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Heavy Psych Rock

Josiah : avalanche psychédélique

Précurseur d’un Rock psychédélique lourd et puissant, JOSIAH refait surface après dix ans d’absence et avec un nouvel album à la fois éthéré et enveloppant. Les assauts rythmiques, la variété et l’épaisseur des guitares inscrivent « We Lay On Cold Stone » dans un esprit jam volcanique.   

JOSIAH

« We Lay On Cold Stone »

Blues Funeral Recordings

Les fans de JOSIAH n’osaient plus croire à un nouvel album du groupe du chanteur et guitariste Mathew Bethancourt parti explorer d’autres cieux musicaux en mode Garage Rock et toujours psychédélique. Pourtant, le power trio anglais est bel et bien de retour et sous un nouveau line-up avec son premier album depuis « Procession »… il y a dix ans.

Cette fois accompagné de Jack Dickinson (basse) et de Dan Lockston (batterie), le frontman reprend JOSIAH là où il en était avec un son très actuel et toujours aussi percutant. Très enlevé et groovy, les six morceaux de « We Lay On Cold Stone » font autant appel aux pionniers du genre qu’à des sonorités modernes et survoltées.

Ouvrant l’album avec l’instrumental « Rats (To The Bitterend) », le combo britannique donne le ton entre Fuzz appuyé, basse vrombissante et rythmique effrénée. Malgré une production peut-être trop épurée, JOSIAH distille son Heavy Psych Rock avec générosité (« Saltwater », « Cut Them Free »), qui trouve son apothéose sur « (Realise) We Are Not Real » aux inspirations chamaniques.

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Heavy Psych Rock Sludge Stoner Blues

Lord Elephant : un colossal mastodonte

Bardé de Stoner, de Heavy Blues, de Sludge Metal et d’une pointe d’Acid Rock, c’est à un incroyable voyage dense et intense que nous convie le power trio italien avec « Cosmic Awakening ». Avec un tel premier album, le groupe risque de fortement marquer les esprits, tant le style instrumental de LORD ELEPHANT est franchement démentiel.

LORD ELEPHANT

« Cosmic Awakening »

(Heavy Psych Sounds)

Oser s’appeler LORD ELEPHANT et sortir un premier album de cette trempe fait plus que susciter la curiosité. Le trio italien, qui évolue dans un registre instrumental, n’y va pas par quatre chemins et affiche un Stoner Blues où une multitude d’éléments vient de greffer à la foudre du combo. Et l’incroyable fluidité avec laquelle se livrent les Transalpins est même surprenante.

Vu le style LORD ELEPHANT, on aurait pu s’attendre à des morceaux s’étendant sur la longueur, mais hormis le musclé « Hunters Of The Moon » et ses huit minutes trente, « Cosmic Awakening » se concentre sur des titres efficaces, solides et concis. Et avec des touches de Sludge, de Fuzz très Doom et d’un soupçon d’Acid Rock, le pari est remporté haut la main.

Malgré l’absence de chant, on est littéralement saisi par l’impact des compositions de « Cosmic Awakening ». Dès les deux parties qui ouvrent l’album (« Forsaken Slumber » et « First Radition »), LORD ELEPHANT va à l’essentiel et les riffs puissants, la monumentale basse et la fracassante batterie offrent une combinaison fulgurante (« Desert Collision », « Raktabija », « Stellar Cloud »). Massif et mélodique à la fois.

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Doom Stoner Metal

Somnus Throne : un fuzz tamisé

Brumeux mais nerveux, le Stoner Psych Doom du trio américain fait de nouveaux ravages sur « Nemesis Lately », deuxième album du combo établi à Los Angeles. Rugueux, massif et puissant, SOMNUS THRONE ne baisse pas la garde et nous enferme dans un Metal très Fuzz, peu lancinant, compact et incisif. Saisissant.

SOMNUS THRONE

« Nemesis Lately »

(Heavy Psych Sounds Records)

Basé à la Nouvelle-Orléans puis à Portland, c’est dorénavant depuis Los Angeles que SOMNUS THRONE diffuse son Stoner ultra-Fuzz à travers lequel il ne manque pas de clins d’œil pour Lemmy et Iommi. Les deux idoles ont fortement influencé le trio, qui s’en donne à cœur-joie dans un registre où le Doom et le Psych se fondent dans un même Metal épais et enveloppant sur ce deuxième album.

Evan (guitare, chant), Ansel Bretz (basse) et Matt Davis (batterie) ont une vision assez singulière du Stoner et elle est étroitement liée à un Doom Psych bien enrobé de Fuzz. Après un premier album éponyme il y a deux ans, SOMNUS THRONE a resserré les boulons en rassemblant ses forces et en tirant dans le même sens vers un Metal gras et massif. « Nemesis Lately » s’impose avec vigueur.

Le chant incantatoire, frôlant le chamanique, renforce l’esprit Doom du combo, même si SOMNUS THRONE s’écarte du poids écrasant et lent du style. La richesse des riffs apporte beaucoup de vélocité aux morceaux en renforçant leur impact (« Snake Eye », « Dice And Scarecrow », « L-Dopatriptamine »). Pourtant les Américains s’offrent des parties acoustiques surprenantes (« Calm Is The Devil »). Ebouriffant !

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Blues Rock

The Black Keys : groovy fuzz

Plus que jamais, le duo Blues Rock américain transcende les styles et les générations grâce à un registre très personnel et un travail sur le son hors-norme. Depuis une dizaine d’années, THE BLACK KEYS construit un bel édifice sur lequel « Dropout » vient poser une nouvelle et belle pierre. Le duo américain régale… une habitude !

THE BLACK KEYS

« Dropout Boogie »

(Nonesuch records)

Depuis leurs deux derniers albums, « Let’s Rock » et « Delta Kream », THE BLACK KEYS est fortement remonté dans mon estime, grâce à une liberté artistique phénoménale. C’est donc un peu fébrile que je m’attends à une suite aussi relevée. Et « Dropout Boogie » répond parfaitement à mes attentes, tant le duo d’Akron dans l’Ohio fait parler la poudre sur un Blues Rock, dont il a le secret. Heureux je suis, donc.

Dan Auerbach et Patrick Carney restent sur des fondamentaux bien maîtrisés, et ont même invité Billy Gibbons, Angelo Petraglia de Kings Of Leon et Greg Cartwright de Reigning Sound à se joindre à leur petite fête. THE BLACK KEYS s’offre une balade entre fuzz et groove avec la fougue et le côté roots, qui forgent ce style si particulier. Autant dire que « Dropout » est aussi brillant que ses prédécesseurs.

Epais et assez Old School, ce nouvel album contient dix titres aussi inspirés les uns que les autres, et la chaleur et la puissance de la production doivent sûrement beaucoup au lieu de l’enregistrement : Nashville, Tennessee. Fun sur « Your Team Is Looking Good », sombre sur « Good Love », percutant sur « How Long » et plus doux sur « Didn’t I Love You », THE BLACK KEYS sait tout faire et on redemande.

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Stoner Rock

[Going Faster] : Greyborn / Yojimbo

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

GREYBORN – « Leeches » – F2M Planet

Après le split du très bon groupe de Stoner Blues Mama’s Gun, qui avait pourtant pris un départ enthousiasmant, Théo Jude (chant, batterie) et Guillaume Barrou (basse) n’ont pas tardé à se remettre à la tache pour fonder GREYBORN. Rejoints par Maxime Conan (guitare) qui œuvre aussi chez Blackbird Hill, le trio évolue dans un Stoner Rock assez sombre et Heavy. Si le propos n’est pas franchement chaleureux, il montre un visage volontaire sur cinq morceaux assez directs et solides. Même si GREYBORN n’en est qu’à ses premiers émoluments musicaux, on perçoit dans l’épaisseur des riffs et la massive rythmique toute l’expérience du combo, dont le jeu doit prendre une toute autre dimension sur scène.

YOJIMBO – « Yojimbo » – Independant

Premier EP intergalactique pour le combo strasbourgeois YOJIMBO, qui distille un Stoner Rock efficace et profond. Jouant sur la lourdeur des riffs et des tempos, le quatuor propose  des morceaux accrocheurs où la voix de sa chanteuse navigue habillement entre une obscurité pesante et des éclats très lumineux. Très bien produit, ce premier effort éponyme montre une belle variété où le Fuzz se frotte au Doom avec quelques pointes Psych. YOJIMBO traverse des atmosphères spatiales entre mid-tempos et crescendos appuyés avec une belle assurance, en nous propulsant parfois même dans des ambiances post-Rock créatives et dynamiques. Vite, la suite !

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Blues Rock Psych Southern Rock Stoner/Desert

Knuckle Head : electric road-trip

Pour son troisième album, KNUCKLE HEAD a encore laissé parler sa créative liberté artistique pour livrer un nouveau chapitre de sa Dark Country. Sur la base d’un Southern Rock très roots mâtiné de Blues, de Stoner et autour d’un son très brut où l’équilibre se fait naturellement, « Holsters And Rituals » est accrocheur et intense. Quant à la production et les arrangements, ils rendent l’ensemble irrésistible.

KNUCKLE HEAD

« Holsters And Rituals »

(Independant)

Toujours aussi atypique et indépendant, KNUCKLE HEAD continue son bonhomme de chemin, façon road-trip fiévreux aux embardées mystiques. Tout en continuant à explorer la Dark Country qui a fait sa réputation, le duo alsacien a encore étoffé son jeu pour libérer sur ce très bon « Holsters And Rituals » une énergie Rock Blues très directe, rugueuse et envoûtante. Ce troisième album vient confirmer l’énorme potentiel du groupe, dont les concerts sont vibrants à souhait.  

Digne successeur de « II » sorti en 2019, ce nouvel opus nous propulse dans un univers toujours aussi sombre, où le côté très roots du duo ressort de manière volcanique sur les neuf morceaux. Les lourdes rythmiques se conjuguent aux riffs sauvages et KNUCKLE HEAD déroule un registre où les nuances Psych, Stoner et Hard Blues s’accordent de façon jubilatoire. Jack Crowes (guitare, chant) et Jock Alva (batterie) se sont encore surpassés et l’atmosphère est électrique.

Comme toujours, l’alchimie est au rendez-vous et les deux musiciens avancent dans une complicité qui rend leur style si Southern unique et entraînant (« The Right Way », « Ritual »). Laissant parler le Fuzz (« Living Deep/Into The Night »), KNUCKLE HEAD se fait intense et massif (« The Necromancier », « Burn ») et s’offre même le luxe d’accueillir l’ancien fondateur du Blue Öyster Cult, Albert Bouchard, sur le génial « Existential Anger ». Chaleureux et bouillonnant !

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Blues Rock

Boogie Beasts : la bête ronronne

L’union fait la force et les Belges de BOOGIE BEASTS l’ont bien compris. Le quatuor, en plus de réconcilier Wallonie et Flandre, fait le lien entre le Blues traditionnel du Mississippi et un épais Rock très contemporain. Le Blues Rock très Psych et profond de ce troisième album, « Love Me Some », prend aux tripes et libère.  

BOOGIE BEASTS

« Love Me Some »

(Donor Productions/L’Autre Distribution)

Brut et sensuel, la Musique du quatuor belge groove et électrise sur ce troisième album où le Blues du Delta se serait pris les doigts dans la prise. Mi-flamand, mi-wallon, BOOGIE BEASTS se présente également avec un line-up assez atypique, où un harmonica volcanique a pris la place de la basse. Pour le reste, la guitare, la batterie et le chant mènent le jeu.

Sur un fuzz envoûtant, une slide bien grasse et des rythmiques un brin Psych, BOOGIE BEASTS fait la jonction entre un Blues traditionnel et une énergie très moderne et directe. Bien aidé par une production vibrante, « Love Me Some » résonne et claque, grâce à un son qui sort de l’ordinaire et qui offre un relief et une profondeur unique à l’album.

Le Blues Rock langoureux des Belges tient aussi sa particularité dans une inspiration et un univers qui traversent les âges, mais également à travers des textes à l’humour contagieux (« Bring It On », « Get Away », « Run You Down »). Dans un esprit jam, BOOGIE BEASTS a trouvé sa voie depuis trois albums avec une belle constance (« Like A Snake », « A Girl Like You »). Addictif !

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Doom Stoner/Desert

Moon Coven : cerné par une brume épaisse

Sur un groove dark et des fulgurances Fuzz démonstratives et massives, MOON COVEN surgit avec un Stoner très Doom et Psych, dont la précision et l’efficacité viennent souligner l’expérience acquisse par les Suédois en seulement trois albums. « Slumber Wood » est d’une rare noirceur, dont on a bien du mal à se défaire.

MOON COVEN

« Slumber Wood »

(Ripple Music)

Après cinq ans d’absence, MOON COVEN est de retour sur le devant de la scène avec un troisième album, qui montre encore une belle évolution dans le style des Suédois. Suite à « Amanita Kingdom » puis à un second album éponyme, le quatuor semble désormais délaisser quelque peu son Stoner pour un Doom plus marqué. Plus Metal dans l’approche, les Scandinaves sont plus ombres encore (« Eye Of The Night », « Potbelly Hill »).

Plongé dans une épaisse brume, MOON COVEN promet et garantit un voyage au cœur du Doom le plus profond grâce à un son lourd et très Psych. Guidés par leur guitariste et chanteur David Leban, les Suédois sont de plus en plus mystiques et leur registre se pare même de sonorités orientales sur certains titres, tout en présentant un travail remarquable sur les guitares (« Further », « Bahgsu Nag »).

Très Fuzz, le quatuor n’a pas pour autant délaissé ses racines Stoner aux riffs aiguisés et aux ambiances aériennes (« My Melting Mind », « Ceremony », « Seagull »). Le chant toujours aussi lointain et écorché donne une dimension très 70’s à ce nouvel album qui révèle autant de surprises à chaque écoute. MOON COVEN livre un très bon troisième album et travaille déjà sur le suivant. Les Suédois sont en forme !

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Stoner/Desert

High On Wheels : fuzz interplanétaire

Mur du son ou grand écran : HIGH ON WHEELS ne s’est pas longtemps posé la question et, entre deux répliques emblématiques de films vintage et crasseux, balance son Desert/Stoner Rock qui s’écoule avec exubérance sur ce « Fuzzmovies » addictif, fuzz, Psych et compact. Le trio français s’impose avec force et non sans humour.

HIGH ON WHEELS

« Fuzzmovies »

(Klonosphere)

Quelque part entre le Desert de Mojave et une trajectoire spatiale improbable, HIGH ON WHEELS disperse son Desert très Fuzz et Stoner depuis 2014. Après une démo et surtout un premier album remarqué, le trio français se projette dans un univers cinématographique estampillé Grindhouse, dans lequel « Fuzzmovies » occupe une place de choix.

Entrecoupés de samples de films de séries B et surtout Z, ainsi que de nanars iconiques, « Fuzzmovies » nous saute à la gorge tout en promettant de magnifiques envolées psychédéliques (« Blind Your Mind », « Hitman Le Cobra »). Plein d’humour, groovy et Psych, HIGH ON WHEELS balance des riffs bien épais sur des rythmiques lourdes et virevoltantes. Et le voyage ne fait que commencer.

Vocalement aussi, le trio s’amuse en se répondant dans un esprit très 70’s, qui laisse transparaître des influences évidentes issues de la source Desert/Stoner Rock et qui contribuent à peser et à alimenter le combo avec irrévérence et virtuosité. Car derrière un  registre massif et puissant, HIGH ON WHEELS envahit l’espace sonore avec dextérité et créativité (« Last Page », « Thrill Under My Wheels », « In My Head »). Ebouriffant !

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Progressif Stoner/Desert

Live In The Mojave Desert Vol.3 – Spirit Mother

Le festival organisé par le label italien Heavy Psych Sounds Records dans le désert de Mojave en Californie se poursuit avec un troisième groupe pour le moment moins connu que ceux des autres volumes, mais dont on va entendre parler tant son style et ses morceaux sont saisissants. SPIRIT MOTHER prend un relief surprenant dans ce décor incroyable, grâce notamment à un violon captivant.

« Live In The Mojave Desert Vol.3 »

SPIRIT MOTHER

(Heavy Psych Sounds Records)

L’immersion au cœur du désert de Mojave en Californie se poursuit avec SPIRIT MOTHER, qui s’approprie aussi ce lieu chargé d’énergie et d’ondes mystiques. Le groupe de Long Beach joue autant sur le côté progressif et Psych du Stoner pour en faire un style envoûtant, porté par un line-up original que l’on rencontre assez peu dans ce registre. Il n’en fallait pas plus pour que cette ambiance très spéciale apporte au groupe une nouvelle dimension.

Composé d’Armand Lance (basse, chant), SJ (violon, chant), Sean McCormick (guitare) et de Landon Cisneros (batterie), SPIRIT MOTHER a sorti son premier album, « Cadets », en mars 2020 et celui-ci n’a pas manqué de taper dans l’œil des fans du Stoner Psych et du Fuzz Prog du quatuor californien. Cette série de concerts orchestrée par HPS est donc le moment rêvé pour le combo de confirmer par une prestation hypnotique son grand talent.

Dans ce cadre incroyable, le violon de SJ, présent sur tous les titres, prend une dimension incroyable, porté par l’environnement et sa réverbération naturelle. SPIRIT MOTHER hypnotise avec des morceaux progressifs, aériens et entraînants (« Ether », « Go Better », « Premonitions », « Dead Cells », « Black Sheep » ou encore « Space Cadets » et « Heathens »). Aussi habité que sa musique, le quatuor californien nous prend par la main pour un voyage musical transcendant.