Alors que Gojira vient d’enflammer la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, la Philharmonie de Paris, quant à elle, n’a pas attendu les sportifs pour mettre un coup de projecteur sur le Metal à travers une exposition qui se tient depuis le 5 avril et jusqu’au 29 septembre. Le Musée de la Musique, situé à la Villette dans la capitale, propose une immersion dans ce monde finalement assez peu connu du grand public pour y dévoiler et en expliquer les principaux codes. Avec METAL, DIABOLUS IN MUSICA, on retrouve cette musique souvent mal-comprise et perçue comme subversive, à travers un chemin initiatique, qui déconstruit certaines croyances populaires.
METAL, DIABOLUS IN MUSICA
Corentin Charbonnier/Milan Garcin
Gründ/Philharmonie de Paris
Avant même d’ouvrir METAL, DIABOLUS IN MUSICA, il faut reconnaître qu’on a un bel objet entre les mains. De la sobriété de la couverture aux tranches imprimées, la conception est particulièrement soignée et on a plus qu’une envie : tourner les pages et en découvrir le contenu. Bien sûr, en se lançant dans un ouvrage aussi général, on se doute bien que l’ensemble ne saurait être complet et que la liste des chapitres est bien entendu non-exhaustive. Le Metal ne peut se résumer à 250 pages et ce n’est d’ailleurs pas le propos des auteurs, qui se veulent avant tout pédagogues.
Et puis, c’est quoi le Metal exactement ? Le terme a du apparaître au début des années 2000, où l’on pouvait soudain entendre des ‘j’écoute du Metal !’. Avant ça, les choses paraissaient bien plus simples. Il y avait le Hard Rock, le Heavy Metal, Le Thrash, le Death et quelques autres courants dérivés. Et on s’y retrouvait très bien et c’était même plus clair. Puis, chacun a commencé à vouloir se distinguer en créant d’innombrables sous-genres. Sous doute pour cette raison, METAL, DIABOLUS IN MUSICA a aussi la bonne idée de proposer une galaxie des multiples styles sur une double page dépliable bien réalisée.
Grâce à un travail iconographique très fouillé et une mise en page remarquable, on se laisse vite embarquer par la qualité des textes, plus pertinents qu’à l’habitude dans ce type d’exercice. Le regard de musiciens comme Robert Trujillo de Metallica et de sa fille Chloe, celui de Max Cavalera de Soufly, de Nergal de Behemoth ou de notre Stéphane Buriez national de Loudblast apporte également une vision différente et immersive. Et METAL, DIABOLUS IN MUSICA fait aussi de la place à deux sociologues, une doctorante, ainsi qu’au directeur des collections du Hard Rock Café. Le panel est intéressant et varié.
De la scénographie des concerts en passant par la customisation des instruments, le rapport à la musique classique et à l’art (Philharmonie oblige !), les rituels métalliques, les pochettes d’albums emblématiques, la presse spécialisée, les festivals et autres collectionneurs fétichistes, METAL, DIABOLUS IN MUSICA n’élude presque rien, survole certains sujets, c’est vrai, et a aussi tendance à insister sur la frange extrême du Metal. Mais pour qui souhaiterait une vision bien documentée et accessible, et même se replonger dans ses souvenirs et en apprendre aussi parfois un peu : c’est un volume de référence.
(En photo : Corentin Charbonnier, docteur en anthropologie co-commissaire de l’exposition ‘Metal, Diabolus in Musica’ à la Philharmonie de Paris)
264 pages – 23x27cm – 39,95€
Disponible en librairie et aux Editions des Flammes Noires
Sans être pris au dépourvu, la déception est pourtant grande. Non pas que l’écoute de « Residuum Unknown » ne soit pas des plus agréables, car elle l’est, mais le groupe annonce mettre un terme à une histoire qui commençait franchement à prendre du volume. En l’espace de quelques réalisations, THE SWELL FELLAS aura marqué l’esprit des fans de Heavy Stoner Psych, grâce à un sens de la composition assez spécial. La liberté exacerbée de ses morceaux garde ici encore une place prépondérante et on souhaite les retrouver, même séparément, dans des projets aussi audacieux que celui-ci très bientôt.
THE SWELL FELLAS
« Residuum Unknown »
(Independant)
Certains albums laissent un goût amer et ce même quand leur qualité est irréprochable et révèle aussi le meilleur d’un groupe. C’est le cas avec « Residuum Unknown » qui marque la fin de l’aventure des Américains. Elle avait commencé il y a sept ans dans leur ville natale d’Ocean City dans le Maryland, avant que le power trio optent pour Nashville, Tennessee, où ils ont atteint l’apogée d’un Heavy Stoner Psych aux contours progressif et à l’esprit très jam, qui habite THE SWELL FELLAS depuis ses débuts.
Depuis la sortie de « The Big Grand Entrance », premier opus paru en 2020, jusqu’à ce « Residuum Unknown » qui sort aujourd’hui, l’évolution n’a jamais cessé et le style s’est peaufiné pour devenir l’un des plus originaux et créatifs de la scène actuelle. Au fil d’EPs et de singles captivants et pointilleux (« The Great Play Of Extension », « Death Race », « Novaturia »), THE SWELL FELLAS a gardé son indépendance, préférant adopter une liberté artistique totale, qui lui ressemble tellement. L’underground au sens noble.
Par conséquent, le combo a également soigné sa sortie et les frères Poole (Conner à la guitare et Chris à la batterie) avec Mark Rohrer (basse), assurant aussi tous les trois le chant, livrent probablement leur meilleur album à ce jour. Avec des paysages sonores toujours aussi lourds et un relief musical très varié, THE SWELL FELLAS parvient à se faire aérien et captivant à travers des morceaux d’une belle longueur (« Chlore To Bathe », « The Drain », « Pawns Parade », « Give Roses », « Next Dawn »). Ils nous manquent déjà !
Au fil des années et malgré de nombreuses souffrances, l’engagement et la lutte menée avec ténacité par MELISSA ETHERIDGE ne faiblit pas, bien au contraire. Et le bien-nommé « I’m Not Broken » est une nouvelle pierre à l’édifice bâti par la songwriter à la voix éraillée et tellement chaude. A l’instar de Johnny Cash en son temps, c’est dans une prison pour femmes de la cité qui l’a vu naître qu’elle a capté l’une de ses plus enthousiastes et bouleversantes performances. Saisissant de vérité !
MELISSA ETHERIDGE
« I’m Not Broken (Live From Topeka Correctional Facility) »
(Sun Records)
Alors que Paramount + diffuse une docu-série sur sa vie, MELISSA ETHERIDGE sort un double-album live, qui est probablement l’un de ses disques les plus poignant et émouvants, mais aussi plein d’espoir, de sa longue carrière. L’activiste, lauréate de deux Grammy Awards, ayant vaincu un cancer du sein il y a 20 ans et accusé la mort de son fils de 21 ans due à une overdose d’opioïdes en 2020, est un modèle de résilience et c’est en musique comme toujours et dans un endroit assez spécial qu’elle se livre avec force.
Dans sa ville de natale de Leavenworth, Kansas, et devant 2.500 femmes de la prison de Topeka, MELISSA ETHERIDGE a offert un concert unique, tout en émotion et avec conviction, et qui a littéralement enflammé son auditoire. La chanteuse, guitariste et compositrice avait même un petit cadeau pour l’occasion. Inspirée par les lettres de cinq résidentes du centre correctionnel, elle a composé la chanson « A Burning Woman », qui est bien évidemment l’un des moments forts de la prestation de l’Américaine.
Toujours aussi Blues et Folk, le Roots Rock de MELISSA ETHERIDGE traverse le temps et les épreuves pour faire chavirer l’assemblée durant 90 minutes. En dialoguant avec son public entre chaque morceau, elle installe une proximité et une convivialité vraiment touchante et pleine de sens. L’esprit de communion entre la musicienne et les détenues donne d’ailleurs lieu à des instants d’une grande beauté et très positifs (« All American Girl », « Born Under A Bad Sign », « I’m The Only One », « Like The Way I Do »). Un disque qui fait du bien !
La côte ouest des Etats-Unis et sa fameuse Bay Area continuent de faire trembler le monde du Metal grâce à un son unique et surtout une créativité et une technique incontestables. En termes de formations, on ne compte plus celles qui ont influencé, et le font encore, une grande partie de la scène actuelle une quarantaine d’année après son éclosion, voire son explosion. CATEGORY 7 regroupe en son sein des musiciens parmi les plus aguerris et chevronnés du genre, et surtout dont l’envie de repousser les limites est intacte.
CATEGORY 7
« Category 7 »
(Metal Blade Records)
La catégorie 7 est le niveau le plus élevé en termes de catastrophe, notamment nucléaire. Alors, autant dire que lorsqu’un groupe, un temps soit peu sérieux, prend ce nom, ce n’est pas vraiment un hasard même s’il faut l’assumer. Et CATEGORTY 7 n’a rien non plus de très ordinaire. Ses musiciens se connaissent tous de longue date, figurent parmi les plus grands noms du Metal et leur réunion est somme toute presque naturelle. Un tel line-up étant quasi-inespéré, on peut donc ici sans se tromper parler de ‘supergroupe’.
Ce genre de formation est souvent un assemblage de talents et de grands techniciens, dont l’objectif est habituellement d’en mettre plein la vue en jouant les virtuoses. Certes, les membres de CATEGORY 7 affichent des CV hors-normes, mais ils sont surtout unis par la même passion pour un Metal musclé qui tabasse. A la manœuvre, à la composition, et à la production, on retrouve Mike Orlando (Adrenaline Mob, Sonic Universe) et sa guitare, aux côtés de celle de Phil Demmel (Machine Head, Vio-Lence, Kerry King).
Au chant, c’est John Bush (Armored Saint, ex-Anthrax) qui s’y colle, tandis que Jack Gibson (Exodus) à la basse et le foudroyant de Jason Bittner (Overkill) derrière les fûts offrent une prestation ultra-rugueuse. CATEGORY 7 n’est pas là pour trier les lentilles et son Thrash très Heavy, teinté de NWOBHM, bastonne dans un ensemble convaincant (« In Stitches », « Land I Used To Love », « Exhausted », « Through Pink Eyes », « Etter Stormen »). Ce premier album est la quintessence d’un Metal qui a fait ses preuves et qui est joué ici par des cadors.
Tout ici respire le sud des Etats-Unis. L’Alternative Country enrobée d’Americana, de Blues et de Rock rayonne et se diffuse avec évidence sur « Kentucky Gold », premier opus d’un KYLE DANIEL qui se pose déjà comme le futur songwriter incontournable de cette nouvelle génération Southern Rock, décidemment en pleine ébullition. Il a écumé les bars et les clubs et a appris les moindres détails qui font flamboyer l’âme de baroudeur qu’il affiche déjà. Modernes et avec une approche Old School raffinée, ces douze morceaux se savourent encore et encore.
KYLE DANIEL
« Kentucky Gold »
(Snakefarm Records)
Comme l’indique le titre de son album, c’est bel et bien du Kentucky et plus précisément de Bowling Green qu’est originaire le talentueux KYLE DANIEL. Basé à Nashville depuis la pandémie, celui qui a été élevé en écoutant de la Country et du Southern Rock n’est donc pas dépaysé, même si son style se démarque franchement de sa nouvelle ville d’adoption. Après deux EPs en indépendant, un éponyme en 2018 et « What’s There To Say » l’année suivante, « Kentucky Gold » marque le franchissement d’une étape importante, le tout avec une maîtrise totale et un sens de la chanson captivant.
Cela dit, KYLE DANIEL n’est pas totalement inconnu sur le circuit Blues, Country et plus largement Southern américain. Redoutable guitariste, il remporte le ‘Kentucky Blues Challenge’ à 17 ans, puis le très renommé ‘International Blues Challenge’ dans la foulée. Autant dire que le musicien sait parfaitement où il va, et en confiant la production à Jaren Johnston (The Cadillac Three), Brian Elmquist (The Lone Bellow) et au faiseur de hits canadien Mike Krompass, il s’assure une entrée en matière somptueuse pour un résultat qui l’est tout autant.
Torride, l’entame de « Kentucky Gold » s’inscrit dans la lignée classique du Rock Sudiste, musclée et fédératrice (« Can’t Hold Me Back »). KYLE DANIEL a aussi pris le soin de se rendre à Muscle Shoals, ce qui libère un côté Soul très authentique (« Me And My Old Man »). Puis, les surprises s’égrainent au fil du disque avec des duos de haut vol. On se régale de « Fire Me Up » avec Maggie Rose, de « Southern Sounds » avec Kendrell Marvel, de « Summer Down South » avec The Cadillac Three et enfin de « Everybody’s Talkin’ » avec Sarah Zimmerman. Epoustouflant !
C’est avec beaucoup de générosité, tant dans l’intention que dans l’interprétation, qu’ALBERT CASTIGLIA s’offre un nouvel opus en solo. Conçu et réalisé assez rapidement, il officie en véritable patron aux côtés de grands noms du Blues Rock actuel venus lui prêter main forte. Et si le nombre de covers dépasse celui des originaux, on se régale de ses talents d’autant que les artistes qui le soutiennent dans cette aventure sont exceptionnels. « Righteous Souls » va compter parmi les meilleures réalisations de cette année.
ALBERT CASTIGLIA
« Righteous Souls »
(Gulf Coast Records)
Tout juste auréolé d’un Grammy Award du meilleur album de Blues Rock à Memphis pour son duo ‘Blood Brothers’ avec son ami Mike Zito, également patron de son label et producteur de ce nouvel album, ALBERT CASTIGLIA remet le couvert et nous offre même un menu cinq étoiles. Car si on a l’habitude des duos, regrouper autant d’invités si prestigieux sur un même disque est assez incroyable. Et l’Américain ne se contente pas d’empiler les morceaux, il les lie sur une thématique forte et très personnelle.
Deux ans après « I Got Love » et quelques mois seulement après le « Live In Canada » en duo, c’est une nouvelle inspiration qui guide cette fois le guitariste et chanteur. Malgré un laps de temps trop court pour livrer à lui seul tous les titres, « Righteous Souls » compte quatre chansons inédites (« Centerline », « Mama, I Love You », « Till They Take It Away » et « No Tears Left To Cry »). Et sur ces nouveautés, ALBERT CASTIGLIA est accompagné par Popa Chubby, Christone ‘Kingfish’ Ingram, Ally Venable, Gary Hoey et sa Fille Rayne.
Sur des reprises savamment choisies parmi lesquelles on retrouve Willie Dixon, Buddy Guy, Eric Clapton, Luther Johnson et son mentor Junior Wells sur deux pistes, le New-Yorkais se montre brillant et son jeu toujours aussi affûté. Avec une saveur vintage très relevée, ALBERT CASTIGLIA accueille Alabama Mike, Danielle Nicole, Joe Bonamassa, Jimmy Carpenter, Josh Smith ou encore Monster Mike Welch. Et, cerise sur le gâteau, « Righteous Souls » garde sa patte malgré cette péliade de guests. Un travail somptueux et virtuose.
Retrouvez la chronique de son dernier album et celle de BLOOD BROTHERS en duo avec Mike Zito :
C’est enfin l’heure pour les fans de déguster la tant attendue déferlante ORANGE GOBLIN. Avec « Science, Not Fiction », les Britanniques viennent remettre les pendules à l’heure et démontrer par la même occasion qu’ils restent une référence inébranlable du genre. Taillé pour tout ravager sur son passage, ce dixième album se présente même comme l’un de leurs meilleurs. Epique, délicieusement Heavy et envoûtant, il est forgé de l’essence-même du Stoner et du Metal.
ORANGE GOBLIN
« Science, Not Fiction »
(Peaceville Records)
Alors que beaucoup sont restés plus que mitigés après « The Wolf Bites Back » sorti il y a six ans, cette fois, les Londoniens vont mettre tout le monde d’accord. Respirant le Rock’n’Roll à plein poumons, ils renouent somptueusement avec ce Stoner Metal si brut et racé, qui les a distingués et maintenus au sommet pendant trois décennies maintenant. ORANGE GOBLIN n’a rien laissé au hasard et l’arrivée du bassiste Harry Armstrong y contribue largement, tant la dynamique s’étend sur l’ensemble de ce nouvel opus.
En confiant la production de « Science, Not Fiction » à Mike Exeter, dont le travail avec Judas Priest et Black Sabbath notamment lui a valu un Grammy, le quatuor a vu juste. Totalement débridé, le groupe fait parler la poudre assénant des riffs aussi lourds que véloces sur des compos qui deviennent vite addictives. L’empreinte laissée par Motörhead sur ORANGE GOBLIN inspire même plus de respect qu’autre chose. L’héritage de Lemmy est entre de bonnes mains et il est ici ravivé, surpuissant et très actuel.
Dès les premières notes « The Fire At The Center Of The Earth Is Mine », les Anglais renouent avec leurs bonnes habitudes en se montrant accrocheurs et massifs. Gras et hyper-efficaces, ils se montrent implacables, grâce une utilisation subtiles de quelques claviers qui donnent encore plus de corps à l’ensemble (« (Not) Rocket Science », « Cemetery Rat »). Et ORANGE GOBLIN monte encore dans les tours et déploie des arguments monumentaux (« Ascent The Negative », « False Hope Diet », « The Justice Knife », « The Eye Of The Minotaur »). Classe !
Malgré son jeune âge, EMILY NENNI commence à se faire un nom dans la jungle musicale que représente Nashville en termes de Country Music. Indépendante, l’artiste est à l’image de sa musique et apporte beaucoup de fraîcheur à un style qui se tourne pourtant de plus en plus vers la Pop. Elle reste authentique et fidèle à un aspect assez classique comme le Honky Tonk notamment, auquel elle offre une version très personnelle, actuelle et sincère. Avec « Drive & Cry », son troisième album, elle se lance aussi à la conquête du public européen. Entretien avec une chanteuse, guitariste et compositrice pétillante et décidée, juste avant une prestation attendue au festival ’Americana Eldorado’ en septembre en France.
– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que l’on évoque de ton parcours. Comment une Californienne comme toi en vient-elle à la Country Music et affiche aujourd’hui une telle maîtrise ? C’est un style de musique avec lequel tu as grandi ?
J’ai grandi en écoutant toutes sortes de musiques. Mon père travaille à la radio depuis l’université et mes deux parents ont toujours eu beaucoup d’amour et de respect pour la musique et les musiciens. J’ai souvent entendu Hank Sr, Patsy Cline, Willie Nelson et Johnny Cash, ainsi qu’Emmylou Harris et Lucinda Williams en grandissant. En tant que passionnée de musique, lorsque j’ai déménagé à Nashville, alors que j’avais tout juste 21 ans, je me suis complètement immergée dans la musique Country au ‘Robert’s Western World’ et au ‘Santa’s Pub’, ainsi qu’à travers toutes les vieilles vidéos que je pouvais trouver sur YouTube. Je voulais tout savoir, pas seulement de la musique, mais aussi des gens qui la composaient.
– Assez rapidement, tu as sorti ton premier album, « Hell OF A Woman » en 2017, puis l’EP « Long Game » trois ans plus tard. C’est assez étonnant comme trajectoire. D’habitude, les artistes testent la température avec un format court. Tu te sentais suffisamment sûre et prête pour te lancer tout de suite dans un album complet ?
Lorsque « Hell Of A Woman » est sorti, je gardais certaines de ces chansons depuis déjà quelques années. En fait, la chanson-titre était l’une des dernières que j’ai ajoutées à l’album, avec « Baby Found The Bottle ». Mon état d’esprit concernant la sortie de ma musique, surtout de manière indépendante, était que je continuerai certainement à écrire et j’espérais continuer à apprendre et à m’améliorer. Alors, pourquoi ne pas sortir de ma musique telle qu’elle était ? Je n’avais pas une grande fan-base et je ne pensais pas que le disque irait quelque part, j’avais juste des chansons à partager.
– Puis en 2022 est sorti « On The Ranch » que tu as écrit dans le Colorado durant la pandémie. Finalement, est-ce que le fait d’être bloquée dans un endroit comme celui-là typiquement lié à la Country Music a été une immersion créative pour toi ? Une sorte de source d’inspiration ?
Je vivais dans un ranch avec cinq autres cow-girls, donc c’était une inspiration suffisante ! Écrire dans un endroit comme celui-là était en grande partie pour me vider la tête et m’éloigner de ma routine et de mon environnement habituel. C’est comme ça que j’aime travailler d’habitude. Une fois que ma tête est claire de toutes les choses que je dois faire, je peux réellement exploiter toutes mes pensées, mes sentiments et les mélodies qui les animent.
– Comme tu le disais, tu es arrivée jeune, à l’âge de 21 ans, à Nashville, la capitale de la Country Music. Est-ce que, selon toi, c’est un passage obligé pour tous les artistes, afin d’y obtenir une certaine reconnaissance artistique ?
Je ne pense assurément pas qu’il soit nécessaire d’être à Nashville pour faire de la musique Country. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir rencontré une véritable famille artistique ici, composée de musiciens talentueux et solidaires, et j’ai beaucoup appris d’eux. Désormais, les gens partagent leurs talents en ligne via Internet et ils sont embauchés de cette façon. Je trouve cela merveilleux, car Nashville devient de plus en plus cher pour y vivre, surtout pour les musiciens.
– On le sait, il y a énormément de concurrence entre les jeunes artistes, et pas seulement. Est-ce que Nashville, où tu vis aujourd’hui, provoque aussi une émancipation particulière et demande également peut-être plus d’efforts pour s’imposer et se distinguer ?
J’ai principalement appris en jouant avec des amis au ‘Santa’s Pub’. Au moins dans la communauté dans laquelle j’ai grandi au cours des dix dernières années, cela ne m’a pas semblé être une compétition. Nous voulions tous réussir, bien sûr, mais c’est tellement plus agréable de grandir avec ses amis. Bien sûr, il y a eu des gens qui ont pensé que seuls quelques-uns pourraient réussir, mais ce n’est pas le cas. Sans parler de la fatigue que représente de mener une carrière à bien.
– Justement, tu évolues dans un registre porté sur le Honky Tonk avec beaucoup de fraîcheur. C’est assez surprenant à l’heure où les chanteuses surtout ont tendance à produire de la Country Pop, non ?
J’adore le Honky Tonk. Et nous aimons jouer dans une salle devant deux personnes comme face à une foule tapageuse. Si nous avons une salle pleine de gens qui chantent et dansent, alors c’est une bonne soirée. Mes amis de ‘Teddy And The Rough Riders’, qui me soutiennent souvent, enflamment toujours la salle. Finalement, nous voulons juste passer un bon moment !
– Ce qui surprend aussi, même à travers ta courte discographie, c’est que tu sembles avoir immédiatement trouvé ton style. Alors que d’autres s’essaient à plusieurs courants, tu restes attachée à celui de tes débuts que tu ne cesses cependant de peaufiner. Tu as toujours eu une idée très précise de la musique que tu voulais jouer ?
Parfois, j’entends la musique de quelqu’un d’autre et je me suis dit : ‘Wow, j’aurais aimé écrire cette chanson !’. Mais surtout, j’écris simplement sur mes expériences, mes pensées et mes sentiments et je les associe à la mélodie qui en ressort. Quand cela est associé aux musiciens que je connais et que j’aime, cela me ressemble forcément. Il y a tellement de musique là-bas à Nashville que nous pourrions tous nous comparer les uns aux autres. Mais j’aime surtout entendre les gens faire une musique qui leur est personnelle.
– « Drive & Cry » a été pensé à la façon d’un vinyle avec ses deux faces. Est-ce que c’est aussi pour cette raison qu’on y trouve deux ambiances assez différentes ? Ta volonté était de pouvoir capter le plus de sonorités et d’approches musicales possibles ?
Je peux parfaitement me lancer dans l’écriture, ou l’enregistrement, avec une idée de la façon dont j’aimerais que cela sonne globalement, mais cela ne se réalise jamais vraiment. Cela fait partie de l’évolution des chansons. A mesure que vous enregistrez de plus en plus, vous obtiendrez, espérons-le, des sons que vous n’aviez pas auparavant. Travailler avec John James Tourville (qui a produit le disque) a été une expérience merveilleuse. Il a vraiment permis aux musiciens de jouer tout en restant fidèles à eux-mêmes. Ils jouaient pour les chansons et non pour eux, et ça s’entend vraiment.
– Malgré la qualité du songwriting et de la production de John James Tourville (The Deslonde), « Drive & Cry » conserve une savoureuse couleur ‘underground’. Est-ce que c’est quelque chose que tu cultives, ou vois-tu cela aussi comme une sorte de signature sonore ?
Nous nous amusions tous tellement à faire de la musique en studio. John James et moi étions sur la même longueur d’onde en ce qui concerne la notion de ‘perfection’. Elle n’est pas forcément nécessaire. S’il y a une prise avec une imperfection, mais plus de sensations, on y va ! Ce disque a également été mixé par Matt Ross-Spang dans son studio ‘Southern Groove’ à Memphis, et il est un véritable maître en matière d’enregistrement faits de beaucoup de chaleur et de naturel.
– Enfin, tu seras à l’Eldorado Americana Festival en septembre à Vancé en France. J’imagine que tu dois être impatiente, même si la Country Music est assez confidentielle chez nous. Dans quel état d’esprit es-tu et y aura-t-il d’autres concerts ici en Europe ?
Nous allons commencer en Scandinavie, puis faire un show en Allemagne et une semaine ou deux au Royaume-Uni. Je ne suis allée en Europe qu’une seule fois, c’était l’année dernière. Et je me sens chanceuse de pouvoir jouer pour de nouveaux publics. J’ai même du mal à croire que nous ayons la chance de pouvoir jouer dans tous ces merveilleux endroits !
Le nouvel album d’EMILY NENNI, « Drive & Cry », est disponible chez New West Records et pour la première fois en Europe.
Toutes les icônes du Rock ont connu une (voire plusieurs) traversée du désert, plus ou longues d’ailleurs, au fil de leur carrière. DEEP PURPLE n’a pas échappé à la règle et vient renouer sur ce très bon « =1 » avec ce feu qui brûle depuis si longtemps chez lui. Grâce à des parties de guitares et de claviers étincelantes, un chant d’une justesse absolue et une rythmique toujours impeccable, le groupe affiche une seconde jeunesse avec une belle énergie, des mélodies soignées et une foi retrouvée. Les Anglais perpétuent leur légende et regagnent une dimension digne de leur statut.
DEEP PURPLE
« =1 »
(earMUSIC)
Comme le veut la tradition chez DEEP PURPLE, nous sommes donc dans l’ère de la ‘Mark IX’, puisque les Britanniques accueillent de façon permanente le guitariste Simon McBride. Suite au départ de Steve Morse auprès de sa femme atteinte d’un cancer et décédée en février dernier, c’est donc l’Irlandais qui reprend le poste et il le fait avec beaucoup de classe. Les successions ne sont jamais évidentes, et celle-ci est irréprochable. Aussi humble que terriblement efficace et virtuose, son jeu sur son premier opus n’a rien de timide, mieux, il apporte un souffle nouveau et un peu de fraîcheur, tout en respectant l’institution.
Donc, sans faire preuve d’une audace démesurée, le six-cordiste se montre à son avantage et on retiendra aussi cette formidable complicité avec Don Airey, dont les claviers retrouvent leur éclat et leur impact. Il faut dire qu’après le navrant « Turning To Crime », qui avait montré l’une des pires images de DEEP PURPLE depuis longtemps, on pouvait légitimement se poser des questions sur l’avenir musical et créatif du groupe. Mais c’était sans compter sur Ian Gillian, Roger Glover, Ian Paice leurs complices, toujours animés par la même passion et qui, sous la houlette de Bob Ezrin à la production, font étalage d’une inspiration retrouvée.
L’une des choses qui va réconcilier beaucoup de monde avec ce nouvel opus DEEP PURPLE, c’est l’enthousiasme et la maîtrise totale de son frontman. S’il n’a plus rien à prouver depuis longtemps, Ian Gillian semble épanoui durant les 13 morceaux de « =1 ». Avec des mélodies et un songwriting des grands jours, on retrouve les sensations passées, où Hard Rock et Rock Progressif se rejoignent si naturellement (« Show Me », « A Bit on The Side », « Now You’re Talking », « Portable Door », Pictures Of You », « Bleeding Obvious »). Rien ne semble pouvoir arrêter le quintet et on n’osait même plus imaginer un tel album de sa part.
Découvrez aussi le dernier album solo de Simon McBride :
C’est sous le regard bienveillant de la ‘Gardienne des Ténèbres’, et celui de Lemmy bien sûr, que s’est tenue la 17ème édition du HELLFEST. Comme toujours, le festival avait affiché complet en quelques heures et a accueilli 240.000 spectateurs sur quatre jours. Cette année, Rock’n Force et le site Rock’n’Hell ont scellé un premier partenariat pour vous livrer quelques instantanés des concerts. A travers trois portfolios, je vous propose cette semaine de replonger, ou de découvrir, une partie des 182 groupes à l’affiche, sous l’œil pétillant de la photographe Charlotte Bertrand. Cependant, pas de live-report pour accompagner ces clichés, car c’est à l’école primaire qu’on raconte ses vacances… et on ne les vit jamais de la même manière ! Rock on !
Un grand merci à Charlotte Bertrand pour son regard vif et retrouvez son travail lors des nombreux concerts et festivals qu’elle couvre toute l’année pour son site :https://rocknhell.com/
Et retrouvez, bien sûr les deux premiers portfolios :