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When Rivers Meet : l’authenticité du Blues et la force du Rock [Interview]

Bercé par le Blues et le Rock, les Anglais de WHEN RIVERS MEET font partie de cette nouvelle génération au son authentique et à la démarche artistique sincère. Le couple, à la ville comme à la scène, est parvenu sur son premier album, « We Fly Free », à parfaitement retranscrire cette énergie Blues Rock directe et sensible. Grace (chant, mandoline et violon) et Aaron Bond (chant et guitares) reviennent ensemble sur leur duo, leurs inspirations et cette récente mise en lumière du groupe. Entretien.

Photo : Rob Blackham

– Avant ce premier album, vous avez sorti deux EP, « The Uprising » et « Innocent Of Youth ». Ils vous ont permis de vous aguerrir, de peaufiner ou de personnaliser votre jeu ?

Aaron – Nous avons tâtonné pendant un moment avant de trouver notre style. On a fait de l’Americana pendant un certain temps, mais cela ne correspondait pas tout à fait. Le tournant s’est produit lors d’un concert de Guns N’ Roses à Londres et ça a vraiment été le déclic. La réponse était évidente : mélanger le Rock et le Blues car, après tout, c’est ce que nous aimons. Le faire en duo était la grande question. Comment développer quelque chose de nouveau, de distinctif et d’unique. Nous aimons le Classic Rock et le Blues à l’ancienne et des artistes comme Bad Company et John Lee Hooker. Lorsque nous avons découvert notre son, nous en sommes immédiatement tombés amoureux et on avait vraiment hâte d’aller en studio.

La chose la plus importante était de trouver le bon producteur, qui pourrait partager notre vision et nous avons eu la chance de trouver Adam Bowers. Quand nous avons commencé à travailler sur l’EP « Uprising », c’était tout simplement magique. Adam a fini par jouer de la basse et de la batterie sur tous nos morceaux. Il s’est vraiment mis des deux côtés de la barrière. Nous avons appliqué cette formule au deuxième EP « The Innocence of Youth », que nous avons enregistré pendant l’hiver dernier. Nous avons décidé de le faire dans le même style que le précédent. Et ça nous a conduit naturellement  à enregistrer l’album « We Fly Free ».

Nous voulions quelque chose d’un peu plus expérimental avec cet album tout en racontant une histoire à chaque morceau. On voulait une ambiance organique, et nous avons donc utilisé une technique d’enregistrement en espace ouvert avec des micros partout. Tout a été enregistré sur du vieux matériel à bande avec des anciens amplis Marshall et Fender qui développe une belle réverbération. Nous voulions enregistrer quelque chose d’authentique, une vraie représentation de ce que nous sommes, et c’est ce que nous espérons avoir accompli.

– Durant ces derniers mois, vous avez également été très présents sur les réseaux sociaux en diffusant en direct vos prestations dans « Rockin’ The Lockdown ». Qu’avez-vous gardé de cette expérience, outre le fait de conserver un lien fort avec votre public ? Perfectionner vos morceaux ?

Grace – Lorsque le confinement a commencé, comme tout le monde, tous nos concerts ont été annulé. Nous ne savions pas combien de temps cela allait durer à l’époque et il était fort possible que ce soit long. Nous avons donc décidé en mars de l’an dernier de diffuser nos prestations en direct. Nous avons vu quelques groupes le faire, alors pourquoi pas nous ! C’était un peu bizarre les premières fois, mais c’est maintenant devenu normal. Nous avons eu la chance d’avoir été très soutenus chaque semaine, et nous avons atteint plus de 100.000 streams dans le monde entier. De plus, cela nous offre un concert chaque semaine, ce qui est plutôt cool.

Photo : Rob Blackham

– Parlons maintenant du très bon « We Fly Free », un premier album qui semble bien porter son nom. Il sort après deux singles qui vous ont valu de belles louanges. J’imagine que cette confiance acquise doit vous porter aujourd’hui ?

Grace – Ouais, nous étions très nerveux quand nous avons sorti l’album, parce que c’était la première fois. Nous ne savions pas à quoi nous attendre par rapport aux critiques, mais nous espérions vraiment que les gens l’aimeraient. Nous avons été extrêmement chanceux que Planet Rock et BBC Radio 2 aient joué quelques-unes de nos chansons, ainsi que de nombreuses émissions de radio sur Internet.

– WHEN RIVERS MEET distille un Blues Rock aussi énergique que sensible. Lorsque vous composez vos morceaux, comment est-ce que vous vous répartissez les rôles, notamment vocalement ? Vous composez ensemble ?

Aaron – Les idées viennent vraiment de partout. Cela peut être d’un riff de guitare, une voix ou des paroles et ensuite on commence à travailler dessus. Puis, nous nous séparons dans différentes pièces. Grace continue à travailler sur la musique et je travaille sur les paroles. Et nous nous remettons ensemble pour travailler sur la chanson. Si nous l’aimons, on continue à travailler dessus, mais si on ne l’aime pas, on la jette et on passe à la suivante. Nous sommes impitoyables là-dessus, c’est notre façon de faire. Et il a fallu beaucoup de temps pour arriver à cette approche, mais c’est la formule qui fonctionne le mieux pour nous.

– Il y a beaucoup de slide, de la mandoline et même du violon sur l’album, ce qui offre une grande diversité à l’album. Etonnamment, on retrouve presqu’autant d’influences anglaises que du Blues de Chicago et même quelques sonorités Southern Rock. C’est un mélange plutôt détonnant !

Grace – Oui, nous avons beaucoup d’influences musicales que nous voulons exploiter quand nous écrivons. Aaron a grandi avec le Rock’n’Roll de son père et la musique des années 70 de sa mère. D’une manière ou d’une autre, il a trouvé lui-même le Blues et le Classic Rock quand il était jeune. Ses premiers CD étaient « Boom Boom » de John Lee Hooker et « A Real Live One » d’Iron Maiden. C’est cette ouverture au monde de la musique qui nous a massivement impacté en tant que couple. J’écoutais plus Dusty Springfield et les autres grands chanteurs de Soul avant de rencontrer Aaron. Ce doit être le destin que nous nous soyons rencontrés dans le pub rock préféré d’Aaron et que la première conversation que nous ayons eue porte sur la musique. Et Elvis passait dans le Juke Box…

Photo : Rob Blackham

– A travers toute cette incandescence qui traverse « We Fly Free », on note également un son très vintage présent sur tout l’album. C’est une façon de rendre votre Blues intemporel ?

Aaron – Nous étions très conscients du son que nous voulions. L’ambiance vintage très live du Classic Rock et du Blues était quelque chose que nous recherchions. Nous sommes de grands fans de Led Zeppelin, Bad Company, Free, Guns N’Roses, Nirvana etc., et aussi des grands maîtres du blues comme John Lee Hooker, Muddy Waters, Robert Johnson, Bonnie Raitt et beaucoup d’autres. Le processus d’enregistrement qui était présent à l’époque de ces grands musiciens était quelque chose que nous voulions. Cela donne une telle ambiance live, sans fioriture et qui dégage une énergie pure, ce qui était très important pour nous.

– Enfin, vous évoluez en duo et ça vous va très bien. Est-ce que l’idée d’étoffer votre line-up vous a déjà effleuré ?

Grace – Nous serons toujours un duo dans l’âme. Mais nous sommes actuellement en train de former un groupe pour la suite avec une basse, une batterie et un orgue Hammond. Cela ne veut pas dire que nous ne sortirons pas encore en duo de temps en temps si l’occasion se présente, mais notre objectif est de vraiment faire un bon spectacle et avoir un groupe derrière nous va nous permettre vraiment de le faire, afin aussi de recréer le son de l’album.

Le très bon premier album éponyme de WHEN RIVERS MEET est disponible sur le site du groupe : www.whenriversmeet.co.uk

Retrouvez aussi la chronique de l’album :

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Blues International Southern Rock

Robert Jon & The Wreck : la magie Southern [Interview]

Il fut un temps, pas si lointain d’ailleurs, où l’on était encore autorisé à parler de Rock Sudiste… Les aficionados s’en souviennent encore. En un rien de temps, nous sommes passes au Southern Rock, ce qui ne change rien au propos, mais bon… C’est politiquement correct au moins et ça évite à certains de moudre un grain bien trop épais.

Aux côtés des Blackberry Smoke, de Whiskey Myers et de quelques autres, ROBERT JON & THE WRECK s’est fait lui aussi une belle place dans ce renouveau que vit la scène américaine notamment. Avec un superbe dernier album, « Last Light On The Highway », les Californiens montrent qu’il faudra désormais compter sur eux à l’avenir.  

Chanteur et guitariste du quintet, Robert Jon m’a fait le plaisir de répondre à quelques questions, histoire de faire un peu le tour de la question, de parler de l’ascension du groupe et surtout de la période pandémique qui les a coupé en plein élan. Entretien.

– En l’espace de quelques albums, le groupe est passé d’étoile montante du Southern Rock à formation-phare de la nouvelle génération. Même si cela ne devait pas être l’objectif, c’est une belle récompense, non ?

C’est très flatteur, mais j’ai l’impression que nous sommes, en fait, plus souvent en concurrence avec nous-mêmes. Nous voulons que chaque disque, chaque chanson et chaque performance soient meilleures que les précédents. Nous n’avons pas vraiment  beaucoup de temps pour s’arrêter et flâner, car c’est à ce moment-là que les groupes perdent leur avantage.

– Après « Take Me Higher » et surtout depuis « Last Light On The Highway », les choses sont allées assez vite pour vous. Comment avez-vous vécu ces deux dernières années ?

C’était un tourbillon d’opportunités amusantes et excitantes. Etre frappé ensuite par le Covid a été un arrêt tellement difficile vu la vitesse à laquelle tout se passait. On est passé de la vitesse maximale à zéro, et cela a nécessité beaucoup de réajustement pour tout le monde. Nous étions censés être en tournée pendant la majeure partie de l’année 2020 et sortir aussi notre disque. Nous avons fini par essayer de comprendre comment survivre à tout cela. Heureusement, nous nous sommes rencontrés régulièrement pour rester sains d’esprit et nous concentrer sur la musique.

– « Last Light On The Highway » est aussi brillant dans ses compositions que dans la production qui est très organique et lumineuse. C’est assez rare de sortir un aussi bon album un an seulement après le précédent. Vous aviez déjà plusieurs morceaux prêts et une idée précise de l’album ?

Merci, c’est vrai que nous sommes vraiment fiers de l’album. Nous n’avons jamais vraiment d’idées avant de commencer le processus d’écriture. Les albums s’assemblent tous assez rapidement. De l’écriture à l’enregistrement, cela ne prend que quelques mois. Plus précisément, la chanson « Last Light On The Highway » a été composée et finalisée en juste quelques jours. Et cela s’est avéré meilleur que nous n’aurions jamais pu l’imaginer. J’ai d’ailleurs hâte de la jouer en concert.

– Quand on vous dit que vous représentez la relève du Southern Rock avec tout ce que ça comporte par rapport à l’héritage que cela représente, vous sentez-vous dépositaire de cette identité musicale ?

Pas vraiment. Je pense que ma voix et son côté émotionnelle ont cette qualité de nous pousser dans cette direction malgré tout. Nous aimons des groupes comme les Allman Brothers et les Black Crowes, et dire qu’ils n’ont pas d’influence serait un mensonge. Mais nous aimons une tonne d’autres groupes aussi, et qui nous ont marqué. J’espère surtout qu’on se distingue de ces groupes de la bonne manière pour nous permettre de tracer notre propre chemin.

– En écoutant les médias et aussi les fans, on a l’impression qu’il ne s’est passé depuis Lynyrd Skynyrd, Allman Brothers Band, Molly Hatchet et quelques autres. Est-ce que c’est aussi ton sentiment ? Le Southern Rock a-t-il besoin de sang neuf ou juste d’un éclairage à la hauteur du style ?

Il y a beaucoup de groupes de Southern Rock incroyables qui entretiennent la flamme. J’ai l’impression qu’il est facile de devenir un groupe presque « cloné » avec de la musique originale ces temps-ci. Beaucoup de choses ont été faites dans le Rock’n’Roll. Donc essayer d’être les nouveaux Allman Brothers ou Molly Hatchet, et aussi bons que soient le groupe, vous laissera forcément dans l’ombre de ceux qui l’ont déjà fait mieux que vous. Cela dit, si vous avez besoin de nouveautés, écoutez donc Them Dirty Roses, Dirty Honey et Markus King, qui font un sacré bon travail.

– Alors que vous enchainiez les concerts après la sortie de l’album, vous avez été stoppés net, comme tout le monde, par la pandémie. Quels ont  été vos premiers sentiments ?

Au début, tout le monde disait que ce serait fini dans deux semaines, et cela n’a bien sûr pas été le cas. Ensuite, nous avons dû décider de ce que nous étions à même de faire en tant que groupe. Quand j’ai réalisé pour la première fois que ce serait beaucoup plus long que ce que tout le monde disait, il me restait en fait beaucoup de nouvelles choses à découvrir dans ma vie. Alors, que faire de ce temps en restant productif ? Comment ne pas me sentir déprimé tous les jours ? C’est dur lorsqu’on n’a rien à faire. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a beaucoup de choses qui se passent en concert. Ce n’est pas seulement une question d’argent ou de rapport aux fans. Il y a un sentiment d’accomplissement après un spectacle et enlever ce sentiment est une pilule difficile à avaler. Ça a donc été le bon moment pour réfléchir et découvrir à nouveau ce qui était important pour moi.

– Depuis vous donnez rendez-vous chaque semaine à vos fans à travers « The Wreck Podcast » qui approche d’ailleurs la centaine de numéros (84 pour être précis). Peux-tu nous expliquer en quoi consistent ces émissions ?

Ce Podcast a été une bouée de sauvetage pour nous et pour nos fans. Nous parlons de ce que nous faisons, nous buvons de la bière, nous écoutons de la musique et nous avons des invités. C’est toujours très amusant de se connecter avec de vieux amis comme Todd de Rival Sons, par exemple. Nous ne l’avions pas vu depuis des années et c’était comme si nous venions de nous voir. C’est notre formule numérique pour être dans un bar et filmer toute cette merde due à la pandémie.

– Et puis, il y a aussi ces shows-case en direct du ‘Hangar 24’ dans votre ville d’Orange County en Californie. Comment cela se passe-t-il et comment vous organisez-vous pour les mises en place ?

Nous avons un ami nommé John Hampton, qui organise des événements musicaux depuis 20 ans dans le comté d’Orange. Son travail a aussi été vaincu par la pandémie. Alors, il cherchait un lieu pour faire des spectacles et il l’a trouvé à travers le ‘Hangar 24’.

Le site extérieur a la taille d’un terrain de football et permet aux gens d’être aussi proches ou aussi loin qu’ils le souhaitent des autres. Ces spectacles ont été incroyables non seulement pour nous, mais aussi pour les autres groupes locaux du comté d’Orange. Ça nous a rappelé pour quelles raisons, on joue tous de la musique. Il y a des tonnes de personnes qui ont besoin d’une sortie régulière, et qui ont besoin d’un endroit pour voir et écouter de la musique live. J’ai l’impression que cela fournit un excellent service à la communauté. Je suis vraiment très fier que John et notre équipe aient pu aider à mettre tout ça en place.

– Un petit mot justement sur le fait que vous veniez de Californie et pas d’un Etat du Sud comme c’est le cas très souvent. Là aussi, les frontières commencebnt à bouger. Le voyez-vous comme une démocratisation du Southern Rock ?

A Orange Country, tout le monde a un parent qui écoute du Classic Rock à la radio. Grateful Dead, par exemple, a un énorme impact dans le comté d’Orange et cela se ressent dans ce que nous faisons. Nous avons grandi en écoutant du Punk Rock, du Grunge et du Metal. Nous essayons juste de ne pas y penser quand nous écrivons de la musique. L’éventail de chansons américaines est le même partout dans le pays, et à mesure que nous voyageons, il est presque le même partout dans le monde. Nous tirons donc tous vers les mêmes influences que tout le monde. Nous ne faisons pas tout notre possible pour être un groupe de Southern Rock, nous ne faisons que jouer la musique que nous aimons. Les gens trouveront toujours une étiquette et cela nous convient si cela les aide à découvrir notre musique.

– Enfin, vous venez d’annoncer les nouvelles dates de votre venue en Europe et notamment ici en France pour deux concerts. Vous devez être impatients de reprendre la route, non ? Et sans vouloir jouer les chats noirs, vous avez bon espoir que cette tournée se passe dans des conditions presque normales ?

Nous sommes à la fois excités et terrifiés. Passer d’un rythme très soutenu à un arrêt total est une chose. Mais retrouver de nouveau ce rythme effréné sans savoir si les choses vont changer, c’en est une autre. Mais cette fois, tout semble laisser penser que c’est véritablement la fin de la pandémie et nous sommes particulièrement ravis de revoir les fans et de leur proposer des concerts incroyables !

Vous savez donc ce qu’il nous reste à faire : croisons tout ce qui peut l’être !

« Last Light On The Highway » est toujours disponible.

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France Metal

No Terror In The Bang : clair-obscur explosif [Interview]

Créatif et technique, NO TERROR IN THE BANG est un nouveau venu sur la scène Metal hexagonale. Et avec ce premier album, « Eclosion », le groupe de Rouen affiche déjà une maturité d’écriture et de composition indéniable. Les membres du sextet n’en sont pas à leur coup d’essai et c’est dans un style assez peu représenté en France qu’ils affichent un Cinematic Metal fertile et audacieux. Entretien avec le compositeur et batteur Alexis Damien…

– Tout d’abord, qu’est-ce qui a poussé six musiciens aux horizons musicaux assez différents à créer un groupe aussi atypique que NO TERROR IN THE BANG ? Il vous manquait quelque chose dans vos formations respectives ?

En réalité, c’est le hasard des rencontres qui l’a déclenché. J’ai croisé Sofia et entendu sa façon de chanter, j’ai pressenti tout de suite qu’on pouvait faire de bons morceaux ensemble. Il se trouve qu’elle aimait le Metal, les musiques alternatives et sombres, sans pour autant les avoir déjà pratiqué. Je lui ai fait écouter mes anciens projets et on a décidé de partir sur un projet Metal, avec une ligne directrice qui s’est affiné aux cours des séances, jusqu’à l’affirmation de ce premier album « Eclosion » : du Metal cinématographique. Le groupe s’est complété au fur et à mesure, avec des musiciens issus de la scène rouennaise. Mais dès le départ, on a senti une belle énergie créatrice se dégager de notre projet. Comme une source, un arbre qui pousse. Sofia et moi sommes très créatifs et avons encore beaucoup à produire.

– Peu de temps après la création du groupe, vous avez sorti un premier single, puis deux autres l’an dernier. C’est la situation sanitaire qui vous y a contraint ou l’impatience de faire découvrir votre musique avant l’album ?

Effectivement, pour qu’un groupe démarre, c’est de plus en plus compliqué aujourd’hui. Il y a saturation partout, la musique est omniprésente. Nous avons donc choisi sciemment de sortir quelques singles au fur et à mesure, pour commencer à faire parler de nous. En Metal et en Rock, c’est toujours l’album qui fait autorité, donc nous avons choisit d’y aller à fond. Notre album « Eclosion » représente un an et neuf mois de travail entre notre première séance de travail et la dernière séance de mastering.

– Parlons maintenant de l’album. Etant donné sa complexité, de quelle manière l’avez-vous composé ? Vous aviez déjà un schéma précis en tête, ou est-ce que les idées et les différentes atmosphères sont venues se greffer petit à petit ?

En réalité, ce n’est pas si complexe. Si ? C’est juste qu’il y a un peu plus d’harmonies « exotiques » que dans un groupe de Metal traditionnel. Il y a effectivement des passages dans des styles « musique de films » ou « satien »… J’ai toujours pris garde à ce que les morceaux gardent un côté « mainstream », et ne soient pas rebutants ou intellos. Il y a une simplicité latente. Plusieurs personnes m’ont fait part du côté « addictif » des morceaux et des surprises qu’on y trouve en plusieurs écoutes. J’y vois un bon critère de réussite, cela veut dire qu’il y a plusieurs niveaux d’écoutes derrière le côté « catchy ». Des titres comme « Another Kind Of Violence » ou « Uncanny », c’est un peu comme si Obélix te mettait un coup sur la tête, mais qu’Idéfix te susurrait juste après des petits bruits étranges à l’oreille … (Rires) Tu ne sais plus si c’est un rêve ou la réalité…On peut donc qualifier notre musique d’un trip entre rêves et cauchemars.

– Lorsqu’on parle de Cinematic Metal, on s’attend souvent à des morceaux assez longs permettant de poser des ambiances plus librement. Or chez NO TERROR IN THE BANG, il s’agit plutôt de titres assez courts et racés, entrecoupés d’interludes plus ou moins longs d’ailleurs. L’aspect progressif que peut générer ce genre de style ne vous intéressait pas ?

Oui, c’est vrai. Hypno5e, par exemple, prend plus son temps. Il correspond d’ailleurs peut-être plus à cette définition. Cela nous intéresse énormément, et on essaiera sûrement de le faire. Mais pour « Eclosion », en effet, nous avons privilégié les flashs, les uppercuts et les respirations. D’où un côté toujours écoutable même pour un public moins spécialiste. Petite confidence, certains passages de notre album seront rallongés en live justement, pour prendre plus le temps.

– Avec « Saule Pleureur », vous ouvrez l’album de façon étonnamment calme avant le déferlement du reste de l’album. C’est une manière de présenter la suite ?

J’avais fait le même coup avec « 2unlimited » de Pin-up Went Down (son autre groupe – NDR). J’adore la dualité, la fracture, le contraste. Mais c’est un vieux procédé d’une certaine façon, écoutez l’introduction de « Master of Puppets »… « Saule Pleureur » symbolise la lumière, l’orchestration y est particulièrement lumineuse dès les premières secondes, avec des harmoniques de cordes, des accords très larges… J’y vois une lumière comme dans le film « The Tree Of Life » (de Terrence Malick) avec cette musique éthérée d’Alexandre Desplat. C’est un procédé assez utilisé dans les musiques de film. Puis, vient ce piano mystérieux qui accompagne le chant, un piano feutré, comme des pas de chats inquiétants. L’enchainement avec « Another Kind Of Violence » provoque une petite tension en effet, à l’arrivée d’un riff de guitare puissant, dans un style Metal moderne à la Gojira…

– Vos compositions ramènent à de nombreuses influences qui vont du Metal Alternatif et Fusion à la musique classique et bien sûr aux B.O.F. Tout en étant très technique, votre style reste abordable et très moderne. Quel est l’aspect de votre style qui vous caractérise le mieux selon vous ?

Notre énergie ne vient pas que des riffs. Nous utilisons des harmonies particulières qu’on n’entend pas tous les jours dans un groupe de Metal, comme dans le morceau « Uncanny » par exemple. La musique est en effet assez ciselée et précise, on a donc un son plutôt « propre »… C’est vrai qu’il y a plusieurs écoles, les propres et les sales (Rires). J’adore le sale aussi, le bruit, le parasite, la vermine en quelque sorte. C’est un aspect que l’on exploitera aussi. Les aspects bruts, Sludge, Noisy ou même Indus m’intéressent énormément, on s’en servira un jour. Mais on ne pouvait pas tout faire d’un seul coup ! Il fallait choisir !

En termes de B.O.F, c’est pareil. Sur cet album, on est parti sur des sons plutôt orchestraux, mais rien ne dit que le suivant soit dans cette veine ! J’adore pour ma part le travail d’Atticus Ross et Trent Reznor, je risque de me laisser tenter par leurs timbres aussi… Vous savez ces synthés technoïdes sales… J’adore aussi le travail de Nick Cave et Warren Ellis…Ecoutez la B.O de « The Road »… Enorme, c’est bien plus malsain que Slayer croyez-moi ! (On est d’accord ! – NDR) La musique de film, ça ne veut rien dire en réalité. Il y a trop de réalités différentes… Les champs sont infinis, tu as excité mon imaginaire avec ta question !!! Grrrr

– « No More Helpful Peace » et « Memory Of Waif » sont déclinés en deux parties. On évoquait précédemment des morceaux plus longs. Vous n’avez pas été tentés de les regrouper pour en faire des morceaux plus conséquents dans leur durée ?

Si mais pour des questions techniques, c’était plus simple : référencement, mastering, mixage, travail de placement en synchro, etc… Et puis bon, si un auditeur veut zapper, c’est plus facile, tout simplement… Je sens ta déception ! (Rires)

– Enfin, même si pour le moment les concerts sont malheureusement toujours à l’arrêt. Comment imaginez-vous vos futures prestations live ? L’aspect visuel et même vidéo aura sûrement une place prépondérante ?

On a hâte de monter sur scène. Nous réfléchissons actuellement à cet aspect, on verra bien l’écart entre rêves et réalité. Tout dépend où l’on joue… En festival de plein jour, c’est très différent d’une petite salle fermée ou une simple projection peut suffire… Mais nos concerts ne seront pas des « ciné-concerts ». Il y aura du mosh et de la sueur… !!

« Eclosion » est déjà disponible chez M&O Music

Retrouvez la chronique de l’album :

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International Stoner/Desert

Jakethehawk : les faucons des Appalaches [Interview]

Fort d’un album exceptionnel sorti il y a quelques semaines, JAKETHEHAWK a délivré une bouffé d’oxygène et d’énergie incroyable. Avec « Hinterlands », le groupe américain franchit un cap à travers un Stoner Psych addictif aux influences Desert Rock : un véritable appel à la nature aux sonorités envoûtantes et très organiques. John Huxley, chanteur et guitariste, revient sur la démarche du quatuor et sa conception de la musique du groupe.

– En moins de cinq ans, vous avez sorti un EP et deux albums et pourtant vous dégagez déjà une énergie et une maîtrise incroyable. C’est sur scène que vous avez solidifiez votre style ?

Dans une certaine mesure, plus nous jouions ensemble, plus nous nous sentons à l’aise dans nos pompes et plus nous devenons confiants pour avancer artistiquement. Le développement de l’alchimie en tant que groupe se fait à la fois sur scène et au moment de l’écriture. C’est un ensemble.

– A l’instar des pionniers du Desert Rock, vous avez baptisé votre style l’« Appalachian Rock ». Simple question de géographie, ou comptez-vous faire des émules ?

C’est plus ironique qu’autre chose, mais une grande partie de mon éducation musicale s’est faite à travers de la musique acoustique et Folk… Et il y a une riche tradition dans la région des Appalaches. C’est donc plutôt un clin d’œil à ces racines. C’est notre façon de dire que nous donnons notre propre tournure et notre touche personnelle au son Stoner/Psych/Desert.

– L’an dernier, vous avez accueilli Josh Emery à la guitare et au chant et dans la foulée, vous avez signé chez Ripple Music. C’est ce sentiment d’être au complet qui a créé une sorte de déclic ?

Avoir Josh dans le groupe est génial, car nous pouvons explorer beaucoup plus d’espace sonore en live. Son jeu de guitare n’apparaît que sur le morceau « June » sur le dernier album, mais il a eu un impact positif majeur sur cette piste. Au fur et à mesure que nous avançons, écrire avec lui est très naturel. Il est le Yin musical du Yang de John, pour ainsi dire, donc les idées ne manquent jamais. Cela combiné à la signature chez Ripple Music est merveilleux, parce que nous ne nous sommes jamais autant sentis si créatifs et capables d’écrire la musique que nous imaginons. Et nous avons maintenant ce label incroyable pour apporter cette musique aux oreilles des gens.

– JAKETHEHAWK possède un son très organique avec des influences qui vont du Stoner au Doom, du Progressif au Shoegaze en passant par des moments Folk et même Southern. Vous faites vraiment le grand écart. Et le liant reste le Psych, c’est bien ça ?

Je ne sais pas si on peu parler de liant… C’est plutôt quelque chose qui donne probablement le sens de la musique, qui existe dans nos subconscients. Mais pour ne pas tourner autour du pot, je dirai… oui. John et Josh ont toujours aimé les murs sonores luxuriants, mélodiques et tourbillonnants. Nous pensons donc que nous aurons toujours tendance à le faire d’une manière ou d’une autre, avec le groove que Jordan et Justin apportent à l’ensemble.

– Malgré les nombreux changements de rythmes et d’atmosphères sur « Hinterlands », il reste une chose immuable chez vous : le groove. L’impression qui domine est que le couple basse/batterie vous donne une liberté totale au niveau des guitares notamment, et qu’il porte même vos gigantesques riffs…

Jordan et Justin forment une unité très solide et c’est vrai que leur ampleur sonore nous donne définitivement à Josh et moi beaucoup d’espace pour se déplacer sur un terrain plus texturé. Justin couvre beaucoup d’espace avec sa basse, afin que nous ne soyons pas dépendants du fait que des guitares rythmiques claquent sur des accords de puissance tout le temps, et pour garder une cohérence sur les morceaux.

– Votre son donne très souvent le sentiment de se retrouver en pleine nature, face à un vaste horizon ou au cœur d’une forêt comme dans votre clip. Est-ce que vos textes vont aussi dans ce sens avec un message écologique ?

Dans une certaine mesure, mais c’est plutôt une métaphore. Les paroles de « Hinterlands » traitent beaucoup de la croissance, du changement et de l’idée de ‘passer à autre chose’. Les références à la nature représentent ce sentiment… Voyager dans l’arrière-pays de votre propre vie. De plus, nous aimons les images luxuriantes, colorées et généreuses, parce que nous voulons que notre musique le soit également. Nous ne pouvions pas imaginer une vidéo ou une pochette d’album de JAKETHEHAWK, qui serait Metal ou gothique. Mais qui sait ? Peut-être que ce sera le cas sur le prochain disque.

– Il y a un fort aspect proto-Metal mêlé à un son très 90’s chez JAKETHEHAWK. Même en évoluant avec son temps, on revient toujours aux bases, non ? De quelle manière pensez-vous pouvoir encore faire grandir ce style ?

Je ne sais pas si nous le pourrons… Je pense que la seule chose que nous pouvons faire est de laisser cela de côté et d’être simplement fidèles à nous-mêmes et à ce que nous désirons vraiment faire.

– Une dernière et irrésistible petite question pour le fun et pour conclure : pourquoi JAKETHEHAWK et pas THE4FLYINGJ (pour John, Jordan, Justin et Josh) ?

En fait, « The Flying J » est une chaîne de stations-service et relais-routiers ici aux États-Unis. Nous avons essayé de les contacter pour voir s’il serait possible de mettre mis en place notre nom sur un hotdog, mais jusqu’à présent, ils n’ont pas répondu. Blague à part, nous avons en fait nommé le groupe d’après le nom d’un faucon à queue rousse qui vit dans un arbre à côté de la maison de mon père. Il l’a appelé Jake quand il était jeune, et Jake the Hawk y vit toujours aujourd’hui.

Bandcamp :

https://ripplemusic.bandcamp.com/album/hinterlands

Retrouvez la chronique de l’album :

https://rocknforce.com/jakethehawk-profond-et-organique/

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Extrême International

Iotunn : Metal, atmosphérique et cosmique [Interview]

Il y a cinq ans, « The Wizard Falls », premier effort du groupe, avait concentré beaucoup d’espoir dans ce jeune groupe danois. De là à créer un album aussi abouti et mature que « Access All Worlds », il n’y avait qu’un pas qu’IOTUNN a parfaitement franchi. Avec beaucoup d’ambitions, une technicité de chaque instant et un nouveau chanteur inspirant, le quintet scandinave a relevé le défi avec beaucoup de classe. Entretien avec Jesper Gräs, guitariste de la formation, qui revient sur la démarche du groupe.

Photo : Nikolaj Bransholm

– En 2016 avec « The Wizard Falls », vous aviez sorti un EP qui avait beaucoup surpris en raison des nombreuses voies empruntées. Avec « Access All Worlds », votre direction musicale est beaucoup plus nette. Vous aviez besoin de rassembler vos idées et préciser votre style ?

Je pense que nous étions dans une avancée très importante en 2015/16 en ce qui concerne notre son. Et nous avons travaillé intensément depuis pour améliorer encore tout ça. C’était une époque où nous avions élargi les sphères que nous explorions, et je pense que c’est à ce moment-là que le son nordique et atmosphérique nous a inspiré. Notre amour pour la musique classique a vraiment commencé à se faire aussi plus présent. Nous sentons que nous obtenons une image de plus en plus claire de nous-mêmes et de notre musique. Nous travaillons toujours dur, écrivons beaucoup et essayons vraiment de faire ce que nous n’avions pas fait auparavant pour pouvoir plus nous aventurer musicalement.

– Votre premier chanteur vous ayant fait faux bond, c’est finalement Jón Aldará (Hamferd, Barren Earth) qui vous a rejoint en apportant une grande contribution pour les textes et le concept de l’album. Avec la signature chez Metal Blade, ce sont finalement deux bonnes nouvelles, non ?

En fait, nous étions arrivés à un moment où nous devions nous séparer. Et oui, ce sont deux très bonnes choses ! Quand Bjørn (Bjørn Wind Andersen, batterie), Jens Nicolai (Gräs, son frère, guitare) et moi étions à la recherche d’un chanteur, Jón nous est venu tout de suite à l’esprit. C’était vraiment notre plus grand souhait.

Nous l’avions rencontré à quelques reprises aux concerts de Hamferd et d’IOTUNN. Mon premier concert de Hamferd (et tous ceux que j’ai vus plus tard !) a été une expérience très spéciale pour moi. J’ai vraiment été époustouflé ! Donc, quand nous sommes entrés en contact avec lui et qu’il a aimé les démos que nous lui avons envoyées, c’était un énorme soulagement. Et depuis, et notamment lors du processus d’écriture et d’enregistrement d’ « Access All Worlds », il nous a fait évoluer et il est devenu quelqu’un de vraiment inspirant et enrichissant.

Après la réponse positive de Metal Blade sur notre album et leur intérêt de nous signer, nous avons vraiment commencé à percevoir de nouveaux horizons. Nous étions et nous sommes toujours vraiment reconnaissants du partenariat avec eux, et nous avons vraiment hâte d’y aller !

– Même si on vous assimile à un groupe de Death Progressif, l’ensemble de « Access All Worlds » est très mélodique. Et cette particularité vient aussi du chant qui alterne le clair et le growl. Même musicalement, on ressent une grande liberté instrumentale. Comment avez-vous trouvé ce point d’équilibre ?

Je pense que c’est étroitement lié à cette curiosité qui nous anime. Mon frère et moi avons commencé comme guitaristes classiques dans notre enfance, et nous avons traversé tant de phases depuis. Je pense qu’elles ont laissé beaucoup d’impacts sur votre musicalité. D’une certaine manière, tout a évolué pour nous mener à cet album « Access All Worlds ». Et comme tu le mentionnes, il y a cet équilibre entre les contrastes que nous aimons vraiment explorer, et je pense que c’est une partie essentielle du son d’IOTUNN. Par exemple, les riffs Metal frappent toutes les couches de notre musique. Nous aimons vraiment trouver ces moments presque magiques, où tout se rencontre et interfère.

Photo : Nikolaj Bransholm

– J’aimerais que tu reviennes sur le concept de science-fiction de l’album. Quelle en est la trame et comment avez-vous composé les morceaux pour qu’ils forment une unité dans le récit ?

C’est Jón qui a proposé le concept de science-fiction d’ « Access All Worlds », et pendant les phases d’écriture, il a vraiment fait évoluer l’histoire. Il s’est envolé pour notre ancien studio à Copenhague, où il a écrit le chant et les paroles pendant environ dix week-ends. Et je pense que l’histoire a en quelque sorte évolué et a approfondi l’album au fur et à mesure que les parties vocales et les paroles ont pris forme. Nous parlions souvent des paroles et nos conversations étaient très animées, de sorte que l’album embrassait de plus en plus de perspectives pour devenir une histoire de science-fiction, qui reflète également l’existence et la créativité, je pense.

L’intrigue parle de voyageurs de l’espace qui partent à la découverte de vérités nouvelles et nécessaires, parce que les anciennes ont laissé le monde dans un état presque apocalyptique. Au cours de ce voyage, ils entrent dans différents mondes qui reflètent différentes manières d’être et de penser. Il s’agit donc d’oser aller là où vous n’êtes pas allés auparavant et d’embrasser tout ce que vous rencontrez sur le chemin en vous-même et autour de vous, car tout est profondément connecté. Au cours du voyage, les explorateurs rencontrent de tout : du chaos, de l’immensité, de l’anxiété, des merveilles, le vide complet, etc. Une question que nous nous posons sur deux derniers morceaux de l’album est de savoir si nous pouvons faire partie d’une réalité qui dure et si la nature humaine rend cela impossible. Mais surtout, je pense que c’est un album qui peut provoquer des sentiments divers et aussi inciter à la réflexion. Cela a été un processus très inspirant pour nous tous et nous espérons vraiment que les auditeurs pourront se connecter à la musique et aux paroles.

– « Access All Worlds » comporte une atmosphère très épique et space-rock dans l’esprit, qui correspond bien aux codes des concept-albums en général. Justement, vous êtes-vous fixer quelques règles au niveau de l’écriture, ou vous êtes-vous inspirés d’albums références ?

La règle la plus importante est qu’il n’y en a pas, je pense. C’est ce que nous aimons dans la musique. Pouvoir réellement voyager dans des endroits inconnus. C’est un type de liberté unique et c’est quelque chose qu’« Access All Worlds » représente très bien pour moi. Pendant le processus d’écriture de l’album, je ne pense pas que nous ayons eu des albums référents. Nous aimons parler de musique, mais en tant que référence dans le processus de création, cela a été beaucoup plus une question de sentiments et d’images.

– Pour un premier album complet, le vôtre est très mature, tant dans les compositions que dans son interprétation. La production signée Fredrik Nordström était-elle toute indiquée pour un disque de cette ambition ? C’était un de vos souhaits dès le départ ?

Merci ! Ce fut un processus assez long pour définir qui allait mixer et masteriser notre album. Nous avons écouté de nombreux disques et de nombreux producteurs différents, et nous nous sommes retrouvés avec Fredrik, parce que nous pensions que c’était lui qui pouvait exploiter au mieux tous ces contrastes, qui sont l’identité d’IOTUNN. Comme mentionné précédemment, l’un d’eux est dans le riffing où mon frère et moi adorons mélanger le son métallique avec le son atmosphérique. Nous voulions donc un disque où l’on ressente l’explosivité de la musique Metal et le son atmosphérique des merveilles cosmiques, et nous pensons tous que Fredrik a réussi à faire le parfaitement.

Album disponible chez Metal Blade Records

Bandcamp : https://iotunn.bandcamp.com

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Folk/Americana International Stoner/Desert

Tony Reed : une vision positive de l’avenir [Interview]

Producteur reconnu dans le milieu du Stoner Rock et au-delà, le multi-instrumentiste TONY REED a mis entre parenthèse ses groupes Mos Generator et Big Scenic Nowhere pour sortir il ya quelques mois son premier album solo. Acoustique, très épuré et touchant, le compositeur américain a livré un « Funeral Suit » étonnant, sincère et très personnel. Rencontre avec ce monument de Seattle.

– Il y a quelques mois, tu as sorti « Funeral Suit » dans un registre où on ne t’attendait pas forcément. Quel regard portes-tu sur ce premier album solo avec un peu de recul ?

Au cours des dernières années, on m’a demandé de faire un album acoustique à plusieurs reprises. Certaines des chansons de « Funeral Suit » ont été écrites il y a plus de cinq ans. C’est un style dans lequel je suis aussi à l’aise que dans du Rock lourd et, au niveau des paroles, il ne s’éloigne pas trop du contenu des trois derniers albums de Mos Generator. La grande différence ici, c’est que les voix et les paroles sont présentées dans un cadre sans grosses guitares, ni de section rythmique agressive.

– Malgré de multiples productions, on te connait surtout en tant que leader de Mos Generator et plus récemment avec Big Scenic Nowhere. Qu’est-ce qui t’a poussé à réaliser un album Folk et presqu’Americana ? C’est un projet que tu mûris depuis longtemps ?

En fait, chaque chanson a été enregistrée telle qu’elle à l’exception de deux chansons initialement interprétées par Mos Generator. Ce sont presque toutes des démos. Je trouve que dans certains styles de musique, si tu passes trop de temps à améliorer la performance ou les arrangements, tu perds l’énergie et le sentiment de départ. Sur la plupart de ces chansons, j’ai enregistré la guitare très rapidement, puis j’ai enregistré les voix au moment où je les écrivais. Il y a beaucoup d’erreurs sur l’album, mais je ne pense pas que je changerai quoi que ce soit. Cela donne vraiment aux chansons une sensation différente.

– « Funeral Suit » est un album assez sombre et intimiste, presqu’introspectif. C’est la situation due à la pandémie qui a guidé ce choix, ou c’est quelque chose de plus profond ? Et il y aussi ce changement radical de style…

Toutes ces chansons ont été achevées avant la pandémie. Si je me souviens bien, les derniers enregistrements de l’album ont été faits en novembre 2019. Tu as raison de dire que c’est un album intime et introspectif. Je n’ai jamais été aussi transparent dans mon écriture. Au cours des dernières années, j’ai jeté un coup d’œil sur les choses que je n’aime pas chez moi et les choses que j’ai faites et qui ont blessé les personnes que j’aime. De nombreux textes de Mos Generator reflètent également ce type d’auto-analyse. Entre « Funeral Suit » et l’album de Mos Generator « Shadowlands », je pense avoir exorcisé ces sentiments et les avoir remplacé par une vision positive de l’avenir.

La mort de mon père en 2019 a également joué un grand rôle dans la création de cet album.  « Funeral Suit », la chanson, parle de son décès et de la façon dont cela affectera le reste de ma vie. Il s’agit aussi des êtres chers qui sont toujours là et qu’ils peuvent partir à tout moment. Alors, chérissez cette vie que vous avez avec eux. J’ai l’impression que mon père comprendrait tous ces sujets sombres sur lesquels je chante, s’il pouvait écouter l’album. Je l’aime beaucoup et je peux honnêtement dire que bon nombre de mes propres défauts de caractère sont ceux que je pouvais voir en lui. Il aurait compris cet album. Il était un grand fan de mon travail et m’appelait régulièrement pour me le dire. Je porte ces mots partout avec moi.

En ce qui concerne le style de musique, j’écris et j’enregistre de la musique acoustique depuis plus de 30 ans. Dans mes archives personnelles, il y a des centaines de chansons que j’ai enregistrées dans de nombreux styles. Certaines ont été publiées ou rééditées au fil des ans, et il pourrait y en avoir d’autres dans un proche avenir. En ce moment, j’ai cinq projets et groupes actifs qui écrivent et enregistrent. Le seul avec des horaires de répétition réguliers est Hot Spring Water. Cela ressemble beaucoup au Rock Country du début des années 70 en Californie du Sud. C’est une sorte de mix Country alternative et sombre. C’est un groupe formidable et c’est très sympa à jouer sur scène.

– Sur cet album, tu es seul aux commandes. « Funeral Suit » est un disque que tu tenais toi-même à mener de bout en bout ?

Je suis un maniaque du contrôle donc, pour moi, ce n’est pas si différent que pour d’autres disques. Je gagne ma vie en tant qu’ingénieur du son et producteur depuis mes vingt ans environ, ce qui me permet également d’avoir le contrôle sur mes chansons. Au fil des ans, j’ai sorti pas mal de disques où je joue de tous les instruments. Cela vient vraiment du fait que je ne suis pas une personne très sociale et que je passe la plupart de mon temps à côté d’un enregistreur avec toute sorte d’instrument de musique à la main. Et j’ai eu la chance de pouvoir en faire l’œuvre de ma vie.

– En plus de cet album très touchant, Il y a également eu « Lavender Blues » avec Big Scenic Nowhere cette année. Finalement, elle aura été assez riche pour toi. Doit-on s’attendre maintenant à un nouvel album de Mos Generator en 2021 ?

Bob (Balch, également guitariste de Fu Manchu) et moi avons une excellente relation musicale. Nous sommes tous les deux mélomanes et essayons de jouer et d’apprendre sans cesse. Big Scenic Nowhere est génial, parce que j’arrive à saisir de longues jams et à les rendre très structurées en studio. C’est un processus que je connais, mais que je n’ai jamais fait avec autant d’intensité. C’est vraiment un défi amusant. En ce qui concerne Mos Generator, j’ai passé l’année dernière à essayer de trouver des morceaux pour maintenir la présence du groupe auprès du public. Actuellement, je suis très heureux de travailler sur de nouveaux morceaux. Le problème est que nous ne vivons pas les uns à côté des autres. Jono (batterie) habite à 3.500 kilomètres de Sean et moi. Et en ce moment, il est très difficile de se réunir et de travailler sur de nouvelles compos. Mais nous prévoyons au moins d’écrire et d’enregistrer un nouvel album (peut-être un double) d’ici la fin de l’année. C’est notre objectif.

Bandcamp : https://ripplemusic.bandcamp.com/album/funeral-suit-blood-and-strings-acoustic-series-ch-2

Retrouvez la chronique de l’album : https://rocknforce.com/tony-reed-la-surprise-folk-du-chef

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Stoner/Desert

Dozer : maître du Stoner européen

On attendait DOZER avec de nouvelles compositions, enfin actuelles, mais il faudra encore attendre un peu. Les Suédois proposent des titres datant du début des années 2000… ce qui ne gâche rien au plaisir. Et avec une pochette signée du chanteur de Lowrider, « Vultures » fait plus que ravir.

DOZER

« Vultures »

(Heavy Psych Sounds Records)

En mars dernier, lors d’une interview à l’occasion de la réédition de trois de leurs albums, Tommi Holappa, guitariste de DOZER, m’avait confié qu’aucun nouveau morceau n’était en cours d’écriture. Et malgré l’insistance des fans (et la mienne !), il semblerait que le Suédois ait tenu parole. Certes, « Vultures » est constitué d’inédits, mais…

Se distinguant par un Stoner Rock hors-norme élevé par la voix incroyable de Fredrik Nordin, DOZER a su rendre son style aussi singulier que référent pour toute une génération de groupes. C’est à l’occasion de leur quatrième album, « Through The Eye Of Heavens », que les Scandinaves avaient alors mis en boîte ces six morceaux (et un bonus).

Enregistrés en 2004-2005 aux Rockhouse Studios de Borlänge en Suède, les morceaux de « Vultures » étaient au départ des démos de pré-production. Cela dit, il y a de quoi se ravir de les voir sortis du placard, tant certains rappellent la grande époque de DOZER (« The Blood Is Cold », « The Impostor », « Head Ghost » et le morceau-titre). On attend maintenant un vrai retour.

Retrouvez l’interview de Tommi Holappa (mars 2020) :

https://rocknforce.com/un-rocher-dans-le-desert/
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France Progressif

Nine Skies : sous des cieux bienveillants [Interview]

Avec « Sweetheart Grips », NINE SKIES présente un double-album concept brillant à plus d’un titre. Particulièrement inspiré, le groupe niçois a invité des artistes de grands talents et, aussi, a décidé de reverser la totalité des bénéfices à une association (« Ian’s Chain »), qui œuvre pour la prévention contre le suicide. Autant de bonnes raisons pour poser quelques questions à cette belle formation…

– Après la réédition l’an dernier de votre premier album « Return Home » dans une version spéciale, « Sweetheart Grips » vient de sortir. Là encore, il s’agit d’un concept-album. Pouvez-vous nous en décrire le thème principal ?

Ce titre fait référence à la pratique datant de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les soldats prenaient de précieuses photos de famille (et de Pin-ups) et les plaçaient sous les crosses de leurs pistolets 1911, appelées « Sweetheart Grips ». La plupart de ces poignées étaient fabriquées à partir de morceaux de fenêtres en plastique brisées par des  bombardiers.

Les différents titres de l’album mettent en lumière les souvenirs et les sentiments d’un jeune soldat exposé à un syndrome post-traumatique, soulevant le paradoxe entre la violence  évidente de la guerre et l’humanité sous-jacente enfouie en chacun de nous.

 – Musicalement, « Sweetheart Grips » est encore plus riche et la production particulièrement soignée. L’ampleur sonore de votre musique y est parfaitement restituée. Comment s’est passé le travail de studio et de production?

Pour « Sweetheart Grips », nous avons également voulu privilégier le son dans notre concept; un son le plus organique possible, mais plus puissant que « Return Home », compte tenu du concept qui lui est associé. Nous avons eu la chance de travailler avec Shahin Rafati (Studio Mercure) pour les enregistrements de batterie, puis Alexandre a fait le mixage et le  mastering dans son studio, comme pour « Return Home ». Ce processus a été particulièrement complexe, vu l’utilisation de plus de matériel analogique que dans le premier album.

– Un palier semble aussi avoir été franchi dans l’écriture, la composition et la structure des morceaux. On sent « Sweetheart Grips » plus complet. Vous aviez une idée précise de la  façon dont ce nouvel album devait sonner en entrant en studio ?

Merci beaucoup ! L’écriture, tout comme pour « Return Home », s’est faite par paliers de composition. A savoir que nous avons d’abord tous les deux (Alexandre et Eric) proposé des idées et parfois composé directement des morceaux ensemble (« Burn my Brain » par exemple), puis les démos se sont finalisées. Nous sommes ensuite revenus sur des arrangements, des modifications harmoniques, rythmiques et de structure après certains enregistrements. Enfin, le dernier palier consistait à travailler sur les finitions des morceaux.

Rien n’a été définitif jusqu’au dernier moment.

– « Sweetheart Grips » est un double-album, ce qui se fait de plus en plus rare. Votre intention était de créer deux parties distinctes, ou simplement de pouvoir développer des  titres plus complets et plus longs ?

L’album est devenu un double album naturellement, en écoutant les morceaux et en créant deux atmosphères bien distinctes ; la première partie est beaucoup plus sombre et torturée que la seconde, ce qui renforce encore plus l’idée de concept-album. Mais nous n’avions aucunement l’intention à la base d’en faire un double album.

– On note également une multitude de guests (et pas des moindres !), alors que NINE SKIES compte déjà huit musiciens. Pouvez-vous nous les présenter et revenir sur le contexte de ces participations ?

Nous avons eu la chance de travailler sur ce nouvel album avec de très grands musiciens tels que Craig Blundell (Steven Wilson, Steve Hackett, Frost, …) à la batterie et Clive Nolan (Pendragon, Arena…) au solo clavier sur « Burn my Brain », également Riccardo Romano (Ranestrane, Steve Rothery Band, Riccardo Romano Land) au chant sur le titre, Dave Foster (Steve Rothery Band, Panic Room, So & So, Dave Foster Band) à la guitare solo sur « Fields of Perdition », Johnny Marter (Annie Lennox, Marillion, Peter Gabriel, Roger Taylor, Brian May, Jeff Beck, Zucchero, Gloria Gaynor…) à la guitare  sur « The Thought Trader » et Pat Sanders (Drifting Sun) aux claviers sur « Soldiers of Shame ».

Etant basé en Angleterre depuis deux ans, Eric a entreprit l’initiative de contacter des musiciens pour leur proposer une participation sur l’album, ce à quoi ils ont répondu avec beaucoup de gentillesse et très favorablement, et nous les remercions chaleureusement pour leurs superbes contributions aux morceaux.

– Justement, j’imagine que vous allez défendre ce nouvel album sur scène. Cela ne doit pas être évident pour une formation nombreuse comme la vôtre … Certains invités sur le disque seront-ils aussi de la partie ?

Notre première scène sera le festival « Prog en Beauce » le 26 Octobre (immortalisé sur les photos illustrant l’interview – NDR) en compagnie de Clepsydra, Albion et Mystery. Je pense malheureusement que cela sera compliqué de solliciter la venue des invités sur scène, eux-mêmes étant très impliqués et investis dans leurs projets respectifs. Nous espérons défendre cet album, tout comme « Return Home », le plus possible par la suite !

– Enfin, les bénéfices des ventes de « Sweetheart Grips » iront à l’association « Ian’s Chain », qui soutient la prévention contre le suicide. Pourquoi ce choix ? De nos jours, c’est plutôt rare de voir des groupes à but non-lucratif … 😉

Nous avons opté pour ce choix car c’est une cause qui nous tient à cœur. De plus, Alan et Wendy Savill, les présidents de cette association, organisent tous les ans un festival appelé le « Savfest », où tous les groupes viennent jouer bénévolement pour soutenir cette cause. Nous avons trouvé le geste très honorable, et c’est pourquoi nous avons voulu les suivre dans cette démarche.

Retrouvez le groupe :

https://www.facebook.com/nineskiesmusic/

https://nineskiesmusic.com

http://youtube.com/nineskiesmusic

Pour soutenir la sortie du prochain album « 5.2 » :

https://www.kickstarter.com/projects/nineskies/album-520
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Extrême International

Hands of Attrition : une exigence et une motivation sans faille [Interview]

Avec un album de ce niveau, le quintet britannique HANDS OF ATTRITION a fait l’effet d’une bombe à sa sortie en fin d’année dernière. Armé d’un post-Metal HardCore, le combo est d’une efficacité redoutable et d’une énergie débordante. Et « Colder places » n’est qu’un coup de semonce, les Anglais pensent déjà à l’avenir.

– J’aimerais que l’on parle de votre parcours car arriver avec un premier album aussi mature et puissant est une chose inhabituelle et assez rare…

Merci pour cet excellent retour sur notre album, nous sommes vraiment ravis. Pour commencer, tous les membres de HANDS OF ATTRITION ont déjà joué dans des groupes, donc rien de tout cela n’est vraiment nouveau pour nous. Toutefois, la direction sonore et musicale dans laquelle nous nous trouvons est une combinaison des pensées et des sentiments collectifs avec une connaissance musicale solide pour faire exactement comme nous l’entendions. En écrivant les morceaux, les riffs et même les mélodies vocales, chaque membre s’est impliqué pour s’assurer que nous en tirions le meilleur. Si cela signifie réécrire le riff plusieurs fois, alors on le fait. Nous avons tous nos propres préférences, donc être conscients des goûts de chacun facilite l’écriture et nous permet de choisir les meilleures parties pour faire progresser les chansons. C’est une combinaison de groove, de mélodies et de Heavy. Tout le reste est un bonus. Être ensemble depuis maintenant trois ans permet aussi de comprendre plus facilement ce que nous voulions et comment l’album devait sonner.

– Vous présentez sur « Colder Places » un registre novateur et d’une maîtrise totale. C’est le fruit de nombreux mois de travail ?

La plupart des chansons de « Colder Places » sont assez anciennes. Le line-up est complet depuis 2018, et nous avons donc eu le temps de nous assurer que ce que nous faisons est vraiment personnel. Les chansons ont été travaillées, enregistrées, réécrites et finalisées au cours des trois dernières années. « Leap of Faith » est un morceau qui a trois ans et les couplets de « I’m Gone » sont encore plus anciens. Heureusement, nous pouvons enregistrer chez nous et envoyer nos idées à chacun avant de décider qu’une chanson soit complète. Cela donne le contrôle total que tu mentionnes. Les principaux mois de travail ont eu lieu pendant l’été 2020. Nous avons décidé d’enregistrer chaque partie, chaque session et chaque chanson nous-mêmes. Nous avons la chance d’avoir un endroit où nous pouvons enregistrer aussi longtemps que nécessaire. Donc, prendre le temps de planifier un programme nous a aidé à garder une certaine routine et nous assurer que nous étions bien reposés entre chaque session.

– Un mot sur cette production massive. Comment un jeune groupe se retrouve à travailler avec des personnes qui ont parfaitement su mettre en valeur son travail ?

En ce qui concerne l’enregistrement, nous avons pris notre temps et nous avons beaucoup appris en enregistrant de la batterie en direct, en construisant une cabine vocale mobile et en apprenant les techniques d’enregistrement. Nous avons finalement obtenu le son que nous voulions et enregistré chaque partie de l’album nous-mêmes. Un total de quatre mois a été nécessaire les soirs et les week-ends pour obtenir les meilleurs enregistrements et performances possibles. Si quelque chose ne sonnait pas bien, nous la refaisions en voulant tirer tout ce que nous pouvions l’un de l’autre. Nous avons pu nous pousser mutuellement pour nous sentir vraiment au point pour l’enregistrement. Et puis, nous avons pu approcher un fantastique, sinon l’un des meilleurs producteurs de Metal et ingénieurs du son, Justin Paul Hill. Nous lui avons envoyé une démo et notre mix de « They Come at Night ». Sa réaction a été très positive. Il a mixé et masterisé chacun de nos morceaux : « They Come at Night » est sorti en juillet 2019, « I’m Gone » en janvier 2020 et « Threadbare » en octobre 2020. Ce sont nos premiers singles. L’album a été travaillé pendant plus d’un an, donc perfectionner tout ce que nous pouvions était la clef pour que nous puissions construire une relation avec Justin et obtenir cet album, dont nous sommes si fiers aujourd’hui.

– Comment se sont passés la composition et l’enregistrement de « Colder Places » ? J’imagine que tout a été réalisé durant cette année de pandémie ? Cela n’a pas trop contrarié votre démarche ?

En fait, la plupart des chansons était déjà presque prête à l’exception de « Nightingale », « From the Void », « The Only One » et « Subjugation ». Elles ont été écrites lors du premier confinement et finalement retravaillées en juillet, lorsque les restrictions se sont un peu assouplies. Les autres chansons étaient déjà composées, et nous savions exactement comment elles devaient être enregistrées. Quelques paroles et des sessions de batterie ont été modifiées sur quelques chansons, mais à part cela, nous sommes un groupe qui planifie les choses. Nous avons tous convenu que si nous ne sortions pas d’album en 2020, nous attendrions la prochaine opportunité. Mais nous avions le temps et l’énergie. La seule chose que nous savions, c’est que nous avions jusqu’en octobre pour terminer l’album en entier, car c’était le seul créneau dont disposait Justin dans son emploi du temps. Il travaille avec de nombreux groupes, c’était soit en octobre, soit en 2021 …

– Justement, l’année 2021 démarre. Avez-vous réussi à planifier aussi votre promotion et vos concerts normalement en suivant à peu près ce que vous aviez prévu ?

On a beaucoup parlé de la promotion de l’album tout au long du processus d’enregistrement. Le Covid nous a beaucoup perturbé… Travailler avec Purple Sage PR pour mener à bien une campagne de relations publiques entièrement numérique était la voie à suivre et une excellente façon de lancer les choses. D’ailleurs, travailler avec Purple Sage nous a permis de profiter de leur travail acharné et de leurs connaissances. Ils nous ont jusqu’à présent menés vers de nouveaux sommets que nous n’aurions pas atteints seuls. Pour les concerts … Eh bien, nous n’avons jamais pensé que nous n’en aurions joué qu’un seul, c’était le 29 février 2020. Cela nous manque énormément. Nous n’avons pu caler que deux concerts jusqu’à présent pour l’ensemble de 2021. La planification et le lancement de l’album comme nous l’aurions souhaité ont été manqués. Cependant, lorsque le moment sera venu, nous jouerons cet album en live dans son intégralité à tous ceux qui voudront nous rejoindre. HANDS OF ATTRITION ne fait que commencer et nous sommes bien décidés à rester. Qui sait ? Notre deuxième album sera peut être plus proche que nous ne le pensons tous, si les concerts restent annulés pendant un moment…

Bandcamp : https://handsofattrition.bandcamp.com

Retrouvez la chronique de « Colder Places » :

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France Post-Metal Progressif

Maudits : béni et inspiré [Interview]

En se lançant dans un post-Metal Progressif et instrumental, MAUDITS ne s’est pas facilité la tache. Mais après le split de leur groupe, le trio ne comptait pas rester les bras croisés, et l’inspiration les titillait autant que les idées fusaient. Olivier Dubuc (guitares et effets) revient sur ce premier album éponyme très réussi.

– MAUDITS a sorti son premier album il y a quelques mois, et il fait suite au split de The Last Embrace dont vous étiez tous membres. Très abouti et particulièrement bien produit, il propose un Metal post-Progressif puissant et fluide. Quel regard portes-tu sur cette réalisation quelques mois après sa sortie ?

Franchement, on est très content. Il est toujours difficile d’avoir du recul sur une prod’ quand on a la tête dedans depuis sa conception. Mais les retours que l’on a eus depuis sa sortie nous ont confirmé que l’on avait fait les bons choix ! Honnêtement et à titre personnel, pour une fois depuis le début de ma vie musicale, je suis quasi satisfait à 100% à tous les niveaux : musique, mix, mastering, artwork et promo. On peut dire que ce premier album m’a quelque part « guéri » du split difficile de The Last Embrace, et a eu un rôle thérapeutique musicalement.

– Justement, la variété des sonorités et la multitude des styles pourraient dérouter et pourtant « Maudits » est très mélodique, très technique et accessible. Et malgré le registre instrumental, il est finalement très fédérateur. C’était l’objectif ?

Non avec MAUDITS, il n’y a aucun objectif autre que d’être à 100% égoïste ! Nous apprécions un grand nombre de styles et notre parcours musical à tous les trois nous a amené à travailler dans des univers musicaux variés : Rock Progressif, Black Metal, Doom, HardCore, Dub, Trip-Hop ou encore Folk. Je pense que MAUDITS représente en quelque sorte une synthèse sans compromis de cette expérience bâtie durant toutes ces années. Tant mieux si c’est fédérateur ! Cette musique sort des tripes et représente ce que l’on est avec sincérité.

– Les arrangements très soignés et les cordes apportent un vrai plus à l’album. Vous semblez être vraiment allés au bout de vos envies…

Effectivement, nous ne nous sommes absolument rien interdit. Nous avons toujours énormément apprécié les arrangements de cordes et on a estimé qu’en ajouter à certains endroits apporterait un vrai plus et une dimension « cinématographique », qui colle bien avec notre musique. Nous avons donc confié cela à notre vieil ami Emmanuel Rousseau (entre autre claviériste du groupe 6’33) avec qui nous avons d’ailleurs enregistré la basse et 90% des guitares. C’est un excellent arrangeur et il s’est aussi chargé des quelques claviers et sons électro présents sur l’album. Nous avons également collaboré avec la violoniste Caroline Bugala, que l’on connait depuis un bon bout de temps (elle intervient sur les trois derniers The Last Embrace). Ses parties et son feeling illuminent l’album, qui n’aurait pas la même saveur sans elle. Nous sommes donc toujours aussi satisfaits actuellement et si c’était à refaire, nous ne changerions rien !

– Votre album est sorti au cœur d’une année très compliquée particulièrement pour le monde du spectacle. Il n’y a pas un trop fort goût d’inachevé de ne pas avoir pu défendre votre album sur scène dans la foulée ?

C’est sûr que nous aurions beaucoup aimé pouvoir défendre immédiatement en live cet album et nous nous étions préparés d’ailleurs dans ce sens. Il y a donc forcément quelque chose « d’incomplet ». Après, on essaie de voir le bon côté des choses et cela nous a permis de nous consacrer sérieusement à la promo en compagnie de Klonosphere, de mettre en place les supports vidéos et d’avancer très largement sur la composition de deux futures sorties ! 😉

– 2020 est presque derrière nous, encore un petit effort. Comment envisagez-vous l’an prochain et est-ce que vous parvenez à vous projeter un peu malgré tout, et à mettre des choses en place ?

Oui, nous avons beaucoup avancé et composé à distance durant les deux confinements. Les maquettes du prochain album ont été achevées à 90% lors du premier, et celles d’un EP de versions réarrangées de trois morceaux ont été faites durant le deuxième. Nous allons certainement enregistrer l’EP début 2021 et, en attendant de pouvoir rejouer live dans de bonnes conditions, essayer de mettre en place des captations live un peu originales pour soutenir cette sortie. Donc, honnêtement, quoi qu’il se passe, nous avons de quoi faire. Nous allons continuer à avancer et à faire vivre ce projet qui nous tient énormément à cœur !

MAUDITS – « Maudits » – Klonosphere