Catégories
Heavy Rock Stoner Doom

Friensdhip Commanders : un coup de griffe

Tout en menant une belle carrière solo et divers projets en parallèle, la chanteuse, guitariste et songwriter Buick Audra poursuit l’aventure FRIENDSHIP COMMANDERS avec le batteur et bassiste Jerry Roe qui, de son côté, enchaîne les sessions studio sur un rythme soutenu. A eux deux, ils élaborent un Heavy Rock aux accents Stoner et Metal et avec « Bear », ils sont parvenus à une synthèse très solide, cohérente et mélodique. Intelligent, solide, accessible et plein de finesse, ce nouvel effort ouvre des brèches où il fait bon se perdre.

FRIENDSHIP COMMANDERS

« Bear »

(Magnetic Eye Records)

Après quatre EPs et une flopée de singles depuis dix ans, le duo de Nashville sort son quatrième album, « Bear », et il ne manque pas de saveur. En effet, la chanteuse et guitariste Buick Audra et le batteur, bassiste et claviériste Jerry Roe ont concocté, et aussi coproduit, dix nouveaux titres, qui se dévoilent un peu plus à chaque écoute. Entre Heavy Rock et Stoner Doom, FRIENDSHIP COMMANDERS froisse les étiquettes autant qu’il les rassemble pour obtenir un univers artistique très singulier, où le Sludge côtoie aussi le Hard-Core très naturellement.

Malgré son aspect expérimental, « Bear » est d’une grande fluidité et d’une liberté totale. Il faut aussi préciser que le tandem est aussi ardent qu’expérimenté et reconnu. Auréolée de deux Grammy Awards, Buick Audra est une songwriter accomplie, tandis que Jerry Roe est l’une des batteurs les plus demandés. Avec FRIENDSHIP COMMANDERS, ils jouent sur les contrastes en confrontant les styles. Et ils finissent par faire de ces apparentes contradictions un épanouissement musical, qui défie les codes et explose dans un Rock musclé et accrocheur.

Deux ans après « Mass », « Bear » se montre assez insaisissable et pourtant, il y a une réelle unité artistique chez les Américains. Grâce à la puissance et la polyvalence vocale de sa frontwoman, FRIENDSHIP COMMANDERS œuvre dans un Heavy Rock qui emprunte autant au Grunge qu’au Metal, ce qui en fait un modèle d’éclectisme, tout en maîtrise (« Keeping Score », « Dripping Silver », « Midheaven », « Dead & Discarded Girls »). Energétique,  épais et positif, ce nouvel opus porte bien son nom et on se régale littéralement d’autant de créativité.

Photo : Jamie Goodsell

Catégories
Classic Rock Hard 70's Heavy Rock

Red Cloud : un Rock herculéen

On assiste depuis quelques temps déjà à un revival du Classic Rock avec de beaux clins d’œil au Hard 70’s et l’hexagone n’est pas en reste. Depuis cinq maintenant, RED CLOUD assène son Heavy Rock débridé et la densité de cette nouvelle production témoigne d’un caractère bien trempé et d’une volonté aussi brute et organique que les morceaux qui composent « This Is Not An Album ». Et l’électrisante frontwoman du combo offre aussi une dimension supplémentaire à un registre inspiré et de plus en plus personnel.

RED CLOUD

« This Is Not An Album »

(Independent)

Poser ses fondations sur ce qu’on a fait de mieux en termes de Rock au sens large est le credo des Parisiens qui, après un premier album éponyme il y a deux ans, sont de retour avec « This Is Not An Album ». Comme l’indique son titre, ce nouvel opus est aussi une sorte de pied à une industrie musicale en pleine déliquescence. Solidement ancré dans un Heavy Rock délicieusement vintage, qui fait la bascule entre Classic Rock et Hard Rock, RED CLOUD a trouvé sa voie et enveloppe la légende d’une modernité rafraîchissante.

Pour ce deuxième effort, le groupe s’est lancé le défi de sortir un single par mois pendant huit mois. Une façon de rompre la monotonie, certes, mais surtout un challenge relevé haut la main qui nous renvoie aujourd’hui à « This Is Not An Album », une entité fougueuse et mélodique. Par ailleurs, Laura Luiz (orgue) a cédé sa place à Amy Prada, qui vient renfoncer la section guitare de RED CLOUD aux côtés de Rémi Bottriaux. Autant dire que l’accent est porté sur les riffs… Et on ne s’en plaindra pas, bien au contraire !

Situé quelque part entre Led Zeppelin et Rival Sons, « This Is Not An Album » présente des ambiances assez différentes, sans doute en raison du processus d’écriture. Sur un groove épais aux teintes bluesy, la voix de Roxane Sigre fait le liant entre un mur de guitare imposant et une rythmique soutenue. RED CLOUD sait aussi se faire plus aérien (« For Those Who Died Dancing »), comme pour mieux délivrer cette intensité qui fait son ADN (« Naked Under My Breath », « Black Sunlight », « Werewolf »). Une force qui s’affirme !

Retrouvez la chronique du premier album :

Catégories
Hard 70's Heavy Rock

Wucan : strong convictions

Aller au bout de ses envies tout en maintenant une exigence de chaque instant pourrait assez bien résumer la belle entreprise de WUCAN. Maîtrisant parfaitement ses classiques, les Allemands y insufflent des aspects très actuels avec une touche germanique inattendue et irrésistible. « Axioms » rassemble de nombreux styles qui cohabitent de manière très fluide, portés par une voix accrocheuse aussi douce que féroce. Un disque finalement très évident et d’une grande richesse.

WUCAN

« Axioms »

(Long Branch Records/SPV)

Depuis une décennie maintenant, le quatuor de Dresde affine, explore et peaufine son style. Sur une base Heavy Rock héritée du Hard Rock 70’s, il multiple avec beaucoup de talent les incursions diverses dans le Rock Progressif, le Metal vintage ou le Krautrock, tout en affichant des références directement issues du Rock de l’ex-Allemagne de l’Est. Une belle mixité qui prend forme grâce à une créativité sans frontières, ni limites et qui fait de WUCAN une formation originale et singulière, qui mélange la modernité à des sonorités Old School.

Avec « Axioms », le groupe réalise une espèce de synthèse très élaborée de ce qu’il avait entamé sur « Sow The Wind » (2015), « Reap The Storm » (2017) et « Heretic Tongues » (2022). Plus magnétique que jamais, la frontwoman Francis Todolsky guide l’auditeur dans un Rock fiévreux qu’entretiennent Rim George (guitare, claviers), Alexander Karlisch (basse) et Philip Knöfel (batterie). Inutile de rappeler que WUCAN se présente sous une production très organique, qui rend son groove irrésistible et les riffs des deux guitaristes tranchants.

Flamboyante six-cordiste et joueuse de thérémine, la chanteuse œuvre aussi à la flûte et ses sublimes interventions ne sont pas sans rappeler Jethro Tull ou King Crimson. Une ambiance vintage qui libère totalement le combo, qui peut ainsi se mouvoir dans des atmosphères chaleureuses et envoûtantes. WUCAN ne s’en prive pas et repousse un peu plus les codes d’un Classic Rock, qui a encore de beaux jours devant lui. (« Spectres Of Fear », « Wicked, Sick and Twisted », « KTNSAX », « Holz Auf Holz », « Pipe Dreams », « Fountain Of Youth »).

Photo : Joe Dilworth

Catégories
France Heavy Rock Rock Hard

Lucie Sue : la force et le fun [Interview]

Pétillante, déterminée et hyper-Rock’n’Roll, LUCIE SUE remonte sur le ring avec « Battlestation », un deuxième album où elle plonge littéralement dans un Heavy Rock qui vient trancher avec son premier opus, « To Sing In French ». Cette fois, les riffs sont massifs et tranchants et on imagine sans mal à quel point la terre de Clisson a du trembler lors du dernier Hellfest. Non sans beaucoup d’humour, la frontwoman évolue en totale liberté à grand renfort de décibels, tout en maîtrisant un projet qui lui ressemble tellement. Entretien avec une artiste inspiré, volontaire et profondément sincère.

– Tout d’abord, j’aimerais que l’on remonte un peu le temps jusqu’en juin 2022 où tu tenais la basse avec Steel Panther au Hellfest, lors d’un featuring mémorable. Pourtant, ton premier album n’est sorti que l’année suivante et l’aventure n’avait pas encore réellement commencé…

Ce jour-là, je m’en souviendrai toute ma vie ! C’était tellement incroyable ! Jouer devant 60.000 personnes avec un de mes groupes préférés, c’est exceptionnel. En revanche, j’avais déjà fini l’écriture de l’album avant de monter sur scène avec eux. Mais c’est sûr que cet événement a été un véritable propulseur pour moi, car j’ai marqué les esprits auprès du public, mais aussi des pros. Ton dossier de presse a une autre saveur quand tu peux dire que tu as fait ce genre de chose !

– Et cette année, quelques semaines avant la sortie de « Battlestation », tu as de nouveau foulé la mainstage du Hellfest avec ton groupe. Trois ans après, comment as-tu abordé ce concert ? As-tu eu tout de même cette impression de ‘première  fois’ ?

J’avais gardé en tête les images et la sensation de mon premier passage avec Steel Panther. J’étais préparée psychologiquement. Et puis, j’avais déjà vu les backstage, l’organisation, vécu l’attente et le stress avant de monter sur scène. La vue de la marée humaine depuis la scène. Ca faisait le même effet que dans le film « Gladiateur », avant qu’il entre dans l’arène, le sol tremblait, la foule criait, le vent était chaud…

Cette année, c’était à la fois moins stressant, car on jouait le matin à 11h. Il y avait donc moins de monde, et en même temps c’était beaucoup plus stressant parce que c’était ma musique, mes chansons, ma crédibilité vis-à-vis du Hellfest et vis-à-vis du public. Il ne fallait vraiment pas se planter. On était obligés d’assurer. Et je pense qu’on s’en est bien sortis ! Prochain objectif, jouer à 19h, comme Steel Panther ! (Sourires)

– Pour clore ce chapitre, on retrouve Satchel, le guitariste de Steel Panther, sur ton nouvel album pour le solo de « Ride The Wired Wild Tiger ». Comment est née cette idée de collaboration ? Avez-vous gardé le contact ces trois dernières années ?

Oui, j’ai toujours su que je voulais faire une collab’ avec lui. Je le lui avais dit à l’époque, parce qu’on a le même humour et les mêmes gouts musicaux. Alors naturellement, c’est à lui que j’ai pensé pour cette chanson et il a super gentiment accepté. Je lui écris de temps en temps, pour le tenir informé de mon évolution. Je prends de ses nouvelles, sans le harceler non plus. C’est vraiment un mec super cool et super doué.

– Revenons à « Battlestation », qui marque un tournant aussi par rapport à « To Sing In French » qui sonnait clairement plus Rock, voire Pop. Cette fois, le ton est nettement plus Metal et Heavy avec toujours cette sensation très 90’s. Pourquoi et comment as-tu amorcé ce virage plus ‘musclé’ ?

Pour « To Sing In French », je sortais d’une période de ma vie qui m’avait littéralement vidée. J’ai du tout reprendre à zéro. J’étais dans un moment dur, sombre et triste. Et ça se ressent dans l’album. Et depuis, je me suis reconstruite, j’ai trouvé en moi une force incroyable, comme si je naissais à nouveau, comme si j’étais une belle fleur qui s’ouvrait enfin ! J’ai retrouvé une patate de malade, l’envie de tout défoncer et dans un sens très positif ! (Sourires)  Et c’est pour ça que « Battlestation » est bien plus percutant. Il reflète l’énergie dans laquelle je me trouve !

– Tu as entièrement écrit, composé et aussi produit ce deuxième album et même conçu sa pochette. Au-delà d’une démarche très DIY évidente, « Battlestation » donne aussi l’impression d’être très personnel. C’est pour cette raison que tu as tenu à maîtriser l’ensemble du processus ?

Je ne ‘tiens’ pas spécialement à quoi que ce soit. Ca s’est fait comme ça. Par manque de moyen aussi et parce que je n’avais pas le choix. Mais finalement, ce n’est pas plus mal, car en maîtrisant tout, ça reste forcément cohérent et fidèle à ce que je veux. Ca reste moi. Et c’est important, je crois. J’essaie de plus en plus de faire confiance à mon instinct profond. J’essaie de plus en plus de m’écouter et de m’autoriser à dire non, si je ne le sens pas.

– Ton Heavy Rock est franchement explosif et mêle à la fois des moments de rage et d’autres plus sensibles. Cependant, il y a beaucoup de joie et d’humour aussi, le tout dans un univers très 90’s assez Glam. C’est important pour toi que l’esprit fun soit si dominant dans ta musique pour peut-être ne pas donner dans une certaine noirceur ?

Je pense qu’on peut beaucoup plus facilement faire passer un message en rigolant plutôt qu’en accusant, ou en étant trop premier degré. Etre moralisateur, ça peut vite braquer les gens. Et ça peut vite faire genre : ‘t’as un énorme melon’. C’est pour ça que l’humour et l’autodérision sont super importantes. Chez moi, c’est naturel et c’est en prenant du recul que je me rends compte que, finalement, c’est parfait pour communiquer, emballer les gens, les encourager et leur ouvrir les yeux !

– Ce qui ressort également de « Battlestation », c’est la durée des morceaux qui n’excède pas les trois minutes, et qui offre un sentiment d’urgence parfois. C’est une volonté d’efficacité et d’immédiateté, ou plus simplement ta vision personnelle du songwriting et de ton univers musical ?

(Rires) Bien vu ! Oui ça, pour le coup, c’était réfléchi en amont, contrairement au reste de ma vie que j’aborde plutôt de manière spontanée. Je me suis toujours dit qu’il valait mieux faire court et donner envie aux gens d’en reprendre, plutôt que de trop en donner et de saouler.

– Avant la sortie de l’album, tu as sorti huit singles en huit mois, ce qui est pour le moins atypique. Quel était l’objectif, voire l’enjeu, d’une telle démarche et « Battlestation » est-il d’ailleurs prêt dès le départ ?

« Battlestation » était prêt un an avant sa sortie. Mais on a du attendre pour démarcher des tourneurs, RP et autres partenaires. Et puis, comme j’observe comment font les autres, j’avais vu que Julien Doré sortait single sur single, chaque mois, et je me suis dit que l’idée était forcément bonne. Ca maintient l’algorithme et tu ne changes rien auprès de ta communauté, non plus. Donc on a chauffé, chauffé, chauffé avec huit singles, huit clips et huit promos pour que la sortie de l’album arrive en mode apothéose ! C’est un boulot de dingue, sachant qu’on a du tout faire tout seuls avec zéro budget. Mais ça valait le coup.

– Même si l’industrie musicale demande aujourd’hui une forte présence sur les réseaux et les plateformes, où est, selon toi, le sens de dévoiler à ce point un album avant sa sortie ? Sur les treize morceaux de « Battlestation », on en connait déjà huit et il en reste seulement cinq à découvrir. Le format du disque traditionnel est-il devenu obsolète, avalé par le numérique ?

J’ai vécu les années 90, donc pour moi le concept de l’album est super important. Mais j’ai conscience que ce ne l’est plus pour la majeure partie des gens, qui préfèrent écouter des playlists plutôt qu’un album de A à Z. Le numérique a tout chamboulé, et bien et en pas bien. Mais ça, c’est un autre débat. J’ai sorti huit singles, mais les cinq titres qui restent sont tout aussi cools, voire encore plus originaux. Je les adore et je pense sincèrement que vous allez les aimer aussi. D’ailleurs, je vais leur faire un clip à chacun, car ils le méritent tout autant que les huit autres.

– Enfin, j’imagine que le prochain objectif est la scène, mais as-tu aussi dans un coin de la tête l’envie de trouver un label, sauf si continuer à évoluer en indépendant te convient pour le moment et te semble la meilleure option ?

On a fait tout le boulot d’un label. On a constitué une super équipe de RP, on a les meilleurs tourneurs, je bosse sur la partie marketing, car je suis graphiste et mon manager est à fond sur les contacts et le développement. Il connait tout le monde et il est malin. Donc à part pour faire du ‘name dropping’ et se faire pomper un pourcentage impressionnant de droits, on n’a pas besoin d’un label. Dans ce schéma-là, on maitrise tout. Je préfère. Mais il ne faut jamais dire jamais. On verra ce qui se présente. Ce qu’il nous faut à présent, c’est un tourneur pour l’international, les Etats-Unis, l’Australie, l’Asie, l’Amérique du Sud, etc…

Le nouvel album de LUCIE SUE, « Battlestation », sera disponible le 29 août sur le site de l’artiste et sur toutes les plateformes : www.luciesue.com

Photos : Xavier Ducommun (1, 2, 4) et Tisseau (5).

Catégories
Hard'n Heavy Heavy Rock International

The Violent Hour : rockin’ lady [Interview]

Après 15 ans passés à la tête des Butcher Babies, combo qu’elle avait fondé, et tout juste intronisée au chant chez Lords Of Acid, Carla Harvey se présente aujourd’hui avec un projet plus personnel et dans un registre très différent de ce qu’elle nous a jusqu’ici donné d’elle. Très californien dans l’esprit comme dans le son, la frontwoman a laissé les reines à Charlie Benante, prolifique multi-instrumentiste, producteur et membre d’Anthrax. Le résultat est un Heavy Rock bardé de mélodies entêtantes et accrocheuses, où l’on découvre d’ailleurs un nouvel aspect de ses capacités vocales et de son écriture. La chanteuse nous parle de ce premier EP éponyme de THE VIOLENT HOUR, sa nouvelle formation qui prendra la route en septembre…

– Carla, avant de parler de ce premier EP, j’aimerais qu’on dise un mot au sujet de Butcher Babies que tu as fondé et quitté 15 ans plus tard. Est-ce que tu as eu le sentiment d’en avoir fait le tour ? Qu’il te fallait peut-être passer à autre chose ?

Je suis très fière de mon travail au sein de Butcher Babies et de ce que nous avons accompli en tant que groupe. Nous sommes partis de rien, nous avons exploré le monde et nous avons enregistré six albums exceptionnels. Je n’avais pas l’impression d’avoir tout vu, au contraire. La vie et les priorités ont changé au fil de ces 15 ans et j’ai constaté qu’être sur la route dix mois par an n’était ni sain, ni propice à l’épanouissement. Les deux autres membres fondateurs du groupe étant en couple, être constamment sur la route ne leur posait donc aucun problème. Mais pour moi, cela impliquait de grands sacrifices.

– En janvier dernier, tu as annoncé ton arrivée au sein de Lords Of Acid. En plus de tes autres activités, tu as aussi besoin de mener de front plusieurs projets musicaux ? Et comment est-ce que cela s’est d’ailleurs fait ?

Je n’ai jamais caché que j’étais une grande fan de Lords of Acid. Alors quand ils ont eu besoin de quelqu’un au chant et qu’ils me l’ont proposé, j’ai sauté sur l’occasion. Je rentrais tout juste de ma première tournée avec eux et ce fut l’une des meilleures expériences que j’ai jamais vécues. Les concerts affichaient complet presque tous les soirs et l’énergie sur scène était incroyable. J’avais toujours le sourire et je me sentais tellement libre. Je vivais une sorte d’expérience extracorporelle chaque soir. Peut-être parce que je jouais la musique que j’adorais à 16 ans… Je l’ai fait avec un abandon total. Je ne considère pas cela comme une simple jonglerie entre plusieurs projets musicaux. Lords of Acid demande peu de temps, environ une tournée par an, pour une énorme récompense. Et puis, je suis également ravie de bientôt tourner avec THE VIOLENT HOUR.

– Entre le passé, le présent et le futur que l’on peut représenter par Butcher Babies, Lords Of Acid et THE VIOLENT HOUR, quel est le groupe qui te ressemble le plus et qui est le plus proche ta culture musicale ? Ce nouveau projet peut-être, qui dénote un peu des deux autres ?

Je pense que chaque groupe représente une part de moi à un moment précis. THE VIOLENT HOUR est celle qui me semble la plus précieuse, car le contenu des paroles n’appartient qu’à moi. Ces chansons m’ont aidée à traverser une période difficile et m’ont fait redécouvrir le processus créatif. Elles me rappellent aussi la Carla que j’étais à 16 ans, ce qu’elle aimait et cela me parle beaucoup également.

– Au regard de tes autres expériences musicales qui sont nettement plus Metal, tu donnes l’impression ici de t’épanouir pleinement dans ce Hard’n Heavy, qui se veut aussi plus intemporel. Et vocalement aussi, ta palette s’est agrandie. Est-ce que tu te sens plus libre au niveau du chant avec THE VIOLENT HOUR ?

Pour être honnête, au début, j’avais peur d’écrire ces chansons. Je pensais qu’après tant d’années à chanter avec une voix gutturale, c’était peut-être juste ça que les gens voulaient entendre de moi. En fait, quand j’ai essayé de les chanter pour la première fois, j’avais presque l’impression que ma voix était prisonnière. J’avais peur de la faire sortir. Puis, à un moment donné, pendant l’écriture, j’ai eu un déclic et j’ai commencé à m’amuser. Et ces voix que je n’ai jamais l’occasion d’utiliser ont commencé à jaillir de moi. Et même si j’ai toujours aimé le Metal, j’aime tout autant, peut-être même plus, le Hard Rock. Le premier groupe que j’ai vraiment adoré était Guns N’ Roses.

– « The Violent Hour » a été réalisé avec Charlie Benante d’Anthrax, multi-instrumentiste et producteur de l’EP. Comment s’est passée cette collaboration et, avant cela, votre rencontre, car vous œuvrez tous les deux dans des registres assez différents ?

Charlie et moi nous sommes rencontrés à un festival de musique où nous jouions tous les deux en 2014. Je crois que c’était le ‘KnotFest’. Mon groupe avait repris un morceau de SOD, « Pussy Whiped », et il m’a demandé pourquoi nous avions choisi de l’interpréter. Nous avons commencé à sortir ensemble en 2015 et la suite appartient à l’Histoire. Bien que nous ayons improvisé quelques morceaux ensemble pendant le Covid, nous n’avions pas vraiment collaboré comme nous le faisons maintenant.

Quand la séparation des Butcher Babies a eu lieu, je pense que Charlie a compris que je faisais le deuil de ce groupe que j’avais créé. Je ne savais pas ce qui m’attendait musicalement, mais il savait que je n’étais pas prête à abandonner. Il m’a en quelque sorte fait arrêter de me complaire dans la tristesse du moment en me disant : « Lève-toi, aujourd’hui, on va écrire, on va composer ! ». Et il a commencé à me proposer des idées qui me parlaient vraiment, car il connaît toutes mes premières influences. Par exemple, il savait que j’adorais Aerosmith et Guns N’ Roses, et c’est ainsi qu’est née la chanson « Hell Or Hollywood ».

Ecrire est redevenu passionnant, car nous avons composé des chansons qui parlent vraiment à l’enfant qui sommeille en moi. C’était très différent que la composition avec un groupe complet, car Charlie a écrit et joué de tous les instruments… Mais je lui fais vraiment confiance musicalement. C’est très important quand on est juste tous les deux à faire de la musique.

– Tu signes donc les paroles des cinq chansons et elles paraissent très personnelles à l’image de « Hell Of Hollywood », justement. Avec ce projet, on a le sentiment que tu te dévoiles un peu plus. D’ailleurs, comme THE VIOLENT HOUR est une aventure en solo, pourquoi ne pas l’avoir présenté sous ton nom ?

Quand j’écris de la musique, je suis vraiment sincère. Je ne peux être qu’authentique. J’adore raconter des histoires, et celles que je connais le mieux sont les miennes. J’aime aussi l’idée de pouvoir aider l’auditeur à se sentir moins seul en partageant quelque chose à laquelle il peut s’identifier. Quant à mon travail actuel, j’ai toujours détesté les projets dits ‘solo’. Je n’ai jamais voulu être une artiste solo, car j’ai toujours adoré l’idée de faire partie d’un groupe. Plus jeune, j’adorais que chaque membre ait une personnalité distincte. THE VIOLENT HOUR sera un groupe… Il y a d’ailleurs déjà des musiciens en répétition avec moi pour préparer nos premiers concerts.

– Par ailleurs, est-ce que c’est l’importance prise par les plateformes numériques aujourd’hui qui t’a convaincu de sortir un format court plutôt qu’un album ? On reste un peu sur notre faim…

J’aimerais que plus de gens aient la capacité d’écouter un album complet de nos jours. C’est aussi pour cela que je voulais accorder à chaque chanson une attention particulière et lui donner de l’espace pour respirer. Mais il y en a d’autres en préparation, crois-moi ! (Sourires)

– En plus de Charlie Benante, tu accueilles des guests de renom sur cet EP. On retrouve John5 de Mötley Crüe sur « Sick Ones » et Zakk Wylde sur « Hell Or Hollywood », ainsi que le chanteur de Crobot, Brandon Yeagley, sur « Portland, Oregon ». Ce sont des musiciens que tu connais depuis longtemps et avec qui tu avais déjà travaillé ?

Je dois dire que je suis très fière de Charlie et de tout ce qu’il a fait avec ces chansons. Si les gens ne le voient que comme un batteur, leur opinion changera complètement après avoir écouté cet EP. Il joue de tous les instruments sur ces chansons, y compris la guitare slide. J’étais vraiment ravi d’avoir aussi John5, Zakk Wylde et Brando sur l’album. J’ai d’ailleurs participé à un morceau de John5 et j’ai tourné plusieurs fois avec Zakk et Black Label Society. Comme Charlie est très ami avec eux, donc c’était naturel de leur demander de participer. Il a aussi travaillé avec Brandon sur ses jams de confinement en 2020. Ils sont donc devenus amis. Comme c’est agréable d’avoir des amis talentueux ! (Rires)

– De quelle manière avez-vous travaillé ensemble, notamment pour le duo avec Brandon Yeagley, et les deux guitaristes ont-ils eu carte blanche ? 

Le duo que j’ai fait avec Brandon est une reprise de la chanteuse et compositrice Loretta Lynn. J’ai toujours adoré cette chanson. C’est un morceau de Country impertinent et sexy qui parle d’une aventure d’un soir. Elle la chante avec Jack White et j’ai trouvé que Brandon avait la voix parfaite pour la chanter avec moi. Et quand John5 et Zakk Wylde ont fait les solos sur « Sick Ones » et « Hell Or Hollywood », je leur ai laissé une totale liberté. Lorsque j’ai récupéré les solos, ils étaient honnêtement encore meilleurs que ce que j’imaginais. Je crois même que j’en ai pleuré. Je n’arrivais pas à croire que ces solos phénoménaux figuraient sur mes chansons. Ce fut un vrai moment d’émotion.

– D’ailleurs, à propos de ces featurings, avez-vous pu travailler directement ensemble, sachant qu’aujourd’hui beaucoup de choses se font à distance ?

Comme chacun a son propre home studio, tout s’est donc fait à distance. Mais bien sûr, je passe beaucoup de temps avec Zakk Wylde.

– Enfin, j’imagine que tu dois être impatiente de présenter ces nouveaux morceaux à ton public sur scène. Est-ce que des concerts sont déjà prévus et y intègreras-tu aussi des chansons de Butcher Babies ?

J’ai tellement hâte de voir THE VIOLENT HOUR en tournée. J’ai un groupe féminin incroyable, dont je rêve depuis des années. Je suis une grande fan du mouvement ‘Riot Grrl’ des années 90. Nos premiers concerts auront lieu en septembre avec Buckcherry et Michael Monroe, et nous jouerons uniquement des compositions originales de THE VIOLENT HOUR.

Le premier EP éponyme de THE VIOLENT HOUR est disponible chez Megaforce Records.

Photos : Lynn Yati (1, 3)

Catégories
Hard'n Heavy Heavy Rock

Vulvarine : proudly explosive

Réellement investie, la formation viennoise se présente avec « Fast Lane », un deuxième effort qui vient confirmer le potentiel aperçu à ses débuts. Sur de solides fondations Hard Rock, les musiciennes savent se faire Heavy, Glam aussi à l’occasion et laissent même échapper quelques gimmicks Punk. Bien produite, polyvalente et survoltée, cette nouvelle réalisation est intense, rafraîchissante et assure à VULVARINE une nouvelle stature dans l’univers Heavy Rock européen qu’elles s’apprêtent à conquérir armées d’un farouche caractère.

VULVARINE

« Fast Lane »

(Napalm Records)

En l’espace de cinq ans, on a pu assister en temps reel à la métamorphose, du moins à la saisissante progression, de VULVARINE. Depuis « Unleashed » en 2020, suivi de l’EP « Witches Brew » fin 2023, les Autrichiennes ont peaufiné leur style, resserré leur jeu et gagné en efficacité. Les compos sont plus racées, leur débordante énergie canalisée et avec « Fast Lane », elles franchissent un nouveau cap. Toujours aussi fougueuses, leur Hard Rock trouve son identité dans un élan Heavy, teinté de Punk et de Glam. Sexy & Raw au final !

Certes, il y a du Girlschool, une touche de Joan Jett dans l’attitude aussi et un brin de The Runaways chez VULVARINE, qui s’inscrit dans la lignée des groupes 100% féminin à l’ADN hyper-Rock’n’Roll. Mais sans compromis, ce deuxième album est explosif et vivifiant avec un côté sauvage qui sert parfaitement des refrains très accrocheurs. Même si elles évoluent dans un registre assez classique, « Fast Lane » est résolument moderne et impactant. Fruit d’une collaboration entre trois producteurs, l’ensemble est très homogène et costaud.  

Avec une approche féministe et volontaire, VULVARINE affirme ses convictions et ses valeurs, tout en libérant une bonne dose d’adrénaline. Brut et rentre-dedans, le quatuor affiche puissance et détermination, et met en avant des mélodies bien ciselées (« The Drugs, The Love And The Pain », « Demons », « Alright Tonight », « Equal, Not The Same », « Polly The Trucker » et l’acoustique « She’ll Come Around »). Au final, « Fast Lane » ne renverse pas la table, mais y pose comme il faut tous les ingrédients d’un avenir serein. La scène sera révélatrice.

Catégories
Hard Rock Heavy Rock

Big Canyon : le plein d’audace

L’ampleur et la dimension prises par le groupe sur ce nouvel effort éponyme semble marquer à elles seules le fossé qui le séparait de sa formule en trio. Sur « Big Canyon », son volume est décuplé et enfin à sa taille. Heavy Rock, Hard Rock, peu importe finalement tant les chansons respirent, cognent et deviennent familières en un claquement de doigt. Si le nouveau chanteur change forcément la donne, les autres musiciens de BIG CANYON donnent aussi l’impression d’être enfin à leur place. Tentaculaire et immédiat, il règne une proximité haletante pleine d’audace. 

BIG CANYON

« Big Canyon »

(Independant)

Que 2020 semble bien loin à l’écoute de l’album de BIG CANYON. A l’époque, le groupe évoluait encore à trois et sortait son tout premier EP. Il faut bien avouer que la métamorphose est saisissante et elle s’explique même assez facilement. Tout d’abord, l’arrivée au chant d’Andi Meacock apporte beaucoup de poids et de relief, au point de rendre le combo londonien presque méconnaissable. Un nouveau départ exaltant s’offre à lui et renforce son Heavy Rock en consolidant solidement ses fondations, grâce à une énergie folle et toute en nuances, qui vient flirter avec un Hard Rock très britannique.

Si le nouveau frontman conduit la formation avec beaucoup d’assurance et un talent indéniable, qu’il doit en partie à une puissance vocale et un grain aussi identifiable que chaleureux, il y a un autre élément important dans cette évolution sonore et musicale. Pour son premier opus complet, BIG CANYON a fait appel au producteur Dave Draper, connu pour son travail avec The Wildhearts (qui s’apprête d’ailleurs à faire son retour très bientôt) et Terrovision pour ne citer qu’eux, et ça change pas mal de choses. La puissance des guitares, la lourde rythmique et le chant trouvent un équilibre parfait.  

Si le quatuor n’élude pas quelques belles ballades, l’ensemble est plutôt costaud et fait également une place conséquente à des mélodies très travaillées, qui n’ont aucun mal à entrer dans le crâne pour ne plus en sortir. BIG CANYON a l’art de se faire fédérateur et très accrocheur et ses nouveaux titres sont franchement taillés pour la scène (« Rescue Me », « Mine In Another Time » », « Dominion Of Truth », « Beautiful Mind », « Captain Of Your Soul », « Devil In Disguise », « The Things You Do »). Bruts et authentiques, les Anglais manient les émotions avec subtilité et une implacable cohérence.

Catégories
Classic Rock Heavy Rock Rock Rock US

Ginger Evil : solid as a Rock

Avec un telle entrée en matière, le combo nordique ne risque pas de passer inaperçu. Composé de musiciens chevronnés, GINGER EVIL s’aventure dans un Rock qui se fait de plus en plus rare et qui reprend les codes d’un registre efficace et mélodique. Avec « The Way It Burns », c’est une sorte de retour aux fondamentaux qu’il propose et la belle surprise vient aussi de sa chanteuse, Ella Tepponen, qui s’impose grâce à une technique irréprochable et une grande capacité à varier les intonations vocales. Très mature, ce premier album va réconcilier les fans de Rock au sens large.

GINGER EVIL

« The Way It Burns »

(Frontiers Music)

Voici la nouvelle sensation Rock finlandaise et c’est peu de le dire ! Les membres de GINGER EVIL n’en sont pas à leur coup d’essai, puisqu’on retrouve ici le guitariste Tomi Julkunen et Veli Palevaara qui faisaient tous deux partie de The Milestones. Rejoints par le batteur Toni Mustonen, le combo a enfin affiché complet avec l’arrivée d’Ella Tepponen au chant, laquelle offre au groupe sa véritable identité musicale et, entre Power et Heavy, son Rock est musclé, accrocheur et surtout parfaitement interprété.

En confiant la production de « The Way It Burns » à Teemu Aalto (Insomnium) et le mastering à Svante Forsbäck (Rammstein, Volbeat, Apocalyptica), GINGER EVIL a mis tous les atouts de son côté et ce premier opus est de ceux qui font franchement du bien. Cela dit, il ne faut pas s’attendre à une grande révolution, mais le Rock des Scandinaves a cet aspect très frais et fédérateur, qui peut faire d’eux une valeur sûre. Et puis, ce savoureux mix de Rock US, d’Alternative Rock et de Classic Rock séduit sans mal.

Très moderne dans son approche comme dans le son, GINGER EVIL ne met pas bien longtemps à tout emporter. Dès « Rainmaker », la vivacité des riffs et la puissance vocale de la frontwoman prennent le dessus et la suite s’annonce solide. Très américain dans le style, le quatuor multiplie les ambiances avec des clins aux 70’s comme à la scène californienne des 90’s (« Dead On Arrival », « Shame On », « Hands Move To Midnight », « Better Get In Line », « Not Your Fool »). Actuel et intemporel : une réussite.

Catégories
Heavy Rock Rock Rock Hard

Sons Of Silver : classy Rock

Il y a assez peu de groupes qui dégagent autant de classe, de facilité et de maîtrise du songwriting sur un premier long format comme c’est le cas sur « Runaway Emotions ». Porté par la voix chaleureuse et touchante de son leader, SONS OF SILVER laisse pourtant la place à chacun, que ce soit sur des parties de guitares sauvages, une rythmique soutenue et tellement raffinée que sur des claviers aussi discrets qu’indispensables. L’union au sein du combo est incroyable de fluidité et la qualité d’écriture est renversante. Quand expérience et intelligence entrent en symbiose ! 

SONS OF SILVER

« Runaway Emotions »

(4L Entertainment)

Au moment de sa création en 2019, Peter Argyropoulos, leader de Pete RG, n’a pas manqué de s’entourer de pointures, faisant de SONS OF SILVER un groupe hors-norme dont le nom d’ailleurs reflète parfaitement son ambition : solide, délicate et créative. Il est accompagné de Marc Slutsky, batteur emblématique qui a tourné avec les Goo Goo Dolls et Peter Murphy notamment, Adam Kury (bassiste de Candlebox) l’ancien guitariste de Skillet, Kevin Haaland, et, enfin, la claviériste et ingénieure de renom Brina Kabler. Et suite à deux EPs assez expérimentaux, voici enfin le premier album, « Runaway Emotions », où la direction musicale est beaucoup plus nette.

Basé à Los Angeles, SONS OF SILVER rassemble un beau patchwork de ce que la Cité des Anges offre depuis des décennies. Très Rock et tirant sans complexe sur le Hard Rock, voire le Glam, avec une base très américaine dans le son et un côté Indie qui donne justement beaucoup de finesse à l’ensemble, le collectif peut se montrer de prime abord un peu insaisissable. Assez classique tout en étant avant-gardiste, notamment dans les arrangements, « Runaway Emotions » accroche avec une simplicité apparente, qui laisse l’espace aux musiciens pour s’exprimer pleinement à travers des compositions très libres et entraînantes.

Puissantes de bout en bout, les chansons de ce premier opus affichent la technicité, le groove et le sens de la mélodie de ses membres. C’est à un véritable travail d’orfèvre auquel s’est livré SONS OF SILVER grâce aussi à un sens du détail très poussé. Bien sûr, les Californiens font écho à The Cult et même à Bowie, au Juju Hounds d’Izzy Stradlin et parfois bien sûr aux combos dont ils sont issus. Mais le style est personnel et assez unique en son genre. Rien n’est surjoué, exagéré, ni convenu, le quintet présente un univers bien à lui, magnifié par une production irréprochable et brillante. Un disque complet qui s’écoute et se réécoute à l’envie…! 

Catégories
Glam Rock Heavy Rock Punk Rock Sleaze

Dharma Guns : free spirit

Conçu avec l’aide de son ingénieur du son, le quatuor a géré de bout en bout la conception de son premier album, et « Ex-Generation Superstars » vient mettre de jolis coups de pied dans la fourmilière du Rock’n’Roll. Très inter-générationnel, DHARMA GUNS remonte aux origines du style pour mieux le rendre actuel. Et si une teneur assez Punk revient régulièrement avec ce côté très direct, le quatuor se place bien au-dessus, grâce à une technique irréprochable et un sens de la mélodie qui reflète son expérience. Brut et très bien arrangé, ce premier opus est une véritable bouffée d’air frais.

DHARMA GUNS

« Ex-Generation Superstars »

(Rockhopper Music)

Si vous connaissez l’œuvre de Jack Kerouac, peut-être avez-vous déjà entendu parler de « The Dharma Bums » (« Les Clochards Célestes ») ? C’est en tout cas ce qui semble avoir inspiré le chanteur Pete Leppänen pour le nom du groupe. Avec sûrement aussi Guns N’Roses, car on retrouve la fougue et le côté sleazy des débuts des Californiens. Deux belles références donc. Tous issus de la scène Rock d’Helsinki, les membres de DHARMA GUNS n’en sont pas à leur coup d’essai et il faut reconnaître qu’ils se sont bien trouvés.

Les Finlandais n’ont pas perdu de temps et, à l’image de leur musique, la dynamique s’est rapidement mise en route. Fin novembre 2023, ils commencent les répétitions avant d’entrer en studio en février quelques semaines plus tard. Et en seulement deux jours, DHARMA GUNS enregistre l’essentiel d’« Ex-Generation Superstars », qui sort la même année. On n’est pas là pour traîner ! Autoproclamé ‘Street Rock’ avec des touches de Glam et de Classic Rock mêlées à une énergie proto-Punk, l’ensemble a de belles saveurs live.

Derrière cette façade aux teintes Garage, on devine beaucoup d’ambition de la part des Scandinaves, qui ne se contentent pas des deux/trois accords habituellement utilisés dans le registre. Ici, ça joue et chante bien et les solos distillés viennent valider une maîtrise et une qualité de composition aussi pêchue que parfaitement ciselée. DHARMA GUNS avance sur un groove qui ne manque pas d’élégance et des refrains carrément entêtants (« Far Out », « The Vipers », « Love Bug », « Psychobabble », « Dharma Guns »). Une petite bombe ! 

Photo : Marek Sabogal – Juha Juoni