le moins’ prend ici toute sa dimension. N’y aurait-il pas un peu de ‘gentille moquerie’ avec ce côté soudainement plus accessible, d’autant qu’il y a toujours eu beaucoup d’humour chez vous ?

Jerem – On a toujours été sensibles aux belles mélodies et harmonies vocales, ainsi qu’aux gros riffs épais, d’où la volonté d’allier les deux au mieux. Si l’humour a toujours été présent chez nous, on prend notre musique très au sérieux et on ne souhaite se moquer de personne. 

– J’ai aussi pu lire que vous preniez un virage ‘Brit Pop’. Or, c’est un style insupportable que j’écouterai volontiers si ce n’était pas le cas, et DÄTCHA MANDALA ne l’est pas. J’ai plutôt l’impression d’écouter de l’Alternative Rock survitaminé à l’énergie très 70’s. Ce n’était pas plutôt ça l’intention ?

JB – C’est davantage un problème de traduction, parce qu’on parlait de la Pop anglaise allant des Beatles à Muse plutôt que de la scène Brit Pop des Libertines ou Artic Monkeys. Et du coup, effectivement, le propos de l’album puise plutôt son influence dans la scène Rock des années 90-2000, que dans celle des 60’s et 70’s comme on a pu le faire auparavant. 

– La production de « Koda » est moins brute et plus polie, ce qui n’empêche pas une certaine lourdeur et beaucoup de dynamique. L’objectif était de donner un aspect plus moderne ou actuel à vos nouvelles compos ? Moins vintage, peut-être ?

Nico – Tout à fait, tu as tout dit ! C’est pour cela que Charles de Schutter était la personne toute trouvée, car ayant officié pour M, Pleymo ou encore Angèle, on savait qu’il saurait sublimer notre son dans cette direction.  

Photo : Jessica Calvo

– D’ailleurs, vous qui êtes véritablement un groupe de scène, « Koda » donne l’impression d’être taillé pour le live. Vous l’avez conçu dans cette optique aussi ?

Nico – Oui, car sur les précédents albums, nous avons expérimenté des arrangements plus poussés et difficile à reproduire sur scène, à savoir une chorale, des violons, ou même ne serait-ce que le piano. Pour « Koda », la volonté était de pouvoir jouer tous les morceaux à trois sur scène, ainsi que d’essayer de ‘resserrer’ et d’affirmer notre son en trio. 

– Un dernière petite question pour conclure. On sait que Led Zeppelin est l’une de vos références les plus évidentes, est-ce que le titre de l’album est un clin d’œil au « Coda » du grand dirigeable, son ultime réalisation ?

JB – Bien vu ! En effet, si nous nous sommes tous les trois retrouvés au départ sur Led Zeppelin comme inspiration commune, avec les années, et de façon très naturelle, nous nous éloignons de nos racines pour évoluer vers un Rock de plus en plus moderne. C’est pourquoi, on a voulu faire un pied de nez à leur dernier album en appelant le nôtre « Koda » avec un ‘K’ pour annoncer notre « Coda » d’avec Led Zeppelin ! (Sourires)

Le nouvel album de DÄTCHA MANDALA, « Koda », est disponible chez  DM Prod, Take It Easy et Discos Macarras.

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Atmospheric Post-Metal Sludge

Inner Landscape : crépusculaire

Très live dans l’approche, la formation rhodanienne balance un premier album déjà très mature sur des références américaines que l’on rencontre assez peu en France. Très robuste grâce un Sludge puissant et robuste, INNER LANDSCAPE ne joue pas forcément l’écrasement, puisque le combo s’appuie aussi sur un post-Metal atmosphérique, qui confère des instants très contemplatifs et assez cinématographiques à « 3h33 », une réalisation à la production irréprochable et aux arrangements très soignés.

INNER LANDSCAPE

« 3H33 »

(Klonosphere/Season Of Mist)

Exigeant et pointilleux, Klonosphere n’a pas son pareil pour dénicher les pépites Metal de l’hexagone et être techniquement à la hauteur est l’une des premières prérogatives. Et de ce côté-là, INNER LANDSCAPE coche toutes les cases dès son arrivée sur la scène française. Il faut aussi préciser que les Lyonnais œuvrent dans un registre qui est plutôt confidentiel par chez nous. En effet, sur de solides et épaisses fondations Sludge, un post-Metal atmosphériques vient offrir un peu de légèreté à « 3h33 ». 

La pochette en elle-même donne le ton quant au contenu. C’est à la fois brut et rugueux, tout en étant assez lumineux. INNER LANDSCAPE joue sur les contrastes et le pari est plus que réussi. D’entrée de jeu, le chant hurlé saute justement à la gorge entre growl et scream, ce qui confirme le parti-pris du quatuor, même si quelques nuances apporteraient très probablement un peu plus de relief aux morceaux. Et cela vient également poser le son très organique de ce « 3h33 », très abouti.

Si le Sludge domine l’ensemble par son épaisseur et son aspect massif, les parties instrumentales libèrent des ambiances toutes en finesse et en précision, notamment grâce à un batteur qui joue sur le décalage des structures (« The Order Of Things », « Old Ghosts », « Unexpressive Fall »). Puis, INNER LANDSCAPE s’offre un break chaotique avec le bien-nommé « Wreckage » pour enchaîner sur le monumental morceau-titre, long de huit minutes. Malgré un format un peu spécial, le quatuor séduit déjà.

Photo : Jean-Sébastien Mattant
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Post-HardCore Post-Metal Progressif

Matrass : le temps du changement

Même si c’est son premier album et qu’il s’aventure dans un registre jusqu’ici inédit pour lui, MATRASS réalise le tour de force de se mouvoir très habillement dans un Post-Metal Progressif créatif et composé de multiples éléments, tous parfaitement assimilés. Avec « Cathedrals », les Français frappent forts et s’installent avec détermination aux côtés des meilleurs combos du genre, grâce une belle technique et une prestation éclatante de leur chanteuse. 

MATRASS

« Cathedrals »

(La Tangente)

Après deux EPs, le quintet fait (déjà) table rase du passé en changeant radicalement de style et de batteur par la même occasion. Malgré la belle fusion Metal affichée sur « Inner Wars » il y a deux ans, MATRASS opte cette fois pour un post-Metal Progressif lorgnant sur le post-HardCore et le post-Rock. Il semblerait que le style fasse de plus en plus d’émules dans l’hexagone, tant le nombre de formations évoluant dans la même veine voit son nombre grandir depuis quelques années. « Cathedrals » apparait donc comme une sorte de renaissance, de nouveau départ.

Et ce virage vers un Metal résolument moderne est vraiment bien négocié par les Bordelais, qui s’offrent là l’occasion de pousser l’expérimentation musicale beaucoup plus loin. Que ce soit au niveau des structures des morceaux comme dans leurs tessitures, « Cathedrals » est un premier opus très abouti, riche et à travers lequel les deux guitaristes peuvent exprimer leur plein potentiel, tout comme la technicité de la rythmique et la polyvalence vocale de Clémentine Browne, la frontwoman de MATRASS, dont le chant alterne le clair et le growl avec la même aisance.

Et pour mieux affirmer sa nouvelle identité sonore, les Girondins s’appuient sur une production massive et aérée. Car s’ils n’hésitent pas à se montrer explosifs sur les moments forts, les longues plages instrumentales ne sont pas en reste. MATRASS y livre quelques instants suspendus de toute beauté. Malgré sa courte expérience dans ce registre post-Metal Progressif, avec « Cathedrals » il libère des titres dont la construction et l’interprétation sont irréprochables (« Shreds », « Glimpses », « Appetite For Comfort », « Adrift » et le morceau-titre.). Une entrée en matière saisissante !

Photo : Théo Pierrel
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Black Metal Death Mélodique

AcoD : prose ténébreuse

Devenu incontournable au sein de la scène extrême hexagonale depuis une petite vingtaine d’années bientôt, le duo marseillais enchaîne les excellents disques (quatre au total, dont les très bons « Divine Triumph » et « Fourth Reign Over Opacities And Beyond »), deux EPs et des prestations scéniques marquantes. L’annonce de la sortie de « Versets Noirs » chez les Néerlandais de Hammerheart peut aussi surprendre, car la formation ne fait plus partie des ‘Acteurs de l’Ombre’ et vise dorénavant l’international avec l’Europe en ligne de mire.

ACOD

« Versets Noirs »

(Hammerheart Records)

ACOD semble vouloir prendre un nouveau départ avec« Versets Noirs » et cela commence avec une pochette très différente des précédentes. On découvre ici un gros plan sur un visage en noir et blanc avec un œil sortant d’une bouche alors que, précédemment, la palette utilisée jouait sur les tons chauds et les monstruosités lovecraftiennes. De même, le premier morceau, « Habentis Malefica », s’étend sur une vingtaine de minutes, alors qu’auparavant ils excédaient rarement les cinq. Une longueur cependant réjouissante et même obsédante. On en vient même à perdre toute notion temporelle.

D’entrée, « Habentis Maleficia » place la barre très haute. Les passages alternent dans un Metal extrême entre des moments calmes et aériens, un sens du riff soutenu par une production très propre (sans devenir lisse et insipide) et un jeu de batterie qui offre une base solide et entraînante. Pour ouvrir « Versets Noirs », ACOD a osé le pari et il est beau ! Les trois titres originaux qui suivent sont dans la même veine. Efficaces, ils laissent toutefois une place à quelques chœurs, des moments plus apaisés et apporte même un bel équilibre à ce nouvel opus dont le concept vient entretenir l’histoire développée par le tandem.

A noter la reprise du classique des Suisses de Samael « Black Trip » (figurant sur « Ceremony of Opposites », sorti en 1994) en conclusion de l’album. Si celle-ci est intéressante et se fond bien dans l’ensemble, force est de constater que « Habentis Malefica » est LE morceau à retenir. Peut-être trop bon (avec un riff incroyable à 16’30 !), il fait de l’ombre aux autres, pourtant d’excellente facture. En tout cas, ACOD est en pleine forme et découvrir cette nouvelle réalisation sur scène devrait sans nul doute être mémorable ! Entre Black Metal et Death Mélodique, les Phocéens ont trouvé la formule gagnante.

Emilien Nohaïc

Photo : Cana Prod
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Groove Metal Hard-Core Thrash Metal

Swarm : un groove exponentiel

La scène Metal française ne s’est jamais aussi bien portée et SWARM en est le parfait exemple. Malgré une exposition bien trop discrète, la formation d’Antibes enchaîne les concerts et les albums depuis une bonne décennie maintenant. Le groove brutal et mélodique à l’œuvre sur « Omerta » devrait sans mal conquérir les fans de Thrash Hard-Core aux riffs tranchants et aux solos survoltés. Cette belle offrande décibélique ne doit rien au hasard, tant le groupe monte en puissance à chaque disque.  

SWARM

« Omerta »

(Independant)

Il y a cinq ans déjà, SWARM m’avait déjà fait forte impression avec « Anathema », son deuxième album. Le successeur de « Division & Disharmony » (2017) sortait d’ailleurs en indépendant ce qui, vu sa qualité, tenait de l’hérésie en comparaison d’autres productions supportées par un label. Ensuite, le combo nous a fait patienter avec « Mad In France », un EP paru l’an dernier, doté de six titres explosifs, où il a encore peaufiné un style basé sur un Groove Metal teinté de Thrash et de Hard-Core à la redoutable efficacité. Son registre semble être cette fois arrivé à maturité, car la force déployée est monumentale.  

D’ailleurs à l’époque de la parution du format court, beaucoup se sont interrogés, car le troisième opus était a priori déjà en boîte. Cela dit, ça valait vraiment la peine d’attendre, car « Omerta » montre et démontre que SWARM fait bel et bien partie du haut du panier de la scène hexagonale. Toujours enregistré et mixé au studio Artmusic dans le Var par Sebastien Camhi, le mastering a été confié au grand Jacob Hansen et le moins que l’on puisse dire est que ce nouvel effort a du coffre, du relief et dégage une folle et dévastatrice énergie. Tous les ingrédients sont réunis et les feux sont au vert.

« Omerta » ouvre avec « Alsamt », une belle intro instrumentale, acoustique et solaire. Mais SWARM, c’est d’abord deux guitares qui claquent, une rythmique qui bastonne et un chant accrocheur et varié. Musclée et massive, cette nouvelle réalisation présente un bel équilibre et balance bombe sur bombe (« Step By Step », « Suicidal Dreams », « Make Your Move », « My Inner »). Le quintet s’offre aussi une brève accalmie (« DeAD Inside »), quelques phrasés en français (« Clink And Come End ») avant de clore magistralement les débats avec l’excellent « First Class », l’ultime et brillant joyau d’« Omerta ». Bien joué !