Entraînant, efficace et mené sur un train d’enfer, le duo possède ce petit quelque chose qui le rend rapidement addictif. Une batterie, une basse et quelques effets suffisent ici à réunir une volonté incandescente à livrer un Power Rock aux couleurs vintage. END2END puise autant dans les origines du Hard Rock que dans un Blues Rock gras et percutant. Réjouissant et positif, c’est un esprit live et véloce qui anime ce « Take My Train » réjouissant et positif.
END2END
« Take My Train »
(Independant)
Une fois n’est pas coutume, j’ai le plaisir de vous présenter l’EP de END2END. Petite entorse puisque la déferlante de ces formats courts est telle qu’il est presqu’impossible de s’en faire un écho exhaustif et surtout ils ne sont pas souvent très représentatifs d’un groupe, de sa démarche artistique et de ses qualités. Mais là, le fait que le duo ait un pied entre Vannes et Nantes, soit presqu’en Bretagne, et que son registre soit très rafraîchissant m’ont convaincu.
Après quelques années d’existence marquées surtout par des concerts énergiques et torrides, le duo composé de Loran Kruho (basse, multiples sons et voix) et du batteur Sylvain Boullais s’est donc attelé à la création d’un cinq-titres très convaincant bardé d’un groove accrocheur très présent et même leitmotiv de la musique de END2END. Et justement, c’est un Rock musclé très accrocheur que distille le tonique binôme avec une envie débordante.
Si aujourd’hui, la technique permet de faire à peu près tout, y compris en live, faut-il encore en faire bon usage. Et c’est le cas, puisque dès les premières notes de « Fall In Love » suivi de « See A Way Out », on tombe sur le charme de ce Rock très 70’s où la fougue se mêle à des refrains entêtants et des rythmiques appuyées et groovy. END2END met toute son énergie au service d’un registre puissant et mélodique avec un aspect revival, loin d’être désuet.
Si le duo Breton avait déjà créé la surprise avec son premier album, « Voodoo Queen », celle-ci ne retombe pas le moindre du monde sur ce « One More Dance », à la fois costaud et d’une incroyable fraîcheur. Toujours guidés par un enthousiasme débordant, Greg aka Rock’n Roux (guitare, chant) et Léa aka Tap’n Roll (claquettes, percussions, washboard) apportent encore un peu plus de volume à leur Blues Rock endiablé et explosif. Et c’est avec la bonne humeur qui les caractérise que le turbulent binôme a répondu à quelques questions.
– Il y a trois ans, on vous découvrait avec votre premier album, « Voodoo Queen », débordant d’énergie. Puis, il y a eu le Covid et la reprise timide des concerts. Vous qui êtes un véritable groupe de scène, j’imagine que la période a du être difficile à vivre. C’est à ce moment-là que vous avez composé « One More Dance » ?
Greg : Durant le premier confinement, la situation était trop anxiogène pour composer. Du coup, on en a profité pour faire d’autres choses. Après, on a eu la chance de pas mal tourner durant l’été 2020, grâce à notre bookeuse Kristell Arquetoux qui a remué ciel et terre pour trouver des dates.
Léa : Ce n’est que durant le deuxième confinement, en automne, que nous avons trouvé l’inspiration et composé l’album. Le positif, dans toute cette histoire de pandémie, est que nous avons eu du temps pour pouvoir expérimenter de nouvelles choses et sortir de notre manière de faire habituelle.
– ONE RUSTY BAND a la particularité d’être un duo festif et enjoué. Or, ce nouvel album paraît plus sombre et plus sérieux aussi. A quoi est-ce que vous l’attribuez ? La situation de ces dernières années ? Une certaine maturité accrue dans votre jeu ?
Léa : Le monde est très sombre, donc forcément cela transparait dans nos compositions et le fait d’avoir plus de temps a permis d’avoir de l’espace pour s’exprimer et aller au fond des choses. Mais l’album reste positif et avec des compositions pour bouger ses miches !
Greg : Nous avons quand même gardé un côté léger dans les chansons. « Boogie Brothers » est, par exemple, basée sur l’observation de nos chats qu’on imaginait avec un petit perfecto en cuir faire la loi dans le quartier !
– On a vu émergé quelques duos à tendance Blues ces derniers temps, mais ONE RUSTY BAND reste unique en son genre, grâce notamment à Léa et ses claquettes. J’aimerais savoir comment elles interviennent dans les morceaux. Sont-elles parfois à la base d’une chanson, ou est-ce qu’elles viennent surtout en complément ?
Greg : Les claquettes, de par leur présence, obligent à composer d’une certaine manière. On ne peut pas dire qu’elles soient à l’origine d’un morceau, mais elles influencent fortement la composition et la construction des chansons.
Léa : Ça dépend vraiment. Parfois, Greg arrive avec une base construite et on réarrange le tout. D’autres fois, c’est une rythmique qui lance une jam qui aboutit à une chanson… C’est variable !
– Léa, la Tap Dance, vient de la musique traditionnelle irlandaise avant de s’être plus tard exporter aux Etats-Unis et ailleurs par la suite. En ce qui te concerne, d’où viennent tes modèles et les styles qui t’inspirent le plus, et dans quelles mesures sont-ils adaptables au Blues Rock ?
Léa : Je n’arrive toujours pas à me considérer comme une danseuse de claquettes. Ce ne serait pas faire honneur aux ‘vraies’ danseuses et danseurs ! (Rires) Je vois la chose plus du côté instrument, percussion. La première fois que je me suis dit ‘WuuuaaaaH, c’est ça que je veux faire !!!’, c’est en voyant un spectacle des Stomp. Allez voir ça sur YouTube, c’est de la percussion de rue avec toutes sortes d’objets, les pieds, les mains, le corps… et des allumettes ! Les claquettes, je les ai découvertes plus tard avec Jimmy Slide et les Nicholas Brothers, qui sont supers. Pour l’adaptation, il a fallu inventer, de la manière de sonoriser en passant par la façon de composer… C’est super passionnant !!!
– Greg, tu es l’un des rares à jouer de la cigar box guitar en France et le seul en mode radiateur aussi. C’est un instrument que l’on voit de plus en plus, je pense à Samantha Fish, Alain Johannes, Orville Grant et beaucoup d’autres. Comment expliques-tu cette nouvelle émergence et ce retour en grâce, et qu’est-ce que cela t’inspire ? On le doit à un retour d’une musique plus ‘Roots’ ou c’est un simple effet de mode, selon toi ?
Greg : J’ai découvert la cigar box en allant manger chez mon père. Il venait d’en fabriquer une. Je l’ai essayée et j’ai tout de suite adoré : le son, la manière de jouer roots et groovy. J’en ai donc construit une dans la foulée avec lui ! Je ne sais pas si c’est un effet de mode, ou si c’est revenu sur le devant de la scène grâce à des passionnés comme mon père qui se sont mis à en fabriquer. C’est chouette de créer un objet qui sonne à partir de pas grand-chose. En tant que guitariste, c’est gratifiant de pouvoir fabriquer son propre instrument. Par la suite, j’ai trouvé un vieux radiateur électrique dans les poubelles, et je me suis dit que je pouvais en faire quelque chose dans le même esprit que la cigar box, mais dans un style Dobro. Ce sont des instruments qui sont limités pour la composition. C’est super intéressant, ça pousse à sortir du cadre standard et ça simplifie la musique !
– D’ailleurs, ça ne te tente pas, ou plus, un beau solo ou un chorus cristallin sur une belle Gibson ou une scintillante Fender ?
Non plus vraiment, je crois que les longs solos m’ennuient maintenant ! Mais sur le dernier album, je me suis quand même permis de rajouter quelques solo avec ma Fender, sur « Screen Generation » et « Boogie Brothers », notamment.
– ONE RUSTY BAND est un duo particulièrement riche avec en plus de la guitare et des claquettes, de l’harmonica, de la washboard et plusieurs percussions. Sauf à intégrer un nouveau membre, ce que je n’ose imaginer, y a-t-il d’autres instruments que vous aimeriez ajouter à votre musique ?
Léa : Non pas vraiment, on a déjà assez de bordel et ça ne rentrerait pas dans la camionnette ! (Rires) Déjà, le rajout d’un tom a été tout un Tetris ! On essaie d’étoffer avec de nouvelles percussions et on aimerait bien rajouter plus de doubles voix… Mais c’est beaucoup de travail vu que je ne savais pas chanter du tout !
– Par ailleurs, vous développez un son très particulier de Blues Rock agrémenté de Funk et de Soul aussi. ONE RUSTY BAND met en avant une culture DIY qui vous offre une liberté totale. Pour un ingénieur du son, c’est d’ailleurs assez naturel. Est-ce que tu as déjà imaginé laisser les clefs de votre son à un autre producteur, Greg ?
Oui je l’ai déjà imaginé. Mais ça m’amuse tellement de mixer et de travailler le son que je n’en ai pas vraiment l’envie, même si peut-être qu’une autre personne ferait un meilleur boulot. Après ça pourrait être chouette de collaborer avec quelqu’un. Par contre, lâcher complètement le projet… Hors de question ! Ma contrôlite aigue me l’interdit !
– J’aimerais que l’on dise un mot de cet esprit très live qui vous anime et qui prend tout son sens sur scène avec les acrobaties incroyables de Léa. Le visuel est donc très important chez ONE RUSTY BAND. Vous arrive-t-il de composer et de façonner vos morceaux avec déjà en tête son rendu scénique ?
Léa : Pour ma part, tout le temps. Quand je compose la partie rythmique, je pense tout de suite au rendu visuel… Même si servir la musique reste la chose la plus importante !
Greg : Moi pas trop, parce que je suis moins exposé. Par contre, j’y pense au moment de construire les set-list, de varier les guitares, etc…
Le nouvel album de ONE RUSTY BAND, « One More Dance » est disponible sur le site du groupe : https://www.onerustyband.com
JOANNE SHAW TAYLOR possède plus d’une corde à son arc. L’Anglaise se livre à un exercice de style très réussi sur ce « Nobody’s Fool », qui réserve bien des surprises dans la tonalité des morceaux et dans les registres explorés. Sur une base bien évidemment Blues, la guitariste et chanteuse s’essaie à des morceaux assez Pop, Soul, Rock et Country-Folk. Un large éventail dans lequel la musicienne se montre épanouie et d’une grande sensibilité.
JOANNE SHAW TAYLOR
« Nobody’s Fool »
(KTBA Records)
Après un album de reprises Blues en 2021 (« The Blues Album ») suivi de « Blues From The Heart Live » en juin dernier, JOANNE SHAW TAYLOR revient avec un disque composé de morceaux originaux qu’elle a cette fois entièrement écrit. Toujours pour KTBA Records, le label de Joe Bonamassa, la guitariste et chanteuse anglaise fait quelques petites infidélités au Blues pour s’aventurer dans d’autres contrées musicales.
La voix chargée d’émotion, la musicienne livre son opus le plus personnel à travers notamment des écrits plus intimes et un registre plus léger et peut-être aussi plus épuré. En s’offrant la paire Josh Smith et Joe Bonamassa aux guitares rythmiques (et également à la production), JOANNE SHAW TAYLOR semble même plus libre et ses interventions en lead gagnent ainsi en profondeur (« Nobody’s Fool », « Bad Blood »).
L’album présente aussi des sonorités Pop et légèrement Country sur « Won’t Be Fooled Again », « Runaway » et « Fade Away » accompagné du violon de Tina Guo. La Britannique s’autorise aussi une reprise d’Eurythmics avec Dave Stewart (« Missionary Man »). Et JOANNE SHAW TAYLOR reste brillante sur des morceaux plus Blues Rock comme « Then There’s You » et « Figure It Out » avec Carmen Vandenberg. Très convaincante !
Sur un rythme régulier, les Montpelliérains mènent leur carrière sur un train d’enfer. Sept albums en un plus de dix ans et une créativité toujours très prolifique font du quintet l’une des valeurs sûres hexagonales. Son Blues Rock musclé, doublé d’un Classic Rock efficace, fait encore et toujours des merveilles sur « 7 », un nouvel album enlevé et marqué aussi par la performance claire et puissante de sa chanteuse. Entretien avec Laurent Galichon, principal compositeur et guitariste de RED BEANS & PEPPER SAUCE.
– Vous venez de sortie « 7 » qui, comme son nom l’indique, est votre septième album en un peu plus de dix ans. C’est un rythme très soutenu, si on compte en plus les tournées. Comment faites-vous pour être aussi créatifs ?
Personnellement, dès que j’ai une idée, j’essaye de l’enregistrer, que ce soit en chantant dans mon smartphone, ou en jouant de la guitare si je l’ai sous la main. J’archive tout ça et ça me sert de boite à idées, quand il est temps d’écrire de nouveaux morceaux. Après, c’est sûr qu’on a aussi un rythme de travail très soutenu.
– Avec le nombre de concerts que vous donnez, on aurait pu imaginer que « 7 » soit le fruit de longues jams. Or, l’album est très écrit avec des compositions très efficaces. On a presque l’impression que vous gommez le superflu pour n’en garder que l’essentiel, et sans perdre en feeling. C’est votre façon de procéder ?
En fait, on compose à distance, on ne joue pas tous ensemble dans la même pièce. Je commence en général par envoyer aux autres musiciens une maquette, où j’ai joué tous les instruments. Niko intervient en premier sur la batterie, ce qui permet de poser les fondations du morceau et de retravailler les structures. Ensuite, Serge et Pierro ajoutent leurs idées, puis Jessyka travaille le chant à partir des textes et des mélodies que j’ai pu chanter ou jouer à la guitare. On s’envoie de très nombreux fichiers pendant des mois avant d’arriver aux versions définitives. L’avantage de cette méthode, par opposition au travail classique en studio, c’est qu’elle permet aux musiciens de tenter plein de choses, de laisser reposer les idées et de ne garder que le meilleur, le tout sans être dans l’urgence du studio, ni dans les tensions que cela peut engendrer.
– Avant de parler de l’album, vous œuvrez toujours dans un registre entre un Classic Rock racé et un Heavy Blues très Soul. Si on était dans les années 70, dans quel style auriez-vous versé : plutôt Rock/Hard ou Blues nerveux ?
C’est difficile de dire ce qu’on aurait fait dans les 70’s. Parce que ce reviendrait à gommer tout ce qui a pu nous influencer dans les 40 années suivantes. Même si nos bases se situées fins 60’s-début 70’s avec Led Zep, Purple, Hendrix, etc, on a forcément été influencé par ce qui s’est passé après, de Dire Straits à Police en passant par Queen, AC/DC, la vague Rock des 90’s des Nirvana, Soundgarden, la fusion des Red Hot, de RATM, l’Electro Pop de Bjork, etc… Le seul truc dont on peut être sûr, c’est que le blues aurait fait partie de l’histoire. Du blues nerveux, du Hard Blues, du Heavy Blues, on peut y donner le nom qu’on veut, mais pour moi ça revient au même.
– Sur « 7 », vous évoluez toujours en quintet et pourtant pour les compositions, c’est un travail en binôme entre Jessyka Aké et toi. C’est votre manière de gagner en concentration, ou c’est plus simplement la marque de fabrique et la façon de faire du groupe ?
C’est simplement que je propose au groupe des maquettes avec tous les instruments et la mélodie, ce qui fait de moi le compositeur. Ensuite, chacun apporte sa façon de jouer, son instrument. C’est plutôt du travail d’arrangement, car la mélodie, les accords, les riffs et les structures sont déjà là. Parfois la mélodie n’est écrite qu’en partie, voire pas du tout, et dans ces cas-là, Jessyka intervient dans le travail de composition.
– « 7 » est scindé en deux parties, l’une enregistrée chez vous à Montpellier, les ‘Rythm Design Sessions’ et l’autre aux Studios Rockfield au Pays de Galles, sur laquelle on reviendra. La plupart de vos enregistrements a été réalisée au Rythm Design Studio avec votre batteur Niko Sarran. C’est une belle preuve de fidélité et de confiance. Est-ce parce qu’il connait particulièrement bien votre son et donc vos attentes, que c’est très pratique aussi ou parce que d’autres opportunités ne se sont tout simplement pas présentées ?
Niko est un fantastique producteur d’album, c’est lui qui a amené ce son au groupe et cette méthode de travail. Comme il est également le batteur, son travail sur la production s’enclenche dès qu’il commence à imaginer les parties de batterie. C’est donc à lui que j’envoie les maquettes en premier, car la production est pensée dès le début. Et si on décide d’aller dans d’autres studios, il reste malgré tout celui qui travaille sur la production, c’est lui qui sculpte le son.
– Pour la seconde partie, vous êtes donc allés aux légendaires Rockfield Studios au Pays de Galles, là où Black Sabbath, Queen et Led Zeppelin ont laissé leur empreinte. C’était un désir, voire un rêve, que vous nourrissiez depuis longtemps ?
En fait, un peu avant de commencer à travailler sur ce quatrième album que Niko allait produire pour le groupe, on cherchait comment lui donner une couleur différente. Les documentaires de Dave Grohl sur les studios les plus mythiques des USA (‘Sonic Highways’) nous avaient donné cette envie de visiter des studios légendaires, avec une histoire. Et puis, pendant nos réflexions, c’est un autre documentaire, « Le Rock est dans le pré », qui nous a fait découvrir ces studios avec leur histoire assez dingue. On a tout de suite flashé et eu envie d’aller s’isoler quelques jours dans cette ferme de la campagne galloise. Le fait que des artistes qu’on aime y soit passés avant nous donne une dimension incroyable à ce voyage. Pour des amateurs de musique, c’est comme un pèlerinage dans un lieu historique.
– D’ailleurs, vous y faites un beau clin d’œil à Led Zeppelin avec cette superbe reprise de « Rock’n’Roll » dans un esprit très Blues et Soul, et sur un tempo lent et doux. Comment est venue l’idée d’aborder ce standard avec cette approche très délicate par rapport à l’original, qui est très musclé ?
On a tendance à penser que quand on fait une cover, il faut s’éloigner de l’original, sinon ça présente peu d’intérêt. Après, on est partie du principe que comme Led Zep avait fait ce titre pour rendre hommages à ses idoles des années Rock’n’Roll, on allait remonter encore un peu plus dans le temps à le ramenant aux fondateurs du Blues. Alors évidement, Led Zep n’a pas joué ce titre comme l’aurait fait un Little Richard, mais il s’en est inspiré pour le faire à sa façon. On en a fait de même, on n’essaye pas de jouer comme l’aurait fait Muddy Waters, on s’en inspire et on l’a fait à notre sauce.
– Au niveau du son aussi et de la production, on vous découvre sous un angle nouveau avec trois morceaux plus ronds et aussi plus feutrés. Est-ce que vous avez travaillé différemment ces titres, sachant qu’ils seraient enregistrés aux Rockfield ?
Le processus de composition est resté le même, mais c’est la méthode d’enregistrement qui est complètement différente. Dans ce studio qui baigne dans son jus depuis les 70’s avec du matériel vintage, comme la légendaire table de mixage Neve de 74, on a voulu enregistrer dans les mêmes conditions, ou presque, qu’à l’époque c’est-à-dire en jouant ‘live’ tous ensemble. Ensuite, en post-production, Niko a souhaité conserver cette patine vintage. On a d’ailleurs utilisé pour les réverbes les fameuses rooms du Rockfield. Des pièces vides et hermétiques à l’acoustique travaillée, où on envoie du son via un haut-parleur et qu’on enregistre avec des micros dans la pièce. Entre ça, la Neve, les préampli vintage et les vieux micros, on obtient forcément quelque chose de plus ancien, de plus rond et c’est exactement ce qu’on voulait faire. D’où le fait qu’il y ait deux CD pour bien mettre en valeur ce contraste entre la prod’ moderne et puissante du Rythm Studio et la chaleur vintage du Rockfield.
– Est-ce cette expérience galloise vous a donné des idées ? Comme d’y retourner, par exemple ? Et enfin, pourquoi ne pas avoir enregistré l’ensemble de l’album là-bas ?
Je pense qu’on aurait tous envie d’y retourner et d’y rester plus longtemps. La campagne galloise est apaisante et inspirante. Et puis, c’est vraiment chouette de dormir sur place, c’est très confort et on est focus sur la musique. Mais ça reste un sacré budget pour un groupe autoproduit. Il va nous falloir trouver un mécène !
L’album, « 7 », de RED BEANS & PEPPER SAUCE est disponible depuis le 20 septembre chez Crossroads / Socadisc.
Le Blues et le Rock chevillés au corps, Suzy Starlite et Simon Campbell forment un incroyable duo à la ville comme à la scène. Et la scène, il en est justement question sur « Live ! 2 », qui parait moins de trois mois après un premier volume renversant. STARLITE CAMPBELL BAND réinvente les morceaux de ses deux albums studio en concert avec une fraîcheur étonnante.
STARLITE CAMPBELL BAND
« Live! 2 »
(Independant)
Non content d’avoir sorti un premier album live fin juillet, le duo anglais livre la suite avec ce « Live ! 2 » tout aussi bon et enivrant. Le STARLITE CAMPBELL BAND est véritablement un groupe de scène et cela transpire encore sur ces nouvelles versions. Enregistrée sur la même série de concerts donnés en Angleterre, cette deuxième partie met en lumière les musiciens déjà présents et une fougue intacte.
Puisant dans le Blues américain et conservant tout de même un touche très british, STARLITE CAMPBELL BAND a élaboré un style passionné au groove imparable. On a beau connaître leurs deux disques studio, les morceaux captés en live ont une toute autre saveur. Authentiques, Suzy Starlite et son mari Simon Campbell laissent parler leur feeling sur une technique sans faille et virtuose.
En ouvrant avec « I Like It Like That » suivi de « Walkin’ Out The Door », le duo délivre une énergie qui ne le quitte pas tout au long de « Live ! 2 ». Les superbes accords de l’orgue Hammond accompagnent brillamment une rythmique vibrante pour offrir à l’ensemble une vitalité que les riffs et les solos de guitare rendent addictive (« Still Got Time To Be My Baby », « Hot As Hell », « Sex Is The Sky »). Une prestation éblouissante.
Retrouvez l’interview du groupe accordée à Rock’n Force :
Entièrement produit par ses soins, ce nouvel opus d’ERJA LYYTINEN scintille littéralement grâce à un jeu libre, fin, sauvage et inspiré. La Blueswoman finlandaise montre sur ce magnifique « Waiting For The Daylight » tout l’éventail de son grand talent, que ce soit à la guitare ou au chant. Puissant et très délicat, ce nouvel album confirme, s’il en était besoin, sa grande qualité d’interprétation et son inspiration.
ERJA LYYTINEN
« Waiting For The Daylight »
(Tuohi Records)
Récompensée d’un European Blues Award en 2017, ERJA LYYTINEN semble avoir entamé un nouveau chapitre de sa carrière. Déjà visible sur l’album « Another World » (2019) puis sur son « Lockdown Live 2020 », cette distinction prestigieuse a littéralement donné des ailes à la Finlandaise et est venue renforcer une maturité artistique évidente. Avec « Waiting For The Daylight », son douzième opus, la chanteuse et guitariste rayonne grâce à un jeu étincelant.
Enregistré dans sa ville natale d’Helsinki, ERJA LYYTINEN a tenu à peaufiner et à éprouver ses nouveaux morceaux lors de nombreuses répétitions avec son groupe. Composé de Liro Laitinen (batterie), Tatu Back (basse) et Harri Taittonen (claviers), le quatuor est parvenu à donner un aspect live incroyable et le défi que la songwriter s’était donné est relevé haut la main. Les musiciens sont parfaitement affûtés et la chanteuse a tout le loisir de laisser parler sa guitare.
Derrière une apparente douceur, la Scandinave est une redoutable six-cordiste et elle livre un nombre incroyable de riffs soutenus et groovy. Le style d’ERJA LYYTINEN s’articule autour de belles mélodies et surtout d’une série de solos, de chorus et de parties de slide imparables. Dans un Blues Rock très actuel, elle grandit sur des chansons intenses et pleines d’émotion (« Bad Seed », « Last Girl », « Diamonds On The Road », « Love Bites », « The End Of Music »). Déjà incontournable.
Certes, on ne présente plus BUDDY GUY. Pourtant les décennies défilent et le guitariste et chanteur continue de surprendre et d’émerveiller son auditoire à chaque album. Sur « The Blues Don’t Lie », l’Américain rassemble pas moins de 16 nouveaux morceaux, dont l’authenticité, la sincérité et le groove restent la marque de fabrique de ce géant du Blues.
BUDDY GUY
« The Blues Don’t Lie »
(Silvertone/RCA/Sony Music)
En arrivant à Chicago en train en provenance de Baton Rouge, Louisiane, il y a précisément 65 ans, BUDDY GUY avait la ferme intention de se faire un nom dans le monde du Blues. Et c’est un doux euphémisme de dire qu’il y soit parvenu mais qu’en plus, il demeure l’une des dernières légendes encore en vie. Mieux encore, l’énergie et la créativité qui le guident sont un modèle du genre et toujours une inspiration pour de très nombreux bluesmen.
Du haut de ses 86 printemps, BUDDY GUY conserve un jeu et un enthousiasme de jeune homme. L’artiste aux huit Grammy Awards livre son 34ème album, quatre ans après « The Blues Is Alive And Well », lui aussi récompensé. Composé de 16 morceaux pour une belle heure de musique, « The Blues Don’t Lie » célèbre sa passion pour ce style unique auquel il a tant apporté. Et loin de se reposer sur de légitimes lauriers, son feeling reste incroyable.
Si le guitariste y clame son indéfectible amour pour le Blues, c’est aussi l’occasion de mettre en lumière de longues amitiés, qui viennent irradier « The Blues Don’t Lie ». Excellemment produit pat le batteur et compositeur Tom Hambridge, l’album accueille Mavis Staples, James Taylor, Elvis Costello, Jason Isbell, Bobby Rush et les claviers de Reese Wynans sur l’ensemble des 16 titres. BUDDY GUY est rayonnant et offre une véritable masterclass.
Splendeur et incandescence, ce sont en ces termes que l’on pourrait résumer ce nouvel album de SUPERDOWNHOME. Le malicieux et très complice binôme transalpin passe à la vitesse supérieure et, s’il s’affirme de plus en plus musicalement, il a aussi convié quelques pointures à la fête. Racines Blues, énergie Rock déjantée : le charme opère et l’objectif d’une belle communion est atteint. Et l’incendie se propage à vive allure sur « Blues Pyromaniacs ».
SUPERDOWNHOME
« Blues Pyromaniacs »
(Dixiefrog/Pias)
Comme beaucoup, j’ai découvert ce sulfureux duo italien à la faveur de la très bonne compilation « No Balls, No Blues Chips » parue en 2020 chez Dixiefrog. Une fois encore, le label français a eu le nez creux, puisque « Blues Pyromaniacs » va encore plus loin dans l’exploration de ce Blues Rock rugueux et brut de décoffrage à l’œuvre chez SUPERDOWNHOME. Et du changement, il y en a encore sur ce nouvel album haut en couleurs et plein de surprises.
L’évolution majeure chez ces dandys ruraux est la présence à la production et à leurs côtés du grand Anders Osborne, qu’ils sont allés chercher jusqu’en Nouvelle Orléans. Et « Blues Pyromaniacs » a pris beaucoup de volume d’autant que l’Américain y joue de la guitare et de la basse sur un grand nombre de morceaux, tous de SUPERDOWNHOME, hormis « Don’t Bring Me Down » d’Electric Light Orchestra et « New York City » de John Lennon, qui a enfin de l’allure.
Beppe Facchetti et Enrique Sauda s’éclatent vraiment sur les 14 titres de ce bel opus, à l’instar de Mike Zito, Bombino et Andy J. Forest venus participer à cet atoll de joie et de bonne humeur (« Motorway Son », « Ambition Craze », « A Wandering Wino », « Vacuity Blues »). SUPERDOWNHOME a même complété son jeu avec des cuivres, de l’harmonica et de l’orgue pour plus de relief (« Disaster Moon ») et le résultat est phénoménal. L’Italie a le Blues et ça lui va carrément bien !
Grâce à son producteur Dave Marks, qui a notamment travaillé avec Hans Zimmer, et à la grande qualité des studios Dulcitone en Angleterre, le talent de TROY REDFERN éclabousse littéralement « The Wings Of Salvation », par ailleurs masterisé aux Studios d’Abbey Road. La fougue des riffs, la folie de sa technique du slide et un chant plus assuré que jamais font du songwriter britannique l’une des pépites du Blues Rock nerveux actuel.
TROY REDFERN
« The Wings Of Salvation »
(Red7 Records)
Musicien plus que prolifique, TROY REDFERN sort son septième album en l’espace d’un peu plus de deux ans. Déjà éblouissant sur « The Fire Cosmic ! », l’Anglais remet ça avec « The Wings Of Salvation » qu’il a composé et entièrement enregistré en moins de cinq semaines. Pourtant, cet homme de tous les records montre sur ce nouvel opus une fraîcheur incroyable que l’on doit aussi à une instantanéité étonnante.
Ayant grandi en écoutant les artistes marquants du Rock et du Blues des années 70 et 80, TROY REDFERN possède une singulière touche vintage aussi chaleureuse que musclée. Doté d’un jeu à l’énergie explosive, le songwriter évolue dans un Blues Rock solide où quelques touches de Hard Rock viennent côtoyer un Southern Rock endiablé dans lequel la guitare donne le ton et tient le premier rôle.
Grand joueur de slide, le Britannique va à l’essentiel, mais sans négliger les détails, dans une certaine urgence et avec beaucoup de spontanéité, sa marque de fabrique. Gonflé à bloc, TROY REDFERN est aussi redoutable au chant qu’à la guitare et dégage un groove permanent (« Gasoline », « Sweet Carolina », « Come On », « Dark Religion »). Et avec cette nouvelle réalisation, il se hisse parmi les meilleurs du genre.
Une fois n’est pas coutume, et je veille au grain, découvrez le clip du morceau « Sweet Carolina » :
Menant déjà une remarquable carrière avec son groupe Wet Willie, ainsi qu’en solo depuis 1980, JIMMY HALL vient poser une splendide pierre à son bel édifice. Avec « Ready Now » et une signature récente chez KTBA Records, le chanteur et harmoniciste américain semble presque prendre un nouveau départ, et ça lui va franchement bien.
JIMMY HALL
« Ready Now »
(KTBA Records)
Après un peu plus de deux ans d’existence, le label de Joe Bonamassa est déjà en phase de devenir incontournable dans le monde du Blues. Avec un tel catalogue, KTBA Records fait un démarrage en trombe et l’arrivée du légendaire JIMMY HALL vient conforter les ambitions de l’homme au costume, et surtout la qualité des artistes semble chaque fois élever un peu plus le niveau.
Pour son nouvel album depuis 2007 (« Build Your Own Fire »), le chanteur et harmoniciste du célèbre groupe de Southern Rock d’Alabama Wet Willie s’est entouré d’autres cadors du genre. Reese Wynans (claviers), Michael Rhodes (basse) et Greg Morrow (batterie) forment le noyau dur du groupe autour d’un JIMMY HALL radieux tant vocalement qu’avec son harmonica, dont il reste un joueur hors-norme.
En co-signant cinq titres, Joe Bonamassa s’est mis au service du musicien et livre aussi quelques solos où sa virtuosité sert un feeling intarissable. D’autres grands guitaristes ne sont pas en reste, puisqu’on retrouve Warren Hayes sur « Ready Now » et Jared James Nichols sur le sublime « Without Your Love ». JIMMY HALL est aussi à son aise sur du Blues classique, du Boogie que du Southern. Etincelant !