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Kalamity Kills : an explosive momentum [Interview]

Après avoir laissé une belle empreinte sur la scène Hard Rock américaine dans les années 90 avec son groupe Guardian, affilié à la scène chrétienne du genre, Jamie Rowe a disparu des radars un moment, avant de revenir avec un disque Country-Rock il y a quelques années. Mais sa passion pour le Hard Rock ne l’a jamais quitté et c’est en compagnie de Jamey Perrenot et d’un groupe complet qu’il fait aujourd’hui un retour explosif avec le premier album éponyme de KALAMITY KILLS. Cette fois, le frontman porte sa foi dans un Alternative Metal/Rock décapant entouré d’un groupe chevronné et de guests de renom. Entretien avec un artiste au regard lucide et déterminé.

– En préparant l’interview, je me suis replongé dans la discographie de Guardian et l’une des choses qui m’a étonné est que ta voix n’a pas bougé, s’est même consolidé et à gagner aussi en variations. Comment l’expliques-tu et cela te demande-t-il aussi un entretien particulier ?

Merci beaucoup ! Je ne peux vraiment pas expliquer pourquoi, mais j’ai fait de mon mieux pour préserver ce don que Dieu m’a fait. Je suis un peu plus âgé maintenant, donc ça peut être difficile de chanter les morceaux les plus aigus que j’ai enregistrés à 20 ans, mais j’y arrive bien. J’ai aussi récemment découvert l’impact de l’alimentation sur ma voix. Quand j’enregistre ou que je joue, j’essaie de jeûner avant, car ça semble réduire l’inflammation de mes cordes vocales.

– Pour rester un instant sur Guardian qui n’aura duré que le temps d’une belle décennie, ne nourris-tu pas quelques regrets, car c’est un groupe qui avait un potentiel énorme à l’époque ?

Non, je n’ai vraiment aucun regret. On a eu une belle carrière et on a encore aujourd’hui une base de fans fidèles. On était un groupe chrétien, mais on a toujours voulu être un groupe de Rock’n’Roll authentique. La musique était importante pour nous, tout comme le message. J’aurais parfois aimé qu’on ait plus de succès auprès du grand public, notamment avec les deux sorties chez  Sony, « Fire and Love » et « Miracle Mile », mais je ne peux pas me plaindre. On a parlé de se reformer pour enregistrer quelques nouveaux morceaux pour nos fans. Juste pour leur rendre la pareille. Mais je suis satisfait aujourd’hui créativement de KALAMITY KILLS.

– Ensuite, tu as participé à plusieurs projets jusqu’à sortir « This Is Home » en solo en 2019. Et il s’agit d’un album de Country Music. Certains ont du être surpris, non ? Pourquoi avoir pris ce virage surprenant par rapport à ton passé musical ?

Ah ! (Sourires) Oui, je me suis penché sur la Country pendant environ quatre ans. La Country moderne reprend beaucoup d’éléments du Hard Rock des années 80 que j’aimais. J’ai décidé de les intégrer aux chansons que j’écrivais et j’ai fait un album de Rock influencé par la Country. Je tiens également à préciser que j’avais pratiquement arrêté de faire de la musique, hormis l’écriture de quelques chansons à la maison, avant d’avoir l’occasion de faire cet album. C’était un bon départ pour moi, mais ma passion ultime, c’est le Hard Rock. Alors je suis revenu dans cette direction. Je dois aussi dire que c’est le fait d’avoir vu un clip de Rammstein au festival ‘Wacken Open Air’, qui m’a remis sur la voie. Je trouve que ce groupe fait une musique incroyable. Cela dit, je suis fier de « This Is Home », mais il est sorti en pleine pandémie mondiale, donc il n’a jamais vraiment eu l’occasion d’être entendu. Les gens avaient des préoccupations bien plus importantes.

– KALAMITY KILLS est aussi un nouveau virage, mais dans le sens inverse, puisqu’on te retrouve dans un registre plus familier. Tu avais besoin de renouer avec le Hard Rock et un Alternative Metal plus actuel ?

Comme je te le disais, c’est le fait de redécouvrir des groupes comme Rammstein, Rob Zombie, Disturbed et d’autres qui m’a redonné envie de faire du Hard Rock. J’ai tendance à écrire ce que je ressens et les chansons sont venues plus naturellement dans cette direction. Je pense que je maîtrise bien ce style et c’est aussi ce que j’aime écouter. J’ai une voix rauque qui ne demande qu’à se diffuser dans des chansons Rock.

– Depuis East Nashville, tu as donc fondé KALAMITY KILLS avec le guitariste et producteur Jamey Perrenot, qui a travaillé avec de grands noms de la Country Music surtout. Le groupe a beaucoup de caractère et montre beaucoup de force et d’authenticité. Quel était le projet initial entre vous deux ?

Jamey et moi nous sommes rencontrés lors d’un concert de Guardian en Argentine en 2007. On s’est bien entendus et on est devenu de bons amis. Il a même rejoint le groupe pour notre dernier album, « Almost Home ». On a également une belle alchimie musicale. Nous avions lancé un projet intitulé « The Lost Days Of Summer », mais on l’a laissé tomber, car je venais de me marier et ma vie était belle sans musique. J’étais aussi un peu découragé par le monde de la musique à l’époque. Mais comme tu peux le constater, je n’arrive pas à m’en défaire. Jamey a joué avec des pointures de la Country, mais c’est un disciple de Van Halen dans l’âme. L’authenticité est importante pour nous. Faire autre chose que ce qu’on a envie de faire à ce stade de notre vie n’a vraiment aucun sens. Qu’on nous aime ou qu’on nous déteste, c’est toujours ‘nous’.

– D’ailleurs c’est très surprenant, compte tenu de ta carrière, que tu aies effectué une campagne de financement participatif, via Kickstarter. Est-ce une question de méfiance vis-à-vis de l’industrie musicale actuelle à laquelle tu n’accordes peut-être plus ta confiance ? Et peut-être aussi un désir de totale liberté sur ta musique…

Je déteste l’industrie musicale à bien des égards, notamment ces derniers temps. Tant de supercheries, des faux streams aux faux abonnés… Au lieu de chercher et de développer des talents, elle a tendance à dénicher ceux qui font déjà un gros chiffre d’affaires sur TikTok et à les soutenir. C’est pourquoi on voit peu d’artistes plus anciens être signés. Kickstarter a été formidable : les gens disaient en gros : « On n’a pas entendu votre musique, mais on croit suffisamment en vous pour tenter notre chance ». Ces gens étaient notre maison de disques ! Jamey et moi avons créé PERO Recordings, notre propre label. Notre objectif est de trouver un bon partenaire de distribution et de marketing. Mais nous avons réussi à aller directement vers les gens… comme en témoigne d’ailleurs notre conversation ! (Sourires)

– Avant d’établir le line-up actuel, des musiciens de renom issus de Korn, 3 Doors Down, LA Guns, Conquer Divine et Underoath t’ont prêté main forte pour l’enregistrement. C’est un beau casting et un soutien incroyable. C’est aussi ce qui a permis à l’album de voir le jour plus facilement ?

C’était génial d’avoir des amis, nouveaux et anciens, qui participent à l’album et apportent leur talent. C’était aussi une façon de se démarquer dans un monde musical saturé. Nous avons fait appel à Ray Luzier sur de nombreux morceaux et il est devenu un proche du groupe. J’adore voir ses stories sur Instagram, où il voyage à travers le monde avec Korn en portant d’ailleurs souvent des t-shirts de KALAMITY KILLS sur ses photos. Aaron d’Underoath est quelqu’un que j’ai toujours admiré et le faire participer à une chanson touchante comme « Starry Skies (988) » était spécial, car son implication a permis à davantage de gens de comprendre le message de prévention du suicide. C’est quelque chose d’important pour nous tous. La musique de KALAMITY KILLS sera toujours celle de Perrenot et moi, mais si nous pouvons faire appel à des talents extérieurs au groupe pour la renforcer, nous sommes tous partants !

– Si l’album est brut et puissant, il contient aussi de nombreux éléments électroniques. Ils prennent d’ailleurs parfois beaucoup de place, mais les guitares viennent toujours empêcher la bascule. Ces arrangements assez synthétiques font-ils aussi partie intégrante de KALAMITY KILLS, même si le Rock reste la dominante ?

Personnellement, j’adore la programmation dans le Hard Rock… Les accents électroniques et indus seront toujours présents dans notre musique. Nous sommes avant tout un groupe de guitare, mais nous apprécions la dynamique que ces éléments apportent à nos chansons.

– Ce nouvel album est massif, incisif et surtout il s’inscrit dans un registre résolument moderne dans sa production comme dans l’écriture. Et au regard de tes dernières années musicales, on peut même le percevoir comme un nouveau départ. Est-ce aussi comme cela que tu le vois et l’envisages ?

Oui, c’est vraiment un nouveau départ. C’est un groupe vraiment libre et authentique, qui n’a pas beaucoup de règles à respecter, voire aucune. On veut juste sortir notre musique et trouver les gens qui l’apprécieront. C’est vraiment frais et très excitant. C’est pour cette raison que je n’ai pas utilisé Guardian comme élément d’accroche pour les médias, par exemple. J’ai laissé le groupe vivre sa propre vie. Et jusqu’ici, tout va bien ! (Sourires)

– Enfin, depuis Guardian, tu es affilié à la scène Metal/Rock chrétienne. As-tu toujours le sentiment d’en faire partie, car des chansons comme « Hellfire Honey » et « Sinners Welcome » pourraient être perçues avec un peu d’ambiguïté par certains ?

Je crois inconditionnellement en Christ. Mais d’autres personnes impliquées dans le groupe ont aussi leurs propres croyances. Même si j’ai passé une grande partie de ma vie dans ce milieu, je n’aime pas l’idée de ‘musique chrétienne’ de nos jours… Soyez juste honnête dans vos propos et appelez ça tout simplement de la musique. Comme j’ai la foi, cela se verra probablement d’une manière ou d’une autre, car cela fait partie de moi et de ma personnalité. Mais encore une fois, je veux juste faire de la musique et pas aller prêcher auprès de qui que ce soit.

L’album éponyme de KALAMITY KILLS est disponible sur le label du groupe, PERO Recordings, et toutes les plateformes.

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Metal Progressif

Green Carnation : black poetry

GREEN CARNATION reste l’une des plus surprenantes formations de Metal Progressif, alliant un côté mystérieux dans sa démarche avec une évidence artistique à travers ses réalisations. Et pour cette septième en studio, les Norvégiens étonnent encore avec la création en cours d’une trilogie, dont voici la première partie. « The Shores Of Melancholia » acte donc l’entrée en matière de « A Dark Poem », dont les prochains volumes vont nécessiter un peu de patience de la part des fans.

GREEN CARNATION

« A Dark Poem, Part I – The Shores Of Melancholia »

(Season Of Mist)

Sorte d’électron libre de la scène Metal progressive, les Scandinaves semblent presque cultiver cette particularité avec, pour commencer, un deuxième album qui fait encore parler près de 20 ans après sa sortie. En effet, avec « Light Of Day, Day Of Darkness » sorti en 2001 et constitué d’un seul morceau long d’une heure, GREEN CARNATION avait ébloui un microcosme qui s’est ensuite agrandi. En sommeil entre 2006 et 2020, le revoici avec un nouvel opus encore une fois à la hauteur de sa créativité, et qui marque aussi le début d’une trilogie : « A Dark Poem ».

Ce n’est sans doute pas anodin si le groupe renoue avec l’aspect conceptuel de sa musique, elle qui a toujours été marquée par une sorte d’avant-gardisme. Forcément très narratif dans son déroulé et particulièrement émotionnel dans les mélodies, « The Shores Of Melancholia » s’annonce comme un projet ambitieux, certes, et GREEN CARNATION vient de poser de solides fondations, qui laissent prévoir deux autres volets tout aussi exaltants. Par ailleurs, le niveau de jeu et la production ne laissent que peu de place au doute. L’ensemble est irréprochable.

Musicalement, le registre du sextet est toujours aussi fin et élaboré, incisif et tranchant, et le côté massif et très souvent étincelant ressort sur chacun des six titres, dont la durée explose aussi les standards habituels. Et si le propos est sombre, certains passages sont d’une incroyable luminosité, portée par le chant captivant de Kjetil Nordhus. Les compositions de Stein Roger Sordal (basse) sont d’une extrême précision et dotées d’arrangements délicats. On notera aussi la présence vocale de Grutle Kjellson d’Enslaved sur « The Slave That You Are ». Monumental.

Photo : Lars Gunnar Liestøl

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Doom Post-Metal Sludge

Coltaine : un flot d’émotion

Il y a quelque chose d’inaccessible dans la musique de COLTAINE. Si une certaine tristesse domine, elle est aussi le moteur de l’imagination débordante des Allemands. Porté par le magnétisme de la voix de sa chanteuse, ce deuxième effort apporte beaucoup de certitudes sur l’art du dépassement, qui tangue dans le bercement d’un post-Metal qui pousse le Doom et le Sludge dans leurs derniers retranchements. « Brandung » emprunte des courants et des flux, qui débouchent sur une singularité assez rare. Une odyssée captivante.

COLTAINE

« Brandung »

(Lay Bare Recordings)

Fondé en 2022 dans les profondeurs de la Forêt Noire, un lieu à l’univers brumeux a priori mystique, COLTAINE semblait dès le départ avoir beaucoup de choses à dire. En effet, un an après son premier album, « Forgotten Ways », le revoici avec « Brandung » et toujours aussi inspiré. Dans un registre très personnel, le quatuor est guidé par une profonde mélancolie et celle-ci lui permet de transcender les genres. Si l’on considère le post-Doom Metal comme sa base, les volées post-Rock et les fulgurances Sludge et Blackgaze sont aussi très présentes.

Pourtant, tout l’attrait de COLTAINE réside dans sa diversité plus que dans sa complexité. Le jeu du groupe est direct et organique, loin de toutes fioritures mais aux arrangements soignés. Quittant leur dense forêt pour axer « Brandung » sur le concept de l’océan, la formation allemande s’approprie un autre monde, tout aussi captif et impénétrable, celui de la mer, de sa houle et de ses vagues submersives. Et dès l’intro, « Tiefe Wasser », en forme de comptine, on quitte la surface pour des abysses musicaux captivants.

Julia Frasch (chant), Moritz Berg (guitare), Benedikt Berg (basse) et Amin Bouzeghaia (batterie) nous plongent dans une immersion ténébreuse à travers des atmosphères prenantes et des reliefs sonores d’une grande variété. Les riffs incisifs, la rythmique polymorphe et le chant aérien de sa frontwoman font de COLTAINE une entité hors-norme, dont la créativité défie les genres (« Keep Me Down In The Deep », « Wirbelwind », « Maelstrom », « Brandung », « Solar Veil »). Un dépaysement affrontant le Metal avec talent.

Photo : Daniel Kilgus

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Metal Indus

Treponem Pal : leader of the game

Quelques mois seulement après l’EP « Life Inside » (inclus avec le disque) composé de reprises et d’un inédit co-écrit avec Marc Varez (Vulcain), chez qui « World Citizens » a été en partie enregistré, les pionniers du Metal Indus français sortent le grand jeu sur cette nouvelle réalisation. Tel le point d’orgue d’une carrière longue de plus de 35 ans, elle caractérise la constance artistique de TREPONEM PAL, articulée autour de riffs tranchants, de basses lourdes, de rythmiques enivrantes, d’envolées Dub subtiles et d’un chant qui prend toujours plus de hauteur pour mieux fondre sur des titres compacts et actuels.

TREPONEM PAL

« World Citizens »

(At(H)Ome)

Synthétiser son histoire pour mieux se projeter dans l’avenir, c’est en quelque sorte le credo de TREPONEM PAL qui se meut ici en collectif, comme un clin d’œil au titre de ce nouveau chapitre. A l’instar du retour du guitariste originel Laurent Bizet sur le précédent « Screamers » il y a deux ans, la formation acte aussi celui d’Amadou Sall comme ingé-son, lui qui fut de l’aventure du cultissime « Excess & Overdrive » en 1993. Tout est donc en ordre de marche et « World Citizens » atteint de nouveaux sommets, sans jamais se perdre.

Explosif et affûté, TREPONEM PAL entretient et peaufine le groove vibratoire à l’œuvre depuis « Higher » notamment. Moderne et intemporel, son Metal Indus ne ressemble à aucun autre, si ce n’est par flagrances où l’on se rappelle au bon souvenir des Young Gods et Killing Joke. Des références qui font partie de son ADN, et qui n’empiète pas sur l’identité inamovible du septet qui ne cesse de se réinventer au fil des albums. En gardien du temple, Marco Neves invective, déclame et rassemble avec une créativité parolière percutante.

Avec la fluidité et l’énergie des premiers jours, TREPONEM PAL traverse le temps avec le talent de ceux qui savent se renouveler sans jamais se répéter. En précurseur, il se joue des courants libérant Metal, Funk urbain ou Electro Punk avec un savoir-faire rare et unique. Les guitares se répondent sans se télescoper, les tempos sont vite hypnotiques et les samples deviennent envahissants pour se faire stimulants (« Humble Like A Lion », « Punk Phenomena », « Holy Money », « Mind Control », « We Are One », « False Leader »). Magistral !

Photo : Muriel Delepont

Retrouvez l’interview du frontman Marco Neves à l’occasion de la sortie de « Screamers » :

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International Symphonic Metal

Blackbriar : une ode au romantisme [Interview]

Loin des frasques habituelles inhérentes au Metal Symphonique, la formation hollandaise présente depuis ses débuts en 2012 un registre aéré et presque flottant. Si les arrangements et les orchestrations ont très présentes, ils n’écrasent pas les mélodies et, au contraire, évoluent dans un équilibre parfait entre des voix fortes et multiples et des parties instrumentales entièrement à son service. Porté par une frontwoman au chant puissant et délicat à la fois, BLACKBRIAR signe un troisième album très abouti, qui nous entraîne dans un Metal fait de romantisme, tout en restant véloce et percutant. Ses fondateurs, Zora Cock (chant) et René Boxem (batterie) nous parlent de ces deux dernières années et de la conception de « A Thousand Little Deaths », un nouvel opus qui vient brillamment enrichir sa discographie.

– Lors de notre dernière interview il y a deux ans à l’occasion de la sortie de « A Dark Euphony », vous confirmiez avoir pris une nouvelle dimension artistique avec cet album. Sur cette belle lancée, on peut voir « A Thousand Little Deaths » comme son successeur et une suite assez logique. Est-ce dans cette perspective que vous l’avez imaginé et composé ?

Zora : Pour « A Thousand Little Deaths », nous n’avons pas suivi de plan fixe. J’ai accueilli tout ce qui m’inspirait sur le moment et je l’ai suivi, en étant créative quel que soit le résultat. J’aime travailler comme ça. Si je fais des plans, ou si je me dis que je veux que quelque chose soit d’une certaine manière à l’avance, je suis généralement bloquée assez facilement. Nous pensons que cet album est un digne successeur de nos précédents travaux. Rester fidèles à nous-mêmes est important pour nous, et nous avons construit cet univers BLACKBRIAR que nous aimons explorer. Nous n’avons pas ressenti le besoin de nous en éloigner, car c’est là que nous nous sentons chez nous créativement. En même temps, j’ai l’impression qu’il y a une croissance naturelle en nous et nous avons creusé encore plus profondément dans tous les détails.

– Sur ce nouvel album, vous appuyez sur vos points forts, à savoir un grand sens de la narration et des paysages sonores très cinématographiques. De quelle manière avez-vous élaboré ces nouveaux morceaux, car vous êtes aussi retournés dans le manoir où vous aviez tourné le clip de « Until Eternity Ends ». C’est un lieu propice à l’inspiration pour vous ?

Zora : D’habitude, on écrit nos chansons à deux, René et moi. On voulait faire un peu différemment cette fois-ci, et comme René bloquait sur une chanson, proposer un camp des auteurs m’est venu à l’esprit. J’ai eu l’idée romantique de retourner au manoir où nous avons tourné le clip d’« Until Eternity » et d’y passer quelques nuits avec tous les membres de BLACKBRIAR. C’est une magnifique maison du XIXème siècle avec toute sa décoration. Je suis passionnée par l’époque victorienne et l’Histoire en général, donc ça m’a vraiment mis dans l’ambiance idéale pour travailler sur notre nouvel album. La chanson sur laquelle on a le plus travaillé pendant notre séjour était « The Hermit and the Lover », qui tient une place importante dans mon cœur grâce aussi à ces souvenirs.

– Justement, vous restez fidèles à un univers musical axé sur les contes de fées sombres et gothiques, qui vous distinguent vraiment du reste de la scène symphonique. Entre ambiances macabres et Fantasy, il émane un certain romantisme que l’on retrouve dans la littérature romantique du XIXème siècle notamment. Est-ce aussi pour vous une certaine quête d’intemporalité, au moins dans le propos ?

Zora : Merci ! Mon amour pour le romantisme, la littérature et le folklore du XIXème siècle m’inspire beaucoup lorsque j’écris des chansons. Pour cet album en particulier, je me suis beaucoup inspirée de la poésie d’Emily Dickinson. Je ne dirais pas qu’il s’agit d’une quête délibérée d’intemporalité, mais plutôt d’une conséquence naturelle de mes centres d’intérêt, de mes muses et de ce qui captive mon imagination à un moment précis.

– BLACKBRIAR a aussi la particularité de présenter un registre très équilibré, alors que certains penchent soit sur le côté lyrique, soit sur l’aspect plus Metal. Est-ce une chose sur laquelle vous êtes très attentifs au moment de l’écriture ?

Zora : Les paroles sont très importantes pour moi, j’oserais même dire la partie la plus importante, peut-être. Notre processus d’écriture commence toujours par là. Ensuite, René prend mes paroles et mes mélodies et construit la musique autour, façonnant les éléments Metal, l’atmosphère et le son global. Je pense que l’équilibre que vous entendez est simplement le résultat naturel de la collaboration de deux personnes, chacune apportant des forces différentes et se concentrant sur les aspects qu’elle apprécie le plus.

– « A Thousand Little Deaths » est également votre album le plus riche musicalement, notamment au niveau des arrangements comme de l’utilisation du spectre sonore, car vous êtes tout de même six dans le groupe. Est-ce que le fait de travailler depuis vos débuts avec votre producteur Joost van den Broek vous aide dans ce sens ? Peut-être pour canaliser votre énergie créative ?

René : Joost nous accompagne depuis notre deuxième EP, « We’d Rather Burn », et au fil des années, nous avons énormément appris de lui, de l’écriture à la création d’atmosphères musicales, en passant par les arrangements et l’orchestration. Travailler avec Joost a eu une énorme influence sur nous, nous aidant à progresser en tant qu’auteurs-compositeurs et à tirer le meilleur de nous-mêmes et de notre processus d’écriture. Je me souviens très bien de la première fois où nous lui avons présenté notre musique. Nous étions arrivés avec la batterie, les guitares, la basse et, bien sûr, le chant de Zora. Mais de manière très basique, sans grand-chose d’autre en termes d’atmosphère ou d’orchestration dans ces premières versions. Aujourd’hui, des années plus tard, après d’innombrables séances avec lui, nous avons appris à approfondir nos chansons. Il nous a essentiellement appris à donner le meilleur de nous-mêmes. Désormais, nous arrivons avec quelque chose qui sonne déjà bien plus proche du son BLACKBRIAR que nous connaissons tous, et c’est grâce à cela que Joost peut aller encore plus loin.

– Là où de nombreux groupes de Metal Symphonique proposent des morceaux assez longs, ce n’est pas votre cas, alors que votre style est très narratif et pourrait s’y prêter. Est-ce un désir d’aller à l’essentiel, tout en maintenant un certain rythme et de la percussion ?

René : Nous nous efforçons d’écrire des chansons fluides et qui s’accordent parfaitement avec la narration de Zora. Je comprends que l’on puisse donner l’impression d’aller droit au but, mais ce n’est pas du tout le cas, ni ce qui, à mon avis, fait la qualité d’une chanson. Personnellement, j’aime tout simplement une chanson qui s’oriente davantage vers une structure Pop, en permettant d’avoir les moments les plus aigus et les plus graves aussi proches que possible. Dans notre cas, cela crée parfois un contraste très agréable, où l’on peut passer du sommet de la chanson à un paysage sonore très silencieux et prémonitoire qui transporte vraiment nos auditeurs dans un autre monde en un laps de temps relativement court.

– Depuis vos débuts, vos compositions s’articlent autour de ta voix,  Zora, et tu proposes aussi les lignes vocales et en partie les mélodies. De quelle manière travaillez-vous ensemble, car le plus souvent c’est le riff qui conduit l’écriture d’une chanson, non ?

Zora : On a développé ensemble un processus d’écriture qui nous convient parfaitement. Je commence toujours par les paroles, la base de l’histoire. Une fois que je pense que c’est terminé, je me mets au micro et je commence à chanter des mélodies possibles avec ces paroles, en voyant ce qui me vient à l’esprit. J’enregistre ces mélodies a cappella, j’ajoute une note de piano comme référence pour rester dans la tonalité et je décide du tempo de la chanson. Souvent, j’enregistre aussi des harmonies et des couches vocales supplémentaires à ce stade. Une fois que c’est fait, j’envoie le tout à René, qui construit la musique autour de ma voix. Donc, dans notre cas, ce sont généralement les idées vocales et lyriques qui donnent la direction, plutôt que de commencer par un riff.

– Pour ce nouvel album, vous avez de nouveau fait appel à vos fans pour les précommandes. C’est une démarche qui peut paraître assez étonnante compte tenu que vous êtes chez Nuclear Blast, qui est un label de Metal parmi les plus importants. Outre l’envie de conserver cette connexion avec votre fan-base que l’on peut comprendre, cela peut interroger aussi sur l’industrie musicale. Quel est votre regard là-dessus ?

René : Cette approche ne serait surprenante, ou déroutante, que pour ceux qui ne nous connaissent pas encore. Etre signés sur un grand label comme Nuclear Blast ne signifie pas que nous devons tourner le dos à nos fans, et encore moins que nous n’avons plus à assumer notre part de responsabilité. Etre capable de produire un album, ou de garder nos fans au plus près, est un poids que nous partageons avec le label. Notre collaboration est incroyable et fructueuse, et nous nous complétons parfaitement. En tant que groupe indépendant, c’est ce que nous avions prévu, c’est exactement comme ça que nous avons imaginé notre parcours avec un label comme Nuclear Blast à nos côtés. Respecter les souhaits de chacun et travailler ensemble, en harmonie, sur l’aventure de BLACKBRIAR.

– J’aimerais aussi que l’on revienne sur l’année dernière, car 2024 a été très riche pour BLACKBRIAR. Vous avez tournée en Amérique du Nord avec Battle Beast, vous avez participé au ‘Wacken Open Air’ et vous avez aussi sorti le single « Moonflower » avec Marjana Semkina d’Iamthemorning. J’imagine que les émotions se sont succédé avec beaucoup d’intensité. Qu’en retenez-vous et est-ce que ce rythme assez soutenu vous a convenu ?

Zora : Je me souviens de 2024 comme d’une année incroyable pour nous, remplie de tant de moments particuliers. La sortie de « Moonflower » et la collaboration avec Marjana me tenaient particulièrement à cœur. Participer à la première tournée nord-américaine avec Battle Beast était un rêve devenu réalité et jouer au ‘Wacken Open Air’, un festival incontournable pour nous, était inoubliable. Pendant ce temps, nous étions également plongés dans l’écriture de « A Thousand Little Deaths » à travers divers ateliers. Je m’en souviens parfaitement, car tout ce n’est pas passé comme un rêve lointain et c’est ça qui est merveilleux, j’ai vraiment pu en profiter pleinement. Cela dit, vers la fin de l’année, après notre tournée européenne avec Kamelot, j’ai vraiment atteint mes limites. Je suis tombée très malade vers la fin de cette tournée, et une fois rentrée chez moi, il m’a fallu un temps incroyable pour me rétablir. Le temps que je me sente enfin à nouveau moi-même, il était déjà temps de filer directement en studio pour enregistrer l’album (Rires)

– Enfin, vous êtes aussi impressionnants au niveau des statistiques de streaming, ce qui a par ailleurs aussi bouleversé le monde de la musique ces dernières années. Est-ce que, dans un sens, cela vous oblige également à sortir un certain nombre de singles avant la sortie de l’album pour maintenir votre présence et une actualité sur les plateformes ?

René : Merci de votre attention ! Nous sommes très fiers de ces chiffres et tout le mérite en revient à nos auditeurs ! On ne nous impose rien et nous ne choisissons pas le nombre de singles dans le but d’obtenir plus de streams ou d’attention. Petite anecdote : nos singles nous apparaissent généralement clairement très tôt. Il y a une logique particulière. Si nous avons une excellente idée de clip, ce morceau deviendra très probablement un single, quelle que soit sa pertinence, son côté Pop ou son synchronisme pour le streaming. Nous sommes convaincus que si nous pouvons pleinement soutenir une chanson et son histoire avec des visuels qui représentent fidèlement ce que nous essayons de raconter, alors ce morceau deviendra un single pour nous.

Le nouvel album de BLACKBRIAR, « A Thousand Little Deaths », est disponible chez Nuclear Blast.

Retrouvez aussi la précédente interview du groupe :

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Alternative Metal

Three Days Grace : original flavor

Moins percutant qu’à ses débuts depuis quelques années maintenant, THREE DAYS GRACE avait fait une annonce forte en fin d’année dernière avec l’arrivée derrière le micro de son chanteur originel, également songwriter affûté. On attendait donc beaucoup de ce huitième opus. Force est de constater que les Canadiens, qui restent une institution mondiale de l’Alternative Metal, ont retrouvé cette inspiration instinctive et l’aspect massif de leur jeu avec cet « Alienation » ravageur et volontaire.

THREE DAYS GRACE

« Alienation »

(RCA Records)

Onze ans après son départ, Adam Gontier a réintégré en octobre dernier la formation qu’il avait lui-même fondé en 1997 après l’expérience Groundswell. Parti ensuite créer Saint Asonia, supergroupe qui a surtout connu un succès d’estime, et ayant aussi fait quelques featurings chez Apocalyptica et Art Of Dying, le chanteur, guitariste et compositeur marque un retour explosif. Car si Matt Walst (frère du bassiste Brad) a bien assuré l’intérim, et reste d’ailleurs au chant, la réapparition du leader de THREE DAYS GRACE fait du bien et atteste d’une vigueur reconquise.

Ayant donc laissé filer trois albums, le frontman apporte la fraîcheur et l’enthousiasme qui ont fait la marque de fabrique du quintet dans les années 2000. Et « Alienation », sa huitième réalisation, renoue avec cet Alternative Metal pêchu et mélodique, capable d’alterner les morceaux les plus agressifs avec des ballades poignantes ou des hits ultra-formatés. THREE DAYS GRACE souffle le chaud et le froid avec beaucoup d’habileté et d’assurance, quitte à distiller de-ci, de-là quelques couplets et refrains dégoulinant de guimauve. On ne se refait pas.

Le rapide échange parlé en intro du très bon « Dominate » confirme la joie des retrouvailles et l’énergie propulsée sur cette entame est plutôt de bon augure. Riffs puissants, chant au diapason et une rythmique qui bastonne, « Alienation » s’articule sur des thèmes sombres et introspectifs, mais laissent pourtant se propager un sentiment global très positif (« Mayday », « Cold Blood », « Another Relapse », « The Power » et le morceau-titre). La grosse production, toujours présente, fait elle aussi partie de l’ADN de ce THREE DAYS GRACE qui se montre conquérant.

Retrouvez la chronique de leur album précédent « Explosions » :

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Alternative Metal Post-Grunge

Deftones : loin des normes et des modes

C’est un souffle vivifiant que l’on attendait depuis un petit moment et aussi sans doute l’une des sorties la plus scrutée de l’année. Puissant et terriblement bien peaufiné, « Private Music » devrait ravir les fans de Rock comme de Metal et ce malgré cette terne époque. Entre Alternative Metal et post-Grunge, la formation de Sacramento a rarement dégagé autant de force, via de déchirantes mélodies et une identité artistique unique. Incomparable et inégalé, DEFTONES reste indéboulonnable de ce panthéon qu’il s’est lui-même bâti.

DEFTONES

« Private Music »

(Reprise/Warner)

Cinq ans après « Ohms », DEFTONES a cette fois pris son temps pour livrer son dixième effort, un chiffre de ceux qui marque une carrière. Et en la matière, les Américains n’ont pas raté le coche. « Private Music » est probablement leur meilleur album et même si c’est le premier sans leur bassiste Sergio Vega depuis 15 ans, Fred Sablan endosse le rôle avec une maîtrise totale. Et pour retrouver et restituer le son qui a fait leur force et forgé en partie leur singularité, le producteur Nick Raskulinecz est de retour derrière la console.

Et c’est vrai que sur « Diamond Eyes » (2010) et « Koi No Yokan » (2012), le très habile metteur-en-son avait parfaitement su capturer l’esprit libre et cette fougue insaisissable pour la canaliser de la meilleure façon qui soit. Si DEFTONES s’est toujours bien entouré en studio, c’est un plaisir de retrouver ce travail d’orfèvre sur les tessitures et les nuances qui expriment si bien cette férocité si instinctive et cette énergie bouillonnante. En ce sens, « Private Music » est époustouflant de démesure musicale et criant d’authenticité.

Sobre et sombre, Chino Moreno livre une prestation hors-norme que l’on peut sans l’offenser attribuer à une expérience acquise sur une belle carrière de trois décennies. Dès « My Mind Is A Mountain », on comprend que DEFTONES est à son apogée et sera phénoménal. « Private Music » est presque cyclonique et présente le groupe dans ce qu’il a de meilleur, le tout enrobé d’une production très actuelle et organique, qui nous laisse sur le carreau (« Ecdysis », « Souvenir », « Milk Of Madonna », « Metal Dream »). Massif !

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Alternative Metal

Chevelle : l’expression d’une brisure

Incisif, sombre et précis, ce dixième effort de la fratrie de l’Illinois vient encore renverser l’ordre établi d’un Alternative Metal souvent convenu et prévisible. Massif et explosif, « Bright As Blasphemy » témoigne d’une époque en souffrance, mais combative et assez philosophe. Ce nouvel opus n’est pas seulement l’expression d’une détonation musicale très équilibrée, elle reflète aussi une maîtrise totale acquise au fil de ces 30 dernières années et qui mène CHEVELLE au sommet de son art. Entre émotion et arrangements presque minimalistes, il ouvre une autre voie.

CHEVELLE

« Bright As Blasphemy »

(Alchemy Recordings/Rise Records)

Le stratosphérique « Niratias, sorti il y a quatre ans, avait placé les Américains sur orbite et lui offrir un successeur digne de ce nom n’était pas une mince affaire. Jamais à court d’idées, CHEVELLE relève pourtant le défi avec panache et haut la main. Les influences progressives se sont dissipées et les frères Loeffler (Peter au chant et à la guitare et Sam à la batterie) reviennent aux fondations musicales de leur groupe, c’est-à-dire un Alternative Metal surpuissant et livrent « Bright As Blasphemy », qui se révèle être l’une de leurs meilleures réalisations.

Produit par ses soins avec l’aide de Kemble Walters à l’enregistrement et à la basse sur l’essentiel des morceaux, le duo se montre d’une incroyable créativité que met parfaitement en valeur le mix de Beau Burchell. CHEVELLE est probablement le combo le plus torturé de son registre, et la noirceur dont il fait preuve sur « Bright as Blasphemy » le rend énigmatique et lui ouvre une multitude de possibilités. Très Metal et à l’environnement Indus, ce dixième album est tout simplement renversant et surprend au fil de son écoute. Une prouesse plutôt rare.

Autour du thème de la psyché fracturée de l’humanité dont il est aux premières loges, CHEVELLE dispose d’une matière considérable qui lui permet d’œuvrer dans une sorte de tempête mélodique. Parfois étranges, mais réellement implacables, les neuf nouvelles compositions de la formation de Chicago sont brillantes et sa performance est d’une percussion chirurgicale (« Pale Horse », « Cowards, Pt 1 & 2 », « Wolves (Love & Light) », « Karma Goddess », « Blood Out In The Fields »). Tout dans ce disque est à sa place et c’est bien là la marque des grands.

Photo : Christian Lantry

Retrouvez la chronique de « Niratias » :

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Heavy metal Speed Metal

Temtris : australian hurricane

C’est vrai qu’il est assez rare de voir des combos de pur Heavy Metal émerger d’Australie, plus adepte de Hard Rock et de Pub Rock. Pourtant, TEMTRIS s’est fait une place au fil du temps pour atteindre une incontestable maturité artistique. Porté par la voix puissante de sa fondatrice, le groupe affiche beaucoup d’audace, de fermeté et d’allant. Souvent brutal, mais toujours précis, « Queen Of Crows » le montre en pleine maîtrise et prouve que son niveau de jeu vaut très largement celui de nombreuses formations du vieux continent. 

TEMTRIS

« Queen of Crows »

(Wormholedeath Records)

Fondé il y a un peu plus de 20 ans à Sydney par la chanteuse Genevieve Rodda et le guitariste Anthony Fox, TEMTRIS s’est taillé une solide réputation dans sa lointaine Australie et cette récente signature avec le label italien Wormholedeath devrait lui ouvrir les portes de la scène européenne. Avec ce huitième album, le quintet assoit une déjà belle et identifiable personnalité musicale. Basée sur un Heavy Metal traditionnel, on y trouve aussi des touches de Speed, de Thrash et de Power Metal. Un mix explosif.

Avec une frontwoman qui s’affirme avec beaucoup de force, TEMTRIS possède de solides arguments. S’il y a sans surprises quelques références à Doro et surtout à Crystal Viper, elle œuvre dans un registre bien à elle, très imposant tout en s’engouffrant dans des mélodies accrocheuses. Car, si « Queen Of Crows » est une réalisation racée et percutante, les variations et la finesse d’interprétation ne manquent pas. La rythmique est elle aussi appuyée et les deux six-cordistes donnent parfaitement le change.

Moderne et massive, la production  de « Queen Of Crows » montre un impact ferme et les Australiens mélangent avec beaucoup d’habileté l’aspect classique du genre avec une approche actuelle et un son étonnamment européen. L’énergie déployée pose les morceaux de TEMTRIS dans une configuration qui les met parfaitement en valeur, sans négliger aucun aspect de son Heavy Metal (« Evil Lies », « The Risk », « Murder Of Crows », « Dying To Believe », « The World Is Bleeding Out »). Une performance organique et sincère.

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Alternative Metal Hard'n Heavy

Halestorm : monumental

Sur une charge émotionnelle rare et parfaitement canalisée, la formation de Pennsylvanie vient affirmer avec force qu’elle est au sommet de son art. Un titre comme « Everest » s’imposait donc avec beaucoup d’évidence. Robuste et massive, mais aussi douce et assez éthérée, cette nouvelle réalisation dame le pion aux actuelles sorties formatées, grâce à une sincérité souvent poignante et surtout un jeu radieux et précis. Les guitares sont scintillantes, la rythmique profonde et solide et la voix déchirante et dominatrice. HALESTORM est dans une maîtrise totale et son sens de la mélodie est exacerbé.

HALESTORM

« Everest »

(Universal Music)

Adolescents, Lzzy hale et son batteur de frère Arejay n’avaient sûrement pas imaginé où les mènerait leur aventure musicale familiale. Fort d’un line-up stable, HALESTORM a gravi peut à peu les échelons au point de devenir une référence grâce à une explosivité et une sensibilité indissociables. Les nombreux featurings de sa frontwoman n’ont fait que confirmer l’assise des Américains, qui surgissent aujourd’hui avec un sixième album qui pourrait bien être leur meilleur. Sans faire dans l’esbroufe et le surfait, « Everest » est redoutablement efficace.

En confiant la production au brillant Dave Cobb, HALESTORM se démarque intelligemment de la scène Alternative Metal actuelle en misant sur un son organique, tout en relief et qui laisse respirer les morceaux. Et en évitant de surcharger le spectre sonore, le quatuor gagne en puissance, en vélocité et surtout en authenticité. Avec des structures Hard Rock et des attaques clairement Heavy, « Everest » surfe sur des recettes qui ont fait leurs preuves et qui, finalement, offrent plus de liberté aux musiciens et surtout à leur chanteuse dont la prestation est hors-norme.

S’il n’y a plus vraiment de doute sur les capacités vocales exceptionnelles de Lzzy Hale, il faut avouer qu’elle s’est taillé ce nouvel opus sur mesure. Féroce et délicate, elle y dévoile toute sa large palette sur des titres dominés par une certaine mélancolie, très personnels aussi et avec des fulgurances brutes et directes. Enfin HALESTORM joue également sur la corde sensible avec des parties de piano bien senties et un fond Rock très accrocheur (« Fallen Star », « Watch Out ! », « Shiver », « Everest », « Like A Woman Can », « Rain Your Blood On Me »). Magistral de finesse !

Retrouvez aussi la chronique de « Back From The Dead » :