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Blues Rock Southern Blues

Eric Johanson : deep South spirit

Bâti sur un songwriting d’une finesse incroyable, « The Deep And The Dirty » révèle de manière éclatante le talent d’ERIC JOHANSON, si cela était encore nécessaire. La force impressionnante des riffs combinée à une certaine nonchalance propre à la musique de Louisiane font de ce nouvel opus l’un des meilleurs en matière de Blues Rock de cette année. Très organiques, les chansons du guitariste-chanteur traversent le temps et semblent tout droit sorties de notre inconscient. Brillant.  

ERIC JOHANSON

« The Deep And The Dirty »

(Ruf Records)

Après avoir fait ses armes aux côtés des Neville Brothers, Anders Osborne, Terrance Simien, JJ Grey ou Mike Zito, c’est très naturellement que le bluesman ERIC JOHANSON a pris son envol pour devenir depuis quelques années une valeur sûre du Blues Rock. Si ses influences viennent de Freddie King et de l’incontournable Robert Johnson, le songwriter y mêle des sonorités Soul, Heavy Rock et Americana pour s’engouffrer dans un Deep South plein d’émotions. Assez sombre, l’ensemble respire l’authenticité d’un musicien virtuose et sensible.

Produit par l’excellent Jesse Dayton, qui a sorti un album explosif avec Samantha Fish en mai dernier, « The Deep And The Dirty » a été enregistré pendant la pandémie et en condition live (une habitude pour son producteur), ce qui lui donne une saveur très roots et percutante. Le son est rugueux et le grain épais, ce qui n’empêche nullement ERIC JOHANSON de se montrer sous son meilleur jour et d’offrir à sa guitare le premier rôle. Un rôle qui la fait passer d’instants musclés à d’autres plus tendres.

Et justement, c’est sur le branchement de celle-ci sur un ampli, d’où émane le grésillement d’une puissance pour l’instant contenue, que démarre cette quatrième réalisation studio avec un « Don’t Hold Back », qui donne le ton et dévoile déjà les intentions du guitariste. Parfois très Fuzz frôlant même le Stoner, ERIC JOHANSON fait vivre son Blues avec brio (« Just Like New », « Elysian Fields », Familiar Sound »), tout en se montrant plus mordant (« Galaxy Girl », « Get Me High », « Stepping Stone »). Du grand art ! 

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Blues Blues Rock

Mario Rossi Band : Blues do Brazil

Originaire de la région de São Paulo, MARIO ROSSI BAND s’articule autour du songwriter, chanteur et guitariste qui donne son nom au groupe. Entouré d’excellents musiciens, le Brésilien, qui transpire littéralement le Blues, a mis à profit sa créativité très productive pour peaufiner « Smoke Burst » à travers un Blues Rock assez roots et lumineux.  

MARIO ROSSI BAND

« Smoke Burst »

(Independant)

Très peu exposée, la scène Blues brésilienne regorge pourtant de talents et MARIO ROSSI BAND fait partie des valeurs montantes. Avec quatre albums en quatre ans, le jeune artiste est un bourreau de travail et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça paie à en juger par la qualité de composition et d’interprétation de « Smoke Burst ». Et à écouter le musicien, c’est même son meilleur opus et aussi le plus mature.

S’il y a un style où l’on ne peut tricher, c’est bien le Blues. D’une authenticité et d’une sincérité exemplaire, MARIO ROSSI BAND est allé en studio pour y enregistrer cette nouvelle réalisation en live. Et cela s’entend et se ressent sur tous les morceaux. La complicité entre les musiciens est palpable et la production d’Othon Ribeiro est remarquable. « Smoke Burst » vit et respire, grâce à une alchimie qui crève les yeux.

Décontracté et appliqué, le quatuor ouvre l’album avec un instrumental, le morceau-titre. Une façon pour les Sud-Américains d’afficher la couleur. MARIO ROSSI BAND libère ensuite son Blues Rock avec panache et élégance (« Leavin’ For A Walk », « Jammin’ For Jimi », « Expansive Instinct »). A noter l’excellent « It Means Blues » majestueusement interprété par la chanteuse Lu Vitti et « There’s No Hope For Willie Brown », où la chaleur de l’harmoniciste de Chicago Steve Bell resplendit. A découvrir en urgence.

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Dark Metal Symphonic Metal

Eleine : dark symphony

« We Shall Remain » pourrait bien être l’album de la consécration pour ELEINE. Après de nombreuses tournées et quatre très bonnes réalisations, les Scandinaves livrent leur album le plus inspiré et le mieux produit de leur carrière. Combatif et généreux, leur Dark Symphonic Metal rayonne vraiment, notamment grâce à sa chanteuse qui s’impose comme l’une des meilleures du genre.

ELEINE

« We Shall Remain »

(Atomic Fire Records)

Cela va faire une décennie déjà qu’ELEINE a investi la scène européenne et son Dark Symphonic Metal est désormais reconnaissable entre tous. Assez éloigné des groupes du même style grâce à un univers plus sombre et peut-être aussi plus varié, le quatuor joue sur les émotions et les atmosphères autant que sur une puissance ravageuse. Mené avec classe par sa frontwoman Madeleine Liljestam, il rayonne littéralement sur ce quatrième opus racé et très bien réalisé.  

Suite à ses trois premiers albums (« Eleine », « Until The End », et surtout « Dancing In Hell »), ELEINE a sorti l’an dernier un EP long de huit titres parmi les meilleurs de son répertoire, repris en acoustique avant de partir en tournée avec Sonata Artica. Riche idée, car on y découvrait les Suédois dans un registre plus épuré et très groove. Mais pour « We Shall Remain », l’électricité est revenue, les guitares sont affûtées et la rythmique refait son apparition de manière fulgurante.

Dans la lignée de « Dancing In Hell », « We Shall Remain » reste sur une dynamique très Heavy où viennent s’engouffrer quelques influences plus extrêmes comme le Death pour les voix et le Thrash sur certains riffs. Et ELEINE parvient avec brio à faire cohabiter ces différentes ambiances dans un ensemble très symphonique (« We Are Legion », « Vernod », « Blood in Their Eyes », « War Das Alles »). Et en se partageant le chant, Madeleine et le guitariste Rikard Ekberg ont trouvé la bonne formule.  

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folk

Innessa : une touchante simplicité

La musique d’INNESSA ne manque pas de charme et l’Alternative Folk proposée par la chanteuse, guitariste et compositrice s’ouvre à bien des horizons. Avec « Golden Wreath », la Russe installée en Australie partage un univers assez singulier à la fois slave et celtique, Pop et acoustique… Un moment suspendu.

INNESSA

« Golden Wreath »

(Independant)

Variée et lumineuse, la Folk d’INNESSA montre autant de finesse et de délicatesse que de caractère. Arrivée en Australie depuis sa Russie Natale il y a quelques années maintenant, la chanteuse a déjà sorti trois albums et s’affirme au fil de ses productions. Avec « Golden Wreath », elle présente de multiples visages grâce à une voix limpide, douce et tout en poésie.

Si l’âme slave de la songwriter plane sur « Golden Wreath », d’autres sonorités plus étonnantes viennent alimenter la belle diversité de ce quatrième opus. Très personnel sur le morceau-titre, le style d’INNESSA sait aussi se faire acoustique (« Hollow »), Pop (« Wild Horses », « We », « Strange World »), cinématographique (« Wings ») et très envoûtant (« Wave »).

Autofinancé et très bien produit, l’artiste a apporté un soin tout particulier aux arrangements qui restent  sobres et épurés, mais non sans beaucoup de richesse, comme les interventions de violon notamment. D’une belle naïveté sur « Beneath The Azure Skies », INNESSA nous entraîne aussi dans des ambiances celtiques (« Shallop »), avec une flûte enchanteresse. Très réussi !

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Heavy metal Heavy Psych Rock International Proto-Metal

Warlung : une question d’équilibre [Interview]

Au croisement entre le Psych et le vintage, WARLUNG présente une Heavy Metal tranchant et mélodique. Bardé de solos enflammés, de chorus très NWOBHM et d’un travail très précis sur les voix, le style des Texans repose sur autant de traditions que sur un aspect visionnaire où l’esprit et le son du Doom a laissé une forte empreinte. Sorti en novembre dernier, le quatrième album du quatuor embrasse les générations avec malice et puissance. Entretien avec un combo ravit de venir poser ses valises en Europe le mois prochain pour quelques dates.  

– Dès 2017 avec « Sleepwalker », vous avez conquis la scène underground Heavy Rock, et moins de six ans après, WARLUNG en est déjà à son quatrième album. Vous imaginiez que les choses iraient aussi vite ?

Eh bien, je ne suis pas sûr que nous ayons encore conquis la scène underground, mais nous y travaillons ! Le projet a commencé par une jam amusante et c’est vrai que nous n’aurions jamais pensé faire quatre albums. Heureusement, nous avons des fans géniaux et avec l’aide de Heavy Psych Sounds Records, nous nous sentons plus inspirés que jamais. L’écriture peut être rapide même si, pour nous, nous sommes toujours impatients de travailler sur de nouveaux morceaux. Et malgré ce nouveau disque tout juste sorti, nous discutons déjà des prochains et de tournées.

– Avec « Optical Delusions », vous aviez déjà placé la barre très haut et sur « Vulture’s Paradise », vous vous surpassez à nouveau. Dans quel état d’esprit étiez-vous au moment de la composition ? Vous sentiez que vous aviez un nouveau challenge à relever ?

Il peut être à la fois effrayant et inspirant de se fixer un objectif. D’un côté, nous nous inquiétons de la façon dont nous sommes censés améliorer les choses, mais de l’autre, nous nous disons : « Qui s’en soucie ? Faisons simplement la musique que nous voulons entendre ! ». À chaque enregistrement, nous regardons en arrière et discutons de ce que nous avons bien fait et de ce que nous pourrions mieux faire. En théorie, tout devrait être plus élaboré. Que cela se produise, ou pas, dépend aussi de nos auditeurs. Mais quand on compose, c’est avant tout pour s’amuser.

– En réécoutant votre précédent album, j’ai trouvé que « Vulture’s Paradise » se présentait comme une suite logique. Vous semblez ne pas avoir tout dit sur « Optical Delusions », c’est le cas ?

Jusqu’à présent, chaque fois que nous répétons, chaque concert que nous faisons et chaque fois que nous sommes allés en studio, c’était génial. On arrêtera de faire de la musique uniquement quand ça cessera d’être amusant. Je ne peux pas parler pour l’avenir, mais à l’heure actuelle, le puits créatif n’a pas fini d’être exploité. Nous avons toujours plus de matériel, donc il reste beaucoup d’idées. Sur « Vulture’s Paradise », par exemple, nous avions environ 60 minutes de musique et nous n’en avons enregistré que 44. Chaque album est un mélange de morceaux plus anciens et retravaillés avec des choses plus récentes, de sorte que les albums ont tendance à ressembler à une transition naturelle.

– Il y a un côté obsédant dans la musique de WARLUNG, qui vient sûrement de l’ambiance et de l’esprit jam qui règnent sur vos albums. Pourtant, tout semble très écrit malgré tout. A quel moment l’improvisation intervient-elle lors de l’écriture ?

Nous apportons tous nos idées. Parfois, l’un d’entre-nous enregistre un brouillon de quelque chose sur lequel il a travaillé ou le joue simplement lorsque nous sommes ensemble. Qu’il s’agisse d’un riff, d’une mélodie ou simplement de paroles, il y a généralement suffisamment de matériel pour concevoir un morceau. Nous voyons tellement de groupes jouer un riff et rester dessus. C’est agréable de temps en temps, mais ça devient vite fatigant d’entendre ça chanson après chanson, disque après disque, groupe après groupe. Nous préférons concevoir notre musique avec un peu plus d’intention pour la garder intéressante et unique. Cependant, nous avons envisagé d’ajouter de l’improvisation dans nos concerts et sur un futur disque également, alors nous verrons !

– J’aimerais que vous nos disiez aussi un mot sur les textes. Ils traitent souvent de la mort et de la destruction. Vos paroles semblent en totale opposition à la luminosité de votre musique. C’est un contraste sur lequel vous aimez jouer ? Ou c’est par ironie ou une sorte de contre-pied ?

Même si nous ne nous considérons pas comme ‘Doom’, nous aimons toujours explorer les thèmes sombres inhérents à ce type de musique. Nous explorons consciemment des concepts et des récits pour que chaque chanson ait sa propre identité. Nos paroles vont d’événements historiques au psychédélisme ou même de la vente d’organes sur le marché noir, par exemple. Mais finalement, les histoires de création et de destruction sont les plus anciennes jamais racontées. La plupart des religions, des films et de la littérature fait aussi très souvent référence à ce concept, parce qu’il est tellement familier avec l’expérience humaine.

– Par ailleurs, WARLUNG combine un registre basé sur l’héritage de la NWOBHM avec des éléments proto-Doom, Psych et Prog 70’s. Et pourtant, la production de vos albums est très actuelle. Alors que beaucoup de groupes s’immergent dans des réalisations entièrement vintage, WARLUNG joue encore sur le contraste entre la modernité et le passé. Vous semblez aimer toutes formes de dualité finalement. C’est un exercice qui vous plait à ce point-là ?

A un moment donné du processus d’enregistrement, nous avons une conversation avec les ingénieurs du son sur ce point précis. Nous nous efforçons de trouver un juste milieu entre le son vintage et moderne. Les groupes qui font un son totalement vintage sont impressionnants, mais nous n’y arriverons probablement pas. Nous ne sommes pas un groupe basé sur le jam ou le psychédélisme, donc notre musique nécessite une touche moderne. De plus, nous apprécions autant les groupes modernes que les classiques. Nous n’avons donc aucune raison de nous en tenir à l’un ou à l’autre. Nous pouvons faire l’équilibre entre ces deux mondes.

– Enfin, un mot sur la tournée européenne qui se profile en février. Comment l’abordez-vous et qu’en attendez-vous par rapport au public américain que vous connaissez bien maintenant ?

Nous avons été signés chez Heavy Psych Sounds Records pendant la pandémie et comme nous n’avons pas encore pu nous déplacer, nous sommes très, très excités à l’idée d’aller à l’étranger ! Malheureusement, notre section rythmique reste chez nous pour s’occuper d’un souci de santé familial. Même s’ils vont nous manquer, nous croyons en la famille d’abord et soutenons leur décision de rester. Heureusement, nos amis Travis et Austin de Houston’s Kill The Lizard vont nous rejoindre à la basse et à la batterie ! En Amérique, nous pouvons jouer devant deux personnes ou 200, donc nous n’avons aucune attente. Nous sommes simplement heureux d’être là. L’opportunité de jouer devant des gens du monde entier et de voir des endroits où nous ne sommes jamais allés est un rêve absolu. Alors si vous nous voyez dans votre ville, venez partager une bière avec nous !

« Vulture’s Paradise » est disponible chez Heavy Psych Sounds Records.

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Rock Hard

The Electric Alley : courant continu

Sur des mid-tempos bercés de chaleur ou sur des rythmes endiablés, le nouvel album de THE ELECTRIC ALLEY multiplie les plaisirs. Si les influences sont évidentes et multiples, le quatuor espagnol n’a aucune peine à nous entraîner dans une atmosphère très enjouée et d’une sincérité absolue. « Apache » est un voyage qui ne lasse pas.

THE ELECTRIC ALLEY

« Apache »

(Independant)

Quatre ans après le très bon « Turning Wheels », les Espagnols de THE ELECTRIC ALLEY refont parler la poudre grâce à un quatrième album aussi explosif que mélodique. Et à l’écoute de cet « Apache », on peut déjà s’interroger sur le fait qu’il sorte en autoproduction, et non sur un label digne de ce nom, où il aurait plus que sa place. Cela dit, nous ne sommes plus à une aberration près.

Mené par la voix unique de Jaime Moreno, qui livre une prestation musclée et toute en émotion, le quatuor de Cadix évolue toujours dans un Power Rock qui trouve ses racines dans un Hard Rock classique et intemporel. THE ELECTRIC ALLEY ne renouvelle pas le genre, mais lui apporte beaucoup de brillance et de fraîcheur grâce à une machine parfaitement huilée qui dégage un groove énorme.

Electrisant dès l’entame (« Apache », « Hurricane »), les Ibériques surfent sur des sonorités très américaines et ensoleillées émaillées de touches 80’s et 90’s. THE ELECTRIC ALLEY fait la part belle aux guitares entre riffs aériens et solos enchanteurs (« Fireworks », « Make It Through The Night », « Son Of A Gun »). Les Andalous livrent un album Rock’n’Roll, joyeux et enivrant comme on n’en fait plus beaucoup… Alors, merci et vivement le prochain !

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Classic Rock Hard 70's Progressif

Spell : chevauchée mystique

En jouant avec les dimensions musicales et grâce à une aisance technique de chaque instant, SPELL livre un album de haute voltige et le duo canadien provoque une incroyable alchimie entre des passages très Heavy, des aspects progressifs et un Classic Rock limpide et envoûtant. Très bien produit, « Tragic Magic » reste facile d’accès, malgré des prouesses artistiques multiples et originales.

SPELL

« Tragic Magic »

(Bad Omen Records)

Si SPELL a réduit la voilure pour se présenter aujourd’hui sous la forme d’un duo, c’est sûrement dans un souci d’efficacité et afin d’aller à l’essentiel. Et sur « Tragic Magic », on peut assurer que les Canadiens révèlent l’essence véritable de leur Heavy Rock, où le mysticisme côtoie l’occulte et où le Classic Rock se fond avec talent dans le Prog. Un brin vintage, ce quatrième album libère des ambiances captivantes.

En osmose totale, Cam Mesmer (chant, basse, guitare) et Al Lester (chant, batterie, lead guitare) offrent des envolées enivrantes dans les pas de Blue Öyster Cult ou King Crimson, et sur des guitares dont le mordant et l’attaque se veulent à la fois aérés et percutants. SPELL a misé sur un esthétisme pointilleux où les voix sont nettement plus présentes qu’auparavant. Le binôme semble avancer les yeux fermés avec une maîtrise souvent bluffante.   

A l’image de sa pochette, « Tragic Magic » nous transporte, sans nous malmener, entre rêve et réalité sur des morceaux parfois chimériques et héroïques (« Cruel Optimism », « A Ruined Garden », « Hades Embrace », « Fever Dream »). Malgré le grand soin porté aux atmosphères, SPELL ne s’étend pas. Les dix titres ne traînent pas en longueur et restent plutôt racés (« Fatal Breath », « Souls In Chains »). Mouvementé sans être chaotique !

Photo : David P. Ball
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Hard Rock Southern Rock Stoner Rock

Monster Truck : sur le pied de guerre

Ne prendre aucun risque peut garantir de la stabilité, un certain confort voire même prolonger une certaine dynamique, mais peut aussi mener à un cruel manque de créativité. Avec « Warriors », les Canadiens utilisent leur dernier joker. Leur hard Rock teinté de Stoner et de Southern est toujours aussi réjouissant et bastionne à tour de bras sur une production très actuelle, mais ne franchit pas le cap espéré. Un goût d’inachevé.

MONSTER TRUCK

« Warriors »

(BMG)

Si on ne change pas une équipe qui gagne, on peut tout de même s’essayer à quelques changements tactiques. Chez MONSTER TRUCK, le jeu reste identique, seul le line-up a évolué. Jon Harvey (basse, chant), Jeremy Widerman (guitare) et Brandon Bliss (claviers) sont désormais seuls à bord, suite au départ du batteur Steve Kiely. Pourtant « Warriors », à l’inverse du groupe, reste fédérateur et avance comme un seul home.

Entraînant et musclé, ce quatrième album s’écoute tout seul et les titres s’enchaînent pied au plancher. Aucun relâchement sur les dix morceaux et une efficacité qui force même le respect. Certes, MONSTER TRUCK va à l’essentiel, mais quelques variations dans son explosif et massif Hard Rock auraient été plus que bienvenues. Avec une setlist aussi resserrée, on a un peu le sentiment que le combo s’est contenté du service minimum.

La recette est bonne et reste très digeste, c’est vrai. Avec des refrains entêtants, les Canadiens dynamitent leurs titres sur des mélodies hyper-groovy et des riffs surpuissants (« Warriors », « Life Free », « Get My Things & Go »). MONSTER TRUCK fait même quelques clins d’œil à ses voisins de Nickelback (« Golden Woman ») avant de se montrer plus Southern (« Country Livin’ »). Le taff est bien fait … Seul manque juste un petit grain de folie.

Photo : James Heaslip
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Doom

Las Cruces : monstres sacrés

Le Doom à l’état pur, originel. Voilà comment on pourrait résumer ce tant attendu nouvel album des Texans de LAS CRUCES. « Cosmic Tears » est un parfait concentré de ce que représente ce courant du Metal, qui compte aujourd’hui tant de branches. Epique et mélodique à souhait, reposant sur un chant très expressif et non-growlé, le combo distille des riffs qui nous plongent dans des torpeurs captivantes sur une rythmique redoutable.Un cran au-dessus !

LAS CRUCES

« Cosmic Tears »

(Ripple Music)

Fondé en 1994 à San Antonio au Texas, LAS CRUCES fait partie de la légende du Doom Metal américain au même titre que Trouble, notamment. Avec seulement quatre albums, dont « Cosmic Tears », et quelques singles, le trio (quintet en live) s’est fait un nom et est considéré aujourd’hui comme une référence incontestable du genre. Et après ses débuts fracassants, le groupe atteint de nouveaux sommets avec une classe éblouissante.

Si les vétérans avaient marqué les esprits avec « Ringmaster » (1998), il se pourrait qu’ils en fassent de même avec « Cosmic Tears », qui s’étale sur une heure et qui s’inscrit dans la plus pure tradition Doom. On retrouve chez LAS CRUCES beaucoup de similitudes avec d’autres maîtres du genre comme Candlemass, par exemple. Mais sans sonner Old School, les Texans présentent surtout une intemporalité assez incroyable jusque dans la production.

Sur ce quatrième album, on mesure toute l’influence du trio sur la scène internationale. Les riffs de George Trevino sont massifs et tranchants, la rythmique pesante et aérienne mène la danse et le chant de Jason Kane transcende les morceaux avec une clarté et une puissance très Heavy (« Cosmic Tears », « Wizard From The North », « Egypt », « Holy Hell »). LAS CRUCES fait une véritable démonstration de force avec un panache hors-norme.

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Heavy Psych Rock Stoner Rock

Ecstatic Vision : vibrations sauvages

Façon bêtes de somme sous acid, les Américains d’ECSTATIC VISION déversent sans ménage leur Stoner Heavy Psych sur un quatrième album, où le quatuor de Philadelphie vient se placer au-dessus de la mêlée. « Elusive Mojo » associe une vitesse d’exécution et une imposante puissance pour tout écraser sur son passage.

ECSTATIC VISION

« Elusive Mojo »

(Heavy Psych Sounds Records)

S’ils n’étaient pas musiciens, ces quatre-là pourraient être bûcherons sans aucun problème. Plus musclé et féroce que jamais, le combo de Philadelphie élève d’un cran la folie qui l’habite avec ce « Elusive Mojo », où son Stoner très Heavy et Psych atteint une dimension quasi-cosmique. ECSTATIC VISION plane très haut, joue très fort et ne fait pas dans le détail.

Enregistré en condition live sur une bande 2 pouces probablement pour mieux saisir toute l’épaisseur de son jeu, ce quatrième album dégage une lourdeur et une saveur Rock’n’Roll authentique, brute et même brutale. Noyant même la wah-wah dans des distorsions inouïes, ECSTATIC VISION développe un groove sauvage et une débauche de décibels hors-norme.

Solidifié par le mastering de Tim green (Melvins), ce nouvel opus défie les lois du Stoner Rock grâce à des vibrations presque déstabilisantes, tant l’énergie déployée est d’une puissance phénoménale (« Times Up », « Venom », « The Countdown »). Les parties de saxophone et de basse font d’ECSTATIC VISION un combo à part dans le paysage Rock Heavy Psych.