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Hard Rock

The Dead Daisies : une fontaine de jouvence

Un Anglais, un Australien et deux Américains avec du talent à revendre, telle est la recette et l’alchimie de THE DEAD DAISIES. Plus qu’une réunion de stars, le groupe, qui livre son sixième album, n’entre pas dans cette catégorie des ‘all-stars-band’, qui font étalage de leur virtuosité. Non ici, il est surtout question de feeling et d’une unité dans l’écriture, comme dans l’interprétation, qui force le respect. Et « Radiance », vient rappeler ô combien le Hard Rock a de beaux jours devant lui.  

THE DEAD DAISIES

« Radiance »

(SPV/Steamhammer)

Malgré le tumulte des changements de line-up dont THE DEAD DAISIES s’impose en spécialiste, c’est déjà le deuxième album avec la même formation et le sixième d’une réjouissante discographie. Preuve que le groupe s’inscrit dans la durée ? A l’écoute de « Radiance », c’est vraiment ce que l’on souhaite tant le Hard Rock de ces musiciens hors-norme, et aujourd’hui presqu’iconiques, est limpide, inspiré, d’une fraîcheur et d’une ardeur sans faille. Ces quatre-là n’ont pas dit leur dernier mot, bien au contraire.

Autour de Glenn Hugues (ex-Deep Purple) à l’éternel jeunesse au chant et à la basse, de Doug Aldrich (ex-Whitesnake) héroïque à la guitare aux côtés de l’aviateur acrobate David Lowy et du batteur Brian Tichy (Whitesnake, Billy Idol, Ozzy, …), THE DEAD DAISIES flambe dans un registre immédiatement identifiable où, curieusement, personne ne tire la couverture à soi, mais se met plutôt au service de morceaux énergiques et interprétés par des passionnés comme on en rencontre peu.

Preuve de l’intemporalité du quatuor, le septuagénaire Glenn Hugues se montre aussi performant qu’à ses débuts avec une voix à la fois puissante et tellement Soul. Son groove associé à la frappe délicate de Brian Tichy est ravageur et tellement naturel. Chez THE DEAD DAISIES, tout semble couler de source. C’est tellement évident qu’on se laisse prendre au jeu sans résistance. Le mur du son bâtit par les riffs appuyés et spontanés de David Lowy laisse les mains libres à Doug Aldrich, dont le feeling et la dextérité sont d’une émotion rare.

Sans donner la leçon (car il le pourrait !), le groupe se fait surtout plaisir sur ce « Radiance », bien trop court, mais si bon. Heavy sur le morceau-titre et « Shine On », un  brin vintage sur « Born To Fly », presque Southern sur « Courageous », mordant sur « Not Human », sabbathien sur « Cascade », THE DEAD DAISIES ne s’interdit rien, pas même ce clin d’œil à Richie Sambora sur l’intro de « Kiss The Sun ». Et la production de l’immense Ben Grosse ne fait que mettre en lumière la qualité des mélodies et la précision des arrangements.

Savoir tout faire est une force et lorsque le souffle de la créativité bat son plein, il suffit de le canaliser. Et pour ça, on peut compter sur ces quatre musiciens aux parcours uniques et qui semblent loin d’être rassasiés. L’enthousiasme et l’exaltation sont intactes (« Face Your Fear », « Hypnotize Yourself ») et THE DEAD DAISIES joue des mélodies avec tellement d’habileté et de maestria qu’il entraîne tout sur son passage et clôt ce bel album avec un splendide « Roll On », scintillant de classe. In-con-tour-na-ble !

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Hard Rock

Kings Of Mercia : l’union sacrée

Quand le guitariste de Fates Warning et le chanteur de FM font cause commune et s’associent à un rythmique de choc, ça fait forcément des étincelles. Très créatif, KINGS OF MERCIA livre un registre assez hybride. Heavy sans être Metal, Hard Rock mais légèrement AOR, le quatuor sort un premier album éponyme très complet et avec le souci du détail.

KINGS OF MERCIA

« Kings Of Mercia »

(Metal Blade Records)

Cela fait maintenant quatre décennies que le guitariste et compositeur Jim Matheos met toute sa force créative au service de Fates Warning… et de quelques autres. Pourtant et même si cela lui vaut une reconnaissance internationale, l’Américain n’est pas du genre à se tourner les pouces. Alors quand l’occasion se présente, il monte un nouveau projet. Un rapide coup de fil au frontman du groupe FM, Steve Overland, et il n’en fallait pas plus pour que KINGS OF MERCIA voit le jour.

Cherchant encore à se démarquer du Metal Progressif qui l’inspire habituellement, c’est vers un Hard Rock plus direct et mélodique que le musicien s’est engagé cette fois. Et un duo avec un chanteur aussi expérimenté et capable de lignes vocales renversantes comme peut l’être le leader de FM s’impose de lui-même. Incisif tout en montrant des côtés bluesy et AOR, KINGS OF MERCIA présente des atouts solides, bien mis en valeur par une production nette et moderne.

La rythmique, quant à elle, est assurée par Joey Vera (Fates Warning/Armored Saint) à la basse et le légendaire Simon Phillips derrière les fûts. Rien que ça ! Sur un tel groove, des riffs costauds et des solos flamboyants, Steve Overland fait parler la puissance et la profondeur de sa voix comme rarement (« Humankind », « Liberate Me », « Set The World On Fire », « Your Life »). KINGS OF MERCIA a signé pour trois albums avec Metal Blade Records, alors la fête ne fait que commencer pour ce somptueux quatuor.

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France Metal Progressif

Spheres : un regard vers le futur [Interview]

En cinq ans d’existence, les Parisiens de SPHERES ont développé un Metal Progressif, où les textures et les atmosphères renvoient à de multiples reliefs pour un voyage musical saisissant. Après un premier album, « Iono » (2019), le quatuor est de retour avec « Helios » à travers lequel il nous entraîne dans un périple qui va à l’encontre de l’idée-même d’utopie. Très contrasté et spirituel, ce deuxième opus pousse le groupe dans des contrées musicales plus dark encore. Entretien avec Jonathan Lino (chant et guitare), principal compositeur et producteur, qui revient sur la conception de cette nouvelle réalisation.

– Le line-up de SPHERES a un peu évolué sur ce nouvel album. Outre deux guests sur quelques morceaux, on note la présence sur l’ensemble de « Helios » du claviériste Marco Walczak. Est-il devenu un membre à part entière du groupe ?

Il risque de le devenir, c’est vrai. Auparavant, pour des raisons essentiellement financières, on tournait à quatre et il se pourrait que l’on commence à tourner à cinq. A terme, ce serait vraiment intéressant de l’avoir avec nous sur scène, car il apporte beaucoup au niveau du design sonore. On voulait donner une ambiance un peu Dark Synth à « Helios » et lorsque j’ai écouté son travail, je lui ai confié sans hésiter les arrangements des claviers sur l’album.

– Jonathan, tu as écrit, composé et produit l’ensemble de l’album sur lequel tu chantes, joue les guitares et les claviers. On pourrait presque penser à un projet solo. Quel est la part d’investissement et d’apport créatifs des autres musiciens ?

En fait, je suis ingé-son et j’ai donc tout le matos à la maison. Par ailleurs, j’ai toujours besoin d’un squelette pour synthétiser mes idées. Ensuite, j’envoie les démos aux autres et chacun travaille sur les arrangements. On discute beaucoup sur nos idées respectives et tout le monde y participe. J’ai juste besoin de mettre un premier coup de pinceau sur la toile, mais tout le travail de production et d’arrangement se fait à quatre. Et puis, chacun est très compétent dans son propre domaine instrumental, mieux que je ne peux l’être sur certaines choses, bien sûr, comme par exemple la batterie ou les parties de basse, qui guident d’ailleurs souvent les morceaux. Je suis juste plus à l’aise en travaillant seul sur les premières maquettes et les idées, mais c’est vraiment en groupe que nous faisons évoluer l’ensemble.

– Ce qui est assez surprenant sur « Helios », c’est qu’il y a un côté très science-fiction dans le son, notamment dans les claviers et certaines atmosphères, et pourtant l’album a quelque chose de très concret aussi. C’est un contraste sur lequel tu as voulu jouer ?

En tout cas, on peut parler d’album-concept. Chaque titre a son propre sujet, mais ils traitent tous d’un seul et même thème, qui est la dystopie. Il y a un aspect concret, bien sûr, mais aussi très onirique et spirituel. Cela dit, il y a aussi une volonté d’alerte en abordant ce genre de matière. Plutôt que de décrire un monde post-apocalyptique, on essaie de donner une sorte d’optimisme et d’ouvrir les esprits.

– Justement, « Helios » a des ambitions très spirituelles sur la vision d’un monde dystopique. J’imagine que dans ce cas-là, ce sont les textes qui amènent à la musique au niveau de l’écriture, ou le schéma est-il inverse ?

J’ai souvent des idées de sujets en tête, mais je ne me jette pas immédiatement dans l’écriture. Je laisse plutôt la place à mon imagination pour avoir une base. C’est à partir du moment où j’ai une histoire musicale que j’écris les textes. Le sujet vient en premier, la musique en deuxième, et ensuite l’écriture des paroles.

– J’aimerais qu’on s’arrête sur un morceau de l’album, qui se trouve aussi être le plus long, c’est « Pandemia ». Il est assez surprenant dans sa structure et son approche, car il présente des éléments progressifs évidents, ainsi que des passages post-Metal et des variations vocales étonnantes. On a presque le sentiment qu’il est la clef de voute de l’album. C’est le cas ?

C’est vrai que c’est le morceau le plus long et aussi le plus Prog. Il tire vraiment son inspiration d’un groupe comme Opeth avec une succession de chapitres. Je n’ai pourtant pas la volonté de n’écrire que des morceaux comme celui-ci. Mais dès le départ, j’ai voulu raconter une histoire, un peu comme on lit un livre.  

– SPHERES propose tellement d’atmosphères et de changements de tons qu’on pourrait vous qualifier de groupe de Metal extrême. Est-ce une chose dans laquelle tu te retrouves aussi ?

Oui, complètement. J’ai beaucoup écouté de musiques extrêmes et progressives qui s’en rapprochent. Cela dit, lorsque j’ai commencé la musique, j’ai beaucoup été influencé par le Rock Prog 70’s comme Magma, King Crimson, Genesis et Pink Floyd… et ça transpire encore ! Mais rapidement, j’ai écouté pas mal de MetalCore, du Sepultura aussi et pas mal d’autres choses extrêmes. Ma culture est un mélange de tout ça.  

– Est-ce qu’il y a un concept, un fil conducteur dans ce nouvel album ? Est-ce que « Helios » a été composé comme un tout, ou au contraire, est-ce que l’ordre des morceaux importe peu ?

L’ordre importe assez peu, car les morceaux ne suivent pas une histoire, même s’ils traitent tous d’un même thème. C’est vrai que l’album est très homogène dans le son, le mix et la production et avec aussi beaucoup de relief.

– En dehors des arrangements qui sont très soignés, j’aimerais que tu évoques le travail sur les voix, quelles soient collectives d’ailleurs et aussi ton propre chant. Il peut être clair et mélodique, assez martial et guttural parfois, tout comme extrême avec du growl et un peu de scream. La palette est très large. Il y a presque un petit côté schizophrénique dans tout ça, non ?

Oui, c’est vrai. J’adore utiliser différents registres de voix. C’est un peu comme une caisse à outils, qui te permet d’exprimer différentes émotions. J’essaie aussi beaucoup de choses, beaucoup de styles. La pluralité des reliefs dans la musique, j’aime la retrouver de la même manière que dans le chant.

L’album, « Helios », de SPHERES est disponible depuis le 23 septembre chez M&O Music.

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Classic Rock Hard Blues Hard US

Smith/Kotzen : du studio à la scène

Dorénavant disponible en physique, le dernier EP du duo SMITH/KOTZEN sort en édition augmentée avec un gros bonus de cinq morceaux enregistrés lors de leur seule, unique et trop courte tournée en début d’année. « Better Days… And Nights » montre ainsi la magie qui opère sur scène entre les deux musiciens à travers des prestations chaleureuses et brillantes.

SMITH/KOTZEN

« Better Days…and Nights »

(BMG)

Au printemps 2021, les virtuoses Adrian SMITH (Iron Maiden) et Richie KOTZEN (Poison, Mr Big, …) s’étaient réunis pour un album éponyme qui laissait apparaître une évidente complicité, tant dans le jeu que dans les compositions. Tellement opposés artistiquement, les deux guitaristes se retrouvent pourtant dans un Classic Rock nerveux, teinté de Blues et aux effluves forcément Hard Rock.

Forts de ce bel accueil, l’Anglais et l’Américain étaient revenus avec un EP de quatre titres, « Better Days », en fin d’année dernière. Là encore, c’était une vraie réussite pour ce duo qui se complète si bien. SMITH et KOTZEN forment un tandem assez atypique lorsqu’on connait leur parcours respectif et c’est très certainement ce qui fait leur force en sortant ainsi de leur zone de confort.  

Cette fois, le dernier EP sort en CD avec en bonus cinq titres live, qui ont été enregistrés il y a quelques mois en Angleterre et aux Etats-Unis avec la bassiste Julia Lage et le batteur Bruno Valverde. On y retrouve en concert deux morceaux du dernier enregistrement et trois autres issus de l’album. SMITH/KOTZEN nous fait agréablement patienter avant leur prochain album que l’on espère proche.

Photo : Robert Sutton
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Hard Rock Heavy metal

Ozzy Osbourne : mad man returns

Est-ce la pléiade d’invités aussi prestigieux qui a redonné toute sa folie et surtout son envie d’en découdre au mad man ? Une chose est sûre, OZZY OSBOURNE est (déjà) de retour et celui-ci est fracassant de classe et laisse de nouveau resplendir l’énorme talent de ce père du Heavy Metal. « Patient Number 9 » chasse les doutes et on retrouve le son, le style, la patte et la créativité de celui qui avait auparavant plongé les années 80 et 90 dans les ténèbres. 

OZZY OSBOURNE

« Patient Number 9 »

(Sony Music)

Malgré une succession de communiqués médicaux assez alarmants ces derniers mois, ainsi qu’un très moyen « Ordinary Man » il y a deux ans, il faut bien reconnaitre que le « Patient Number 9 » se porte aujourd’hui très bien. Avec ce nouvel album, l’iconique OZZY OSBOURNE, rare légende du Heavy Metal encore en activité, vient faire taire l’ensemble de ses détracteurs (mea culpa !), qui ne croyaient plus en cette folie unique qui anime le Britannique depuis toujours.

Loin de se cacher derrière les illustres guitaristes présents, le frontman met en avant sa voix fine et perçante, qui le rend si particulier. OZZY OSBOURNE est d’une justesse incroyable allant jusqu’à afficher une grande ambition artistique que d’aucun croyait perdue. Bien sûr, le Prince des Ténèbres n’a plus rien à prouver et c’est même tout l’inverse. On sent sur « Patient Number 9 » un chanteur radieux et qui, avec un professionnalisme sans faille, s’élève encore un peu plus.

Et ce treizième album solo pourrait bien être celui de la chance, tant il possède tous les ingrédients. Car le noyau dur de « Patient Number 9 » s’articule autour de Chad Smith à la batterie (RHCP), Robert Trujillo (Metallica) et Duff McKagan (GNR) à la basse et du musicien et producteur Andrew Watt, qui a également assuré les guitares rythmiques. Avec la participation du regretté Taylor Hawkins des Foo Fighters, de Josh Homme (QOTSA) et de Chris Chaney de Jane’s Addiction, OZZY OSBOURNE réunit déjà un casting incroyable.

Et sur ce socle somptueux, une pluie de stars déferlent sur les treize (forcément !) morceaux. Et les occasions de se réjouir sont nombreuses. A noter la présence exceptionnelle de Tony Iommi qui, pour la première fois, participe à un album solo d’OZZY sur « No Escape From Now » et « Degradation Blues ». Autres retrouvailles, celles avec Zach Wylde qui voient se reformer ce duo magique sur quatre titres parmi les meilleurs de l’album : « Parasite », « Mr Darkness », « Nothing Feels Right » et « Evil Shuffle ».

Et la fête n’est pas terminée, elle bat même son plein avec Jeff Beck sur le génial morceau-titre en ouverture, puis sur « Immortal » avec Mike McCready de Pearl Jam. Rien n’est impossible quand on est OZZY OSBOURNE. Ainsi, Eric Clapton apporte toute sa finesse bluesy sur « One of Those Days » pour une rencontre du troisième type éblouissante. Grâce à un très bon mix et des arrangements particulièrement soignés, le chanteur signe l’un de ses meilleurs albums depuis très longtemps.

Ceux qui ne donnaient pas chère de la peau d’OZZY OSBOURNE vont en avoir pour leur argent, car il apparaît au sommet de son art et à même de réunir ses fans de la première heure comme la nouvelle génération. « Patient Number 9 » est le disque que l’on n’attendait plus de la part de celui qui multiplie les frasques depuis des décennies. Grand architecte du Heavy Metal, l’ancien Black Sabbath présente des titres épiques, mélodies et sombres, auréolés de cette présence inégalable, qui le rend tellement irrésistible.

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Thrash Metal

Megadeth : the riffing, the Metal… and Dave !

Après trois ans de travail, une victoire sur le cancer et les changements de line-up habituels, Dave Mustaine est plus présent que jamais et l’on peut même affirmer que ce seizième opus est à son image, celle d’un battant et d’un véritable thrasher. Sans compromis, MEGADETH se donne avec force sur « The Sick, The Dying… And The Dead ! », un album respectueux d’une certaine tradition et résolument moderne.

MEGADETH

« The Sick, The Dying… And The Dead! »

(Universal Music)

En 40 ans d’activités (d’ici quelques mois), Dave Mustaine aura réussi à hisser MEGADETH au rang des plus grands groupes de Metal de la planète. Et même si l’histoire du groupe, c’est-à-dire celle de son leader, a parfois joué aux montagnes russes, sa discographie parle d’elle-même dans une voix claire et forte. Alors, que peut-on attendre d’une telle institution ? Du renouveau ou de la continuité ? Et si finalement, ce n’était pas le propos… 

Un brin nostalgique et légèrement plus Heavy, le Thrash Metal de MEGADETH conserve toujours un impact indiscutable, une vélocité à toute épreuve et même des lignes mélodiques imparables. Mustaine sait y faire et il le fait très bien. « The Sick, The Dying… And The Dead ! » tient donc toutes ses promesses, allant même jusqu’à reprendre les gimmicks des titres des albums phares du quatuor. Alors, faut-il y voir un signe de bon augure ?

Ce seizième opus offre aussi l’occasion de retrouver une superbe complicité guitaristique que MEGADETH n’avait plus connue depuis des lustres. Kiko Loureiro et son patron s’en donnent à cœur-joie sur des riffs tranchants et hargneux, alors que les solos laissent place à de belles envolées percutantes (« We’ll Be Back », « Dogs Of Chernobyl », « Sacrifice », « Killing Time »). La Bay Area est en fusion et c’est réjouissant.

Certes, les Américains tombent aussi un peu dans la facilité sur le trop évident « Soldier on ! » ou le presque ironique « Junkie », qui apparaît comme une sorte d’exorcisme pour Mustaine, dont on connait le passé. La présence d’Ice T. sur « Night Stalkers » donne un sérieux coup de fouet, même si un vrai duo aurait été le bienvenu. Bref, MEGADETH en a encore sous le pied (« Celébutante », « Mission To Mars »). Que ses fans soient rassurés !

Photo : Travis Shinn
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Blues Rock Southern Blues

Marcus King : l’âge de raison

Auteur d’un fulgurant et audacieux début de carrière, MARCUS KING sort déjà un cinquième album, son deuxième en solo, alors qu’il n’est qu’à l’aube d’un parcours qu’il a brillamment entamé. Avec « Young Blood », le songwriter américain peaufine son style entre Blues Rock et Southern.

MARCUS KING

« Young Blood »

(American Recordings/Republic Record/Island Def Jam)

Jeune prodige de Caroline du Sud, MARCUS KING a connu une ascension assez vertigineuse dans le monde du Blues Rock américain. A 26 ans aujourd’hui, il compte déjà trois albums et deux EP avec sa précédente formation (le ‘Band’) et il sort « Young Blood », sa deuxième escapade en solo après « El Dorado » en 2020.

Façonné par le désormais incontournable Dan Auerbach à la production, ce nouvel opus présente onze morceaux composés par le chanteur. Comme toujours, le Blues Rock de MARCUS KING sonne très Southern, grâce à des guitares épaisses et chaleureuses, d’où s’échappent des riffs incendiaires et des solos très instinctifs.

Moins tranchant et sauvage, le fougueux guitariste semble rentrer un peu plus dans le rang sur « Young Blood » avec des titres plus conventionnels (« Good And Gone », « Hard Working Man », « Dark Cloud »). Malgré tout, MARCUS KING n’a pas totalement perdu l’esprit jam qui l’anime depuis ses débuits (« Lie Lie Lie »), et c’est heureux !

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Blues Blues Rock

Walter Trout : chevauchée fantastique

C’est avec une grande élégance et une certaine discrétion que WALTER TROUT traverse depuis cinq décennies maintenant le Blues Rock dont il a écrit de magnifiques lettres de noblesse. Respecté par les anciens et adoré des plus jeunes, le monde du Blues Rock n’a jamais été indifférant à cette personnalité hors-norme distillant un style aussi relevé que tendre. Avec « Ride », l’Américain est épanoui, enjoué et d’une authenticité de chaque instant.

WALTER TROUT

« Ride »

(Mascot/Provogue)

70 ans et 30ème album au compteur pour le grand bluesman WALTER TROUT. A l’œuvre depuis 1969 où il écumait déjà les scènes des bars du New-Jersey, le guitariste et chanteur n’a depuis eu de cesse de se mettre au service de la musique aux côtés de John Lee Hooker, Big Lama Thornton et même un temps chez Canned Heat et les Bluesbreakers. Mais depuis 1989, c’est en solo qu’il distille son Blues Rock si particulier, à la fois plein de charme et électrique au possible.

Avec toute la souplesse et le feeling qu’on lui connait, l’Américain livre une belle suite à « Ordinary Madness » (2020) et vient également de signer un tout nouveau contrat chez Provogue. De quoi raviver les cendres encore brûlantes et incandescentes de son jeu et surtout celles d’une envie qui ne l’a jamais quitté. Ayant parti la Californie pour le Danemark, cela ne semble pas affecté un seul instant la musique de WALTER TROUT, qui reste ancrée dans un style purement inspiré des Etats-Unis.

« Ride » pourrait très bien être l’œuvre d’un jeune et fougueux bluesman, tant la vivacité et l’enthousiasme qui l’animent depuis des décennies n’ont pas cessé de le guider (« Ghosts », « Ride »). Livrant des mid-tempos de toute beauté (« So Many Sad Goodbyes ») comme de vibrantes ballades, WALTER TROUT sait tout faire, dépeint les sentiments avec une incroyable finesse, envoûte comme personne (« Waiting For The Dawn », « Fertile Soil ») et fait preuve d’une dextérité, d’un groove et d’un feeling très personnel.

Photo : Alex Solca
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Hard Rock Metal Progressif

A-Z : abécédaire progressif

Virtuose et très technique, le groupe fondé par Ray Alder et Mark Zonder, qui ont navigué ensemble sous le pavillon de Fates Warning un temps, sort son premier album éponyme. Progressif et mélodique, le Metal du quintet flirte avec le Hard Rock 70’s sur des morceaux très calibrés interprétés par des musiciens triés sur le volet.

A-Z

« A-Z »

(Metal Blade Records)

A-Z, comprenez ‘A through Z’, est l’initiative mise en œuvre par le chanteur Ray Alder (Fates Warning) et le batteur Mark Zonder (ex-Fates Warning, Warlord). Désireux tous les deux de se lancer dans un nouveau projet et de relever un autre défi, les Américains renouent avec la musique qui les a toujours fait vibrer, à savoir un Hard Rock Progressif estampillé 70/80’s et remis au goût du jour.

Alors qu’ils n’avaient rien enregistré ensemble depuis 2004, la connexion n’est pas rompue et la complicité entre le frontman et le cogneur est intacte. Bien sûr, A-Z fait irrémédiablement penser à Fates Warning malgré une approche différente. En effet, le groupe propose un registre beaucoup plus accessible, sur des mélodies entêtantes et un style légèrement moins technique.

Pour les accompagner sur ce premier album éponyme, Alder et Zonder se sont adjoints les services de Philip Bynoe à la basse (Warlord, Steve Vai, Nuno Bettencourt), Joop Walters à la guitare (Steve Walsh, Simon Phillips) et le français Vivien Lalu aux claviers (Steve Walsh, Jordan Rudess). Avec ce casting trois étoiles, A-Z livre un opus agréable, très bien réalisé, mais qui manque peut-être d’un peu de folie.

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Hard Rock

Thundermother : Rock’n’Roll fever

Parmi le peu de groupes entièrement féminins en activité, THUNDERMOTHER est sûrement celui qui tire le mieux son épingle du jeu grâce à un Hard Rock pêchu, certes classique, mais qui s’affine et s’affirme au fil des albums. Avec « Black And Gold », les Suédoises confirment un énorme potentiel et une classe évidente.

THUNDERMOTHER

« Black And Gold »

(AFM Records)

A en juger par leurs très nombreux concerts de ces derniers mois, les Suédoises sont en grande forme et ce cinquième album vient témoigner de la nouvelle dimension prise par THUNDERMOTHER en l’espace de deux ans. Depuis le succès rencontré avec « Heat Wave », le groupe a déferlé sur l’Europe et ce très bon « Black And Gold » atteste de sa nouvelle envergure avec une fougue et une liberté décuplées.

Sur leur lancée, Guernica Mancini, (chant), Filipa Nässil (guitare), Mona Lindberg (basse) et Emlee Johansson (batterie) livrent un nouvel opus cette fois beaucoup plus personnel et qui vient asseoir un style enfin débarrassé des influences jadis flagrantes qu’on a pu leur reprocher. Plus que jamais, THUNDERMOTHER affiche une vélocité et une fraîcheur incroyables sur un disque qui transpire le Rock’n’Roll.

Sur des riffs acérés, une rythmique en béton et des refrains hyper-fédérateurs, la frontwoman du quatuor apporte beaucoup de lumière, de puissance et ce supplément d’âme qui pouvait encore manquer au combo (« The Light In The Sky », « Black And Gold », « Wasted », « Loud And Free », « Stratosphere »). Les filles de THUNDERMOTHER signent un album solide, efficace et inspiré… exactement ce qu’on attendait d’elles !