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No One Is Innocent : un combat politiquement Rock [Interview]

C’est avec un dixième album et une sérieuse envie d’en découdre que se présente NO ONE IS INNOCENT avec « Ennemis ». Près de 30 ans après leur formation, les Parisiens n’ont pas levé le pied et continuent leur ‘Combat Rock’, imperturbables aux modes et plus que jamais attentifs à notre société. Kemar, emblématique chanteur du groupe, revient sur l’élaboration de ce nouvel opus et livre aussi sur sa vision d’une époque en perdition. Le frontman a une fois encore trempé une plume acide, afin de livrer des textes engagés et directs. Entretien.

– Commençons par le titre de ce nouvel album, « Ennemis ». D’autres groupes s’y sont déjà essayés, mais il était toujours question de fiction ou d’histoires. Or là, vous les pointez du doigt certaines choses, laissant place à la réalité. Certes, vous êtes un groupe engagé depuis vos débuts, mais on vous sent beaucoup plus virulents. Et « Ennemis » est un titre très violent quand on y pense, non ?

C’est finalement un titre qui est en rapport avec l’évolution de la société médiatique, politique et économique… Il y a dans tous les titres cette notion d’ennemis qui transpire un peu à chaque fois, comme dans « Force du Désordre », « Humiliation », « Bulldozer »… En fait, ça revenait dans les discussions qu’on avait entre nous, et j’ai un peu synthétisé tout ça. Et puis, on a aussi senti qu’en ce moment il y avait des gens qui avaient une espèce de désir d’exister absolue avec cette tentation permanente de désigner un ennemi. Aujourd’hui, on existe constamment en désignant un ennemi ! Je pourrais t’en citer plusieurs qui sont justement dans cette position. On ne désigne plus les amis et c’est hyper-dérangeant.  

– En parlant de cet engagement que vous nourrissez depuis votre premier album, j’ai l’impression que c’est votre disque le plus politique, au sens noble du terme, jusqu’à ce jour. L’état de la société et le comportement de certains sont au cœur d’ « Ennemis ». Et vous dressez un constat, que je partage, très sombre et aussi très colérique pour ne pas dire plus. Il est grand temps de se réveiller ?

Oui, par rapport à des choses qu’on a banalisé. Aujourd’hui, on laisse une Marine Le Pen dire tout et n’importe quoi, on laisse un Zemmour aux télés, aux radios et à la candidature présidentielle, alors qu’il a été condamné pour incitation à la haine raciale et on laisse un Sarkozy faire la promo de son bouquin, alors qu’il a pris un an de prison ferme ! Il y a des choses dans la fonction politique qui déconnent et on banalise tout ça. On aurait pu donner à cet album un titre autour de la banalisation de plein de choses. C’est vrai qu’avec notre musique, on essaie de pointer du doigt tout ça pour alerter un peu.

– Depuis la sortie de « Frankenstein » il y a maintenant trois ans, notre société a subi beaucoup de choses, qui vont de la pandémie bien sûr jusqu’aux actions gouvernementales en France, mais aussi partout dans le monde (George Floyd, Black Live Matters, …). On ne vous a rarement senti si vindicatifs et rageurs. Et pourtant, on a encore le sentiment que vous en avez encore sous le pied. « Ennemis » aurait presque pu être beaucoup plus long, non ?

Oui, mais nous ne sommes pas le supermarché de l’engagement ! Ce qui nous importe avant tout, c’est d’écrire de la bonne musique ! C’est notre métier à la base. Sans bonne musique, a cappella, je ne ressemble à rien, tu vois ? (Rires)

– Sur « Ennemis », on retrouve Charles de Schutter à la production avec Shanka. C’est lui qui avait réalisé « Drugstore » (que je considère d’ailleurs comme votre meilleur album) et on retrouve ce son direct, brut et très massif. Là encore, il n’y a aucune fioriture et des arrangements très efficaces. On sent une certaine urgence dans vos morceaux. C’est ce que vous aviez en tête dès le début de la composition, puis de l’enregistrement ?

C’est très bizarre, car nous avons beaucoup composé pendant la période de confinement. Dans notre rythme, il n’y avait pas de notion d’urgence. Nous nous sommes focalisés sur le son en nous demandant ce que nous pouvions écrire et ce qui pourrait nous surprendre. Shanka est allé chercher un peu du côté des musiques orientales et indiennes notamment. Peut-être que les gens ne vont pas capter toute de suite ces influences-là, mais en tout cas, elles ont été déterminantes sur « Force du Désordre », « Armistice » ou certains mouvements dans « Les Hyènes de L’info », par exemple. On voulait aller chercher un peu ailleurs pour les intégrer aux compos et pas forcément seulement au son.      

– Cela n’empêche nullement le gros travail que vous avez effectué sur la production, qui est très soignée. Et puis, il y a cette irrésistible impression d’énergie live et toujours très fédératrice et communicative. Vous pensez à la scène en composant vos morceaux, car certains refrains vont faire très mal…

On a un mode de fonctionnement bien à nous. Il faut aussi savoir que nous sommes toujours de l’école du riff. On cherche encore le riff ultime, c’est toujours notre démarche. Il faut que la compo, à un moment donné, fasse bouger le chanteur physiquement. C’est un mot d’ordre chez nous. Tout le monde le sait et tout le monde le sent. Quand je commence à ressentir quelque chose, c’est que c’est bon.

– Il y a aussi « Armistice », qui se place au milieu de l’album et qui est une sorte d’interlude. Pourtant, et malgré son titre, on ne sent pas beaucoup de sérénité…  

Il l’est dans le sens où, tout autour, c’est la guerre. Au départ, j’avais proposé à Shanka de chanter un morceau avec moi, car j’aimais bien l’idée. Il n’était pas très chaud, alors je lui ai proposé de regarder parmi tous ses instruments quelque chose qui pourrait sortir de l’ordinaire. On avait comme référence « Planet Caravan » de Black Sabbath. Et comme depuis quelques temps, il s’est mis à la viole de gambe, et qu’il est extrêmement doué, on lui a laissé toute liberté, car ça nous plaisait beaucoup et nous avions aussi besoin d’un morceau comme ça.  

– A propos de scène, vous qui donnez l’impression de ne jamais vous arrêter, le confinement, puis la privation de concerts, ont dû avoir un énorme impact sur le groupe. Comment avez-vous vécu cette (trop) longue période de repos forcé ?

On a eu de la chance, parce que nous avons terminé la tournée fin 2019 et quand le confinement est arrivé, on avait déjà commencé à composer un peu le nouvel album. On n’a pas du tout ressenti de frustration live, parce qu’on était pleinement dans l’élaboration d’ « Ennemis ». Finalement, ça a été un moment de réflexion. Personnellement, ça m’a fait beaucoup de bien, car j’ai besoin que mon corps et mon cerveau soient hyper-posés pour être bien et composer. Paradoxalement, ce confinement nous a fait du bien.

– D’ailleurs, je me posais la question récemment. Je vous suis depuis vos tout débuts et c’est toujours assez difficile de nous définir. Rock, Hard-Core ou Metal, votre leitmotiv reste le combat, la revendication et surtout la prise de conscience, non ? C’est quelque chose qui ne vous quitte pas…

Oui, c’est vrai. Dans une démarche de compo, je dis souvent aux gars qu’il faut que notre musique raconte une histoire. Même si j’ai des thèmes dans mes tiroirs, j’ai besoin que l’instrumental raconte déjà une histoire. C’est ça qui fait qu’on arrive à donner un vrai liant entre ce qui est raconté et ce qui est joué.

– « Ennemis » est aussi votre dixième album studio. C’est toujours un cap particulier dans la carrière d’un groupe, car il marque une étape importante. Vous y avez pensé, ou pas du tout ? Vous aviez la volonté de marquer encore plus les esprits avec « Ennemis » ?

Non, on n’est pas dans le comptage ou la nostalgie. L’album n’est pas plus important qu’un autre. Il marque l’histoire d’un groupe qui est ensemble depuis des années, qui construit ensemble et qui se connait bien. Nous avons une façon de composer apaisante. Il n’y a pas d’histoire égo entre nous, car on cherche le meilleur de nous-mêmes. C’est juste la bonne évolution d’un groupe qui aime faire de la musique ensemble.

– En 2021, la scène musicale française n’est plus aussi contestataire ou engagée comme elle a pu l’être par le passé, alors que nous vivons dans une société de plus en plus inégalitaire. Comment l’expliques-tu, alors que les intérêts ont changé pour devenir essentiellement individuel au détriment du bien-être collectif ?

Il y a une grosse influence des réseaux sociaux. La consommation de la musique n’est plus la même, on est plutôt dans la quantité que dans la qualité. Aujourd’hui, il faut produire, produire, produire… On est peut-être moins dans l’exigence au niveau de la qualité de la musique. Après, l’engagement fait partie de l’ADN d’un groupe, ou pas…

– Oui, mais pourtant dans les années 80 et 90, c’était quand même autre chose…

Oui, c’est vrai. On était aussi poussé par des groupes comme Rage Against The Machine, Nirvana et d’autres qui ont été moteurs à leur façon d’un certain engagement propre à chacun d’eux. Et malheureusement, il y a aussi eu l’avènement d’un Hip-Hop, d’une Trap Music qui ne veut plus rien dire, qui n’explique plus rien, qui se noie dans de la prod’ minimaliste et des textes qui n’ont plus de sens. Alors, tout d’un coup, tu as une nouvelle génération très influencée par tout ça et qui se perd dans une espèce de truc mielleux et mièvre. Finalement, c’est très contradictoire car, aujourd’hui, il devrait y avoir de la colère partout. Cela dit, l’exposition médiatique de musiques comme la nôtre ou d’un Hip-Hop un peu rageur n’existe pas, parce qu’il faut que ce soit lisse, il ne faut pas que ça déborde et il ne faut pas trop d’engagement. En fait, ça ne donne peut-être pas envie à une nouvelle génération d’aller vers cette forme-là de musique, parce qu’ils savent pertinemment qu’ils vont rester dans une niche et dans l’ombre. Nous, ça fait 30 ans qu’on est là. On s’est construit autour de ça et c’est peut-être plus facile d’être écouté par rapport à un groupe qui commence aujourd’hui, ou même il y a cinq ans.

« Ennemis » de NO ONE IS INNOCENT est disponible depuis le 1er octobre chez Verycords.

Retrouvez la chronique de l’album :

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Metal Progressif Rock Progressif

Katatonia : l’élégance d’un édifice trentenaire

Malgré un onzième album sorti l’an dernier, le quintet suédois a tenu à célébrer de belle manière ses trois décennies d’existence à travers un magnifique double-album, « Mnemosynean » (la déesse de la mémoire), où l’on peut voir le groupe grandir et affiner son style. KATATONIA trace sa route, va de l’avant et jette aujourd’hui un regard généreux dans le rétro.

KATATONIA

« Mnemosynean »

(Peaceville Records)

Après l’excellent « City Burials » sorti l’année dernière, KATATONIA a voulu faire un beau cadeau à ses fans avec « Mnemosynean », superbe double-album qui retrace 30 ans d’une carrière exceptionnelle en constante évolution. Ici, nullement question d’un Best-Of, mais plutôt d’une belle collection de titres inédits, rares, de reprises et de remixes étonnants.

Les 27 morceaux de « Mnemosynean » parcourent trois décennies d’une créativité assidue où le Doom, le dark, le Rock et le Metal Progressif s’entremêlent avec originalité et pertinence. Depuis leurs débuts sur la scène underground, Jonas Renkse et Anders Nyström, fondateurs et principaux artisans de KATATONIA, n’ont eu de cesse de faire évoluer le groupe avec élégance.

Traversant une période allant du premier album « Dance of December Souls » (1994) jusqu’aux sessions de « The Fall Of Hearts » sorti en 2016, les Suédois proposent de nombreuses faces B, mais aussi et surtout la totalité de leurs innombrables EP. Quelques reprises et des remixes collaboratifs viennent compléter « Mnemosynean » et montrent ô combien KATATONIA est un groupe aussi inspiré qu’incontournable.

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Power metal Symphonic Metal

Eternal Silence : le temps suspendu

Mixant habillement Symphonic et Power Metal, ETERNAL SILENCE sort un nouvel album dense et mélodique, six ans après son dernier effort. Le quintet italien, dont la chanteuse est un atout majeur, livre « Timegate Anathema », qui multiplie les atmosphères et avance tout en contraste. Une belle et solide réalisation.

ETERNAL SILENCE

« Timegate Anathema »

(Rockshots Records)

Si leur dernier album date de 2015 (« Chasing Chimera »), ETERNAL SILENCE a sorti pas moins de trois EP, dont « Renegades » l’an dernier. Le quintet italien peaufine depuis un petit moment ces nouveaux morceaux et, sans parler d’album-concept, « Timegate Anathema » s’articule autour du thème du temps et traverse plusieurs registres.

Soutenue au chant par son guitariste Alberto Cassina, la frontwoman Marika Vanni mène l’album grâce à une voix puissante et lipide. Mixé par Michele Guaitoli, ce troisième album tient toutes ses promesses et Alessio Sessa (basse), Andrea Zannin (batterie) et Enzo Criscuolo (guitare) sont pour beaucoup dans cet élan vigoureux qui anime ETERNAL SILENCE.

Les Transalpins ont misé sur une belle variété à travers dix titres très structurés, accrocheurs et véloces. Power Metal sur « The Way Of Time » et « My Soul Sad Until Death », plus dark et Heavy sur « Rain And Red Death Masquerade » et plus symphonique et mélodique sur « Glide In The Air », ETERNAL SILENCE montre une énergie constante très Metal (« Ancient Spirit »).

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France Metal Rock Progressif

Orpheum Black : une dualité constante [Interview]

Très aéré et remarquablement bien produit, ce premier album d’ORPHEUM BLACK est la vraie belle surprise de cette rentrée. Ancré dans un Rock aux atmosphères progressives et même Metal par moment, « Sequel(s) » étonne par la diversité dont il fait preuve. Sur cet  album-concept, le groupe déroule un fil d’Ariane où la narration tient un rôle essentiel, tout comme le visuel sous toutes ses formes. Entretien avec Mélodie (chant, claviers) et Greg (chant, guitare)…  

– Vous êtes tous originaires d’Orléans et vous vous connaissiez tous avant de monter ORPHEUM BLACK en 2019. L’année suivante, vous sortez « Act 1 » qui a été très bien accueilli. C’est le fait de partager une même vision musicale qui a autant accéléré les choses ?

Greg : En fait, au moment de monter le projet ORPHEUM BLACK, nous avions tous plus ou moins dix années de “vie de groupe” avec des tournées, des albums et des concerts à nos actifs. Romain (guitare – NDR) et moi étions dans le même groupe et, forcément, il y a des automatismes qui étaient toujours présents. Nous étions passionnés et excités à l’idée de reformer un groupe. Pour ma part, j’avais très envie de chanter avec Mélodie et cela m’a probablement donné des ailes pour avancer plus vite. Nous voulions tous remonter rapidement sur scène et nous nous sommes servis de nos expériences passées pour prendre quelques raccourcis et éviter certains pièges.

Mélodie : Effectivement, nous avions, dès le début du projet, la volonté de travailler sur des ambiances et un duo vocal. Nous avons tâtonné au départ, pour trouver un fil conducteur, une “patte” commune à laquelle chacun de nous puisse s’identifier, mais tout en ayant pour objectif de sortir un EP pour pouvoir rapidement proposer un contenu live cohérent, car c’est aussi ce qui nous anime !

– Malheureusement, comme beaucoup, vous avez été stoppés net par la pandémie. Comment avez-vous vécu cette période artistiquement très silencieuse ? Il semblerait que vous en ayez profité pour avancer encore plus sur votre projet…

Greg : A la base, « Sequel(s) » devait sortir à la rentrée 2020, nous avons donc écrit une bonne partie pendant la pandémie. Nous avons tâché de mettre à contribution tout ce temps dont nous disposions pour mettre en forme nos idées, beaucoup parler sur la direction à prendre et sur ce que nous voulions transmettre. Une bonne partie de l’album à été écrite pendant que nous étions bloqués chez nous sans nous voir. Heureusement, nous avons la chance d’être tous plus ou moins équipés d’un home-studio, ce qui nous a permis d’enregistrer des maquettes et de continuer à créer même à distance. Dès que nous avons pu nous revoir, nous avons passé beaucoup de temps ensemble, en studio, pour mettre nos idées en commun et relancer la dynamique que nous avions afin de tenir nos délais. Nous étions prêts pour la rentrée, mais nous nous sommes finalement abstenus de sortir l’album compte-tenu de l’ambiance “fin du monde”, et avons pris la décision de reporter d’une année. Nous étions donc en avance, il fallait que nous restions actifs et avons consacré ce temps à approfondir notre univers et en le liant à celui du cinéma, notamment par le biais des trois clips que nous avons sortis.

– Vous venez donc de sortir votre premier album, « Sequel(s) », qui est particulièrement réussi tant au niveau des compos que de la production. Commencer par un album-concept est assez audacieux. C’était l’idée de départ, ou est-ce que celle-ci a doucement fait son chemin ?

Greg : Disons que c’était d’abord une volonté de départ que de développer un projet artistique avec une approche holistique. Le nom ORPHEUM BLACK faisant référence au théâtre, nous voulions dès le départ aller “plus loin que la musique” sans trop savoir comment nous y prendre. Avec le report de la sortie de l’album, nous nous sommes vus gratifiés d’une année supplémentaire pour réfléchir et approfondir une histoire, créer des ponts entre les courts-métrages qui sont sortis…

Mélodie : Le brassage des arts faisait partie du “cahier des charges” initial. On trouve que c’est une vraie opportunité de collaborer avec des artistes réalisateurs, photographes, designers… Néanmoins, la mise en place de ces collaborations s’est pensée au fur et a mesure, et nous sommes en perpétuelle réflexion sur la suite !

– L’album est musicalement très riche avec beaucoup de variations, des atmosphères Rock très appuyées et des passages très aériens. Et « Sequel(s) » est un disque très narratif dans sa progression. Pourriez-vous nous parler de cet univers si particulier ?

Greg : Avec notre premier EP, nous ne savions pas trop où aller et nous avons voulu expérimenter, sur cinq morceaux, le champ des possibles : de la ballade Rock au Metal plus intense. Avec « Sequel(s) », nous avons affiné notre style en nous concentrant sur ce qui fait la “touch” ORPHEUM BLACK, à savoir les ambiances, les atmosphères et le duo vocal. Dans l’ensemble, la ligne directrice fut de composer des morceaux aux structures peu complexes, mais fortement arrangées et enrichies tout en explorant d’autres aspects qui nous étaient encore inconnus, comme l’intégration de cordes frottées, de machines, de piano…

– « Sequel(s) » a été composé comme une odyssée et il existe une vraie connexion entre les morceaux. Justement, vous avez conçu l’album de manière globale, ou titre par titre ?

Greg : Un des thèmes principaux de l’album est “la connexion”. A la base, les morceaux ont pour la plupart été pensés indépendamment, mais à mesure que nous avancions, nous avons cherché à créer du liant entre eux. Cela passe bien sûr par l’histoire que nous racontons au fil des neuf chansons, mais les plus curieux trouveront des connexions “inter-morceaux” au niveau des champs lexicaux, des sons utilisés, des arrangements… Il y a même des lignes de chant et des thèmes qui sont réutilisés (le refrain de « Strangest Dream » repris dans le morceau qui clôture l’album, « Way Back Home »).

Mélodie : Cela permet d’avoir deux niveaux de lecture de nos morceaux : celui du texte isolé, et ce qu’il raconte dans son contexte. Chaque titre peut vivre indépendamment et raconte une histoire qui peut parler à chacun !

– Vous dites vous inspirer de références cinématographiques et théâtrales. Comment est-ce que cela se traduit dans votre approche de l’écriture et de la composition notamment ?

Greg : Il faut imaginer ces neuf morceaux comme la bande originale d’épisodes d’une même série. Comme au cinéma, il y a des alternances entre les moments plus intenses et les moments plus calmes, des cliffhangers, des résolutions… Cela passe également par la façon dont nous avons tourné nos clips, notre volonté d’avoir travaillé avec différents réalisateurs aux pattes bien distinctes, les visuels, la pochette de l’album qui ressemble à une affiche de film…

– L’une des particularités d’ORPHEUM BLACK est aussi cette dualité vocale, féminine et masculine. Comment travaillez-vous les parties de chant ? Et comment vous répartissez-vous les rôles et est-ce que chacun écrit ses propres parties ?

Greg : En parallèle de l’instrumental, avec Mélodie, nous nous voyons à part et nous discutons (beaucoup !) des thèmes que nous voudrions aborder. Nous sommes très proches dans la vie également et cela facilite ce processus, c’est une vraie force que nous mettons à contribution de l’écriture. Puis, lorsque nous sommes d’accord, soit nous écrivons à deux, soit l’un de nous apporte les éléments de base, puis nous les modifions à deux. Enfin, nous trouvons une top-line et cherchons des harmonies possibles lorsque c’est nécessaire. Puis nous mettons tout en commun sur les temps de répétition, afin de faire valider par tout le monde.

Mélodie : Au-delà de l’écriture, il y a tout un travail sur l’harmonisation musicale. Nous avons mis du temps à trouver un bon équilibre, nos deux voix sont complémentaires la plupart du temps, mais nous essayons aussi d’utiliser nos différences pour renforcer les nuances, et c’est sur chaque nouveau titre un nouveau challenge !

– Enfin, vous mettez également l’accent sur les vidéos qui semblent même indissociables de l’univers d’ORPHEUM BLACK. Vous le voyez comme un prolongement de l’album, ou plutôt comme un complément ?

Greg : L’écriture des textes a beau être abstraite, l’image force un niveau de lecture bien spécifique. L’aspect graphique, qu’il s’agisse des clips ou des visuels, nous permet de créer une autre porte d’entrée vers notre univers. J’invite volontiers les gens qui veulent se plonger dans ce que nous avons à proposer à visionner les clips, dans l’ordre si possible (« Strangest Dream », « Unsaid Forever », « Together and Alone » et… le petit prochain qui arrive courant novembre !). Ils sont à la fois complémentaires… et indissociables !

« Sequel(s) », l’album d’ORPHEUM BLACK, est disponible depuis le 24 septembre chez Blood Blast.

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Hard-Core Metal Rock

No One Is Innocent : le poing levé

Une fois de plus, NO ONE IS INNOCENT monte à l’assaut avec une colère à peine contenue, livrée sur un dixième album, « Ennemis », qui sent la poudre. Militant et féroce, le quintet enrobe de riffs appuyés et assassins des textes cinglants et un discours responsable. Très live dans le son et la production, le groupe scande des vérités et rappelle que « Nous sommes des centaines et des milliers ».

NO ONE IS INNOCENT

« Ennemis »

(Verycords)

Dès la première écoute, ça saute aux oreilles : Kemar et sa bande se sont encore surpassés. Même si j’ai tendance à le dire à chaque nouvel album de NO ONE IS INNOCENT, il faut bien avouer qu’ « Ennemis » percute, fédère et donne des envies de grands changements, si ce n’est même un peu plus… Après 30 ans d’existence, ce dixième album confirme la rage intacte du groupe face à une oppression grandissante et un système qui se dérègle totalement (« Force Du Désordre »).

Ce qui tient toujours aux tripes du quintet, c’est ce combat Rock très Metal, incisif et engagé. Co-produit par son guitariste Shanka et Charles de Schutter, qui avait déjà officié sur l’excellent « Drugstore » en 2011, ce nouvel opus désigne sur dix morceaux (et un interlude « Armistice ») les « Ennemis » d’une société, d’une époque aussi, en montrant du doigt des responsables qui ne se cachent pas. Mais pas de leçon de morale ici, NO ONE s’implique juste généreusement (« J’ai fait De Toi Mon Collabo »).

Comme à l’habitude, les Parisiens cognent et giflent sur des textes précis et convaincants, où les phrases fortes sont légions et résonnent comme des slogans (« Dobermann », « Humiliation », « La Caste », « Bulldozer »). Dans une période très incertaine, NO ONE livre son album le plus politique, dénonce et appelle clairement au réveil et au sursaut (« We Are Big Brother », « Polit Blitzkrieg », « Les Hyènes De L’Info »). Puissant et très organique, « Ennemis » est la claque qu’on attendait et les concerts s’annoncent torrides (« Aux Armes, Aux Décibels »).

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Alternative Rock Metal Power metal

Oversense : regard sur un monde malade

Contrairement au Metal de tradition allemande, OVERSENSE prend des chemins de traverse en évoluant dans un Modern Melodic Metal qui tient autant du Rock Alternatif US que du Power Metal scandinave. Un grand écart avec ce « Egomania » très bien géré et mené de main de maître par un quatuor explosif.

OVERSENSE

« Egomania »

(Dr. Music Records)

Fondé en Allemagne en 2012, OVERSENSE présente son deuxième album, « Egomania », quatre ans après « The Storyteller » qui avait lancé le groupe. Et il semblerait que ce nouvel opus soit réellement celui de la maturité, tant la production et surtout la composition des morceaux sont d’un tout autre niveau. Le quatuor affiche une volonté et une inspiration grandissante, à l’instar d’une fan-base qui explose bien au-delà de ses frontières.

Composé depuis ses débuts de Danny Meyer (guitare, chant, claviers), Patrick Lippert (batterie), Marco Volpert (basse) et Jasmin Pabst (guitare), OVERSENSE combine des éléments Metal et Rock très actuels pour en extraire un style véloce, vivifiant et très mélodique. Ainsi, de passages de Rock Alternatif ou carrément Power Metal, le spectre toujours Heavy des Allemands est très large. Et les virevoltantes rythmiques conjuguées aux riffs racés emballent vraiment cet album.

Malgré les ambiances et les styles différents à l’œuvre sur « Egomania », OVERSENSE affiche une identité originale et cette variété sert bien les Germaniques. Puissant et très entraînant, les morceaux s’enchainent dans une belle harmonie (« Toast To The Devil », « The Longing », « Tear Me Down »). A noter les deux très bons duos avec les chanteuses Herma Sick (Sick N’Beautiful) et Ulli Perhonen (Snow White And Rose Red) qui apportent une belle fraîcheur à l’album.

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France Metal Symphonic Metal Thrash Metal

Orkhys : Pagan Metal [Interview]

Après un bon premier EP (“Awakening”), ORKHYS n’a pas perdu de temps et sort son premier album, « A Way », qui vient confirmer les belles choses entrevues sur son premier effort. Dans un registre Metal, qui pioche beaucoup de branches allant du Black au Symphonique et du Pagan au Celtique, le groupe s’est construit une identité originale et inspirée. Laurène Telennaria (chant, harpe) et Brice Druhet (guitare) reviennent sur un parcours mené tambours battants.  

Photo : Eloise Le Névanic

– La dernière fois que je vous ai interviewé, c’était à l’occasion de la sortie de « Awakening », votre premier EP trois titres. Quel accueil a-t-il reçu et comment avez-vous vécu les débuts discographiques d’ORKHYS ?

Laurène : Eh bien, notre EP a été plutôt très bien reçu ! Nous sommes vraiment ravis de l’accueil que le public et la presse lui ont réservé, ce qui n’était pas gagné pour un groupe qui vient tout juste de fêter son premier anniversaire et qui est composé de membres pour qui cet EP était la première expérience de studio et de réalisation !

Brice : Je ne m’attendais pas à un tel accueil, toute proportion gardée évidemment. Ca fait bizarre après avoir passé quasiment 10 ans à composer et gratouiller seul dans sa chambre !

– A l’époque, vous m’aviez dit que vous souhaitiez enchainer avec un autre EP de cinq titres cette fois. Or, vous revenez avec « A Way », un album complet. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’idée ?

Laurène : Je pense que ça a été l’accueil de notre cover de « The Clansman » (Iron Maiden – NDR) et les demandes de figuration de ce morceau sur l’album. On avait aussi envie d’intégrer un bonus instrumental, car on s’est rendu compte que les orchestrations de « A Brand New World » et « The Devil & the Impudent » déchiraient ! Brice les a donc liées dans un seul et même morceau. Au début, on appelait notre disque un « EPum », hydride d’EP et d’album, mais notre attaché de presse, Roger de Replica Promotion, nous a conseillé de communiqué sur un album.

Brice : On a mis ce qu’on avait envie de mettre et au final on s’est dit : « Mais il est vachement gros pour un EP, dites donc ! ». Et voilà !

– Vous démarrez l’album avec une intro, ce qui est de plus en plus rare. C’est une manière de présenter l’ambiance générale de « A Way » ? Qu’est-ce qu’elle signifie par rapport aux morceaux de disque ?

Laurène : Personnellement, j’adore les albums avec intro, cela permet de poser justement une envie, une ambiance ; c’est un prélude à ce qui va se passer. Cela prépare et met en condition pour la suite !

Laurène – Photo : Eloise Le Névanic

– Avec « A Way », on a vraiment l’impression que vous avez parfaitement défini les contours de l’univers d’ORKHYS, qui est fait d’un esprit Pagan mêlé à des atmosphères symphoniques et très Metal. L’objectif est atteint ?

Laurène : L’univers d’Orkhys est assez vaste et on ne souhaite pas se coller d’étiquette. L’album « A way » représente nos envies du moment, un savant mélange de Folk Pagan, de Black, de Thrash, de Heavy et une furieuse envie d’être Metal !  Qui sait à quoi ressemblera le ORKHYS de demain ? On en a une petite idée, mais on ne veut pas s’enfermer, on souhaite garder notre liberté d’expression.

Brice : On ne se pose pas trop la question en fait. On fait et on voit si ça le fait. On a des idées pour la suite, et en tout cas on va tout faire pour conserver notre identité sans tomber dans la routine.

– Sur ce premier album, vous avez confirmé la maîtrise d’un équilibre musical entre certains passages dans l’esprit Folk et épique en contraste avec des éléments de Metal extrême. Il n’y a décidemment rien de linéaire chez ORKHYS…

Laurène : Nous jouons les styles de musique que nous aimons, et comme nous apprécions des genres musicaux variés et nombreux, cela fait un bon mélange !

Brice : On ne veut pas se limiter à un seul style, ça irait hyper frustrant pour nous. Il y a déjà des groupes qui excellent dans chacun des sous-genres de notre musique préférée. Du coup, notre défi est de faire un petit cocktail en prenant des ingrédients à droite et à gauche et de faire en sorte que ça fonctionne.

Brice – Photo : Eloise Le Névanic

– Vous reprenez également « The Clansman » d’Iron Maiden, extrait de « Virtual XI » sorti en 1998, qui n’est pourtant pas un standard du groupe et qui est d’ailleurs chanté par Blaze Bayley. Pourquoi ce morceau ? Vous avez l’habitude de le jouer sur scène ou en répétition ?

Laurène : C’est un morceau que nous adorons tous les deux Brice et moi et à la base. Nous voulions juste le reprendre en cover sur YouTube en l’ ‘Orkhysant’, comme nous avions pu le faire pour « Pieces Of You » d’Annihilator. Le morceau a eu un tel accueil et reçu des demandes quant à sa figuration dans l’album à venir, que nous avons décidé de faire une version améliorée de notre premier jet et de le faire figurer sur l’album.

Brice : J’ai tellement fait chier tout le monde pour faire une reprise de Maiden qu’on a réussi à tomber d’accord sur ce titre qui, d’une part, se marie bien à notre univers et d’autre part change des 300 reprises de « Trooper » ou de « Fear Of The Dark ». J’ai personnellement énormément de sympathie et de respect pour Blaze et les albums qu’il a fait avec Maiden. Sa carrière solo est également extrêmement qualitative. Je pense qu’il s’en ait pris plein la tronche assez injustement. Bref, avec Blaze, Bruce ou Paul, Maiden reste Maiden ! On la joue en répèt’ et aussi de temps en temps en live.

– Sur « A Way », il semble également que la harpe ait pris une place plus importante, qui contribue vraiment à l’identité musicale d’ORKHYS. Est-ce que c’est difficile à intégrer dans un environnement très Metal comme le vôtre ?

Laurène : C’est vrai que j’avais demandé à Brice, qui compose les morceaux, s’il lui était possible de rajouter un peu plus de harpe, sans toutefois l’imposer. Le groupe n’a pas été créé autour de la harpe, donc son apparition n’est pas obligatoire. Il a su répondre à ma demande tout en faisant passer au premier plan la cohérence musicale.

Brice : Encore une fois, ça s’est fait comme ça, sans trop y réfléchir à part ce souhait exprimé par Laurène. J’ai essayé de le prendre en compte, sans non plus trop me forcer à mettre de la harpe pour mettre de la harpe. Peut-être qu’il y en aura encore davantage par la suite, ou beaucoup moins, on a une idée grossière de ce que l’on veut, mais on calcule très peu de choses à l’avance. On écrit et compose d’abord et on réfléchit après.

– Avec un EP et un album, vous disposez maintenant d’un set conséquent. Une tournée est-elle prévue dans les mois à venir, maintenant que la situation sanitaire s’est vraiment améliorée ?

Laurène : De nombreux concerts sont prévus, nous avons quatre dates sur cette fin d’année, dont deux sur Paris (le 03/10 et 20/10), une à Vitré en Bretagne (le 20/11) et une au ‘Festival de l’Avesnement’ dans le Nord (le 27/11).

Brice : On est aussi en discussion pour faire une mini-tournée avec les copains de Hopes of Freedom, qui sont de Caen avec qui on avait déjà joué avec notre ancien groupe à Laurène et moi, et Adaryn qui sont de Rouen et que certains ont déjà pu découvrir au ‘Cernunnos Pagan Fest’ !

L’album d’ORKHYS, « A Way », est disponible depuis le 17 septembre chez M&O Music.

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Metal Indus

Ministry : santé mentale

Chaque nouvel album de MINISTRY est toujours un petit événement en soi. Si « Moral Hygiene » ne figurera sans doute pas parmi les incontournables des maîtres du Metal Indus, il mérite cependant qu’on y prête une oreille. Très bien produit, ce quinzième opus est aussi le témoin musical d’une Amérique bancale et les propos d’Al Jourgensen ne manquent pas de piquant.

MINISTRY

« Moral Hygiene »

(Nuclear Blast)

Pour ce quinzième album, le chanteur s’est entouré d’experts du Metal Indus, registre qu’il a fortement contribué à créer, puis à développer depuis quatre décennies. Si l’explosivité et le côté extrême de MINISTRY commencent à s’atténuer peu à peu depuis les débuts à Chicago en 1981, la pertinence et la provocation n’ont quant à elles pas disparu. Vindicatif et engagé, le vétéran a toujours les crocs et le sens de la formule.   

Après le convaincant « AmeriKKant » paru en 2018, « Moral Hygiene » est finalement une suite logique, tant l’album reste dans les traces et le ton de son prédécesseur. Composé des guitaristes Cesar Sotto et Monte Pittman, de Roy Mayorga (ex-Soufly, Stonesour) à la batterie et John Bechdel (ex-Prong, Killing Joke, Fear Factory, …) aux samples et aux claviers, MINISTRY a fière allure.

Musicalement, « Moral Hygiene » tient la route même si du haut de ses 63 ans, Jourgensen s’est un peu calmé… sauf au niveau des textes (« Alert Level », « Good Trouble », « Disinformation », « Death Toll »). On notera aussi la présence non-indispensable de Jello Biafra (Dead Kennedys) sur le très mélodique « Sabotage Is Sex ». Là où MINISTRY se perd un peu, c’est sur la reprise « Search And Destroy » des Stooges, aussi terne que l’original d’Iggy Pop. Un album non-essentiel, mais recommandable.

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International Post-Metal post-Rock

Sons Of Alpha Centauri : hybrid Metal [Interview]

Rivalisant d’originalité à chaque album, ainsi qu’à travers les nombreuses collaborations extérieures au groupe, SONS OF ALPHA CENTAURI prend un soin incroyable à ne pas rester dans un registre défini. Avec ce quatrième album, les Britanniques ont invité le chanteur Jonah Matranga et le batteur Mitch Wheeler, tous deux américains, à se joindre à eux, libérant ainsi une nouvelle énergie dans un post-HardCore teinté de Metal Alternatif réellement addictif. Nick Hannon, bassiste et fondateur de la formation, nous parle de cette nouvelle formule de SOAC.

Photo : Neil Coward

– SONS OF ALPHA CENTAURI fait son retour avec « Push », trois ans après « Continuum » et il est surprenant à plus d’un titre. Vous accueillez Jonah Matranga au chant et Mitch Wheeler à la batterie, tout en conservant votre line-up. Comment est née l’idée de faire évoluer la formule du groupe ?

J’ai formé mon premier groupe à la fin des années 90 et nous avions un chanteur, dont le style était très proche de Chino Moreno et de Jonah Matranga. Nous avons écrit pas mal de morceaux et ils ont plutôt bien fonctionné. Du coup, lorsque Marlon (King, guitariste – NDR) et moi avons recommencé à écrire dans ce style après toutes ces années, je savais que la voix de Jonah conviendrait parfaitement à ce disque !

– Vous avez toujours fait beaucoup de collaborations, mais c’est la première fois que vous élargissez les rangs de SOAC. Pourquoi le faire sous votre nom et pas un autre comme d’habitude ?

Dans les collaborations avec Karma To Burn et Yawning Man, il y avait un autre guitariste qui a dirigé la musique d’une manière plus collaborative. Alors que pour cet album, toute la musique a été écrite par SOAC, alors cela me semblait vraiment bien de garder notre nom.

– Le plus marquant, bien sûr, est la présence d’un chanteur, alors que vous êtes un groupe instrumental depuis vos débuts en 2001. C’est un sacré changement pour vous, j’imagine ? Même si vous avez déjà pu le faire avec d’autres collaborations…

C’est sûrement une étape audacieuse, mais que je pense nécessaire pour le groupe. En intégrant Jonah et sa voix incroyablement distinctive, cela a permis au groupe de se concentrer davantage sur la musique, afin qu’elle soit toujours reconnaissable en tant que SOAC, tout en complétant et en soutenant la voix de Jonah, ses harmonies et ses fortes mélodies. Cela fait du bien de sortir un disque chanté et pourtant les gens verront que la musique et le style de SOAC sont restés intactes avec lui. Mitch, quant à lui, a apporté du groove dans les morceaux. J’ai écouté ses performances avec Will Haven, Ghostride et The Abominable Iron Sloth. Pour certains morceaux, j’ai écrit en pensant à la batterie qui mènerait vraiment la musique comme sur « Buried Under », par exemple.

– Musicalement, ce qui parait assez étonnant, c’est que SOAC n’a rien perdu de son identité artistique justement. Le groupe reste très identifiable. C’était l’une de vos priorités lors de l’écriture de « Push » ? D’ailleurs, les deux nouveaux membres y ont-ils participé ?

Absolument. Nous avons d’abord écrit trois morceaux qui, à l’époque, devaient être instrumentaux. Par conséquent, ils sont légèrement plus compliqués techniquement et contiennent de nombreuses subtilités. Quand Jonah est venu en studio pour travailler sur ces premières prises, il avait quelques idées. À partir de là, il a commencé à définir sa vision des morceaux et l’intégration a été très fluide. Je pense que le titre sur lequel nous avons passé le plus de temps est « Saturne », car j’avais déjà les paroles et Jonah les a adapté sur les couplets. Nous avons aussi parlé du morceau « Calling » de Taproot que Jonah a écrit avec ce groupe. C’était plus fédérateur, mais je pense que « Saturne » est plus en accord avec SOAC. En revanche, cela a vraiment renforcé la puissance et la force d’écriture de Jonah pour des refrains solides.

– « Push » montre aussi une évolution de votre style vers un post-HardCore teinté de Metal alternatif et progressif. On a le sentiment que SOAC s’est un peu radicalisé tout en se rendant peut-être plus abordable. C’est assez paradoxal, non ?

(Rires) Ouais, bien vu ! Je suis d’accord pour dire que nous sommes devenus plus accessibles en devenant plus lourds et plus sombres. Ce n’est pas quelque chose que nous avions l’intention de faire, mais c’est une bonne chose pour SOAC, afin de nous assurer que nous avions intégré le post-HardCore dans les ambiances de l’album. C’est un genre musical important et très influant pour le groupe. Je pense qu’il peut aussi faire évoluer les styles Stoner/Desert et nos riffs de Rock instrumental et qu’ils se nourriront tous les uns les autres au sein de l’identité évolutive de SONS OF ALPHA CENTAURI.

Photo : Neil Coward

– En intégrant du chant, vous faites évidemment passer un message direct. Alors, de quoi traitent les textes de « Push » et qui les a écrits ?

Jonah a écrit à peu près toutes les paroles. Il a dépeint certaines de ses positions que ce soit  socialement, politiquement et idéologiquement. Heureusement, encore une fois, nous connaissions très bien le style de Jonah que nous étions à l’aise avec ses messages. La musique a été écrite en gardant à l’esprit la puissance et les structures. Une fois que nous avons su que Jonah était là pour tout l’album, nous avons écrit en incorporant toutes ces possibilités.

– Avec Yawning Sons, vous collaboriez avec des musiciens américains et c’est encore le cas avec Jonah et Mitch. C’est ce mélange des deux cultures, anglaises et américaines, qui vous attire ? Cette différence de points de vue et d’influences musicales ?

C’est une bonne remarque ! Je n’avais jamais fait attention au fait que nous avons tendance à travailler avec autant d’Américains. Je pense qu’en grandissant dans les années 90, il y a eu cette énorme influence du Rock alternatif américain. Toutes les différentes scènes étaient très créatives avec Dischord et Amphetamine à Washington, le Hard-Core à New York, Touch and Go à Chicago, Mans Ruin en Californie, et bien sûr toute la scène de Sacramento. C’était tellement immersif et intéressant de voir et d’entendre ces groupes créant tous quelque chose d’unique dans leur région et en affirmant leur propre identité. Cela m’a donné envie de former un groupe et ensuite de travailler avec d’autres groupes. Mais j’apprécie toujours la scène musicale locale de Swale, notre région d’origine, car il y a plein de groupes et j’essaie toujours de les soutenir, d’aller à leurs concerts et de me procurer leurs disques !

– Depuis vos débuts, vous vous faites très rares sur scène. Est-ce qu’avec « Push » et ce nouveau line-up, on aura plus de chance de vous voir en concert ?

Si nous avons des propositions, bien sûr que nous aimerions monter sur scène. Nous aimons aussi nous assurer que nos performances soient uniques, mais oui, ce serait formidable de faire des concerts. Si quelqu’un souhaite nous voir, n’hésitez pas à nous contacter à tout moment. Je pense que ces morceaux prendront une ampleur incroyable dans un environnement live !

« Push » de SONS OF ALPHA CENTAURI est disponible depuis le 27 août chez Mainstream Records.

Retrouvez également la chronique de l’album : https://rocknforce.com/sons-of-alpha-centauri-tremblement-de-terre/

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Metal Rock

[Going Faster] : Whyzdom / NarreN

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

WHYZDOM – « Of Wonders And War » – Scarlet Records

Les Parisiens de WHYZDOM, fers de lance du Metal Symphonique hexagonal depuis plus de dix ans, livrent leur cinquième album et « Of Wonders And Wars » est probablement le plus abouti et le plus complet de la formation. Sur de superbes orchestrations et arrangements signés par son bassiste et fondateur Vynce Leff, qui a également mixé, masterisé et produit ce nouvel opus, le quatuor propose des compositions magistrales. Vocalement, la frontwoman Marie Mac Leod a encore franchi un cap, maîtrise autant le registre Rock que lyrique et donne un relief étonnant à « Of Wonders And Wars ». Bâtie sur des mélodies imparables et des riffs virevoltants, cette cinquième réalisation va mettre tout le monde d’accord. WHYZDOM est plus inspiré que jamais.

NARREN – «  Aura » – Wormholedeath Records

NARREN est l’appellation de la carte du fou dans le jeu de Tarot en suédois et c’est ce qui semble définir le mieux l’artiste Maria Eriksson. Seul membre constant du groupe, même si elle travaille en collaboration avec quelques musiciens, c’est à elle que l’on doit l’écriture et la production d’ « Aura ». Etonnant à plus d’un titre, ce nouvel album se présente comme une sorte d’OVNI musical particulièrement bien conçu. La Biélorusse, établie en Suède depuis une quinzaine d’années, se livre au travers de son personnage sur des morceaux Rock, Metal, Folk et un brin vintage, qui présentent pourtant une belle unité. Accrocheur et porté par la superbe voix de Maria Eriksson, « Aura » est le fruit d’un travail minutieux où les univers se confondent avec talent.