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Doom Rock Hard Rock International

Avatarium : dark poetry [Interview]

La liberté artistique affichée par AVATARIUM depuis quelques albums maintenant semble sans limite, tant le groupe nous plonge dans des ambiances toujours différentes, cherchant presque le contre-pied. Modelable à l’envie, le Doom Rock, très Hard Rock, des Suédois surprend une fois encore sur leur sixième album, « Between You, God, The Devil And The Dead ». Porté par son très créatif duo Marcus Jidell et Jennie-Ann Smith, les Scandinaves affiche une incroyable confiance, qui se ressent à travers des compositions aussi surprenantes qu’envoûtantes. La chanteuse et compositrice revient sur l’état d’esprit qui règne sur cette nouvelle réalisation.

– La première chose que l’on remarque sur « Between You, God, The Devil And The Dead » est qu’AVATARIUM évolue dorénavant en quatuor. Et à l’écoute de ce nouvel album, n’est-ce finalement pas la meilleure formule pour le groupe ?

Je suis reconnaissante de ce que j’ai appris au cours de ces dix années avec AVATARIUM. Nous sommes désormais un quatuor comme nous l’étions déjà sur notre premier album. Ce n’est probablement pas tant une question de nombre de personnes impliquées que du sentiment de sécurité et de confiance que l’on a dans ces relations. Je respecte Marcus, Andreas (Habo Johansson, batterie – NDR) et Mats (Rydström, basse – NDR). J’ai également du respect pour leurs grandes capacités musicales et je leur fais confiance pour être stables pour moi quand j’en ai besoin. Avoir cette sécurité me procure vraiment un sentiment de liberté et me permet de donner le meilleur de moi-même, en tant qu’auteure-compositrice et interprète.

– Sans bien sûr renier vos précédents albums, le sentiment qui domine ici est celui d’une grande liberté de composition. On retrouve les fondamentaux du groupe, à savoir le Doom, le Hard Rock et aussi cette touche nordique qui est aussi très perceptible. AVATARIUM n’a jamais donné l’impression d’autant de confiance en son jeu et dans l’écriture de ses morceaux. Est-ce aussi ton constat ?

J’espère et je sens que j’ai aussi gagné en confiance en tant qu’auteure et compositrice au cours de ces trois derniers albums que nous avons produits avec AVATARIUM. L’écriture de chansons est exigeante et parvenir à quelque chose qui se rapproche de ses propres préférences ou standards est toujours un grand défi.

– On a bien sûr longtemps associé Leif Edling à AVATARIUM dont il est l’un des fondateurs. Sans vraiment vous détacher de vos premières réalisations, ce sixième album montre une évolution notable du groupe. Est-ce qu’au fil du temps, tu as aussi cette impression que Marcus et toi avez donné une identité peut-être nouvelle aux compositions, mais aussi à votre son ?

Je pense que ce qui a fait d’AVATARIUM un groupe unique depuis ses débuts, c’est son éclectisme dans le son. Un son issu de nos origines musicales très diverses. Le fait que les talents de Marcus Jidell, Leif Edling et moi-même aient été réunis dès le début a rendu ce projet unique. Il n’y a pas eu de recherche délibérée d’équilibre, mais plutôt un bonheur accidentel que nous avons nourri au fil du temps. Tous les acteurs impliqués laisseront leur empreinte sur les arrangements et le son, et en tant qu’auteure-compositrice, je laisserai inévitablement des traces de mon moi intérieur entre les lignes.

– Pour rester sur le son et la production de « Between You, God, The Devil And Me », il est plus organique que jamais avec une intention d’immédiateté très présente également. L’objectif était-il de réaliser un album aux sonorités plus live et directes ?

Je pense que cette fois-ci, nous nous sommes concentrés sur ce que nous aimons jouer sur scène. Savoir quel genre de riffs est agréable à jouer en live, quel genre de mélodies donne la chair de poule, il s’agit toujours de viser cette énergie.

– Pour autant, il y a un énorme travail sur les arrangements et une attention toute particulière portée aux nombreux détails. En ces temps où les albums sonnent presque tous de la même manière, on sent ici beaucoup d’humanité dans la production comme si votre musique était votre guide… C’est le cas ?

En ce qui concerne la performance et le son, tout est enregistré et traité de manière très organique. Par exemple, il n’y a pas d’autotune et toutes les machines utilisées dans le processus ont été choisies pour améliorer le son organique, c’est-à-dire des mains jouant des instruments, afin qu’il soit dynamique et réel. Les détails sont importants aussi. Je suppose que je fais partie de ceux qui aiment vraiment prendre du temps et me concentrer dessus. C’est une partie tellement géniale du processus, lorsque vous avez presque terminé un morceau, ce sentiment de savoir que vous avez quelque chose de vraiment bien, et puis ces touches finales qui lient le tout. Ajouter un détail de guitare, une note de basse au piano ou un son de voix… J’adore être dans ces moments-là.

– Même si ce nouvel album est toujours axé sur les riffs, la présence du piano au niveau de la composition et aussi dans les morceaux est beaucoup plus prégnante. Il vous a fallu changer un peu vos habitudes pour peut-être trouver un nouveau souffle et un nouvel élan pour ce nouvel album ? 

Le piano est un orchestre à part entière. En fait, nous avons utilisé mon vieux piano pour écrire et enregistrer. Cela a stimulé la créativité et Marcus a initialement écrit certains des riffs de guitare de l’album sur ce piano. Cela élargit votre esprit et vos options musicales pendant l’écriture. Je pense que j’avais 19 ans quand je l’ai acheté, c’est un piano allemand des années 50, et nous l’avons rénové avant l’enregistrement et il sonne tout simplement bien.

– Il y a aussi beaucoup de fluidité et de confiance qui émanent de l’album. Est-ce qu’AVATARIUM a atteint un sommet de complicité artistique depuis vos débuts ? C’est en tout cas l’impression que donne « Between You, God, The Devil And Me »…

Merci ! Espérons que ce ne soit pas le cas et qu’il y ait encore plus à donner. Nous voulons simplement écrire et jouer du mieux que nous pouvons, c’est une bénédiction de ressentir de la curiosité pour la musique à ce stade de la vie.

– Même si l’album est peut-être plus sombre encore et aussi plus lourd que son prédécesseur, il est également et paradoxalement très vivant et personnel dans son approche. Comment êtes-vous parvenus à combiner ces deux visions, qui peuvent paraître en opposition ? 

Sombre, lourd et poétique sont les maîtres mots depuis le début d’AVATARIUM il y a 12 ans. La dynamique entre le lourd et le fragile, la lumière et l’ombre a toujours été présente dans notre travail et elle l’est toujours. Je pense aussi qu’il est extrêmement important que notre musique porte un espoir et fournisse une énergie qui aide même à traverser les passages difficiles.

– Enfin, la musique d’AVATARIUM paraît infinie et laisse encore le champ à une multitude de possibilités. Est-ce qu’écrire et composer sont des choses que tu considères comme naturelles finalement, ou cela te demande-t-il au contraire beaucoup d’efforts ?

Je pense que ce qui vous apporte de la joie et un sentiment d’accomplissement au final demande probablement beaucoup d’efforts. Apprendre à jouer d’un instrument, élever des enfants… Je ne pense pas qu’il y ait de contradiction entre ce qui vient naturellement et travailler dur, et en pensant à ce processus, c’est vraiment les deux. Ce qui est gratifiant lorsque vous travaillez dur à pratiquer votre instrument ou à améliorer votre savoir-faire en tant que compositeur, c’est que cela vous procure irrémédiablement du flow, de l’adrénaline et probablement de l’ocytocine. C’est addictif !

Le nouvel album d’AVATARIUM, « Between You, God, The Devil And The Dead », est disponible chez AFM Records.

Photos : Niklas Palmklint (1, 2 et 4)

Retrouvez la chronique du précédent album « Death Where Is Your Sting » :

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Hard Rock

Trouble County : storm warning

Technique et tellement fluide, le style des Anglais a de quoi surprendre. A mi-chemin entre Hard Rock et Metal, entre Blues et Rock, on ne s’y perd pourtant pas un seul instant. C’est ce qui s’appelle avoir une personnalité artistique. Et si celle de TROUBLE COUNTY demande peut-être quelques écoutes et quelques références, son univers devient vite limpide et irrésistible. Avec « Blacken The Sky », le power trio se montre aussi pointu qu’accessible, livrant de belles envolées, tout en restant très direct, frontal et sauvage. La marque de futurs grands !  

TROUBLE COUNTY

« Blacken The Sky »

(Epictronic)

Ce premier album de TROUBLE COUNTY aurait dû voir le jour en 2020, mais le combo s’est aussi pris la pandémie en pleine face, laissant une industrie musicale statique et repoussant ainsi ce beau projet pourtant bien entamé. Suite à sa récente signature chez Epictronic, le groupe a pu réenregistrer ses morceaux, en ajouter d’autres et même s’occuper lui-même de la production, afin d’obtenir le son qu’il souhaitait. Et il faut bien reconnaître que « Blacken The Sky » est très original, tant dans son approche qu’à travers ses compos.

Massifs et d’une puissante clarté, les douze titres sont particulièrement matures et s’ils donnent cette impression de fluidité, malgré des structures complexes, et un travail rigoureux sur chaque instrument comme sur les chœurs, ils sont d’une richesse assez bluffante. Cependant, TROUBLE COUNTY reste assez insaisissable. Globalement Hard Rock, tirant souvent le Heavy avec un aspect Rock et bluesy plus intemporel façon 70’s, « Blacken The Sky » possède une petite saveur vintage sans pour autant s’y engouffrer vraiment. 

Justement, la formation de Portsmouth maîtrise parfaitement son sujet, ce qui lui permet de beaux écarts. Offrant un clin d’œil appuyé à Faith No More sur « Awake », se livrant à un Blues ardant et sauvage sur « 12 Gauge Blues » ou en se faisant carrément ténébreux sur « Rapturous Me » et « Drink Some », TROUBLE COUNTY prend même des airs zeppeliniens sur « John Baker » et ses neuf minutes, avant d’évoluer sur les lourds riffs des envoûtants « You Again » et « Drive ». Les Britanniques s’imposent d’entrée avec force et classe !

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Alternative Metal

Black Oak County : alternative way

Alors que son pays voit un important revival Hard Rock 90’s, c’est le moment choisi par BLACK OAK COUNTY pour évoluer dans un Alternative Metal très moderne et fédérateur. Direct et mélodique, le quatuor dispose d’une force de frappe conséquente. « III » devrait ravir les amateurs de Rock très musclé et Heavy, où les effluves d’un style plus classique et intemporel résistent bien. Une réussite totale et une belle reconversion, qui offrent un avenir radieux à la formation nordique.

BLACK OAK COUNTY

« III »

(Mighty Music)

L’histoire de BLACK OAK COUNTY a connu quelques rebondissements à commencer par un changement de nom dès sa création. Ensuite, après un premier album éponyme en 2017 enregistré chez Jacob Hansen (Volbeat, Pretty Maids), le groupe connait un succès notable, ce qui n’empêche pas son chanteur et guitariste Niels Beier de quitter le navire. Qu’à cela ne tienne, le trio sort un nouvel opus avec son bassiste René Kristensen au chant en 2019 (« Theater Of The Mind »). Et c’est il y a deux ans que l’ancien frontman réintègre le combo.

Avec Jack Svendsen à la guitare et Mike Svendsen derrière les fûts, BLACK OAK COUNTY semble plus soudé que jamais et prend même un virage important dans son aventure musicale sur cette nouvelle réalisation sobrement intitulée « III ». Arborant jusqu’à présent un Hard Rock assez classique et de bonne tenue, les Danois œuvrent désormais dans un Alternative Metal, où la présence des deux chanteurs est vraiment un plus. Et c’est sans compter sur un songwriting redoutablement efficace et une production massive. 

Co-écrit et produit par Nicklas Sonne, une sommité du milieu musical au Danemark, « III » affiche une puissance dévastatrice, des riffs lourds à souhait et des refrains implacables, le tout dans une dynamique très groove. BLACK OAK COUNTY tient le bon bout et montre de solides arguments, quelque part entre Shinedown et un Nickelback sous stéroïdes (« Crossed The Line », « Save Your Breath », « No More », « « Enemy », « Timebomb », « Fire Inside », « www.lies »). Frais et énergique, le jeu des Scandinaves est très accrocheur.

(Photo : Rasmus Alenkær)

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Hard'n Heavy

Kings Of Mercia : osmose transatlantique

Mélanger aussi habillement Heavy Metal et Hard Rock en y apportant une touche mélodique n’est pas forcément un exercice aisé. Mais lorsqu’il s’agit de ce qui peut s’apparenter à un super-groupe, cela devient presque facile. KINGS OF MERCIA présente sans doute l’un des meilleurs line-up actuels et avec de tels musiciens, lorsque la magie opère, cela devient une évidence. Avec « Battle Scars », la formation anglo-américaine confirme l’élan pris sur son prédécesseur avec toute la classe et la fougue qu’on peut légitimement attendre d’elle.

KINGS OF MERCIA

« Battle Scars »

(Metal Blade Records)

Ils ne se sont jamais rencontrés physiquement et pourtant l’alchimie entre eux est manifeste. Jim Matheos, guitariste de Fates Warning, et Steve Overland, frontman de FM, ont scellé une belle collaboration qui avait débouché sur un premier album éponyme sorti il y a deux ans. Fort de cette complicité artistique naissante, KINGS OF MERCIA se présente avec « Battle Scars », un digne successeur dont le style s’affine et qui se veut plus précis musicalement et désormais vraiment identifiable. Chacun semble avoir trouvé ses marques.

Travailler à distance n’est apparemment plus un rempart à la créativité, même si le Britannique admet sa préférence pour la proximité du studio. Et KINGS OF MERCIA s’en accommode d’ailleurs facilement. Cela dit, le duo est accompagné de Simon Phillips à la batterie et de Joey Vera à la basse, et ça aide beaucoup. En effet, très peu de groupes tirent leur épingle du jeu dans ce genre de configuration. Et les exemples ne manquent pas. A eux quatre, ils rivalisent de virtuosité jusqu’à ne faire qu’un.

Le quatuor livre un Hard Rock mélodique et s’éloigne aussi des prédispositions progressives de l’Américain. D’ailleurs, afin de mieux saisir l’énorme potentiel de KINGS OF MERCIA, plusieurs écoutes s’imposent en s’attachant aux détails de chaque instrument. Car, même s’ils ne se sont jamais réunis, les arrangements et la production de l’album surclassent bien des réalisations. Les riffs sont racés, les solos millimétrés, la rythmique impériale et Steve Overland se révèle dans un registre assez éloigné de sa formation d’origine. Une leçon !

(Photo : Simon Ward & Jeremy Saffer)

Retrouvez la chronique du premier album du groupe :

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Alternative Rock

Smash Atoms : back in town

Dix ans après un split assez surprenant, SMASH ATOMS raccroche les wagons et livre donc, et enfin, sa première réalisation. Sobrement intitulée « Smash Atoms », la formation américano-suédoise ne lésine pas sur les riffs costauds, les solos limpides, des parties vocales impactantes et une rythmique fiévreuse et plus appuyée que véloce. Ça martèle donc, et plutôt bien. Si les clins d’oeil aux années 90 ne manquent pas, on retient plutôt l’aspect moderne des compos, un petit côté underground savoureux aussi, et des morceaux entêtants. Après un faux départ, espérons que celui-ci soit le bon !

SMASH ATOMS

« Smash Atoms »

(M-Theory Audio)

L’histoire de SMASH ATOMS est assez atypique. Créé en 2012 du côté de Göteborg, le groupe commence par sortir une première démo, très bien reçue et qui lui ouvre la voie à plusieurs scènes. Une joie de très courte durée puisque son chanteur, l’Américain Glen Gilbert, quitte le navire, laissant ses trois camarades dans le flou. Qu’à cela ne tienne, ceux-ci fondent The Torch, qui sort deux albums, et leur vocaliste s’active de son côté chez The Story Behind et Hide The Knives. Mais en 2022, coup de théâtre, Martin Söderqvist (guitare), Per Romvall (basse) et Peter Derenius (batterie) retrouvent leur frontman et l’histoire reprend là où elle en était, mais sur de nouvelles bases artistiques.

Revoici SMASH ATOMS sur de bons rails et dans un registre qui a forcément évolué avec le temps pour s’inscrire aujourd’hui dans un Alternative Rock légèrement teinté de Grunge, dans ce qu’il possède de mieux interprété (ça raccourcit la liste !). Le quatuor se présente donc dans un style qui serait une sorte de pont entre Seether et Alter Bridge d’un côté, et Stone Temple Pilots et Soundgarden de l’autre. Cependant les Suédois et l’Américain affichent des morceaux très frais, bien Heavy aussi notamment dans des guitares inspirées du Hard Rock nordique, donc mélodiques, dans les solos surtout. Et toutes ces influences cohabitent très bien et offrent un disque rondement mené.

Parfaitement ancré dans son époque, on doit aussi cette très bonne production aux studios Crehate de leur ville, dont la réputation n’est plus à faire tant les grands noms s’y succèdent. La puissance du son est au rendez-vous et se déverse jusque dans les onze titres de cet effort éponyme. Mais la première chose qui surprend après l’écoute intégrale de « Smash Atoms » est qu’il est presqu’entièrement joué en mid-tempo, alors que la course au Bpm est souvent monnaie courante à l’heure actuelle. Et c’est plutôt bien vu de la part de SMASH ATOMS, qui peut se focaliser sur la force des textes (et de la voix !) et le côté massif des riffs. Un opus très rafraîchissant aux refrains accrocheurs.

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Heavy Stoner Rock Psych

King Of None : irrésistible

Avec un son clair et puissant, KING OF NONE déroule son Stoner Rock avec détermination. « In The Realm », deuxième album des Scandinaves, vient confirmer un travail de longue haleine mené depuis une bonne décennie maintenant. Très varié et parfois même surprenant, on se laisse embarquer dans un univers, où le Metal vient faire cause commune avec des passages très progressifs, le tout dans une harmonie convaincante. Spatial et charnu, le combo ouvre un nouveau chapitre avec brio.

KING OF NONE

« In The Realm »

(Argonauta Records)

Cinq ans après son premier opus, « Weightless Waters », qui faisait lui-même suite à trois EP, la formation d’Helsinki est de retour avec un deuxième effort, qui vient définitivement imposer une touche très personnelle. KING OF NONE avait déjà laissé entrevoir avec les singles « Speeder Approaching », « Lizards For Brains » et « Low’n’Slow » que ce « In The Realm » serait costaud et doté d’une bien belle production. Et c’est le cas, puisque les neuf titres qui s’étalent d’ailleurs sur près d’une heure, montrent autant d’énergie que de diversité et avec un souci de la mélodie omniprésent.

Est-ce parce qu’ils ont gardé le même line-up depuis leur création en 2013, mais KING OF NONE montre une belle unité, qui fait sa force. Derrière son frontman, Miiro Kärki, les deux guitaristes Aleksi Kärkkäinen et Juha Pääkkö et la rythmique gonflée à bloc par Juho Aarnio à la basse et Patrick Enckell derrière les fûts, le quintet a presque fait de son Stoner Rock un laboratoire, où se croisent des ambiances Desert Rock, Psych, Grunge, clairement Hard Rock et Heavy aussi et même alternatives.

Mais loin de se disperser, le groupe se montre au contraire très complet en réussissant à intégrer tous ces éléments dans un même élan, faisant de son Stoner Rock une machine aussi captivante que véloce et percutante. KING OF NONE cultive son art du riff sur des morceaux relevés, où le combo prend soin de ne jamais en faire trop (« DPD », « For The Ride », « Snail Train », « The Man… », « Crab Nebula »). Compacts et efficaces, les Finlandais livrent un très bon album et mettre le doigt dedans, c’est ne plus le lâcher !    

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Hard US Sleaze

Eve’s Bite : Forez guns

De Saint-Etienne à la Cité des Anges, le vol est direct et finalement la distance importe peu, tant les idées et la musique rapprochent inévitablement. Riffs tendus, solos millimétrés, rythmique appuyée, rien ne manque à EVE’S BITE, dont les refrains et le chant de ce premier opus sont entêtants et fédérateurs. Avec « Blessed In Hell », le groupe se montre créatif et s’inscrit dans une belle tradition à laquelle il fait vraiment honneur. L’énergie très live qu’il dégage s’ouvre sur un univers très personnel.  

EVE’S BITE

« Blessed In Hell »

(M&O Music)

A l’œuvre depuis un bon moment maintenant, le revival Hard, Heavy et Glam Metal de la fin des 80’s et des 90’s commence sérieusement à prendre de l’ampleur aux Etats-Unis bien sûr, et aussi dans nos contrées. Et il faut croire que ce bel héritage a été parfaitement digéré, car la scène hexagonale n’est pas en reste. Avec « Blessed In Hell », EVE’S BITE vient grossir les rangs et présente un premier album autoproduit sous la bannière de M&O Music. Et si la production est un peu froide, l’ensemble se veut musclé.

Certes, on est un peu loin de la chaleur californienne, mais les Stéphanois n’ont pas froid aux yeux et montrent de bien belles choses. Leur Hard Rock est racé et efficace, les mélodies sont accrocheuses et les touches Glam et Metal habillement distillées. « Blessed In Hell » court d’ailleurs sur près d’une heure, preuve que sur ses 12 morceaux, le quatuor a des choses à dire. EVE’S BITE se montre infatigable, un brin Sleaze et la puissance affichée ne manque ni de maîtrise, ni d’entrain.

Bon, on ne va pas se mentir non plus, on pense très fort au Skid Row de la belle (et unique !) époque de Sebastian Bach, notamment au niveau du chant. Pour le reste, les Français s’appuient sur des valeurs sûres comme Dokken pour le côté Heavy et Mötley Crüe pour la partie texte notamment. Appliqué et sérieux, EVE’S BITE fait preuve de beaucoup d’’explosivité et on se prend vite au jeu (« Fire, Fire, Disaster », « She’s Got More Balls Than You », « Rock Fever », « Shits On The Radio », « Waiting For The Night »). Bouillonnant !

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Metal Progressif

Caligula’s Horse : au sommet

Quand la délicatesse guide la robustesse du Metal avec autant de savoir-faire et d’inspiration, il est très difficile d’y résister. S’affirmant au fil de ses réalisations avec une créativité qui conjugue des moments éthérés avec d’autres résolument fracassants, CALIGULA’S HORSE n’a plus à chercher ou courir après une identité musicale, qui est devenue tellement évidente. « Charcoal Grace » élève encore le niveau dans des sphères où le Metal Progressif proposé n’a que très peu d’égal actuellement dans le monde.   

CALIGULA’S HORSE

« Charcoal Grace »

(InsideOut Music)

Les Australiens peuvent maudire la période du Covid. Un cinquième album, « Rise Radiant », aussi lumineux que puissant presque passé à la trappe, puis le départ du guitariste Adrian Goleby dans la foulée, ont réduit à néant les efforts dans ce (long) moment. Pas, puis très peu de scènes, CALIGULA’S HORSE s’est donc remis à l’ouvrage et même si le contenu de l’album traite du sujet qui a occupé et pollué l’esprit du quatuor, « Charcoal Grace » est de loin la production la plus ambitieuse et audacieuse du groupe depuis ses débuts. En prenant des risques, il se hisse avec force au sommet du Metal Progressif actuel… avec Soen !

Ni le changement de line-up, ni la frustration engendrée par des mois incertains n’ont remis en cause ou en question cette faculté incroyable à composer une musique dont la technique et la technicité se mettent au service de l’émotion. On reconnaît CALIGULA’S HORSE dès l’entame de « Charcoal Grace » et il ne cherche pas à révolutionner le genre, ce qui serait peine perdue. Cependant, s’il est presqu’impossible de réinventer un style déjà très riche, certains parviennent pourtant à renouveler la seule chose qui puisse l’être encore : sa beauté. Et ce sixième opus vient le démontrer avec brio sur une heure intense.

« Charcoal Grace » est un disque assez particulier puisqu’il s’articule autour de sa pièce maîtresse : le morceau-titre courant sur 24 minutes et scindé en quatre parties. Sans pour autant livrer un album-concept, CALIGULA’S HORSE impose un lien entre les morceaux, qui naviguent entre instants suspendus, charges Heavy et massives et une poésie qui croise le fer avec une énergie souvent colossale (le torturé « Golem », le rêveur « Sails », l’accrocheur « The Stormchaser », ou « Mute » et sa flûte enchanteresse). Malgré la longueur des titres, on ne s’y perd jamais, tant l’originalité du combo est unique en son genre.  

Photo : Andrew Basso
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Dark Gothic Metal Indus Modern Metal

Daemon Grey : color of sin

Grâce à un songwriting racé et efficace, ce nouvel album de DAEMON GREY est un mix très équilibré entre un Metal Indus très Dark et des atmosphères où le Heavy croise la New-Wave sans sourciller. Originaire du Canada, le musicien a habillé des marqueurs très 90’s d’une enveloppe moderne, un brin sophistiquée, qui rend « Daemonic » très fédérateur grâce à des mélodies entêtantes.

DAEMON GREY

« Daemonic »

(Out Of Line Music)

Après « Follow Your Nightmares » sorti il y a deux ans, le Canadien poursuit son ténébreux et horrifique périple avec « Daemonic », un deuxième opus toujours aussi bien produit et bien écrit. Si DAEMON GREY se nourrit de nombreux styles du Heavy au Nu Metal en passant par le Gothic et avec un soupçon de New-Wave et d’Indus, ce sont surtout les années 90 qui semblent avoir eu une forte emprise le chanteur de Toronto. Avec le revival actuel, c’en est presque à se demander si le début des années 2000 a vraiment existé.

Bien que démoniaque à bien des égards, DAEMON GREY a mis de côté les histoires liées à Dieu ou au Diable pour plonger sans un univers où Satan se tient au coin de la rue. Il est question d’amour, de douleur, de sexe, d’obsession, de pouvoir et de courage et chaque titre de « Daemonic » est un tableau dressé par le frontman. Musicalement très Heavy, les influences sont plutôt bien digérées, même si l’on pense inévitablement à Zodiac Mindwarp, Marilyn Manson, Seether, Rob Zombie ou Ministry.

Avec des arrangements qui font la part belle aux machines, mais tout en gardant des guitares très présentes et des riffs bien tranchants, DAEMON GREY fait le choix d’une production finalement très organique. Pêchu et mordant, il nous embarque dans un climat houleux et sombre, mais aussi très accrocheur et dynamisant (« Gothy Love », « Still A Slut », « Dear Vampire », « Daemonic »). Et si l’on excepte la pauvre ballade « To My Grave » et le navrant bluesy « Trouble », le Dark Metal du musicien tient la route.

Photo : Rich Misener
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Hard Rock

Riot At The Moonshine Bar : rock rebellion

Malgré son nom, RIOT AT THE MOONSHINE BAR n’a rien d’une formation de pub Rock débarquée d’Australie, qui s’en ait fait une spécialité. Bien au contraire, les Teutons balancent un Hard Rock hors d’âge généreux et que l’intemporalité rend toujours incroyablement actuel. « Midnight Anthems » fait suite à un bon EP et ce premier opus réserve de belles surprises.

RIOT AT THE MOONSHINE

« Midnight Anthems »

(Independant)

Il y a deux ans, j’avais eu un coup de cœur pour ce groupe basé dans le nord de l’Allemagne. RIOT AT THE MOONSHINE BAR venait de sortir, déjà en autoproduction, un EP de six titres baptisé « RATMOB », plutôt inspiré. Sans véritablement bousculer l’ordre établi, le quintet distille un Classic Hard Rock solide et dynamique directement hérité de l’âge d’or du genre, les années 80 et 90… forcément. Un mode revival très maîtrisé qui lui donne des ailes et nous renvoie à une époque un brin plus sauvage.  

C’est dans ce même élan créatif que RIOT AT THE MOONSHINE BAR sort enfin son premier album, « Midnight Anthems ». La donne n’a pas changé, ni le fameux bar. Le ‘Moonshine’ encaisse les décibels et les nouveaux morceaux montrent la même envie d’en découdre. La production reste la même, entre classicisme et modernité, et les Allemands ont parfaitement réussi à peaufiner un style désormais identifiable. La patte est perceptible et le combo semble avoir trouvé sa voie.

Avec un frontman qui a sérieusement pris de l’assurance, une paire basse/batterie qui ronronne et deux guitaristes très enthousiastes, RIOT AT THE MOONSHINE BAR affiche un tout autre visage et ne manquera pas d’accrocher les fans de Hard Rock. Teinté de Heavy avec des riffs racés, des twin-guitares virevoltantes et des solos plein de feeling, « Midnight Anthems » prouve que le combo se projette avec une volonté d’acier (« Evil Inside », « Rock ‘Til The Morning », « Dirty Hariette », « Bozzeday Tuesday »).