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Heavy Blues Rock

Red Giant : insaisissable

Entre Rock brut, Heavy Blues et même Pop très British, RED GIANT présente un style, qui peut au départ décontenancer, mais qui devient très vite familier et attachant. Grâce à un frontman au caractère bien trempé et à une paire basse/batterie qui en impose, les Anglais montrent toute leur expérience et surtout un sens du songwriting étonnant et irrésistible. « Red Giant » est une réalisation à la production brute et virevoltante avec une assise solide, qui lui permet bien des écarts, toujours bien négociés.

RED GIANT

« Red Giant »

(Radio Silent Records)

Bâti autour de Dave Simpson, auteur-compositeur, guitariste et chanteur, RED GIANT est le nouveau combo du musicien, qui a déjà fait ses preuves et écumé les scènes du Royaume-Uni avec le Dave Simpson Trio et qui a décidé de prendre une direction artistique nouvelle. Sur ce premier opus éponyme, il a donc fait appel à John Joe Gaskin à la batterie, qui martèle avec un groove pour le moins massif ces nouvelles compositions. Première bonne pioche, puisque la seconde est la jeune bassiste Carina Powell, dont l’impact et la technique éclaboussent littéralement les morceaux. Le duo rythmique fait plus que de tenir la maison.   

Cependant, il y a eu un changement majeur dans le line-up actuel du groupe, car si Carina assure ici la basse et les chœurs, elle a quitté le groupe après l’enregistrement de « Red Giant » et a été remplacée pour le moment pour quelques concerts par Keira Kenworthy, une jeune bassiste de talent également, qui officie chez JoanOvArc. RED GIANT est donc d’humeur assez changeante. Et c’est un peu à l’image de cet opus, où s’entrechoquent des titres très Rock, Heavy Blues ou d’autres carrément dans la droite lignée d’une Pop anglaise convenue, sirupeuse et facile (« Why ? », « What It All My Fault ? »).

Mais au regard de l’album, il s’agit de détails, puisque les trois Britanniques livrent aussi et surtout des chansons très bien écrites, pleines d’émotion et avec un état d’esprit sauvage, tout en étant très sensible (« Tell Me », « Free Me », « The Dark Of Me », « You Say, I Say » et le bluesy « What You Gonna Do ? »). Assez introspectif, RED GIANT joue sur la corde raide avec talent et une efficacité redoutable, qui ne l’empêche pas de se montrer aussi très fin dans une interprétation parfois rugueuse. En jouant la carte de l’authenticité, au niveau des textes comme de la musique, « Red Giant » se montre complet et rafraîchissant.   

Dave Simpson (guitare, chant), John Joe Gaskin (batterie) et Carina Powell (basse, chœurs), qui a malheureusement quitté le trio, mais dont la prestation est exceptionnelle.

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Dark Folk

Thee Old Night : une lueur apaisante

Dans un climat très minimaliste, le trio offre un style très organique, essentiellement acoustique, qui ne met pas très longtemps à captiver. En tout cas, entre la Caroline du Nord, le Michigan et la Virginie, la connexion est établie et ce petit côté ‘au coin du feu’ donne une dimension étonnante à cette première réalisation des Américains. THEE OLD NIGHT a parfaitement su créer un environnement assez éthéré et pourtant d’une grande richesse artistique. Un charme mélodique ensorceleur.   

THEE OLD NIGHT

« Thee Old Night »

(Firelight Records)

C’est une Dark Folk mélancolique et très attachante que présente THEE OLD NIGHT sur son premier effort éponyme. Et l’histoire du trio en elle-même n’a rien d’ordinaire, non plus. Le projet est né de l’imagination et de la créativité d’Erik Sugg, qui fut le temps de trois albums et d’un EP, le leader, chanteur et guitariste de Demon Eye. Aujourd’hui dissous, le combo de Rayleigh, NC, a laissé de très bons souvenirs aux amateurs de Heavy Doom et il est même à ranger aux côtés des légendes du registre.

Mais même s’il persiste toujours quelques touches doomesques chez le songwriter, c’est un tout autre chemin qu’il emprunte ici en plongeant dans ses racines musicales profondes, faites d’éléments psychédéliques, de Folk légèrement bluesy et de Country classique avec une noirceur enveloppante et, finalement, assez réconfortante. Car « Thee Old Night » n’a rien de lugubre et ne baigne pas non plus dans une tristesse absolue. Au contraire, il y a quelque chose de contemplatif et de méditatif chez THEE OLD NIGHT.

Et pour mener à bien cette nouvelle aventure, Erik Sugg a fait appel à la talentueuse violoncelliste Anne Polesnak. Elle apporte beaucoup de relief aux chansons grâce à un jeu de grande classe. Puis, c’est Kevin Wage Inge, rockeur dans l’âme, qui enveloppe de sa steel guitare et de claviers des ambiances assez atmosphériques, qui viennent compléter le spectre musical de THEE OLD NIGHT (« Precious Blood », « The River The Mountain », « Red Light Crimson », « Sibyl » et « Darling » avec l’irrésistible trémolo dans la voix). Envoûtant.

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Psych Sludge Stoner Doom

Oda : mystic vibes

Fait-maison et enregistré live pour l’essentiel, ce premier opus des trois musiciens de la capitale devrait ravir les amateurs de Stoner Doom/Sludge. Les atmosphères vaporeuses un brin incantatoires de « Bloodstained » montrent déjà un groupe déterminé et adepte des morceaux d’une bonne longueur. En abordant des climats très changeants, ODA évite pourtant de se perdre et se montre même vraiment costaud et captivant. Des débuts très encourageants.

ODA

« Bloodstained »

(Independant)

Fondé en 2021 seulement, Cyril Thommered (batterie), Emmanuel Brège (basse) et Thomas Féraud (chant, guitare) n’ont pas tardé à se mettre à l’ouvrage et à construire leur propre univers musical. Le fond est Doom et Occult, tandis que la forme se dessine dans un Stoner Rock rugueux et très Fuzz. L’objectif d’ODA est d’assembler toutes les pièces de cet appétissant puzzle et de donner vie à des morceaux qui sont autant d’invitations à un voyage à la fois sombre, chaotique et envoûtant.

Tout en travaillant d’arrache-pied et en donnant quelques concerts, le trio parisien se forge vite un son et une identité. Avec « Bloodstained », ODA s’affirme déjà comme une formation solide et cette première réalisation autoproduite en dit long sur ses ambitions. Enregistrée au coeur de la forêt de Brocéliande, l’ambiance mystique qui l’entoure semble même avoir offert un supplément d’âme à l’atmosphère profondément mélancolique et terriblement organique, qui règne sur les six titres.

Oscillant entre six et onze minutes, les morceaux de « Bloodstained » réservent quelques surprises. Si la lourdeur et l’épaisseur de sa doublette rythmique donne du corps, le côté massif bascule d’une lenteur ténébreuse dans des fulgurances Sludge au groove gras, d’où émerge au lointain un chant tout à coup presque délicat. Inquiétant et âpre, ODA ne néglige pas pour autant les mélodies… comme pour mieux nous renvoyer dans les cordes (« Children Of The Night », « Rabid Hole », « Mourning Star » et le saisissant « Zombi »). Prometteur !

(Photo : Thomas Féraud)

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Alternative Rock

Smash Atoms : back in town

Dix ans après un split assez surprenant, SMASH ATOMS raccroche les wagons et livre donc, et enfin, sa première réalisation. Sobrement intitulée « Smash Atoms », la formation américano-suédoise ne lésine pas sur les riffs costauds, les solos limpides, des parties vocales impactantes et une rythmique fiévreuse et plus appuyée que véloce. Ça martèle donc, et plutôt bien. Si les clins d’oeil aux années 90 ne manquent pas, on retient plutôt l’aspect moderne des compos, un petit côté underground savoureux aussi, et des morceaux entêtants. Après un faux départ, espérons que celui-ci soit le bon !

SMASH ATOMS

« Smash Atoms »

(M-Theory Audio)

L’histoire de SMASH ATOMS est assez atypique. Créé en 2012 du côté de Göteborg, le groupe commence par sortir une première démo, très bien reçue et qui lui ouvre la voie à plusieurs scènes. Une joie de très courte durée puisque son chanteur, l’Américain Glen Gilbert, quitte le navire, laissant ses trois camarades dans le flou. Qu’à cela ne tienne, ceux-ci fondent The Torch, qui sort deux albums, et leur vocaliste s’active de son côté chez The Story Behind et Hide The Knives. Mais en 2022, coup de théâtre, Martin Söderqvist (guitare), Per Romvall (basse) et Peter Derenius (batterie) retrouvent leur frontman et l’histoire reprend là où elle en était, mais sur de nouvelles bases artistiques.

Revoici SMASH ATOMS sur de bons rails et dans un registre qui a forcément évolué avec le temps pour s’inscrire aujourd’hui dans un Alternative Rock légèrement teinté de Grunge, dans ce qu’il possède de mieux interprété (ça raccourcit la liste !). Le quatuor se présente donc dans un style qui serait une sorte de pont entre Seether et Alter Bridge d’un côté, et Stone Temple Pilots et Soundgarden de l’autre. Cependant les Suédois et l’Américain affichent des morceaux très frais, bien Heavy aussi notamment dans des guitares inspirées du Hard Rock nordique, donc mélodiques, dans les solos surtout. Et toutes ces influences cohabitent très bien et offrent un disque rondement mené.

Parfaitement ancré dans son époque, on doit aussi cette très bonne production aux studios Crehate de leur ville, dont la réputation n’est plus à faire tant les grands noms s’y succèdent. La puissance du son est au rendez-vous et se déverse jusque dans les onze titres de cet effort éponyme. Mais la première chose qui surprend après l’écoute intégrale de « Smash Atoms » est qu’il est presqu’entièrement joué en mid-tempo, alors que la course au Bpm est souvent monnaie courante à l’heure actuelle. Et c’est plutôt bien vu de la part de SMASH ATOMS, qui peut se focaliser sur la force des textes (et de la voix !) et le côté massif des riffs. Un opus très rafraîchissant aux refrains accrocheurs.

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Heavy Stoner Rock Stoner Rock

Planet Of Zeus : force brute

Avec « Afterlife », les Athéniens donnent l’impression de rendre hommage aux années 90, celles qui les ont musicalement nourris et aussi profondément impactés. Et c’est probablement pour ça que cette nouvelle réalisation semble si familière, tant dans les références perceptibles que dans le style très reconnaissable de PLANET OF ZEUS. Cela dit, les gros riffs sont légions, la rythmique lourde et compacte et le frontman toujours aussi percutant.

PLANET OF ZEUS

« Afterlife »

(Ihavedrum Records)

Fer de lance de la scène Stoner grecque aux côtés de 1000Mods, Nightstalker et plus récemment d’Acid Mammoth pour la partie la plus Doom, PLANET OF ZEUS s’est forgé une solide réputation bien au-delà de ses frontières et en tournant avec les plus grands. Explosif en concert, en plus de deux décennies, le quatuor s’est hissé au rang des incontournables du genre, grâce à un style massif et puissant, et surtout très identifiable. Pourtant, avec « Afterlife », il déjoue tous les pronostics avec un album surprenant.

En effet, Babis Papanikolaou (chant, guitare), Stelios Provis (guitare, chant), Giannis Vrazos (basse) et Serafeim Giannakopoulos (batterie) prennent un virage assez différent, marqué par des mélodies entêtantes omniprésentes et surtout une variété musicale étonnante. Preuve d’un éclectisme créatif très maîtrisé. C’est vrai que dans son domaine, PLANET OF ZEUS sait à peu près tout faire… et « Afterlife » confirme ses qualités et nous offre un plongeon dans un Stoner Rock assez 90’s dans son approche, et bien rentre-dedans.

Ce sixième album traverse à peu près tous les courants et parcourt des atmosphères diverses. Classique dans la lignée de QOTSA (« State Of Non-Existence »), Grunge façon Foo Fighters (« The Song You Misunderstand »), plus Heavy aux accents Fu Manchu (« Step On, Skin Off »), PLANET OF ZEUS reste pourtant lui-même et laisse exploser sa force (« No Ordinary Life », « Let’s Call It Even », « Letter To A Newborn »). « Afterlife » n’est peut-être pas le plus passionnant opus du quatuor, mais il réveille les sensibilités.

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Americana Country Southern Southern Blues

Michelle Malone : classy neighborhood

Lorsqu’on dispose d’un tel voisinage, il serait dommage de ne pas lui proposer de venir poser quelques notes, et même un peu plus, sur son nouvel album. Et même si elle s’en sort toujours très bien toute seule, c’est ce qu’a fait MICHELLE MALONE en invitant quelques amis musiciens appartenant, par un heureux hasard, au gratin de son Sud natal. Entre Country-Soul, Americana Rock et Roots Rock, la chanteuse passe en revue des chansons dynamiques et positives comme des moments plus poignants avec une grande classe.

MICHELLE MALONE

« Southern Comfort »

(SBS Records)

Musicienne accomplie et indépendante, MICHELLE MALONE livre son seizième album en trois décennies de carrière au service d’une vision très personnelle de la musique américaine. Originaire d’Atlanta en Georgie, elle a forgé son style dans un Americana authentique, où se fondent naturellement le Blues, la Country et le Rock. Forte de caractère, elle a même créé à l’aube des années 2000 son propre label, SBS Records, qui lui offre une totale liberté artistique épanouissante et très perceptible.

MICHELLE MALONE ne manque pas de soutien et ses amis sont aussi nombreux que prestigieux. Assurant bien sûr le chant, les guitares (électriques et acoustiques), la mandoline et l’harmonica, elle a écrit, ou co-écrit, la moitié de « Southern Comfort ». Ce sont Dean Dillon, Eliot Bronson et Gary Stier qui apportent leur talent aux autres morceaux. Pour autant, l’ensemble est très homogène et identifiable entre des titres bien relevés et très Rock et de belles ballades avec une approche vocale Country irrésistible.

Entourée de la crème des musiciens du Sud américain, on retrouve Charly Starr et Paul Jackson de Blackberry Smoke, Rick Richards des Georgia Satellites, Will Kimbrough et Buddy Miller de Spy Boy d’Emmylou Harris et quelques autres encore. « Southern Comfort » est éclatant dans le songwriting et MICHELLE MALONE enchaîne les chansons avec la passion et la sensibilité qu’on lui connait (« Like Mother Like Daughter », « One Track Mind », « Wine And Regret » et le morceau-titre). Brillant… encore une fois !

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Hard US Rock US

Myles Kennedy : emotional masterclass

Il est tellement actif qu’on pourrait très bien imaginer MYLES KENNEDY être à court d’idées ou d’inspiration. L’homme possède, c’est vrai, un agenda très, très rempli. Or, avec « The Art Of Letting Go », c’est tout le contraire que vient démontrer le musicien de  Boston. Car ce troisième effort en solitaire, loin du feu des projecteurs essentiellement braqués sur ces projets en groupe, est de loin son meilleur. Complet et virtuose, ce nouvel opus est d’une justesse de chaque instant. Généreux et authentique, dans sa musique comme dans ses textes, le songwriter atteint une maturité artistique guidé par un fort tempérament.

MYLES KENNEDY

« The Art Of Letting Go »

(Napalm Records)

Il y a des artistes dont les albums solos dépassent très nettement ceux qu’ils font en groupe, et MYLES KENNEDY fait définitivement partie de ceux-là. Tout semble si naturel et évident lorsqu’il est seul aux commandes qu’on a presque le sentiment qu’ailleurs, il est freiné. Que ce soit avec Slash & The Conspirators ou même avec Alter Bridge (le meilleur des deux !), il est méconnaissable dans sa façon d’écrire. Alors, bien sûr, chacun choisira ensuite dans quel rôle il le préfère. En tout cas, pour tout amateur de Rock/Hard US, ses productions sont toujours limpides et lumineuses. Ici encore, ses parties de guitare et son chant prennent subitement un nouvel éclat et une saveur toute personnelle.

Cette fois encore, « The Art Of Letting Go » est l’œuvre d’un maître artisan. MYLES KENNEDY est littéralement au sommet de son art. Si sa voix développe une force toujours très maîtrisée, capable notamment d’envolées surpuissantes, les parties de guitares sont elles aussi d’une incroyable richesse. Entre ce déluge de riffs aux sonorités tellement variées qu’il surprend à chaque morceau et des solos toujours aussi bien sentis, le musicien se met littéralement au service de ses chansons. S’il en fait beaucoup, il n’en fait jamais trop et les artistes de ce calibre se font très rares. Il n’y a ici aucune course à la surenchère. L’efficacité est son moteur… et il ronronne.

Accompagné des fidèles Zia Uddin à la batterie et Tim Tournier à la basse, le trio s’engouffre dans un Rock/Hard US souvent bluesy et toujours très solide. Et cette formule fait mouche que ce soit dans les moments les plus forts et implacables (« The Art Of Letting Go », « Say What You Will », « Mr Downside »). Et quand MYLES KENNEDY laisse parler ses émotions, on monte encore d’un cran dans un Rock universel qui parait si naturel (« Miss You When You’re Gone », « Save Face », « Nothing More To Gain »). Et malgré un ensemble très ample doté d’un volume incroyable, le chanteur sait jouer sur la corde sensible avec beaucoup de sincérité («  Behind The Veil » et surtout « Eternal Lullaby »). L’énergie et la beauté !

Retrouvez la chronique de son album précédent, « The Ides Of March » :

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Hard Rock

House Of Lords : éternel survivant

En revenant à un son plus rentre-dedans et plus ‘sauvage’, HOUSE OF LORDS semble avoir choisi la bonne voie, celle d’une certaine réhabilitation auprès d’un public un brin nostalgique de ses débuts. En effet, « Full Tilt Overdrive » présente une belle dynamique avec un accent mis sur les guitares, histoire de se rappeler ô combien Jimi Bell est un musicien plein de feeling et de fougue. Le combo américain repart de bonnes bases, déjà posées sur le précédent opus et c’est une bonne nouvelle !

HOUSE OF LORDS

« Full Tilt Overdrive »

(Frontiers Music)

HOUSE OF LORDS fait partie de ces nombreux groupes californiens qui se sont fait connaître grâce à des débuts discographiques époustouflants… Chose qu’on ne voit plus beaucoup de nos jours. En 1988, avec son premier album éponyme, il avait fait plus qu’attirer l’attention dans le petit monde du Hard Rock. Des morceaux hyper-fédérateurs et très mélodiques, mais tout de même suffisamment puissants pour rivaliser avec les plus nerveux de l’époque. La suite a été assez chaotique avec de nombreuses turbulences internes, qui ont mené à un bal incessant d’allés et venues dans ce line-up devenu par la force des choses très fluctuant.

Il ne reste aujourd’hui que son emblématique frontman, James Christian, de la formation originelle et pourtant HOUSE OF LORDS reste toujours aussi identifiable. Composé depuis « Saints And Sinners » (2022) du guitariste Jimi Bell, du claviériste et compositeur Mark Mangold et du batteur suédois Johan Koleberg, une unité artistique semble être retrouvée, ainsi qu’une envie d’avancer ensemble. C’est en tout cas qui ressort à l’écoute de « Full Tilt Overdrive », dont la production assez brute et directe se veut beaucoup plus organique et puissante. Et le quatuor, dans cette configuration, parait également beaucoup plus inspiré.

Vocalement irréprochable, James Christian n’a rien perdu de son charisme et reste l’un des meilleurs chanteurs du genre. Fidèle à lui-même en quelque sorte. La petite surprise vient peut-être des guitares, nettement plus en valeur qu’habituellement, relayant légèrement les claviers au second plan. Même s’il reste toujours très mélodique, HOUSE OF LORDS renoue avec ses racines Hard Rock grâce aux riffs et aux solos costauds d’un Jimi Bell en pleine forme (« Bad Karma, « Talking The Fall », « Crowded Room », « Full Tilt Overdrive » « You’re Cursed » et l’épique « Castles High » et ses neuf minutes). Rafraîchissant et tonique !

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Death Metal Doom Post-Metal Sludge

For The Storms : la noirceur des embruns

Faire tenir l’équilibre entre une lourdeur presque insoutenable et la légèreté du vide, c’est l’ambition et la réussite de FOR THE STORMS sur ce nouvel effort qui va puiser, dans un post-Metal doomesque aux mélodies saisissantes, une robustesse teintée de résistance assez fascinante. « Losing What’s Left Of Us » n’est pas un album facile, de ceux qu’on écoute par hasard. Non, il provoque immédiatement un magnétisme incroyable et on se fait happer sur plus d’une heure par les fulgurances Death et Sludge qui trouvent leur finesse dans l’épaisseur d’un propos haletant.

FOR THE STORMS

« Losing What’s Left Of Us »

(Meuse Music Records)

Dans le registre post-Doom/Death, « Losing What’s Left Of Us » est probablement l’album le plus complet qu’il m’ait été donné d’écouter. FOR THE STORMS ne contente pas de jouer sa musique, il la vit pleinement et de ce chaos apparent naît une quantité de nuances, qui sont autant d’émotions fortes distillées et exprimées avec une sincérité, qui libère forcément quelques frissons. Le Metal du quatuor est forgé avec une fermeté et une audace magistrale dans un ensemble à la fois mouvant et fluide et dont on découvre les nombreux détails au fil des écoutes. Car on y retourne inéluctablement et de manière quasi-inconscience.

La force d’attraction de FOR THE STORMS va chercher si loin qu’il est même étonnant que les Italiens n’aient sorti que « The Grieving Path », il y a trois ans, avant cet imposant deuxième album. On pourrait penser qu’ils peaufinent et affinent leur style de longue date, et pourtant la jeune formation lombarde (2019) fait preuve d’une maturité et d’une créativité incroyable. Fracassant et ténébreux un moment, délicat et souple l’instant suivant, la construction de l’édifice ne doit rien au hasard. Divisé en trois chapitres différenciés par les deux interludes qui viennent distinctement les scinder, l’ascension se fait graduellement.

Car, si cette progression musicale se déroule en plusieurs parties, elle s’articule avec une facilité qui rend « Losing What’s Left Of Us » très lisible. Sur des morceaux d’une bonne longueur, FOR THE STORMS développe à travers ses textes, en jouant aussi sur des passages presque silencieux tant ils sont éthérés, une réflexion assez sombre sur nos tourments et notre appréhension de l’avenir dans un nihilisme insistant. Très aérienne et massive, cette nouvelle réalisation est également un cri immense et une ode à un espoir à retrouver. On ne s’y perd jamais, on se laisse simplement guider par cette beauté profonde et captivante.

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Speed Metal

Speedrush : speedfreaks party

Avec « Division Mortality », SPEEDRUSH parvient avec brio à faire le pont entre un Heavy Metal moderne, furieusement Speed et aux riffs légèrement thrashy, et le respect des institutions portées par la légendaire NWOBHM. Denses et percutants, les Grecs sont intraitables et développent une intensité presque ténébreuse. Le combo est tranchant et très fédérateurs aussi, grâce à des titres bien ciselés et parfaitement exécutés et produits. L’assaut est brutal… et savoureux !

SPEEDRUSH

« Division Mortality »

(Jawbreaker Records)

Il s’est passé sept longues années depuis « Endless War » et il faut bien avouer que SPEEDRUSH nous revient quasi-métamorphosé. Si le fond n’a pas vraiment changé, l’approche, la technique et le son se sont considérablement améliorés. Le quintet affiche  désormais de solides arguments et la maturité acquise depuis son premier opus est plus que significative. Avec « Division Mortality », son registre a évolué pour devenir intemporel et surtout très personnel. Et avec une telle pochette, on entre de suite dans le vif du sujet !

Certes, l’empreinte des années 80 et 90 est perceptible parmi les influences de SPEEDRUSH, mais il a gagné en finesse d’interprétation, ainsi qu’en puissance et même mélodiquement. Je n’aime pas beaucoup les comparaisons, mais imaginez un mix très adroit entre Judas Priest, Slayer, Annihilator, un soupçon de Megadeth et du Helloween de la première époque et vous tenez un bon résumé du Speed Metal à l’œuvre sur « Division Mortality ». Il y a tout de même de quoi saliver, avouez-le, d’autant que le résultat est là.

Et SPEEDRUSH a respecté les traditions en présentant une production à l’ancienne, c’est-à-dire avec une intro (« Division Mortality ») et une outro (« Fade To Flames »). Et il ne s’agit pas de simples bruitages ou de sons d’ambiance, mais de courts morceaux, dont le dernier est entièrement acoustique et très bon. Et entre les deux, les Hellènes montrent les crocs sur des titres racés et bien rentre-dedans. Les deux guitaristes s’en donnent à cœur-joie, la rythmique est intenable et le frontman en ébullition. L’essence-même du Metal avec classe !