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Hard Rock Heavy metal

Duel : riff vs groove

Véritablement enivrant, ce quatrième album des Texans de DUEL prend un relief saisissant au fil des morceaux. Très massif, « In Carne Persona » s’empare des codes du Hard Rock et du Heavy Metal à travers une production vintage et moderne à la fois. Fédérateur et envoûtant, le quatuor balance des riffs très costauds sur des refrains terriblement efficaces.

DUEL

« In Carne Persona »

(Heavy Psych Sounds Records)

Dans la torpeur d’Austin, Texas, DUEL a soigneusement concocté un quatrième album décapant et irrésistible. Depuis 2016 et « Fears Of The Dead », son premier effort, le quatuor américain n’a de cesse de repousser les limites du Hard Rock et du Heavy Metal dans un esprit hyper-groovy, rappelant avec une touche vintage les belles heures des années 70 et 80. Un revival très actuel réjouissant !

Si on pouvait déjà entendre ce style il y a quatre ou cinq décennies chez Thin Lizzy, Kiss ou Maiden, on a vraiment le sentiment que DUEL vient d’allumer la lumière et de passer à la couleur. Flamboyant et mélodique, les Texans assènent leurs riffs démoniaques sur des morceaux entêtants aussi sombres que fun dans les textes.

Sur « In Carne Persona », il est question de magie noire, de sexe, de rites anciens et des démons qui peuplent nos rues. Véloces et incisifs (« Children Of The Fire », « Bite Black »), DUEL nourrit ses titres d’une tessiture sonore incroyable, très chaleureuse et qui fait des merveilles sur les mid-tempos de l’album (« Wave Of Your Hand », « Dead Eye », « Blood On The Claw »). La classe « In Carne » ! 

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International Post-Metal post-Rock

Sons Of Alpha Centauri : hybrid Metal [Interview]

Rivalisant d’originalité à chaque album, ainsi qu’à travers les nombreuses collaborations extérieures au groupe, SONS OF ALPHA CENTAURI prend un soin incroyable à ne pas rester dans un registre défini. Avec ce quatrième album, les Britanniques ont invité le chanteur Jonah Matranga et le batteur Mitch Wheeler, tous deux américains, à se joindre à eux, libérant ainsi une nouvelle énergie dans un post-HardCore teinté de Metal Alternatif réellement addictif. Nick Hannon, bassiste et fondateur de la formation, nous parle de cette nouvelle formule de SOAC.

Photo : Neil Coward

– SONS OF ALPHA CENTAURI fait son retour avec « Push », trois ans après « Continuum » et il est surprenant à plus d’un titre. Vous accueillez Jonah Matranga au chant et Mitch Wheeler à la batterie, tout en conservant votre line-up. Comment est née l’idée de faire évoluer la formule du groupe ?

J’ai formé mon premier groupe à la fin des années 90 et nous avions un chanteur, dont le style était très proche de Chino Moreno et de Jonah Matranga. Nous avons écrit pas mal de morceaux et ils ont plutôt bien fonctionné. Du coup, lorsque Marlon (King, guitariste – NDR) et moi avons recommencé à écrire dans ce style après toutes ces années, je savais que la voix de Jonah conviendrait parfaitement à ce disque !

– Vous avez toujours fait beaucoup de collaborations, mais c’est la première fois que vous élargissez les rangs de SOAC. Pourquoi le faire sous votre nom et pas un autre comme d’habitude ?

Dans les collaborations avec Karma To Burn et Yawning Man, il y avait un autre guitariste qui a dirigé la musique d’une manière plus collaborative. Alors que pour cet album, toute la musique a été écrite par SOAC, alors cela me semblait vraiment bien de garder notre nom.

– Le plus marquant, bien sûr, est la présence d’un chanteur, alors que vous êtes un groupe instrumental depuis vos débuts en 2001. C’est un sacré changement pour vous, j’imagine ? Même si vous avez déjà pu le faire avec d’autres collaborations…

C’est sûrement une étape audacieuse, mais que je pense nécessaire pour le groupe. En intégrant Jonah et sa voix incroyablement distinctive, cela a permis au groupe de se concentrer davantage sur la musique, afin qu’elle soit toujours reconnaissable en tant que SOAC, tout en complétant et en soutenant la voix de Jonah, ses harmonies et ses fortes mélodies. Cela fait du bien de sortir un disque chanté et pourtant les gens verront que la musique et le style de SOAC sont restés intactes avec lui. Mitch, quant à lui, a apporté du groove dans les morceaux. J’ai écouté ses performances avec Will Haven, Ghostride et The Abominable Iron Sloth. Pour certains morceaux, j’ai écrit en pensant à la batterie qui mènerait vraiment la musique comme sur « Buried Under », par exemple.

– Musicalement, ce qui parait assez étonnant, c’est que SOAC n’a rien perdu de son identité artistique justement. Le groupe reste très identifiable. C’était l’une de vos priorités lors de l’écriture de « Push » ? D’ailleurs, les deux nouveaux membres y ont-ils participé ?

Absolument. Nous avons d’abord écrit trois morceaux qui, à l’époque, devaient être instrumentaux. Par conséquent, ils sont légèrement plus compliqués techniquement et contiennent de nombreuses subtilités. Quand Jonah est venu en studio pour travailler sur ces premières prises, il avait quelques idées. À partir de là, il a commencé à définir sa vision des morceaux et l’intégration a été très fluide. Je pense que le titre sur lequel nous avons passé le plus de temps est « Saturne », car j’avais déjà les paroles et Jonah les a adapté sur les couplets. Nous avons aussi parlé du morceau « Calling » de Taproot que Jonah a écrit avec ce groupe. C’était plus fédérateur, mais je pense que « Saturne » est plus en accord avec SOAC. En revanche, cela a vraiment renforcé la puissance et la force d’écriture de Jonah pour des refrains solides.

– « Push » montre aussi une évolution de votre style vers un post-HardCore teinté de Metal alternatif et progressif. On a le sentiment que SOAC s’est un peu radicalisé tout en se rendant peut-être plus abordable. C’est assez paradoxal, non ?

(Rires) Ouais, bien vu ! Je suis d’accord pour dire que nous sommes devenus plus accessibles en devenant plus lourds et plus sombres. Ce n’est pas quelque chose que nous avions l’intention de faire, mais c’est une bonne chose pour SOAC, afin de nous assurer que nous avions intégré le post-HardCore dans les ambiances de l’album. C’est un genre musical important et très influant pour le groupe. Je pense qu’il peut aussi faire évoluer les styles Stoner/Desert et nos riffs de Rock instrumental et qu’ils se nourriront tous les uns les autres au sein de l’identité évolutive de SONS OF ALPHA CENTAURI.

Photo : Neil Coward

– En intégrant du chant, vous faites évidemment passer un message direct. Alors, de quoi traitent les textes de « Push » et qui les a écrits ?

Jonah a écrit à peu près toutes les paroles. Il a dépeint certaines de ses positions que ce soit  socialement, politiquement et idéologiquement. Heureusement, encore une fois, nous connaissions très bien le style de Jonah que nous étions à l’aise avec ses messages. La musique a été écrite en gardant à l’esprit la puissance et les structures. Une fois que nous avons su que Jonah était là pour tout l’album, nous avons écrit en incorporant toutes ces possibilités.

– Avec Yawning Sons, vous collaboriez avec des musiciens américains et c’est encore le cas avec Jonah et Mitch. C’est ce mélange des deux cultures, anglaises et américaines, qui vous attire ? Cette différence de points de vue et d’influences musicales ?

C’est une bonne remarque ! Je n’avais jamais fait attention au fait que nous avons tendance à travailler avec autant d’Américains. Je pense qu’en grandissant dans les années 90, il y a eu cette énorme influence du Rock alternatif américain. Toutes les différentes scènes étaient très créatives avec Dischord et Amphetamine à Washington, le Hard-Core à New York, Touch and Go à Chicago, Mans Ruin en Californie, et bien sûr toute la scène de Sacramento. C’était tellement immersif et intéressant de voir et d’entendre ces groupes créant tous quelque chose d’unique dans leur région et en affirmant leur propre identité. Cela m’a donné envie de former un groupe et ensuite de travailler avec d’autres groupes. Mais j’apprécie toujours la scène musicale locale de Swale, notre région d’origine, car il y a plein de groupes et j’essaie toujours de les soutenir, d’aller à leurs concerts et de me procurer leurs disques !

– Depuis vos débuts, vous vous faites très rares sur scène. Est-ce qu’avec « Push » et ce nouveau line-up, on aura plus de chance de vous voir en concert ?

Si nous avons des propositions, bien sûr que nous aimerions monter sur scène. Nous aimons aussi nous assurer que nos performances soient uniques, mais oui, ce serait formidable de faire des concerts. Si quelqu’un souhaite nous voir, n’hésitez pas à nous contacter à tout moment. Je pense que ces morceaux prendront une ampleur incroyable dans un environnement live !

« Push » de SONS OF ALPHA CENTAURI est disponible depuis le 27 août chez Mainstream Records.

Retrouvez également la chronique de l’album : https://rocknforce.com/sons-of-alpha-centauri-tremblement-de-terre/

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Extrême Groove Metal

Jinjer : fané

Avec « Wallflowers », le quatuor ukrainien annonçait proposer une véritable volte-face et une contre-attaque face à la pandémie qui nous paralyse depuis maintenant trop longtemps. Très attendu, ce quatrième album devait confirmer la main-mise du groupe sur le Groove Metal, teinté de Death et d’une modernité assumée. Sauf que, cette fois, JINJER dévoile autant de lassitude que de fatigue et ce, dans un registre qu’il ne parvient pas à renouveler.

JINJER

« Wallflowers »

(Napalm Records)

JINJER, JINJER, JINJER…! Les Ukrainiens, et surtout leur chanteuse, font la Une de tous les magazines de presses spécialisées (y compris celui dont je suis un fervent défenseur et une petite main appliquée) ce mois-ci. Alors, comme tout le monde, je me suis contraint à l’écoute de ce nouvel album, « Wallflowers », pour voir si nous étions d’accord et surtout pour me rendre compte par moi-même de la qualité que tous vantent. 

Sans s’arrêter sur la production ‘petits bras’ de « Wallflowers », pourtant inhérente à ce genre de musique, on retiendra surtout le manque d’envie et la facilité de JINJER à mener ses compos avec une certaine désinvolture. D’accord, Roman Ibramkhalilov, le guitariste, a probablement usé et même abusé de l’écoute des albums de Cynic, mais ça ne fait pas tout. Incapable de réaliser un solo, ses riffs se suivent et se ressemblent tellement. Lassant.

Quant à Tatiana Shmailyuk, star et pièce maîtresse du combo, on ne saurait que lui conseiller d’évoluer dans un chant clair qu’elle maîtrise assez bien, car le growl dont elle nous inflige (et qui devient affligeant) est lourd et convenu. Avec « Wallflowers », JINJER ne montre rien, ne propose rien et se confond dans une banalité sans nom. Le quatuor, qui avait fait preuve d’originalité sur ses premiers albums, s’endort sur ses lauriers… en grognant. 

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Blues Rock

Quinn Sullivan : une efficacité bluffante

Sous ses airs de jeune premier, QUINN SULLIVAN est loin d’être un petit nouveau. Depuis plus de 10 ans, le songwriter américain présente un Blues Rock rafraîchissant, léger et pourtant tout en virtuosité. Très bon guitariste, sa prestation vocale est aussi très solide et démontre une créativité au service de ses multiples talents et d’un grand feeling.

QUINN SULLIVAN

« Wide Awake »

(Mascot Label Group/Provogue)

Auteur, compositeur, chanteur et guitariste virtuose, QUINN SULLIVAN fait partie de ces jeunes prodiges comme les Etats-Unis savent en produire. A seulement 22 ans, le natif du Massachusetts livre son quatrième opus, « Wide Awake », d’une fraîcheur incroyable et d’une étonnante maturité. Lorsque l’on sait que son premier album date de 2011, on ne peut que saluer son parcours sans faute.

Le jeune musicien a mûri comme on peut le constater sur « Wide Awake ». L’apprenti bluesman a pris du galon en côtoyant notamment son héro Buddy Guy ou Carlos Santana et en foulant des scènes prestigieuses aux quatre coins du monde. Produit par Oliver Leiber (Aretha Franklin, Beth Hart), les 12 morceaux de QUINN SULLIVAN prennent un éclat d’une authenticité et d’une sincérité rares à cet âge.

Sans entrer de plein pied dans un album de Blues pur, le guitariste évolue dans un Rock US, assez californien d’ailleurs, et des ambiances plus Soul et Funk… toujours avec une teinte bluesy. Les thématiques du style sont toujours aussi présentes, mais d’une manière très moderne et QUINN SULLIVAN s’avère être un excellent songwriter (« All Around The World », « In A World Without You », « You’re The One », « Keep Up »).

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Progressif Rock

Frost* : une persistance de haut vol

Toujours très présent sur la scène progressive, FROST* se détache peu à peu de l’étiquette de super-groupe qui lui colle à la peau et affirme au fil des albums un style de plus en plus personnel et reconnaissable dès les premières notes. Sur ce quatrième véritable album, les Britanniques font parler la poudre sur des mélodies originales, entre percussion et raffinement.

FROST*

« Day And Age »

(InsideOut Music)

Et si on arrêtait de demander à des groupes comme FROST* de révolutionner le genre pour n’attendre simplement d’eux qu’ils livrent de bons et même de très bons albums ? Le hasard (quoique) faisant bien les choses, c’est très précisément ce que les Britanniques viennent de faire avec « Day And Age ». Nul besoin de revenir sur la qualité technique du trio tant elle est incontestable, alors profiter simplement de ce nouvel album suffit finalement à y prendre du plaisir. 

Les plus austères aficionados de Rock Progressif y verront toujours des sonorités proches de Genesis, Alan Parson ou encore Pink Floyd et le reste du catalogue. Mais peu importe, FROST* mène avec vigueur, dextérité et créativité sa barque, qui n’est pas prête de chavirer… contrairement à toutes celles précitées. Le trio reste dans un registre qui a construit sa réputation et qui, s’il ne surprend pas toujours tout le monde, a au moins le mérite d’être très bon à bien des égards.

Talentueux et chevronnés, Jem Godfrey (claviers, chant), John Mitchell (guitare) et Nathan King (basse) font toujours preuve de puissance et de raffinement dans leurs compos (« Day And Age », « The Boy Who Stood Still »). Mélodique et sur des structures aux breaks féroces, FROST* a également fait appel à trois batteurs différents, tout en maintenant un groove explosif (« Island Life », « Repeat To Fade »). Multipliant les ambiances, les Anglais livrent un album intense et très personnel.

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Blues Folk/Americana France

Gaëlle Buswel : par la grande porte [Interview]

Chanteuse, guitariste et auteure-compositrice naviguant entre Blues, Folk et Rock depuis une dizaine d’années, GAËLLE BUSWEL sort son quatrième album, « Your Journey » (Verycords), probablement le plus accompli de la carrière de la Française. Sur une production riche au son très analogique, ces nouveaux morceaux marquent une nouvelle étape pour la musicienne. Entretien avec une artiste qui n’a qu’une hâte : remonter sur scène !

Photo : Eymard Guillaume

– On ne va pas refaire ton parcours mais depuis 2012, tu t’es faite une belle place au sein de la scène Blues française et au-delà. Avec ce quatrième album, tu viens encore confirmer une sacrée respectabilité. Et comme dans ton nouveau clip, on te sent radieuse…

Merci… C’est vrai que pour ce nouvel album, nous avons eu beaucoup plus de temps que pour les précédents pour la partie artistique, et notamment en studio. On y a mis toute notre énergie et c’est un album qui est beaucoup plus produit et sur lequel on a aussi vraiment eu envie de franchir une étape au niveau de la maturité musicale. Il y a aussi une prise de risque plus importante avec des morceaux plus Rock et des choses plus poussées. Notre chance a vraiment été d’avoir autant de temps pour nous y consacrer et c’est quelque chose de très positif. Par exemple, lorsque nous étions au studio ICP à Bruxelles, il y a des morceaux qui ont été entièrement écrits de A à Z pendant l’enregistrement. On avait même plus de titres de prévu au final. (Rires)

– « Your Journey » sort à la fin du mois et il est franchement très bon. On y retrouve ta touche personnelle bien sûr et on a aussi l’impression qu’un cap a été franchi musicalement. Comment l’interprètes-tu ?

C’est assez difficile à expliquer, mais c’était une volonté de notre part. C’est le quatrième album, les gens qui nous suivent connaissent bien notre univers. On a voulu oser et aller chercher des choses. Et comme un disque est un instant T, j’avais des choses à dire avec un impact plus important et plus poussé sur certains titres. J’ai aussi voulu montrer toutes les facettes que j’aime dans le Blues, le Rock et la Folk.

– L’album a été enregistré entre Bruxelles et Londres dans les fameux studios d’Abbey Road. Ca a du être un moment intense et une sorte d’accomplissement, non ?

Oui, c’était vraiment un grand moment ! Même au moment de poser le pied sur la première marche, on n’y croyait même pas en fait ! Il y a eu ensuite un grand moment d’émotion, parce que c’est un studio dans lequel tous les grands artistes sont passés. C’était fort de se retrouver là-bas, parce que les Beatles y ont enregistré et on avait fait la première partie de Ringo Starr en 2018. Et puis, nous avons aussi un morceau des Beatles qui nous suit sur la route depuis 10 ans maintenant. C’est vraiment un accomplissement de se retrouver dans ce studio. C’est aussi quelque chose qui a pu se réaliser grâce au soutien de nos fans. L’émotion vient aussi du fait que les lieux sont chargés d’une énergie assez indescriptible qui émane des murs. C’est impressionnant au point que nous étions tous super émus. Et puis derrière la console, il y avait Chris Bolster, qui a notamment travaillé avec Paul McCartney et les Foo Fighters. J’avais l’impression que c’était la première fois que je rentrais dans un studio ! (Rires) On se sent tout petit ! L’histoire d’Abbey Road nous a mis dans tous nos états. C’était très, très émotionnel ! (Rires)

Photo : Eymard Guillaume

– Avant ça, dans quelles conditions et quand as-tu composé ces nouveaux morceaux ?

On a eu la chance de composer l’album juste avant la pandémie, il était prêt fin 2019. L’écriture a débuté en 2018 et on en avait d’ailleurs déjà fait tourner quelques uns sur scène. Pour la composition, quand tu arrives à ton quatrième album, les choses changent. J’ai fait énormément de collaborations avec mon équipe et Michal notamment qui co-compose pas mal de titres. Et au niveau des textes, j’ai travaillé avec la parolière américaine Angela Randall. Steve Belmonte, mon batteur, a aussi composé pour l’album. On s’est ouvert les uns aux autres, parce que cela fait aussi 10 ans qu’on travaille tous ensemble et on se connait tous très bien. C’était très intéressant et enrichissant de justement pouvoir partager ça. Sur « Last Day » par exemple, toute l’équipe a composé le morceau. C’était d’ailleurs la première fois qu’on écrivait collectivement.

– Sur une base Blues, Rock et Folk, les riffs rugueux sont très présents et de belles guitares présentent des solos peu démonstratifs, mais très efficaces. Et on retrouve cette même efficacité dans le songwriting de l’album. C’est quelque chose que tu recherchais ? Etre directe dans l’écriture ?

J’aime laisser place à la musique. Tous les musiciens de l’équipe sont vraiment très bons et c’est très important que chacun trouve sa place. Pour les guitares, j’ai la chance d’avoir un guitariste exceptionnel. L’idée était aussi d’aller droit au but, de ne pas tourner autour du pot. On avait des choses à dire et on a été direct pour que les gens saisissent bien le message. C’est vrai qu’il y a moins de métaphores. On avait aussi des coups de gueule et des coups de cœur à faire passer dans ces chansons.

– On notre aussi un bel équilibre entre les guitares acoustiques et électriques. C’était quelque chose que tu souhaitais ou cela s’est fait comme ça ? D’ailleurs, tu composes sur quel type de guitare ?

L’équilibre s’est fait très naturellement. On est vraiment au service de la chanson lorsqu’on compose, des arrangements jusqu’à son aboutissement. J’ai une vieille petite guitare des années 50 sur laquelle je compose tous mes morceaux et qui me suit depuis 11 ans. Je n’arrive pas encore à le faire sur une autre. Je pense qu’il y a surtout un aspect émotionnel. Je ne suis pas une grande technicienne. Ma démarche d’écriture et de composition est très spirituelle. Je suis en symbiose avec ma guitare, ce qu’elle dégage, les énergies que je peux ressentir avec la caisse qui vibre quand je chante en même temps… C’est une démarche un peu particulière, c’est vrai. On va dire que je suis un peu perchée, mais c’est ma façon de composer. (Rires)

Photo : Eymard Guillaume

– La présence des chœurs donne aussi un côté très Soul sur plusieurs morceaux avec des mélodies très accrocheuses. Là aussi, il semble y avoir eu un gros travail sur les voix…

En fait, ce sont les garçons qui m’ont demandé de faire tous les chœurs en me disant que ma voix se mélangerait bien aux harmonies. C’était un challenge pour moi, car c’était la première fois que j’enregistrais toutes les lignes de chœur. L’idée était d’apporter quelque chose de différent. Et ça a aussi été l’occasion d’aller chercher des choses dans ma voix, notamment au niveau des tessitures, ce que je n’avais jamais fait auparavant. J’ai pu exploiter la puissance des aigus notamment, car les chansons s’y sont prêtées. Je ne me suis pas limitée du tout. On a tous laissé parler nos instruments, notre cœur et notre âme…

– Justement, y a-t-il des choses que tu as expérimenté et que tu t’es enfin autorisée sur « Your Journey » ?

On s’est tout autorisé, en fait ! Même dans le style avec des titres très rentre-dedans. Et le simple fait de sortir un album a également beaucoup changé. Les gens peuvent avoir un coup de cœur pour une chanson qu’ils vont télécharger sur Internet. On a la chance d’avoir des fans qui défendent l’objet physique, alors on a d’abord pensé à eux. On a voulu explorer et tenter beaucoup de choses qui étaient en nous depuis pas mal de temps. On les a vraiment laissé sortir sur cet album en se faisant plaisir et en apportant de nouvelles choses. Sur un quatrième album, je pense qu’il y a aussi une étape à franchir et je pense qu’on a bien relevé ce défi-là.

– Enfin, tu ne vas malheureusement pas pouvoir défendre ton nouvel album en concert tout de suite. Comment vis-tu cette situation qui dure depuis un an maintenant ?

On espère vite reprendre la route, car cette période est hyper-frustrante. Ca fait un an qu’on n’a pas mis les pieds sur une scène et c’est vraiment notre place… et pas ailleurs ! Faire du live temporairement derrière un écran, c’est cool parce qu’il faut de toute façon continuer à faire vivre notre musique et on s’adapte aussi à la situation. Mais nous voulons que ça reprenne très rapidement, car on a vraiment envie de lâcher les chevaux ! Cet album est en nous depuis près d’un an et demi et on est prêt à le défendre sur scène, à vibrer avec un vrai public ! La musique ne se partage simplement en lâchant un titre sur la toile. Une chanson prend tout son sens quand on peut la partager et l’échanger avec des gens en face de nous. Maintenant, on prend le risque de sortir un album en plein Covid et on espère que les gens vont nous soutenir pour faire vivre ce disque, parce que notre rôle est aussi d’apporter ces moments d’évasion !

« Your Journey » sera disponible le 26 mars chez Verycords.

Retrouvez Gaëlle sur son site : www.gaelle-buswel.fr

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Extrême Rock

Sister : sauvage et impertinent

Dézinguer tout ce qui dépasse, oui, mais avec minutie et un sens aigu de la mélodie : tel est le crédo de SISTER et de son nouvel album, « Vengeance Ignited » à travers lequel les Suédois laissent éclater toute leur rage. Les Scandinaves assènent à grand coup de latte un Sleaze Metal réjouissant, enthousiasmant avec humour et folie.

SISTER

« Vengeance Ignited »

(Flick Records)

Oreilles chastes, passez votre chemin ! SISTER livre son quatrième album et les Suédois n’y vont toujours pas de main morte. Le quatuor de Stockholm a subi quelques remaniements de personnel et est aujourd’hui composé de Jamie Anderson (chant), Cari Crow (batterie), Freddan Hiitomaa (basse) et Phil Armfelt (guitare). Sur une superbe production signée par le claviériste de H.E.A.T, Jona Tee, le combo est aussi percutant qu’accrocheur et « Vengeance Ignited » bastonne généreusement. 

Entre refrains hyper-fédérateurs, riffs tranchants et assassins et une rythmique basse/batterie costaude et très groovy, le Sleaze Metal de SISTER s’est vraiment étoffé et présente dix titres à faire lever les foules. Les bad-boys mené par leur excellent et hurleur chanteur font un mix irrévérencieux entre Glam déjanté et un Punk/Rock aux saveurs Metal en mettant l’accent sur des mélodies très addictives et bien senties.

Loin d’être avares de très bons solos aussi Rock’n’Roll que Heavy, le  quatuor dévaste tout sur son passage avec des morceaux à faire décoller les tympans (« Spitfire », « Primal Rage », « Scream For Pleasure » ou « One Last Ride »). Le rythme effréné de « Vengeance Ignited » laisse toutefois une petite place à une étonnante ballade, loin d’être indispensable (« Whispering Winds »), mais carrément Sleaze. Bref, SISTER distribue les gaffes à tour de bras.  

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Blues

Ally Venable : Texas rules !

Si ALLY VENABLE fait sonner sa Gibson et entendre sa voix depuis seulement cinq ans, c’est en blueswoman aguerrie et au style très personnel qu’elle livre un quatrième album authentique, entre un Blues Rock imprégné de SRV et un Southern Rock très percutant. « Heart Of Fire » est une réalisation à la hauteur du grand talent de la jeune texane.

ALLY VENABLE

« Heart Of Fire »

(Ruf Records)

Le monde du Blues Rock se féminise peu à peu depuis quelques années et c’est une très bonne chose ! Si Ana Popovic, Jessie Lee ou Samantha Fish sont aujourd’hui reconnues, d’autres ont pris le train en marche pour s’affirmer non seulement comme de très bonnes chanteuses, mais aussi et surtout comme des musiciennes hors-pair. Et c’est le cas pour ALLY VENABLE, jeune texane de 22 ans, nourrie au Blues et au Southern que sa fougueuse jeunesse semble avoir parfaitement assimilé.

La précocité de la chanteuse et guitariste vient tout de même rappeler qu’elle publie rien moins que son quatrième album en cinq ans d’une carrière menée tambour-battant. Si son jeu n’est pas sans évoquer Buddy Miles, Robin Trower voire Lynyrd Skynyrd ou Bad Company, ALLY VENABLE présente un style très actuel, où ses capacités vocales semblent déjà prendre une place prépondérante. D’ailleurs, quelques grands noms ne s’y sont pas trompés et sont venus apporter une belle contribution à « Heart Of Fire ».

Sur « Road To Nowhere », c’est le grand Devon Allman himself qui vient juste poser des chœurs et quelques accords. Et ce n’est pas tout puisque le virtuose Kenny Wayne Shepherd offre un superbe solo en forme de duel sur le génial « Bring On The Pain », empreint d’une fièvre très Southern. Justement, « Hard Change » et « Do It In Hells » restent dans cette veine, tout comme « Sad Situation ». Très à l’aise sur sa Gibson à travers des riffs classieux, ALLY VENABLE s’avère également redoutable à la slide, la wah-wah ou au dobro.    

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Hard Rock

Inglorious : la relève du Hard Rock anglais

Mariant avec beaucoup de talent le côté mélodique avec la fougue d’un Hard Rock qui prend son inspiration dans les 70’s jusqu’à aujourd’hui, INGLORIOUS apporte beaucoup de fraîcheur et de créativité à un style qui se repose sur ses glorieuses années passées. « We Will Ride » offre une superbe combinaison de nombreux courants, qui distingue les Anglais grâce à un jeu ambitieux et solide.

INGLORIOUS

« We Will Ride »

(Frontiers Music)

Fondé en 2014 à Londres, INGLORIOUS commence à se faire un nom dans le monde du Hard Rock et pas seulement du côté de l’Angleterre. Fort de trois premiers albums (« I », « II » et « Ride To Nowhere ») qui ont reçu un très bon accueil, le groupe enchaine sur sa belle dynamique avec ce « We Will Ride », toujours dans un style très vigoureux, mélodique et remarquablement interprété par le quintet britannique. 

Alors que les Anglais avaient enregistré leur précédent opus avec Kevin Shirley (Led Zeppelin, Aerosmith), c’est aux Pays de Galles et avec Romesh Dogandoda (Motörhead,  Bullet For My Valentine) qu’ils ont enregistré « We Will Ride ». Et le résultat est exceptionnel faisant de cet album l’une des meilleures productions du genre en ce moment. Racé et accrocheur, INGLORIOUS se montre très inspiré.

Mené par son chanteur Nathan James, connu pour ses prestations avec Trans-Siberian Orchestra et Uli Jon Roth, le groupe est plus mature que jamais et propose un Hard Rock aux multiples facettes. Armé de gros riffs percutants sur « Where Are You Now » ou « Freak Show », le combo sait aussi se faire plus bluesy (« I Don’t Know You ») ou carrément acoustique (« Glory Days »), INGLORIOUS se présente comme la relève anglaise tant attendue.

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Stoner/Desert

Komatsu : une lumineuse asphyxie

Le moins que l’on puise dire, c’est que les neufs nouveaux morceaux qui composent « Rose Of Jericho », le quatrième album de KOMATSU va faire trembler quelques murs. Le Stoner teinté de Metal et d’ambiances bluesy est probablement le meilleur proposé par les Néerlandais depuis dix ans.  

KOMATSU

« Rose Of Jericho »

(Heavy Psych Sounds Records)

Avec les musiciens de KOMATSU, tout commence et se poursuit dans leur ville natale d’Eindhoven aux Pays-Bas. C’est là que tout démarre en 2010 avec un premier EP l’année suivante avant « Manu Armata » deux ans plus tard. Encensé par la presse, le nom du quatuor arrive aux oreilles du grand Nick Oliveri (ex-Kyuss, QOTSA) qui posera sa voix sur deux morceaux de leur deuxième album « Recipe For Murder One » en 2016.

Après « A New Horizon », son troisième opus, KOMATSU entre en studio à Eindhoven pour y concocter « Rose Of Jericho », enregistré et mixé dans sa ville. Est-ce la raison pour laquelle le quatuor est si inspiré ? Une chose est sûre, ce quatrième sonne et résonne de manière massive et profonde. Son Stoner Rock a pris une réelle envergure et le combo se présente aujourd’hui comme l’une des valeurs sûres européennes.

Depuis sa propre capitale du Rock néerlandais, le groupe s’est même auto-qualifié ‘supermassive mothersludgers’, c’est dire l’ambition de ses membres. Et force est de constater que ça leur va plutôt bien. Entre Stoner et Metal, KOMATSU alterne avec des  titres épais et costauds et d’autres plus bluesy et mid-tempos. « Rose Of Jericho » est un album qu’on saisit pour ne plus le lâcher. Une bombe !