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Blues Blues Rock

Kenny Wayne Shepherd : diamant brut

Même si seulement un an sépare les deux volumes de « Dirt On My Diamonds », que l’attente a paru longue ! Il faut reconnaître que le songwriter, guitariste et chanteur avait placé la barre très haut et qu’une suite du même niveau était espérée. Et elle ne déçoit pas, bien au contraire, elle enchante. KENNY WAYNE SHEPHERD, entouré d’un groupe hors-norme, se montre une fois encore très inspiré et l’ambiance des studios de Muscle Shoals ne semble pas y être étrangère. Après ce « Vol. 2 », vous n’aurez qu’une envie : (ré)écouter le « Vol. 1 » !

KENNY WAYNE SHEPHERD

« Dirt On My Diamonds Vol.2 »

(Mascot Label Group)

Cela fait déjà un bon moment que les doutes se dissipent fortement et « Dirt On My Diamonds Vol.2 » vient clore une réflexion commencée il y a longtemps déjà. Je pense donc, et cela n’engage que moi, que KENNY WAYNE SHEPHERD est tout simplement le meilleur bluesman de sa génération. Sa technique, sa dextérité, son feeling et son écriture semblent désormais très au-dessus du lot. Parce qu’il n’élude aucun style, qu’il est aussi pertinent et doué au chant qu’à la guitare, il coche donc toutes les cases. Et ce second volet achève brillamment un cycle créatif entamé l’an dernier avec ses musiciens pour obtenir ce brillant double-album.

En moins de 30 ans de carrière, il s’est montré éblouissant à de très nombreuses reprises, mais c’est surtout cette constance et une régularité infaillible dans la qualité de ses albums, qui font la différence. KENNY WAYNE SHEPHERD ne traverse jamais le désert et son inspiration va même grandissante. Et puis, contrairement à bon nombre de ses confrères, il se met toujours au service des morceaux, et non l’inverse comme tellement d’autres. A l’instar du premier volume, c’est dans les légendaires studios Fame à Muscle Shoals, en Alabama, qu’a été enregistrée cette seconde partie et elle est encore bien compacte avec huit titres chaleureux et enflammés.

Ce n’est donc pas très loin de sa Louisiane natale que le songwriter est allé mettre sur bande les deux « Dirt On My Diamonds ». Comme précédemment, c’est Noah Hunt qui tient le chant principal, même si KENNY WAYNE SHEPHERD ouvre le bal avec le groovy « I Got A Woman » et se montre très attachant sur « My Guitar Is Crying ». On retrouve aussi des cuivres chaleureux (« Watch You Go »), des chansons plus funky (« Pressure ») et une superbe reprise de « She Loves My Automobile » de ZZ Top, élevée par des parties de guitare époustouflantes. Si le premier volume était déjà génial, on peut, sans exagérer, affirmer que celui-ci est encore meilleur. Une prouesse !

(Photo : Mark Seliger)

Retrouvez les chroniques de « Dirt On My Diamonds Vol.1 » et de « Trouble Is…25 » :

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Blues Blues Rock

Tab Benoit : bayou fever

Après plus de trois décennies au service d’un Blues toujours étincelant, le guitariste, chanteur, songwriter et producteur de Baton Rouge a toujours du feu dans les doigts et une créativité qui ne faiblit pas. Suite à une longue parenthèse qu’il a passé à prendre soin de sa région tout en se donnant les moyens de travailler dans les meilleures conditions, TAB BENOIT effectue un superbe retour avec « I Hear Thunder », composé avec Anders Osborne et George Porter Jr. Une réalisation pleine de vie et aussi bien écrite qu’interprétée.

TAB BENOIT

« I Hear Thunder »

(Whiskey Bayou Records)

Si TAB BENOIT est resté discographiquement muet durant 13 longues années, c’est qu’il s’est attelé à des activités qui lui tiennent à coeur. A commencer par la préservation des zones humides de sa Louisiane et l’érosion côtière de celle-ci, et le musicien a également créé son propre studio et son label. Et c’est donc lui qui a produit, mixé et masterisé « I Hear Thunder », le digne successeur de « Box Of Pictures – Voice Of The Wetlands Allstars » et « Medicine » parus la même année. Ainsi s’ouvre un nouveau chapitre.

Pour mener à bien son entreprise, c’est de son groupe de tournée qu’il s’est entouré et on retrouve avec plaisir Terence Higgins (batterie), Corey Duplechin (basse) et bien sûr le guitariste Anders Osborne. Ce dernier a d’ailleurs co-écrit la plupart des morceaux de « I Hear Thunder » avec le bassiste George Porter Jr. Une équipe de choc s’il en est qui contribue à faire de ce nouvel opus l’un des meilleurs de la carrière de TAB BENOIT, ce qui n’est pas rien lorsque l’on s’y penche un peu.

Dès le morceau-titre qui ouvre l’album, il y a de l’électricité dans l’air et le jeu stratosphérique des deux guitaristes promet une bien belle suite. Le bayou tient bien sûr le rôle principal dans les textes, le chanteur continuant ainsi en musique son combat écologique. Entraînant, parfois déchirant et techniquement exceptionnel, « I Hear Thunder » montre que le Blues Rock de TAB BENOIT est l’un des plus attractifs du moment (« The Ghost Of Gatemouth Brown », « Still Gray », « Overdue », « Bayou Man »). On en redemande !

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folk Psych Roots Rock Southern Blues

Brother Dege : l’ultime testament

Qualifier BROTHER DEGE de musicien solaire est un doux euphémisme. Alors qu’il vient de nous quitter, son ultime témoignage vient malheureusement mettre un terme à une œuvre Southern où Blues et Folk s’entremêlent avec des sonorités Rock et Country. « Aurora » est le dernier grand cru livré par l’ouroboros du bayou. Le vide va être abyssal et son silence presqu’insupportable, mais ses disques et ses livres restent, eux, éternels et je vous invite à vous y plonger. Un désert de beaux mots.

BROTHER DEGE

« Aurora »

(Prophecy Productions)

Cela faisait déjà un petit moment que je me délectais de cette nouvelle réalisation de BROTHER DEGE Legge, lorsque j’ai soudainement appris sa mort survenue le 9 mars dernier, alors qu’il n’avait que 56 ans. Ce magnifique « Aurora » s’apprêtait à sortir et une tournée européenne était même prévue en avril. Il s’est éteint dans sa ville de Lafayette en Louisiane et laisse un héritage précieux. Et si son fougueux Southern Psychedelic Rock ne vous dit a priori rien, peut-être avez-vous en tête son morceau « Too Old To Die Young », qui figurait sur la B.O. de « Django Unchained » de Quentin Tarantino en 2012 ?

« Aurora » est le quatrième opus de BROTHER DEGE, après « How To Kill Horse » (2013), « Scorched Earth Policy » (2015) et « Farmer’s Almanac » (2018). Il est sans doute aussi le plus intime et le plus personnel. Au regard de sa carrière, y compris celle d’écrivain, on y trouve une espèce de synthèse de son long travail à travers ce parcours si atypique ancré dans le Sud des Etats-Unis qui l’a façonné et qu’il incarnait tellement. La discrétion et l’humilité de l’artiste révèlent sa force poétique, qu’elle soit dans les textes ou dans sa musique bercée par un dobro toujours aussi magnétique.

On pense bien sûr à Ry Cooder sur l’instrumental morceau-titre qui ouvre l’album, mais le songwriter fait rapidement rayonner sa touche si particulière. Cette fusion si singulière entre le slide du Delta Blues, la Folk et un Rock issu du Bayou rend BROTHER DEGE assez unique. Poignant et plein de sensibilité sur « Where The Black Flowers Grow » et « A Man Needs A Mommy », il accélère sur « Turn Of The Screw » pour se montrer très élégant sur « The Devil You Know » et sur l’énigmatique « The Longing » presque prophétique. La douce folie et l’approche de l’Américain vont terriblement manquer au monde de la musique.

Photo : Travis Gauthier
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Rythm'n' Blues Soul Southern Blues

Britti : l’âme des grandes

Dans un registre très cuivré, mâtiné de piano, de délicates guitares et d’une rythmique au groove imparable, BRITTI s’avance avec « Hello, Im Britti », dont on peut d’ores et déjà présager qu’il s’agit du premier opus d’une très longue série. Sur 11 chansons, les présentations sont faites et on survole la Nouvelle-Orleans dans un souffle Soul tout aussi feutré que doté d’une grande ferveur. Chanteuse et compositrice, Brittany Guerin, à l’état civil, joue sur une certaine fragilité, tout en évoluant avec un bel aplomb.

BRITTI

« Hello, I’m Britti »

(Easy Eye Sound)

Du haut de sa petite vingtaine d’années, BRITTI se présente sur son premier album avec une assurance, un feeling et surtout un talent incroyable. Cela n’aura d’ailleurs pas échappé à Dan Auerbach, la moitié des Black Keys et le patron du label Easy Eyes Sound, qui ne s’est pas contenté de la signer aussitôt, mais il l’a également accompagné, et de belle manière, dans ses premiers pas vinyliques. Et le résultat est là : une voix envoûtante et cristalline, une Soul très Southern, où se projettent d’étincelants reflets de Blues, de  R&B, de Country et de Rock. Un mix à la fois hors du temps et pourtant si actuel.    

Née à Baton Rouge, elle qui chantait déjà, parait-il, au saut du berceau, embrasse avec un  naturel déconcertant tout l’héritage musical de sa Louisiane natale. Il y a aussi autant de Muscle Shoals que de l’esprit de la Motown dans ce premier album, si bien ciselé. C’est très probablement cette facilité à s’approprier autant de styles pour n’en faire qu’un qui a séduit Auerbach, qui produit « Hello, I’m Britti », mais qui l’a aussi co-écrit. BRITTI chante comme elle respire et on ne lui en voudra sûrement pas si on pense parfois à Sade, bien sûr, mais aussi à Dolly Parton, Tracy Chapman ou Diana Ross.

Sur une production très organique et chaleureuse, les morceaux de l’Américaine nous embarquent dans un univers où la douceur et la légèreté règnent. La jeune songwriter offre évidemment une vision très contemporaine à ce « Hello, I’m Britti », qui prend soin de ne surtout tomber dans le panneau de la célébration et de l’hommage. Elle mène ses chansons avec une touche très personnelle et s’impose grâce à une présence vocale irrésistible (« So Tired », « Still Gone », « Nothing Compares To You », «Silly Boy », « There Ain’t Nothing », « Reach Out », « Save  Me »). BRITTI éblouit d’entrée de jeu avec classe.

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Blues Blues Rock Contemporary Blues

Kenny Wayne Shepherd : un scintillement éternel

Même si la concurrence est féroce, mais loyale et amicale, il faut reconnaître que KENNY WAYNE SHEPHERD est sans doute le meilleur bluesman et songwriter de sa génération. A l’instar de Stevie Ray Vaughan en son temps, il donne un nouveau souffle au Blues Rock depuis de nombreuses années maintenant, au point d’être devenu incontestable. Avec « Dirt On My Diamonds Vol 1 », il montre un talent intact et une inspiration toujours aussi vive. Un diamant dans un écrin de Blues…

KENNY WAYNE SHEPHERD

« Dirt On My Diamonds Vol 1 »

(Mascot Label Group)

De quelle meilleure manière KENNY WAYNE SHEPHERD pouvait-il célébrer la sortie de son dixième album studio qu’en le présentant sur deux volumes ? C’est souvent un cap dans la carrière d’un artiste et l’Américain a souhaité le faire le mieux possible, d’autant que celui-ci, ainsi que le second volet, sont déjà enregistrés depuis quelques années, avant la pandémie. Au sortir du Covid et avant un retour à la normale, il a préféré sortir le live « Straight To You Live » et ensuite se consacrer aux 25 ans de « Trouble Is », joyau de sa discographie.

« Dirt On My Diamonds Vol 1 » a été enregistré à Muscle Shoals en Alabama, terre de Blues s’il en est, aux studios Fame et pour la troisième fois avec Marshall Altman à ses côtés. Tenir le rang après le somptueux « The Traveler » était un sacré challenge, mais à écouter KENNY WAYNE SHEPHERD sur ce nouvel opus, quatre ans plus tard, il s’agit d’une simple formalité. Le musicien a encore beaucoup de choses à dire, beaucoup de riffs incandescents à jouer et de lumineux solos à livrer… et on ne s’en plaindra pas !

Car le guitariste de Louisiane vit littéralement son Blues et le son de sa Stratocaster est devenu une signature familière. Ce nouvel opus est aussi très cuivré avec cinq morceaux sur huit, aussi groovy et enflammés les uns que les autres (« Sweet & Low », « Man On A Mission », « Bad Intentions » et le morceau-titre). Et avec son ami Noah Hunt, le duo vocal fait des étincelles, y compris sur la reprise d’Elton John, « Saturday Night’s Alright For Fighting ». Le Blues Rock de KENNY WAYNE SHEPHERD percute, amuse et séduit avec brio !

Photo : Jim Arbogas

Retrouvez la chronique de l’album « Trouble Is…25 » :

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Blues Southern Blues

Robert Finley : une reconnaissance bien trop tardive

Reconnu pour ses productions brutes, roots et chaleureuses, Dan Auerbach applique depuis trois albums maintenant ses recettes d’enregistrement avec ROBERT FINLEY, ce qui a pour effet de faire ressortir ce qu’il y a de plus beau, de fluide et d’expressif chez le sexagénaire. Profonde, sensible et d’une verve narrative saisissante, le chanteur et guitariste nous embarque dans son « Black Bayou », duquel il est difficile de s’extraire… et alors ? Quand le plaisir est là !  

ROBERT FINLEY

« Black Bayou »

(Easy Eye Sound)

Non seulement le parcours de ROBERT FINLEY impose le respect, mais il a aussi quelque chose de réjouissant et d’inspirant. Patient, tenace et a priori faisant confiance à son destin, c’est à l’âge de 62 ans qu’il sort « Age Don’t Mean A Thing » le bien nommé, son premier album. Et depuis 2016, il jouit enfin de cette reconnaissance tardive, puisqu’il a ensuite tapé dans l’œil de Dan Auerbach, l’hyperactif producteur, co-leader des Black Keys et patron du label Easy Eye Sound, qui n’a pas hésité une seule seconde à le signer.

Après « Goin’ Platinum » (2017) et « Sharecropper’s Son » (2021), « Black Bayou » est le troisième opus que les deux hommes réalisent ensemble et ROBERT FINLEY semble s’épanouir un peu plus à chaque disque. Gorgé de feeling et souriant, il distille de bons mots plein d’humour à travers des chansons authentiques et touchantes. Entre Soul, R&B, Gospel et Blues, le musicien originaire de Bernice en Louisiane n’a pas choisi et c’est dans cette ambiance très Southern qu’il se livre en toute simplicité.

Auerbach a parfaitement saisi l’univers plein de tendresse de ROBERT FINLEY. Dès les premières notes de « Livin’ Out A Suitcase », on plonge dans le bayou à travers un savoureux mélange d’harmonica et de suaves guitares, porté par une voix exceptionnelle et profonde. Intense, l’Américain multiplie les atmosphères passant du Hill Country Blues au Swamp et au funk avec une souplesse inouïe (« Sneakin’ Around », « Waste Of Time », « Nobody Wants To Be Lonely », « You Got It (And I Need It) », « Alligator Bait »). Délicieusement addictif ! 

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Blues Soul / Funk Southern Blues

Dr Sugar : saupoudré de feeling

Bluesman (très) averti et baroudeur de longue date sur la scène hexagonale notamment, c’est sous le pseudonyme de DR SUGAR que le songwriter français se présente en solo. Les dix titres de « These Words » semblent avoir été composés en Louisiane, sur les rives du Mississippi, tant l’atmosphère contient des effluves en provenance directe de la Nouvelle-Orléans. Irrésistible.

DR SUGAR

« These Words »

(Rock & Hall)

Depuis de longues années maintenant, Pierre Citerne, alias DR SUGAR, fait partie de ces artisans incontournables de la scène Blues française. Ancien leader des Marvellous Pig Noise, il se livre cette fois seul, mais toujours très bien accompagné, sur ce « These Words » qui nous transporte du côté du delta du Mississippi, non loin de la Nouvelle-Orleans avec un Blues chaleureux et personnel. Ici, les couleurs et les sons s’entremêlent dans une douceur bienveillante.

C’est à Montpellier et sous la houlette de Niko Sarran des Red Beans & Pepper Sauce, qui tient ici aussi les baguettes en plus de signer la production, que DR SUGAR a mis en boîte ses nouveaux morceaux et « These Words » a vraiment quelque chose de réjouissant. Un pied dans le bayou et l’autre dans les quartiers animés et festifs de ‘Big Easy’, le Blues du Français a des saveurs Soul, Gospel, R&B et Funky, qui sont autant de gourmandises saupoudrées d’un groove exceptionnel.

Le dobro en bandoulière et l’harmonica jamais bien loin, DR SUGAR nous embarque dans une balade Deep South très roots. Entraînant et gorgé de soleil, le musicien enchaîne les titres avec un groupe où rayonnent l’orgue Hammond et les chœurs. La touche très ‘Churchy’ de son registre flirte habillement avec une nostalgie joyeuse et dans une belle fluidité (« Ready To Give Love Again », « I Want To Go To New-Orleans », « Drinking Muddy Water », « The Little Church » et le morceau-titre). Vivifiant et tonique !

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Blues Southern Blues

Bobby Rush : diamonds are forever

Imperturbable et passionné, BOBBY RUSH est fascinant. Au-delà de son incroyable longévité sur la scène Blues et un talent d’écriture d’une rare constance, il est l’un des seuls à s’être approprié le style de Chicago, tout en conservant une inimitable touche Southern. Cet énième album, « All My Love For You », regorge de petites merveilles d’une fraîcheur confondante et presqu’insolente… Un bonheur !

BOBBY RUSH

« All My Love For You »

(Deep Rush Records/Thirty Tigers)

Agée de 89 ans, la légende a encore frappé… et de quelle manière ! L’Américain semble inépuisable, tout comme sa source d’inspiration qui ne tarit jamais. L’incroyable bluesman de Louisiane possède toujours cette folle énergie qui le guide depuis ses lointains débuts. Et histoire de ne rien laisser au hasard, c’est BOBBY RUSH lui-même qui a entièrement composé et produit ce délicieux « All My Love For You », qui se révèle tellement captivant et séduisant.

Certes moins médiatisé que John Lee Hooker, Muddy Waters ou BB King, son parcours et surtout sa musique ont pourtant marqué de nombreuses générations. Pour rappel, le songwriter a bien sûr été intronisé au ‘Blues Hall Of Fame’ de Memphis, a reçu deux Grammy Awards et a été 16 fois lauréat des Blues Music Awards. Ca vous pose un homme et surtout un artiste, tout de même. Cependant, en dehors de ses récompenses, BOBBY RUSH porte le Blues avec classe et un sourire qui ne le quittent pas.

Et sur « All My Love For You », la malice et le feeling guident chacune des dix chansons avec tellement de naturel qu’on ne résiste pas à son humour si distinctif. L’harmonica étincelant, la guitare précise et le groove chevillé au corps, BOBBY RUSH demeure ce grand chanteur intemporel et si funky (« I’m Free », « TV Mama », « I’m The One », « One Monkey Can Stop A Show »). Emouvant, authentique et drôle, le mythe a encore beaucoup de ressources et on s’en délecte une fois encore.

Photo : Laura Carbone
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Blues Rock Southern Blues

Eric Johanson : deep South spirit

Bâti sur un songwriting d’une finesse incroyable, « The Deep And The Dirty » révèle de manière éclatante le talent d’ERIC JOHANSON, si cela était encore nécessaire. La force impressionnante des riffs combinée à une certaine nonchalance propre à la musique de Louisiane font de ce nouvel opus l’un des meilleurs en matière de Blues Rock de cette année. Très organiques, les chansons du guitariste-chanteur traversent le temps et semblent tout droit sorties de notre inconscient. Brillant.  

ERIC JOHANSON

« The Deep And The Dirty »

(Ruf Records)

Après avoir fait ses armes aux côtés des Neville Brothers, Anders Osborne, Terrance Simien, JJ Grey ou Mike Zito, c’est très naturellement que le bluesman ERIC JOHANSON a pris son envol pour devenir depuis quelques années une valeur sûre du Blues Rock. Si ses influences viennent de Freddie King et de l’incontournable Robert Johnson, le songwriter y mêle des sonorités Soul, Heavy Rock et Americana pour s’engouffrer dans un Deep South plein d’émotions. Assez sombre, l’ensemble respire l’authenticité d’un musicien virtuose et sensible.

Produit par l’excellent Jesse Dayton, qui a sorti un album explosif avec Samantha Fish en mai dernier, « The Deep And The Dirty » a été enregistré pendant la pandémie et en condition live (une habitude pour son producteur), ce qui lui donne une saveur très roots et percutante. Le son est rugueux et le grain épais, ce qui n’empêche nullement ERIC JOHANSON de se montrer sous son meilleur jour et d’offrir à sa guitare le premier rôle. Un rôle qui la fait passer d’instants musclés à d’autres plus tendres.

Et justement, c’est sur le branchement de celle-ci sur un ampli, d’où émane le grésillement d’une puissance pour l’instant contenue, que démarre cette quatrième réalisation studio avec un « Don’t Hold Back », qui donne le ton et dévoile déjà les intentions du guitariste. Parfois très Fuzz frôlant même le Stoner, ERIC JOHANSON fait vivre son Blues avec brio (« Just Like New », « Elysian Fields », Familiar Sound »), tout en se montrant plus mordant (« Galaxy Girl », « Get Me High », « Stepping Stone »). Du grand art ! 

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Blues Rock Southern Blues

Ole Lonesome : Texas rules

Costaud et rugueux, tout en affichant une légère désinvolture lancinante, OLE LONESOME sort son premier opus, « Tejas Motel », qui montre déjà une grande maturité. Loin d’être des novices de la scène texane, le combo joue sur des couleurs à la fois vintage et modernes pour obtenir un Blues Rock touchant et déterminé. Leur cœur est au sud et cela s’entend autant dans leur démarche que dans leur propos. Les Américains offrent une première réalisation généreuse et sensible.

OLE LONESOME

« Tejas Motel »

(Gulf Coast Records)

C’est dans le sud-est du Texas à Beaumont, du côté des marais pétrolifères, qu’ont grandi les membres d’OLE LONESOME. Zachary Feemster (guitare, chant), J. Wesley Hardin (basse), Gregory Mosley (claviers), Jimmy Devers (batterie) et Greg Achord (guitare) ont été nourris au Blues des pionniers, roots et épais, mais c’est pourtant guidés par une énergie et une inspiration très contemporaine qu’ils se présentent avec « Tejas Motel », un opus varié, entraînant, solide et doté d’une production directe et sincère.

Détecté par le guitariste, producteur et patron de Gulf Coast Recors, Mike Zito, dont le chanteur et six-cordiste a tournée au sein du groupe il y a un peu plus de dix ans, OLE LONESOME n’arrive donc pas en terre inconnue pour son premier album, enregistré en Louisiane. Le titre et le thème principal du disque sont nés dans la tête du frontman en passant devant le panneau d’un motel miteux, qui a inspiré « Tejas Motel ». Il s’agit donc d’une succession de petites histoires, qui donnent et redonnent vie à l’endroit.

Bien sûr, il se dégage des sonorités Southern dans le jeu et le son d’OLE LONESOME, mais sans pour autant être prédominantes. Le quintet puise son inspiration dans le Blues Rock américain au sens large du terme et déploie un style original. Les riffs sont gras, le chant déterminé avec une touche Old School et l’ensemble sonne terriblement organique. C’est cette authenticité qui rend les Texans si attachants dans leur approche (« Yvette », « Easy Street », « Ain’t No Good », « Natural Fact »). Ensorcelant !

Photo : Emily Martindale