Par bonheur, il existe toujours des groupes pour qui l’analogique signifie encore quelque chose et qui parviennent encore à en extraire des petites merveilles. C’est le cas de DEWOLFF qui poursuit son aventure vintage entre Rock, Blues et Hard 70’s avec une touche de Soul et de Funk et basée sur un groove permanent. Avec « Love, Death & In Between », le trio néerlandais atteint encore des sommets.
DEWOLFF
« Love, Death & In Between »
(Mascot Label Group)
Cela fait maintenant 15 ans que DEWOLFF est resté bloqué dans les années 70, une époque qu’aucun de ses membres n’a connu et pourtant qu’aucun d’entre-eux ne souhaite quitter. Les Hollandais, nourris de Blues, de Rock Psychédélique, de Soul, de Gospel, et même de Southern Rock et de Hard vintage livrent un huitième album studio dantesque et plus élaboré que jamais. Le trio a vu les choses en grand et cela s’entend.
Les frères Van de Poel, Pablo au chant et à la guitare et Luka derrière les fûts, accompagnés du fidèle Robin Piso à l’orgue Hammond, offrent une synthèse incroyable d’une période musicale qui a forgé leurs influences pour obtenir ce style à la fois unique et intemporel. Et pourtant, DEWOLFF ne se répète, ne tourne pas en rond et se concentre sur un jeu incroyablement fluide délivrant des mélodies enivrantes d’un autre temps.
Superbement produit, « Love, Death & Between » est chaleureux et organique bénéficiant d’un soin tout particulier apporté aux cuivres, qui libère une superbe luminosité. Groovy et entraînant, DEWOLFF enchaine les morceaux sur une allure stellaire (« Night Train », « Message From My Baby », « Counterfeit Love », « Gilded »). Avec une mention spéciale à « Rosita » et ses 16 fabuleuses minutes, magnifique point d’orgue de l’album.
A noter que DEWOLFF se produira en Bretagne au festival ‘God Save The Kouign’ le 23 juin prochain à Penmarc’h, Finistère (29).
Lien billetterie sur la bannière de la page d’accueil.
Partagé entre la ferme et la scène, THE INSPECTOR CLUZO a pourtant, et plus que jamais, les pieds sur terre. Mobilisé et entreprenant, le duo Blues Rock reste passionné et enflammé. Militants de la première heure, les Landais livrent avec « Horizon », l’un de leurs albums le plus personnel et le plus abouti de leur discographie. Découverte de l’album donc, avant une interview à venir…
THE INSPECTOR CLUZO
« Horizon »
(Fuck The Bass Player Records)
Il y a 15 ans, THE INSPECTOR CLUZO ouvrait la voie aux duos explosifs, qui sont aujourd’hui légions. Jamais égalés, Laurent Lacrouts (guitare, chant) et Mathieu Jourdain (batterie) viennent de sortir depuis leurs Landes natales un neuvième album ardent et toujours autoproduit, où leur Blues Rock prend encore plus de volume. Toujours aussi inspiré, le groupe nous livre un « Horizon » majestueux et… dégagé.
Trois ans de travail dont trois semaines de studio à Nashville, Tennessee, ont été nécessaires à THE INSPECTOR CLUZO pour élaborer et mettre au point le successeur de l’excellent « We The People Of The Soil », sorti il y a cinq ans. Fort de ce succès, les deux fermiers ont enchainé les concerts, dont une belle prestation au Hellfest cette année, et ont retrouvé le producteur Vance Powell (Raconters, Jack White) pour un résultat brillant.
Toujours aussi roots, THE INSPECTOR CLUZO réussit encore à surprendre grâce à des arrangements très soignés, des compos nuancées et un engagement intact. Magnifié par un violon, un violoncelle et une voix féminine sur « Shenanigans », délicat sur « The Outsider », entraînant sur « Act Local Think Global », musclé sur « Rockphobia » et « The Armchair Activist » et euphorisant sur « Saving The Geese », « Horizon » est un festin musical.
Grosses guitares, solide rythmique et refrains entêtants, le recette de LITTLE PIG est simple et a fait ses preuves depuis les années 90 du côté de Seattle. Vous l’aurez compris, le trio italien, dans un Alternative Rock/Metal massif et addictif, distille un Grunge puissant et très actuel, qui ne fait pas dans la demi-mesure. Pour un peu, on prendrait un sacré coup de jeune !
LITTLE PIG
« Little Pig »
(Wormholedeath Records)
Ne croyez surtout pas qu’avec un tel patronyme, LITTLE PIG est là uniquement pour la rigolade ou encore moins pour faire les choses à moitié. Loin de là, le trio développe avec la plus grande fermeté un Alternative Metal/Rock nourri au Grunge des 90’s et franchement costaud. Après s’être aguerris au sein de plusieurs formations, les Italiens ont décidé de prendre les devants ensemble et bien leur en a pris.
Avec ce premier album éponyme, LITTLE PIG montre les crocs et livre à travers sept morceaux un style bien à lui et qui se veut bien plus original que la plupart des combos actuels du même genre. Alessio Suzzi (chant, basse), Davide Maghini (batterie) et Agostini Marino (guitare, chant) ne sont pas là pour faire de la figuration comme en témoigne la cascade de riffs acérés et de mélodies exaltantes.
Très efficaces dans leur composition et bien produits, les titres de « Little Pig » laissent apparaître un enthousiasme communicatif (« 27 », « Cameo ») et une fougue peu contenue. LITTLE PIG a pris le soin d’apporter beaucoup de modernité à son jeu avec quelques touches de Nu Metal qui se fondent parfaitement dans un esprit originel du genre très présent (« Hardened Soul », « Uncle Jack » et le morceau-titre). Réjouissant !
Fluide et plein d’émotion, « Five Stars Above » navigue dans un univers progressif entre Metal et Rock sur un ton très narratif et où les ambiances se croisent et s’entrechoquent pour ne faire qu’une. WEDINGOTH est au sommet de son art et les Français, servis par une voix féminine stupéfiante, offrent une prestation irréprochable et tout en finesse.
WEDINGOTH
« Five Stars Above »
(Independant)
Il aura fallu attendre six ans pour découvrir la suite des aventures progressive de WEDINGOTH. Après « Alone In The Crowd », le quatuor lyonnais refait surface avec « Five Stars Above », un album traversé par les voyages et les rêves et dans un registre qui se distingue du reste de la scène hexagonale. Fort d’une grande technicité, le groupe se met pourtant au service des mélodies avec beaucoup de talent.
Bien qu’autoproduit, cette quatrième réalisation n’a pas à rougir face à celles du même style, bien au contraire. Développé sur près d’une heure, « Five Stars Above » est parfaitement équilibré offrant un vaste espace à chaque instrument et ne s’encombrant d’aucune fioriture. WEDINGOTH maîtrise son sujet et parvient à faire de chaque morceau un moment suspendu, presqu’intemporel, où il rayonne pleinement.
Au chant, Céline Staquet hypnotise autant qu’elle libère une incroyable puissance sur les neuf titres du disque. Soutenue par une rythmique souple et solide, la frontwoman peut aussi se reposer sur les riffs accrocheurs de son guitariste. WEDINGOTH affiche donc une unité indéfectible dans une harmonie envoûtante (« Masterpiece Of Life », « I Don’t Care », « Time », « My Own Sacrifice »). Epoustouflant !
Une telle audace de la part d’une chanteuse dont la créativité semble sans limite est suffisamment rare pour être soulignée. Dans un esprit très indépendant et DIY, SUN brise les codes de la Pop, d’un Power Rock exalté et d’un Metal souvent convenu, et tout ça fait franchement plaisir à entendre. Avec « Brutal Pop II », la musicienne s’affirme pleinement, tout en installant un style bien à elle.
SUN
« Brutal Pop II »
(Independant)
L’artiste franco-allemande, pour le moins singulière, peut se targuer d’avoir créé un registre à part entière et dont elle a même nommé ses deux premiers EP, « Brutal Pop ». Et cette fois, c’est avec le ‘Volume II’ qu’elle vient confirmer et peaufiner une musique aussi étonnante qu’accrocheuse. SUN a trouvé sa voie, elle est toute tracée et tellement évidente. Une espèce d’OVNI musical rafraîchissant et dynamique.
Bien sûr, on retrouve tous les éléments propres à la Pop avec des refrains addictifs et des mélodies légères et efficaces. Pourtant, Karoline Rose, alias SUN, qui cumule les postes de chanteuse, guitariste, claviériste, parfois bassiste et bien sûr songwriter, livre un univers très particulier où se mêlent de puissants screams et des double-pédalages cher au Metal. L’art de se fondre dans les contraires avec beaucoup d’originalité et d’agilité.
Après une première réalisation de six titres et ce « Brutal Pop II » qui en compte cinq, les deux EP de SUN sont finalement indissociables l’un de l’autre, afin de mieux saisir la démarche et l’œuvre très personnelle de la frontwoman. Dans une atmosphère marquée par le son des 90’s, elle enchaîne brillamment des morceaux aux arrangements subtils (« Wave », « Strength », « Princess Erakin », « John And I »). A découvrir d’urgence !
Revenue brillamment sur le devant de la scène il y a quelques années et saluée par son précédent album, « Radio On! », LEE AARON semble entamer avec un féroce appétit une seconde partie de carrière, qui lui va vraiment très bien. Avec « Elevate », la Canadienne persiste avec son groupe à livrer des chansons toujours aussi Rock et Hard avec ce soupçon si particulier et bluesy dans la voix. Une nouvelle fois, elle vient nous parler de son nouvel opus avec toute la fraîcheur et le côté direct qui la caractérise.
Photo : Theresa Mitchell
– L’an dernier, lors de notre dernière interview, je t’avais trouvé particulièrement épanouie d’autant que « Radio On! » était un album très réussi. Quel accueil a-t-il reçu et a-t-il été au niveau de tes attentes ?
J’ai reçu d’excellentes critiques et il s’est très bien vendu, alors oui, je dirais que j’ai été comblée. J’étais très contente de cet album et de la qualité des chansons qui contient. Je pense que le groupe est devenu meilleur au niveau de l’écriture. Mais j’essaie de ne pas me fixer d’attentes particulière, parce qu’on ne peut pas faire de la musique en espérant plaire aux autres. Il faut d’abord se faire plaisir. Ensuite, on espère que d’autres l’aimeront aussi. Par exemple, notre album de Noël, « Almost Christmas », n’a pas reçu de critiques élogieuses de la part de la presse Metal, mais le single « It Doesn’t Often Snow At Christmas » a obtenu des dizaines de milliers de streams, donc les gens l’aiment et l’écoutent.
– « Elevate » arrive finalement assez rapidement, et il a été composé durant le confinement. Tu l’as vécu comme une façon de rompre avec l’isolement et peut-être aussi de transformer la situation en source d’inspiration ?
Absolument. Nous avons fait deux émissions pour « Radio On! », puis le monde s’est à nouveau arrêté. Je sentais qu’il était très important de garder le groupe connecté et créatif, alors j’ai décidé que nous devions faire un autre album tout de suite. « Elevate » a été écrit et enregistré entre l’été 2021 et le printemps 2022. C’est un projet qui a permis de garder tout le monde très concentré et positif.
Photo : Theresa Mitchell
– Depuis « Radio On! », tu fais preuve à travers tes morceaux d’une énergie incroyable et cela se traduit par des chansons extrêmement positives. C’est ta manière de travailler qui a changé, ou c’est un regard neuf sur ta démarche artistique ?
Comme je te le disais, je pense que le groupe a atteint un point idéal dans la composition des morceaux et la compréhension de chacun d’entre-vous. Nous avons tous des influences différentes que nous faisons fusionner pour qu’elles se fondent toutes pour créer notre ‘son’. C’est très Rock, c’est costaud et positif. Dave aime vraiment la Power-Pop, Sean aime les classiques des années 80 et j’aime tout de la Pop au Metal en passant par le Punk et le Blues. D’une manière ou d’une autre, tout finit par bien se mélanger et il en ressort du LEE AARON.
– D’ailleurs, et comme son nom l’indique, « Elevate » est une invitation à aller de l’avant dans sa vie et ses projets. Ton objectif était de délivrer un message positif et de transmettre ton côté très volontaire ?
Je ne suis pas sûr d’avoir commencé à écrire « Elevate » dans un ‘but’ précis. Cependant, il était difficile de ne pas être affecté par ce qui se passait dans le monde à l’époque. La pandémie, et le fait de ne plus pouvoir se voir en personne, semblaient faire ressortir le pire des gens en ligne. Les médias sociaux ont la capacité de diviser complètement les bonnes personnes et c’était difficile à regarder. Le thème général de l’album reflète cela, mais il y ajoute : « Hey, soyez intelligents et gentils les uns avec les autres ! »
– Sur « Elevate », on retrouve à nouveau ce côté très live et spontané. Vous enregistrez toujours tous les quatre ensembles ? Et il y aussi quelques arrangements de cordes très bien sentis…
Merci ! Oui, nous avons encore enregistré tous et en direct dans la même pièce aux Armory Studios de Vancouver. C’est notre manière préférée d’enregistrer. Je pense que le plaisir se traduit sur les morceaux quand vous pouvez tous être dans le même espace en train de rire ensemble. Et pour les cordes, j’ai fait tous les arrangements au synthé moi-même à la maison, et le violon (sur « Spitfire Woman ») a été joué et enregistré à Winnipeg par une merveilleuse violoniste nommée Karen Barg.
Photo : Theresa Mitchell
– Ce nouvel album garde toujours ce côté Rock très rafraîchissant et qui est devenu ta signature depuis « Fire And Gazoline » notamment. Finalement, c’est cet aspect brut et direct qui te convient le mieux, je trouve. On te sent en recherche d’efficacité tout en restant très spontanée. Tu ne te reconnais pas dans les grosses productions actuelles, souvent surfaites ?
Je crois que ‘moins’ se traduit par ‘plus’ en matière de production. Nous avons essayé de garder des choses très simples avec seulement deux pistes de guitare sur la plupart des chansons et tous les chœurs sont chantés par tout le groupe. J’ai appris au fil des ans qu’en ajoutant plus de choses, cela ne sonnait pas nécessairement plus gros. Cela rend simplement la production plus épaisse. L’une des choses merveilleuses à propos de mon groupe est que ce sont tous des musiciens fantastiques. Nous n’utilisons jamais de pistes d’accompagnement ou de clics en live et nous n’avons pas besoin d’ordinateurs pour faire un concert. Et je veux que les albums reflètent cela.
– J’aimerais aussi qu’on dise un mot au sujet de ta collaboration avec Mike Fraser. Il semble avoir vraiment saisi l’esprit de ton écriture et l’identité musicale du groupe. Comment se traduit son implication dans la production de l’album ?
Ce sont de très beaux compliments, merci. J’adore vraiment travailler avec Mike. Il est très talentueux et c’est un merveilleux ingénieur et mixeur, de classe mondiale et à tous les niveaux. J’ai produit l’album et géré la sélection finale des chansons et les arrangements qui, selon moi, étaient l’essence de ce que nous essayions de transmettre avec « Elevate ». Mike est un génie des sons de guitare organiques et de batterie. Et c’est là qu’il brille vraiment sur cet album. J’ai beaucoup appris en travaillant avec lui. De plus, c’est également une personne incroyable.
Photo : Theresa Mitchell
– Sur « Elevate », tu parles aussi des réseaux sociaux et de leurs dangers. Tu dis qu’il faut en éviter les pièges et je suis entièrement d’accord. Sans faire de leçons de morale, de quelle manière t’en préserves-tu, car on peut aussi en tirer bien des avantages ?
Je suis totalement coupable de passer trop de temps sur Internet comme tout le monde. Cependant, j’ai essayé d’être beaucoup plus consciente de la façon dont j’utilise les médias sociaux au cours des deux dernières années. Pendant le Covid, j’ai eu l’impression qu’il y avait un changement dans le comportement des gens en ligne. Sans interaction humaine et de responsabilité en face à face, les gens sont devenus assez méchants dans leur discours avec les autres. Il y a une polarisation effrayante qui se produit parce que ce que nous voyons que notre ‘flux’ et il est contrôlé par des analyses et des robots. Les gens ne voient vraiment que des informations qui correspondent à leur point de vue. Quand quelqu’un présente un avis différent, il se sent trahi ou choqué par celui-ci. Et la moitié du temps, les informations sont imposées, car il n’y a aucun contrôle en ligne pour empêcher les mensonges de devenir viraux. C’est un problème dangereux et omniprésent. J’espère que les gens prennent le temps de comprendre ce qui se passe, plutôt que de le perdre à faire défiler des vidéos Tik-Tok. Et puis, les médias sociaux peuvent également être mobilisés pour faire beaucoup de bien.
– Enfin, tu es venue jouer en France il y a peu de temps. Comment as-tu trouvé l’accueil du public, et quels souvenirs marquants en gardes-tu ?
Nous adorons la France ! Le public était incroyable et mes moments préférés ont été de rencontrer les fans après le spectacle. Ils étaient tous si chaleureux et aimables. Beaucoup avaient attendu des années pour nous voir et nous avons vraiment pu partager leur enthousiasme. Les organisateurs du festival étaient de vrais amateurs de musique Hard Rock et leur mission était de faire venir des groupes dont ils étaient fans. Ce genre de passion est vraiment spécial et ce sont mes types de festivals préférés. Et nous avons pu visiter la maison d’enfance d’Arthur Rimbaud qui appartient à Patty Smith, donc c’était génial aussi !
Le nouvel album de LEE AARON, « Elevate », est disponible chez Metalville Records.
Retrouvez également la première interview donnée à Rock’n Force par la chanteuse canadienne :
Très aérienne et solide, cette première production d’ABSENCE OF COLORS présente un voyage musical envoûtant, interprété par deux musiciens qui ne manquent pas d’imagination. Construit autour d’une guitare, d’une batterie et de quelques effets, l’univers des Français se montre d’une étonnante richesse et « Cycles » nous propulse dans un post-Rock aux contours Metal très absorbant.
ABSENCE OF COLORS
« Cycles »
(Weird Noise)
Nouveau focus sur un EP, ça va finir par devenir une habitude, avec un duo français qui sort sa première réalisation, « Cycles ». Originaire de Chambéry, ABSENCE OF COLORS fait le pari d’associer à part égale sa musique avec son interprétation live. Soutenu par la structure Weird Noise, le groupe mise sur un dispositif scénique, notamment au niveau des lumières, adapté à ses morceaux, lui imposant donc certaines contraintes.
Si à elle seule, la démarche est originale, il en va de même pour ce premier et généreux quatre-titres. Composé de Damien Bernard (batterie et programmation) et Olivier Valcarcel (guitare et programmation), ABSENCE OF COLORS évolue dans une formule instrumentale et très atmosphérique. A travers un post-Rock aux fulgurances souvent Metal, les deux musiciens parviennent sans mal un imposer un style aussi narratif que progressif.
Si certaines productions similaires sont souvent une succession de crescendos sans véritable liant, le groupe prend ici le temps d’installer des ambiances aux thèmes bien développés et très structurés sur des morceaux assez longs. Jouant aussi sur les effets et aidé de samples, ABSENCE OF COLORS a la bonne idée de glisser quelques passages parlés, et presque Dub, apportant une belle respiration à l’ensemble (« Cycles », « Dust Bowl »). Captivant.
Que Noël arrive, ou pas, ce beau livre signé Dominique Dupuis fera forte impression dans toutes les bibliothèques d’amoureux de Rock et de Rock Progressif en particulier. Avec EMERSON LAKE & PALMER (Editions du Layeur), l’auteur retrace l’histoire de ce groupe monumental qui continue d’influencer de nombreux musiciens à travers les générations. Grâce à un travail pharamineux sur les illustrations et une plume érudite, on plonge avec bonheur dans la discographie et le parcours de ce groupe mythique.
EMERSON LAKE & PALMER
Dominique Dupuis
(Editions du Layeur)
Les amateurs de Rock Progressif connaissent évidemment le légendaire trio anglais EMERSON LAKE & PALMER. Pour les autres, l’occasion est belle, avec ce superbe ouvrage de Dominique Dupuis, de faire la découverte de l’un des groupes majeurs et fondateurs d’un style qui lui doit beaucoup. Avant-gardistes sous bien des aspects, les Londoniens ont laissé une empreinte indélébile et ouvert bien des voies.
Pour les non-initiés, la formation a vu le jour en 1970 autour de Keith EMERSON (ex-Nice) aux claviers), Greg LAKE (ex-King Crimson) à la basse, la guitare et au chant, ainsi que Carl PALMER (ex-Atomic Rooster) à la batterie et aux percussions, seul membre encore vivant. A eux trois, ils ont mis de sérieux coups de pied dans la fourmilière Rock et influencé un grand nombre de leurs contemporains et même au-delà.
Photo : Alan Messer/Shutterstock
EMERSON LAKE & PALMER, c’est aussi neuf albums studio vendus à près de 48 millions d’exemplaires à travers le monde sous ce line-up (il y a eut une reformation dans les années 80 avec Cozy Powell en lieu et place de Palmer, alors sous contrat avec Asia). Le travail exemplaire effectué par Dominique Dupuis met en lumière l’épopée visionnaire des Britanniques avec un œil de spécialiste remarquable et une iconographie incroyable.
Parfaitement documenté, le livre retrace le parcours d’EMERSON LAKE & PALMER à travers des articles détaillés des albums et de leur conception, des tournées et des rencontres qui ont mené à de multiples aventures musicales. De leurs disques solos respectifs à King Crimson ou Asia, dont Palmer à signer l’incontournable tube « Heat Of The Moment », ce livre est un superbe témoignage d’une époque et d’un groupe débordant de créativité.
C’est à un périple paisible et serein, mais non sans péripéties et soubresauts, que nous invitent les Italiens d’AKTOPASA avec leur deuxième album. En tout point réussi, il nous porte d’un Psych Rock planant à un Stoner/Desert relevé en passant par des ambiances post-Rock saisissantes. « Journey To The Pink Planet » propulse un souffle d’air frais réconfortant et salvateur….
AKTOPASA
« Journey to the Pink Planet »
(Argonauta Records)
Fondé en 2017 autour des canaux de Venise, AKTOPASA a le don de faire de son Psych Rock un beau voyage musical. Après un album en 2018 (« Mulachara »), puis un EP l’année suivante (« Sun »), le trio italien livre un deuxième opus tout en progression et mêlant plusieurs registres. Et sur « Journey To The Pink Planet », la montée en puissance est rondement menée et avec un incroyable feeling.
Très progressifs et éthérés, les trois premiers morceaux évoluent dans des sphères plutôt post-Rock et aériennes, comme si AKTOPASA préparait le terrain pour mieux élaborer une évasion sonore inéluctable. C’est sur « It’s Not The Reason » que les premières (et les seules) paroles se font entendre, le reste de l’album étant entièrement instrumental. Et c’est précisément à partir de ce titre que les Transalpins haussent le ton.
L’intensité monte et sans perdre de sa fluidité, AKTOPASA s’engouffre dans un Stoner/Desert Rock où les riffs se font plus lourds et le rythme plus soutenu (« Agarthi », « Sirdarja », « Foreign Lane »). Palpitant et sauvage, « Journey To The Pink Planet » regorge de surprises et d’arrangements subtils d’où s’échappent quelque touches orientales. Très bien produit, l’ensemble est addictif.
Si son jeu est très shred comme beaucoup de guitaristes de son rang, le New-yorkais MIKE CAMPESE n’en oublie pas de livrer de belles émotions dans divers styles majoritairement Rock et Hard, entre Heavy et Néo-Classic. Une fois encore, « Reset » présente toutes les qualités d’interprétation du musicien et ses facultés à proposer autant de feeling que de groove.
MIKE CAMPESE
« Reset »
(Independant)
Virtuose s’il en est, MIKE CAMPESE est un grand technicien de la guitare, mais pas seulement. Après un passage éclair au sein du Trans-Siberian Orchestra, le guitariste vole de ses propres ailes depuis quelques années. Très polyvalent, il a reçu les louanges des plus grandes publications spécialisées aux Etats-Unis et en Italie, où il écrit d’ailleurs pour Axe Magazine. Mais c’est de son onzième album, dont il est question ici.
Alors qu’il avait déjà entamé la composition de « Reset » avant la pandémie, c’est durant celle-ci qu’il a mis la touche finale aux douze morceaux qui le composent. Comme beaucoup de six-cordistes solistes, la tentation de l’instrumental est grande et MIKE CAMPESE ne s’en est pas privé. Pour autant, la moitié de ce nouvel opus est chanté, ce qui lui apporte beaucoup de respiration.
Soutenu par le batteur Patrick Johansson qui livre une belle prestation, l’Américain se fait plaisir, faisant étalage de son savoir-faire sans pour autant tomber dans un registre démonstratif tentant, mais ennuyeux au final. Au contraire, MIKE CAMPESE fait preuve d’audace et l’on retrouve un peu de Vinnie Moore et de Richie Kotzen dans son approche (« Fire », « Bee Eater », « Reset », « Wasted Time », « Space Dragon »). Très réussi !