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Fu Manchu : un mythe intact [Interview]

Pilier et pionnier du Stoner Rock aux saveurs largement Desert et Space Jam dans l’esprit, FU MANCHU mène une carrière exemplaire, parvenant sans cesse à rester très prolifique au sein-même du groupe comme en dehors. Avec « The Return Of Tomorow », le quatuor du sud de la Californie est parvenu à une synthèse parfaite de l’évolution musicale qui les caractérise depuis toutes ces années. Lourd, aérien, délicat et accrocheur, ce nouvel opus s’apprête à déferler sur scène et c’est encore son guitariste, Bob Balch, qui en parle mieux.

Photo : Thom Cooper

– L’an prochain, FU MANCHU célèbrera ses 40 ans d’existence et un très beau parcours. Vous avez commencé en jouant un Punk Hard-Core avant de côtoyer ses sonorités plus Hard Rock pour enfin donner naissance au Stoner et au Desert Rock. Que retiens-tu de cette évolution ? Te paraît-elle assez naturelle avec des étapes finalement nécessaires ?

J’ai rejoint FU MANCHU en 1997, donc le son était déjà plutôt bien établi à ce moment-là. Tu sais, je connais des tonnes de musiciens, qui sont passés du Punk Hard-Core au Heavy Rock des années 70. Pour ma part, j’ai commencé avec des groupes de Heavy Metal de la fin des années 70, puis j’ai découvert le Punk Rock, donc c’est un peu l’inverse me concernant, mais mélanger les deux styles fonctionne totalement !

– Ca, c’est pour l’aspect musical de FU MANCHU, mais qu’en est-il des textes et des thématiques que vous abordez ? Est-ce que, de ce côté-là aussi, il y a eu de profonds changements et peut-être des remises en questions à un certain moment ?

En ce qui concerne les textes, ce serait plutôt une question à poser à Scott Hill. D’après ce que j’en comprends, il s’agit principalement d’inspiration de films de série B et de blagues internes, des sortes de ‘private jokes’. Mais je pense que cela va bien plus loin que cela.

Bob Balch – Photo Visions In Pixels

– Est-ce que lorsqu’on fait parti du processus de création du Stoner/Desert Rock, comme c’est le cas pour FU MANCHU et quelques autres, on se sent un peu le gardien du temple ? Ou du moins le garant d’un style qu’il faut peut-être préserver, mais également faire évoluer ? 

Pas vraiment, en fait. Au départ, nous n’avions pas vraiment l’intention de créer un son Stoner Rock. Le terme ‘Stoner Rock’ nous est même venu plus tard. Et puis, je pense que chaque style doit également évoluer. Je suis super content quand j’entends un groupe qui pense et qui joue en dehors de son genre d’origine en allant toujours de l’avant.

– Il a fallu attendre six ans pour que vous livriez ce 14ème album, « The Return Of Tomorrow ». Pourtant, FU MANCHU a été très actif avec un album live, des rééditions, trois Eps et même la bande originale d’un documentaire, sans compter vos tournées. Vous êtes vraiment un groupe d’hyperactifs, et on reviendra aussi sur tes projets personnels plus tard. Est-ce qu’avec toutes ces activités, il vous fallu trouver le bon moment pour vous poser et composer ces 13 nouveaux titres ? Attendre l’accalmie en quelque sorte…     

Tu sais, nous nous réunissons pendant environ trois heures tous les jeudis. Ce sont trois heures vraiment très productives. Nous repartons généralement avec un morceau complet, ou au moins la moitié d’une chanson. Nous écrivons ensemble depuis si longtemps que c’est devenu une machine bien huilée à ce stade de notre carrière.

Photo : Visions In Pixels

– FU MANCHU est aussi réputé pour être un groupe qui va sans cesse de l’avant. C’est ce que vous avez voulu signifier avec ce titre « The Return Of Tomorrow » ? Que rien n’est figé et vous êtes résolument tournés vers l’avenir ?

Carrément ! Et puis, tu sais, je reste vraiment conscient de notre incroyable longévité et je suis très reconnaissant à tous nos fans.

– Parlons plus précisément de ce nouvel et très bon album. Il est la quintessence parfaite du style FU MANCHU avec encore et toujours des nouveautés dans les compositions et bien sûr dans le son, qui ne cesse d’évoluer lui aussi. Il y a un énorme travail sur le ‘Fuzz’ comme souvent chez vous. Est-ce que, finalement, ce n’est pas la chose qui vous importe le plus ? Le faire grossir et lui faire prendre des directions différentes et nouvelles ?

Nous cherchons toujours à nous améliorer, c’est un fait établi. Ce sont les chansons qui comptent le plus, bien sûr. Mais si nous pouvons obtenir les meilleurs sons possibles, en tout cas pour nous et à nos oreilles, c’est ce qui compte le plus ! Par ailleurs, c’est très important pour nous dans le groupe que notre bassiste, Brad Davis, fabrique et conçoive ses fameuses pédales fuzz ‘Creepy Fingers’.

Scott Hill – Photo Visions In Pixels

– « The Return Of Tomorrow » est aussi très particulier dans sa construction, puisqu’il est scindé en deux parties. La première est très Heavy et Fuzz et la seconde est plus Desert avec aussi un côté Space Jam. C’était l’ambition de départ ? De livrer des atmosphères opposées et aussi de pouvoir vous exprimer le plus largement possible ?

Oui, nous en avons discuté dès le départ. Quand nous avons commencé à écrire, nous avons essayé des chansons très lourdes, puis plus douces pour voir quel style servait le mieux les chansons. C’était d’ailleurs très amusant pour nous d’aborder ce disque avec l’idée que nous allions ensuite le diviser en deux.

– Est-ce que, dans le cas de FU MANCHU, cela demande d’être dans un certain esprit pour aborder au mieux ces ambiances très différentes ?

Pas vraiment, finalement. Personnellement, si je me sens inspiré, je vais en tirer le meilleur parti à ce moment précis et je vais composer autant que possible. Mais chaque semaine quand nous nous réunissons, c’est toujours dans l’idée de nous déchaîner et de nous défouler au maximum !

Photo : D.R.

– D’ailleurs, comment allez-vous composer vos setlists pour les concerts à venir ? Elles seront plutôt axées sur le côté Heavy du groupe, et allez-vous intégrer ces nouveaux morceaux plus ‘légers’ comme des interludes, par exemple ?

Probablement, un peu des deux et le plus possible. C’est vrai que nous pourrions aussi en changer soir après soir. Et puis, cela dépend également s’il s’agit d’un concert spécifique de FU MANCHU ou d’une configuration en festival. Si c’est notre propre show, nous jouerons davantage le nouvel album, c’est certain.

– Justement, parlons des concerts, vous serez en tournée en Europe à l’automne, mais d’abord en juin avec un passage au Hellfest, votre deuxième, je crois. Votre dernière venue date de 2019. C’est un festival que vous appréciez particulièrement ?

Oui, le Hellfest est super fun ! La première fois que nous avons joué là-bas, je n’ai regardé ni la scène, ni le public jusqu’à ce que nous montions sur scène. Je me détendais tranquillement dans les coulisses en regardant l’émission « Showdown ». Et quelques minutes plus tard, nous jouions devant des milliers de personnes. C’est un contraste saisissant et jubilatoire !

Photo : Thom Cooper

– Enfin, Bob, j’aimerais que l’on parle aussi de tes multiples side-projets. Il y a Big Scenic Nowhere dans un registre Desert/post-Rock Progressif, Yawning Balch dans un registre assez proche et plus Psych et enfin Slower, qui est un album de reprises de Slayer dans des versions Doom étonnantes. C’est très varié et assez éloigné de FU MANCHU. Tu as besoin de te lancer ce genre de défi, ou c’est plus simplement un désir d’explorer d’autres styles, dont tu es aussi fan ?

Tu sais, mes influences sont très diverses. De plus, j’ai acheté une ‘Universal Audio OxBox’, qui me permet d’enregistrer très facilement mes guitares avec la qualité d’un album à la maison. Cela m’a aussi aidé à devenir plus prolifique. Big Scenic Nowhere et Yawning Balch sont un peu arrivés par hasard, et je n’ai pas su refuser. Je suis un grand fan du jeu de guitare de Yawning Man et de Gary Arce. J’ai secrètement toujours voulu collaborer avec eux. Je suis ravi que cela se soit produit et que cela continue d’exister. Yawning Balch va d’ailleurs bientôt sortir deux albums. L’idée que je m’en fais est plus posée et je me suis aussi bien amusé à faire le premier disque. Et nous avons presque terminé le deuxième. J’ai des tonnes de morceaux originaux cette fois-ci, et c’est génial.

– Enfin, et puisque l’on parle de tes projets annexes, est-ce que tu te consacres déjà à d’autres choses, ou es-tu essentiellement focalisé sur FU MANCHU et ce nouvel album pour le moment ?

FU MANCHU est mon activité principale. Nous tournons énormément pour soutenir « The Return Of Tomorrow » et j’en suis franchement ravi ! J’ai vraiment hâte que les gens l’entendent. Je pense que nous nous sommes vraiment surpassés sur celui-là !

Le nouvel album de FU MANCHU, « The Return Of Tomorrow », sera disponible le 14 juin sur le propre label du groupe, At The Dojo Records.

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Blues Rock Boogie Blues

Canned Heat : alive

Evidemment, le Boogie Blues de CANNED HEAT a pris quelques rides, se montre peut-être moins fougueux et aventureux, mais il demeure toujours aussi enveloppant, chaleureux et surtout on y perçoit sans peine tout le plaisir qu’éprouvent les quatre musiciens à perpétuer un héritage, qui est finalement le leur. Avec « Finyl Vinyl », les Californiens montrent qu’ils sont toujours capables et légitimes à entretenir ce son qui a bercé tant de générations. Et lorsque c’est fait de cette manière, il serait déplacé de cracher sur ces talents si perceptibles.

CANNED HEAT

« Finyl Vinyl »

(Ruf Records)

J’entends déjà les grincheux vociférant au sujet de la chronique d’un nouvel album de CANNED HEAT qui, avant même y avoir posé une oreille, doit forcément être mauvais ou, au mieux, sans intérêt. Et pourquoi ne pas parler d’un nouveau disque des Rolling Stones tant qu’on y est ? Mais il faut bien être un peu taquin au risque de devenir trop consensuel ou carrément chiant, non ? Alors, c’est vrai qu’il n’y a plus aucun membre de la formation originelle fondée à Los Angeles en 1965, car même le batteur Fito de la Parra n’est apparu que sur le légendaire « Boogie With Canned Heat », le seulement deuxième opus du groupe.

Cela dit, Dale Spalding (harmonica, chant), Fito de la Parra (batterie), Jimmy Vivino (guitare, claviers, chant) et Richard Reed (basse) ne sont pas des perdreaux de trois semaines, et autant le dire tout de suite : ça joue et ça joue même très bien. Et la jeune scène actuelle pourrait même prendre quelques notes, tant elle se montre souvent insipide. Mais revenons à CANNED HEAT et ce « Finyl Vinyl », première réalisation depuis une grosse quinzaine d’années. Très bien produit, on retrouve les Américains sur onze morceaux où ils déroulent leur fameux Boogie Blues, guidé par un feeling toujours très présent.   

Sans être transcendant pour autant, on se régale surtout de retrouver cet harmonica envoûtant et tellement identifiable, tant il représente à lui seul le son et la chaleur de la mythique formation. De même que la slide, qui emporte quelques titres, CANNED HEAT n’a rien perdu de son ADN, car il y en a un, malgré la presque cinquantaine d’artistes qui s’y sont succédés. De l’oriental instrumental « East/West Boogie » à « One Last Boogie », « Goin’ To Heaven (In A Pontiac) », « Blind Own » dédié à Alan Wilson ou encore « So Sad (The World’s In A Tangle) », « When You’re 69 » ou « Independence Day, » le moment est agréable… très !

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Blues Blues Rock International Southern Blues

Susan Santos : sunny vibes [Interview]

La guitariste, chanteuse, compositrice et productrice SUSAN SANTOS a livré il y a quelques semaines son nouvel et sixième album, « Sonora ». Elle nous transporte au coeur du desert à travers huit titres à l’atmosphère plutôt Blues Rock, mais pas seulement. Mâtiné de divers courants allant de sonorités hispaniques et Southern, comme Country ou même Western, l’Espagnole fait preuve d’un éclectisme bluffant et d’une maîtrise totale avec une identité marquée. L’occasion de lui poser quelques questions au sujet de ce brûlant nouvel opus…   

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Le moins que l’on puisse dire est que « Sonora » est un album très solaire à de nombreux points de vue. Même s’il ne dénote pas de tes précédentes réalisations, est-ce que faire du désert le point central du disque est une envie que tu as eue avant même le processus de composition ?

C’est quelque chose qui s’est fait petit à petit, en fait. J’ai commencé à écrire des chansons sans intention précise, et au fur et à mesure du choix des morceaux, l’idée a émergé pour devenir finalement le fil rouge de l’album.

– D’ailleurs, tu l’as entièrement composé, paroles et musique, et tu l’as aussi coproduit avec Jose Nortes. Tout a été réalisé aux studios Black Betty à Madrid. C’était important d’être presque seule à chaque étape de « Sonora » pour en quelque sorte ‘centraliser’ les choses ?

Dès le départ, il était clair pour moi que je voulais faire les choses à ma manière, tout décider et participer à tout le processus, y compris le mixage et le mastering. L’enregistrer à Madrid était le plus pratique, puisque j’habite là. L’enregistrement s’est fait en quelques jours, mais avec les concerts, les voyages et les tournées, j’ai du attendre mon retour pour repartir en studio pour le mixage.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Les morceaux de « Sonora » sont efficaces sans pour autant être épurés, loin de là. On t’entend jouer de la guitare électrique, baryton et acoustique, ainsi que du banjo et du thérémine. L’album est vraiment très riche, ainsi qu’au niveau des arrangements. Est-ce une chose sur laquelle tu t’es longuement penchée ?

Pas vraiment, la vérité est que tout s’est fait un peu à la volée. En fait, j’ai même écrit  des chansons et de nombreux arrangements en studio pendant que nous enregistrions. J’avais une totale liberté de décision et c’était vraiment très amusant ! C’est vrai que tout ça a aussi fait bouger beaucoup de choses pendant les journées d’enregistrement.

– Je disais que « Sonora » était musicalement très solaire dans son ensemble, à travers le thème du désert bien sûr, mais aussi musicalement. C’est la première fois que tu réalises ce qu’on pourra apparenter à un album-concept ?

Oui, c’est la première fois que je fais quelque chose comme ça. Comme je te le disais, je n’y ai pas pensé au début, lorsque je me suis décidée à enregistrer un album. J’ai commencé l’écriture des chansons et dès que j’en ai eu deux ou trois, c’est à ce moment-là que l’idée m’est venue et s’est imposée.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Evidemment, la thématique et certaines sonorités hispaniques, et parfois Southern aussi, font penser à une bande originale de western. Est-ce un peu de cette manière que tu as conçu « Sonora » ?

Absolument ! J’aime beaucoup être au croisement de tous ces sons entre Rock, Blues, Country, Southern Rock et Western. Et l’environnement du désert est parfait pour encadrer et englober toutes ces ambiances.

– Un petit mot aussi sur le clip de « Hot Rod Lady », qui a été tourné à Joshua Tree. Pourquoi spécialement là-bas, même si on en a une petite idée ? On aurait aussi pu l’imaginer dans les Bardenas Reales… 

En fait, j’étais en tournée en Californie, lorsque je mixais l’album et on était très proche de Joshua Tree. Ca m’a semblé être l’endroit parfait pour le tournage du clip de la chanson.

– Depuis tes débuts, tu multiplies les styles de Blues et aucun ne te résiste. Y a-t-il cependant un registre qui a ta préférence et qui te ressemble le plus ?

Je suis très curieuse de tous les styles musicaux et beaucoup d’entre eux se marient facilement car, au final, ils ont tous la même source et les mêmes racines. J’aime toujours me renseigner en amont pour ensuite orienter les chansons vers d’autres ambiances. C’est à chaque fois un défi que j’aime beaucoup.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Depuis quelques années, on voit de plus en plus de blueswomen mises enfin en lumière. Certains découvrent de grands talents, alors que la majorité d’entre-vous êtes là depuis un bon moment. Est-ce que tu penses aussi que cette reconnaissance est souvent un peu tardive ?

Oui, il nous faut se battre et progresser petit à petit. Pour le moment, je continue à faire ce que j’aime le plus, c’est-à-dire composer des chansons et les jouer en concert partout où c’est possible. Et oui, bien sûr que j’aimerais avoir bien plus de reconnaissance, évidemment.

– On l’a dit, tu navigues entre plusieurs styles, tous plus ou moins Rock d’ailleurs. Cela dit, ton propre son est très européen, malgré quelques touches américaines, notamment Southern. Est-ce qu’après toutes ces années et avec six albums à ton actif, il y a un désir en toi de t’imposer au pays du Blues, ou est-ce que les frontières ont déjà été franchies ?

J’ai beaucoup voyagé, mais pour le moment je me sens très bien ici en Espagne. J’y ai de bonnes relations avec beaucoup de monde et de bonnes collaborations également. Mais je n’exclus pas de vivre ailleurs à l’avenir. La vérité est que je joue déjà beaucoup en dehors de l’Espagne, car ici le circuit est assez restreint pour ce style de musique.

Le nouvel album de SUSAN SANTOS, « Sonora », est sorti et est disponible sur le site de l’artiste : https://www.susansantos.info/shop

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Alternative Rock

Thadeus Gonzalez : l’éloquence faite Rock

Tout en émotion, THADEUS GONZALEZ ne ment pas. Depuis ses débuts, c’est à travers un Rock sans frontière, où il se joue des genres, qu’il nous invite à le suivre dans une sorte d’état des lieux ou de constat d’une société dans laquelle ses sentiments surgissent avec une vivacité dont peu de groupes font preuve aujourd’hui. « Street Fights Are Starting Hurt » est assez emblématique de notre époque et musicalement la maîtrise est telle qu’il est impossible de ne pas s’y retrouver.

THADEUS GONZALEZ

« Street Fights Are Starting To Hurt »

(Independant)

Auteur du très bon « Opposite Faces » il y a trois ans, THADEUS GONZALEZ poursuit sa trajectoire à travers un Alternative Rock très personnel mâtiné de sonorités Hard Rock 90’s, de quelques ambiances post-Punk écorchées et surtout autour d’un songwriting toujours aussi authentique. Compositeur et parolier, le Californien peaufine avec « Street Fight Are Starting To Hurt » ce qu’il avait entrepris précédemment et le volume affiché aujourd’hui est très largement à la hauteur des attentes.

Ce qui est remarquable chez THADEUS GONZALEZ, c’est qu’il compose toujours avec une guitare acoustique, ce qui confère à ses chansons une touche très vivante et sincère. Les vibrations qui animent ce quatrième album sont intenses, et il fallait bien ça pour mettre en exergue des textes souvent poignants. Ici, l’énergie est constante, jusqu’à devenir le leitmotiv du chanteur qui ne ménage pas ses efforts et qui nous rend même complice et témoin de ses morceaux (« Street Hurt », « The Aura Of Gospel », « Tussle »).

Attachant au possible, THADEUS GONZALEZ se livre dans une formule finalement assez épurée en guitare/basse/batterie, sans effets de manche, et en restant direct et très efficaces. Il y a beaucoup de vérité dans la musique et dans la voix de l’artiste d’Oakland, ça sent le vécu ! Entraînant (« Super Rough Breakdown »), plus intimiste (« My Friends Are All Crazy », « The Fête One »), sombre (« Black Eye On A Tiger ») et fédérateur (« Tell Me What You Want »), il nous embarque dans un univers sensible. Une belle réussite… encore !  

Retrouvez la chronique de l’album précédent :

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Classic Rock Progressif Stoner/Desert

Big Scenic Nowhere : sans limite

Ils ont beau être très occupés tous les quatre avec leur groupe respectif et différents projets annexes, les membres de BIG SCENIC NOWHERE continuent l’aventure en se livrant cette fois dans un répertoire Classic Rock, toujours emprunt de Stoner et de Desert Rock, guidé par un groove tantôt progressif, tantôt plus costaud. « The Waydown », troisième album auxquels viennent s’ajouter deux EP, plonge dans des espaces plus identifiables, certes, mais tout en mélangeant toujours des tempos et des ambiances variés.

BIG SCENIC NOWHERE

« The Waydown »

(Heavy Psych Sounds)

Fondé il y a quatre ans sous l’impulsion d’un quatuor constitué de cadors de la scène Stoner/Desert Rock, BIG SCENIC NOWHERE continue de livrer des albums toujours plus aboutis et surprenants. L’une des particularités des Américains est aussi d’évoluer au fil des réalisations devenant un collectif dans lequel viennent se greffer et se fondre des invités prestigieux qui se prêtent à l’exercice avec talent et virtuosité. « The Waydown » révèle cette fois un visage nouveau, sans pour autant renier les fondements qui ont forgé son identité sonore et musicale.

Sur des bases aussi diverses qu’inamovibles, BIG SCENIC NOWHERE explore de nombreux horizons et va encore étonner tant le champ d’investigation est spectaculaire depuis sa première production, « Vision Beyond Horizon » en 2020. Bob Balch (Fu Manchu, Slower) à la guitare et sur tous les fronts actuellement, Tony Reed (Mos Generator) à la basse, aux synthés et surtout au chant, Gary Arce (Yawning Man) à la guitare et Bill Stinson (Yawning Man) à la batterie forment une entité très soudée et capable d’atteindre des sommets de créativité.

Avec « The Waydown », c’est dans une lignée Classic Rock, toujours très infuzzée, que BIG SCENIC NOWHERE s’engouffre en proposant des morceaux lumineux et hors du temps. Loin  des jams qui l’ont toujours caractérisé, le songwriting est plus traditionnel, faisant la part belle au Rock Progressif, à la Funk Psyché, à quelques passages Surf Rock et même Soul Blues. L’interprétation est magistrale et Reeves Gabrels (The Cure, Bowie), Per Wiberg (ex-Opeth) et Eliot Lewis (Hall And Oates) viennent aussi prêter main forte sur cet opus aussi accrocheur qu’envoûtant. Monumental !

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Hard Rock Hard US

Riley’s L.A. Guns : l’ultime ruade

C’est déjà le deuxième album posthume depuis le début de l’année et c’est tout sauf un exercice agréable, surtout lorsque l’on voit la qualité proposée. Véritable guerrier du Rock et grande figure du Hard US, le batteur Steve Riley nous a quitté cet automne, non sans nous laisser un superbe témoignage de son talent avec « The Dark Horse », un concentré explosif de ce que RILEY’S L.A. GUNS peut offrir de mieux. Voyons maintenant ce que nous réservera l’avenir du quatuor…

RILEY’S L.A. GUNS

« The Dark Horse »

(Golden Robot Records)

Décédé le 24 octobre dernier des suites d’une grave pneumonie, Steve Riley aurait eu 68 ans aujourd’hui même. L’ultime clin d’œil et preuve du grand respect de sa maison de disques, Golden Robot Records, est donc un bel hommage de sa part à ce grand musicien. Depuis septembre, RILEY’S L.A. GUNS avait sorti trois singles, le morceau-titre « The Dark Horse », « Rewind » et « Overdrive », laissant présager d’une très belle réalisation. Et ce deuxième opus coche toutes les cases. La formation de Los Angeles livre un Hard Rock classieux.

Pour mémoire, Steve Riley a été batteur de W.A.S.P. sur les monumentaux « The Last Command » (1985) et « Inside The Electric » (1986), avant de connaître le succès avec L.A. Guns dont il a contribué aux meilleurs albums. On connait la suite. C’est en 2020 que le RILEY’S L.A. GUNS sort « Renegades », un premier opus qui met tout le monde d’accord et siffle pour beaucoup, dont je suis, la fin de la récréation entre les deux combos californiens. Inventif et pêchu, Riley surnage dans cette petite guéguerre d’égo.

Entouré de Kurt Frohlich (guitare, chant), Scott Griffin (guitare) et Kelly Nickels (basse), le cogneur américain a dirigé la réalisation de « The Dark Horse » pour un résultat plus que convaincant. L’icône du Hard US de la côte ouest possédait un sens incroyable du Rock et du Hard, et c’est ce que l’on retrouve fidèlement ici (« Somebody Save Me », « The Truth », « Changing Lights », « Down Day Drag »). RILEY’S L.A. GUNS va laisser un manque terrible et un grand vide, alors qu’il était la nouvelle locomotive tant attendue à la Cité des Anges.

Photo : Mark Weiss
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Hard Rock Hard US

Russell/Guns : l’osmose

Tous deux témoins et acteurs d’une époque où Los Angeles était le phare mondial du Hard Rock, JACK RUSSELL, la voix de Great White, et TRACII GUNS, maître riffeur et grand soliste de LA Guns, se retrouvent dans ce ‘partenariat artistique’, comme annoncé par leur label qui en a d’ailleurs l’habitude, pour un premier très bon album. Forcément, l’entente entre deux musiciens de ce calibre évoluant sensiblement dans le même registre, ne pouvait que déboucher sur des titres accrocheurs, enlevés et aussi véloces que mélodiques. « Medusa » se présente comme un modèle du genre.

RUSSELL/GUNS

« Medusa »

(Frontiers Music)

Cela faisait déjà sept ans que JACK RUSSELL n’avait plus posé la voix sur un disque, précisément depuis « He Saw it Comin’ » avec son groupe Jack Russell’s Great White. Et il faut reconnaître que cette légende du Hard Rock californien manquait cruellement dans le paysage musical actuel. C’est avec un autre éminent représentant de la scène de Los Angeles qu’il fait son retour, et non des moindres : TRACII GUNS. Fort de 14 albums avec son groupe LA Guns, le guitariste compte aussi parmi les mythes du genre.

Alors oui, à la vue de la pochette de « Medusa », on fait tous un pas de recul, comme médusé, et c’est légitime car ce n’est pas très heureux. Cependant, il ne faut pas se fier aux apparences, car la rencontre entre le frontman et le six-cordiste donne lieu à un disque de Hard Rock inspiré, dynamique et interprété de main de maître. Vocalement, JACK RUSSELL offre une prestation digne de sa grande époque au sein de Great White. Quant à TRACII GUNS, son jeu est toujours aussi Rock’n Roll, basé des riffs implacables et des solos tout en feeling.

Pour autant, il ne faut pas s’attendre à une sorte d’album hybride qui serait un mix de Great White et de LA Guns. Certes, les deux hommes font ce qu’ils savent faire de mieux, c’est-à-dire un Hard Rock US qui prend ses racines dans les années 80 et 90, mais qu’ils ont intelligemment su mettre au goût du jour (« Next In Time », « Coming Down », « Where I Belong »). JACK RUSSELL et TRACII GUNS ont élaboré un style qui leur est propre dans une entité très personnelle (« Give Me The Night », « Medusa », « I Want You »). Rafraîchissant !

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Heavy Stoner Psych Stoner Metal

Nebula Drag : une faille temporelle

Le vaste territoire musical de NEBULA DRAG continue de s’étendre à des contrées où un Psych exaltant se fond dans une brutalité sauvage. Généreux et compact, « Western Death » entretient une sorte de flou et une brume dans laquelle on se perd avant qu’une rythmique  puissante vienne nous ramener à la réalité. Le combo californien obsède par cette impression qu’il a à nous faire croire à une jam torturée, alors même qu’il nous propulse dans un Stoner Metal noueux et envoûtant.

NEBULA DRAG

« Western Death »

(Desert Records)

Ca tremble à nouveau du côté de San Diego ! Et cela aurait même dû avoir lieu bien plus tôt si des problèmes de fabrication n’avaient pas énormément retardé la sortie de « Western Death », enregistré il y a plus d’un an. Mais nous y voilà et NEBULA DRAG se montre vraiment à la hauteur. Encore plus fuzz, lourd et cosmique que sur ses deux premières réalisations, le trio marque le retour fracassant de Corey Quintana (guiatre, chant), Garrett Gallagher (basse) et Stephen Varns (batterie) avec un enthousiasme débordant.

Les Américains avaient déjà mis tout le monde d’accord il y a quatre ans avec « Blud ». Pourtant, « Western Death » élève leur Heavy Stoner Psych à un niveau que le combo n’avait pas encore atteint. Les riffs sont tellement épais que la lumière passe difficilement. Quant à la paire basse/batterie, son groove est si massif qu’il gronde d’un même écho. Le mur du son imposé par NEBULA DRAG donne l’impression d’une explosion sonore ininterrompue, d’où s’échappe tout de même une musicalité singulière.

Sur une base très Metal et une guitare tranchante et solide, « Crosses » ouvre les hostilités avec force et conviction comme on avait pu le constater en août 2022 à sa sortir en single. Assez stellaire, l’ensemble garde des sonorités 90’s et le rythme imposé est aussi impressionnant que les envolées psychédéliques qui ponctuent « Western Death ». Ca cogne, ça secoue et ça enivre. NEBULA DRAG enchaine les pépites et se montre très accrocheur (« Sleazy Tapestry », « Failure », « Kneecap », » Side By Side », « Western Death »).

Photo : Chad Kelco
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Desert Rock post-Rock Psych

Yawning Balch : vers de nouveaux paysages

L’inspiration est hors-norme, la production ne souffre d’aucune lacune et l’ensemble est techniquement imparable. Avec ces deux volumes issus d’une journée unique, où les membres de Yawning Man et Bob Balch de Fu Manchu se sont rassemblés, non pour batailler mais pour communier, YAWNING BALCH révèle des aspects musicaux insoupçonnés de la part de ces quatre musiciens très expérimentés. Le voyage est total et les images défilent…   

YAWNING BALCH

« Volume Two »

(Heavy Psych Sounds Records)

Suite à un somptueux « Volume One » en juillet dernier, voici la suite et elle est aussi exceptionnelle que l’entame. Pour rappel, Gary Arce (guitare), Billy Cordell (basse) et Bill Stinson (batterie) de Yawning Man ont convié il y a un an presque jour pour jour le guitariste et claviériste de Fu Manchu, Bob Balch, à une belle et longue jam à Joshua Tree dans le désert californien. De ces cinq heures, YAWNING BALCH en a extrait deux albums vraiment incroyables, où il s’est livré à de multiples expérimentations.

Toujours entièrement instrumental, ce « Volume Two » tient bien sûr toutes ses promesses et il s’inscrit dans une continuité, dont la créativité reste le moteur principal. Balch et Arce s’étaient juste entendus sur le fait qu’ils souhaitaient tous les deux multiplier les effets de guitares en utilisant un maximum de pédales. Et le résultat est saisissant. Sur une base Desert Rock, YAWNING BALCH nous replonge dans un post-Rock psychédélique, dont l’élan semble si naturel qu’on peine toujours à croire à une simple jam.

Rien de calculé donc, le quatuor se laisse simplement aller à une improvisation que le talent des Américains rend incroyablement immersive et rapidement addictive. Avec seulement trois morceaux (« A Moment Expanded (A Form Constant) », « Flesh Of The Gods » et « Psychic Aloha »), qui s’étendent sur 40 magnifiques minutes, YAWNING BALCH envoûte comme personne et réalise la jonction parfaite entre Desert Rock, post-Rock et psychédélisme. Ces quatre-là savent y faire et le plaisir est tellement bien partagé.

Retrouvez la chronique du « Volume One » :

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Hard US Rock US

Dirty Honey : la relève

Bercés de Classic Rock, de Southern, de Blues et de Hard Rock, les membres de DIRTY HONEY sont parvenus à en garder l’essentiel pour poser les solides fondations d’un style devenu très personnel et qu’ils expriment avec classe et conviction. « Can’t Find The Brakes » est un modèle du genre et il s’inscrit hors du temps en s’imposant comme le renouveau du Rock US. Les quelques saveurs très 70’s montrent la voie, vite temporisées et accompagnées d’élans très funk et gravées dans un Rock que seuls les Etats-Unis produisent.

DIRTY HONEY

« Can’t Find The Brakes »

(Dirt Records)

Après un passage remarqué et savoureux lors de la dernière édition du festival breton ‘God Save The Kouign’ à Penmarc’h (29) cet été, les Californiens sont de retour avec leur deuxième album et celui-ci vient confirmer la dimension prise par le groupe depuis 2019. D’ailleurs, les spectateurs les plus attentifs avaient pu s’apercevoir que, le 24 juin dernier, DIRTY HONEY nous avait livré deux titres inédits que l’on retrouve sur ce très intense « Can’t Find The Brakes » (« Dirty Mind » et « Won’t Take Me Alive »). Il y a des rendez-vous à ne pas manquer, tant ils peuvent être révélateurs pour la suite…

Cette fois encore, le quatuor a fait le voyage jusqu’en Australie, au mois d’avril, dans le studio de Nick DiDia (Springsteen, Pearl Jam), une bonne habitude déjà prise pour son précédent et éponyme opus en 2021. C’est aussi l’occasion de découvrir sur disque la belle frappe de Jaydon Bean, qui a remplacé Corey Coverstone derrière les fûts en janvier. Pour le reste, pas de changement dans ce brillant line-up. Marc LaBelle et sa voix bluesy font des merveilles, John Notta livre des riffs de vieux briscard inspiré et Justin Smolian reste la machine à groover de DIRTY HONEY.

Considérés à juste titre comme l’un des groupes les plus prometteurs du Rock US, les Américains confirment avec la manière qu’ils en sont même l’avenir. Bouillonnant et accrocheur, « Can’t Find The Brakes » affiche de multiples facettes et l’ensemble est réjouissant et frais. Si les ombres de Led Zeppelin, Aerosmith et The Black Crowes planent toujours, c’est tout simplement une question de style, tant DIRTY HONEY montre de l’originalité dans son approche (« Get A Little High », « Ride On », « Rebel Son », « Satisfied », et les ballades « Roam », « Coming Home » et « You Make It Alright »). Déjà un classique !

Photo : Kat Benzova