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Groove Metal Power metal Thrash Metal

Nova Spei : d’étoiles et d’acier

Grâce à un frontman percutant, des riffs acérés et un duo basse/batterie survitaminé, le quintet NOVA SPEI se montre solide et affiche une belle puissance de feu. Sur des textes en français, les Québécois se présentent avec « Sequentis », un deuxième album Groove Metal efficace et convaincant.

NOVA SPEI

« Sequentis »

(Bam & Co-Heavy)

En dehors de quelques cas isolés dans notre beau pays, c’est plutôt du côté du Québec et de Montréal qu’il faut aller chercher pour dénicher un groupe de Metal francophone. Et pourtant, la langue de Molière peut amener à de bonnes surprises, comme c’est le cas avec NOVA SPEI, dont le Metal très groove, Thrash et Heavy est aussi pertinent que n’importe quel combo anglophone.

« Sequentis », deuxième album du quintet, traverse de nombreux courants musicaux, passant donc du Thrash au Power avec quelques touches de Death au niveau du chant. Car NOVA SPEI a la bonne idée de combiner un chant presque clair et très puissant avec un growl profond, qui apporte un relief intéressant à ses compos (« Animal », « La Proie », « Digitalisé », « Damné »).

Vigoureux et débordants d’énergie, les Québécois se montrent très soudés et l’impact de leur Metal se déploie avec beaucoup de force sur les douze titres. Entre noirceur et optimisme, les textes de NOVA SPEI se fondent dans leur époque en invitant l’auditeur à la réflexion (« Génération Perdue », « Nouvel Espoir », « Qui Sème Le Vent », « Démocratie Bafouée »). Costaud et massif !

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edito Metal Progressif

Je t’aime aussi !

Coucou !

Bon, on va remettre l’église au centre du village… même si je n’y suis vraiment jamais allé beaucoup… au village !

Ma chronique du dernier album de DREAM THEATER m’a valu un flot d’insultes que je n’imaginais même pas. Toute la journée et jusqu’à ce matin… alors que mon chat me regardait avec tendresse.

Certes, je savais qu’il ne fallait toucher aux dieux du Prog, surtout en raison de leurs adeptes, car ils ne sont pas méchants (les musiciens), mais tout de même : c’est chargé ! Alors, non après 30 ans de métier, je ne vais en changer comme on me l’a suggéré. Cela dit, j’ai pensé à faire paysan, tellement il y a de veaux dans le coin. Donc et alors : meuh !

Et oui, je pense que je sais un petit peu de quoi je parle quand je traite d’un album, messieurs (car il n’y a pas eu de dames !), sinon j’irai ramasser des cailloux pour en faire des bracelets. Et ce ne sont pas les galets qui manquent par chez moi.

Je suis désolé, enfin, pour ceux (et celles aussi !) qui aiment le dernier album de DREAM THEATER. Toute la peine est pour vous. Il n’est pas question ici de « goûts et de couleurs », mais juste d’une appréciation musicale et de son contenu. Et force est de constater qu’il n’est pas bon…. Ce serait même indécent de le vendre ! Les joies du métier : ne pas payer pour ça, même si on subit !

Enfin, merci à tout le monde ! Vous vous êtes enfin réveillés et Rock’n Force n’a jamais eu autant de vues ! Je songe à écrire uniquement des chroniques à charge et faire des interviews au ras du sol pour contenter tout le monde ! Et puis, ce sera aussi plus vite fait.

Encore bravo, continuez d’aimer « votre » musique (je m’occupe du reste !) et bon week-end aussi tant qu’on y est !

Des bisous et des pokoù plein, plein !!!  

PS : et quand je pense qu’un certain Denis me trouve trop gentil… ça laisse de la marge !

L’objet du marasme : https://rocknforce.com/dream-theater-au-dela-du-supportable/

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Post-Metal Sludge

Rongeur : bestial !

Sombre et rugueux, le deuxième album des Scandinaves vous saute à la gorge pour ne plus vous lâcher. « Glacier Tongue » ne passe pas par quatre chemins pour déverser un Sludge Metal aux accents post-Metal ravageur et sauvage. Très technique et surpuissant, le trio norvégien propose un style qui vient bousculer la quiétude des ténèbres avec détermination. Corrosif, RONGEUR ne grignote pas : il dévore !

RONGEUR

« Glacier Tongue »

(Fysisk Format)

Ecrasant tout sur son passage, le trio norvégien RONGEUR débarque pleine balle avec un deuxième album aussi robuste qu’inspiré et affichant une variété musicale étonnante. Originaire d’Oslo, le groupe est composé de Dag Ole H. Huseby (guitare, basse, chant), Jon Dahl Tveter (batterie, chant) et d’Audun G. Jakobsen (guitare, chant), tous trois aguerris à la scène locale pour avoir œuvré dans de multiples formations.

C’est fin 2012 que le trio se réunit pour la première fois avec pour objectif de livrer une musique brute, lourde et honnête. Pari réussi haut la main ! Après plusieurs démos et quelques splits, leur premier album, « An Asphyxiating Embrace », voit le jour et annonce déjà un style décapant. A travers son Sludge Metal qui vire même au post-Metal par moment, RONGEUR s’inspire autant de groupes extrêmes que de Schopenhauer.

Enregistré dans trois studios différents, « Glacier Tongue » se déploie sur des riffs précis et épais, une rythmique ferme et un chant aussi ténébreux que sauvage. Décrivant son époque avec un regard acide, RONGEUR appelle à la révolte et à la prise de conscience avec des textes scandés et avec une férocité permanente. Très bien produit, ce deuxième album met en lumière la technicité et la puissance de frappe d’un trio dont on va entendre parler ! 

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Melodic Metal Symphonic Metal

Ad Infinitum : l’histoire se poursuit…

AD INFINITUM revient déjà sur le devant de la scène avec un deuxième chapitre musclé, « Chapter II : Legacy », beaucoup plus tranchant et toujours aussi mélodique. Très varié dans son ensemble, ce deuxième opus du combo de la chanteuse suisse Melissa Bonny côtoie des ambiances épiques, atmosphériques et très Heavy sur des compositions actuelles et solides.

AD INFINITUM

« Chapter II – Legacy »

(Napalm Records)

Moins de deux ans après un premier effort très réussi (« Chapter I : Monarchy »), AD INFINITUM propose la suite avec un « Chapter II : Legacy », tout aussi bon que son prédécesseur. On retrouve avec plaisir l’ex-chanteuse d’Evenmore et de Rage Of Light, Melissa Bonny, dont le chant est encore plus assuré et puissant. Ici, pas de registre lyrique, mais au contraire, une voix claire qui porte les morceaux avec force.

Petit changement également au niveau de la couleur d’ensemble de « Chapter II : Legacy » avec un style toujours aussi mélodique, mais plus Heavy et nettement moins symphonique. Malgré un album qui s’étend sur près d’une heure, AD INFINITUM ne tergiverse pas et va à l’essentiel sur des titres fédérateurs, qui devraient certainement faire leur petit effet sur scène, d’autant que les riffs et les solos d’Adrien Thessavitz ne manquent pas de feeling.

Le combo a donc gagné en impact et en percussion avec des refrains accrocheurs et une remarquable polyvalence vocale de la part de Melissa Bonny. AD INFINITUM accueille même sur « Afterlife » un invité de choix en la présence de Nils Molin (Amaranthe, Dynazty) pour un duo très convaincant. Sans être trop chargée, la production de l’album est elle aussi très bien réalisée, offrant un opus de grande qualité.    

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Heavy metal Power metal

Running Wild : les liens du sang

En bons pères-fondateurs du Power Metal à l’allemande, RUNNING WILD assume toujours son statut et ce 17ème album devrait facilement conquérir les fans du groupe. Dans la lignée des meilleures réalisations de sa longue discographie, « Blood On Blood » montre un quatuor prêt à donner l’assaut et partir au combat. 

RUNNING WILD

« Blood On Blood »

(Steamhammer/SPV)

Figure emblématique de la scène Heavy Metal allemande et grand précurseur du Power Metal, RUNNING WILD a laissé passer la pandémie pour mieux faire son retour avec un album brut et efficace. Le quatuor d’Hambourg est allé puiser au cœur-même de ses fondations pour composer ce « Blood On Blood », qui lui ressemble tellement. Tranchant et solide, son style est inamovible. 

L’inoxydable Rolf ‘Rolf And Roll’ Kasparek, leader incontournable depuis 1976, semble ne pas être rassasié et met toujours autant de rage et de détermination dans son chant féroce et ses riffs acérés. Quelques décennies après sa création, RUNNING WILD reste prompt à donner la leçon, et même si « Blood On Blood » n’est pas révolutionnaire, il reste percutant et terriblement Heavy.

Grâce à un line-up enfin stabilisé depuis dix ans, les Teutons ont rafraîchi leur registre, modernisé leur style et demeurent toujours aussi sincères dans la démarche (« Wings Of Fire », « Say Your Prayers », « Wild & Free », « Wild, Wild Nights »). RUNNING WILD bastonne avec une énergie intacte et conserve le feu sacré entre les mains (« Crossing The Blades », « Diamonds And Pearls »).

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Metal Progressif Rock

Mastodon : précieux et unique

Affronter les épreuves semble magnifier MASTODON et avec « Hushed And Grim », c’est à une véritable épopée musicale que nous convie le quatuor américain. Grâce à deux décennies de stabilité dans son line-up, le groupe évolue dans une dynamique exceptionnelle et livre un double-album monumental et massif avec un aspect très intime et universel : la marque des grands. Progressif, Metal et Rock, ce huitième opus traverse le temps et les styles.

MASTODON

« Hushed and Grim »

(Reprise Records)

Bien malin qui pourrait définir cette nouvelle réalisation de MASTODON, voire en faire une chronique en réussissant à faire le tour de manière précise de ce magistral double-album, qui se pose comme un chef d’œuvre. D’une richesse inouïe et d’une incroyable densité, « Hushed And Grim » brille par la créativité du quatuor qui se propulse avec talent dans des sonorités Metal et Rock, Progressives et Stoner avec un soupçon de Psych savamment dosé.

Avec David Bottrill (Tool, King Crimson, Rush) aux manettes, MASTODON distille 15 morceaux lumineux que la mélancolie et parfois la noirceur ne parviennent pas à atténuer. Certes, « Hushed And Grim » est marqué par la perte du manageur du groupe, Nick John, et pourtant le combo de Georgie a rarement semblé aussi serein et fertile, et dans un style qui englobe habillement une matière Rock et Metal colossale.   

Ce huitième album, s’il nécessite un grand nombre d’écoutes pour en saisir toutes les subtilités et les composantes, est réellement captivant pour vite devenir addictif. Musclé sur « The Crux », « Pushing The Tids » ou « Savage Lands », MASTODON est carrément stellaire sur « Dagger » et « Had It All ». D’une cohérence qui peut s’assimiler à un concept-album, « Hushed And Grim » renferme des perles musicales incroyables (« Gigantium »). Indispensable.

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Symphonic Metal

[Going Faster] : Manora / ElisaDay

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

MANORA – « Brave The Storm » – Independent

Direction les Pays-Bas, terre de Metal Symphonique, d’où est originaire le quintet MANORA. Avec un line-up stabilisé depuis 2016 et un premier EP, « Dreamshapes » sorti l’année suivante, le groupe a su convaincre grâce à un style racé et efficace et des prestations scéniques à la hauteur. Avec sa frontwoman Mirte van der Ham, très bonne chanteuse dont la voix porte MANORA, les Hollandais livrent un premier album très complet et abouti. Symphonique et Heavy dans son ensemble, « Brave The Storm » s’offre aussi quelques incartades Power Metal toniques où le tranchant des guitares combine parfaitement avec des claviers pertinents. Toujours autoproduit, MANORA ne devrait pas tarder à susciter l’intérêt d’un label digne de ce nom.

ElisaDay – « Auftakt » – Independant

Originaire de Saint-Pétersbourg en Russie, ELISADAY a eu un parcours mouvementé. Bâti sur les cendres de Lanewin, le groupe a sorti quelques EP et singles entre 2014 et 2020 pour revenir avec d’autres intentions et surtout un quatre-titres plein d’éclat. Il s’agit donc d’un nouveau départ dans un Metal Symphonique dynamique et brillamment mené par sa chanteuse Lyubov Dunaeva, dont la voix resplendit sur ce très bon EP. ELISADAY a repensé entièrement son style, l’a resserré en lui apportant une touche épique et cinématographique, qui lui ouvre un nouvel espace sonore tout en restant symphonique et accrocheur. Les Russes signent un bel opus.

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Heavy metal Proto-Metal

Lucifer : une profonde dévotion

Sur de solides fondations, LUCIFER continue d’élaborer et de peaufiner son Heavy Occult aux contours proto-Metal très 70’s. Toujours mené par sa diablesse de chanteuse, la frontwoman Johanna Sadonis, le quintet propose un « Lucifer IV » encore plus ténébreux et ensorceleur. Pourtant très actuel, le groupe nous plonge dans l’âge d’or d’un registre intemporel et grisant.

LUCIFER

« Lucifer IV »

(Century Media Records/Sony Music)

Depuis 2014, LUCIFER construit sa discographie façon encyclopédique et un an tout juste après son dernier effort, le groupe livre « Lucifer IV » dans une ambiance tout aussi Heavy et occulte. Fondé par sa frontwoman à la personnalité très affirmée, Johanna Sadonis, le quintet est désormais basé à Stockhölm en Suède, ce qui semble presque avoir décuplé sa créativité.

Alors que jusqu’à présent, la chanteuse composait avec Nicke Andersson (guitare, basse, batterie), « Lucifer IV » a pu compter sur la contribution active de ses deux guitaristes, Martin Nordin et Linus Björklund, tous deux très inspirés. D’ailleurs, que ce soit au niveau des riffs comme des solos, LUCIFER a élargi sa palette sans renier ses influences puisées dans les années 70.

Langoureux, toujours sensuel et martelant un Heavy aux saveurs proto-Metal, les Germano-scandinaves nous plonge dans des profondeurs sombres sur un groove de chaque instant où viennent se poser des riffs tranchants et acérés : « Wild Hearses », « Crucifix (I Burn For You) », « Cold As A Tombstone » et le captivant « Phobos ». Ce quatrième album est probablement le plus complet et le plus abouti de LUCIFER. 

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Black Metal Post-Metal

Owl Cave : profondeur sonore

Après plus de trois ans d’un travail qu’on imagine facilement très prenant, OWL CAVE livre enfin son premier album, dont l’univers très torturé et intense est l’œuvre d’un seul musicien. Dans un post-Black Metal aux multiples et complexes facettes, « Broken Speech » se livre et se déguste d’un seul élan.

OWL CAVE

« Broken Speech »

(Time Tombs Productions)

Derrière cette très belle pochette d’OWL CAVE se cache un album pour le moins étonnant. S., l’instigateur du projet qui se présente en one-man-band, a donc pris les choses en main et… prend même la nôtre. Car ce premier opus, « Broken Speech », est constitué d’une seule et unique piste, qui s’articule en six mouvements. L’ensemble s’écoute donc du début à la fin, pour mieux en saisir la progression.

Dans une atmosphère Black Metal, OWL CAVE propose un véritable voyage musical entre ambiances lourdes et climats très changeants, et où les sensations succèdent aux émotions avec une fluidité assez surprenante. Pourtant, le nombre de textures sonores et de superpositions pourraient rendre « Broken Speech » étouffant, voire brouillon. Et il n’en est rien, tant l’album est homogène.

Certes, OWL CAVE ne propose pas un périple musical de tout repos, car l’ensemble diffuse un Black Metal dans lequel viennent s’immiscer des passages Indus et tribaux, le tout avec des fulgurances tantôt sauvages, tantôt éthérées. La production brute et organique rend définitivement ce premier effort saisissant et très immersif. « Broken Speech » nous plonge avec un univers unique.

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Hard-Core International Post-Metal

She Said Destroy : retour aux affaires [Interview]

Après deux albums et un dernier EP en 2012, les très prometteurs et novateurs norvégiens décident, selon les termes-mêmes du groupe, d’hiberner. Près d’une décennie plus tard, fidèle à son style si particulier et également à son label, SHE SAID DESTROY revient à la charge (c’est peu de le dire !) avec un nouvel album, « Succession », construit autour de morceaux composés en l’espace de 13 ans. Le post-Metal Hard-Core très Blackened des Scandinaves a conservé tout son volume et sa créativité. Anders Bakke, chanteur de la formation, nous en dit un peu plus.

Anders Bakke, chanteur du groupe

– On était sans nouvelle de SHE SAID DESTROY depuis « Bleeding Fiction » en 2012. J’imagine que chacun de son côté, tout le monde a continué la musique. Comment avez-vous passé ces dernières années ?

Ouais, on a mis du temps à se remettre sur les rails ! Nous n’avons jamais eu l’intention de faire une pause de huit ans, mais nous étions tous très occupés chacun avec nos propres projets, à la fois musicaux ou non. Le temps a juste passé. Pendant cette période, nous avons écrit de la musique lentement et régulièrement que nous avons mise de côté pour une utilisation future.

– Avant de parler de « Succession », je me suis rendu compte que le groupe avait presqu’autant d’années d’activité que d’inactivité. Ce n’est pas banal ! Vous vous considérez aujourd’hui comme un jeune groupe ou plutôt des vétérans au final ?

(Rires) Ouais, c’est vrai. Je suppose que nous nous considérons comme des vétérans, car nous avons été impliqués dans la musique depuis le début, même si SHE SAID DESTROY, en tant que groupe, a eu des temps d’arrêt. Cela dit, lorsque vous prenez presque 10 ans de congés dans le climat musical actuel, où les gens vous oublient dès qu’ils tournent la tête et que quelque chose d’autre apparaît dans leur fil d’actualité, vous êtes probablement considérés comme un nouveau groupe lorsque vous revenez. Surtout quand on vient de l’underground. Ce n’est pas comme si nous pouvions compter sur nos efforts passés pour que ce nouvel album fasse son chemin. Plus personne ne sait vraiment qui nous sommes ! (Rires)

– Votre nouvel album vient tout juste de sortir après huit ans de silence. Est-ce que SHE SAID DESTROY a conservé le même line-up, ou y a-t-il eu des changements de personnel ?

Les principaux membres et compositeurs, qui faisaient partie de la dernière moitié de notre période active (2006-2012) sont toujours là. C’est toujours moi, Snorre (guitare, basse, claviers – NDR) et Bjørn (Holmesland, composition et arrangements – NDR) qui formons le socle principal. Notre batteur, Sindre, fait son apparition pour la première fois sur un album de SHE SAID DESTROY, mais il a travaillé en étroite collaboration avec Snorre et Bjørn pendant plusieurs années sur d’autres projets.

L’album « Succession » de SHE SAID DESTROY est disponible depuis le 15 octobre chez Mas-Kina Recordings.

– « Succession » a été enregistré à Vilnius en Lituanie dans le studio de votre guitariste. Comment se sont passées les retrouvailles ? Il devait y avoir une grande motivation chez chacun d’entre vous, non ?

Oui, l’album a été enregistré au Ymir Audio entre janvier et février 2020. Je ne pense pas que cela ressemblait vraiment à une réunion, car nous ne jouions à aucun moment ensemble et les sessions d’enregistrement ne nous incluaient pas tous. Cet album est purement un projet de studio, où nous sommes restés en contact et avons discuté de l’avancement des sessions par mail et par téléphone. Je suis le seul à vivre encore en Norvège, donc je n’étais pas là pour les sessions d’enregistrement des instruments principaux. Mais j’avais fait la pré-production vocale moi-même avant de les rejoindre à la mi-février 2020.

Nous étions absolument motivés pour que tout soit opérationnel. Snorre et moi parlions de faire un autre album depuis plusieurs années, et en 2018/19, nous avons décidé qu’il était enfin temps. Heureusement pour nous que nous l’avons fait à ce moment-là, puisque le monde entier s’est arrêté quelques semaines seulement après les dernières sessions d’enregistrement. Je me souviens avoir vu beaucoup de masques dans les aéroports lors de mon retour en Norvège depuis la Lituanie, sans vraiment comprendre les implications de ce qui se passait.

– L’album est composé de morceaux écrits entre 2007 et 2019, et pourtant on sent une belle unité et une continuité. Vous avez retravaillé certains titres pour rendre l’ensemble plus homogène ou plus actuel, ou pas du tout ?

Les chansons sont toutes des pistes plus ou moins autonomes. Quelques unes ont été écrites dans le même intervalle et pourraient avoir une sensation similaire. Quelques autres consistent en des riffs plus anciens, qui ont été arrangées et  achevées en studio, mais il n’y a jamais eu de plan global, de corpus cohérent de travail. Nous avons même eu recours à différentes configurations de guitare et de batterie, afin de nous assurer qu’elles servent la chanson plutôt qu’elles aient un son défini, qui ne correspondrait pas à leur style.

La continuité à laquelle tu fais référence vient probablement du style d’écriture et de notre jeu. Nos personnalités transparaissent même si la musique représentée sur l’album se situe dans un éventail très large. Et en fin de compte, le mix de l’album aide également à lier le tout.

– « Succession » bénéficie également d’une très bonne production, très organique. Je crois que l’enregistrement s’est fait un peu à l’ancienne en privilégiant vraiment un son plus analogique. C’est ça ?

L’album a été enregistré numériquement, mais nous avons essayé de mettre des limites pour le rendre plus chaleureux, plus dynamique et plus analogique aussi. Par exemple, les sons de guitare sont tous basés sur des pédales d’effets et différentes combinaisons d’instruments et d’amplis au lieu d’utiliser simplement des plug-ins informatiques. Les batteries ont été enregistrées en prise directe, puis reconstituées à partir de trois prises maximum. Snorre est très doué pour travailler avec les micros et pour exploiter l’ambiance du studio. Ce sont des choses qui semblent probablement évidentes pour de nombreux anciens, mais je pense que c’est devenu moins courant de travailler comme ça. Cela prend du temps et peut vite devenir trop cher pour un groupe underground. C’est l’un des nombreux avantages d’avoir son propre studio.

– Il me semble que vous avez été très attentifs aux parties de batterie, qui sont d’ailleurs incroyables…

Merci ! Oui je suis d’accord. Il y a beaucoup de parties de batterie impressionnantes sur le disque. Nous prenons grand soin de choisir la bonne configuration pour chaque chanson et bien sûr, cela aide d’avoir un batteur extrêmement talentueux comme Sindre, qui comprend immédiatement où nous voulons aller. SHE SAID DESTROY a de la chance à ce niveau-là. Thor Henrik, qui a joué sur tous nos albums précédents, est également un batteur extrêmement talentueux. Ils sont l’épine dorsale du groupe. Lorsque vous jouez de la musique comme la nôtre, tout s’effondre si le batteur ne fait pas son travail.

– Ce troisième album s’inscrit parfaitement dans son époque et d’ailleurs beaucoup de groupes se sont engouffrés dans ce style post-Metal Blackened. Est-ce que vous vous sentez un peu précurseurs à ce niveau-là ?

Je ne veux pas prétendre que nous étions avant-gardistes à l’époque, mais incorporer ces parties atmosphériques influencées par le Black Metal dans notre musique fait partie de notre ADN depuis notre premier album. Je suis certain que de nombreux groupes l’ont fait en même temps que nous, mais ce n’est qu’au cours de la dernière décennie que c’est devenu beaucoup plus courant.

– Enfin, j’imagine qu’après huit ans, vous devez avoir une terrible envie de remonter sur scène ! Une tournée est-elle déjà prévue, ou au moins quelques dates ?

Nous ne savons pas encore s’il y aura des concerts. Après tout, nous avions décidé d’arrêter de jouer en live en 2009 et de nous concentrer sur le travail en studio. Garder une unité de groupe et caler des dates avait commencé à devenir un casse-tête à l’époque. Mais après dix ans, je dois admettre que j’ai envie de revenir sur scène avec SHE SAID DESTROY. Ces nouvelles chansons passeraient vraiment très bien en live. Cependant, il y a quelques défis à relever pour que ça tienne la route. Nous dépendons aussi de musiciens de studio pour pouvoir jouer en live, car seuls quelques-uns d’entre nous sont intéressés par les concerts. Et nous vivons également dans différents pays, ce qui rend la préparation assez pénible. Je suppose que tout se résumera à des problèmes d’argent si des demandes commencent à arriver.